BeyeM.D.anesthésielocorégionalepériphériqueenAfriq ue Editorial - SARAF
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Beye M.D. anesthésie locorégionale périphérique en Afrique Editorial Anesthésie locorégionale périphérique en Afrique: quelles perspectives ? Mamadou Diarrah BEYE CHU Aristide Le Dantec de Dakar BP 15708 Dakar Auteur correspondant : Email: mamadoubeye@yahoo.fr Ces deux dernières décennies, si l’anesthésie a est devenue indiscutable. Ainsi l’anesthésie connu des progrès majeurs c’est certainement en locorégionale a pris une place grandissante dans les anesthésie locorégionale que ces derniers sont les protocoles d’analgésie multimodale. Associée à plus parlants et les plus importants en termes l’anesthésie générale, elle contribue à la réduction d’efficacité et de sécurité pour les patients. de la douleur postopératoire et des complications L’anesthésie locorégionale quel que soit le type postopératoires (dans la chirurgie majeure, (périmédullaire et périphérique), a bénéficié des abdominale, thoracique et même périphérique) progrès réalisés par l’industrie pharmaceutique sur conférant ainsi une meilleure réhabilitation la tolérance des produits utilisés avec une réduction postopératoire et une réduction importante de la considérable des accidents de toxicité locale ou fréquence des douleurs chroniques post- systémique. Les blocs nerveux périphériques chirurgicales [4]. réalisés avec beaucoup de tâtonnement anatomique au début, avec des techniques réalisées à l’aveugle L’introduction de l’échographie il ya quelques à l’origine de complications neurologiques très années, a permis de repenser toutes les techniques fréquentes, sont devenus aujourd’hui un gold d’anesthésie locorégionale, de « redécouvrir » standard dans la pratique de l’anesthésie surtout même certains blocs anciens qui ont été abandonnés dans les pays développés. (c’est le cas du TAP bloc), avec une réduction des échecs liés aux variations anatomiques mais Dans les pays en développement, précisément en également à la diffusion imprévisible des Afrique, l’anesthésie locorégionale est pratiquée de anesthésiques locaux [5]. L’anesthésie façon très importante et les techniques locorégionale échoguidée est devenue en tout cas périmédullaires sont prédominantes avec la un gold standard mais son association à la rachianesthésie essentiellement [1]. Cette dernière neurostimulation reste recommandée par l’ESRA est très utilisée en obstétrique, elle permet d’éviter (European Society of Regional Anesthesia). Très les accidents liés à l’intubation difficile chez la récemment la Société Française d’Anesthésie femme enceinte et le risque de syndrome de Réanimation (SFAR) a publié des Mendelson le plus souvent mortel.Cependant, elle recommandations formalisées d’experts sur expose le plus souvent à une hypotension artérielle l’échographie en anesthésie locorégionale qui vient chez la mère et à une baisse de la perfusion utéro- compléter celles de 2002 sur les blocs périphériques placentaire. Une réduction des doses d’anesthésique des membres chez l’adulte et celles de 2006 sur les local est donc un impératif, associée à d’autres blocs périmédullaires [6]. Ce texte passe en revue mesures pharmacologiques ou pas [2]. les règles générales d’apprentissage, les procédures de réalisation, les aspects matériels, les règles de La neurostimulation est venue réhabiliter il y a une sécurité et d’hygiène et les types de blocs vingtaine d’années les techniques d’anesthésie échoguidés réalisés au niveau des membres et ceux locorégionale avec ainsi un risque d’agression réalisés au niveau du tronc. L’ALR échoguidée nerveuse faible si les règles de bonnes pratiques et assure un meilleur confort pour le patient, une de sécurité sont respectées [3]. L’engouement pour courbe d’apprentissage beaucoup plus rapide pour l’anesthésie locorégionale périphérique est alors les praticiens, un risque d’accidents beaucoup plus grandissant.Sa place dans la gestion de la douleur faible de par la visualisation directe des structures aigue et dans la prévention de la douleur chronique et même par l’utilisation de doses d’anesthésiques RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 1
Rev. Afr. Anesth. Med. Urg. Tome 16 n°3-2011 Editorial beaucoup plus petites avec des temps d’induction de plus près les coûts de l’anesthésie locorégionale plus courts [7]. sont de loin inférieurs à ceux de l’anesthésie générale, et en plus les patients sont parfois L’anesthésie locorégionale périphérique est encore demandeurs. Depuis dix ans, le thème qui a été le en balbutiement du fait des coûts élevés liés aux plus traité aux différents congrès de la SARANF, consommables et surtout de leur non disponibilité est l’anesthésie locorégionale périphérique dans beaucoup de pays d’Afrique Sub-saharienne. essentiellement par l’intermédiaire d’ateliers A Dakar, elle représentait environ 18% de l’activité pratiques au bloc opératoire. Même si une anesthésique dans les CHU il ya cinq à six ans [1]. formation « diplômante » en anesthésie Mais ce chiffre est nettement plus important locorégionale parait prématurée vu le nombre actuellement et ceci dans tous les centres de la sous- encore très faible de médecins anesthésistes région. Nous, praticiens anesthésistes dans ces pays réanimateurs dans nos pays, une formation avons un rôle historique à jouer dans le obligatoire en anesthésie locorégionale dans les développement de toutes les techniques cursus existants pourrait être une alternative et d’anesthésie locorégionale et un plaidoyer auprès constituer un exemple de coopération entre les des autorités qui doivent investir dans l’achat de pays membres de la SARANF, les pays du neurostimulateurs, d’appareils d’échographie et Maghreb et avec d’autres pays du nord, la France surtout de consommables (aiguilles de stimulation à principalement par l’intermédiaire du comité de biseau court, anesthésiques locaux de moindre solidarité scientifique de la SFAR. toxicité, cathéters périnerveux). Car si on regarde Référence: 1. Beye MD, Ndiaye PI, Ndoye Diop M, surgery for cancer. Anesth Analg 2005; Diouf E, Fall L, Leye PA, Sall 101:1427-32. KaB.Evaluation de la pratique de l’anesthésie locorégionale périphérique au 5. Aissou M, Ghalayni M, Yazid L, bloc des urgences de l’hôpital Aristide Le Abdelhalim Z, Dufeu N, Beaussier M. Dantec de Dakar. Rev. Afr. Anesth. Med. Contrôle échographique du site d’injection Urg. 2007. XII: 27-37. lors de la réalisation d’un TAP bloc à l’aveugle : une étude ouverte de cohorte. Ann Fr Anesth Réanim 2011;30: 641-644. 2. Mercier FJ. Prévention et traitement de l’hypotension artérielle au cours de la 6. Bouaziz H, Aubrun F, Belbachir AA, rachianesthésie pour césarienne Cuvillon P, Eisenberg E, Jochum D, programmée : dans les progrès dans les Aveline C, Biboulet P, Binhas M, Bloc S, pratiques cliniques (Editorial). Ann Fr Boccara G, Carles M, Choquet O, Anesth Réanim 2011;30 : 622-624 Delaunay L, Estebe JP, Fuzier R, Gaertner E, Gnaho A, Nouette –Gaulain 3. Auroy Y, Bargue L, Benhamou D, K, Nouvellon E, Ripart J, Tubert V. Bouaziz H, Ecoffey C, Mercier FJ, Echographie en anesthésie locorégionale Samii K. Recommandations du groupe (Recommandations formalisées d’experts). SOS ALR pour la pratique de l’anesthésie Ann Fr Anesth Réanim 2011 ; 30: e33- locorégionale. Ann Fr Anesth Réanim e35. 2000; 19 : 621-623. 7. Bondar A, Morau D, Kollipara S, Iohom 4. Fasoulaki A, Triga A, Melemeni A, G. Peripheral nerve blockade. Sarantopoulos C. Multimodal analgesia Anesthesiology Research and Practice with gabapentine and local anesthetics 2011: 1-2. prevents acute and chronicpain after breast RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 2
Fall ML. Facteurs prédictifs préopératoires de sevrage difficile de CEC Article original Facteurs prédictifs préopératoires de sevrage difficile de circulation extra corporelle en chirurgie cardiaque chez l’adulte au Sénégal. Preoperative predictors of difficult weaning from extracorporeal circulation in cardiac surgery in Senegal Fall. ML1, Ndiaye. PI1, Ciss. Ag2, Diop. A1., Bah. MD1, Dieng. PA2, Leye. Pa1, Ba. PS2, Diatta. S2, Ndiaye. A2, Kane. O1. 1 : service d’anesthésie et de réanimation. 2 : service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire Auteur correspondant : Mohamed Lamine FALL. BP 45682 Dakar FANN. Email : rea ctcv@gmail.com; tallafal@yahoo.fr Résumé Summary Objectif : identifier les facteurs préopératoires prédictifs Objective: To identify preoperative factors predictive of d’un sevrage difficile de la CEC dans notre contexte. difficult weaning from CPB in our context. Patients et méthodes : il s’agissait d’une étude Patients and methods: This is a retrospective study of 60 rétrospective portant sur 60 dossiers de patients opérés à cases of patients undergoing open heart in the service of cœur ouvert au service de chirurgie thoracique et Thoracic and Cardiovascular Surgery Centre Hospitalier cardiovasculaire du Centre Hospitalier National Universitaire National (CHUN) by FANN between Universitaire (CHUN) de FANN entre novembre 2004 et November 2004 and January 2007. A difficult weaning of janvier 2007. Un sevrage difficile de CEC est défini par CPB is defined by hemodynamic instability during the une instabilité hémodynamique pendant l’arrêt de la shutdown of the CEC, which may require circulatory CEC et pouvant nécessiter une assistance circulatoire. support. Résultats : Six variables ont été identifiées grâce, au test Results: Six variables were identified thanks to the d’indépendance du Khi-deux comme ayant un lien independence test chi-square, as having a statistically statistiquement significatif avec la variable principale significant relationship with the main variable "alteration altération de l’hémodynamique en fin de CEC. Les of the hemodynamic at the end of CPB. Variables that had variables qui n’avaient pas de lien avec la variable no connection with the main variable were excluded from principale ont été exclues de cette analyse relationnelle : this relational analysis: preoperative anticoagulation, l’anti-coagulation préopératoire, les antécédents preoperative neurologic history, classification of neurologiques préopératoires, la classification de American Society of Anesthesia (ASA), heart rate American Society of Anesthesia (ASA), le rythme preoperative sinus not, hearts rate, preoperative non- cardiaque préopératoire non sinusal, le rythme cardiaque regular and the size of the left atrium. préopératoire non régulier et la taille de l’oreillette gauche. Conclusion: This work helps identify factors predictive of difficult weaning from CPB in our regions to optimize Conclusion : ce travail permet d’identifier les facteurs their care since the pre anesthetic consultation. prédictifs de sevrage difficile de CEC dans nos régions pour optimiser leur prise en charge depuis la consultation Keywords: preoperative factors - weaning difficult - CPB pré-anesthésique. Mots clés : facteurs préopératoires - sevrage difficile - CEC. RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 3
Rev. Afr. Anesth. Med. Urg. Tome 16 n°3-2011 Article original Introduction principale et les autres variables. Le lien était négligeable si la valeur de Q était comprise entre Le sevrage difficile de CEC est défini par une [0,01 – 0,09], il était léger entre [0,1 – 0,29], il était pression artérielle systolique inférieure à 80 mmHg modéré entre [0,30 – 0,49], il était fort entre [0,5 – et une pression artérielle pulmonaire diastolique 0,69], il était très fort entre [0,7 – 1]. supérieure à 15mmHg pendant l’arrêt progressif de la CEC ou par une instabilité hémodynamique L’odds ratio ou estimation des risques a quantifié le nécessitant la réintroduction de cette dernière ou de risque de sevrage difficile de CEC pour les l’insertion d’un ballon de contre pulsion intra variables reconnues comme prédictives. L’analyse aortique [1]. La séparation de la CEC est une étape des risques et la régression logistique ont permis de importante dans une intervention de chirurgie mesurer l’impact des différentes variables sur le cardiaque. Sa réussite dépend de plusieurs facteurs phénomène étudié. qui sont connus. Ce sont : les caractéristiques préopératoires du patient, la qualité de la protection Résultats myocardique et la qualité du geste chirurgical [2].Dans les pays développés, des travaux ont été Nous avons colligé 60 dossiers durant la période réalisés afin de mieux préciser les facteurs d’étude de Novembre 2004 à Janvier 2007 au prédictifs de morbidité et de mortalité en chirurgie service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire. cardiaque, plusieurs scores ont été établis pour Parmi eux, nous avons enregistré 12 cas de sevrage prédire les risques opératoires [2].Dans nos pays, le difficile de CEC soit 20%. profil des patients qui bénéficient de la chirurgie La moyenne d’âge de nos patients était de 25,5 ans cardiaque est différent ; notamment par la avec des extrêmes de 14 et 56 ans. pathologie prédominante qui est la cardiopathie d’origine rhumatismale et les stades très évolués Le sexe féminin était largement prédominant avec dans lesquels les patients sont pris en charge. un sex-ratio (M/F) de 0,27. Patients et méthodes L’atteinte valvulaire représentait 95 % des lésions observées. A l’exception d’une sténose sous valvulaire qui était congénitale, les lésions Il s’agissait d’une étude rétrospective portant sur 60 valvulaires étaient toutes acquises et d’origine dossiers de patients ayant bénéficié d’une chirurgie rhumatismale. L’atteinte était poly valvulaire dans cardiaque à cœur ouvert dans le service de la 88 % des cas. La pathologie cardiaque opérée était Clinique de Chirurgie Thoracique et congénitale chez 6 % de nos patients. Cardiovasculaire (CTCV) du Centre Hospitalier National de FANN durant la période allant de 88% des patients étaient au stade II de la novembre 2004 à janvier 2007 ; soit vingt-sept classification de la New York Heart Association. mois. Les patients âgés de moins de 14 ans, ainsi que ceux opérés pour cure de cardiopathie Chez 41,7 % on avait au moins 1 antécédent de complexe étaient exclus. décompensationcardiaque. Chez les patients aux antécédents de L’analyse bi-variée ou relationnelle est réalisée décompensation cardiaque. L’épisode de quand on a distingué d’ abord la variable principale décompensation avait nécessité une hospitalisation de l’étude des autres variables. dans 36% des cas, un des patients avait bénéficié d’une chirurgie cardiaque au décours de la Le test d’indépendance du Khi-deux de Pearson, décompensation. Les autres, soit 64 % avait reçu en significatif quand il était inférieur à 0,05 a permis ambulatoire un traitement médical. d’identifier les variables qui avaient un lien statistiquement significatif avec la variable Le traitement médical habituel était chez 86,6% des principale. patients à visée cardio-vasculaire. Dans le groupe de patients sous traitement médical, Le coefficient Q de Yule a permis de mesurer 40,4% des patients étaient sous digitalo- l’intensité du lien qui existait entre la variable RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 4
Fall ml. Facteurs prédictifs préopératoires de sevrage difficile lors de la CEC Article original diurétiques, 48% sous diurétique seul. Les dérives Society of Anesthesiologists, les autres patients nitrés et les inhibiteurs de l’enzyme de étaient ASA III. conversionétaient prescrits. Trente pour cent (30%) des patients étaient sous anti vitamine K et 10% A l’électrocardiogramme, 23,3 % de nos patients sous aspirine. avaient un rythme cardiaque non sinusal, 26,6 % un rythme cardiaque non régulier et 20 % de Des antécédents d’accidents vasculaires cérébraux l’ensemble des patients étaient en arythmie ischémiques étaient retrouvés chez deux patients, complète par fibrillation auriculaire. Pendant qu’un (3,3%). des patients était en flutter auriculaire.Les caractéristiques échographiques sont mentionnées Au terme de la consultation pré anesthésique, 75% au tableau I. des patients était classé ASA II de l’American Tableau I : Caractéristiques écho cardiographiques moyenne minimum maximum Diamètre OG 49 ,16 23 73 Diamètre VD 20,8 9 43 Diamètre VG en diastole 49,12 25 83 FEVG 66,1 36 90 FRVG 37,7 21 61 PAPS 62,5 28 110 La durée moyenne de la CEC était de 1h56 minutes, d’avoir une hémodynamique altérée à l’arrêt de la avec des extrêmes de 49 minutes et 6 heures 55 CEC était multiplié par 4,3 lorsqu’on passe de la minutes. classe ASA II à la classe ASA III (p = 0,001). Il existait un lien entre l’état de l’hémodynamique à Il existait un lien entre le rythme cardiaque sinusal l’arrêt de la CEC et le traitement anticoagulant ou non et l’état de l’hémodynamique en fin de préopératoire(les anti-vitamines K). CEC. Le coefficient de Yule était égal à 0,78 ; le lien entre les deux variables est très fort.50% des Le coefficient de Yule Q mesurant l’intensité du patients dont le rythme cardiaque préopératoire lien entre l’hémodynamique à l’arrêt de la CEC et n’était pas sinusal avait eu un état hémodynamique le traitement anticoagulant préopératoire était égal à altéré en fin de CEC. Le risque d’avoir 0,82. La liaison était très forte. Les risques d’avoir l’hémodynamique altéré à l’arrêt de la CEC était une hémodynamique altérée en fin de CEC sont multiplié par 8,2 lorsque le rythme cardiaque n’était multipliés par 6 chez les patients sous pas sinusal en préopératoire (p = 0,006). anticoagulants, p = 0,004. Il y avait une corrélation entre le rythme cardiaque Il existait une corrélation entre les antécédents de régulier ou non et l’hémodynamique en fin de CEC. complications neurologiques préopératoires et l’état La mesure de l’intensité du lien entre de l’hémodynamique à l’arrêt de la CEC. Le l’hémodynamique à l’arrêt de la CEC et le rythme coefficient Q de Yule était égal à 1. Tous les cardiaque régulier ou non donne Q = 0,78.Ainsi patients ayant des antécédents neurologiques 43,8 % des patients dont le rythme cardiaque était avaient eu une hémodynamique altérée à l’arrêt de irrégulier avait eu un état hémodynamique altéré en la CEC. Le risque d’avoir une hémodynamique fin de CEC. Le risque d’avoir une hémodynamique altérée à l’arrêt de la CEC était multiplié par 5,8 altérée en fin de CEC était multiplié par 6 lorsque chez les patients ayant des antécédents le rythme cardiaque était irrégulier avant la CEC. neurologiques préopératoires. Il existait une relation entre la taille de l’oreillette Il existait un lien entre la classe ASA et l’état de gauche à l’écho doppler cardiaque préopératoire et l’hémodynamique en fin de CEC (p = 0,025).Le lien entre ces deux variables était fort car la valeur du coefficient Q de Yule était de 0,62. Quarante pour cent des patients ASA III avaient une hémodynamique altérée en fin de CEC. Le risque RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 5
Rev. Afr. Anesth. Med. Urg. Tome 16 n°3-2011 Article original l’état l’hémodynamique en fin de CEC. Le étaient classés ASA II et présentaient selon la coefficient Q de Yule était égal à 1 pour la variable classification une atteinte modérée d’une grande taille de l’oreillette gauche fonction, 25 % étaient ASA III et ils présentaient une atteinte sévère d’une grande fonction qui Le lien entre les deux variables était très fort. Tous n’entrainait pas d’incapacité. L’analyse statistique les patients ayant en préopératoire une taille de avait retrouvé un lien entre la classe ASA et le l’oreillette gauche normale avaient sevrage difficile de la CEC. D’après le coefficient l’hémodynamique correcte en fin de CEC. Les de Yule cette relation est forte. 40 % des patients risques d’avoir un sevrage difficile de CEC étaient ASA III avaient présenté un sevrage difficile de la multipliés par 4 chez les patients dont l’oreillette CEC contre seulement 13,3 % des patients ASA II. gauche était dilatée. Le rapport des chances montrait que le risque d’avoir une hémodynamique altérée à l’arrêt de la Discussions CEC était multiplié par 4,3 lorsqu’on passe de la classe ASA II à la classe ASA III. Chez un tiers des patients opérés le traitement médicamenteux comportait un anti vitamine K. Ce Pour 23,3 % de nos patients qui avaient un rythme traitement anticoagulant avait été retrouvé en cardiaque non sinusal.12 patients sur 60 soit 20 % analyse multi variée comme ayant un lien étaient en arythmie complète par fibrillation significatif avec le sevrage difficile de la CEC. 45% auriculaire et 1 des patients était en flutter des patients sous anticoagulant avaient auriculaire en pré opératoire. L’analyse statistique a l’hémodynamique en fin de CEC altérée, contre démontré qu’il existait une relation significative seulement 7,5% de patients qui n’étaient pas sous entre le rythme cardiaque sinusal ou non et le anticoagulants. Le risque de sevrage difficile de sevrage difficile de CEC. Cette relation quantifiée CEC était 6 fois plus élevé chez les patients qui par le coefficient de Yule est très forte. 50% des étaient en préopératoire sous anti vitamine K par patients dont le rythme cardiaque n’était pas sinusal rapport à ceux qui ne l’étaient pas. Ce résultat avaient présenté des difficultés lors du sevrage de la pourrait s’expliquer par les indications des antis CEC contre seulement 10,9% des patients dont le vitamines K dans les cardiopathies valvulaires qui rythme cardiaque était sinusal. sont essentiellement l’apparition de troubles du Les troubles du rythme préopératoires sont des rythme cardiaque, la dilatation des cavités facteurs prédisposant à la survenue de troubles du cardiaques et les altérations importantes de la rythme en fin de CEC. Les troubles du rythme fonction systolique du VG. Ce sont donc les durant le sevrage de CEC sont des causes de patients dont la pathologie est plus évoluée. difficultés de sevrage [3]. En effet la systole auriculaire est importante pour le remplissage Pour 3, 3 % de nos patients qui présentaient des ventriculaire surtout chez ces patients dont la antécédents neurologiques à type d’accident compliance du VG est altérée du fait de son vasculaire cérébral. Les antécédents neurologiques hypertrophie. Ce remplissage ventriculaire avaient un lien significatif, en analyse multi variée, incomplet entraine une diminution du volume avec l’altération de l’hémodynamique en fin de d’éjection systolique et par conséquent du débit CEC. Le coefficient Q de Yule égal à 1 montre que cardiaque. De plus la tachycardie fréquente durant l’intensité de la relation était très forte. En effet tous ces troubles du rythme auriculaire est responsable les patients aux antécédents neurologiques d’une augmentation de la consommation préopératoires avaient présenté un sevrage de la myocardique d’oxygène ce qui est délétère dans CEC difficile. Le rapport des chances montre que le cette période. Chez nos patients le rapport des risque d’avoir un sevrage difficile de CEC était chances montre que le risque d’avoir une multiplié par 5,8 chez les patients qui avaient des hémodynamique altérée en fin de CEC était antécédents neurologiques par rapport à ceux qui multiplié par 8,2 lorsque le rythme cardiaque n’était n’en n’avaient pas. Ceci pourrait être expliqué par pas sinusal en préopératoire. le caractère très évolué de la maladie chez les patients qui font des AVC par migration de thrombi Chez 26,6% de nos patients le rythme cardiaque en intra auriculaire gauche. était irrégulier en préopératoire. Le test du khi-deux a démontré qu’il existait un lien entre le rythme Au terme de la consultation d’anesthésie, nos cardiaque préopératoire non régulier et le sevrage patients étaient classés selon l’American Society of difficile de CEC. L’intensité de la relation est très Anesthesiologists en 5 stades.75% d’entre eux forte. 43,8 des patients dont le rythme cardiaque était irrégulier en préopératoire ont RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 6
Fall ml. Facteurs prédictifs préopératoires de sevrage difficile lors de la CEC Article original présenté un sevrage difficile de CEC contre 11,4% l’assistance par un ballon intra aortique [1]. Alors des patients dont le rythme était régulier en que Bernard F. avait mené un travail sur 66 préopératoire. Le rapport des chances montre que le patients pour le même type de chirurgie cardiaque risque d’avoir une hémodynamique altérée en fin de sous CEC dont 12% de chirurgie valvulaire. Il CEC était multiplié par 6 chez les patients ayant eu retrouvait 4,5% de sevrage difficile de CEC soit 3 un rythme cardiaque irrégulier en préopératoire par patients sur 66. L’un des patients avait bénéficié rapport à ceux dont le rythme cardiaque était d’assistance par ballon intra aortique, les deux régulier. Cette variable a été retrouvée comme autres décédèrent [4]. ayant une relation significative avec le sevrage difficile de CEC, cette relation mesurée par le Dans notre travail, nous avons retrouvé 20% (soit coefficient Q de Yule est très forte. Plus de 79 % 12/60patients) de sevrage difficile de CEC. La des patients avaient une OG dilatée à l’écho majorité de ces patients soit 91,6 %( 11/12) doppler cardiaque trans thoracique préopératoire et nécessitèrent l’administration de seulement 20,7% une oreillette gauche de taille sympathomimétiques, chez un des patients, la normale. Tous les patients qui avaient une OG non reprise de la CEC était indispensable, l’assistance dilatée en préopératoire avaient une par ballon intra aortique n’étant pas possible. Enfin hémodynamique correcte en fin de CEC et on déplore 2 patients décédés dans les suites d’un n’avaient donc pas présenté de difficulté lors du sevrage difficile de CEC soit 16,6 % (2/12) des sevrage de la CEC. 26 % des patients dont l’OG patients ayant présentés un sevrage difficile de était dilatée avaient présenté un sevrage difficile de CEC. Les variables incriminées dans le sevrage CEC. Deux travaux recherchant les facteurs difficile sont résumées au tableau II prédictifs de sevrage difficile de CEC tous réalisés par le Montréal Heart Institute ont retrouvés : pour Conclusion Denault A., avait travaillé sur 58 patients qui avaient bénéficiés de chirurgie cardiaque sous L’intérêt de cette étude était d’identifié les facteurs CEC pour une chirurgie de revascularisation ou prédictifs préopératoires de sevrage difficile de la autre chirurgie ; la chirurgie valvulaire représentait circulation extracorporelle dans notre contexte pour 22,4% des patients qui avaient un sevrage difficile optimiser la prise en charge depuis le premier de CEC. L’auteur retrouvait 26% de sevrage contact avec les patients de cardiologie à la visite difficile de CEC soit 15 sur 58 patients. Quatre pré-anesthésique en vue d’une chirurgie à cœur parmi ces patients décédèrent et cinq nécessitèrent ouvert. Tableau II : les variables significativement liées en analyse multi variée au sevrage difficile de CEC Odds Ratio[IC 95%] P de Khi-deux
Rev. Afr. Anesth. Med. Urg. Tome 16 n°3-2011 Article original Références 1. Denault A, Bélisle S, Babin D et al. 3. Aouifi A, Lançon JP, Clemençon N et al. Difficult separation from cardiopulmonary bypass Sortie de CEC difficile : tableaux cliniques et and ΔP CO2.Can J Anesth 2001; 48: 196-199. modalités thérapeutiques. ITBM-RBM 2006;27: S68-S73 2. Girard C, Roger JF, Echevarria E. . Sevrage difficile de la circulation extracorporelle. 4. Bernard F, Denault A, Babin D et al. In: Janvier G, Lehot J-J. Circulation Diastolic dysfunction is predictive of difficult extracorporelle : principes pratique. Paris : weaning from cardiopulmonary bypass. Edition Arnette. 2000 ; 271-281. Anesth Analg 2001; 92:291-8. RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 8
Wade Ka. Problématique de la ventilation mécanique Article original Problématique de la ventilation mécanique dans un service de réanimation en milieu tropical : exemple de l’hôpital d’instruction des armées de Dakar. Problemsinthemechanicventilation in a tropical intensive care unit: example of the military hospital of Dakar Wade K A(1) ; Mouloungui Sougou P E(2) ; Diatta B(1). (1) Service de Réanimation Médicale de l’Hôpital d’Instruction des Armées Principal de Dakar ; (2) Service de Réanimation de l’Hôpital d’Instruction des Armées Oumar BONGO de Libreville. Auteur correspondant: Dr Khalifa Ababacar WADE. Khalwade@yahoo.fr Résumé : Summary: Objectif : analyser la morbi-mortalité, le devenir des patients et objective: to analyze morbidity and mortality, patient outcomes les facteurs prédictifs d’une ventilation mécanique prolongée en and predictors of prolonged mechanical ventilation in intensive réanimation. care. Patients et méthodes : Patients and methods: Il s’agissait d’une étude rétrospective sur 30 mois allant du 1er We conducted a retrospective study of 30 months from 1 January janvier 2008 au 30 juin 2010. Etaient inclus tous les patients 2008 to June 30, 2010. Were included all patients who received ventilés mécaniquement durant la période de l'étude. Les mechanical ventilation during the study period. The parameters paramètres étudiés étaient : les données sociodémographiques, studied were: socio-demographicdata, primary diagnosis, les données cliniques, thérapeutiques, la durée, les indications for mechanical ventilation, duration, complications, complications, les facteurs liés à la ventilation mécanique de factors related to long-term mechanical ventilation. Data analysis longue durée. was done by univariate analysis using the SPSS software with a Les tests statistiques t de student, χ² et des tests corrigés étaient Student t test, the χ ² tests and corrected when the size was utilisés pour une analyse univariée. Un p
Wade Ka. Problématique de la ventilation mécanique Article original I. Introduction de ventilation mécanique, les complications de la ventilation mécanique, les facteurs liés à la L’histoire nous apprend que la ventilation ventilation mécanique prolongée, la durée du séjour artificielle a connu des évolutions avec le temps. en réanimation, la mortalité des patients ventilés.Le Ce n’est qu’en 1928, avec le « poumon d’acier » de recueil des données s’est fait à partir des RUM Drinker-Shaw, que les premières ventilations (Résumés d’unité Médicale) et des dossiers des mécaniques de longue durée ont été réalisées durant patients. l’épidémie de poliomyélite [1]. Cette ventilation Nous avions alors réalisé une analyse univariée des était une forme de ventilation non invasive qui données en utilisant le logiciel Statistical Package utilisait une pression négative [2 ; 3]. De nos jours, for Social Sciences (SPSS) avec un test t de la Ventilation Artificielle (VA) fait partie des Student, le χ² et des tests corrigés quand l’effectif techniques de suppléance couramment utilisées en était réduit. Nos résultats sont exprimés en réanimation pour traiter les défaillances d’organes moyenne plus ou moins écart-type. notamment neurologiqueet respiratoires. Une valeur de p
Rev. Afr. Anesth. Med. Urg. Tome 16 n°3-2011 Article original IV.4.1. Evolution favorable (Tableau II) décanulation, et transfert du patient dans un autre L’évolution était favorable chez 75 patients service ou sortie à domicile. (31,64%). Cependant, sur les 31 patients ventilés Par contre l’évolution défavorable équivalait au au-delà de 10 jours, seulement 6 avaient eu une décès du patient pendant la période de ventilation, évolution favorable (19,35 %). L’évolution soit 66,66% (la létalité des patients ventilés au-delà favorable étant définie comme un sevrage réussi et de 10 jours était de 80%). complet de ventilation mécanique avec extubation Quatre patients avaient bénéficié d’une évacuation ou sanitaire en Europe intubés et ventilés. Tableau II : Répartition selon l’évolution Sortie de la réanimation Décès en réanimation Ventilés10jrs 6 (10%) 25 (80%) Total 79 (33,33%) 158 (66,66) IV.4.2. Complications complications (15,6 %). Venaient ensuite les Les complications directement liées à la barotraumatismes représentés par lepneumothorax ventilation mécanique (5,9 %.) Les atélectasies, les bouchons de sonde, et Les pneumopathies nosocomiales acquises sous les extubations accidentelles se partageaient ventilation mécanique représentaient la majorité des chacune 1,6% (Tableau III). Tableau III : Répartition selon les complications de la ventilation Complications Effectifs % Pneumopathie 37 15,61 Pneumothorax 14 5,9 Atélectasie 4 1,6 Extubation accidentelle 4 1,6 Bouchon 4 1,6 Œdème laryngé 2 0,8 Les principaux germes isolés au cours de ces Dans 15% des cas, elles étaient indéterminées, et pneumopathies étaient essentiellement quelques cas de co-infections avaient été notés. Au l’Acinétobacter baumanii et le Klebsiella sein de cette flore bactérienne, 63,15% étaient des pneumoniae avec respectivement 39% et 22%. bactéries multirésistantes (BMR). (Tableau IV). Tableau IV : Répartition selon les germes isolés dans les pneumopathies IV.4.3. La mortalité et les causes de décès Germes Effectif % Sur les 237 patients ventilés, 158 étaient décédés Acinetobacter baumanii 16 39,1 soit une létalité de 66,66%. Klebsiella pneumoniae 9 21,9 La mortalité rapportée au nombre de patients Pseudomonas aeruginosa 4 9,7 hospitalisés durant la même période était de Staphylocoque aureus méti 2 4,9 R 19,12%.Trois causes majeures de décès étaient Sténotrophomas maltophila 1 2,4 identifiées. Il s’agissait de la défaillance multi- Proteus mirabilis 1 2,4 viscéral choc septique exclu chez 60 patients Morganella morganii 1 2,4 (37,9%), du choc septique chez 35 patients E. coli 1 2,4 (22,1%) et de l’engagement cérébral chez 26 Nondéterminée 6 14,6 patients (16,4%). Les autres complications dues au séjour en IV.5. Les facteurs de risque de ventilation réanimation prolongée Les complications liées au séjour en réanimation IV.5.1. Etude de la durée de ventilation par retrouvées dans notre étude étaient les infections rapport aux défaillances viscérales à urinaires (47%) et les escarres (41%). Neuf pour l’admission cent d’infection sur cathéters centraux avaient été notés et 3% d’ulcère de stress. RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 11
Wade Ka. Problématique de la ventilation mécanique Article original Durée de ventilation et défaillance neurologique IV.5.2. Durée de ventilation et infections L’existence d’une défaillance neurologique à pulmonaires nosocomiales l’admission (p=0,047) était statistiquement corrélée à une durée de ventilation mécanique prolongée Le croisement entre la durée de ventilation et la avec un Odds ratio = 2,4(Tableau V). survenue d’une infection pulmonaire acquise sous ventilation (p=0,000) montrait que cette Durée de ventilation et autres défaillances complication multipliait le risque de ventilation L’existence de défaillance cardiovasculaire mécanique prolongée par 7,8 (Tableau V). (p=0,103), de défaillance respiratoire (p=0,323), de IV.5.3. Durée de ventilation et autres facteurs défaillance rénale (p=0,102) ; de défaillance La survenue d’un barotraumatisme au cours de la hépatique (p=0,805), à l’admission, n’avaient ventilation mécanique (p=0,624) n’influençait pas statistiquement pas influencé la durée de ventilation la durée de celle-ci. Il en était de même d’une mécanique (Tableau V). sédation supérieure à 24h (p=0,139) (Tableau V). Tableau V : Durée de ventilation en fonction des différents facteurs P OR IC 95% DV Cardiovasculaire 0,103 2,291 0,872-10,260 DV Respiratoire 0,323 1,468 0,684-3,151 DV Rénale 0,102 0,343 0,100-1,178 DV Hépatique 0,805 0,852 0,240-3,027 DV Neurologique 0,047 2,409 0,993-5,844 Pneumopathie 0,000 7,841 3,413-18,012 Barotraumatisme 0,624 1,707 0,345-8,435 Sédation>24h 0,139 2,008 0,787-5129 IV.6. Modalités de sevrage comme Sennef rapportaient des tranches d’âges Parmi les 237 patients ventilés, 130 patients plus élevées supérieures à 60 ans [5]. Les (54,85%) n’avaient pas bénéficié de procédure de pathologies chez eux sont essentiellement dominées sevrage car décédés avant cette étape. par l’insuffisance cardiaque congestive et les Ainsi le sevrage de la ventilation mécanique était décompensations aiguës des BPCO. réalisé par l’usage du tube en T chez 39 patients La sévérité des défaillances neurologiques et/ou (16,45%), et de la ventilation spontanée avec aide respiratoires qui accompagnent souvent certaines inspiratoire chez 15 patients (6%). Vingt-sept affections comme le paludisme grave, les maladies patients (11,39%) avaient bénéficié d’une neurologiques, respiratoires et traumatiques trachéotomie. L’extubation était réalisée pourrait expliquer le fait qu’elles soient les premiers directement à l’issue de l’arrêt de la sédation chez motifs de ventilation mécanique dans notre étude. 39 patients (16,45%). Pour les patients La durée moyenne de ventilation dans notre étude trachéotomisés, 81% l’avaient été pour une était de 5,51 jours non loin de celle retrouvée par ventilation dépassant les 10 jours. Ndiaye et coll [7] dans le même service qui était de 5,1 jours et par Seneff aux Etats-Unis qui était de V. Discussion 4,7 jours [5]. Durasnel, quant à lui avait retrouvé Les différences d’incidence de la ventilation entre dans une étude faite aux Comores, une durée les pays Africains (28,69% dans notre étude et moyenne de ventilation légèrement inférieure aux 15,8% dans une étude faite aux Comores) et les nôtres (3,1 jours)[8]. Dans une étude multicentrique pays Européens (34% dans l’étude de Sennef [5] et réalisée en occident sur 18000 patients, une durée 41% dans celle de Blot) [6] pourraient être moyenne de ventilation de 6 jours a été retrouvée expliquées par le fait que dans nos régions, même si [9]. Quant à la durée moyenne de séjour en les patients sont parfois aussi graves qu’en Europe, réanimation des patients ventilés, elle était de 9,96 l’indication de mise sous machine est très souvent jours comparable à celle retrouvée par Stauffer qui retardée du fait de la hantise de la survenue de était de 10 jours chez des patients adultes ventilés complications notamment infectieuses. pour une détresse respiratoire aiguë[10]. La jeunesse de notre population d’étude (39 ans ± La ventilation mécanique s’accompagne de 18,25) pourrait être expliqué par le fait que complication d’ordre infectieux ou mécanique, en l’admission des sujets jeunes prédomine dans notre particulier lorsqu’elle excède 48 heures [11]. cadre d’étude (âge moyen 42,4 ans selon les Plusieurs études révèlent également rapports annuels d’activités). D’autres auteurs RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 12
Rev. Afr. Anesth. Med. Urg. Tome 16 n°3-2011 Article original que les infections respiratoires sont la première expliqué par le fait que nos conditions de travail ne complication chez le patient ventilé de façon sont pas très loin de celle rencontrées aux Comores prolongée [12]. comparées aux pays développés. Seule la présence L’incidence très basse (15,61%) des pneumopathies d’une défaillance neurologique à l’admission nosocomiales acquises sous ventilation mécanique (p=0,047) était statistiquement corrélée à une parrapport à certaines études qui fontétat d’un taux Duréede ventilation mécaniqueprolongée avec un d’incidence pouvant atteindre30% [1;13;14;15] Oddsratio de 2,4. En effet l’existence de pourrait êtreexpliquée par le faitque très souvent défaillanceneurologique s’accompagne très dans nos conditionsd’exercice, une antibiothérapie souvent d’unealtération de la commande probabiliste est mise en route dès l’admission des ventilatoire nécessitantdes délais deventilation maladesventilés, sans raisons valables. Il s’y ajoute plus longs avant que larécupération de celle-ci ne que les prélèvements sont faits avec du retard et les soit effective. Dans lalittérature, peu d’études ont résultats souvent difficiles. Cependant une étude été faites concernant lescritères prédictifs d’une faitedans le service en 2005 avait retrouvé une ventilation mécaniqueprolongée. Troché et Moine incidence plus élevé (23,3%) de PNAVMchez les avaient identifiéplusieurs facteurs ayant une patients ventilés [7].La prédominance desBGN corrélation avec ladurée de ventilation mécanique. dans notre é étéégalement retrouvée parNdiaye et Cependant seulsl’intubation endotrachéale réalisée coll dans lemêmeservice avec 73,25 %. La place en urgence, et leLung Injury Score (LIS) au du SARMdans la survenue de PNAVM n’a pas moment de l’intubationétaient statistiquement varié dansnotre service depuis 05 années,4,9% significatifs pour prédired’une ventilation dans notreétude contre 4,2% dans celle de Ndiaye mécaniquesupérieure à 15 jours[16]. L’épreuve de et coll [7].Concernant les anaérobies, leur ventilation spontanée associantune aide inspiratoire fréquencen’a puêtre évaluées comme cela avait été avait été incluse dans toutesnos procédures de le cas il y’a 5 ans dans le service (3,2%) [7]; en sevrage ventilatoire. En effetselon Jaber, l’aide effet il s’agit degermes difficilement identifiables inspiratoire reste aujourd’hui lemode ventilatoire le avec des techniques de laboratoires souvent plus simple et le plus adapté ausevrage de la couteuses. Lamortalité chez les patients ventilés ventilation mécanique [17]. dans notre série était élevée 66,6% légèrement plus Dans notre pratique, l’aide inspiratoire variait de 8 à élevée quecelle retrouvée dans une autre série du 20 cmH2O. Concernant la VACI, plusieurs études service(62,29%) [7]. Cette mortalité des patients Ontdémontré qu’elle était la moins bonne des ventilés reste largement plus élevée que la mortalité modalités de sevrage avec un pourcentage d’échecs globale du service toutes pathologiesconfondues plus élevés et unedurée de sevrage plus longue[9, (27,2%). Ceci pourrait être dû au fait que les 18,19]. patients ventilés sont plus graves comme en Conclusion : témoigne l’IGS moyen de 50,8 contre 30 pour la moyenne du service. Il s’y ajoute la part importante La ventilation mécanique reste un moyen très qu’occupe la survenue des complications important dans la prise en charge des patients de notamment infectieusesdans les causes de décès en réanimation. Il s’agit d’un outil malheureusement réanimation chez les patients entilés. Durasneldans considéré comme un luxe dans certaines de nos son étude réalisée à Moroni aux Comoresavaient structures se procurer difficilement cette retrouvé une mortalité de 59% [8],comparable à la technologie. Son utilisation se heurte souvent dans nôtre. Des taux plus bas (33%) ont été retrouvés en nos conditions d’exercice à une surmortalité Europe par Stauffer [10].Ceci pourrait être notamment liée à la survenue d’infections nosocomiales. RAMUR Tome 16, n°3-2011 Page 13
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