BIOCONTRÔLE - UNE AUTRE RÉVOLUTION VERTE... PLUS COMPLEXE ! UNE POLITIQUE FRANÇAISE VOLONTAIRE - Perret SA
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MAG EN LIGNE AVRIL 2021
BIOCONTRÔLE
ENQUÊTE
EXCLUSIVE
ANALYSE
UNE POLITIQUE L’offre
solutions
FRANÇAISE
à venir
VOLONTAIRE
UNE AUTRE RÉVOLUTION
VERTE... PLUS COMPLEXE !
À LIRE DANS CE NUMÉRO
ANALYSE
P.3 Une politique française
volontaire
ÉDITO
FILIÈRES
P.7 Les labels, passerelles
vers les consommateurs
Gaëlle GAUDIN STRATÉGIE
responsable du numéro
P.10 CEPP et Contrat
CHANGEMENT de solutions, leviers de
déploiement du biocontrôle
d’approche
RECHERCHE
L’
insertion de solutions de biocontrôle
dans les itinéraires techniques monte en
P.13 Le positionnement
puissance. Ces alternatives aux produits pose question
conventionnels répondent à une attente
sociétale et politique incontournable. COTÉ FOURNISSEURS
Le virage est pris, mais le chemin est encore long.
Si l’offre de produits de biocontrôle s’étoffe,
P.15 Une approche
elle demeure faible, surtout en grandes cultures. combinatoire privilégiée
Une stratégie nationale a été publiée, mais ses
trente-quatre objectifs demandent à être atteints. P.17 UPL monte en puissance
Les avancées réglementaires en faveur sur les biosolutions
de ces solutions restent insuffisantes.
Ces produits, « utilisant des mécanismes naturels P.18 Ils nous ont dit...
dans le cadre de la lutte intégrée contre les
ennemis des cultures », comme le précise l’article SUR LE TERRAIN
L253-6 du Code rural, doivent encore trouver leur
place dans un nouveau modèle de protection des
P.21 La distribution
cultures en construction. Un modèle non universel, garde le cap
fondé sur un raisonnement englobant le cycle
OFFRE PRODUITS
complet de la plante et utilisant tous les outils à
disposition, agronomie, semences, fertilisants et P.24 Une R&D fortement
digital compris. L’ensemble des acteurs y travaille.
mobilisée
Une nouvelle révolution verte est en route, plus
technique, sans produit chimique « miracle ».
P.27 Enquête exclusive
L’offre solutions à venir
Photo couverture : © De Sangosse
Référence agro est une publication de : Terre-écos - 3 rue Lespagnol, 75 020 Paris Tél. : 01 47 70 19 97 - www.terre-ecos.com
Mails sur le principe : p.nom@terre-ecos.com • Numéro de commission paritaire : 0925 X 91842
Directeur de la publication : Thomas Turini • Responsable du numéro : Gaëlle Gaudin • Journalistes : Elena Blum, Anne Gilet, Laure Hänggi
Publicité et abonnements : Julia Even • Directeur commercial : Albert Butet
Toute reproduction du contenu de Référence agro est interdite sans l’accord de l’éditeur.
2 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021
ANALYSE
Le biocontrôle, qui répond à une attente
© Cérience
réglementaire et sociétale croissante,
s’affiche de plus en plus au champ.
UNE POLITIQUE FRANÇAISE
volontaire
Les moyens mis en œuvre pour accélérer le déploiement du biocontrôle en
France se renforcent. La volonté politique s’affirme et se structure. Pour
preuve, la publication de la stratégie nationale et la prise en compte de ces
solutions alternatives dans le cadre du plan France Relance. Le Gouvernement
affiche également son ambition de porter son approche au niveau européen.
Par Gaëlle Gaudin
L
es citoyens et politiciens baisse que l’Europe, dans le cadre entre autres sur le biocontrôle, a
affirment de plus en plus leur du Green Deal, compte atteindre publié, en novembre 2020, une
volonté d’une agriculture à l’horizon 2030. Le consomma- stratégie nationale 2020-2025
durable, avec entre autres teur, de son côté, est de plus en visant le déploiement de ces solu-
une réduction de l’usage des pro- plus séduit par le zéro résidu de tions alternatives. « Cette stratégie
duits phytosanitaires convention- pesticides : le collectif Nouveaux était très attendue, précise Denis
nels. Cette croissante pression champs annonce que ce label a vu Longevialle, secrétaire général
sociétale et réglementaire profite son chiffre d’affaires augmenter d’IBMA France, l’Association fran-
aux solutions alternatives et en de 24 % en 2020. çaise des entreprises de produits
premier lieu aux spécialités de de biocontrôle. Dotée de quatre
biocontrôle. Avec son plan Éco- UNE FEUILLE DE ROUTE axes principaux et de trente-quatre
phyto II+, la France s’est fixée BIENVENUE objectifs, elle constitue une véri-
l’objectif de réduire les usages de table feuille de route qui fixe les
produits phytosanitaires de syn- Pour tenir ses objectifs, le Gou- orientations pour les années à
thèse de 50 % d’ici à 2025. Une vernement français, qui compte venir. » …
3 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021
ANALYSE
IDENTIFIER LES CONDITIONS DE SUCCÈS SUR LE TERRAIN
Les objectifs prioritaires de la stratégie nationale sont d’abord d’identifier
les conditions de succès sur le terrain des solutions de biocontrôle,
en favorisant notamment la combinaison des techniques offertes par la
protection intégrée des cultures, qu’elles soient mécaniques, physiques,
DGAL
génétiques, agronomiques ou biologiques afin de parvenir à une
Bruno Ferreira, utilisation la plus efficace possible des solutions déjà disponibles sur le
directeur général de l’alimentation
au ministère de l’Agriculture et de marché. La découverte de nouvelles solutions de biocontrôle constitue un
l’Alimentation second objectif prioritaire.
Soutien à la recherche et à l’inno- plantes, soit un volume de ventes sant la transition agroécologique.
vation, simplification de la régle- estimé à 217 millions d’euros, en Par ailleurs, dans le cadre du plan
mentation, déploiement des solu- progression d’environ 8,5 % entre France Relance et du 4e Programme
tions, promotion du biocontrôle au 2018 et 2019. Le marché a connu d’investissements d’avenir (PIA4),
niveau européen : autant de points en moyenne, depuis 2013, une le Gouvernement a lancé l’élabo-
essentiels qui convergent avec les croissance à deux chiffres. ration de onze stratégies d’accé-
axes stratégiques retenus par IBMA La part de substances actives de lération pour l’innovation. L’une
France et que l’association compte produits de biocontrôle commer-
travailler avec les ministères de cialisée ne cesse d’augmenter : CropLife Europe,
l’Agriculture et de la Transition 20 659 t ont été vendues en 2019, ex-ECPA qui regroupe
écologique, mais également avec pour représenter 36 % du volume les industriels européens
l’ensemble des acteurs concernés, des substances actives vendues en
de l’amont à l’aval. France, contre 13,7 % en 2010.
de la protection des cultures,
L’association affiche la volonté En janvier 2020, les produits de prévoit, dans ses engagements
d’atteindre 30 % de parts de mar- biocontrôle couvraient 40 % des pour 2030, un investissement
ché en 2030 et de disposer, à cette usages avec au moins une solution
collectif de 4 Md€
même échéance, pour la majorité et 15 % avec trois solutions.
des usages, d’au moins deux solu- Le secteur emploie plus de 800 en faveur des solutions
tions de biocontrôle présentant un salariés en France. Les effectifs de biocontrôle.
mode d’action différent. En 2019, ont grimpé de 50 % entre 2018
le biocontrôle représentait plus de et 2019. d’entre elles porte sur les “systèmes
11 % du marché de la protection des agricoles durables et équipements
UN PLAN DE RELANCE ET agricoles contribuant à la transition
UN PIA4 FAVORABLES AU écologique”. Elle cible à la fois les
3
BIOCONTRÔLE agroéquipements et le déploiement
indicateurs pour évaluer
la stratégie nationale de des technologies numériques dans
déploiement du biocontrôle L’année 2020 a également donné l’agriculture, les ressources géné-
des cadres d’investissement pour la tiques et les bio-intrants, dont le
• Nombre de produits recherche. Avec son volet “Transi- biocontrôle. La combinaison des
phytosanitaires disponibles sur tion agricole, alimentation et forêt”, différentes innovations est éga-
le marché, avec l’objectif de le plan de relance économique lement recherchée. L’objectif est
passer de 523 solutions au porté par le gouvernement français d’actionner tous les leviers pour
1er janvier 2020 à 1 000 solutions met en avant le biocontrôle. L’État dynamiser et créer un secteur
au 1er janvier 2025 ; mise sur l’innovation pour réduire d’avenir.
• Nombre de macro-organismes l’usage des produits phytosani-
autorisés, avec l’objectif de taires. La mesure “Accélérateur VERS UNE DÉFINITION
passer de 377 à 420 ; pour les entreprises d’agroéquipe- EUROPÉENNE
• Pourcentage d’usages couverts ment et de biocontrôle” bénéficie
par les produits, avec l’objectif de de 15 M€ pour accompagner les La reconnaissance européenne
passer de 40 % à 60 %. petites et moyennes entreprises du biocontrôle fait partie des
développant des solutions favori- priorités d’IBMA. Elle figure …
4 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021
ANALYSE
41 % DES PRODUITS VENDUS 65 % SONT DES SUBSTANCES
SONT DES INSECTICIDES NATURELLES
REPÈRES
Médiateurs
Insecticides Substances chimiques
Autres 41
3 naturelles 16 Macro-
Anti-limaces
5 Répartition des ventes organismes
14 % de produits de biocontrôle en France
65 % 10
Micro-
en 2019, par les 33 adhérents actifs
Herbicides 9 organismes
d’IBMA, lesquels représentent 90 %
37 du marché du biocontrôle
Fongicides en France.
Source : Baromètre IBMA France du Biocontrôle 2019, ADquation/IBMA France, juin 2020
également parmi les objectifs de la Pour IBMA, l’enjeu est de distin- liste de produits phytosanitaires
stratégie nationale de déploiement guer les produits de biocontrôle de biocontrôle, mise à jour pério-
du biocontrôle. « La présidence dans les textes réglementaires diquement, répondant à certains
française du Conseil de l’UE en européens et autres politiques critères complémentaires : produits
2022 constituera une opportunité publiques, afin de tenir compte possédant une autorisation de
unique pour y parvenir », confiait de leurs spécificités et encoura- mise sur le marché (AMM), dont la
Bruno Ferreira, directeur général ger leur déploiement, à l’image substance active n’est pas candidate
de l’alimentation au ministère de de ce que la France a entrepris à la substitution et ne comprenant
l’Agriculture et de l’Alimentation, depuis le début des années 2010. pas certaines mentions de danger.
lors d’une interview à Référence L’association est favorable à une Cette dernière fera bientôt, comme
agro en mars 2021. La France définition large incluant tous les le prévoit l’objectif 1 de l’axe 2 de
compte contribuer à la prise en produits de biocontrôle, comme la stratégie nationale, l’objet d’un
compte des produits de biocontrôle celle inscrite dans le Code rural texte réglementaire. Et ce, afin
dans le cadre de la révision de la français, à l’article L.253-6. La d’augmenter sa portée juridique
législation européenne. France s’est par ailleurs dotée d’une et de renforcer ainsi la visibilité
de la réglementation française au
niveau européen. « Elle offrira
IBMA SERA PRÉSENTE
également aux industriels un gage
AUX CULTURALES ET de stabilité réglementaire dans
AU SALON TECH&BIO 2021 leurs stratégies de développement
de nouveaux produits », souligne
IBMA France souhaite renforcer sa
Bruno Ferreira. Il précise que « le
communication. Ainsi, en plus de ses ministère de l’Agriculture et de
rencontres annuelles, l’association l’Alimentation souhaite le maintien
souhaite donner deux autres des critères actuels utilisés pour
IBMA
rendez-vous. En 2021, nous serons définir la liste des produits de
Denis Longevialle, présents aux Culturales, avec nos biocontrôle afin de ne pas impac-
secrétaire général adhérents et aux côtés du Contrat de ter la dynamique en cours et ne
d’IBMA France solutions, ainsi qu’au salon agricole pas exclure certaines spécialités
international Tech&Bio, au sein d’un village du biocontrôle. actuellement disponibles sur le
Ces événements offrent l’opportunité, pour les différents marché ».
acteurs réunis, de promouvoir nos solutions via des essais, La stratégie nationale prévoit enfin
la publication, en 2021, d’une liste
des conférences… La promotion du biocontrôle fait également
consolidée des macro-organismes
partie des objectifs de la stratégie nationale : l’objectif 4 de
non-indigènes autorisés pour
l’axe 3 prévoit entre autres un événement national tous les
l’introduction dans l’environne-
deux ans à compter de 2021. Un tel forum avait été organisé ment et l’entrée sur le territoire,
en 2014, avec Stéphane Le Foll, alors ministre chargé de ainsi que des macro-organismes
l’Agriculture. indigènes.
5 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021
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Pour le développement des
BIOSOLUTIONS
v o s c ôtés
To u j o u rs à
L’expérience au service de l’efficacité :
16 biostimulants homologués
Acides Aminés, Algues, Mycorhizes, Acides humiques et fulviques
20 solutions de biocontrôle
dont 14 inscrits sur la liste officielle des produits biocontrôle
Plus de 30 cultures protégées
Leader de la confusion sexuelle en
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FILIÈRES
Le biocontrôle est un levier pour accéder
à la HVE, l’IFT de ces produits n’étant pas
© DR
comptabilisé.
LES LABELS, passerelles
vers les consommateurs
Le sujet du biocontrôle, technique, est encore difficilement valorisable auprès
du grand public. Ces solutions sont pourtant essentielles au développement
de démarches agroécologiques, comme le bio ou la HVE. Des initiatives
que les entreprises placent, de manière croissante, au cœur de leur
communication vers les consommateurs.
«I
Par Laure Hänggi
l faut que le biocontrôle soit tion et de promotion, à destination
associé à une création de valeur. du grand public, à partir de cette
Plus on crée de la valeur lors année. Car du côté des entreprises Pierre-Yves
d’une transition, plus la transi- agroalimentaires, l’intérêt pour Jestin,
tion est rapide », plaidait le ministre le biocontrôle progresse. Mais président de
Savéol
Savéol
de l’Agriculture et de l’Alimentation, pour valoriser ces solutions auprès
Julien Denormandie, en conclusion des consommateurs, la marche « Le biocontrôle
des 7e Rencontres annuelles du est encore haute. « À mon sens,
biocontrôle, le 26 janvier 2021. le consommateur n’est pas prêt
est un sujet technique,
Une valorisation qui nécessite à associer le biocontrôle à une nous devons faire preuve
d’embarquer le consommateur... création de valeur, estime Daphné de pédagogie. »
encore très peu au fait de l’existence Souliez, en charge du sujet de la
et du principe de ces solutions qualité et la protection des cultures Un point de vue partagé par Pierre-
alternatives. Pour déverrouiller la chez Bonduelle. Le concept n’est pas Yves Jestin, président de Savéol.
situation, la stratégie nationale de encore limpide pour le consomma- « Nous devons davantage focali-
déploiement du biocontrôle prévoit teur. Nous devons trouver d’autres ser l’attention sur les démarches
la réalisation d’outils de sensibilisa- discours de valorisation. » globales, qui doivent rester …
7 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021
FILIÈRES
SOUTIEN POUR LE BIO
« Les agriculteurs ayant fait le pari du bio n’auraient pas pu le faire sans
le biocontrôle », assure le président de Savéol, Pierre-Yves Jestin, qui
indique qu’une dizaine d’agriculteurs de la coopérative sont en bio. En
effet, deux tiers de ces produits sont utilisables en agriculture biologique.
Le secteur est en constante progression : + 13,5 % en 2019. Une croissance
qui devra se poursuivre pour atteindre les objectifs fixés par les politiques
publiques, et qui représente donc une réelle marge de manœuvre pour
faire monter en puissance le biocontrôle.
Pour faire monter en puissance pératives. Objectif de l’enseigne :
cette gamme, la marque compte passer 100 % de sa gamme de pain
sur l’optimisation de la conduite La Campanière en HVE d’ici à 2025.
des cultures grâce au biocontrôle. Une prime est mise en place pour
Depuis 2019, Savéol porte, L’objectif affiché est d’atteindre 30 accompagner la prise de risque des
© Savéol
avec Prince de Bretagne et Solarenn, à 40 % des volumes sans aucun agriculteurs, et de nombreux essais
le label « Cultivées sans pesticides ». pesticide de synthèse, contre 10 % sont en cours pour tester différentes
aujourd’hui. solutions de biocontrôle. Car sans
accessibles au consommateur tout Du côté de Bonduelle, les cahiers ces solutions, les objectifs seront
en valorisant les efforts consentis. » des charges sont en cours d’har- plus difficiles à atteindre. « Nous
Ainsi, les stratégies des entreprises monisation, mais tous intègrent cherchons à informer les consom-
agroalimentaires portent plutôt le biocontrôle. C’est notamment mateurs via le label HVE qui met
sur la mise en avant de filières le cas de celui de la gamme “sans en avant toutes les solutions agroé-
agroécologiques, ayant recours au résidu de pesticides”, lancé en cologiques pour la diminution de
biocontrôle, afin de répondre aux 2019, pour laquelle les méthodes l’usage des pesticides, notamment
attentes sociétales. alternatives sont déjà très lar- grâce au biocontrôle », indique
gement mises en pratique. Un Franck Aubry, directeur qualité
PLÉBISCITE DES FILIÈRES secteur qui semble avoir le vent et développement durable d’Agro-
SANS RÉSIDU DE en poupe. Selon le collectif Nou- mousquetaires.
PESTICIDES veaux champs, le chiffre d’affaires
des produits labellisés zéro résidu
Savéol, qui pratique la protection de pesticides (ZRP) a connu une Daphné Souliez,
biologique intégrée des cultures hausse de 24 % en 2020. « Si nous en charge du
depuis 40 ans, a pour sa part fait le sentons que nous pouvons attirer sujet de la qualité
et la protection
Bonduelle
pari du “sans pesticides”, à travers le consommateur sur ce créneau,
des cultures chez
son label “Cultivées sans pesti- cela va nous permettre de dégager Bonduelle
cides”, lancé en 2019 avec deux de la valeur, mobiliser plus d’essais
« Nous devons
autres coopératives. 163 maraî- afin de dépasser certaines impasses
chers sont aujourd’hui engagés. techniques, ce qui va dans le sens trouver d’autres
du déploiement du biocontrôle », discours de valorisation
explique Daphné Souliez. auprès du consommateur. »
LA CRÉATION DE
VALEUR, STRATÉGIE MOBILISER LA HVE
DU GOUVERNEMENT Tous s’accordent sur ce point :
« La responsabilité des consom- Le biocontrôle représente déjà un le déploiement du biocontrôle,
mateurs est importante pour soutien non négligeable à la montée auprès des consommateurs, ne
favoriser une telle transition, en puissance de démarches telles se fera pas sans pédagogie. Dans
souligne Bruno Ferreira, directeur
de la DGAL. La création de valeur que la Haute valeur environnemen- cette optique, Savéol fait visiter,
pour les agriculteurs doit passer tale (HVE), dont le développement depuis 2013, son atelier d’élevage
par une meilleure valorisation est largement encouragé par les d’insectes. « Nous prenons le temps
des productions agricoles à l’aval pouvoirs publics. C’est la voie d’expliquer leur utilité, c’est un
des filières, notamment dans le
qu’a choisi Agromousquetaires. Le excellent moyen pour montrer
cadre de cahiers des charges ou
de labels. » groupe a lancé en 2019 une filière les efforts consentis », explique
blé HVE, rassemblant cinq coo- Pierre-Yves Jestin.
8 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021
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STRATÉGIE
La distribution agricole engagée dans la vente des produits
© CAMN
phytosanitaires ne peut promouvoir que les solutions
de biocontrôle faisant l’objet d’une fiche-action CEPP.
CEPP ET CONTRAT DE SOLUTIONS,
leviers de déploiement du biocontrôle
Les certificats d’économie de produits phytosanitaires et le Contrat de solutions
ont le même objectif : promouvoir les solutions alternatives aux produits
conventionnels. Ils font la part belle au biocontrôle et constituent dès lors des
outils de déploiement sur lesquels les acteurs du secteur s’appuient.
Par Gaëlle Gaudin
M
algré les requêtes et comptent dessus pour atteindre d’essaimer des alternatives aux pro-
les arguments de la leur niveau d’obligations CEPP. duits phytosanitaires de synthèse,
profession, les solu- 40 % environ des actions standar- comprend, dans sa 6e édition, 95
tions de biocontrôle disées concernent des solutions de fiches solutions. Un quart d’entre
ne sont pas exclues de la sépara- biocontrôle, représentant environ elles a trait au biocontrôle et un
tion de la vente et du conseil de 200 produits, sur 600 inscrits sur la groupe de travail thématique sur
produits phytosanitaires, entrée en liste officielle. Les sociétés phytosa- huit est dédié à ces spécialités.
vigueur depuis le 1er janvier 2021. nitaires cherchent toutes à inclure Les fournisseurs de solutions s’at-
Or la grande majorité de la distri- leurs solutions dans le dispositif tachent de plus en plus à élaborer
bution agricole a choisi la vente. le plus rapidement possible. Des des fiches pour que leurs produits
Rien n’interdit aux coopératives liens avec le Contrat de solutions soient représentés dans le Contrat.
et négoces de proposer à leurs sont par ailleurs travaillés. Le partenariat, qui s’est struc-
adhérents et clients l’ensemble des turé en association en juillet 2019,
solutions de biocontrôle disponibles DES OUTILS FÉDÉRATEURS est encore fort national. Mais le
sur le marché. Leur promotion, déploiement dans les départements,
en revanche, doit se limiter aux Le Contrat de solutions, qui réunit qui a démarré, représente une
spécialités faisant l’objet d’une 44 partenaires du secteur agricole opportunité de promotion pour
fiche-action CEPP. Les distributeurs et dont l’ambition est d’identifier et le biocontrôle. …
10 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021STRATÉGIE
PRODUIRE DES RÉFÉRENCES TRANSFÉRABLES
SUR LA MISE EN ŒUVRE DES SOLUTIONS
La CAMN fait partie des dix partenaires engagés dans le projet « Contrat biocontrôle »
soumis par le Contrat de solutions au dernier appel à projet national Écophyto II+.
Même si le projet n’a pas été retenu, la coopérative est lancée. Objectif : accélérer
l’utilisation par les producteurs de solutions de biocontrôle.
CAMN
« Nous programmons, avec la Chambre régionale d’agriculture Pays de la Loire, de
Claude Bizieux, construire un référentiel technico-économique utilisable par les viticulteurs dès la fin
directeur général adjoint 2021, explique Claude Bizieux, directeur général adjoint de la coopérative. Ce référentiel
de la CAMN doit faire foi et consensus entre les différents acteurs pour rassurer les producteurs. »
La CAMN, engagée dans le développement du biocontrôle depuis 1995, présente déjà un chiffre d’affaires provenant
pour moitié de solutions de biocontrôle. La coopérative a par ailleurs atteint à 100 % ses objectifs CEPP dès 2017. « Le
Contrat biocontrôle va nous permettre d’élargir notre réseau, reprend Claude Bizieux. Il va renforcer la dynamique entre
les différents acteurs engagés sur le biocontrôle, et ce, aux niveaux régional et national. On trouve toujours des bénéfices
réciproques lorsque l’élan est partagé. » La formation et l’accompagnement ne sont pas oubliés : « Nous travaillons avec
l’Académie du biocontrôle et de la protection biologique intégrée. Deux sessions concises de formation digitale ont déjà eu
lieu pour les équipes terrain. Nous devons maintenant, avec la Chambre régionale d’agriculture Pays de la Loire, construire
pour eux des contenus plus pointus sur les mécanismes d’action, les efficacités et les combinaisons de solutions. Cela
permettra de mettre en place des accompagnements adaptés et volontaristes pour nos vignerons du Val de Loire.
L’occasion également de mettre en est lancée. Ce projet implique des cultures. « L’objectif est de créer
avant des combinaisons de solutions. coopératives, négoces et chambres des échanges techniques entre les
« Un projet sur le déploiement d’agriculture pour travailler diffé- différents acteurs », reprend la
du biocontrôle, appelé “Contrat rentes situations et problématiques chef de projet.
biocontrôle” a été déposé dans le avec des agriculteurs, avec l’inclu- Une dynamique est par ailleurs
cadre du dernier appel à projets sion d’un produit de biocontrôle. » enclenchée autour de la forma-
du plan Écophyto II+, informe Formations, démonstrations et tion à l’utilisation des solutions de
Marianne Sellam, chef de projet accompagnement sont prévus autour biocontrôle, avec un partenariat
Contrat de solutions. Il n’a pas d’une dizaine d’actions pilotes en entre Vivea, IBMA et l’Académie
été retenu, mais la dynamique viticulture, maraîchage et grandes du biocontrôle.
CEPP : LE BIOCONTRÔLE FIGURE EN TÊTE DES ACTIONS LES PLUS PLÉBISCITÉES
En 2019, 64 % des 55 actions standardisées disponibles qui ont permis d’obtenir des certificats d’économie de pro-
duits phytosanitaires (CEPP) concernent le recours à des méthodes alternatives, dont les produits de biocontrôle.
Parmi les cinq premières actions les plus prisées, qui représentent près de 67 % du nombre total de CEPP obtenus
en 2019, figurent la lutte contre divers bioagresseurs au moyen d’un produit de biocontrôle à base de soufre et
la substitution des produits anti-limaces à base de métaldéhyde par des produits de biocontrôle molluscicides
d’origine naturelle. La confusion sexuelle arrive également en tête des actions les plus utilisées.
2
Actions permettant de réduire les Mise en œuvre de nouvelles
quantités utilisées (équipements
performants) 5 pratiques agronomiques
Utilisation de variétés
Recours 23 résistantes ou tolérantes
à des méthodes
alternatives 64 % aux maladies
(équipements ou produits 5 Abonnement à des outils
de biocontrôle par ex.)
d’aide à la décision
Source : Bilan sur la mise en œuvre du dispositif de certificats d’économie des produits phytopharmaceutiques (CEPP) - Année 2019 - DGAL
11 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021RECHERCHE
LE POSITIONNEMENT
pose question
La recherche s’active à évaluer l’efficacité des produits au champ. Entre
intégration dans l’itinéraire technique et reconception des systèmes de cultures,
le biocontrôle doit trouver sa place. Les premiers retours d’expérience sur un pas
de temps long sont en cours d’analyse...
Par Thomas Turini
«L a première question de
recherche concerne l’éva-
luation des produits, en
réussissant notamment
le passage du labo au champ »,
plexe. « Ce n’est pas comparable,
ajoute Cécilia Multeau, chargée
de partenariat et d’innovation
“Biocontrôle & Biostimulation” à
l’Inrae. Les spécialités phytosani-
de la transition agroécologique » :
résistance variétale, plantes com-
pagnes, numérique ...
UNE PLACE À PART DANS
explique Régis Berthelot, res- taires de synthèse ont plutôt une L’ITINÉRAIRE TECHNIQUE
ponsable Innovation Transfert action biocide, à court terme et non
chez Arvalis-Institut du végétal et spécifique ; alors que les produits Outre le produit en lui-même, se
membre de l’équipe d’animation de biocontrôle sont spécifiques, pose la question de son application
du Consortium Biocontrôle (voir agissent sur des pas de temps et de son intégration dans l’itiné-
encadré ci-dessous). L’évaluation un peu plus longs et sont basés raire technique : en traitement de
de l’efficacité des produits de sur différents modes d’action : semences, sur la ligne de semis,
biocontrôle demande de rompre compétition, biocide, stimulation en croissance…? « Le biocontrôle
avec les outils et méthodes utilisés des défenses des plantes… » Déjà n’arrivera pas en substitution, il
pour les produits phytosanitaires les experts savent que l’efficacité faut lui faire une place à part,
conventionnels, car le pas de temps sera optimisée « si le biocontrôle explique Cécilia Multeau. Les outils
est plus long et l’action plus com- est combiné avec plusieurs leviers numériques peuvent nous aider à
optimiser l’application mais aussi
le monitoring des bioagresseurs
CONSORTIUM BIOCONTRÔLE :
et des agents et substances de
LES ADHÉSIONS SONT OUVERTES JUSQU’AU 24 MAI
biocontrôle. Nous avons besoin
Créé en 2016 d’un partenariat entre acteurs publics d’innovations technologiques
et privés de la recherche, le consortium biocontrôle pour développer une ingénierie
a pour ambition de favoriser l’usage du biocontrôle
et de soutenir la création d’une activité industrielle du biocontrôle ! » Des capteurs
sur ces solutions alternatives en France. Pour son spécifiques pourraient par exemple
cycle triennal 2021-2023, le réseau ouvre ses portes fournir des données épidémiolo-
J. Chaillou
à de nouvelles adhésions : les entreprises privées, giques renseignant sur les invasions
les organismes de recherche, et désormais les de bioagresseurs, et indiquant
Hugo Bony, sociétés de services d’expérimentation peuvent le meilleur positionnement du
vice-président poser leur candidature jusqu’au 24 mai 2021.
du Consortium « Le Consortium constitue un réseau unique en produit de biocontrôle.
biocontrôle France en matière de recherche, développement
et innovation sur le biocontrôle, souligne Hugo RECONCEVOIR LES
Bony, vice-président du Consortium. Le bilan du premier cycle s’est montré
SYSTÈMES DE CULTURE
positif pour l’ensemble des membres. La cartographie des ressources (hu-
maines, biologiques, initiatives…), les rencontres et les projets communs
sont profitables à toutes les structures. » « La question de la place du
Pour son cycle triennal 2021-2023, une nouvelle feuille de route va être biocontrôle peut aussi se prendre
élaborée par sept groupes de travail déjà définis : réglementation, mi- dès la conception du système »,
crobiome, digital farming & agroéquipement, semences et biocontrôle,
poursuit Régis Berthelot. L’autre
intégration dans les systèmes de culture, production et formulation,
collectif pour l’essor de la technique de l’insecte stérile (TIS). G.G. voie étudiée par les chercheurs est
de reconcevoir les systèmes de …
13 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021RECHERCHE
culture, et plus largement l’utilisa-
tion de l’ensemble des biointrants. LE BIOCONTRÔLE A SON CLUSTER
« Des expérimentations menées EN NOUVELLE-AQUITAINE
au champ sur le long terme sont Innover, tester et mieux identifier les processus de mise sur le marché :
aujourd’hui en phase d’analyse et tels sont les objectifs du cluster biocontrôle et biosolutions de Nouvelle
livreront bientôt leurs résultats, Aquitaine qui fédère les organismes privés et publics impliqués dans les
précise Cécilia Multeau, notam- productions, la recherche et l’expérimentation de nouveaux produits.
Soixante structures de la région (industriels, centres techniques, laboratoires,
ment les projets IBC de l’Inrae et
coopératives agricoles et chambres d’agriculture ) se réunissent autour de
Bee de l’IFV. Ils devraient nous quatre groupes de travail : réglementation, biocontrôle animal, cartogra-
permettre d’identifier les fac- phie des compétences régionales et méthode d’évaluation des produits.
teurs de réussite spécifiques au Lancé en juin 2019, le cluster est piloté par Agri Sud-Ouest Innovation, avec
biocontrôle. » l’appui de Xylofutur et Inno’vin, et soutenu financièrement par la région
Nouvelle-Aquitaine. Parmi les projets accompagnés et labellisés par Agri
En ce qui concerne les productions,
Sud-Ouest Innovation, beaucoup portent sur le développement de nouveaux
les grandes cultures restent encore principes actifs mais aussi sur les modalités de déploiement (formulation,
le parent pauvre du biocontrôle. vecteur, techniques d’application et agroéquipements associés) : comme
« C’est le domaine où il y a le le projet Solstice de Belchim Crop Protection, qui retravaille notamment
plus à faire, réagit Régis Ber- les modes d’application des produits en vignes, plantes ornementales et
cultures légumières ; ou encore les solutions d’encapsulation de la société
thelot. Nous avons un déficit de
Kapsera. Le pôle de compétitivité se penche de plus en plus sur des projets
solutions et très peu de diversité à la croisée du numérique et des biosolutions.
entre les produits proposés pour
l’instant. » Cécilia Multeau com-
plète : « Le biocontrôle se heurte trichogramme n’est utilisé que solutions ou mieux déployer les
à un plafond de verre que nous sur 20 % des surfaces de maïs solutions existantes pour franchir
devons dépasser. Par exemple traitées contre les insectes ? Plus ce plafond ? Probablement les
en grandes cultures, pourquoi le généralement, faut-il de nouvelles deux ! »
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de la nutrition
de la plante
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UNE APPROCHE COMBINATOIRE
privilégiée
Ne dites plus produits de biocontrôle, mais biosolutions. La réduction des
usages de produits conventionnels passe aujourd’hui par l’utilisation d’une
palette d’outils de protection, voire de nutrition, des plantes. Les offres
combinées deviennent peu à peu la norme.
Par Gaëlle Gaudin
D’
une manière géné-
rale, les produits de « RARES SONT LES SOLUTIONS DE BIOCONTRÔLE QUI
biocontrôle ne s’uti- PEUVENT REMPLACER UN PRODUIT CONVENTIONNEL
lisent pas seuls. Le SANS ACCOMPAGNEMENT ET EXPERTISE »
terme biosolutions prend d’ailleurs « Les solutions de biocontrôle peuvent difficilement
le pas sur celui de biocontrôle. remplacer les produits phytosanitaires de synthèse
Toutes les sociétés agrochimiques sans un accompagnement important, tant sur le
plan de la performance que sur celui des conditions
investissent pour développer des
d’applications, souligne Ronan Goff, directeur général
offres combinées. Rachats et par- de Certis France. D’où la nécessité de réfléchir à une
tenariats se multiplient en ce sens. combinaison de solutions et d’aboutir, pour chaque
Certis
Entre autres exemples, Syngenta itinéraire, à une bonne gestion des différents outils
qui s’est offert Valagro, spécialisée Ronan Goff, disponibles : techniques agronomiques, produits
dans la fabrication de biostimu- directeur général conventionnels, de biocontrôle, solutions utilisables
lants et d’engrais de spécialités, ou de Certis France en agriculture biologique… sans oublier les outils
digitaux et la gestion du risque. » Certis réalise en
Corteva Agriscience, qui a conclu un Europe un chiffre d’affaires de 250 M€ constitué pour 30 % de produits de
partenariat avec M2i Life Sciences biocontrôle et de solutions pour l’agriculture biologique regroupés sous le
autour des phéromones et un accord terme “Biorationals”. « D’ici à cinq ans, le portefeuille Biorationals devrait
représenter plus de 40 % du chiffre d’affaires, précise Ronan Goff. Notre plan
sur des biostimulants avec la société de croissance est indiscutablement basé sur le développement du Bioratio-
espagnole Dadelos Agrosolutions. nals et de leur appropriation par le marché. Nous devons aussi prendre en
compte le fait qu’un bon nombre de substances actives conventionnelles vont
UN RAISONNEMENT voir leur utilisation restreinte ou même refusée dans les années à venir. »
GLOBAL SUR TOUT
L’ITINÉRAIRE TECHNIQUE un modèle qui ne raisonne plus adjuvants. Corteva Agriscience
produit par produit, et qui associe propose sur maïs un insecticide du
Le biocontrôle n’est plus seulement également la nutrition des cultures. sol en association avec des plantes
associé aux produits convention- Les exemples d’offres allant en appâts, des semences accompa-
nels. Il devient presque systé- ce sens sont légion. Ainsi, Bayer gnées d’un biofongicide en colza.
matiquement appliqué avec des propose un traitement de semences La société, qui commercialise des
biostimulants. « Le biostimulant qui associe un biostimulant à un biostimulants en traitement de
maximise la vigueur de la culture fongicide et un insecticide. BASF semences, prépare en outre une
et permet ainsi à certains produits offre du biocontrôle dès le semis offre de biostimulants foliaires
de biocontrôle à action systémique du colza, avec un traitement de pour accompagner l’implantation
de maximiser le niveau de protec- semences fongicide et stimulateur du maïs et du tournesol.
tion », relève Christophe Zugaj, des défenses naturelles. Vivagro L’association française des adju-
directeur communication et affaires développe son approche agrono- vants (Afa), de son côté, travaille
publiques chez De Sangosse. mique globale “Physioprotech”, qui avec la Fnsea en tant que membre
L’intégration du biocontrôle dans intègre le diagnostic, l’utilisation du Contrat de solutions pour valo-
les programmes se raisonne sur d’outils d’aide à la décision, et riser le partenariat produits de
l’ensemble de l’itinéraire technique. les trois piliers de l’offre de la biocontrôle/adjuvants afin de
Un nouveau modèle de protection société : nutrition et biostimu- sécuriser l’efficacité des traite-
des plantes monte en puissance : lation, biocontrôle et protection, ments.
15 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021VOTRE
PARTENAIRE
BIOCONTRÔLE
EN 2021
7ES RENCONTRES ANNUELLES DU BIOCONTRÔLE
CLÔTURÉES EN 2021 PAR JULIEN DENORMANDIE
Comment atteindre 30 % du marché en 2030 ?
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EN 2022
8 8ES RENCONTRES ANNUELLES DU BIOCONTRÔLE
Retrouvez toutes les infos sur cette prochaine édition
à partir de cet été : rencontres-annuelles-du-biocontrole.com
IBMA France 9 avenue George V – 75008 Paris
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UPL MONTE EN PUISSANCE
sur les biosolutions
UPL vise un chiffre d’affaires composé pour 60 % de biosolutions d’ici à 2040.
En France, ces dernières atteignent déjà 25 %. Les équipes terrain spécialisées
ont été renforcées pour développer des itinéraires “cousus main”
avec la distribution agricole.
Par Gaëlle Gaudin
U
PL, qui a acquis Arysta Le chiffre d’affaires biosolutions de Stéphane
LifeScience et sa filiale la société en fait le deuxième acteur Bucamp,
directeur
Goëmar en 2019, compte français ; de 31 M€ actuellement, marketing et
G. Gaudin
déjà de nombreux pro- il devrait atteindre 62 M€ en 2025 développement
duits de biocontrôle et de biosti- grâce au pipeline d’innovations de France
mulants à son portefeuille. Mais la société. L’ensemble des produits
« Nous devons sécuriser
le groupe indien, 5e agrochimiste est formulé en France, sur cinq sites.
mondial, met tout en œuvre pour la production tout en répondant
passer à la vitesse supérieure. L’ob- VISER UNE OFFRE aux exigences sociétales et
jectif est de faire grimper, d’ici à COMBINATOIRE réglementaires. »
2040, de 20 % à 60 % la part des
biosolutions dans le chiffre d’affaires. Pour Stéphane Bucamp, directeur Pour Nicolas Crété, directeur commer-
La part des produits conventionnels, marketing et développement France, cial France, « le concept de solutions
de 70 % actuellement, passerait la construction d’une offre com- combinatoires est encore innovant. Il
alors à seulement 10 % ; les 30 % binatoire visant la biostimulation a besoin d’être expliqué sur le terrain
restants seraient apportés par les et la protection des cultures est et nécessite une adaptation en fonc-
services digitaux. UPL compte sur un passage obligé. « Nous devons tion des territoires et des cultures ».
sa R&D, forte de 550 personnes, sécuriser la production tout en UPL France a dans ce but renforcé ses
et ses 25 laboratoires répartis sur répondant aux exigences sociétales équipes régionales à l’automne 2020,
quatre continents pour accélérer et réglementaires, explique-t-il. Et avec la nomination de quatre experts
l’apport d’innovations durables. tant sur le marché du biocontrôle biosolutions & concepts innovants.
En France, UPL présente déjà un que sur celui des biostimulants, le
chiffre d’affaires composé pour 25 % potentiel de progression est énorme, ACCOMPAGNER LE TERRAIN
de biosolutions : 19 % de produits de notamment en grandes cultures. »
biocontrôle et 6 % de biostimulants. UPL développe son offre ProNutiva « Avec notamment Goëmar et la
nutrition/santé alliant biostimulant laminarine, qui fêtent respective-
et biocontrôle. Sur céréales dès ment leur 50 et 20 ans cette année,
cette année, pour remplacer le T1, UPL est un acteur historique reconnu
Nicolas Crété,
directeur et sur betteraves, colzas, pommes sur les biosolutions. Mais plus la dis-
commercial de terre et vigne dès 2022-2023. tribution et la prescription agricole
G. Gaudin
France « ProNutiva s’intègre pleinement auront de connaissances sur nos
dans la vision “OpenAg” d’UPL, produits, moins les agriculteurs
« Plus la distribution et la reprend Stéphane Bucamp. Soutien hésiteront à adopter ces solutions
prescription agricole auront aux pratiques agricoles durables, alternatives », note Nicolas Crété.
de connaissances sur amélioration des performances Formations et démonstrations
économiques des agriculteurs et montent en puissance. Le déploie-
nos biosolutions, moins réponse aux exigences des filières ment de ces biosolutions passe éga-
les agriculteurs hésiteront et consommateurs qui cherchent, lement par le travail conduit avec
à adopter les solutions avec les démarches comme HVE les filières par les trois responsables
ou CRC, à réduire les produits développement cultures et les huit
alternatives. »
conventionnels. » ingénieurs développement filières.
17 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021CÔTÉ FOURNISSEURS
ILS NOUS ONT DIT...
Dans l’enquête de Référence agro, les fournisseurs de produits de biocontrôle
ont eu l’occasion de s’exprimer sur les freins et les leviers du déploiement
de ces solutions alternatives. Tour d’horizon de leurs réponses.
Syngenta AlgaEnergy
La stratégie nationale La faible valorisation des produits agricoles
pose un cadre et sans ou avec moins de résidus dans la chaîne
renforce l’intérêt de distribution jusqu’au consommateur
du biocontrôle ; constitue un frein notable.
si l’ensemble des axes UPL
sont soutenus et
aboutissent, cela Parmi les leviers du déploiement du
M2i Life Sciences
peut être très positif biocontrôle figure l’arrivée d’une nouvelle
pour le développement génération d’agriculteurs sensibilisée à
des solutions. la mise en place de pratiques innovantes.
L’accélération et la simplification des processus
BASF d’obtention des CEPP et des extensions
La volonté politique d’aller d’usages des produits faciliteraient
de l’avant doit se concrétiser par des mesures qui le déploiement.
facilitent la mise en marché et l’utilisation Vivagro
des produits de biocontrôle. La réglementation
La mise en place d’une agriculture plus responsable
a fait des progrès, mais le délai pour les permis
s’impose dorénavant à nous tous. La bonne mise
d’expérimentation et l’examen
en œuvre des produits de biocontrôle nécessite un
des dossiers restent encore
accompagnement technique ; certaines solutions
trop lents. Agrauxine arrivées trop tôt ou mal accompagnées ont vu leur
La stratégie nationale participe développement ralenti.
à la connaissance du biocontrôle auprès des Sumi Agro
distributeurs, conseillers, filières mais surtout
des agriculteurs. Il y a un travail important de C’est un cercle vertueux : plus il y aura de solutions,
pédagogie à mettre en place plus elles seront utilisées, et plus elles entreront
à tous les niveaux. dans les habitudes.
De Sangosse
Dès lors que la promesse technique est tenue et que la
mise en œuvre est simple, les utilisateurs n’hésitent
pas à faire évoluer leurs programmes et à réduire
la quantité de matières actives chimiques au profit
de solutions plus vertueuses.
Koppert
Nous observons beaucoup d’attente du marché,
mais la réglementation constitue un réel frein.
Réglementairement, les produits de biocontrôle
sont toujours associés aux phytos chimiques ;
c’est entre autres le cas pour la séparation
Sumi Agro
du conseil et de la vente.
18 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021CÔTÉ FOURNISSEURS
Certis
Le développement des produits de biocontrôle
va demander des changements en profondeur
au niveau du conseil et de l’agriculteur.
La substitution simple reste une exception,
d’où le besoin d’explication et de vulgarisation
auprès des agriculteurs.
Idai Nature
Les lois qui régissent l’enregistrement des produits
Cérience
de lutte biologique doivent être
mieux définies.
Oro Agri
Le soutien à l’innovation est indispensable Belchim Crop Protection
pour trouver des solutions mais également L’ensemble des acteurs économiques de la filière
pour apprendre à les positionner est sensible au déploiement de l’offre
de façon optimale et amener des produits de biocontrôle ; le secteur
les preuves suffisantes. est promu à une forte croissance
Andermatt dans les années futures.
Les leviers de déploiement du biocontrôle résident dans Cérience
le développement de l’offre produits, pour couvrir
Le consommateur est à l’écoute et est
un maximum d’usages, et dans des mesures
attentif, donc il y a un engagement
réglementaires incitatives.
important. Les démarches de type HVE
constituent de véritables leviers de
Alltech Crop Science déploiement.
Action Pin
Pour construire une approche stratégique Il faut accompagner les entreprises,
holistique qui protège les cultures et faciliter la recherche et l’accessibilité au marché
augmente la rentabilité, il faut intégrer une pour que les grandes cultures rattrapent
nutrition proactive en première ligne, la leur retard dans le déploiement
stimulation des défenses naturelles du biocontrôle.
en traitement de fond dès les premiers Olmix
stades et tout au long du cycle, et les
biopesticides puis pesticides comme La distribution a bien intégré la
dernières lignes de défense. diminution des IFT, d’où une attente
d’évolutions de la réglementation.
Nufarm
Aujourd’hui, les méthodes d’évaluation
Le levier principal de déploiement réside dans le demeurent inadaptées et les délais de
développement de l’offre et l’arrivée de solutions mise en marché
plus efficaces, plus faciles à utiliser, et adaptées sont très longs.
aux problématiques et M2i Life Sciences
cultures principales.
Ascenza L’autorisation du piégeage de masse
par phéromones est un atout pour généraliser
Pour qu’un plus grand nombre
les usages de biocontrôle. Pour poursuivre dans
d’utilisateurs fasse confiance aux
cette dynamique, il faudrait accélérer les délais de
solutions de biocontrôle,
mise sur le marché des solutions avec, entre autres,
il est nécessaire de mettre à disposition
une harmonisation des démarches sur tout le
toujours plus de données techniques
territoire européen.
et de résultats.
19 Mag en ligne - Biocontrôle - Avril 2021Vous pouvez aussi lire
