Budgets Défense en baisse et consolida on de la BITDE : la quadrature du cercle

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Budgets Défense en baisse et consolida on de la BITDE : la quadrature du cercle
Budgets Défense en baisse et consolida on de la BITDE : la quadrature du cercle
  La chute préoccupante des dépenses de                                objec f chiffré de 20% des dépenses de défense consacrées
  défense en Europe                                                    à l’inves ssement est plus intéressant pour la BITD. Dans ce
  La baisse des dépenses de défense en Europe, depuis deux             débat sur les chiffres, on notera que, contrairement à une
  décennies, cons tue un risque stratégique, non seulement             idée reçue, la chute des dépenses de défense n’est que
  en entraînant la dispari on de capacités militaires essen-           marginalement un effet de la crise économique, dans la
    elles, mais aussi en fragilisant la base industrielle et techno-   mesure où la part des dépenses militaires dans la dépense
  logique de défense (BITD). Le tableau européen est contrasté         publique est devenue minime (3% dans le cas de la France).
  et permet de dis nguer trois groupes : une majorité de pays          Il s’agit donc bien d’un choix poli que (« welfare versus
  ayant réduit, parfois au-delà de 25% depuis dix ans, leur            warfare ») qui a vu la majorité des Européens jouer les
  effort de défense ; un pe t groupe (dont la France) ayant             « passagers clandes ns » en ma ère de défense et faire
  maintenu bon an mal an leurs dépenses ; un groupe encore             porter aux budgets militaires une part dispropor onnée des
  plus restreint de trois pays (Pologne, Norvège, Estonie) ayant       ajustements structurels nécessaires. On relèvera ensuite
  consen un effort significa f. On notera que ce processus               que la BITD - et la R&T en par culier – est très sensible aux
  con nue : malgré les développements géopoli ques préoc-              effets de seuil avec des décrochages brutaux et le risque de
  cupants de l’année écoulée, 21 des 28 membres de l’Otan              voir, d’une part, les groupes industriels aux ac vités duales
  ont encore réduit leurs budgets entre 2013 et 2014 !                 se re rer peu ou prou du secteur de la défense, et, d’autre
                                                                       part, des PME-ETI se trouver fragilisées et dans l’incapacité
  Alors que l’impact capacitaire est devenu flagrant (avec des
                                                                       d’autofinancer des compétences cri ques.
  pays importants comme l’Italie, l’Espagne ou les Pays-Bas
  ayant abandonné des capacités majeures et renonçant de               Parmi les pistes, la volonté de renforcer les coopéra ons
  facto à demeurer des acteurs militaires de premier rang en           capacitaires pour u liser mieux l’argent disponible s’appuie
  Europe), l’impact sur la BITD reste encore à mesurer avec            sur des ou ls ins tu onnels solides (Agence européenne de
  précision. Le décrochage face à l’industrie américaine est           défense, OCCAR, ou encore agences de l’Otan qui disposent
  presque aussi inquiétant que le ra>rapage des grands émer-           d’avantages fiscaux non négligeables) mais qui pourraient
  gents, et laisse entrevoir un paysage technologique et indus-        être u lisés de manière plus ambi euse. L’intérêt renouvelé
  triel très différent au XXIème siècle.                                de la Commission européenne pour le secteur de la défense
                                                                       pourrait se matérialiser sous la forme de crédits dédiés à la
  Le Conseil européen de décembre 2013, comme le Sommet
                                                                       recherche duale, marquant ainsi un tournant. L’idée d’une
  de l’Alliance atlan que de septembre 2014, ont été l’occa-
                                                                       consolida on nécessaire du marché européen est souvent
  sion de dresser ce constat sans appel. A quelques mois
                                                                       évoquée alors que le paysage industriel reste très éclaté, en
  d’écart, ces deux sommets ont marqué la volonté tant de
                                                                       par culier dans les secteurs armement terrestre et naval.
  l’Union européenne que de l’Otan de rechercher les voies et
                                                                       Or, ce>e consolida on ne pourra s’appuyer que sur des
  moyens de redresser une situa on préoccupante.
                                                                       programmes structurants et sur une poli que export mieux
  Que faire ?                                                          partagée.
  L’UE et l’Otan semblent donc désormais mobilisées pour               L’idée souvent évoquée de renforcer les coopéra ons trans-
  préserver les dépenses de défense, mais comment transfor-            atlan ques ne peut se réduire à l’achat sur étagère de ma-
  mer ces bonnes inten ons en décisions concrètes ?                    tériels américains. Les Etats-Unis, qui plaident, avec force et
  La volonté affichée de revenir graduellement vers la norme             à juste tre, pour une hausse des budgets de défense en
  Otan de 2% du PIB consacré à la défense est un signal ma-            Europe, devraient également s’interroger sur la nécessité de
  jeur, même si les engagements pris par les Na ons lors du            préserver une BITD européenne solide au lieu de la fragiliser
  Sommet de Newport sont bien entendu à prendre avec pru-              encore par leur agressivité commerciale.
  dence compte tenu des précédents. L’introduc on d’un
                                                                                                                    C         G
                                                                                Directeur, Fonda on pour la recherche stratégique

 ANNOPQRSO     Transforma on de la poli que de défense allemande : ruptures et perspec ves               Karl-Erik Goffinet

RWXQYPO-USZ Transforma on de DE&S : statu quo ou priva sa on « rampante » ?                              Hélène Masson

               Is there anything new to learn about armaments coopera on in Europe ?                     Richard Ford

               Saab Kockums’ maiden voyage (Part.2)                                                      Mar n Lundmark

                                                                                                         Patrick van den Ende

               Modernisa on de la défense an aérienne et acquisi on de la défense an missile             Krzysztof Soloch

               Négocia ons Climat Paris 2015 : quels impacts pour l’industrie de défense ?               Alexandre Taithe
Budgets Défense en baisse et consolida on de la BITDE : la quadrature du cercle
Transforma on de la poli que de défense allemande : ruptures et perspec ves
Au cours des dernières décennies,             les objec fs définis par le pouvoir poli-      européenne »3, quand la ministre de la
l’Allemagne a procédé régulièrement à           que. Le processus de recrutement est        Défense, Ursula von der Leyen, indi-
des adapta ons de son ou l de dé-             stabilisé. La réorganisa on du minis-         quait « l’indifférence n’est pas une
fense. L’engagement d’une nouvelle            tère fédéral de la Défense est opéra-         op on »4.
phase de transforma on à par r de               onnelle. Une revue de programmes a          Si les conséquences de ce>e inflexion
2010 cons tue la marque d’un proces-          été effectuée précisant, en par culier,        de la poli que allemande restent à
sus de changement, voire de rupture,          les objec fs de réduc on de cibles en         apprécier dans la durée, certains si-
sans précédent de la poli que de dé-          ma ère d’équipements. L’adapta on             gnaux montrent une évolu on bien
fense allemande.                              des structures et des processus d’ac-         réelle aujourd’hui.
                                              quisi on en ma ère d’armement a fait          Ainsi, la décision de livrer des arme-
Les transformations de la politique
                                              l’objet de premières décisions.               ments aux Peshmergas dans le con-
de défense allemande : une réforme
globale                                       2013-2014 : un phénomène d’accélération       texte de la lu>e contre l’Etat isla-
                                              et de rupture, la volonté d’une implication   mique, la volonté de renforcer le lea-
Ini ée en 2010 par Karl zu Gu>enberg,
                                              plus forte dans le domaine de la politique    dership coopéra f (en par culier au
précisée et mise en œuvre en 2011 par
                                              étrangère et de la défense.                   sein de l’OTAN) et la conclusion d’ac-
son successeur Thomas de Maizière, la         En 2013, la ques on de la responsabili-
réforme de la défense allemande de-                                                         cords bilatéraux avec un certain
                                              té interna onale de l’Allemagne a pris        nombre d’Etats européens parte-
vrait être complétée par Ursula von           de l’ampleur, notamment après les
der Leyen, la nouvelle ministre de la                                                       naires, visant à agréger des unités
                                              élec ons générales du 22 septembre.           opéra onnelles autour de la Bundes-
Défense nommée le 15 décembre                 Le 3 octobre 2013, le président de la
2013. Ce>e réforme couvre de nom-                                                           wehr, représentent autant d’exemples
                                              République fédérale Joachim Gauck,            concrets du mouvement amorcé par
breux aspects : militaire, stratégique,       indique, pour la première fois, qu’une
armement, et industrie.                                                                     l’Allemagne.
                                              plus grande responsabilité interna o-
2010-2012 : le réalignement de la Bundes-     nale de l’Allemagne cons tue l’un des         La politique d’armement, des chan-
wehr, pivot d’une réforme globale de la       trois grands défis à relever par le pays.      gements structurels
politique et des structures du ministère de   Il ajoute « notre Pays n’est pas une île.     L’adapta on de la poli que d’arme-
la Défense.                                   Nous ne devrions pas être dans l’illu-        ment cons tue un autre volet majeur
La suspension de la conscrip on et                                                          du processus de réforme en cours.
                                              sion que nous pourrions être épargnés
l’évolu on de la Bundeswehr vers un                                                         Jusqu’ici, l’organisa on du système
                                              par les conflits poli ques, écono-
modèle d’armée professionnalisée                                                            d’acquisi on allemand était fondée sur
                                              miques, écologiques et militaires, si
représentent les décisions les plus                                                         la primauté de l’autorité poli que et
                                              nous ne par cipons pas à leur solu-
embléma ques prises par les autorités                                                       civile sur les militaires. Depuis la réuni-
                                                on »1.
allemandes. Elles s’inscrivent dans le                                                      fica on de l’Allemagne, la réhabilita-
                                              A l’occasion de la 50ème conférence
cadre des orienta ons globales résu-                                                          on poli que d’une armée respon-
                                              interna onale de Munich, Joachim
mées ci-après :                                                                             sable a eu pour effet de rendre pro-
                                              Gauck a également précisé :
1.Disposer, à l’instar des autres                                                           gressivement plus légi me la par cipa-
                                              « l’Allemagne est un pays plus mondia-
grandes armées occidentales, d’une                                                            on des militaires aux processus d’ac-
                                              lisé que d’autres. C’est un pays qui
structure de forces moderne et profes-                                                      quisi on.
                                              profite ainsi tout par culièrement de
sionnalisée, l’objec f étant de réduire
                                              l’ouverture qui caractérise l’ordre mon-      Dans ce>e perspec ve, la réforme
le format de la Bundeswehr, de
                                              dial. Il est exposé aux dysfonc onne-         amorcée il y a quatre ans cons tue
220 000 à 185 000 hommes à horizon
                                              ments du système. C’est pourquoi les          une rupture, dans la mesure où l’ob-
janvier 2016 (soit 170 000 militaires
                                              conséquences de l’inac on peuvent             jec f est de parvenir à un meilleur
d’ac ve, et 5 000 à 15 000 volontaires
                                              être aussi graves que celle de l’ac on,       équilibre entre civils et militaires, tout
qui effectueront un service sur une
                                              parfois même plus graves encore. […]          en renforçant, à terme, la présence
période allant de 6 à 23 mois).
                                              l’Allemagne n’apportera jamais son            des militaires au sein de la nouvelle
2.Poursuivre la défla on du volume de
                                              sou en à des solu ons exclusivement           instance d’acquisi on allemande, le
personnels civils pour a>eindre, in
                                              militaires, elle agira en faisant preuve      BAAINw. Ainsi, l’ins tu onnalisa on
fine, la cible de 58 000 personnes.
                                              de bon sens poli que et exploitera tous       des « Integrated project teams », sur
3.Assurer un pilotage ministériel res-
                                              les moyens diploma ques […] L’Alle-           une base permanente et pour chaque
serré et géographiquement concentré.
                                              magne n’a pas le droit de dire « non »        grand système d’arme, devrait se tra-
4.Engager un processus de rénova on
                                              par principe ou « oui par réflexe »2.          duire par l’émergence progressive
du processus d’acquisi on afin de le
                                              De son côté, le chef de la diploma e          d’une véritable culture de la codéci-
simplifier et de l’op miser.
                                              allemande, Franck-Walter Steinmeyer           sion civile/militaire, me>ant ainsi fin à
Ces orienta ons, approuvées en 2011,                                                        certaines fric ons au sein de l’ins tu-
                                              soulignait « l’Allemagne est un trop
ont été traduites en direc ves. Leur                                                          on de défense allemande. Le 1er août
                                              grand pays pour commenter la poli-
mise en œuvre est toujours en cours.                                                        2014, la nomina on d’un officier géné-
                                                que interna onale de l’extérieur.
Depuis son lancement, le processus                                                          ral au poste de directeur na onal d’ar-
                                              […] (l’Allemagne entend être) une
d’adapta on des effec fs de la Bun-                                                          mement cons tue également un tour-
                                              source d’impulsion pour la poli que
deswehr est globalement en ligne avec                                                       nant. En outre, depuis son entrée en
                                              étrangère, de sécurité et de défense

2
fonc on, la nouvelle ministre de la          giques et perspec ve de vente de sa         Dans le domaine de la défense, la ré-
Défense, Ursula von der Leyen, a accé-       par cipa on de 46,3% dans le capital        forme globale lancée en 2010 est pro-
léré encore le processus d’adapta on.        de Dassault Avia on, telles sont les        fonde. Elle cons tue, sur de nombreux
Constat a ainsi été fait que les grands      décisions principales qui ont été an-       aspects, une rupture. Par ailleurs, le
projets d’armement ne rentraient ni          noncées à la fin du mois juillet 2014.       processus d’adapta on s’effectue sur
dans le calendrier ni dans l’épure des       De son côté, le fabricant allemand de       une base rapide, grâce à une impulsion
moyens financiers prévus. Une succes-         chars de combat et de véhicules blin-       poli que forte et à une situa on bud-
sion « d’affaires » a rompu le pacte de       dés, Krauss Maffei Wegmann (KMW), a          gétaire favorable.
confiance entre le ministère de la Dé-        signé au début du mois de juillet 2014      Néanmoins, un certain nombre de
fense et l’opinion publique ainsi que le     une le>re d’inten on avec son concur-       changements demandera du temps et
Bundestag. Enfin, la poli que, les            rent français Nexter, afin de créer          de nouveaux ajustements seront pro-
structures et les processus d’acquisi-       courant 2015 une société commune            bablement nécessaires à l’instar, par
  on doivent être adaptés aux nou-           dénommée « KANT ». Si le processus          exemple, de l’élabora on, le moment
velles exigences de l’environnement.         de consolida on semble amorcé, il           venu, d’un nouveau référen el straté-
Afin de remédier aux probléma ques            devrait connaître quelques soubre-          gique (Livre Blanc). Par ailleurs, le dé-
ainsi posées, des réflexions ont été          sauts et atermoiements, conséquences        bat entre les différentes forma ons
lancées par Ursula von der Leyen. Ces        notamment des posi ons exprimées            poli ques allemandes risque de se
dernières ont abou , au début du mois        de manière récurrente, depuis six           poursuivre ac vement, comme l’a>es-
d’octobre 2014, à des premiers résul-        mois, par le ministre fédéral de            tent les discussions en cours rela ves à
tats dans le domaine de l’audit des          l’Economie, et par ailleurs chef de file     l’engagement des forces allemandes
principaux programmes d’armement             du SPD, Sigmar Gabriel.                     dans certaines zones d’opéra on, à
et de l’évalua on des technologies
                                             En effet, ce dernier défend les trois        l’état des capacités de la Bundeswehr
cri ques. Des orienta ons poli ques
                                             axes principaux suivants : restreindre      ou encore à l’évolu on de la poli que
plus précises devraient s’ensuivre,
                                             les exporta ons allemandes d’arme-          en ma ère d’exporta on.
notamment s’agissant de la maîtrise
                                             ment (« les perspec ves de l’industrie
du coût des programmes et de l’amé-                                                      Tout aussi déterminante est l’évolu on
                                             allemande de défense ne dépendent
liora on de la disponibilité opéra on-                                                   du rapport de l’Allemagne à l’Europe.
                                             pas seulement de l’export, et certaine-
nelle des équipements.                                                                   Au cours de ces cinquante dernières
                                             ment pas de l’export vers la péninsule
                                                                                         années, une par e de la poli que alle-
En nommant le Dr Katrin Suder au             arabique »6), consolider l’industrie de
                                                                                         mande a reposé sur son imbrica on
poste influent de secrétaire d’Etat à         défense allemande7 et développer des
                                                                                         étroite avec la poli que européenne.
l’armement, Ursula von der Leyen a           partenariats européens8 (« l’industrie
                                                                                         Plus que jamais aujourd’hui, le main-
une nouvelle fois démontré sa volonté        allemande a besoin de consolida on
                                                                                           en de l’ancrage de ce>e poli que sur
de réforme et de changement. Les             sous la forme de partenariats euro-
                                                                                         des bases véritablement équilibrées
chan ers rela fs à la préserva on des        péens. Cela n’a pas de sens pour l’Eu-
                                                                                         avec ses partenaires européens repré-
compétences cri ques, l’innova on, la        rope d’avoir différentes entreprises qui
                                                                                         sente une dimension réellement stra-
consolida on industrielle et les capaci-     fabriquent les mêmes systèmes d’ar-
                                                                                         tégique pour l’avenir.
tés devraient figurer au cœur des pré-        mement »).
occupa ons de la nouvelle secrétaire                                                     A court terme, cinq dossiers devraient
                                             Le sujet export est par culièrement
d’Etat, qui a déjà indiqué que l’Alle-                                                   présenter un intérêt par culier dans le
                                             sensible. Un bras de fer a été engagé
magne avait besoin d’une « industrie                                                     domaine de la poli que d’armement
                                             par l’industrie allemande de défense,
de défense 4.0 »5.                                                                       et de l’industrie :
                                             très dépendante de l’exporta on. La
                                             plupart des grands responsables indus-      L’évolution du rapport à la coopération
L’industrie de défense allemande au                                                      Si l’Allemagne a été un acteur moteur
milieu du gué                                triels sont sor s de leur réserve. Ainsi,
                                             selon Armin Papperger, président de la      de la coopéra on européenne en ma-
Le changement de format de la Bun-                                                         ère d’armement au cours des qua-
deswehr, les exigences nouvelles en          principale associa on industrielle de
                                             défense et de sécurité (BDSV) : « une       rante dernières années, lors des
ma ère de compé vité, la préfigura-                                                       phases préparatoires de la réforme de
  on d’une nouvelle poli que capaci-         réduc on des commandes na onales
                                             conjuguée à une poli que restric ve en      la Bundeswehr, des cri ques sévères
taire, le renforcement de la compé -                                                     ont été faites concernant la ges on de
  on interna onale représentent des          ma ère d’exporta on pourrait con-
                                             duire l’industrie allemande à délocali-     certains programmes menés en coopé-
facteurs suscep bles d’inciter l’indus-                                                  ra on. Les prochaines décisions du
trie allemande à amorcer une nouvelle        ser sa produc on à l’étranger »9. Des
                                             réunions de concerta on entre le mi-        ministère de la Défense dans le do-
phase d’adapta on.                                                                       maine capacitaire cons tueront un
                                             nistère de l’Economie et de l’Industrie
C’est ainsi que, dès fin 2013, le groupe                                                  signal par culièrement important
                                             sont organisées actuellement.
Airbus a ini é un processus de restruc-                                                  quant à la posture future de l’Alle-
tura on (revue stratégique) de sa divi-      Perspectives                                magne.
sion Défense et Espace. Développe-           Par ce>e volonté affirmée d’une impli-
                                                                                         La politique industrielle
ment de ses ac vités autour de quatre        ca on plus forte dans le domaine de la
                                                                                         Officiellement, le ministère de la Dé-
secteurs clés (espace, aéronau que           poli que étrangère et de la défense,
                                                                                         fense allemand n’exerce pas de poli-
militaire, missiles et services associés),   l’Allemagne ouvre indiscutablement
                                                                                           que industrielle revendiquée comme
cession de certaines filiales non straté-     une nouvelle page de son histoire.
                                                                                         telle dans le domaine de la défense.

                                                                                                                                3
Dans la réalité, la situa on est diffé-          Bundeswehr, conjugué aux évolu ons        Face à ces défis, l’heure devrait être à
rente étant donné que le développe-             décrites ci-dessus devrait ouvrir une     la relance de la coopéra on entre la
ment d’une poli que de filières a fait           nouvelle phase de ra onalisa on et        France et l’Allemagne, et ce, au moins
l’objet, sur certains segments, d’une           d’adapta on de l’industrie allemande      dans trois direc ons :
a>en on croissante de la part des               de défense. Néanmoins, un certain         >>Tout d’abord, une volonté poli que
pouvoirs publics allemands (spa al,             nombre d’incer tudes ne sont pas          commune forte est indispensable. Elle
aéronau que…). De surcroît, l’échec             encore levées, lesquelles touchent        devrait reposer sur l’imbrica on
du rapprochement entre EADS et BAE              aussi bien aux compétences essen-         étroite de trois facteurs : une vision
Systems a favorisé la prise de cons-              elles que l’Allemagne entend conser-    dynamique partagée, une confiance
cience de la nécessité d’ajustements            ver qu’à l’évolu on de sa poli que        mutuelle et des projets concrets.
structurels dans les rela ons exis-             d’exporta on ou encore à ses orienta-
                                                                                          >>Ensuite, la revitalisa on du dialogue
tantes entre l’Etat fédéral et l’indus-           ons en ma ère de programmes et de
                                                                                          stratégique est nécessaire. Elle devrait
trie. Enfin, le débat sur le main en des         capacités.
                                                                                          reposer notamment sur de nouvelles
capacités dites « essen elles » s’est           D’autres facteurs pèsent sur son évolu-   ingénieries plus efficaces en ma ère
développé autour de l’idée que l’Alle-            on. En effet, la fragmenta on de         d’échanges et de coopéra ons qui
magne avait un intérêt stratégique à            certains segments, la diversité des       s’imposent de plus en plus pour élabo-
iden fier clairement les compétences             formes de l’ac onnariat industriel et     rer des stratégies communes nou-
et les technologies qu’elle entendait           la dispersion des centres de pouvoir      velles.
préserver sur un plan na onal.                  industriel sont autant d’aspects sus-
                                                                                          >>Enfin, un nouvel élan devrait être
Les capacités                                   cep bles de cons tuer des freins à son
                                                                                          apporté aux industries stratégiques.
L’intensifica on du débat autour des             adapta on. Ceci étant, la nécessité
                                                                                          Sur ce sujet, l’absence de projets
capacités allemandes disponibles pour           d’engager une nouvelle étape du pro-
                                                                                          communs suffisamment ambi eux fait
les opéra ons devrait augmenter la              cessus de consolida on de l’industrie
                                                                                          cruellement défaut, notamment dans
pression au niveau poli que sur le              de défense en Europe pourrait favori-
                                                                                          le domaine de l’armement. Or, des
résultat des travaux rela fs à l’audit          ser la ra onalisa on de l’industrie
                                                                                          opportunités existent sur de nombreux
des principaux programmes d’arme-               allemande. Dans ce>e perspec ve, les
                                                                                          segments technologiques, offrant une
ment ainsi que sur l’évolu on des               opéra ons de cessions annoncées par
                                                                                          perspec ve à la France et à l’Alle-
structures et des processus d’acquisi-          le groupe Airbus pourraient accélérer
                                                                                          magne d’apparaître aux avants postes
  on. Les décisions poli ques qui pour-         certaines discussions, en par culier
                                                                                          de la défense du futur.
raient en découler, en par culier sur           dans les secteurs terrestre, naval et
les aspects qui perme>ront de corriger          électronique.                             Sans tarder, l’Allemagne et la France
un certain nombre de dysfonc onne-                                                        doivent dépasser leurs égoïsmes na o-
ments (coût des programmes, délais,
                                                L’évolution des relations avec la         naux afin de retrouver le chemin d’une
contrôle et suivi qualité, disponibilité
                                                France                                    ambi on commune au service de
opéra onnelle…), devront faire l’objet          Pendant trois décennies, des années       l’Europe.
d’une a>en on par culière.                      70 au début des années 2000, la poli-
                                                  que de défense a représenté un axe
La politique d’exportation                                                                                 K     -E    G
Le dossier rela f à l’évolu on de la            structurant de la coopéra on franco-
                                                allemande. Volets poli co-stratégique                    K.E.G Stratégie Conseil
poli que d’exporta on allemande sera                                                                         Consultant associé
par culièrement important à suivre au           (concept PESD 1996), militaire
                                                (créa on de la BFA), équipements                   Pôle Défense&Industries, FRS
cours des prochains mois. En effet, une
confirma on de la poli que de restric-           (espace, missiles, hélicoptères…) ou
  ons en ma ère d’exporta on d’arme-            encore industrie (créa on d’EADS), les
ment, voulue par Sigmar Gabriel, pour-          succès furent nombreux.
rait avoir des répercussions sur l’indus-       Cependant, en l’espace de dix ans, le
trie allemande (ac vités, emplois,              volontarisme poli que des deux pays
adapta on / consolida on) mais égale-           s’est essoufflé, les incompréhensions
ment sur l’industrie européenne.                se sont développées dans tous les
D’ores et déjà, un certain nombre de            domaines et le niveau de méfiance
sociétés européennes, françaises no-            s’est renforcé. En un mot, le moteur
tamment, sont pénalisées par ces res-           de la rela on stratégique bilatérale
tric ons unilatérales, étant donné que          est grippé.
des programmes intégrant des compo-             Ce>e situa on intervient à un moment
sants ou des sous-ensembles produits            par culièrement inopportun. En effet,
par des fournisseurs allemands font             les menaces n’ont jamais été si nom-
actuellement l’objet d’un veto alle-            breuses et diverses. De surcroît, le
mand à l’exporta on.                            besoin de solidarité à l’échelle des
La direction stratégique de l’industrie alle-   pays européens n’a jamais été aussi
mande de défense                                grand, notamment dans le domaine
Le processus de réalignement de la              des opéra ons.

4
Transforma on de DE&S : statu quo ou priva sa on « rampante » ?
Variations en Ré mineur                    2012, Na onal Security through Tech-       neering) et du Na onal Nuclear Labo-
Alors que la ques on de l'évolu on du      nology : Technology, Equipment and         ratory.
statut de la DGA en France s'est un        Support for UK Defence and Security        (2) un organisme public associé à un
temps (très court) posée, outre-           (NST), étaient annonciateurs d'un tel      partenaire stratégique en charge de la
Manche, le gouvernement britannique        durcissement, dans un contexte de          ges on des projets et des infrastruc-
conduit à marche forcée une vaste          décroissance des ressources budgé-         tures (Execu ve non-departmental
réforme des structures en charge de        taires et d'assainissement des finances     public body) tel l'Olympic Delivery Au-
l'acquisi on et du sou en des équipe-      publiques. Phillip Hammond, alors au       thority.
ments des forces armées, au premier        poste de Secretary of State for De-        (3) un Trading Fund (établissement
rang desquelles la Defence Equipment       fence (remplacé en juillet 2014 par        public à caractère commercial) sur le
& Support Agency (DE&S). Fruit en          Michael Fallon), plaide ainsi pour une     modèle du Defence Science and Tech-
2007 de la fusion de la Defence Procu-     évolu on radicale de la culture et des     nology Laboratory (DSTL).
rement Agency (DPA) et de la Defence       pra ques à l'œuvre au sein de DE&S,        Malgré les cri ques et les doutes ex-
Logis c Organisa on (DLO), la créa on      une en té qui aura été le chef d'or-       primés par nombre de parlementaires,
de DE&S devait perme>re une meilleure      chestre, sur la période 2005-2010,         militaires de haut rang et industriels,
maîtrise des coûts complets de posses-     d'une poli que d'acquisi on marquée        face aux risques de voir un prestataire
sion, une fluidifica on du processus de      par une mul plica on d’accords de          privé non britannique reprendre les
décision et une refonda on des rela-       partenariats avec les principaux four-     missions de l’actuelle DE&S, c'est bien
  ons MoD/Fournisseurs. Depuis ce>e        nisseurs des forces armées britan-         l'op on GOGO qui est retenue. Large-
date, et au gré des (ré)orienta ons        niques et par la no fica on de con-         ment défendue par Philip Hammond et
gouvernementales         (gouvernement     trats long terme sans mise en concur-      Bernard Gray, ce>e op on (qui aurait
travailliste jusqu'aux élec ons géné-      rence. Avec la NST 2012, le principe de    représenté une première mondiale...)
rales de mai 2010, puis gouvernement       best value for money gouverne à nou-       n'a pu finalement se concré ser au
de coali on, Conservateur et Libéral-      veau la stratégie d'achats d'équipe-       grand dam de ses plus fervents défen-
démocrate, conduit par David Came-         ments du MoD, comme ce fut le cas à        seurs. Le résultat du processus de
ron), DE&S n'aura jamais cessé sa mue,     la fin des années 1990 (Smart Acquisi-      consulta on (juillet-novembre 2013),
au point de voir son effec f fondre en        on). Achats sur étagère, ouverture       censé abou r à la sélec on d’un parte-
sept ans, passant de 29 000 personnes      des appels d’offres à la concurrence        naire privilégié, aura donné raison à
à 12 500 mi-2014. Transferts d'en tés      interna onale, remise en cause d'une       ses détracteurs. Les trois consor a
et de personnels, et non renouvelle-       poli que industrielle et technologique     censés présenter une offre se sont
ment de postes expliquent une telle        sur une base sectorielle (hors nu-         tous avérés pilotés par des groupes
décroissance. Les derniers mouve-          cléaire, missiles, cyber et technologies   étrangers, américains en l'occurrence
ments en date (2013/2014) ont ainsi        liées à la fur vité), développement de     (Bechtel, CH2MHill, et KBR). De plus,
concerné quelques 3 600 employés de        solu ons avec des Etats partenaires,       deux d'entre eux sont sor s prématu-
l'organisa on : 2 000 d'entre eux rele-    conquête des marchés export, le gou-       rément de la compé on en raison de
vant des Informa on Systems and            vernement Cameron imprime sa               l’existence de conflits d’intérêt ou de
Services transférés vers le nouveau        marque.                                    li ges en cours dans le cadre de plu-
Joint Forces Command, 1 000 per-                                                      sieurs marchés publics.
                                           Central government trading entity,
sonnes employées sur les bases na-                                                    Le 10 décembre 2013, Philip Ham-
                                           un schéma inédit
vales vers le Navy command, et 600                                                    mond a officiellement annoncé aux
                                           DE&S essuie un feu nourri de cri ques,
personnes du Commercial Staff repris                                                   membres du Parlement l’abandon de
                                           pointée du doigt pour son incapacité à
par l'administra on centrale du MoD.                                                  l’op on de transforma on de DE&S en
                                           assurer un contrôle des coûts des pro-
2 000 employés supplémentaires de-                                                    GOCO, faute de compé teurs. Ce>e
                                           grammes et pour ses difficultés à
vraient encore sor r du périmètre de                                                  dernière deviendra finalement une
                                           appréhender correctement le coût du
DE&S, dans le contexte d'un nouveau                                                   « central government trading en -
                                           MCO alors que ce poste devrait repré-
plan de transforma on (2014-2017).                                                    ty » (et non un « trading fund » pour
                                           sentait 87 G£ sur les dix prochaines
Il ne s'agit plus seulement de redécou-    années, soit la moi é des dépenses en      des raisons légales). Mais, comme a
per et ra onnaliser les différentes         équipement. Bernard Gray, Chief of         tenu à le rappeler le ministre de la
structures du MoD, leurs missions et       Defence Materiel, est dès lors chargé      Défense, ce n'est que par e remise,
leurs effec fs, ce>e nouvelle étape de      d'évaluer les op ons envisageables         l'op on GOCO reste toujours ouverte
la réforme de l'acquisi on est portée      pour une priva sa on de DE&S. Trois        et son réexamen dans les mains du
par une logique clairement libérale,       pistes s'offrent à lui:                     prochain gouvernement, suite aux
qui présuppose que le secteur privé        (1) un GoCo (Government-owned,             élec ons générales de 2015.
est plus efficace et performant qu'une       Contractor-operated), équivalent d’un
en té publique. La Strategic Defence                                                  Une manne pour les prestataires
                                           établissement public géré par un sous-
and Security Review (SDSR) publiée en                                                 privés
                                           traitant privé sur le modèle de l'Atomic
octobre 2010, puis la Defence Reform                                                  Désormais effec f depuis le 1er avril
                                           Weapons Establishment (consor um
Review de juin 2011, et surtout le Livre                                              2014, ce changement de statut de
                                           Serco, Lockheed Mar n, Jacobs Engi-
blanc sur les équipements de février                                                  DE&S doit lui perme>re de se rappro-

                                                                                                                           5
DE&S 2014-2017                     nous retrouvons les sociétés s'étant          a>rayantes pour les prestataires pri-
Mai 2014, paru on de deux documents de          déjà alignées lors du processus avorté        vés.
cadrage, Framework Document et DE&S             de transforma on de DE&S en GOCO
Corporate Plan 2014-2017, détaillant le                                                       DE&S mais aussi le DSG, la DIO, le
                                                (Atkins, Bechtel, CH2M Hill, Deloi>e,
type de gouvernance, le financement, la                                                        Marchwood Sea Mounting Centre....
                                                Jacobs, KBR, McKinsey, URS, Accen-
feuille de route et les objec fs clés à hori-                                                 Le Defence Support Group (DSG), no-
                                                ture, Deloi>e, Ernst & Young, PA Con-
zon 2017.                                                                                     tamment sa branche d'ac vités en
                                                sul ng, PwC, etc.).
Budget opéra onnel (annuel) : 1.3 G£                                                          charge du MCO et du support en ser-
Budget Acquisi on et sou en des équipe-
                                                Le WP1- Project Delivery, le plus sen-        vices des véhicules, armes et systèmes
ments des forces armées britanniques            sible et le plus directement lié à la         de communica on de l'armée de terre
[Equipment Programme] : 14.8 G£ sur la          mission première de DE&S, celle de            britannique, fait par e des cibles po-
période 2014/2015 (6.5 G£ pour l’acquisi-       l'acquisi on d'équipements, est large-        ten elles. Le processus de priva sa on
 on, 8.3 G£ pour le sou en) ; 164 G£ au         ment cri qué dans sa forme par les            devrait abou r à horizon mars 2015. Il
cours des dix prochaines années.                industriels principaux fournisseurs des       n'est pas exclu que le MoD dé enne
Evolu on des effec fs : 21 300 en 2010,          forces armées. Divisé en 4 lots pour les      une "ac on spéciale", voire une par e
18 000 en 2012, 12 500 en 2014, 10 000          4 domaines Land, Fleet, Air et Joint
objec f 2015.
                                                                                              du capital de la future entreprise. La
                                                Enablers, il est prévu qu'un prestataire      Defence Infrastructure Organisa on
                                                ne pourra pas remporter plus de deux          (DIO) est également concernée. Res-
cher d'un mode de ges on et de fonc-            lots, pour des ques ons de monopole           ponsable de la ges on des services et
  onnement proche du secteur privé. A           de marché.                                    du patrimoine foncier des forces ar-
une nouvelle gouvernance, largement             Or, pour des groupes comme BAE                mées britanniques (casernement, loge-
inspirée des pra ques de gouverne-              Systems, maître d'œuvre de pro-               ments, camps d’entraînement, bases
ment d'entreprise des sociétés britan-          grammes relevant de différents do-             aériennes, entrepôts, sites de forma-
niques (voir Focus p.9), Bernard Gray,          maines, ce montage complexe est                 on et d'entraînements, entre ens,
désormais aux commandes en tant                 suscep ble de résulter en une mul pli-        services), la DIO est désormais con-
que CEO, ob ent des marges de ma-
                                                >>WP 1 Project Delivery                       duite et gérée par le groupe privé bri-
nœuvre substan elles pour l'ensemble            En avril 2014, envoi d'une invita on à sou-   tannique Capita, en partenariat avec
des aspects liés à la ges on du person-         me>re une proposi on à 8 sociétés (Atkins,    URS et PA Consul ng, un consor um
nel, du recrutement à l'intéressement           Bechtel, CH2M Hill, Deloi>e, Jacobs, KBR,     sor vainqueur d'une compé on
(dont 25 postes de hauts cadres diri-           McKinsey et URS).
                                                                                              l'ayant opposé à TelerealTrillium/
geants à un niveau de salaire dépas-            En 4 lots- pour les 4 domaines Land, Fleet,
                                                Air et Joint Enablers- d'un montant de 200    KPMG/Mace et Serco/DTZ/Bechtel. En
sant le plafond classique fixé par le HM
                                                M£ à 400 M£, 3 ans +1an +1 an)                juin 2014, Capita Group, le nouveau
Treasury), à la sollicita on de consul-
                                                >>WP 2 Finance/Management and Infor-          Strategic Business Partner (SBP), s'est
tants externes, jusqu'à la suppression
                                                ma on/IT                                      ainsi vu no fier un contrat d'environ
de postes redondants, tant que ses
                                                Le moins avancé avec un appel d'offre lancé    400 M£ pour une période de dix ans.
décisions respectent l'enveloppe glo-
                                                d'ici fin 2014.                                Pour le ministre britannique de la Dé-
bale allouée. Ce dernier es me ainsi            Montant es mé : entre 50 M£ et 200 M£         fense, ce>e priva sa on a notamment
que 400 postes à haute valeur ajoutée
                                                >>WP3 Human Resources                         pour objec f d'améliorer la ges on des
seraient non pourvus, en raison de              Une Invita on to Nego ate a été communi-      nombreux contrats en PFI suivis par la
condi ons d’entrée peu a>rac ves. A             quée à 5 sociétés (Accenture, Deloi>e,        DIO, es mant à quelques 300 M£ par
défaut d'un partenaire privé unique en          Ernst&Young, PA Consul ng et PwC).
                                                                                              an les économies poten elles. Enfin,
charge de reprendre les missions de             Montant es mé : entre 20 M£ et 100 M£,
                                                                                              comme envisagé dans la SDSR 2010, le
DE&S, l'heure est désormais aux Ma-             sur 42 mois.
                                                                                              port base des navires de la Royal Fleet
naged Service Providers (MSP), presta-
                                                                                              Auxiliaries et du Royal Logis cs Corps
taires privés censés, selon Bernard             ca on d’interlocuteurs, un manque de          (Marchwood Sea Moun ng Centre,
Gray, apporter à l’organisa on des              communica on entre MSP, des ten-              Hampshire), devrait passer sous ges-
compétences internes manquantes et              sions exacerbées liées à l'obten on             on privée à compter de 2016, un
insuffler une nouvelle dynamique in-              des crédits et à la fixa on des priorités,     modèle adopté depuis plusieurs an-
terne basée sur la performance. Rap-            avec en filigrane un vrai ques onne-           nées pour le management des princi-
pelons que le MoD dépense déjà an-              ment quant à la maîtrise des coûts et         pales bases navales britanniques.
nuellement 400 M£ auprès de cabinets            des délais, pourtant pierre angulaire
de consultants pour des presta ons de           du processus de réforme en cours. En          Defence Growth Partnership
sou en technique (via le programme              revanche, du point de vue des entre-          L’améliora on de la compé vité des
cadre Framework Agreement for Tech-             prises prestataires de services et des        industries de défense doit répondre à
nical Support).                                 cabinets de conseil et d'audit, ces mar-      la transforma on en cours de DE&S en
Le second semestre 2014 voit ainsi              chés représentent une véritable               un « acheteur intelligent ». Tel est le
trois appels d'offre ini és en parallèle,        manne, d'autant que la transforma on          cap fixé par Philip Dunne, Minister for
portant chacun sur un Work Package              de DE&S ne représente qu'une oppor-           Defence Equipment, Support and Tech-
(WP) spécifique : WP 1 Project Delive-           tunité de marché parmi d'autres. La           nology (Min(DEST)), et le fondement de
ry, WP 2 Finance/Management and                 priva sa on d'autres en tés du MoD,           l’ini a ve Defence Growth Partnership
Informa on/IT, WP3 Human Re-                    ce>e fois-ci actée et bien réelle, offre       (DGP) lancée en septembre 2013 sur le
sources. Parmi les soumissionnaires,            de nouvelles perspec ves, tout aussi          modèle de l’Aerospace Growth Part-

6
nership (AGP) dans l’aéronau que civil.    les technologies de rupture et le déve-            Liaison Board sera en charge de cibler
Forum gouvernement/entreprises co-         loppement des compétences cri ques.                les zones export nécessitant la mobili-
présidé par le Minister of State for       Avec des industriels par es prenantes,             sa on de ressources supplémentaires.
Business and Enterprise (Michael Fal-      le DSC se présente comme un « pre-                 Dans le cadre d’une interview parue
lon, puis Ma>hew Hancock suite au                                                             dans FORCE India, à la ques on por-
remaniement ministériel de juillet             DGP et implica on des industriels              tant sur l’éventuelle implica on d'Etats
2014), et un industriel, Steve Wadey,      8 groupes de travail : Air Capabili es, Intelli-     ers au sein du DGP, Philip Dunne a
Managing Director de MBDA UK, le           gent Systems, Interna onal Business, Tech-         précisé que ce>e ini a ve Etat/
DGP a vu son mandat et le périmètre        nology & Enterprise, Skills, Value Chain           Industries était suscep ble de créer un
de son ac on fixés dans le document         Compe veness, Engagement, Strategy,                contexte favorable à l’établissement
                                           pilotés par des industriels, respec vement,
stratégique Securing Prosperity – a                                                           de liens de coopéra on armement, en
                                           BAE Systems, Thales UK, Finmeccanica UK,
strategic vision for the UK Defence        SEMTA, Marshall, Rolls Royce, et MBDA UK.          intergouvernemental et en interindus-
Sector1. Rappelant l'originalité de ce>e                                                      triel : « The other aspect is to showcase
                                           Le plan d’ac on totalise dans sa sec on
démarche et l'implica on directe des       « Industry Commitment » la signature des           the capabili es of the UK industry’s
principaux fournisseurs des forces         16 industriels suivants : Airbus Group, At-        supply chain to prime contractors from
armées britanniques, le Min(DEST)          kins, Babcock, BAE Systems, Cobham, Fin-           other countries who might want to
souligne ainsi « the flip side of increa-   meccanica UK, General Dynamics UK, HP              approach the European or wider inter-
sed compe on for industry is that you      Defence UK, Lockheed Mar n UK, Marshall            na onal market. For example, Indian
must become leaner. Concentra ng on        Aerospace&Defence Group, MBDA UK,                  contractors could get the informa on
areas of compe ve advantage and            Qine Q, Raytheon UK, Rolls Royce, Serco,           on the UK industry’s supply chain
                                           Thales UK ainsi que l'associa on des indus-
focusing on exportability. [...] And                                                          through DGP and determine for them-
                                           triels de la défense ADS.
that’s where the Defence Growth Part-                                                         selves which company or group of com-
nership comes in. It is aimed at driving                                                      panies they would like to work with.
a collabora ve and export-focused          compe ve collabora ve space ». En                  This would facilitate access to our mar-
approach. Underpinned by more pri-         outre, le DGP rappelle la priorité don-            ket, and poten ally collabora vely into
vate investment in R&D »2.                 née au lancement d'études sur les                  other European markets through UK »4.
Deux domaines sont ciblés comme            thèmes Future of Unmanned Air Sys-                 Le DGP soulève toutefois nombre de
prioritaires : l’aéronau que militaire     tems et Synthe c Opera onal Training.              ques ons rela ves aux objec fs pour-
qui représente 82% des exporta ons         Par ailleurs, Portsmouth a été privilé-            suivis, moyens mobilisés, rôle de DE&S
britanniques en équipements de dé-         gié pour l’installa on d’un nouveau UK             et des autres en tés du MoD, implica-
fense, et les systèmes intelligents        Centre for Mari me Intelligent Sys-                  on des PME, ou encore contribu on à
(logiciels, électroniques, intégra on      tems (CMIS). Ce dernier bénéficiera                 la future SDSR 2015. Plus globalement,
système). D'autres probléma ques           d’un co-financement ini al de 4 M£                  si le processus de réforme en cours
sont mises en exergue, en par culier,      (gouvernement, industrie et Local                  relève de la sphère na onale, il peut
l’exploita on des droits de propriété      Enterprise Partnership). Il est ainsi              également représenter un facteur
intellectuelle, le développement des       ques on d’ini er un programme de                   d’incer tudes supplémentaire pour les
compétences et des savoir-faire, ainsi     démonstrateur de système autonome                  Etats engagés avec le Royaume-Uni
que le suivi de la supply chain. Parmi     naval (de surface, et sous-marin), une             dans des programmes en coopéra on.
les priorités court terme du DGP figure     démarche ensuite étendue aux sys-                  A défaut d’échanges sur les dyna-
la publica on d'un plan d’ac on à          tèmes de mission dans les domaines                 miques à l’œuvre outre-Manche et les
des na on du secteur industriel de la      aéronau que et armement terrestre.                 principes qui sous-tendent le modèle
défense.                                   Le CMIS par cipe de la reconfigura on               adopté, le risque est grand de voir le
                                           et du reposi onnement des capacités                fossé se creuser entre les systèmes
In tulé Delivering Growth. Implemen-
                                           industrielles et technologiques sur la             d’acquisi on des Etats membres de
  ng the strategic vision for the UK
                                           zone, dans un contexte de restructura-             l’UE (divergences en ma ère de struc-
Defence Sector3, ce plan d'ac on con-
                                             on des ac vités navales de surface de            tures, procédures et pra ques na o-
solide les recommanda ons établies
                                           BAE Systems (voir Focus p.9).                      nales), ba>ant dés lors en brèche les
par huit groupes de travail, chacun
cons tué de représentants éta ques,        De plus, confronté à une pénurie de                tenta ves d’harmonisa on au niveau
académiques, industriels et associa-       compétences dans les mé ers d'ingé-                européen.
  ons professionnelles. Présenté à l'oc-   nieurs, le programme Defence Appren-                                     H        M
casion du Salon Farnborough de juillet       ceship Trailblazer entend atrer da-                                Maître de recherche
2014, il introduit quelques premières      vantage d'étudiants vers les disciplines                     Pôle Défense&Industries, FRS
mesures qui se traduiront par un in-       scien fiques et technologiques. Enfin,                            h.masson@frstrategie.org
ves ssement de 30 M£ sur les trois         la dernière mesure embléma que
prochaines années, cofinancés par le        porte sur le sou en export. Le DGP
gouvernement et les industriels. Ainsi,    propose un renforcement du staff de
d'ici mi 2015, un UK Defence Solu ons      UKTI Defence & Security Organisa on
Centre (DSC) sera créé à Farnborough.      (UKTI DSO) ainsi que la mise en place
Ce>e nouvelle en té devra guider les       d'équipes conjointes UKTI/Industries
futures décisions d'inves ssement, par     localisées sur les marchés exports clés.
l'établissement de feuilles de route sur   D’ici fin 2014, un UKTI DSO Industry

                                                                                                                                     7
Nouvelle gouvernance de DE&S                                  Single Source Regulations Office (SSRO)
Le Secretary of State for Defence demeure responsable           La ra onalisa on des structures en charge de l’acquisi on et de
devant le Parlement des aspects liés à la performance           la ges on des programmes devra conjuguer réduc on des effec-
globale de DE&S, quant le Min(DEST) « has day-to-day              fs sur des domaines non stratégiques et embauche d’experts
ownership ».                                                    techniques et acheteurs senior (aux salaires revalorisés) à même
Le Chief of Defence Materiel assure les fonc ons de CEO         de renforcer la capacité de négocia on du MoD face à ses four-
(Chief execu ve officer) et Accoun ng officer. Il est de            nisseurs, à travers la montée en puissance du « Single Source
facto responsable devant le Parlement de la bonne ges-          Regula ons Office » (SSRO).
  on des ressources par DE&S et du respect des objec fs         En mai 2014, dans le cadre du Defence Reform Act 2014, la
de performance. Il bénéficiera pour ce faire d'une               SSRO a ainsi été créée afin d'assurer un meilleur suivi et contrôle
équipe exécu ve de 5 personnes : un Director General            des contrats no fiés sans mise en concurrence. En effet, l’usage
Resources (Chief Finance Officer) et les quatre Chiefs of         de procédures non compé ves reste de mise. En 2013/2014,
Material for Fleet, Land, Air et Joint Enablers.                56% des nouveaux contrats étaient passés à l’industrie sans
Créa on d'un Owner’s Council et d'un DE&S Board. Le             mise en concurrence ; une part élevée mais en décroissance
premier se présente comme un comité interne au MoD,             (72% en 2009/2010). C’est ainsi que 96% des paiements du MoD
présidé par le Min(DEST), et ayant pour mandat de               vers Rolls Royce l’ont été par le biais de mécanismes non con-
suivre et d'évaluer pour le compte du MoD les ac ons            curren els, une propor on également aussi élevée pour Fin-
de DE&S. Le second sera composé de membres non                  meccanica (94%), Qine Q (92%), BAE Systems (89%), ou encore
exécu fs et piloté par un Président. En charge de fixer          Boeing (75%). La NST 2012 avait mis en exergue que 40% en
les grandes orienta ons stratégiques de l'en té, ce nou-        valeur du total des acquisi ons du MoD, réalisées au cours des
veau DE&S Board sera assisté par quatre comités spécia-         cinq dernières années (soit 9 G£ par an), relevaient de marchés
lisés (Audit, Remunera on, Nomina on, et Safety).               no fiés sans mise en concurrence. Un audit de la législa on
                                                                dans ce domaine avait été ini é en janvier 2011 (présidé par
Mi-juin 2014, Paul Skinner a rejoint DE&S comme pre-
                                                                Lord Currie), avec à la suite l'installa on du nouveau Major Projects
mier Président (non exécu f) du Board (contrat de 3 ans
                                                                Review Board.
renouvelable).

      Statistiques Fournisseurs*
>>Fournisseurs privés ayant bénéficié d'un paiement direct d'un montant annuel > 500 M£ (dont paiements réalisés par les
Trading Funds DSTL, UKHO et DSG ; mais hors paiement via la NETMA et l'OCCAR) : Airbus Group, Babcock Interna onal
Goup, BAE Systems, Finmeccanica, Hewle>-Packard, Lockheed Mar n, Rolls Royce, Serco Group.
>>Top 10 Fournisseurs : 41% des paiements directs en 2013/2014 contre 36% en 2008/2009. En 2013/2014, par ordre dé-
croissant : BAE Systems (13,9%), Babcock Interna onal Group (5,2%), Finmeccanica (3,6%), Airbus Group (3,6%), Rolls-
Royce (3,0%), Hewle>-Packard (2,9%), Lockheed Mar n (2,8%), Serco Group (2,2%), Boeing (2,0%), Qine Q (1,9%). Un Top
10 inchangé depuis 2008, hormis Qine Q (R&D défense) passé devant Thales, lui ravissant la 10ème posi on.
>>Niveau de dépendance du Top 10 à l'égard des commandes du MoD : environ 40% du CA pour Babcock et Qine Q, < 22%
pour les autres fournisseurs.
*Source : Defence Economics (Defence Expenditure Analysis), Ministry of Defence, Annual Sta s cal Series 1, Finance Bulle n 1.01, Trade,
Industry & Contracts, 14 August 2014.

      BAE Systems, Portsmouth et restructuration des activités Navires de surface
Le 3 septembre 2014, le groupe a officiellement annoncé la fermeture de son site de construc on et d’assemblage de na-
vires de surface sur la base navale de Portsmouth, avec pour conséquence la perte de 900 emplois directs. Si la livraison de
la sec on LB02 du porte-avions Prince of Wales a marqué la fin des dites ac vités, BAE Systems reste présent à Portsmouth
dans les domaines services, R&D (futures frégates T-26) et intégra on de systèmes de combat naval, soit un total de 3 600
salariés.
Plus globalement, d’ici 2016, la ra onalisa on de la branche navale de BAE Systems (hors sous-marins) devrait se traduire
par la suppression d’un total de 1 780 emplois directs, et la concentra on des ac vités sur ses sites écossais de Glasgow
(Govan et Scotstoun, sur la Clyde). Fin décembre 2013, le groupe industriel et le MoD s’étaient en effet accordés sur la
créa on d’une « world class complex warship capability » localisée sur ce>e zone géographique, dans l’objec f de mener à
bien, dans des condi ons de coût acceptables, le programme de future frégate T-26. Suite à un benchmarking des process
à l’œuvre dans le civil et la défense, 11 domaines d’améliora on avaient été ciblés (R&D, design, intégra on, etc.). A la
suite, en juillet 2014, BAE Systems et le sud-coréen Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering (DSME) signaient un ac-
cord de partenariat prévoyant la mise à disposi on pendant 4 semaines d’une équipe de 14 experts à même de conseiller
BAE Systems sur les meilleures pra ques de la construc on navale civile adaptable à la défense et d’offrir une lecture cri-
  que du plan de restructura on des ac vités de construc on de navires de surface.
Rappelons que DSME, l’un des leaders mondiaux de la construc on navale civile, s’est implanté sur le marché défense bri-
tannique suite à la sélec on de son offre par le MoD pour la fourniture de 4 pétroliers ravitailleurs dans le cadre du pro-
gramme MARS de renouvellement de la flo>e logis que (Military Afloat Reach and Sustainability). Basées sur le design des
bâ ments logis ques Aegir du britannique BMT Services, les 4 unités sont construites en Corée du Sud et livrées à par r de
2016.
                                                                                                                    HyNzSO MQ{{WS
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