BOOSTER SON BUSINESS AVEC LA STRATÉGIE DIGITALE SANS BUDGET
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Faculté de droit, des sciences économiques et de gestion Master management des affaires internationales Année 2015-2016 BOOSTER SON BUSINESS AVEC LA STRATÉGIE DIGITALE SANS BUDGET Mémoire de Master 2 Présenté et soutenu le 1 septembre 2016 par Marine PHAKHANHTHONG Enseignant-conseil Professionnel-Entreprise Madame Nathalie FLECK Sandeep DHADDA, Ratna Mahal, Jaipur
REMERCIEMENTS Je tiens à remercier sincèrement Madame Nathalie Fleck qui, en tant que conseillère de mémoire, s’est toujours montrée à l’écoute et très disponible tout au long de la réalisation de ce mémoire. Je remercie vivement Monsieur Sandeep Dhadda, directeur de l’entreprise Ratna Mahal, pour m’avoir fait confiance en m’offrant l’opportunité d’effectuer mon stage au sein de sa société et de m’avoir apporté de nombreux conseils pour m’intégrer plus rapidement à la culture indienne. Durant ces six mois de stage, j’ai acquis de nouvelles connaissances et compétences qui me seront précieuses pour la réalisation de mes projets à venir. Mes remerciements s’adressent également à la famille Dhadda pour m’avoir accueilli dans leur entreprise et je remercie tous les membres de l’équipe qui ont mis tout en œuvre pour que mon stage se déroule dans les meilleures conditions possibles. Je remercie l’ensemble des professionnels rencontrés durant le stage pour la convivialité, le partage et l’expertise de la thématique du mémoire. Mes remerciements s’adressent enfin à ma famille pour leur soutien et sans qui mes études n’auraient pu être envisageables. 1
« Un homme qui arrête de faire de la publicité pour sauver de l’argent est comme un homme qui arrête une horloge pour sauver le temps ». Thomas Jefferson 2
SOMMAIRE Introduction .......................................................................................................................9 PARTIE 1 : le contexte particulier d’une petite et moyenne entreprise indienne en joaillerie ..........................................................................................................................16 Chapitre 1 : comparaison des contextes économiques entre l’Inde et la France ....17 1. Le contexte général ................................................................................................. 17 1.1. L’Inde : la nouvelle croissance chinoise......................................................... 17 1.1.1. Les réformes indiennes ........................................................................... 17 1.1.2. L’Inde : un pays émergent différent des autres ...................................... 18 1.1.3. L’Inde : un pays encore pauvre .............................................................. 19 1.2. Des difficultés économiques en France .......................................................... 20 2. Le secteur de la joaillerie ........................................................................................ 20 2.1. Le centre mondial indien de la joaillerie ........................................................ 21 2.2. La joaillerie française : une croissance au ralenti ........................................... 22 2.3. Les perspectives d’avenir dans l’industrie de la joaillerie .............................. 23 Chapitre 2 : intégrer les différences culturelles ..........................................................25 1. La notion de temps au sein de l’organisation du travail ......................................... 25 2. L’analyse Hofstede : les Indiens versus les Français ............................................. 26 3. L’analyse de Hall : les Indiens versus les Français ................................................ 27 Chapitre 3 : l'entreprise Ratna Mahal .......................................................................29 1. Création d’une entreprise exportatrice ................................................................... 29 2. L’absence d’un service marketing et communication ............................................ 30 3. La matrice SWOT de Ratna Mahal ........................................................................ 32 4. La valeur ajoutée de Ratna Mahal .......................................................................... 34 3
PARTIE 2 : mise en place d'une stratégie authentique et intégration d'outils digitaux .............................................................................................................37 Chapitre 1 : la stratégie de marketing et de communication authentique ...............38 1. La connaissance client ............................................................................................ 38 1.1. Définition de la connaissance client ............................................................... 38 1.2. La connaissance client par la segmentation .................................................... 39 1.1.1. Les avantages de la segmentation ........................................................... 41 1.1.2. Gérer le portefeuille clients par la segmentation .................................... 41 1.1.3. La segmentation du point de vue des experts ......................................... 42 1.1.4. La méfiance indienne dans l’intégration des outils de gestion clients ... 43 2. La stratégie marketing de Ratna Mahal .................................................................. 45 2.1. Le marketing authentique ............................................................................... 45 1.1.1. Définition du marketing authentique ...................................................... 45 1.1.2. L’exemple de l’authenticité de L’Occitane en Provence ........................ 49 1.1.3. L’authenticité de Ratna Mahal ............................................................... 50 2.2. Le sentiment nostalgique ................................................................................ 51 1.1.1. Définition du marketing de la nostalgie ................................................. 51 1.1.2. L’utilisation de la nostalgie par Ratna Mahal ......................................... 52 2.3. L’authenticité par la relation client ................................................................. 53 3. L’expérience client ................................................................................................. 54 3.1. L’expérience client dans la relation Business to Business ............................. 54 3.2. Les freins de l’expérience client dans la relation business to business .......... 56 3.3. L’expérience client de Ratna Mahal ............................................................... 57 Chapitre 2 : stratégie digitale et outils numériques ...................................................59 1. La stratégie digitale ................................................................................................ 59 1.1. Définition du digital ....................................................................................... 59 1.2. L’influence du digital ..................................................................................... 60 2. Les outils de la stratégie digitale d’une entreprise indienne ................................... 61 2.1. Le site Internet ................................................................................................ 61 1.1.3. La conception efficace d’un site Internet ............................................... 61 1.1.4. Restructuration du site Internet de Ratna mahal ..................................... 63 4
2.2. Le blog professionnel ..................................................................................... 65 1.1.1. Les bénéfices du blog professionnel ....................................................... 66 1.1.2. L’influence des blogs professionnels ..................................................... 67 1.1.3. Mise en place du blog professionnel de Ratna Mahal ............................ 68 2.3. L’utilisation des réseaux sociaux fondamentale ............................................. 71 2.4. Focus : Facebook le premier réseau social pour les marques ......................... 75 1.1.1. La publicité sur Facebook à moindre coût.............................................. 76 1.1.2. La notion d’engagement ......................................................................... 77 1.1.3. La page officielle de Ratna Mahal sur Facebook ................................... 79 2.5. Les autres outils numériques .......................................................................... 80 Conclusion ......................................................................................................................83 Références bibliographiques ...........................................................................................88 Annexe 1: le storytelling de Ratna Mahal ...................................................................... 94 Annexe 2: page d'accueil du site Internet Ratna Mahal .................................................95 Annexe 3: article faire des affaires professionnelles en Inde avec Ratna Mahal ........... 96 5
INDEX AFOM : atouts, faiblesses, opportunités et menaces BtoB : Business to Business BtoBtoC : Business to Business to Consumer BtoC : Business to Consumer PIB : Produit Intérieur Brut Op.cit : référence à l’ouvrage du même auteur cité plus haut RSS : Rich Site Summary ou Really Simple Syndication SEO : Search Engine Optimization SWOT : strengths, weaknesses, opportunities, threats 6
GLOSSAIRE Backlink : un backlink est un lien externe pointant vers un site web ou plus exactement une page web. Le nombre et la qualité des backlinks sont des indicateurs de popularité d’un site web qui sont pris fortement en compte par les moteurs de recherche dans leur politique d’indexation et de classement des sites en réponse à une requête. Source : BATHELOT (B), « Backlink », l’encyclopédie illustrée du marketing, définitions marketing, 3 octobre 2011, http://www.definitions-marketing.com/definition/backlink/ Community management : le community management est l’activité professionnelle de créer, gérer et accompagner des « communautés » en utilisant une sélection de réseaux sociaux. Cela passe par l’utilisation d’outils spécifiques en fonction des cas de figure : animation et modération de forums, blogs, pages Facebook, Google+, stimuler la participation, etc. Le community management est l’art d’entretenir un réseau de clients ou prospects sur Internet pour développer une activité. Source : « community management définition », Community Management, SEO&Community management, 16 février 2015 http://www.seo-cm.com/community-management/ Email responsive (design) : Un emailing responsive s’adapte automatiquement et intelligemment à tous les écrans sur lesquels il est susceptible d’être lu, quelque soit le navigateur, le Webmail ou l’appareil utilisé. Les images sont redimensionnées correctement, la taille du texte également. Source : « Comment faire un Email Responsive ? », Mailjet, https://fr.mailjet.com/glossary/email- responsive Flux RSS : Un flux RSS (RSS est le sigle pour Really Simple Syndication) est un flux au format XML permettant à ses abonnés de récupérer automatiquement une partie (titre ou extrait) ou la totalité d’un article nouvellement créé. Le contenu du flux peut s’afficher sur une page publique, une page privée ou un lecteur de flux. Les flux RSS sont notamment utilisés pour permettre aux internautes de suivre les nouvelles publications sur les blogs et leur usage s’est développé pour de nombreux sites éditoriaux. Source : BATHELOT (B), « Flux RSS », l’encyclopédie illustrée du marketing, définitions marketing, 2 août 2015, http://www.definitions-marketing.com/definition/flux-rss/ 7
Marketing expérientiel : création d’expériences qui permettent d’engager le consommateur dans une relation positive, riche en sens et en sensations, avec une marque. Le « marketing expérientiel », apparu à la fin des années 1980 et très marqué par les théories post-modernes, se propose de trouver des ressources pour “ré-enchanter” l’expérience désormais désenchantée du shopping et de la consommation. Sources : - LENDREVIE (J), LEVY (J), LINDON (D), Mercator 9e édition, Dunod, 2009, 1200 pages, p. 305. - Article de MEYER (M), « Le marketing expérientiel : quand l’acte d’achat devient émotionnel », octobre 2009. Référencement : le référencement est la problématique d’apparition d’un site web en position favorable dans les résultats naturels des moteurs de recherche. On parle alors de référencement naturel ou SEO. Source : BATHELOT (B), « référencement », l’encyclopédie illustrée du marketing, définitions marketing, 3 avril 2016, http://www.definitions-marketing.com/definition/referencement-2/ SEO : l’art de positionner un site, une page web ou une application dans les premiers résultats naturels des moteurs de recherche. Si possible, la position obtenue doit être en première page, car lors de la majeure partie des requêtes, c’est la seule page consultée. En français, le SEO est désigné par le terme de référencement naturel. Source : BATHELOT (B), « SEO », l’encyclopédie illustrée du marketing, définitions marketing, 5 juillet 2016, http://www.definitions-marketing.com/definition/seo/ Storytelling : le storytelling est littéralement le fait de raconter une histoire à des fins de communication. Dans un contexte marketing, le storytelling est le fait d’utiliser le récit dans la communication publicitaire. Le storytelling consiste donc à utiliser une histoire plutôt qu’à mettre classiquement en avant des arguments marque ou produit. La technique du storytelling doit normalement permettre de capter l’attention et de susciter l’émotion. Elle peut également être utilisée pour élever la marque à un rang de mythe. Le storytelling peut utiliser des histoires réelles (mythe du fondateur ou de la création d’entreprise) ou créer des histoires imaginaires liées à la marque ou au produit. Source : BATHELOT (B), « Storytelling », l’encyclopédie illustrée du marketing, définitions marketing, 11 décembre 2015, http://www.definitions-marketing.com/definition/storytelling/ 8
INTRODUCTION « Pour une entreprise, ne pas réaliser de publicité c’est comme faire de l’œil à une fille dans le noir. Vous savez ce que vous faites, mais personne d’autre ne le sait. »1 Communiquer est nécessaire pour se construire, se connaître, s’affirmer mais aussi pour se comprendre afin de mieux vivre ensemble. Que ce soit à l’écrit ou à l’oral, le désir de communiquer est né bien avant l’apparition d’Internet. En effet, la communication à distance se faisait par lettres échangées, qu’elles soient officielles, publiques, administratives ou personnelles. Mais quelle que soit la distance, aujourd’hui encore, plusieurs jours sont nécessaires pour communiquer avec son interlocuteur. À partir du XXème siècle, les moyens de télécommunication plus modernes apparaissent, comme le téléphone, le télégraphe puis le téléphone mobile, dans l’objectif d’accélérer les temps de communication. Les différents progrès ont profondément modifié l’information et la diffusion des connaissances. Tout d’abord, l’invention de l’écriture a permis de conserver l’information sur des supports matériels alors qu’autrefois, seule la tradition orale permettait de transmettre les connaissances. Puis, l’invention de l’imprimerie a permis d’industrialiser l’écrit et c’est ainsi que les premiers journaux sont apparus. Quelques années plus tard, la radio et la télévision ont été créées, puis démocratisées dans le monde entier. Enfin, l’arrivée d’Internet a entraîné l’accès à la dématérialisation et l’universalité des données à tous. C’est à cet instant que tout a évolué très rapidement de sorte que les technologies numériques ont véritablement bouleversé les codes du marketing. 1 STUART (H) Britt 9
L’origine d’Internet est d’abord militaire en raison du fait que les forces américaines souhaitaient créer un réseau de communication capable de résister à une attaque nucléaire. Dès lors, les progrès technologiques se sont développés au fil des années. En effet, Tim Berners-Lee a lancé le premier site Web à l’Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire (CERN) en 1991. Il s’agit du World Wide Web qui permet de regrouper des informations organisées en hypermédia sur un réseau étendu et de permettre un accès universel à tout un univers de documents. Depuis, le nombre d’ordinateurs connectés n’a cessé d’augmenter, notamment par la large diffusion des ordinateurs personnels depuis les années 1980. À partir de 1994, l’email prend le relais du courrier traditionnel qui devient un outil de communication de masse dans la vie quotidienne. Popularisé par les fournisseurs de services, l’email est aujourd’hui quarante fois plus efficace dans l’acquisition de nouveaux clients que les réseaux sociaux. Par ailleurs, les spécialistes du marketing ont pris conscience que le modèle d’email responsive permet d’effacer les distances entre les interlocuteurs lorsqu’ils sont personnalisés en temps réel. Dans la même année, la première plateforme de vente aux enchères, eBay, apparaît avec une offre limitée et des produits qui ne fonctionnent pas toujours très bien. À l’époque, les personnes se demandaient bien se qu’ils pourraient acheter sur Internet et aujourd’hui, on pourrait répondre par : tout ! Les ventes en ligne explosent et ne cessent d’augmenter chaque année, de sorte que le taux de croissance atteindra 20% en 2018. Le e-commerce est un réel succès, de plus en plus de personnes achètent en ligne via leurs appareils mobiles et les sociétés offrent des services de livraison en deux heures dans certaines zones, telles que Amazon. Pour les spécialistes du marketing, le e-commerce ne se résume pas à faire seulement du shopping mais c’est également un moyen de rassembler gratuitement toutes sortes d’informations exploitables des clients. 10
La multiplication des sites Internet a fait émerger les moteurs de recherche, dont Google qui est devenue une des entreprises les plus puissantes du monde. Au départ Google réalisait des bénéfices grâce à la publicité sur Internet mais en 1998, l’entreprise a favorisé le classement des recherches et des données clients. À présent, Google effectue plus de 6 milliards de recherches quotidiennes. Selon les spécialistes du marketing, le référencement naturel est important en BtoB et est un facteur principal de la génération de leads. Enfin, l’ère des médias sociaux ont vu le jour en 2002 avec MySpace et Friendster avant la création de Facebook en 2004. Il y a eu un tout premier site de réseautage lancé en 1997 mais celui-ci est arrivé trop tôt pour la génération et a dû fermer en 2000. Les médias sociaux ont profondément changé la manière dont les marques communiquent à leurs consommateurs. La majorité des spécialistes en marketing BtoB confirment utiliser les médias sociaux dans leurs campagnes. Les médias sociaux permettent d’alimenter les conversations et fidéliser les clients ainsi ils prouvent que les données consommateurs sont le véritable moteur de l’économie numérique. Évidemment, les progrès technologiques et l’arrivé d’Internet ont créé des changements économiques et de nombreuses entreprises ont su en profiter. Les nouvelles entreprises ont basé leur développement sur Internet et elles ont compris que des nouveaux besoins apparaissaient en orientant leurs offres de manière à y répondre. Leur clientèle est mondiale et ces entreprises sont rémunérées par la publicité, telle que Facebook, ou effectue du e-commerce, telle que Vente privée. 11
Les entreprises existantes ont fait des efforts pour s’adapter à Internet en intégrant de nouveaux canaux de distribution, tel que la vente en ligne. De plus, les grandes surfaces ont intégré le drive et quasiment toutes les entreprises ont un site Internet pour présenter leur organisation et leurs produits ou services. Par ailleurs, l’évolution du e-commerce a favorisé les entreprises de transport pour assurer les livraisons de toutes les commandes. Cependant, toutes les entreprises n’ont pas su s’adapter à l’arrivée d’Internet comme les industries du disque et vidéo qui ont vu leurs ventes baisser. Si les entreprises ont bien compris que le Web fournissait un accès à un large marché de clients, de nouveaux aspects semblent nécessaires à intégrer dans la stratégie d’entreprise. Avant Internet, la communication était à sens unique, seule la marque communiquait et les consommateurs écoutaient et acceptaient plus facilement les informations partagées puisque les moyens de communication étaient limités. De ce fait, les marques contrôlaient facilement leur image et avait une position dominante dans leur relation avec les consommateurs. Mais avec l’explosion d’Internet, les consommateurs se sentent envahis de publicités et elles ont un effet quasi-nul du fait que les consommateurs les rejettent. Par ailleurs, même les entreprises sont confrontées à de nombreuses marques et produits de substitution. En outre, la marque n’est plus la seule à s’exprimer notamment sur les réseaux sociaux. Les consommateurs donnent leur avis et partagent avec beaucoup plus de personnes. Internet a inversé le rapport de force entre les marques et les clients. De plus, le développement de la téléphonie mobile a entrainé la multiplication des canaux de communication soulevant le boom de la communication digitale. Cette dernière est une discipline de la communication et du marketing, dont l’objectif pour les entreprises est de viser les consommateurs sur le web et à travers l’ensemble des médias digitaux. Aujourd’hui, la véritable question des entreprises n’est plus de savoir si elles doivent être sur Internet mais plutôt la manière dont elles doivent s’y positionner et la stratégie qu’elles doivent adopter afin de lier efficacement les médias traditionnels et les médias digitaux. 12
La communication digitale s’est considérablement généralisée et tout le monde l’utilise. D’une part, il s’agit d’un média conversationnel où l’internaute est actif dans la médiatisation des marques. C’est pourquoi, les marques ne maîtrisent plus totalement leur image. En effet, en laissant son avis ou en partageant son expérience en ligne, le consommateur contribue à faire évoluer l’image de la marque. Les internautes sont des acteurs importants dans la relation entre le consommateur et la marque, ainsi les comportements des consommateurs évoluent au point que les règles et les pratiques courantes du marché évoluent. D’autre part, la transformation digitale est souvent abordée sous l’angle des outils numériques alors qu’il s’agit aussi d’un changement au sein de l’organisation en termes de management. Le digital bouscule les modèles de managements traditionnels et hiérarchisés qui ne sont plus adaptés à l’ère du numérique. Les nouvelles générations remettent facilement en cause le système et les leaders avec Internet. En conséquence, les entreprises doivent renouveler leur type de management et donner plus de pouvoir aux équipes. La compréhension culturelle des jeunes générations et des mouvements numériques sont nécessaires pour la réussite d’une entreprise. Mais la présence de l’entreprise sur les réseaux sociaux ne suffit pas, il est également indispensable que les techniques de communication évoluent au sein de l’organisation. Les entreprises ne sont pas toujours conscientes que ces changements impliquent des opportunités de se démarquer de la concurrence. Finalement, la révolution digitale apparaît comme l’arrivée d’Internet où les entreprises vont devoir s’adapter et apprendre à vivre dans une nouvelle société du tout numérique pour pérenniser leur activité. 13
Dans les pays émergents, les progrès technologiques se sont diffusés beaucoup plus lentement de sorte qu’il existe encore de nombreuses inégalités au sein même de ces pays entre les populations pauvres et les populations riches. À l’arrivée d’Internet en 1992 en Inde, on comptait seulement 1013 internautes en Inde sur 906 461 358 habitants2 contre 34,8% d’internautes en 20163. On considère que les principaux freins à la démocratisation de l’Internet en Inde sont l’accès à l’électricité, l’absence de claviers adaptés aux langues locales et la barrière de la langue pour ce qui est du contenu présent sur Internet. Les écarts existent notamment entre les grandes et les petites et moyennes entreprises indiennes que ce soit en terme d’investissement ou de priorités stratégiques. De ce fait, les petites et moyennes entreprises indiennes n’ont pas toujours les moyens d’investir dans les derniers outils numériques ou de réaliser de prestigieuses publicités. Par ailleurs, la mondialisation offre de nouvelles opportunités en termes de développement pour toutes les entreprises mais l’adaptation interne ou externe d’une organisation implique des coûts, imposant l’entreprise à établir un budget spécifique de manière à pouvoir investir dans des moyens efficaces. Le budget est définit comme un « ensemble des recettes et des dépenses d’une entreprise, une somme dont on dispose, réservée à une dépense particulière »4. La visibilité d’une entreprise a également un coût se traduisant par les moyens de communication qu’elle utilise. La communication d’une entreprise est généralement basée sur un budget qui représente le coût de l’ensemble des actions mises en place pour atteindre les objectifs fixés. L’entreprise établit son budget selon la taille de son marché, la taille de son groupe ciblé, la phase du produit et ses atouts, son positionnement, les concurrents et son chiffre d’affaires. 2 « Inde : les chiffres clés de l’internet », Journal du Net, consulté le 21 juillet 2016 3 « India Internet Users », Internet live stats, juillet 2016 4 « Budget », définition du Dictionnaire Larousse en ligne consulté le 22 mai 2016 14
La communication est un investissement non seulement en terme d’argent mais aussi en terme de temps, sans compter que Max Weber reprend même dans une étude5 la célèbre expression de Benjamin Franklin « souviens-toi que le temps, c’est de l’argent ». En effet, lorsqu’une entreprise réalise son marketing et sa communication en interne, l’entreprise ne produit pas un travail facturable sauf si elle l’inclut dans son prix de vente. En général, les entreprises vont estimer si le temps consacré à une tâche est vraiment rentable. Elles vont rémunérer une personne pour effectuer une tâche répétitive ou peu fructueuse pour consacrer leurs heures à des activités plus rentables. Aujourd’hui, de nombreuses petites et moyennes entreprises indiennes font appel à des stagiaires non rémunérés afin d’effectuer des tâches qui semblent peu rentables au sein de la culture indienne dans des domaines qui sont pourtant jugés primordiaux dans les pays développés. De ce fait, la majorité des dirigeants Indiens vont naturellement privilégier de nombreux aspects dans leurs affaires au détriment de leur image, leur notoriété et leurs stratégies de marketing et de communication sur le plan international. Mais à l’heure du tout digital et de la forte concurrence mondiale, nous sommes en droit de nous poser la question suivante : "Comment une entreprise indienne de joaillerie peut-elle améliorer sa visibilité en France, sans budget de communication? " Nous aborderons, dans une première partie, le contexte particulier d’une petite et moyenne entreprise indienne sur le marché de la joaillerie, puis, dans une deuxième partie, nous analyserons les possibilités de mise en place d'une stratégie authentique et l’intégration d'outils digitaux. Enfin, nous conclurons ce mémoire en mentionnant quelques recommandations aux acteurs-clés identifiés dans cet ouvrage. 5 WEBER (M), « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », Paris, Plon, 1964. 15
PARTIE 1 LE CONTEXTE PARTICULIER D’UNE PETITE ET MOYENNE ENTREPRISE INDIENNE EN JOAILLERIE 16
CHAPITRE 1 : COMPARAISON DES CONTEXTES ÉCONOMIQUES ENTRE L’INDE ET LA FRANCE 1. Le contexte général À travers les réformes gouvernementales, l’Inde veut promouvoir sa culture dans le monde et se placer comme une puissance responsable. Elle dispose d’une grande marge de progression et les entreprises étrangères ne sont pas insensibles au potentiel qu’offre le marché indien. 1.1. L’Inde : la nouvelle croissance chinoise 1.1.1. Les réformes indiennes La République de l’Inde est la plus grande démocratie au monde et compte plus de 1,26 milliard d’habitants en 2015, soit 17,5% de la population mondiale. Son territoire est six fois plus grand que la France et devrait devenir le pays le plus peuplé d’ici 2025. Avant de connaître une croissance durable, le gouvernement indien a mis en place de nombreuses réformes économiques. En effet, dans les années 90, le pays a connu une libéralisation de son économie et de nouveaux secteurs d’activités ont également émergé, tels que les services informatiques. Dans les années 2000, la croissance indienne a été très élevée allant jusqu’à 9,6% en 2007. Mais la crise économique mondiale a ralenti et divisé de moitié le taux de croissance du pays entre 2011 et 2014. Depuis 2014, l’économie indienne se redresse peu à peu et l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques prévoit même une croissance du Produit Intérieur Brut de 6,8% en 20166. Selon certaines prévisions, la croissance pourrait se renforcer en 2016-2017 et l’économie indienne deviendrait la plus dynamique au monde. 6 GUÉLAUD (C), « Inde : une croissance à la chinoise », « l’Inde doit limiter les ardeurs de sa bureaucratie, continuer à combattre la hausse des prix et à réduire son déficit budgétaire, s’attaquer aux goulets d’étranglement qui freinent sa croissance, accroître la participation des femmes au marché du travail et améliorer le système de santé », le monde économie, publié le 20 novembre 2014 et synthèse études économiques de l’OCDE Inde, publié le 19 novembre 2014, par l’Organisation de coopération et de développement économiques. 17
L’objectif du premier ministre Monsieur Narenda Modi est le développement industriel national. En effet, l’économie indienne est plus diversifiée avec le développement des secteurs manufacturiers, de la construction, des investissements et de la consommation privée. Le gouvernement indien a également simplifié les procédures relatives à la création d’une activité commerciale, amélioré la productivité, réduit la bureaucratie et tenté de freiner la corruption. Par ailleurs, le gouvernement cherche à augmenter les dépenses publiques pour stimuler la croissance économique en améliorant les infrastructures liées au transport, qui est un enjeu déterminant dans la hausse de la productivité. Le premier ministre a également réussi à diminuer le déficit budgétaire passant de 6,5% en 2010 à 4% en 2015. 1.1.2. L’Inde : un pays émergent différent des autres L’Inde appartient au groupe des pays BRICS composé du Brésil, de la Russie, de la Chine et de l’Afrique du Sud, et dont les économies de chacun sont très différentes. Mais la série de réformes instaurées par le gouvernement indien, qui favorisent la trajectoire de la croissance, devraient permettre à l’Inde ne pas subir d’éventuelles menaces sur les marchés internationaux. D’une part, l’Inde se différencie des autres pays émergents d’un point de vue économique. En effet, l’Inde a longtemps été un pays protectionniste et a tendance à consacrer davantage son économie à son marché intérieur. Le pays s’est ouvert peu à peu aux échanges internationaux par la conclusion de nombreux accords de libre-échange. Ses principaux partenaires commerciaux sont l'Union européenne, les Émirats-Arabes- Unis, la Chine et les Etats-Unis. 18
Aujourd’hui, les exportations représentent 23,6% du PIB de l’Inde, et selon des experts, si l’économie mondiale reculait, les impacts n’auraient que très peu d’effet sur l’économie indienne. À l’opposé de la Russie et du Brésil, qui dépendent des prix des matières premières, et pour lesquels l’économie interne serait impactée par le ralentissement mondial. Dans le contexte économique actuel, la baisse des prix des matières premières profite davantage à l’Inde, pays importateur, qu’aux autres pays émergents. Par ailleurs, l’Inde est le seul pays BRICS à avoir augmenté la croissance de son PIB depuis 2014. Son déficit commercial a légèrement diminué, l’inflation a reculé et l’augmentation des réserves de change rendent le pays moins vulnérable à des sorties d’investissements étrangers. Cependant, depuis 2014, les exportations ont chuté en raisons d’une base industrielle peu concurrentielle et d’une plus faible demande extérieure. D’autre part, l’expert Sukumar Rajah7 affirme que l’Inde a la capacité de soutenir une croissance élevée durant les 20 prochaines années. Selon lui, la croissance durable repose sur quatre facteurs déterminants, à savoir, l’âge de la population active indienne, la productivité de la main-d’œuvre, l’augmentation des dépenses d’investissements en pourcentage du PIB et la productivité du capital. Par ailleurs, le PIB indien est comparable à celui de la Chine en 2004, mais les niveaux de richesses ont des années de retard, ce qui laisse une marge de progression en Inde. 1.1.3. L’Inde : un pays encore pauvre L’Inde reste, sous de nombreux aspects, un pays en développement. Le PIB est faible, de même que près de 25% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté dans des conditions précaires. En effet, un indien sur trois vit avec moins de 2 dollars par jour. La malnutrition concerne la moitié des enfants de moins de 5 ans et le chômage touche 7% de la population active. 7 SUKUMAR (R), Managing director et directeur de l’investissement, Franklin Local Asset Management, Actions asiatiques, « L’Inde n’est pas comme les autres pays BRIC », publié le 10 novembre, 2015. 19
1.2. Des difficultés économiques en France L’Union Européenne est l’un des principaux partenaires de l’Inde. Mais aujourd’hui, les pays développés se trouvent en difficultés économiques dues majoritairement, au chômage, à la perte de la compétitivité des entreprises et aux problèmes d’immigration. Contrairement à l’Inde, la prévision de croissance du PIB en France est seulement de 1,5% en 2016. Depuis 2014, la France n’est plus la cinquième puissance économique mondiale et peine à sortir de la crise. La consommation a permis une faible reprise de la croissance en 2015 et les entreprises ont rétabli leurs marges grâce au crédit d’impôt pour la compétitivité, l’emploi et la faiblesse de l’euro favorisant les exportations. Cependant, la montée du déficit budgétaire et de la dette publique demeurent. En 2016, un budget avait été prévu pour diminuer l’endettement mais les attentats de Paris ont compromis ces engagements en créant d’avantage de postes liés à la sécurité. De plus, la crise a engendré un taux de chômage de 10,2% de la population active et ne devrait baisser qu’à 10% en 2016. Des réformes d’envergures seront nécessaires pour réduire le déficit budgétaire, contrôler l'augmentation de la dette publique, favoriser l'emploi, améliorer la compétitivité et promouvoir le développement industriel. La France possède un fort déficit commercial, bien qu’elle soit l’une des six premières puissances exportatrices. Les importations augmentent rapidement en raison d’une marchandise importée vendue moins chère sur le marché local par rapport aux produits issus du « made in France ». Les principaux partenaires commerciaux de la France sont l'Union Européenne, les États-Unis et la Chine. 2. Le secteur de la joaillerie Le marché mondial de la joaillerie est estimé à plus de 150 milliards de dollars. La récession mondiale avait freiné le désir de bijoux chez les consommateurs mais le potentiel du marché est de nouveau relancé. De plus, les professionnels du secteur doivent faire face à des changements tant dans le comportement des consommateurs que dans l’industrie elle-même. 20
2.1. Le centre mondial indien de la joaillerie Le secteur des pierres précieuses et des bijoux représente 7% du PIB en Inde. Il s’agit de l’un des secteurs les plus dynamiques orientés vers l’exportation. Le gouvernement indien, conscient du potentiel et de la valeur ajoutée du secteur de la joaillerie, a pris diverses mesures pour renforcer les investissements, améliorer la technologie et promouvoir les compétences de la « marque Inde » sur le marché international. En raison des faibles coûts et de la disponibilité de la main-d’œuvre hautement qualifiée, l’Inde est considéré comme la place du marché mondial de la joaillerie. En effet, l’Inde est le plus grand centre de coupe et de polissage du monde pour les diamants. Selon une étude8 de la Gems and Jewellery Export Promotion Council, le pays exporte 95% des diamants du monde. Au terme de l’exercice 2014, les exportations brutes globales de pierres précieuses et de bijoux représentaient 39,9 milliards de dollars, soit une croissance de 0,43% par rapport à 2013. Concernant les importations de 2014, elles représentaient 31,5 milliards de dollars, soit une croissance de 2,65% par rapport à l’année précédente. Selon un rapport9 réalisé par Research and Markets, le marché de la joaillerie en Inde devrait croître à un taux de croissance de 15,95% entre 2014 et 2019. Le secteur de la joaillerie assiste à des changements comportementaux de la part des consommateurs, en raison notamment de l’influence du mode de vie occidental. Ils exigent plus de variétés et de nouveaux modèles or, seuls, les bijoutiers de marque sont en mesure de répondre facilement à ces nouvelles demandes. L’augmentation du revenu par habitant a généré une hausse des ventes de bijoux, sachant que le port de bijoux est un symbole de statut dans la culture indienne. Concernant les perspectives d’avenir, on estime que les grandes marques vont être de plus en plus présentes dans le secteur de la joaillerie et augmenter le potentiel de croissance. De plus, l’assouplissement des règles en matières d’importation d’or, ainsi que le faible coût des matières premières et la stabilisation du prix de l’or devraient permettre de stimuler la croissance de l’industrie locale. 8 « Rapport Export of Gems and Jewellery for April 2016 », par Gems and Jewellery Export Promotion Council, publié en avril 2016. 9 Rapport, « Jewelry Market in India 2015-2019 », par Research&Markets, publié en décembre 2014. 21
2.2. La joaillerie française : une croissance au ralenti En France, les secteurs de l’horlogerie et de la bijouterie se sont relancés lentement en 2014, avec une hausse de 1% pour un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros par rapport à l’année précédente. On enregistre également une hausse de 14% entre 2009 et 2014. S’agissant du marché français de l’horlogerie et de la bijouterie en 2014, il marque un recul des ventes de 1%. Les circuits de distribution sont également en recul soit -2% pour les bijoutiers en ville et en centre commercial et -5% pour les grandes surfaces. À l’export, l’horlogerie représente 82% du chiffre d’affaires des produits exportés contre 52% pour la bijouterie et la joaillerie. Pour l’année 2014, le chiffre à l’export a atteint les 6,4 milliards d’euros, soit une progression de 18% pour l’horlogerie et 19% pour la joaillerie. La France se classe en 8ème position pour les bijoux en or et 11ème position pour les bijoux en argent. Concernant les importations, elles représentent 6,9 milliards d’euros en 2014, soit une hausse de 9% par rapport à l’année précédente. La joaillerie progresse de 11% contre seulement 6% pour l’horlogerie. Selon le site Ecostat10, l'Inde se positionnait en tant que douzième fournisseur de bijouterie et joaillerie aux entreprises françaises, en valeur en 2011, avec seulement 1,96% de part de marché pour 36,9 millions d'euros. Les dernières comparaisons11 démontrent une progression du pays, toujours placé douzième fournisseur de la France sur le marché de la bijouterie, joaillerie et orfèvrerie, avec 154 millions d’euros en 2015. 10 « Échanges commerciaux 2013 comparaisons sectorielles », Ecostat, comité Francéclat et GTIS / Douanes de 83 pays, n°139, publié en novembre 2014. 11 « Le commerce extérieur HBJO de la France en 2015 », Ecostat comité Francéclat et IHS/ Douanes françaises, n°154, publié en avril 2016. 22
2.3. Les perspectives d’avenir dans l’industrie de la joaillerie On constate que les ventes mondiales annuelles représentent 148 milliards d’euros et devraient progresser de 5% à 6% chaque année pour atteindre 250 milliards d’euros en 2020. Aujourd’hui, les joailliers doivent s’adapter aux comportements du consommateur et être plus attentifs aux tendances qui se développent. D’après une étude12, le secteur de l’habillement permet d’anticiper et d’intégrer les évolutions du secteur de la joaillerie dans les prochaines années. Celle-ci met en avant quatre axes qui influenceront l’avenir du secteur de la joaillerie. Tout d’abord, il y a l’internationalisation des marques et la concentration de l’industrie de la joaillerie qui est principalement locale. Dans l’industrie du textile, de nombreuses marques nationales sont d’abord devenues des leaders sur le marché local avant de jouir d’une renommée internationale. Selon l’étude, certaines marques de joaillerie nationales devraient rejoindre le classement des grands noms internationaux en 2020. Avec la concentration de l’industrie, les plus grands groupes de distribution internationaux vont avoir tendance à acquérir les marques locales pour doubler leurs parts de marché. Concernant les produits de marque, il est communément admis par les professionnels du secteur que les bijoux de marque gagneront des parts de marché plus importantes en 2020 et qu’ils représenteront entre 30% et 40% du marché. Ils s’appuient sur trois types de consommateurs identifiés à savoir, les nouveaux riches, qui achètent des bijoux de marque pour afficher leur statut social, les consommateurs des marchés émergents, qui font confiance aux marques reconnues et démontrent un niveau de vie supérieur, et enfin, les jeunes consommateurs qui veulent s’affirmer. Finalement, les joailliers devront se différencier des marques par des conceptions uniques. 12 MCKINSEY&COMPANY, DAURIZ (L), REMY (N) et TOCHTERMANN, « L’industrie de la joaillerie en 2020 : un avenir aux multiples facettes », publié le jeudi 20 février 2014. 23
Actuellement la vente de bijoux en ligne représente seulement 5% du marché mais le taux diffère selon les régions, les marques et les types de bijoux. Selon les professionnels de la haute joaillerie, le taux pourrait s’élever à 10% d’ici 2020. Les clients favorisent l’achat d’article haut de gamme en magasin afin de pouvoir toucher le produit. Les ventes en ligne se développeront principalement pour les bijoux de marque à des prix abordables car les clients savent ce qu’ils achètent compte tenu du fait que les clients auront conscience de réaliser une bonne affaire. Par ailleurs, les fabricants de bijoux doivent favoriser l’utilisation des médias numériques pour communiquer de l’information, se créer une identité de marque et fonder des relations clientèle. En effet, les clients qui souhaitent acheter des produits de luxe ont déclaré dans une enquête de McKinsey, qu’ils recherchaient au préalable des informations et des conseils sur Internet et les réseaux sociaux avant de se rendre en boutique. Enfin, la consommation hybride et le mode éphémère signifient qu’auparavant la joaillerie était essentiellement réservée à des achats de type « cadeaux ». Aujourd’hui, les professionnels du secteur remarquent que les consommateurs achètent davantage de bijoux haut de gamme pour eux-mêmes. De ce fait, il n’existe plus réellement de limite entre la joaillerie et les bijoux de mode. 24
CHAPITRE 2 : INTÉGRER LES DIFFÉRENCES CULTURELLES De plus en plus convoité par les entreprises françaises, l’Inde est un pays dans lequel les différences culturelles sont nombreuses. Par conséquent, il est indispensable de les assimiler pour réaliser des affaires. 1. La notion de temps au sein de l’organisation du travail La spiritualité et la religion ont un rôle important, au travail comme au quotidien. Pour autant, ces deux facteurs ne sont pas toujours intégrés par les occidentaux. Les principales différences ont été mises en évidence dans un rapport rédigé par Marc Vilcot13, expliquant les raisons du contraste organisationnel entre les travailleurs indiens et Français. Tout d’abord, le rythme de travail est totalement différent entre les deux pays. L’idée de travailler vite pour sortir plus tôt du bureau est très répandue en France, contrairement en Inde. À titre indicatif, en France, la durée légale de travail est fixée à 35 heures par semaine, contre 45 heures en Inde mais les travailleurs sont présents entre 50 et 55 heures dans l’entreprise. Concernant la productivité, les Français sont plus concentrés sur leur travail en raison du fait qu’il y a moins d’interruptions. En France, par exemple, on abordera des discussions en mangeant avec son manager alors qu’il faudra attendre que le repas soit terminé en Inde pour aborder les sujets relatifs au travail. S’agissant de la flexibilité sur l’organisation du temps, un indien acceptera très facilement de partir en déplacement pendant trois mois chez un client car il va prendre son temps libre en fonction du travail. L’organisation du temps est faite autour de l’entreprise alors qu’en France, elle est faite autour de la vie familiale. Il est impossible de demander à un Français de remettre à plus tard ses congés pour le travail alors qu’en Inde, cette pratique est très courante. 13 VILCOT (M), « La France vu par un Indien », Com-Hom, publié le 21 mars 2014. 25
Le temps de réflexion est important en France et paraît très long du point de vue des Indiens. Pour eux, les Français ont un très haut niveau d’ingénierie mais ils réfléchissent trop avant d’agir alors qu’ils ont le budget et un bon projet pour se lancer. Mais les Français sont freinés par la peur de l’échec et cela réduit leur potentiel d’innovation, alors qu’en Inde l’échec permet d’apprendre et de réussir. En Inde, la vie sociale entre collègues en dehors de l’entreprise est très forte. Il est tout à fait habituel d’aller au cinéma ou au restaurant avec ses collègues accompagnés de la famille et des enfants. Au contraire en France, la vie sociale entre collègue se limite principalement sur le lieu de travail et il y a peu de sorties en dehors. 2. L’analyse Hofstede : les Indiens versus les Français Les indicateurs de Geert Hofstede14 permettent de mettre en avant les divergences culturelles entre les deux pays (voir figure 1 page 27). L’échelle de Hofstede classifie les pays selon cinq critères. Tout d’abord, la distance par rapport au pouvoir ou power distance (PDI) traduit la hiérarchisation de la société, plus le PDI sera élevé, plus la société sera hautement hiérarchisée. En Inde, la relation envers son manager est plus forte qu’en France. L’individualisme contre le collectivisme ou individualism versus collectivism (IDV), plus l’IDV d’un pays sera fort plus le « Je » sera important par rapport au « Nous ». Ce sont des sociétés collectivistes indiennes, où réussir ensemble est important. La relation entre collègue se poursuit également en dehors de l’entreprise. Puis l’indicateur masculinité contre la fémininité ou Masculinity versus Feminitiny (MAS), un score élevé traduira que la réussite est plus importante que le bien- être. 14 HOFSTEDE (G), psychologue social et un anthropologue hollandais. Auteur de la théorie sur les dimensions culturelles qui propose une structure systématique pour l’évaluation des différences entre nations et cultures. 26
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