Cadre stratégique pour le développement de l'horticulture au Burundi
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Cadre stratégique pour le développement Cadre stratégique pour le développement de l’horticulture au Burundi L'horticulture est devenue un des domaines de prédilection de la diversification de l'agriculture burundaise. Elle englobe un large éventail de de l’horticulture au Burundi cultures incluant les fruits, les légumes, les champignons, les plantes à racines et à tubercules, les plantes ornementales, les plantes condimentaires et les épices. Le Cadre Stratégique pour le Développement de l’Horticulture au Burundi (CSHB) envisage de développer un secteur horticole diversifié et concurrentiel, capable de contribuer à une solution durable du problème de la malnutrition chronique qui sévit dans le pays, d’accroitre le revenu des ménages et de diversifier les sources de devises. Le CSHB a pour mission de valoriser au mieux le potentiel de la filière horticole dans les différentes zones agro-écologiques du pays, tant pour l’approvisionnement du marché local que pour l’exportation. Pour y arriver, il prône l’intensification et la diversification des cultures horticoles, suivant une approche de développement durable par rapport à l’environnement, à la rentabilité économique et au contexte social. ISBN 978-92-5-208445-7 9 7 8 9 2 5 2 0 8 4 4 5 7 I3876F/1/06.14 FAO
1 Cadre stratégique pour le développement de l’horticulture au Burundi Ministère de l’agriculture et de l’élevage et la FAO-Burundi Bujumbura, décembre 2013 ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE Rome, 2014
Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La mention de sociétés déterminées ou de produits de fabricants, qu’ils soient ou non brevetés, n’entraîne, de la part de la FAO, aucune approbation ou recommandation desdits produits de préférence à d’autres de nature analogue qui ne sont pas cités. Les opinions exprimées dans ce produit d’information sont celles du/des auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement les vues ou les politiques de la FAO. ISBN 978-92-5-208445-7 (version imprimée) E-ISBN 978-92-5-208446-4 (PDF) © FAO, 2014 La FAO encourage l’utilisation, la reproduction et la diffusion des informations figurant dans ce produit d’information. Sauf indication contraire, le contenu peut être copié, téléchargé et imprimé aux fins d’étude privée, de recherches ou d’enseignement, ainsi que pour utilisation dans des produits ou services non commerciaux, sous réserve que la FAO soit correctement mentionnée comme source et comme titulaire du droit d’auteur et à condition qu’il ne soit sous-entendu en aucune manière que la FAO approuverait les opinions, produits ou services des utilisateurs. Toute demande relative aux droits de traduction ou d’adaptation, à la revente ou à d’autres droits d’utilisation commerciale doit être présentée au moyen du formulaire en ligne disponible à www.fao.org/contact-us/licence-request ou adressée par courriel à copyright@fao.org. Les produits d’information de la FAO sont disponibles sur le site web de la FAO (www.fao.org/publications) et peuvent être achetés par courriel adressé à publications-sales@fao.org.
iii Table des matières v Liste des abréviations vi Liste des tableaux et figures vii Préface x Remerciements xi Sommaire CHAPITRE 1 1 Introduction générale 2 1.1 Les principaux indicateurs sur le Burundi 3 1.2 La part des cultures horticoles face aux indicateurs de développement 4 1.3 Contribution des cultures horticoles pour une alimentation équilibrée CHAPITRE 2 7 Contexte du cadre stratégique d’horticulture 8 2.1 Historique des cultures horticoles au Burundi 9 2.2 La place actuelle des cultures horticoles au Burundi 10 2.3 Le contexte politique et institutionnel de l’horticulture CHAPITRE 3 13 Processus d’élaboration du cadre stratégique d’horticulture 14 3.1 Origines du cadre stratégique pour le développement horticole 14 3.2 Elaboration du cadre stratégique d’horticulture 16 3.3 La vision du cadre stratégique pour le développement du secteur horticole 16 3.4 Les objectifs principaux 17 3.5 Les cinq axes du cadre stratégique 17 3.6 Perspectives d’organisation du secteur horticole CHAPITRE 4 19 Analyse de l’état des lieux des cultures horticoles au Burundi 22 4.1 Les cultures fruitières 25 4.2 Les cultures maraîchères 26 4.3 Les fleurs 27 4.4 Les champignons 27 4.5 L’analyse des forces et faiblesses par axe stratégique CHAPITRE 5 37 Options prioritaires pour le développement de l’horticulture au Burundi 38 5.1 Les différentes typologies de l’horticulture 39 5.2 Priorités de développement CHAPITRE 6 41 Éléments d’un plan d’actions par axe stratégique 42 6.1 Actions pour l’axe «Contexte politique et institutionnel» 43 6.2 Actions pour l’axe «Agronomie des cultures horticoles» 46 6.3 Actions pour l’axe «Environnement et cultures horticoles»
iv 47 6.4 Actions pour l’axe «Mise en marché et valeur ajoutée» 48 6.5 Actions pour l’axe «Genre et santé» CHAPITRE 7 51 Mise en œuvre du cadre stratégique du développement de l’horticulture au Burundi 52 7.1 Les principales parties prenantes du cadre stratégique d’horticulture 54 7.2 Synthèse des interventions du cadre stratégique de l’horticulture du Burundi 54 7.3 L’estimation des moyens nécessaires à la mise en œuvre des actions 59 7.4 La logique d’intervention du cadre stratégique d’horticulture CHAPITRE 8 73 Conclusion 75 Références 77 ANNEXES 78 Annex 1 – Questionnaire d’enquête dans les communes du pays 82 Annex 2 – Liste des membres du comité technique chargé de l’élaboration du cadre stratégique pour le développement de l’horticulture au Burundi 82 Annex 3 – Personnel technique de la FAO 83 Annex 4 – Budget détaillé de la filière banane 85 Annex 5 – Budget détaillé de la filière macadamia
v Liste des abréviations ADISCO Appui au Développement Intégrale et à la Solidarité sur les Collines API Agence de Promotion des Investissements et des Exportations BBN Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité BEI Budget Extraordinaire d’Investissement BM Banque Mondiale BNDE Banque Nationale pour le Développement Economique BV Bassins Versants CAFOB Collectif des associations et organisations (non gouvernementales) féminines du Burundi CEC Champs écoles communautaires CEP Champs écoles paysans CIRAD Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement CNTA Centre National de Technologie Alimentaire COLEACP Comité de Liaison Europe-Afrique-Caraïbes-Pacifique COCUCHABU Collectif des cultivateurs des champignons comestibles au Burundi CPP Cadre de programmation par pays CSHB Cadre stratégique pour le développement de l’horticulture au Burundi CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté CVHA Cultures Villageoises en Hautes Altitudes DPAE Direction Provinciale de l’Agriculture et de l’Elevage DVV Développer des Villes Vertes FABI Faculté d’Agronomie et de Bio-Ingénierie FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture FBU Franc Burundais HUP Horticulture urbaine et périurbaine IPPTE Initiative en faveur des pays pauvres très endettés ISABU Institut des Sciences Agronomiques du Burundi ISTEEBU Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi LMR Limites maximales de résidus MINAGRIE Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage MINEEATU Ministère de l’Eau, de l’Environnement de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme MINICIPT Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et du Tourisme NAPA National Adaptation Plan of Action to Climate Change ODHB Office pour le développement de l’horticulture au Burundi OMD Objectifs du millénaire pour le développement ONCCS Office Nationale de Contrôle et de Certification des semences ONG Organisation non gouvernementale ONUDI Organisation des Nations Unies pour le développement industriel OPA Organisation des Producteurs Agricoles PDDAA Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique PIB Produit intérieur brut PNIA Plan National d’Investissement Agricole PNSA Programme National de Sécurité Alimentaire PNUD Programme des Nations Unies pour le développement PPI Production et protection intégrées PRHB Projet de Relance du secteur Horticole au Burundi PRONIANUT Programme National Intégré d’Alimentation et de Nutrition PROFEL Promotion des Fruits et Légumes PTF Partenaires Techniques et Financiers
vi SAN Stratégie Nationale Agricole STABEX Système de Stabilisation des Recettes d’Exportation SOCHA Société des champignons SIDA Syndrome de l’immunodéficience acquise USAID Agence des États-Unis pour le développement international Liste des tableaux et figures Tableau 1 Synthèse des principaux indicateurs sur le Burundi 21 Tableau 2 Les principaux fruitiers et légumes cultivés par zone agro-écologique sur base 45 d’informations recueillies à l’occasion des ateliers régionaux Tableau 3 Budget indicatif sur une période de cinq ans par axe et résultats attendus du cadre 60 stratégique du secteur horticole du Burundi Figure 1 Les zones climatiques du Burundi (Source: NAPA 2007) 11 Figure 2 Diversité horticole et large contribution dans l’alimentation équilibrée (A gauche: 13 photo Google sur légumes et fruits frais ; A droite: photo champignon SOCHA). Figure 3 La part des principaux fruitiers dans le revenu annuel moyen des ménages au 34 Burundi. Figure 4 L’illustration de revenus moyens par légume selon les résultats de l’enquête menée 38 dans les communes du pays. Figure 5 Des cas de malnutrition chez les enfants et les adultes, Makamba, Kayanza, 50 Makamba (de gauche à droite).
vii Préface Le Cadre Stratégique pour le Développement de l’Horticulture au Burundi (CSDH) a pour mission de valoriser au mieux le potentiel de la filière horticole par l’intensification et la diversification des cultures, suivant une approche et des pratiques durables par rapport à l’environnement, le contexte social et la rentabilité économique. L’horticulture est devenue un des domaines de prédilection de la diversification de l’agriculture burundaise. En effet, elle englobe un large éventail de cultures incluant les: • fruits; • légumes; • champignons; • plantes à racines et tubercules; • plantes ornementales; • plantes condimentaires et épices. LES PRINCIPAUX ATOUTS DE L’HORTICULTURE L’horticulture offre de réelles possibilités d’emploi permettant l’intégration de jeunes désœuvrés et l’amélioration du statut socio-économique de la femme comme agricultrice. La culture d’une gamme variée d’espèces et de variétés permet aux familles à faible revenu de diversifier leur alimentation et de vendre les surplus, ce qui génère des revenus d’appoint très appréciés. Au niveau commercial, le secteur de l’horticulture contribue réellement à l’activité économique du pays et se classe en quatrième position de la production agricole en valeur monétaire. LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION L’horticulture apporte une réponse au défi nutritionnel burundais. C’est le secteur de l’agriculture qui est le mieux placé pour contribuer à la réduction de la malnutrition et à l’amélioration de la santé des populations de manière durable. Les Nations Unies, par le biais de la FAO et de l’OMS, recommandent une consommation d’un minimum de 400 grammes de fruits et légumes par jour, car une consommation suffisante de ceux-ci permet de prévenir les maladies non transmissibles telles que: • les affections cardiovasculaires; • certains types de cancer; • le diabète et l’obésité; • d’autres maladies et retards de croissance liés aux carences en micronutriments. De plus, un régime alimentaire mal équilibré compromet le développement des capacités d’apprentissage chez les enfants, entraînant de mauvais résultats scolaires. Il est aussi responsable d’une baisse de productivité au travail chez les adultes et engendre des risques de pauvreté pour les générations futures. POURQUOI LE CADRE STRATÉGIQUE DE L’HORTICULTURE AU BURUNDI (CSHB)? Le potentiel horticole est encore largement sous-exploité. C’est la raison pour laquelle le Burundi s’est attelé à formuler un Cadre Stratégique pour le Développement de l’Horticulture au Burundi (CSHB).
viii Cette stratégie, et le plan d’action qui l’accompagne, traduit la volonté du Gouvernement de renforcer le rôle de l’horticulture comme un secteur d’activité à part entière au sein de l’agriculture. Cette démarche prend toute son importance dans le cadre de l’Année de l’agriculture familiale. En effet, l’horticulture peut être pratiquée à petite échelle au sein des familles, dans les divers contextes agro-écologiques du Burundi, tant en milieu rural qu’en milieu urbain ou périurbain. Le CSHB est destiné à promouvoir une intensification durable de l’horticulture au Burundi. IMPACT L’augmentation de la consommation de produits horticoles et la diminution du taux de malnutrition endémique seront les indicateurs de l’impact du CSHB. Par ailleurs, la valorisation du potentiel de l’horticulture au Burundi pourra se mesurer au travers: • du nombre d’emplois créés pour les jeunes et les femmes; • des revenus générés; • de l’amélioration du bien-être de l’ensemble de la population. VISION DU CSHB Le CSHB envisage de développer un secteur horticole diversifié et concurrentiel, capable d’apporter une solution durable au spectre de la malnutrition chronique qui affecte 58 pour cent de la population et en majorité les jeunes. Le CSHB envisage de faciliter le développement de l’horticulture dans son ensemble afin: • d’améliorer la sécurité alimentaire et l’état nutritionnel des populations burundaises; • d’accroître les revenus et réduire la pauvreté. La démarche poursuivie vise à obtenir une augmentation durable et diversifiée de la productivité par unité d’espace grâce à une utilisation efficiente des divers facteurs de production. En outre, l’accent sera mis sur la qualité sanitaire des produits afin d’assurer leur valeur nutritionnelle et commerciale tant sur le marché local qu’à l’exportation. Le Burundi réunit toutes les conditions naturelles et écologiques nécessaires au développement d’une horticulture diversifiée: • les différentes zones climatiques; • les sols fertiles alluvionnaires; • la pluviométrie et l’eau pour l’irrigation; • l’ensoleillement; • une main-d’œuvre jeune, abondante et disponible. Si le Burundi parvient à valoriser ses avantages, il pourrait reproduire les succès récents du développement de l’horticulture dans les pays voisins. A l’instar de celle d’autres pays de l’Afrique de l’Est, l’horticulture burundaise possède de nombreux atouts pour conquérir des parts de marché dans le secteur de l’exportation, générant ainsi des recettes en devises. Celles-ci viendraient en complément des recettes provenant des exportations des cultures traditionnelles telles que le café et le thé. LE CSHB DANS LE CADRE DES DOCUMENTS DE POLITIQUES SE RÉFÉRANT À L’AGRICULTURE AU BURUNDI La stratégie de développement de l’horticulture au Burundi 2013-2017 est une initiative du Gouvernement. Elle s’appuie sur les partenaires et acteurs des secteurs public et privé en s’intégrant dans.
ix • le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) (2012-2017) au niveau de la valorisation des sous-produits parmi lesquels la transformation et la commercialisation des produits horticoles; • le CSLP II (2011-2015) au niveau de la contribution dans la diversification des exportations du Burundi; • le cadre de la Vision – Burundi 2025, adoptée en 2011. LE CSHB EN COHÉRENCE AVEC LE CADRE DE PROGRAMMATION DE LA FAO La FAO considère l’horticulture comme une composante de différents axes de son programme et elle l’intègre dans plusieurs Objectifs Stratégiques (OS), à savoir: • OS-1, portant sur l’éradication de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition; • OS-2, portant sur l’intensification et l’amélioration de la fourniture des biens et services provenant de l’agriculture, et ce, de manière durable; • OS-4, portant sur l’éradication de la pauvreté en milieu rural. Plus spécifiquement, parmi les «Principaux Sujets de Travail (PST)1» de la FAO, l’horticulture fait partie du sujet 4 «Utilisation efficiente des ressources», qui comprend la mise en œuvre de «pratiques durables et intégrées». Ce concept de gestion de la production agricole intègre les trois dimensions: • environnementale (notamment l’adaptation et la résilience au changement climatique); • sociale (bien-être des populations ciblées); • économique des systèmes de production agricoles (rentabilité commerciale). Dans le Cadre de Programmation Pays (CPP), la FAO Burundi et le Minagrie (Ministère de l’agriculture et de l’élevage) placent l’horticulture dans l’axe prioritaire 1, «Professionnalisation et intensification du secteur agricole». DÉFIS ET PARTENAIRES Le secteur horticole burundais doit faire face à plusieurs défis: faible productivité et accès limité aux intrants et aux sources de financement. Cependant, pour répondre à ceux-ci, il faudra une coopération plus forte entre les partenaires et acteurs de la filière horticole. Il s’agit notamment des: • groupements de producteurs; • exportateurs; • transitaires; • autorités gouvernementales; • partenaires au développement (bailleurs de fonds); • institutions d’appui concernées par la recherche et la vulgarisation; • services aux entreprises, public et privé. Le CSBH offre le cadre pour consolider la collaboration entre les partenaires de la filière horticole. Bujumbura, décembre 2013 Mohamed Hama Garba Odette Kayitesi Clayton Campanhola Représentant de la FAO Ministre de l’agriculture Directeur, au Burundi et de l’élevage Division de la Production et de la Protection des Plantes, FAO siège 1 MAW: Major Areas of Work
x Remerciements Ce document a été réalisé sous la direction de Madame le Ministre Odette Kayitesi, Ministère de l’agriculture et de l’élevage (MINAGRIE), en collaboration avec Monsieur Mohamed Hama Garba, Représentant de la FAO au Burundi. Les informations ont été compilées et le texte rédigé par une équipe d’experts et de consultants nationaux: Célestin Nyongere, Consultant principal; Adelin Ntungumburanye, Chercheur à l’ISABU; P. Claver Ntibakivayo, Conseiller au cabinet du MINAGRIE; Dismas Baradandikanya, Conseiller au Ministère du commerce; Séverin Sindayikengera, Directeur du CNTA; Fortunat Ntafatiro, Expert au PRONIANUT; Evariste Rufuguta, Conseiller au MEEATU; Anne Spès Nishimwe, CAFOB; sans omettre les contributions des 17 Directeurs provinciaux de l’agriculture et de l’élevage. Supervision technique: Grégoire Mutshail Mutomb, Conseiller technique principal du projet FAO-FBPP/GLO/013/ BEL (Appui à l’Horticulture Urbaine et Péri-urbaine au Burundi) et Amed Yamuremye, Coordonnateur national du projet et Responsable du service fruits et légumes au MINAGRIE. Edition: Bertrand Barbiaux et Diana Gutiérrez. Mise en page et graphisme: Magda Morales et Yota Nicolarea. Photos: Projet FAO-FBPP/GLO/013/BEL. Secrétariat: Nicolette DeBona, Nadia Sozzi et Jayne Rose. Avis techniques: NeBambi Lutaladio et Rémi Nono-Womdim. Coordination: Alison Hodder et Wilfried Baudoin.
xi Sommaire L’élaboration du Cadre stratégique pour le développement de l’horticulture au Burundi résulte de la demande du Ministère de l’agriculture et de l’élevage (MINAGRIE). Celui-ci a approché l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) en vue d’un appui pour l’élaboration d’un document stratégique pour le développement de l’horticulture au niveau national, dans le cadre de la mise en application du Plan National d’Investissement Agricole (PNIA). La FAO a accepté de réaliser ce document, avec l’appui du Projet d’Horticulture Urbaine et Périurbaine (FBPP/GLO/013/BEL) et une contribution financière du programme de coopération technique de la FAO (TCP/BDI/3401). Le MINAGRIE a mis en place une équipe technique multidisciplinaire chargée de l’élaboration du document, en collaboration avec l’expertise mobilisée par la FAO. Cette équipe comprenait: • des représentants du: 1. Ministère de l’agriculture et de l’élevage; 2. Ministère de l’eau, de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme; 3. Ministère de la santé publique et de la lutte contre le SIDA; 4. Ministère du commerce, de l’industrie, du tourisme et des postes; • une représentante des ONG-CAFOB (collectif des associations féminines et ONGs du Burundi). Le Cadre stratégique d’horticulture repose sur 5 axes intimement liés: √ le contexte politique et institutionnel; √ l’agronomie visant l’augmentation de la production en quantité et en qualité; √ l’environnement pour une utilisation efficiente de la terre et de l’eau; √ l’économie et la mise en marché des cultures horticoles; √ le genre et la santé publique. Ce Cadre stratégique d’horticulture est le résultat d’une large consultation nationale de tous les intervenants dans le secteur horticole. En plus, une enquête au niveau des communes a été effectuée pour établir la situation actuelle des productions horticoles. De manière générale, les forces et les faiblesses, ainsi que les opportunités et contraintes ont été identifiées pour servir d’appui à l’élaboration de ce cadre stratégique. Au niveau institutionnel, la mise en œuvre de ce cadre stratégique nécessitera une structure spécialisée: un Office pour le développement de l’horticulture au Burundi (ODHB), pour faciliter les synergies entre les interventions en appui au secteur horticole. Un secteur horticole dynamique et bien structuré sera en mesure de mieux contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à la progression de l’économie nationale, pour le bien- être des populations du Burundi.
Introduction générale Appui à la floriculture par la Ministre Amarantes CHAPITRE 1
CADRE STRATÉGIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE AU BURUNDI 1.1 LES PRINCIPAUX INDICATEURS SUR LE BURUNDI Le tableau 1 (ci-dessous) résume les principales caractéristiques ayant trait au développement du Burundi en général. Ces indicateurs sont, notamment, les superficies et activités en relation avec l’environnement, les ressources humaines, la part du secteur agricole dans le développement du pays, le niveau d’instruction et la situation nutritionnelle. Tableau 1: Synthèse des principaux indicateurs sur le Burundi Caractéristiques Chiffres Superficie totale et terres cultivables Superficie totale en km2 27 834 Terres potentiellement agricoles en km2 23 500 Marais cultivables en km2 1 179,93 Taille moyenne de l’exploitation agricole en ha 0,5 Conditions générales ayant un impact sur l’environnement Pertes des terres par érosion en T/ha/an selon les formes des pentes1 4-100 Altitude (m) très variable – variabilité climatique 775-2 600 Disponibilité de l’eau en litres/seconde2 6 600 Augmentation de la température tous les 10 ans (°C) 0,4 Perturbations périodiques et excès des précipitations (%) 3-10 Utilisation d’arbres comme source d’énergie (%) 96,80 Pourcentage des ménages ayant accès à l’électricité 5,00 Ressources humaines Population estimée en 2013 (taux d’accroissement annuel de 2,4 % où P=P0 (1+r)t 9 067 500 Population en milieu rural estimée en 2013 8 153 438 Population en milieu urbain (taux d’accroissement de 5,1 %) 1 041 113 Proportion de femmes (aspect genre) (%) 50,80 Proportion des hommes (%) 49,20 Proportion des jeunes de moins de 15 ans (%) 47,00 Densité moyenne d’habitants par km2 289 (571 à Kayanza) Ménages ruraux vivant de l’agriculture en millions 1,2 La part du secteur agricole en général Proportion de la population dans le secteur (%) 88,50 Offre alimentaire du secteur agricole 90,00 Contribution du secteur dans le PIB 50,00 Contribution du secteur dans l’entrée des devises3 90,00 Niveau d’instruction Uniquement alphabétisés hommes/femmes (%) 34,80 / 46,70 Primaire hommes/femmes (%) 67,50 / 66,80 Secondaire hommes/femmes (%)4 19,00 / 11,00 Niveau Supérieur hommes/femmes (%)5 2,00 / 1,00 1 République du Burundi - Ministère de l’agriculture et de l’élevage. 2011. Rapport de Stratégie sous sectorielle d’aménagement des marais et de protection des bassins versants. Bujumbura. 2 République du Burundi - Ministry for land management, tourism and environment. 2007. National adaptation plan of action to climate change (NAPA). Bujumbura. 3 République du Burundi - Ministère de l’agriculture et de l’élevage. 2009. Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) (2009-2015). Bujumbura. 4 République du Burundi. 2010. Rapport sur le Recensement général de la population et de l’habitat du Burundi 2008. Bujumbura. 5 République du Burundi - Ministère de la santé et de la lutte contre le SIDA (INSP) et Ministère des finances et de la planification du développement économique. 2012. Rapport d’Enquête Démographique et de Santé au Burundi 2010. Bujumbura. 2
INTRODUCTION GÉNÉRALE Suite... Caractéristiques Chiffres État de la malnutrition et carences nutritionnelles Malnutrition chronique d’enfants de moins de 5 ans (%) 58,00 Femmes de 15-49 ans souffrant d’anémie (%) 19,00 Hommes de 15-49 ans souffrant d’anémie (%) 12,00 1.2 LA PART DES CULTURES HORTICOLES FACE AUX INDICATEURS DE DÉVELOPPEMENT Reconnues pour leur grande valeur ajoutée, les cultures horticoles présentent une excellente opportunité dans le contexte de l’exigüité des terres, à savoir une moyenne de plus ou moins 50 ares/ménage. En effet, ces cultures horticoles peuvent être une solution pour maximiser le profit sur une petite superficie cultivable. Les fruitiers peuvent être également utilisés dans le cadre de la protection des bassins versants pour faire face aux pertes en terres par l’érosion, elle-même causée par le déboisement comme source d’énergie. Cela permettra à la fois de produire des fruits à des fins nutritionnelles et de protéger l’environnement en atténuant les effets du changement climatique: inondations, Figure 1: Les zones climatiques du Burundi (Source: NAPA 2007) 3
CADRE STRATÉGIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE AU BURUNDI sécheresses prolongées. A titre d’exemple, dans les pays asiatiques, comme la Chine, les fruitiers Kiwi sont souvent cultivés dans les montagnes rocheuses et constituent, comme exportations vers l’Europe, une grande source de devises. Les aménagements des zones vertes, ainsi que l’usage des plantes ornementales, peuvent aussi contribuer à embellir les villes et, tout à la fois, protéger l’environnement. Sur la carte des zones climatiques du Burundi (figure 1, ci-dessous), on remarque un réseau important de cours d’eau à travers tout le pays, ce qui offre des possibilités d’irrigation. Cela fait du Burundi un pays où toutes les régions peuvent pratiquer l’horticulture. Cet atout est à mettre en valeur, en particulier en matière de production des cultures maraîchères. Il est, cependant, important de tenir compte des changements climatiques et de veiller à une utilisation rationnelle de l’eau en adoptant des technologies qui permettent d’économiser l’eau d’irrigation. Le secteur agricole contribue à près de 50 pour cent du PIB et représente 90 pour cent de la rentrée des devises. L’organisation et l’appui au secteur horticole permettront de consolider le poids du secteur agricole à travers la diversification des exportations, la création d’emplois. Ils contribueront à accélérer le rythme de développement du pays. Toutefois, le niveau d’électrification des ménages est encore très faible: seulement 5 pour cent des ménages ont accès à l’énergie électrique. Cette faible électrification constitue une entrave à l’intensification de la production. En effet, l’énergie électrique est requise pour permettre le pompage de l’eau d’irrigation et pratiquer les techniques de transformation6 des produits récoltés. Le niveau d’instruction, très bas dans le monde rural, est également un handicap pour l’adoption de nouvelles techniques de production. Ainsi un volet permanent de renforcement des capacités est-il indispensable pour une vulgarisation effective des cultures horticoles. En effet, produire les cultures horticoles ne suffit pas; il faut aussi réduire au maximum les pertes après-récolte et assurer une liaison forte entre la production et la consommation. Les chiffres du tableau 1 (p. 9) révèlent également une grande pression démographique (289 à 571 habitants/km2) et une insécurité alimentaire chronique dans le pays: 58 pour cent de cas de malnutrition chronique des enfants de moins de 5 ans. Selon la FAO, la sécurité alimentaire comprend quatre composantes indissociables: la disponibilité, la stabilité des approvisionnements, l’accessibilité et la valeur nutritionnelle de l’alimentation7. Le cadre stratégique horticole est appelé à contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Burundi à travers l’exploitation raisonnée des ressources disponibles. 1.3 CONTRIBUTION DES CULTURES HORTICOLES POUR UNE ALIMENTATION ÉQUILIBRÉE Les cultures horticoles sont diversifiées (figure 2, p. 13) et offrent toute une gamme de vitamines: • la vitamine C (goyave, fraise, agrumes, tomate, poivron, etc.) dont le pouvoir antioxydant peut améliorer la mémoire, réduire le risque des maladies cardio-vasculaires et renforcer la résistance à certains cancer; • la provitamine A (carotène) dans les légumes et fruits (carotte, persil, épinards, banane, mangue) a des effets positifs sur l’immunité et la vision; • la vitamine D possède des propriétés anticancéreuses et se retrouve dans les champignons, qui contiennent également la vitamine B. 6 République du Burundi - Ministère de la santé et de la lutte contre le SIDA (INSP) et Ministère des finances et de la planification du développement économique. 2012. Rapport d’Enquête Démographique et de Santé au Burundi 2010. Bujumbura. 7 République du Niger. 2002. Appui à la mise en œuvre de la politique agricole de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) en matière de sécurité alimentaire. Proposition d’investissement dans le domaine de la sécurité alimentaire au Niger. 4
INTRODUCTION GÉNÉRALE En outre, les produits horticoles sont riches en sels minéraux (calcium, magnésium, phosphore, potassium, sodium et soufre) et en oligo-éléments (aluminium, cuivre, fer, iode, sélénium, silicium, etc.) indispensables pour les différentes fonctions métaboliques de l’organisme. Les cultures horticoles contiennent également des glucides, des lipides et des protéines en quantités variables selon les produits. Elles constituent des produits incontournables pour apporter une solution durable aux problèmes de la malnutrition chronique. Cela implique par ailleurs une sensibilisation des consommateurs: assurer une éducation nutritionnelle pour atteindre un niveau minimal de consommation de 400g par jour et par personne, comme le recommandent l’OMS et la FAO. Enfin, il est possible de décentraliser la production horticole et de faciliter l’accès aux produits frais, en promouvant les jardins de case et les microjardins, particulièrement auprès des ménages qui accusent un risque élevé de malnutrition. Figure 2: Diversité horticole et large contribution dans l’alimentation équilibrée À gauche: légumes et fruits frais; à droite: champignon 5
Bas fonds Après l’ecole l’arrosage familial Contexte du cadre stratégique d’horticulture CHAPITRE 2
CADRE STRATÉGIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE AU BURUNDI 2.1 HISTORIQUE DES CULTURES HORTICOLES AU BURUNDI Il est possible de distinguer différentes étapes dans l’évolution du secteur horticole burundais. Les premières introductions de fruitiers datent du début du 20e siècle. Elles furent principalement le fait des missionnaires européens et des commerçants arabes. Les fruitiers se sont ensuite répandus et développés là où les conditions climatiques leur furent favorables sans qu’aucun plan de diffusion n’ait été élaboré. La propagation s’est faite par voie générative avec semis des graines ou noyaux après consommation du fruit. Ainsi, les variétés de fruitiers cultivées sont mal connues, à l’exception de quelques introductions récentes de manguiers dans la région de l’Imbo. En 1979, sur financement belge, un projet maraîcher voit le jour sous la tutelle du Ministère de l’agriculture et de l’élevage. Il avait comme objectif premier le développement des cultures maraîchères. Ensuite, dans sa deuxième phase (1982-85), un volet fruitier fut mis en place avec, au programme, la diffusion de l’avocatier et du manguier greffés, ainsi que la diversification des cultures fruitières. Au cours de cette période, le projet, qui est encore actif, a pu diffuser environ 2 500 plants par an, dont 80 pour cent d’avocatiers. D’autres initiatives de projets agricoles ont contribué à la diffusion des cultures fruitières. C’est le cas de la culture de la grenadille violette (maracuja) qui connaît un essor considérable, notamment grâce au projet CVHA (Cultures Villageoises en Hautes Altitudes) des années 1980, au programme des urgences de la FAO au cours des années 2000, ainsi qu’aux initiatives privées portant sur des unités de transformation, telles que FRUITO. En 1988, le gouvernement burundais a lancé des études pour diversifier les exportations, à l’exemple des réalisations des pays voisins dans le domaine du secteur horticole. Le COLEACP (Comité de Liaison Europe-Afrique-Caraïbe-Pacifique) a alors apporté son expertise et est arrivé à des conclusions très favorables sur les capacités burundaises d’exportation de certains produits vers les marchés européens (mangues, papayes, passiflore, haricots verts, etc.). Les recommandations de l’étude COLEACP comportaient la nécessité d’initier la recherche dans le domaine de l’horticulture. C’est ainsi qu’il y a eu la mise en place d’un programme de recherche horticole en 1989 à l’ISABU (Institut des Sciences Agronomiques du Burundi). Les objectifs nationaux se résumaient à l’ambition de faire passer la consommation de fruits de 6 kg par habitant et par année à 12 kg à l’horizon 2000; d’atteindre une production exportable de 1 500 tonnes de fruits et légumes et, enfin, de fournir 3 000 tonnes de produits horticoles à l’industrie de transformation locale. En parallèle, en 1993 fut créé, avec l’appui du PNUD, le Centre National de Technologie Alimentaire (CNTA), qui a la mission de développer des technologies semi-artisanales pour la transformation des produits alimentaires, principalement les produits de l’horticulture. En 1993, une étude du CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) a débouché sur un projet de recherche fruitière à l’ISABU. Des formations ont été organisées en Europe mais, suite à la crise intérieure de 1993, tous les programmes de recherche et d’introduction du matériel de plantation ont été suspendus. Toutefois, les exportations de produits horticoles, constituées principalement de fruits et légumes de collecte, avaient atteint de bonnes performances avec 1 100 tonnes en 1993. Elles allaient décliner progressivement en 1994 et 1995, et pratiquement disparaître suite à l’embargo de 1996 qui a affecté l’export par avion. En 2000, face aux difficultés financières des opérateurs restés inactifs pendant au moins 4 ans, le gouvernement burundais a décidé la création d’un Fonds de promotion des exportations doté d’un milliard de Francs burundais. Le Fonds a permis d’accorder des prêts à une dizaine d’opérateurs, exportateurs actifs ou potentiels de produits horticoles. Les sommes ont été prêtées à un taux préférentiel de 9 pour cent, au lieu des 23 pour cent usuels dans les taux bancaires de l’époque. Elles étaient assorties d’un délai de remboursement de 3 ans. Néanmoins, suite au problème de la logistique aérienne et à la non-reprise des exportations, le remboursement des sommes empruntées était devenu impossible. La pérennité du fonds n’était donc plus possible: cet appui financier n’a pas contribué à la 8
CONTEXTE DU CADRE STRATÉGIQUE D’HORTICULTURE relance escomptée de la filière horticole. Toutefois, grâce à ces fonds, la filière du manguier a été renforcée par la plantation de variétés nouvelles (Kent, Valencia, Tommy, etc.), introduites dans la province de Cibitoke par les privés, à savoir FRUITO et MA FERMETTE. Entre 2002 et 2007, des études ont été financées sur fonds STABEX de l’Union Européenne et ont réaffirmé les atouts liés au développement du secteur horticole au Burundi (JEXCO en 2002, PROMAN 2004, 2006 et 2007). Au cours de cette période, le Cadre d’Obligations Mutuelles (COM) des transferts STABEX 1990-1991, signé le 21 mai 2003, avait réservé deux millions d’euros pour le financement du projet de relance et de réhabilitation du secteur horticole du Burundi. Ces études ont abouti à la mise en place du projet PRHB, qui a travaillé sous la tutelle du Ministère des finances de 2007 à 2010, avec l’objectif d’appuyer les opérateurs dans les secteurs de la production et de l’exportation des cultures horticoles. Ce projet avait pour mission d’organiser les producteurs dans une «Maison horticole», d’introduire des cultures identifiées, de grande valeur ajoutée pour les marchés de niches. Ainsi, les variétés de banane fressinette «figue sucrée», d’ananas «Queen Victoria» ont été introduites au Burundi à partir du CIRAD-France, via l’ISABU; la variété porte-greffe jaune de maracuja a été introduite en provenance du Kenya8. Le projet PRHB a financé des études d’analyse et d’identification des sols pour les cultures horticoles d’exportation. Toutefois, ce projet n’a pas pu réunir les exportateurs dans une «Maison horticole». La culture de maracuja a bénéficié, autour des années 2010, des appuis organisationnels et financiers du programme des urgences de la FAO, avec l’extension des cultures de la province de Kayanza vers celle de Bujumbura rural, dans la région de Mumirwa. Dès 2010, le Gouvernement et la FAO, avec l’aide financière de la Belgique, ont mis en œuvre un projet d’appui à l’Horticulture Urbaine et Périurbaine (HUP). C’est ce même projet (FBPP/ GLO/013/BEL) qui a aidé et contribué à l’élaboration du présent Cadre stratégique pour le développement de l’horticulture au Burundi. Le projet P3F de la CARITAS, de 2009 à 2015, appuie l’organisation de la filière des agrumes à Rumonge et des ananas dans la province de Cibitoke. Des initiatives privées pour la mise en place d’unités de transformation des jus ont vu le jour et, même si elles sont peu documentées, des exportations régionales sont signalées entre le Burundi et les pays voisins: avocats vers la Tanzanie; maracuja, tomate et agrumes vers le Rwanda; aubergine africaine vers la République Démocratique du Congo. En outre, depuis 2010, le Gouvernement finance directement, sur le budget national, l’achat d’arbres fruitiers. Pour atteindre plus de résultats, la planification de l’action, la préparation des plants en pépinière, la plantation et le suivi s’avèrent indispensables pour avoir plus de résultats. D’autres initiatives, privées, sont plus orientées vers la mise en place d’unités de transformation qui auront sûrement besoin, pour leur pérennité, de productions en quantité et de qualité. 2.2 LA PLACE ACTUELLE DES CULTURES HORTICOLES AU BURUNDI Les cultures horticoles contribuent à l’amélioration du niveau nutritionnel de la population, à la protection de l’environnement, à la création d’emplois, à la diversification des sources de revenus et au développement économique en général. Cependant, l’horticulture est longtemps restée le parent pauvre de l’agriculture burundaise, sans budget ni plan d’action sectoriel. Et pourtant, le secteur horticole, considéré comme négligeable, représentait, en 1994, près de 0,4 pour cent du PIB, soit le double de la filière Coton. En 2005, les productions étaient estimées à 250 000 tonnes de légumes et 85 000 tonnes de fruits9. 8 République du Burundi - Ministère des finances. 2010. Rapport de fin du projet de Relance et de Réhabilitation du secteur Horticole du Burundi. Bujumbura, page 17. 9 Projet d’appui à la gestion économique (PAGE). 2007. Rapport intégrateur soutenant le diagnostic de la chaîne de valeur et l’élaboration de la stratégie de l’horticulture au Burundi. Bujumbura. 9
CADRE STRATÉGIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE AU BURUNDI Les cultures fruitières ont fini par se développer de façon significative. C’est le cas des agrumes le long du Lac Tanganyika et du maracuja sur les crêtes du Mugamba et du Mumirwa. Toutefois, il est rare de trouver des structures de production organisées en vergers. Le plus souvent, les plants fruitiers se trouvent en ordre dispersé dans les exploitations agricoles et les techniques de conduite culturale sont négligées. Les planteurs ont tendance à laisser les arbres en croissance libre, sans interventions pour la taille de formation ou la fructification, sans apport d’engrais ni traitements phytosanitaires. Toutefois, ce secteur, quoi que peu développé et inorganisé, présente un potentiel de développement et mérite une attention et un soutien à tous les niveaux. C’est dans ce contexte que le renforcement du secteur horticole est devenu une priorité du Gouvernement du Burundi et, à ce titre, a été inséré dans le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP II – août 2011) et le Plan national d’investissement agricole (PNIA 2012-2017)10. Dans ces documents, la structuration de la production des cultures horticoles en nouvelle filière est une option proposée pour contribuer significativement à la création d’emplois11, à la diversification des exportations et, ainsi, diminuer la dépendance aux seules cultures d’exportation traditionnelles, comme le café qui affiche des déficits de production ces dernières années. Le gouvernement du Burundi a également pris des initiatives en vue de promouvoir le secteur horticole. En témoigne, à titre d’exemple, la politique de diffusion des plants fruitiers qui a commencé il y a quatre ans et qui est annuellement financée à raison de deux milliards de Francs burundais. 2.3 LE CONTEXTE POLITIQUE ET INSTITUTIONNEL DE L’HORTICULTURE L’importance que le Burundi accorde à l’agriculture et, plus particulièrement, au secteur horticole apparaît à travers les différents documents indiquant le cadre politique, légal et institutionnel pour le développement de tous les secteurs de la vie nationale. On peut citer: a) La Vision 2025 du Burundi b) Le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP II 2013 – 2015) c) La Stratégie agricole nationale (SAN 2008-2015) d) Le Programme national de Sécurité alimentaire (PNSA 2009-2015) e) Le Plan national d’investissement agricole (PNIA 2012-2017) La Vision 2025 du Burundi comprend 8 piliers. L’objectif est de doter le pays d’un instrument de planification du développement partagé, à l’horizon d’une génération, afin d’élaborer des politiques et stratégies pour un développement durable. Il éclaire le futur pour mieux orienter les actions prises dans le présent. Le développement de l’horticulture trouve sa place dans l’accroissement et la diversification de l’économie du pays afin de relever le revenu par tête d’habitant. L’horticulture représente, par conséquent, une nouvelle filière stratégique pour, d’une part, améliorer les conditions de vie des populations (dont 90 pour cent vivent de l’agriculture) et, d’autre part, diversifier les exportations12. Le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP II 2013-2015) a la vision du développement à moyen et long terme pour le Burundi: il fixe des objectifs volontaristes de réduction de la vulnérabilité et de la pauvreté. Ces objectifs sont cohérents avec les objectifs 10 République du Burundi - Ministère de l’agriculture et de l’élevage. 2011. Plan national d’investissement agricole (PNIA) 2012-2017. Bujumbura, page 13. 11 République du Burundi. 2012. Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté - CSLP II. Bujumbura, page 76. 12 République du Burundi. 2011. Vision du Burundi 2025. Bujumbura. 10
CONTEXTE DU CADRE STRATÉGIQUE D’HORTICULTURE du Millénaire pour le développement (OMD)13 et de la Vision 2025. Déjà le CSLP I, adopté en septembre 2006 (axe 2.1.2: relance des cultures d’exportation), avait proposé la mise en place de l’Agence de Promotion des Investissements et des Exportations (API). Cette dernière devait explorer le potentiel d’exportation des cultures horticoles. Le CSLP II (2013-2015) réaffirme encore la volonté du Gouvernement de promouvoir les cultures horticoles qui font partie des filières rentables pouvant contribuer à la diversification des exportations du Burundi14. La Stratégie Agricole Nationale (SAN 2008-2015) a comme objectif de réhabiliter l’outil de production et redynamiser l’activité agricole afin de relancer la production et atteindre, voire surpasser, les meilleurs niveaux d’avant la crise des années 1990. Il veut également moderniser à moyen et long terme le secteur agricole de manière à transformer l’agriculture de subsistance en une agriculture de marché. La grande critique était que la SAN ne donne pas de proposition pour une politique claire de promotion d’une agriculture intensive: elle embrasserait trop de domaines sans établir les priorités des activités agricoles. La SAN avait suggéré d’explorer et organiser les cultures horticoles en filières de rente15. Le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA: 2009-2015) a pour objectif de rétablir l’autosuffisance alimentaire, l’amélioration de la couverture nutritionnelle de la population, la réduction de la vulnérabilité des ménages ainsi que la mobilisation rapide et efficace des aides d’urgence en cas de catastrophes16. Ce programme indique qu’il y a une consommation des fruits et légumes très limitée au Burundi. Les statistiques relatives à ces cultures montrent que le Burundi avait importé 34,7 tonnes de fruits et 211,7 tonnes de légumes en 2007, soulignant ainsi l’intérêt de promouvoir ces cultures pour limiter la fuite des devises. Le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA: 2012-2017) a comme objectif d’assurer la sécurité alimentaire pour tous, augmenter les revenus des ménages, procurer des devises, fournir la matière première au secteur industriel et créer des emplois dans le secteur de la transformation et des services connexes à l’agriculture. Il opérationnalise la SAN qui prend en compte les défis du secteur agricole et les orientations prioritaires fixées par le Gouvernement à travers le CSLP. Le PNIA est un cadre de cohérence et de coordination des investissements dans le secteur agricole pour une période de 6 ans. Il est en phase avec les engagements pris par le Gouvernement dans le cadre du Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA). Il propose que les fruits et légumes puissent faire partie de la restructuration des filières et l’Agro-business pour contribuer au développement du secteur agricole et, surtout, à la création d’emplois dans les activités de valorisation des sous-produits, notamment la transformation et la commercialisation17. En plus, il existe des Plans Provinciaux d’Investissement Agricole (PPIA 2013-2017) qui font référence au PNIA selon les spécificités de chaque province: ils orientent, priorisent, coordonnent et suivent les interventions au niveau des provinces. 13 République du Burundi. 2006. Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté - CSLP. Bujumbura. 14 République du Burundi. 2012. Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté - CSLP II. Bujumbura, page 74. 15 République du Burundi - Ministère de l’agriculture et de l’élevage. 2008. Stratégie Agricole Nationale (SAN) 2008-2015. Bujumbura. 16 République du Burundi - Ministère de l’agriculture et de l’élevage. 2009. Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) (2009-2015). Bujumbura. 17 République du Burundi - Ministère de l’agriculture et de l’élevage. 2011. Plan national d’investissement agricole (PNIA) 2012-2017. Bujumbura, page 13. 11
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