À LA RECHERCHE DES MOTS CULTURELS TOUT AU LONG DES RANDONNÉES FROMAGÈRES - DIVA PORTAL
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Magisteruppsats À la recherche des mots culturels tout au long des randonnées fromagères Une analyse de la traduction des mots culturels dans un guide touristique français. Författare: Josefine Schånberg Handledare: Nathalie Hauksson Tresch Examinator: Liviu Lutas Termin: VT 2021 Ämne: Franska Nivå: Avancerad nivå Kurskod: 4FR32E
Abstract Each language has a variety of cultural words that in one way or another are deeply rooted in the culture and society of a country or a region. This includes words and / or expressions that have to do with ecology, material culture, social culture, organisations, customs, ideas, gestures and habits. Cultural words often involve translation difficulties and a translator can find help in different strategies when dealing with such challenges during the translation work. This essay, in the form of a translation analysis, deals with cultural words and how these have been translated into Swedish. The translated texts regard six different French hikes during which it is possible to visit one or more cheese factories to discover certain quality cheeses and their manufacturing process. The aim of this essay is therefore to analyse six informative texts from a tourist guide titled Rando-fromage en France - Jolies balades et fromageries de qualité (2019) in order to distinguish the different strategies of translations for cultural words, especially those that are complex or whose connotations are lacking in the target language. Based on Svane's (2002) translation strategies for cultural words, this translation analysis describes how proper names, cultural terms and technical terms in the domain of cheese have been translated. The most used strategies are undoubtedly transfers of different kinds and additions, either in the form of a single word or in the form of longer explanations. The translation analysis shows that there is a strong connection between the choice of translation strategy and the type of text that the source text represents. The analysis also highlights the important role of target language readers as the translation of cultural words is adapted to them. Key-words: cultural words, cultural terms, technical terms in the domain of cheese, translation strategies, connotations, significations. 2
Table des matières 1. Introduction 5 1.1 But et question de recherche 6 1.2 Disposition 6 2. Aspects théoriques 6 2.1 Mots culturels 6 2.1.1 Les cinq catégories de mots culturels 7 2.1.2 Un modèle d’analyse pragmatique des mots culturels 8 2.2 Stratégies de traduction des mots culturels 9 2.2.1 Adaptation 9 2.2.2 Conversion 10 2.2.3 Traduction littérale 10 2.2.4 Omission 11 2.2.5 Addition 11 2.2.6 Traduction avec un équivalent 11 2.2.7 Transfert 11 2.3 Attitudes face à la traduction des mots culturels 12 2.4 Termes spécifiques et leur lien étroit avec les mots culturels 13 2.4.1 Noms propres 13 2.4.2 Appellatifs 13 3. Méthode et matériaux 14 3.1 Présentation du guide touristique Rando-fromage en France 14 3.2 Type et genre du guide touristique 15 3.3 Sélection du texte source (les six randos-fromage) 16 3.4 Commentaire sur les lecteurs sources et les lecteurs cibles 17 3.5 Contexte suédois d’utilisation du texte cible 17 4. Analyse 18 4.1 Traduction des noms propres 18 4.1.1 Traduction des noms de personnes 18 3
4.1.2 Traduction des noms géographiques 19 4.1.2.1 Les explications associées aux noms des fromageries 20 4.1.2.2 Le numéro « 71 » 21 4.1.3 Traduction d’autres noms propres 21 4.1.3.1 Les entreprises et les organisations 21 4.1.3.2 Les fromages 23 4.1.3.3 Les vins 24 4.1.4 Graphie italique des noms propres ? 25 4.2 Traduction des appellatifs 25 4.2.1 Traduction des termes culturels 25 4.2.1.1 « Fromage » et « fromagerie » 25 4.2.1.2 Mets typiques 27 4.2.1.3 Termes culturels liés à la nature française 27 4.2.2 Traduction des termes techniques du domaine fromager 29 4.2.2.1 Le terme « fromagerie artisanale » 30 4.2.2.2 Le terme « croûte » 32 4.2.2.3 Le terme « pâte » 33 4.2.2.4 Les termes « affinage » et « affineur » 33 4.2.2.5 Les termes « lactation » et « lait emprésuré » 35 4.3 Autres difficultés de traduction du texte source 35 5. Conclusion 36 6. Bibliographie 39 6.1 Source primaire 39 6.2 Sources secondaires 39 6.3 Textes parallèles et dictionnaires 44 Annexes Termes faisant partie du glossaire du guide Rando-fromage en France 50 Termes spécifiques du domaine fromager dans le texte source (les six randos-fromage) 51 4
1. Introduction Entre ostréiculture et fromages aux algues, ce joli tour en Bretagne du Sud réserve bien des surprises ! La Fromagerie de la Mer qui propose des produits uniques en leur genre, n’est qu’à quelques encablures de l’île aux Moines, la perle du Morbihan. Et si vous voulez encore plus de paysages bretons, courez faire le tour de l’île de Berder, elle aussi située en face de Baden, et accessible à pied à marée basse. Extrait du guide touristique Rando-fromage en France - Jolies balades et fromageries de qualité (2019 : 18) Lors d’une traduction, il convient de faire en sorte que les éléments de sens contenus dans un mot ou une expression dans le texte source soient aussi précisément que possible inclus dans le sens du mot ou de l'expression de la langue cible. Dans l’ouvrage Konsten att översätta (2007), l’auteur Ingo nous donne des indications quant à cette complexité du travail de traduction. Pour le mener à bien, la tâche du traducteur consiste d’abord à déterminer la fonction d’un texte source pour que le texte cible conserve également cette fonction dans le nouveau contexte. Comment faire alors, en tant que traducteur, quand on rencontre des « mots culturels », c'est- à-dire des mots et / ou des expressions enracinés dans une certaine culture et qui évoquent de nombreuses associations appartenant à la culture dont ils sont issus ? En effet, on peut rencontrer des mots et des expressions provenant d’une culture qui sont peut-être complètement inconnus de la culture de la langue cible ou dont les connotations diffèrent fortement : le traducteur peut donc être confronté à des mots et à des expressions complexes à traduire. Concernant les mots culturels, le traducteur doit souvent adapter la traduction. Ce mémoire s’intéresse aux mots culturels dans le guide touristique français Rando-fromage en France - Jolies balades et fromageries de qualité (2019) et examine plus en détail les stratégies adoptées lors de sa traduction en suédois. Ce mémoire est donc une analyse de traduction qui a été faite dans le cadre de la formation professionnelle en traduction technique à l’Université de Linnaeus à Växjö. 5
1.1 But et question de recherche Le but de ce mémoire est d’analyser six textes informatifs d’un guide touristique français intitulé Rando-fromage en France- Jolies balades et fromageries de qualité (2019) pour distinguer les différentes options de traduction des mots culturels, surtout ceux qui sont complexes ou dont les connotations manquent dans la langue cible. La question de recherche : Quelles stratégies sont adoptées pour traduire les mots culturels français en suédois dans six randonnées fromagères et qu’est-ce qui détermine le choix des stratégies utilisées ? 1.2 Disposition Dans ce mémoire, les aspects théoriques sont d'abord présentés. Le concept de « mots culturels » y est défini en particulier, ainsi qu’une présentation des stratégies de traduction qui peuvent être adoptées pour les traduire. Pour présenter l'analyse de manière adéquate, une section méthode et matériaux dans laquelle le texte source est présenté est justifiée : le genre, le type et la fonction du texte source sont entre autres décrits. L'analyse qui suit après cette partie présente des exemples concrets de mots culturels du texte source et comment ceux-ci ont été traduits dans le texte cible. Les exemples sont problématisés et discutés. L'analyse est suivie d'une conclusion dans laquelle sont abordées les réflexions et les tendances générales qui ont émergé au cours du travail. Une bibliographie et des annexes se trouvent à la fin du mémoire. 2 Aspects théoriques Cette section du mémoire traite de divers aspects théoriques servant de base à l’analyse. 2.1 Mots culturels Tout langage possède de nombreux mots culturels et expressions culturelles provenant de la culture et de la société d’un pays ou d’une région. Ces phénomènes sont un vrai défi pour un traducteur qui doit trouver de bonnes stratégies pour que le sens d’un mot culturel ou d’une expression culturelle ne se perde pas dans le texte cible tout en l’adaptant aux lecteurs (Tegelberg 2000 : 180). On peut dire que les mots culturels et les expressions culturelles désignent des phénomènes culturels. 6
2.1.1 Les cinq catégories de mots culturels Dans l’ouvrage Textbook of Translation, Newmark (1988 : 94) « […] defines culture as the way of life and its manifestations that are peculiar to a community that uses a particular language as its means of expression. » D’après cette acception du mot « culture » et à la suite de Nida (1975), Newmark (1988 : 95) a divisé les mots culturels en cinq catégories : 1. Ecology : animals, plants, local winds, mountains, plains, ice 2. Material culture : (artefacts) food, clothes, housing, transport and communications 3. Social culture : work and leisure 4. Organisations, customs, ideas : political, social, legal, religious, artistic 5. Gestures and habits Eriksson (1998 : 24) souligne que les « culture words » de Newmark reposent sur le fait que chaque communauté linguistique constitue ce que Mounin (1990 : 59-68) appelle un « monde culturel », consistant en un ensemble spécifique de concepts et phénomènes compliqués, et parfois même totalement impossibles à traduire. Dans l’ouvrage Hur översätter man verkligheten? Svane (2002) choisit d'utiliser le terme « expressions référentielles spécifiques à la culture » car elle pense que le terme « mots culturels » de Newmark n'est pas assez précis. Svane (2002 : 27) affirme que son choix indique plus clairement de quel genre de mots il s'agit : des mots et des expressions enracinés dans une certaine culture et qui évoquent de nombreuses associations et notions culturelles sur des phénomènes qui appartiennent à la culture dont ils sont issus. On peut considérer que Svane et Newmark se réfèrent sur bien des points à la même notion, même si le terme de Svane, comme elle le souligne elle-même, est plus précis que celui de Newmark. Dans cette analyse de la traduction, la formulation « mots culturels » est utilisée (et parfois « expressions culturelles ») car cela semble être la manière de s’exprimer la plus utilisée dans la recherche en traduction (Svane 2002 : 27). Il semble également naturel d'utiliser ce terme car les mots culturels du texte source ont été choisis selon la division de Newmark. Cependant, il faut souligner que nous donnerons à l’expression « mots culturels » la définition que leur donne Svane : des mots et des expressions enracinés dans une certaine culture et qui évoquent de nombreuses associations et notions culturelles sur des phénomènes qui appartiennent à la culture dont ils sont issus. 7
Après avoir défini la notion, il faut présenter un outil pratique pour analyser des mots culturels. 2.1.2 Un modèle d’analyse pragmatique des mots culturels Ingo (2007 : 131) parle du fait que des difficultés se produisent lorsqu'un traducteur rencontre des mots culturels qui manquent dans la culture que représente la langue cible. Mais il souligne également que c'est tout aussi difficile lorsqu'il s'agit de mots culturels bien connus dans les deux cultures mais qui diffèrent l'un de l'autre quant à la forme ou au sens. Par conséquent, Ingo (2007 : 131) propose d'utiliser le modèle de Lado (1957) pour comparer deux cultures lors de la traduction d'une analyse pragmatique de mots culturels. Dans ce contexte, l’analyse pragmatique fait référence à la signification situationnelle d’une langue (Ingo 2007 : 21). Selon Ingo (2007 : 131-132), la forme, la signification et la distribution des mots culturels sont au cœur du modèle et les trois groupements suivants peuvent ainsi être constitués : 1) Mot culturel ayant la même forme mais une signification différente Ingo nous donne l’exemple du phénomène « course de taureaux ». La forme est la même car on fait allusion au même phénomène mais la signification et les connotations sont très différentes : en Espagne, la course de taureaux est une tradition profondément ancrée dans la culture, liée à certaines saisons, certains jours de la semaine et certains lieux. Pour beaucoup d’Espagnols, c’est un divertissement populaire alors que pour de nombreuses personnes dans d’autres pays c’est un phénomène représentant de la cruauté envers les animaux. 2) Mot culturel ayant la même signification mais une forme différente Ingo nous donne l’exemple des voitures de taxi : elles ont des couleurs différentes dans différents pays mais leur signification, leur fonction restent toujours la même. 3) Mot culturel ayant la même forme, la même signification mais une distribution différente Ingo nous donne l’exemple du fait de serrer la main à quelqu’un. C’est une manière de saluer ayant la même forme et signification mais qui se fait différemment : en Suède les adultes se serrent souvent la main, jamais les adolescents, lorsqu’ils se 8
rencontrent (obligatoire dans une situation plus formelle) et dans le sud de l’Europe, les jeunes se serrent la main quand ils se voient. En effectuant une analyse pragmatique des mots culturels en fonction des critères nommés ci- dessus, le traducteur peut obtenir une indication de la stratégie de traduction la plus appropriée. 2.2 Stratégies de traduction des mots culturels Selon Eriksson (1998 : 24), les difficultés associées à la traduction de mots spécifiques à une culture ont donné lieu à de nombreuses analyses au fil des ans parmi les chercheurs en traduction. Plusieurs théoriciens ont tenté d'analyser et de nommer les stratégies que les traducteurs utilisent consciemment ou non pour transmettre des mots culturels n’ayant pas d'équivalent référentiel dans la langue cible, tout en essayant de garder les mêmes connotations pour que le dynamisme ne se perde pas. Vinay & Darbelnet (1977 : 52ff, 258ff), Svane (2002 : 96ff), Newmark (1988 : 103) et Ingo (2007 : 134ff) mentionnent plusieurs stratégies comme l’adaptation, la conversion, la modulation, l’addition, l’omission, le transfert, la traduction avec un équivalent et la traduction littérale. Eriksson parle du fait que dans ce domaine - les stratégies de traduction des mots culturels - il y a beaucoup de confusion d’idées et terminologiques. Eriksson nous donne l’exemple de la stratégie d’adaptation : une stratégie que les théoriciens ont définie différemment. Mounin (1971 : 59-68) pose la question s'il s'agit même d'une stratégie de traduction lorsque, par exemple, le mot culturel anglais « cricket » est remplacé par le « Tour de France » dans un texte traduit de l’anglais en français… Pour qu'il n'y ait aucun doute sur le sens que nous retenons pour chaque stratégie, l’analyse de ce mémoire part uniquement des sept stratégies de Svane (2002 : 96-98). Les stratégies de Svane sont concrètes et il est facile de s’y référer. Ci-dessous, une description des sept stratégies est présentée. 2.2.1 Adaptation Par adaptation, on entend qu’on adapte culturellement soit un texte, soit des mots, soit des expressions pour qu’ils fonctionnent dans un nouveau contexte, celui du texte cible (Ingo 2007 : 153). Cette stratégie connaît deux types selon Svane (2002 : 97) : 9
· Adaptation sémantique : le traducteur utilise une expression ayant la même signification dans la langue cible que dans la langue source. Svane nous donne l’exemple de l’expression française « mettre la table » qui en suédois correspond au terme « duka ». · Adaptation référentielle : en traduisant un mot ou une expression tellement ancrée dans le contexte sociohistorique et culturel sans correspondance dans la langue cible, le traducteur effectue probablement une adaptation référentielle : « mairie » devient « rådhus » ou « skattemyndighet » en suédois. 2.2.2 Conversion Selon Svane (2002 : 97-98), il y a quatre types de conversions : · Conversion culturelle : le traducteur remplace un mot ou une expression ayant des connotations plus ou moins identiques dans la langue cible. Exemple : « la soupe quotidienne » en français → « Husmanskost » en suédois · Conversion ethnocentrique : le traducteur remplace un terme spécifique dans la langue source par un terme correspondant, appartenant à la culture de la langue cible : « SNCF » en français → « SJ » en suédois, « l’Assemblée Nationale » en français → « Riksdagen » en suédois. · Conversion générique : le traducteur remplace un terme spécifique par un mot plus général. Exemple : « 2CV » en français → « bil » en suédois. · Conversion spécifique : le traducteur remplace un terme générique par un terme spécifique. Ce type de conversion est moins fréquent que la conversion générique. Parfois, le traducteur adopte cette stratégie pour aider le lecteur à mieux comprendre de quoi il s’agit. Exemple : « morceau » en français → « versbit » en suédois. 2.2.3 Traduction littérale Le traducteur effectue une traduction directe, on dirait une traduction mot par mot. Cette stratégie est très fréquente selon Svane (2002 : 97) mais la stratégie n’est pas toujours la meilleure puisque les mots culturels peuvent signifier différentes choses. (Voilà la raison pour laquelle, en cas de traduction douteuse, il vaut mieux effectuer une analyse pragmatique selon le modèle de Lado décrit dans la section 2.1.2) 10
2.2.4 Omission Le traducteur supprime un mot ou une expression. Cette stratégie est appliquée lorsque le traducteur trouve que les détails d’un texte sont inutiles (Svane 2002 : 98). 2.2.5 Addition Le contraire de l’omission est l’addition. Cette stratégie est appliquée dans les cas où le traducteur trouve qu’un mot n’est pas intelligible pour les lecteurs cibles, par conséquent il ajoute une explication, comportant un ou plusieurs mots. 2.2.6 Traduction avec un équivalent Plusieurs mots dans la langue source ont un équivalent dans la langue cible. Svane (2002 : 97) nous donne l’exemple des abréviations ayant en général des équivalents appropriés. Le sigle français « l’OTAN » est par exemple traduit en suédois par l’équivalent « Nato » : on fait allusion à la même organisation internationale dans les deux langues. Il arrive souvent qu'il n'y ait pas d'équivalent dans la langue cible, le traducteur est ainsi obligé de trouver une autre stratégie pour transmettre le contenu. En l’absence d’un équivalent dans la langue cible, le traducteur a par exemple le choix de faire une traduction littérale avec une explication rajoutée. Svane (2002 : 20) nous en donne un exemple : l’abréviation « SDF » signifie « sans domicile fixe ». En effectuant une traduction littérale en suédois, « utan fast bostad », la plupart des lecteurs cibles n’associeront pas le phénomène à une chose particulière, comme le font les Français. Par conséquent, le traducteur a la possibilité de rajouter une explication. 2.2.7 Transfert Cette stratégie connaît, selon Svane (2002 : 96), quatre types : · Transfert sans adaptations : « monsieur Dupont » en français → « monsieur Dupont » en suédois. · Transfert avec des adaptations orthographiques : « rue des Roses » en français → « Rue des Roses » en suédois. · Transfert avec des adaptations morphologiques : des villes et des endroits géographiques connus ayant souvent des équivalents dans la langue cible : « La Seine » et « La Tour Eiffel » en français → « Seine » et « Eiffeltornet » en suédois. · Transfert avec des explications : les arrondissements parisiens sont souvent mentionnés en français avec leur nombre, par exemple « le seizième ». Un traducteur 11
choisirait probablement d’expliquer l’expression en suédois par « det sextonde arrondissementet ». 2.3 Attitudes face à la traduction des mots culturels Un traducteur utilise des stratégies d’après son attitude face à la traduction des phénomènes culturels (Svane 2002 : 96) : soit on trouve qu’il faut traduire un texte avec beaucoup de soin impliquant de rendre les mots du texte source le plus exactement possible, soit on fait des omissions et des additions pour abréger ou allonger le texte, ce qui rend le travail de traduction plus libre. Svane (2002 : 98) souligne que ses sept stratégies de traduction des mots culturels ne sont pas définitives : elles sont plutôt un outil pratique. En analysant une traduction, il faut examiner l’interaction entre le type de texte, les attitudes du traducteur et l’objet de la traduction pour évaluer si les stratégies choisies fonctionnent ou non (Svane 2002 : 98). Les stratégies qu'un traducteur choisit consciemment ou non sont également déterminées par le type et le genre de texte dans lequel les mots culturels apparaissent (Ingo 2007 : 129). Comme pour tout type de traduction, c'est avant tout le type de texte qui dirige et influence la manière dont la traduction doit être exprimée (Ingo 2007 : 216). Dans un texte littéraire, plusieurs mots peuvent par exemple être omis sans que l’impression d’ensemble soit changée. Par contre, en effectuant la stratégie de l’omission dans un texte de langue spécialisée dont le but est d’informer, il y a un risque notable que le texte comporte un contresens (Ingo 2007 : 226, Svane 2002 : 98). De plus, un traducteur doit toujours prendre en considération les possibilités de compréhension des lecteurs (Svane 2002 : 92). En se référant à Ingo (2007 : 134) on peut constater qu’un texte français comprenant plusieurs phénomènes culturels nécessite des additions et des explications supplémentaires pour les lecteurs suédois. Mais, il faut faire attention de ne pas les sous-estimer en faisant trop d’additions et d’explications. Munday (2016 : 139) nous renvoie à Berman disant qu’il y a aussi un risque de faire disparaître la variation et le rythme du texte source avec trop d’ajouts dans le texte cible. Par conséquent, une responsabilité notable incombe au traducteur qui effectue une traduction : il doit constamment se demander si des ajouts sont nécessaires ou non. 12
2.4 Termes spécifiques et leur lien étroit avec les mots culturels Svane (2002 : 90-91) part de la typologie des expressions référentielles de Riegel (1994) tout en établissant une typologie simple dans le but de permettre à la fois l'exactitude et la spécificité des mots culturels. Cette division de la typologie permet de spécifier plus facilement le type de mot et le terme dont il s'agit réellement. La typologie de Svane se compose de deux groupes principaux, à savoir les noms propres (dénomination des expressions référentielles) et les appellatifs (expressions référentielles descriptives). Ces deux groupes principaux se composent à leur tour de trois sous-catégories : 2.4.1 Noms propres Noms de personnes (des personnes historiques, littéraires ou vivantes) Noms géographiques (par exemple des lacs, villes, pays, montagnes) D’autres noms (par exemple des organisations, des institutions, des entreprises) 2.4.2 Appellatifs (des noms communs à tous les objets du même genre) Termes culturels neutres (des substantifs communs se rapportant à une « réalité » comparable en Suède et en France, par exemple chaise, table, livre, enfant, maison). Termes culturels (des mots se référant à divers phénomènes spécifiques d’une culture qui font partie d'un contexte précis en Suède ou en France). Il peut s'agir d'objets concrets (« baguette », « osthyvel »), de fonctions (« maire », « statare »), de relations (« grand-père », « syskon ») ou d’autres choses (« le 14 juillet », « midsommarafton »). Termes techniques (des mots précis et spécifiques qui sont utilisés dans un domaine particulier enraciné dans la culture d’un pays ou d’une région). Même si la typologie de Svane relative aux mots culturels peut être critiquée, (par exemple pourquoi inclure une sous-catégorie sous forme de termes culturels neutres ? Ces mots, ne 13
sont-ils que des substantifs ordinaires ?), elle a le mérite de mettre en évidence le lien étroit existant entre les termes techniques et les mots culturels. En effectuant la traduction d’un texte ayant plusieurs mots culturels, cette typologie peut être utile pour déterminer quelle stratégie de traduction choisir tout en prenant en considération le style du texte source et des lecteurs cibles. Nous y reviendrons dans la partie analyse. 3. Méthode et matériaux Cette section présente le texte source de l'essai. Il est en effet de la plus haute importance de rendre compte soigneusement du texte source et de son origine pour justifier les stratégies de traduction adoptées. 3.1 Présentation du guide touristique Rando-fromage en France Le texte source sur lequel se base l’analyse de ce mémoire se compose de six randos- fromage 1 disponibles dans le guide touristique français Rando-fromage en France - Jolies balades et fromageries de qualité, publié par l'éditeur français « Éditions du chemin des Crêtes » en 2019. Ce guide touristique de 160 pages commence par une liste des 31 fromages présentés dans le livre. À côté de cette liste se trouve une carte de France où sont indiquées les fromageries produisant chaque fromage, c'est donc une carte avec 31 repères géographiques. Ensuite on trouve une préface de six pages rédigées par l’auteure Flore Cumin dans laquelle elle décrit la disposition du guide touristique. Elle explique également comment elle a été mandatée pour rédiger cet ouvrage pour ensuite, brièvement, mettre en évidence la place emblématique du fromage en France avant de donner aux lecteurs quelques conseils utiles et concrets pour la randonnée. Elle consacre également deux pages à attirer l'attention sur le « projet La Route des Fromages à Vélo » et indique aux lecteurs que l’initiatrice de ce projet, Claire Perrinel, a collaboré à l’élaboration du guide touristique Rando-fromage en France. La préface est suivie d'un glossaire de 22 termes ou mots spécifiques du domaine fromager. 2 Les 130 pages suivantes sont consacrées aux 31 randos-fromage du guide touristique. Elles sont toutes présentées de la même manière en suivant cet ordre : 1 Une rando-fromage signifie une randonnée pendant laquelle il est possible de visiter une ou plusieurs fromageries de qualité pour découvrir certains fromages et leur procédé de fabrication. 2 Pour voir les termes faisant partie du glossaire, merci de se référer à l’annexe numéro 1. 14
1) Présentation de la fromagerie 2) Présentation du fromage 3) Informations pratiques telles que les heures d'ouverture et l'adresse du lieu à visiter 4) Recommandations pour la dégustation du fromage 5) Description de la randonnée avec une carte détaillée du circuit proposé 6) Autres destinations d'excursion à visiter à proximité À la fin du livre se trouvent sept recettes dans lesquelles un des différents fromages du guide touristique constitue l’ingrédient principal. Il y a également une page avec des références et une page de remerciements de l’auteure. Les six dernières pages du livre sont consacrées à la promotion d’autres guides touristiques de la même collection. Le texte est agrémenté de belles photographies authentiques riches en couleurs. 3.2 Type et genre du guide touristique Une analyse du texte source est la base fondamentale de toute traduction (Ingo 2007 : 216). Il faut entre outre distinguer le genre et le type de texte. Chartrand (2015 : 3) nous renvoie aux travaux de J.-M. Adam en définissant le genre comme « un ensemble de productions langagières orales et écrites qui, dans une culture donnée, possèdent des caractéristiques communes d’ordres communicationnel, textuel, sémantique, grammatical, graphique ou visuel et/ou d’oralité, souples mais relativement stables dans le temps ». Chaque texte possède également une ou plusieurs intentions de communication (Thyrion 2003 : 2). Soit l’auteur veut décrire ou raconter quelque chose, soit il veut argumenter ou critiquer, soit donner des informations, imposer une opinion ou donner des conseils. « C’est l’intention de l’auteur qui détermine le type de texte » (Gieling 2001 : 2). Un texte contient souvent plusieurs séquences textuelles qui peuvent représenter à leur tour des types de textes différents (Thyrion 2003, Gieling 2001). Toutefois, il y a généralement un type dominant. En résumé : « un type est une catégorie de classement de textes fondée sur des critères linguistiques observables dans le texte même » (Thyrion 2003 : 1). Le guide touristique Rando-fromage en France est avant tout informatif, mais le fait qu'il soit probablement lu avant que la randonnée n’ait eu lieu indique que le texte peut également être considéré comme visant à convaincre. En lisant le guide on aura envie de faire une ou plusieurs randos-fromage en France et par conséquent on commencera à s’organiser pour partir dès que possible, brandissant le guide pour déguster de bons fromages sur place et 15
assister à son processus de fabrication, tout cela en lien avec de belles promenades. Hannelore (2015 : 19) estime que ce qui précède est caractéristique des guides touristiques : ils sont souvent lus avant que la décision ne soit prise quant à l'endroit où voyager, par conséquent ils ont le but implicite de susciter l'intérêt du lecteur et de le convaincre que cela vaut la peine d'aller à l'endroit décrit. Hannelore (2015 : 18) nous renvoie à Calvi (2010) qui, dans l'article italien « Los géneros discursivos en la lengua del turismo », tente de classer différents types de textes écrits pour les touristes. Calvi (2010 : 21) affirme que les guides touristiques appartiennent au genre éditorial. La spécificité de ce genre implique que les destinations d'excursion, en plus des descriptions détaillées, sont également accompagnées d’informations pratiques et de séquences visuelles sous forme, par exemple, de cartes et de photographies (Calvi 2010 : 24, à Hannelore). Cela s'accorde bien avec le guide touristique Rando-fromages en France. En outre, Calvi (2010 : 24, dans Hannelore 2015 : 18) dit que les guides touristiques sont prescriptifs car ils traitent et mentionnent ce qui vaut la peine d’être visité. Thyrion (2003 : 3) parle du fait que différents genres se divisent souvent en sous-catégories, appelées sous-genres. Par conséquent, on peut constater que le guide Rando-fromage en France est un bon exemple de sous-catégorie (guides touristiques) du genre éditorial. Cette sous-catégorie est caractérisée par des textes qui, en plus d'être informatifs, ont également une fonction pratique (Thyrion 2003 : 3). 3.3 Sélection du texte source (les six randos-fromage) J’ai découvert le guide touristique Rando-fromage en France lors de ma navigation sur le site français « Outside » (l’équivalent français du site suédois « Uteliv ») où j’ai trouvé un article racontant qu'il était possible de passer un véritable été gourmand grâce au guide touristique Rando-fromage en France. Ce guide a été publié environ un an avant la rédaction de l’article. Cet article, « 5 randos-fromage à parcourir en France », s’est d’abord intéressé à la place du fromage dans la gastronomie française et a ensuite décrit les cinq randos-fromage préférées de la rédaction d’Outside, tirées directement du guide touristique. Cinq des randos-fromage que j’ai traduites pour ce mémoire ont ainsi été choisies en fonction des choix éditoriaux du comité de rédaction du site français d’Outside. Dans une certaine mesure, on pourrait dire que c'est un choix plus objectif car ce sont d'autres personnes qui ont classé et choisi ces cinq randonnées préférées. Pour obtenir suffisamment de matériel d'analyse, j'ai dû traduire une rando-fromage supplémentaire. Le choix de cette sixième 16
randonnée a été entièrement subjectif : l'envie de visiter un jour la Corse m'a fait choisir la seule rando-fromage du guide touristique décrite sur cette île. 3.4 Commentaire sur les lecteurs sources et les lecteurs cibles Les lecteurs du texte source et ceux du texte cible sont similaires à bien des égards. Les deux textes s'adressent avant tout aux amateurs de fromage et de vie au grand air, désireux de découvrir de nouveaux itinéraires de randonnée en France. Les lecteurs cibles français ont certainement une meilleure connaissance du domaine fromager en général car selon le livre Le fromage, son histoire, ses régions (2019) le fromage fait partie des racines culturelles très profondes et importantes dans la société française. Le guide touristique Rando-fromage en France contient plusieurs termes spécifiques du domaine fromager et pour qu’il n’y ait aucun doute, l’auteure a pris la décision d’inclure un glossaire. Même les Français, ayant déjà une large connaissance du domaine fromager, peuvent avoir besoin d’un glossaire de termes spécifiques. Cela montre également que les lecteurs cibles du texte source ne sont pas des experts. Pour résumer : en effectuant la traduction du texte source des six randos-fromage, les lecteurs cibles ont été définis comme des amateurs de fromage intéressés - sans être des experts - ayant en outre un grand intérêt pour la vie au grand air et l’activité physique. En lisant le guide touristique Rando-fromage en France, on comprend qu’il est écrit pour que tout le monde puisse assimiler le contenu et y prendre part sans être des experts de la randonnée et sans avoir de connaissances sur la fabrication du fromage. 3.5 Contexte suédois d’utilisation du texte cible Le guide touristique Rando-fromage en France pourrait être traduit intégralement en suédois. Les six randos-fromage sélectionnées pour ce mémoire pourraient également être utilisées dans divers articles suédois. Le texte cible pourrait se retrouver sur le site Web suédois d'Uteliv ainsi que dans divers magazines suédois sur la vie au grand air ou sur la nourriture et le vin. Le texte pourrait être lu, par exemple, dans le magazine suédois de Bonnier Lantliv mat & vin, qui s'adresse aux épicuriens désirant de bonnes matières premières, passionnés par ce qui est produit localement en milieu rural (magazines Bonnier 2020). Dans ce magazine, des suggestions sont souvent données pour divers voyages œnologiques et gastronomiques, dans lesquels le texte cible actuel pourrait très bien s'intégrer. 17
4. Analyse L'organisation de l’analyse sera basée sur la typologie de Svane (2002) des expressions référentielles afin de présenter et d’analyser explicitement les différentes stratégies de traduction qui ont été utilisées pour chaque sous-catégorie. Il est important de souligner que les termes culturels, que Svane définit comme neutres et qui sont expliqués dans la section 2.4, ne seront pas inclus dans cette analyse car le but du mémoire est seulement d'examiner comment parvenir à traduire les mots culturels lorsqu'il n'y a pas d'équivalent suédois direct ou lorsque les connotations diffèrent. À la fin de l'analyse, quelques difficultés apparues en effectuant la traduction sont également brièvement abordées : difficultés pour lesquelles il n'y a pas d'analyse approfondie mais qui méritent néanmoins d'être mentionnées. Dans les exemples extraits du tableau de traduction, les mots et les expressions analysés ainsi que leur traduction sont soulignés. Le texte source est parfois mentionné en tant que TS et le texte cible en tant que TC. 4.1 Traduction des noms propres Dans la typologie de Svane (2002), les noms propres constituent un groupe qui à son tour est divisé en trois sous-groupes. Les stratégies de traduction qui ont été utilisées pour chaque sous-groupe sont décrites ci-dessous. 4.1.1 Traduction des noms de personnes Tous les noms propres des personnes citées dans le texte source ont été transférés sans adaptations. Le texte source cite également deux personnages historiques : l’un est mentionné directement dans le texte, l’autre est associé à un lieu géographique. Le personnage mentionné directement est Vauban, évidemment mieux connu en France qu'en Suède. Pour cette raison l'explication suivante a été ajoutée dans la traduction suédoise : (1) [...] ancien château fort du XII e [...] det gamla, imponerande befästningsslottet [p.104] siècle rendu inviolable par Fort Queyras från 1100-talet. På 1600-talet Vauban, [...] förstärktes detta slott under ledning av den franska ingenjörsofficeren Sébastien Le Prestre de Vauban. 18
Napoléon Ier est un personnage historique que la plupart des Suédois connaissent très probablement d'une manière ou d'une autre. Le fait que le nom propre ait été adapté en suédois témoigne que cela devrait être le cas : Napoleon (sans accent). Ingo (2007 : 137) estime que l'orthographe des noms de personnages historiques est souvent adaptée dans différentes langues. Pour préciser que c'est bien ce Napoléon auquel le lieu géographique fait référence dans le texte, quelques informations ont été ajoutées dans le texte cible suédois où le nom de l'empereur a été transféré avec une adaptation orthographique : (2) [...] le refuge Napoléon [...] raststugan Le refuge Napoléon [...] Är för [p.107] övrigt en av sex raststugor som uppfördes på initiativ av Napoleon den förste. À noter que l'orthographe française de Napoléon reste dans le nom du refuge car ce lieu géographique à une fonction pratique. Pour cette raison un transfert sans adaptation a été adopté. 4.1.2 Traduction des noms géographiques Concernant les noms géographiques, il y en a beaucoup dans le texte source. Il y a plusieurs exemples dans les six randos-fromage de noms géographiques qui donnent une indication du type de lieu dont il s'agit, par exemple « l’île aux Moines » (TS p.20), « le col de la crèche » (TS p.106), « la narse d'Espinasse » (TS p.140), mots impossibles à comprendre pour un Suédois s'il ne sait pas parler français. Cela m’a conduit à ajouter un mot explicatif avant le nom géographique dans le texte cible pour guider le lecteur sur la bonne voie : ön Île aux Moines, bergspasset Col de la crèche, torvmossen Narse d’Espinasse. En fait, au moins un mot explicatif a été ajouté à tous les noms géographiques dans le texte cible. Comme le texte est précisément un guide qui devrait fonctionner de manière purement pratique et qui a un but informatif, le besoin d'expliquer les mots culturels est plus grand que, par exemple, dans les textes fictifs (Ingo 2007 : 136). Il est important de souligner que tous les noms géographiques du texte source sont également transférés avec une petite adaptation orthographique dans le texte cible : « l’île aux Moines » (TS p.20) → « ön Île aux Moines », « rue du Presbytère » (TS p.20) → 19
« gatan Rue du Presbytère ». Ainsi les règles d'écriture suédoises sont suivies, en même temps que les lecteurs cibles peuvent trouver et reconnaître les lieux sur une carte ou sur des panneaux routiers et sur des panneaux d'information disposés le long des randonnées. Il était tentant de traduire « la vallée d'Aspe » (TS p.124) par « Aspedalen », ce que Svane (2002) considère comme une traduction littérale, mais cela n'aurait pas été cohérent ni approprié car « Aspedalen » ne se trouve évidemment sur aucune carte française. Il vaut mieux être cohérent en traduisant les noms géographiques selon la même stratégie : transfert avec des adaptations orthographiques → « dalen Vallée d'Aspe » et une explication. 4.1.2.1 Les explications associées aux noms des fromageries Après avoir ajouté un mot explicatif devant le nom géographique propre au titre de chaque fromagerie, une explication a également été faite. En cas d’une publication en Suède, le texte pourrait être clarifié davantage en étant combiné avec une carte indiquant où se trouve la zone indiquée en France : Mejeriet Ferme Las Arradits Beläget i departementet Pyrénées-Atlantiques, sydvästra Frankrike. Un texte de ce type est, comme mentionné plus tôt, le plus souvent accompagné d’éléments visuels. Ainsi, le texte cible gagnera à être présenté avec une carte pour chaque fromagerie, clarifiant visuellement où se trouve le département ou la région en France. Dès le début du guide touristique français, il y a une carte de France avec toutes les fromageries indiquées, mais même si le guide touristique était publié dans son intégralité en suédois, il reste utile en raison du groupe cible, peut-être peu familier avec la géographie française, d'inclure une carte pour chaque fromagerie. 20
4.1.2.2 Le numéro « 71 » Chaque département en France a un numéro. À la page 19 du texte source, le numéro « 71 » apparaît entre parenthèses, faisant ainsi référence au département français de Saône-et-Loire. La traduction suédoise comporte déjà deux explications (soulignées dans l’exemple ci- dessous) et, pour que le texte ne soit pas trop lourd avec autant d’explications, il a été décidé de faire une omission en n’indiquant pas le numéro du département : (1) [...] des vins de Beaujolais issus du [...] viner från vingården Château Bonnet [p.19] domaine du Château Bonnet, à la i staden La Chapelle de Guinchay, Chapelle de Guinchay (71). belägen i vindistriktet Beaujolais. 4.1.3 Traduction d’autres noms propres 4.1.3.1 Les entreprises et les organisations Concernant les noms de divers lieux constituant en eux-mêmes une forme d'activité comme les fromageries, les fermes et les refuges, plusieurs d'entre eux contiennent également un mot français indiquant de quel type d'entreprise ou de lieu il s'agit, il y a alors un contenu sémantique dans le nom français (cf. Ingo 2007 : 137). Les noms de divers lieux ont été traités comme les noms propres géographiques : le plus souvent, un petit mot explicatif a été ajouté dans la traduction suédoise, ce que Svane (2002) considère comme une addition. De plus, les noms des lieux ont été transférés avec des adaptations orthographiques. Voici quatre exemples illustratifs : (1) FROMAGERIE DE CHÂTEAU- Mejeriet Fromagerie de Château- [p.104] QUEYRAS Queyras (2) DÉPART : ferme de La Tuilerie. Startpunkt: Gården Ferme de la Tuilerie [p.42] (3) [...] le parc du manoir de l’Isle [...] [...] den park som tillhör herrgården [p.42] Manoir de l’Isle [...] (4) [...] le refuge de L’Abérouat [...] [...] vandrarhemmet Refuge de [p.126] l’Abérouat. 21
Parfois, lorsque les informations risquent d’être perçues comme imprécises par le groupe cible suédois, une explication un peu plus longue a dû être effectuée : (1) [...] à la biocoop de Billère. [...] i den lilla mataffären Biocoop Panier [p.124] du Bearn i orten Billère, vars sortiment enbart är ekologiskt och närproducerat. L'exemple ci-dessus montre comment le texte cible a été adapté au groupe cible en utilisant le nom complet du supermarché (pour faciliter sa recherche) ainsi qu'une explication de ce qui caractérise ce magasin en particulier. Dans le texte source, il y a deux types d'exploitations qui nécessitent une explication pour être comprises par le groupe cible : (1) L’ensemble de la ferme est classé Gården är medlem i den franska föreningen [p.124] Nature et Progrès. Nature et Progrès som aktivt arbetar för småskaliga och ekologiska lantbruk vars sysselsättning är att framställa närproducerade produkter. (2) [...] la création du Gaec [...] ...är mejeriet Gaec 3-klassat vilket innebär [p.140] att flera närliggande gårdar har gått samman och arbetar gemensamt, endera med allt inom lantbruket (djurhållning, åkerskötsel, tillverkning av lokalproducerade produkter och försäljning av dessa) eller med delar av det. Il est important d'ajouter dans ce contexte que le mot « Gaec » dans l'exemple 2 est inclus dans le glossaire du guide touristique français, ce qui montre que ce mot doit également être expliqué au groupe cible français. 3 Le Groupement Agricole d’Exploitation en Commun 22
Ce n’est pas pertinent de traduire des noms d’entreprises dans ce type de texte car les lieux physiques doivent pouvoir être retrouvés et reconnus. La clarté, l'exactitude et la non- ambiguïté sont nécessaires lors de la traduction pour que ce type de texte fonctionne dans un contexte pratique (Ingo 2007 : 127). Cependant, pour l’anecdote, le nom d'un gîte rural a été traduit dans une note en bas de page : « Le Bonheur dans le Pré » (TS p.143) → « Lyckan på ängen ». Un nom si beau, faisant référence au film français célèbre Le bonheur est dans le pré, ne mérite-il pas une note en bas de page avec une traduction suédoise suivie d’une petite explication ? 4 Peut-être que le nom traduit en suédois donnera envie à quelqu'un de séjourner dans ce gîte et d’en profiter un peu plus. Le fait d’avoir décidé de traduire ce nom est un bon exemple de ce que Jean-François Staszak (2008) appelle l'exotisation, c'est-à-dire qu’une image est consciemment produite, conforme aux attentes des personnes qui ne vivent pas sur place (Leila 2017). On peut discuter de la question de savoir si, en tant que traducteur, c’est la bonne solution ou non de traduire le nom, mais dans ce cas on peut s'appuyer sur le fait que le texte fait partie d’un guide touristique ayant également comme but sous-jacent d’inciter le lecteur à visiter les lieux. 4.1.3.2 Les fromages Les noms de fromages ont le plus souvent été reproduits dans le texte cible de deux manières différentes. La plupart des fromages sont accompagnés d’une petite explication sous forme d’addition la première fois qu'ils sont mentionnés dans le texte cible afin que le contenu sémantique ne soit pas perdu (cf. Ingo 2007 : 137) : (1) TOME DE LA MER Tome de la mer - Osten från havet [p.19] (2) BLEU DU QUEYRAS Grönmögelosten bleu du Queyras [p.105] 4 L’explication dans la note du texte cible : Det franska namnet på detta B&B får mest troligt en fransman att tänka på den kända filmen från 1995: ”Le bonheur est dans le pré”. Filmen regisserades av Étienne Chatiliez och kom att bli omåttligt populär i Frankrike. Den finns översatt till svenska med titeln ”Min andra familj” ( https://www.moviezine.se/movies/min-andra-familj). 23
(3) TOMME DE BREBIS Fårosten tomme de brebis [p.125] (4) BROCCIU DU GROTELLE Färskosten brocciu du Grotelle [p.113] Quelques fromages ont le label AOP dans leur nom, par conséquent des explications ont été ajoutées dans le texte cible : (5) LIVAROT AOP DE NORMANDIE Den AOP-märkta osten livarot de [p.41] Normandie Le label AOP a été expliqué dans une note de page 5 à une occasion précédente dans le texte cible, donc le groupe cible est déjà au courant. 4.1.3.3 Les vins En ce qui concerne la traduction des noms du grand nombre de vins figurant dans le texte source, ils ont tous été traduits avec une explication additionnelle. Voici deux exemples représentatifs : (1) Vins : Montlouis blanc Moelleux, Passande vin: vitt Montlouis Moelleux- [p.41] Sancerre blanc ou Pauillac Rouge vin från vindistriktet Val de Loire et Centre, vitt Sancerre-vin eller rött vin från vindistriktet Pauillac. (2) Vins : Saint Nicolas de Bourgeuil Passande vin: rött vin från vingården [p.41] Rouge [...] Saint Nicolas de Bourgeuil i vindistriktet Touraine [...] Les Français ont une relation différente avec ces vins que les Suédois, c'est pourquoi, il vaut mieux ajouter des explications dans le texte cible, bien qu’il soit possible que le groupe cible suédois soit mieux informé sur les vins français que les Suédois en général. 5 L’explication dans la note du texte cible est la suivante : Appellation d’Origine Protégée vilket är ett ”kvalitetsigill som garanterar högsta tänkbara ursprungs-, metod- och kvalitetsstandarder” (https://www.fromages-aop.com/). 24
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