Lignes directrices sur la nutrition - www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités.

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Lignes directrices
sur la nutrition

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Sauver des vies, changer les mentalités.
© Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et
  du Croissant-Rouge, Genève, 2015
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Couverture et illustrations : Mathilde Laurent
(mathildelaurent.fr@gmail.com)                                                 Suivez-nous :
Lignes directrices
             sur la nutrition

La Fédération internationale des Sociétés de la            Guidées par la Stratégie 2020 – le plan d’action col-
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération in-          lectif pour faire face aux défis humanitaires majeurs
ternationale) est le plus vaste réseau humanitaire de      et du développement de la décennie – la Fédération
volontaires au monde. Chaque année, avec ses 189           internationale et les Sociétés nationales sont détermi-
Sociétés nationales membres dans le monde, elle agit       nées à « sauver des vies et changer les mentalités ».
en faveur de 97 millions de personnes par le biais de      La Fédération internationale et les Sociétés nationales
services et de programmes de développement à long          tiennent leur force de leur réseau de volontaires, du
terme, ainsi que de 85 millions de personnes, à tra-       savoir-faire acquis dans les communautés, de leur indé-
vers des opérations d’urgence en cas de catastrophe        pendance et de leur neutralité. Elles s’emploient à amé-
et de relèvement précoce. Elle œuvre avant, pendant        liorer les normes humanitaires, en tant que partenaires
et après les catastrophes et les urgences sanitaires       du développement et en intervenant en cas de catas-
pour répondre aux besoins et améliorer les conditions      trophe. Elles persuadent les décideurs d’agir en toutes
d’existence des personnes vulnérables. Elle le fait de     circonstances dans l’intérêt des personnes vulnérables.
façon impartiale, sans distinction fondée sur la natio-    Ce faisant, elles rendent les communautés saines et
nalité, la race, le genre, les croyances religieuses, la   sûres, réduisent les vulnérabilités, renforcent la résilience
classe sociale ou les opinions politiques.                 et encouragent une culture de paix dans le monde entier.
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Lignes directrices sur la nutrition

Table des matières

Liste des acronymes                                                                           5

À propos de ces lignes directrices                                                           7
Informations générales                                                                        7
Objectif                                                                                      8
Priorités/contenu                                                                             8

Introduction à la nutrition                                                                  9
Pourquoi la nutrition est-elle importante ?                                                   9
Qu’est-ce que la malnutrition ?                                                              11
Promouvoir une bonne nutrition                                                               11
Quels sont les types de malnutrition ?                                                       12
Formes graves de malnutrition                                                                14
Quels services de santé et de nutrition sont requis ?                                        16
Que peuvent faire les volontaires ?                                                          17
Synthèse de la partie 1                                                                      19

Régime alimentaire familial                                                                  21
Pourquoi est-il important d’avoir une bonne alimentation ?                                   21
Quels sont les bons comportements en matière de nutrition ?                                  22
Que peuvent faire les volontaires ?                                                          29
Synthèse de la partie 2                                                                      30

La nutrition des femmes                                                                      31
Pourquoi une bonne nutrition est-elle importante pour les femmes et les adolescentes ?       31
Quels sont les bons comportements des femmes et des adolescentes en matière de nutrition ?   32
Régime alimentaire adapté                                                                    33
Absence de maladies                                                                          35
Pratiques de soins appropriées                                                               37
Quels sont les services de santé et de nutrition disponibles ?                               39
Que peuvent faire les volontaires ?                                                          40
Synthèse de la partie 3                                                                      41

                                                                                             3
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Lignes directrices sur la nutrition

La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants                                                  45
Pourquoi une bonne nutrition est-elle importante pour les nourrissons et les jeunes enfants ?       45
Quels sont les bons comportements en matière de nutrition ?                                         47
Régime alimentaire adapté                                                                           47
Absence de maladies                                                                                 55
Pratiques de soins appropriées                                                                      57
Quels services de santé et de nutrition sont requis ?                                               59
Que peuvent faire les volontaires ?                                                                 61
Synthèse de la partie 4                                                                             62

Boîte à outils                                                                                      63
Outil de détection et d’orientation                                                                 63
Interprétation des indicateurs de la mesure du périmètre brachial                                   66
Mise en place d’un système d’orientation vers les services de traitement de la malnutrition aiguë   67

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Lignes directrices sur la nutrition

Liste des acronymes

FAO               Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Fédération        Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
OMS               Organisation mondiale de la Santé
ONG               Organisation non gouvernementale
PB                Périmètre brachial
PSSBC             Premiers secours et santé à base communautaire
SIDA              Syndrome d’immunodéficience acquise
SRO               Sels de réhydratation orale
VIH               Virus de l’immunodéficience humaine

                                                                                                   5
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Lignes directrices sur la nutrition

À propos de ces
lignes directrices
                                        Informations générales
                                        Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de dénutrition, c’est-à-
                                        dire manquent des aliments nécessaires pour se nourrir correctement. Toutefois,
                                        l’absence d’accès aux vivres n’est pas seule en cause ; les mauvais comportements
                                        et pratiques en matière de nutrition et d’alimentation jouent également un rôle.
                                        Ce sont les enfants qui sont les plus vulnérables. Ainsi, plus d’un tiers des enfants
                                        africains souffrent de malnutrition chronique, qui compromet de manière perma-
                                        nente la croissance physique et le développement mental dès l’âge de deux ans. Le
                                        meilleur moyen de mesurer le taux de malnutrition est donc d’évaluer le nombre
                                        d’enfants de moins de cinq ans qui sont trop petits par rapport aux normes inter-
                                        nationales (ce que l’on appelle le « retard de croissance »). En général, des taux
                                        élevés de retard de croissance indiquent que toute la communauté pourrait souf-
                                        frir de problèmes nutritionnels.
                                        La santé et la nutrition sont étroitement liées. Près de la moitié des décès d’en-
                                        fants pourraient être évités si la malnutrition ne venait pas s’ajouter à la maladie.
                                        Parallèlement, la maladie accroît le risque de malnutrition chez les enfants. Les
                                        mères sous-alimentées donnent naissance à des enfants présentant une insuffi-
                                        sance pondérale, qui risquent davantage une fois adultes d’avoir eux-mêmes des
                                        enfants en sous-poids. Les personnes positives au VIH ont besoin de nutriments
                                        supplémentaires, surtout lorsqu’elles prennent des médicaments antirétroviraux.
                                        Les adultes qui souffrent d’un manque de micronutriments (vitamines et miné-
                                        raux) et d’autres carences sont souvent fatigués et, par conséquent, moins pro-
                                        ductifs. Cela réduit leur capacité de subvenir aux besoins de leur famille et, au
                                        niveau national, freine considérablement l’économie d’un pays.
                                        L’obésité, une autre facette de la malnutrition, est maintenant reconnue dans la
                                        plupart des pays comme un problème grave et croissant, et un facteur décisif dans
                                        les maladies non infectieuses telles que le diabète. Parfois, des enfants sous-ali-
                                        mentés et des adultes obèses prédisposés aux maladies vivent sous le même toit,
                                        et il apparaît de plus en plus clairement que les enfants souffrant de malnutrition
                                        risquent davantage de souffrir d’obésité et de problèmes connexes une fois adultes.

                                        Objectif
                                        Les présentes lignes directrices visent à compléter les documents de référence et
                                        les outils de formation élaborés par la Fédération internationale dans le domaine

                                                                                                                          7
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Lignes directrices sur la nutrition

                                        de la santé, notamment les manuels et les supports de formation La lutte contre les
                                        épidémies à l’usage des volontaires et Premiers secours et santé à base communautaire 1.
                                        Ces lignes directrices devraient être utilisées à des fins de sensibilisation, de renfor-
                                        cement des capacités et d’intégration dans les programmes des Sociétés nationales
                                        en matière de santé, de nutrition et de sécurité alimentaire. Les Sociétés nationales
                                        qui souhaiteraient faire de la lutte contre la malnutrition l’un de leurs objectifs
                                        principaux sont encouragées à participer aux mécanismes de planification natio-
                                        nale et aux débats politiques relatifs à cette question. Étant donné que de nombreux
                                        gouvernements et donateurs entendent faire mieux connaître les initiatives prises
                                        en vue de réduire les taux de malnutrition, coopérer avec les différentes parties
                                        prenantes et jouer le rôle de partenaire d’exécution peut être une stratégie payante
                                        pour les Sociétés nationales, qui pourront ainsi renforcer leurs propres capacités,
                                        s’assurer de la qualité de la mise en œuvre et participer à un programme ayant suf-
                                        fisamment d’impact pour bénéficier à un grand nombre de personnes vulnérables.
                                        Les Sociétés nationales peuvent donc utiliser ces lignes directrices pour sensibi-
                                        liser le public et renforcer les capacités internes en vue de mener des interventions
                                        dans le domaine de la nutrition, ainsi que de promouvoir des bonnes pratiques et
                                        des principes en la matière similaires à ceux recommandés par d’autres acteurs.
                                        Les supports peuvent aussi être utilisés pour intégrer la lutte contre la malnutri-
                                        tion dans des programmes existants. Par exemple, ils pourraient être inclus dans
                                        la formation dispensée au personnel ou aux volontaires dans le cadre des pro-
                                        grammes de sécurité alimentaire ou de premiers secours et santé à base commu-
                                        nautaire, ou encore dans les séances d’éducation nutritionnelle s’adressant aux
                                        mères qui consultent les services d’urgence des dispensaires.

                                        Priorités/contenu
                                        Ces lignes directrices contiennent des informations et des conseils sur les meil-
                                        leures pratiques mondialement reconnues pour lutter contre la malnutrition ;
                                        elles visent à favoriser les « programmes fondés sur des données probantes »
                                        (c.-à-d. les interventions dont il a été prouvé, après des études approfondies,
                                        qu’elles étaient efficaces pour obtenir les résultats escomptés). Nous nous
                                        sommes efforcés de faire concorder les messages véhiculés dans le présent texte
                                        avec la documentation existante sur ce thème et des sujets connexes. Cependant,
                                        cette documentation est généralement axée sur la promotion de l’allaitement et
                                        ne traite pas suffisamment d’autres questions clés telles que l’alimentation com-
                                        plémentaire ou la nutrition maternelle.

                                        Les outils figurant dans ces lignes directrices sur la nutrition devraient de préférence
                                        être utilisés pour déterminer des domaines prioritaires aux fins de la transmission
                                        de messages et du changement des comportements. Au niveau local, il peut être
                                        plus judicieux d’utiliser des supports de formation ou des messages sur la nutrition
                                        adaptés à la situation locale, qu’ils soient conçus dans le cadre de programmes du
                                        ministère de la Santé ou d’autres programmes locaux de promotion de la nutrition,
                                        ou élaborés en phase avec ces programmes. Il convient de consulter ces documents
                                        lorsque des interventions au niveau des communautés sont prévues.

                                        En l’état actuel, ces lignes directrices abordent les principaux thèmes suivants : partie
                                        1, introduction à la malnutrition ; partie 2, régime alimentaire familial ; partie 3, la
                                        nutrition des femmes ; et partie 4, la nutrition des nourrissons et des jeunes enfants.
1       Fédération internationale, La
        lutte contre les épidémies      Des sujets connexes, tels que la prévention et le traitement des maladies, le VIH et
        à l’usage des volontaires       la promotion de l’hygiène, sont traités exhaustivement dans d’autres documents
        (décembre 2008) et Premiers
        secours et santé à base
                                        (plus précisément, Implementation guide for Community-based health and first aid in action
        communautaire (mars 2009).      (CBHFA) ; La lutte contre les épidémies à l’usage des volontaires ; Guidelines on HIV prevention).

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Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
1. Introduction à la nutrition

1.

Introduction à la nutrition

                                        À la fin de cette partie, vous :
                                        • comprendrez pourquoi une bonne nutrition est importante ;
                                        • aurez acquis des connaissances sur la malnutrition et ses causes ;
                                        • saurez quels services de santé et de nutrition sont disponibles ;
                                        • saurez ce que peuvent faire les volontaires.

                                        Pourquoi la nutrition est-elle
                                        importante ?
                                        Notre corps a besoin d’une quantité suffisante d’aliments adéquats qui nous
                                        apportent l’énergie nécessaire pour grandir, apprendre, travailler et rester en
                                        bonne santé. Les enfants de moins de deux ans ont des besoins particuliers car
                                        leur organisme se développe et évolue rapidement, même avant la naissance.
                                        Les femmes enceintes et les mères allaitantes doivent également bien se nourrir
                                        pour préserver leur propre santé et celle de leurs nourrissons.

                                        La santé et la nutrition sont étroitement liées. Un enfant bien nourri a beaucoup
                                        plus de chances de se remettre d’une maladie grave qu’un enfant souffrant de
                                        malnutrition. Par contre, des maladies aiguës ou récurrentes comme le palu-
                                        disme ou la diarrhée peuvent augmenter le risque de malnutrition chez l’enfant.

                                        Les écoliers et les adultes qui souffrent d’un manque de micronutriments (vita-
                                        mines et minéraux) ou d’autres carences nutritionnelles peuvent se sentir fati-
                                        gués, avoir de la peine à travailler et avoir une santé fragile. Il peut être difficile
                                        pour ces adultes de subvenir aux besoins de leur famille. De même, les adultes
                                        présentant un excès de poids important risquent plus que les autres de déve-
                                        lopper certains problèmes de santé graves.

                                        Une bonne nutrition est importante pour la santé et le bien-être de chacun. Elle
                                        est toutefois particulièrement cruciale pour les nourrissons, les jeunes enfants, les
                                        mères et les adolescentes, qui deviendront mères à leur tour. Comme le montre
                                        le diagramme ci-après, une mauvaise nutrition ne serait-ce que pendant une
                                        phase du cycle de vie peut compromettre la santé non seulement de la personne
                                        concernée, mais aussi des générations futures.

                                                                                                                            9
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Lignes directrices sur la nutrition

                                                        Graphique du cycle de la vie

                                    Relations                                    Impacts de la malnutrition

                                                                                                              Taux plus élevés
                                                                                                              de morbidité,
                                                                                                              de décès

                                                                                    Femme
                                                                                      âgée
                                                                                     fragile        Insuffisance
                         Femme                                                                     pondérale à la
                                                      Bébé
                          âgée                                                                       naissance

                                                                                                    Adolescente
                         Femme                                                   Mère souffrant    et jeune mère
                          adulte                   Adolescente                                     présentant un
                                                                                 de malnutrition
                                                                                                      retard de
                                                                                                     croissance

                                                                                                              Capacité
                                                                                                              d’apprentissage et
                                                                                                              productivité plus faibles

                                           Les causes de la malnutrition sont multiples, interdépendantes et complexes.

                                           Causes immédiates
                                           • Régime alimentaire inadapté : une personne a un régime alimentaire ina-
                                             dapté lorsqu’elle ne consomme pas d’aliments suffisamment variés (qualité)
                                             et/ou qu’elle ne mange pas assez (quantité).
                                           • Maladies : lorsqu’une personne est malade, elle perd l’appétit et son corps ne
                                             parvient plus aussi bien à assimiler la nourriture, ce qui l’affaiblit et le rend
                                             plus vulnérable à d’autres maladies. De plus, les maladies et les blessures en-
                                             traînent un besoin accru de nutriments pour la phase de rétablissement.

                                           Causes sous-jacentes
                                           • Insécurité alimentaire2 : on parle d’insécurité alimentaire lorsqu’une famille
                                             est incapable de produire ou d’acheter assez d’aliments suffisamment va-
                                             riés pour subvenir à ses besoins. Même lorsqu’il y a assez de vivres dans un
                                             ménage, il arrive que ceux-ci ne soient pas répartis équitablement et que la
                                             priorité ne soit pas donnée aux membres vulnérables de la famille, comme
                                             les enfants ou les femmes.
                                           • Insuffisance des soins maternels et infantiles : parfois, les mères et leurs
                                             enfants n’ont pas une alimentation adaptée à cause de tabous locaux ou par
                                             manque de connaissances, de soins ou d’attention.
                                           • Insuffisance des soins de santé et environnement insalubre : des services
                                             de santé de base peu accessibles ou inutilisés, le manque d’hygiène dans la
2    Il y a insécurité alimentaire           zone d’habitation, des systèmes d’assainissement inexistants ou déficients et
     quand l’accès aux aliments
     et leur disponibilité et/ou leur        l’absence d’eau potable sont autant de facteurs qui engendrent des risques
     utilisation sont inadéquats.            sanitaires et contribuent aux problèmes de nutrition.

    Messages clés
    Une bonne nutrition est importante à tout âge. Notre corps a besoin d’une quantité suffisante d’aliments adéquats qui
    nous apportent l’énergie nécessaire pour grandir, apprendre, travailler et rester en bonne santé. Les enfants de moins
    de deux ans ont des besoins particuliers, car leur organisme se développe et évolue rapidement, même avant la
    naissance. La santé et la nutrition sont étroitement liées : une personne doit bien se nourrir pour se maintenir en forme,
    tandis qu’une santé fragile peut se répercuter sur son état nutritionnel.

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1. Introduction à la nutrition

Qu’est-ce que la malnutrition ?

                                      Causes de la malnutrition

                                                               Malnutrition

  Causes immédiates                    Régime alimentaire                        Maladie               3   Les protéines, les graisses,
                                           inadapté
                                                                                                           les glucides (amidons), les
                                                                                                           vitamines et les minéraux sont
                                                                                                           différents types de nutriments.
                                                                                                       4   Cela signifie que ces enfants
                                       Sécurité                                    Insuffisance des        auraient survécu à la maladie
                                                             Insuffisance des
  Causes sous-jacentes             alimentaire du                                  soins de santé et       s’ils n’avaient pas été sous-
                                                             soins maternels
                                       ménage                                       environnement          alimentés. Une autre étude a
                                                                et infantiles
                                     inadéquate                                        insalubre           révélé que plus de 30 % des
                                                                                                           décès d’enfants pouvaient
                                                                                                           être directement attribués à la
                                                                                                           malnutrition.
                                               Institutions formelles et informelles, éducation,
  Causes fondamentales                                                                                 5   Dans les présentes lignes
                                                        structure économique, politique
                                                                                                           directrices, le terme
                                                                                                           « nourrisson » désigne
                                                                                                           généralement les enfants de
La malnutrition est une affection due à un manque de nourriture, à la consom-                              moins de six mois, tandis que
mation d’aliments inadaptés ou à l’incapacité d’extraire des aliments les nutri-                           le terme « jeune enfant » vise
                                                                                                           les enfants de plus de six mois.
ments3 nécessaires. Les personnes souffrant de malnutrition ont des difficultés                            Le mot « bébé », plus général,
à grandir, à apprendre, à réaliser des travaux physiques, à résister aux maladies                          a été proscrit pour éviter
et aux blessures et à se rétablir.                                                                         toute confusion quant aux
                                                                                                           recommandations spécifiques
                                                                                                           à un âge. Les termes « enfant »
Une mauvaise nutrition entraîne de graves conséquences :                                                   ou « enfants » ont été utilisés
                                                                                                           pour désigner les nourrissons
• Dans plus de la moitié des cas de décès d’enfants dus à la diarrhée, au palu-                            ET les jeunes enfants.
  disme et à la pneumonie, la malnutrition est une cause sous-jacente4.                                6   Dans la plupart des cas de
• Chez les enfants, 20 % des décès liés à la malnutrition sont dus à une malnutri-                         malnutrition aiguë ou chronique
                                                                                                           modérée, les bonnes pratiques
  tion sévère, mais les 80 % restants se rapportent à des formes de malnutrition                           en matière de nutrition et
  légères ou modérées qui touchent la plupart des enfants, mais qui ne sont pas                            d’alimentation sont essentielle-
                                                                                                           ment les mêmes, qu’on essaie
  facilement détectables et restent souvent ignorées au niveau des communautés.                            de « guérir » ou de « prévenir »
                                                                                                           la malnutrition. C’est pourquoi
Les femmes enceintes, les mères allaitantes et les jeunes enfants sont les plus                            ces lignes directrices mettent
                                                                                                           l’accent sur la prévention.
vulnérables à la malnutrition. Il a été prouvé que les enfants qui souffrent de                            Un processus de sélection
malnutrition pendant leurs deux premières années de vie subissent des dom-                                 peut ensuite permettre de
                                                                                                           distinguer, parmi tous les jeunes
mages physiques et mentaux irréversibles.                                                                  enfants, ceux qui souffrent de
                                                                                                           malnutrition modérée, lorsqu’il
                                                                                                           faut limiter le nombre de partici-
La malnutrition pendant la grossesse fait courir de grands risques tant à la mère                          pants aux séances de formation
qu’à l’enfant à naître. Une femme enceinte sous-alimentée peut souffrir de com-                            ou qu’une aide alimentaire ou
plications pendant sa grossesse ou lors de l’accouchement. Son enfant peut                                 des allocations en espèces sont
                                                                                                           proposées. Dans de tels cas,
avoir des problèmes de croissance dans l’utérus et, par conséquent, naître avec                            les participants cibles peuvent
un poids trop faible. Les nourrissons5 qui présentent une insuffisance pondérale                           être soit les personnes ayant
                                                                                                           des enfants sous-alimentés ou
à la naissance sont davantage exposés aux problèmes de santé.                                              celles ayant de jeunes enfants
                                                                                                           et répondant à d’autres critères
                                                                                                           de vulnérabilité, soit toutes les

Promouvoir une bonne nutrition                                                                             personnes ayant de jeunes
                                                                                                           enfants. En cas de malnutrition
                                                                                                           aiguë sévère, il est recom-
                                                                                                           mandé aux volontaires de
                                                                                                           toujours orienter les personnes
Le diagramme ci-dessus montre les trois principes clés dans lesquels on peut                               vers un poste de santé et de ne
répartir certaines actions ou certains « comportements » en vue de promouvoir                              participer à la prise en charge
                                                                                                           thérapeutique qu’exception-
une bonne nutrition. Pour lutter contre la malnutrition, la prévention est la meil-                        nellement, dans le cadre d’un
leure stratégie 6.                                                                                         programme plus vaste.

                                                                                                                                         11
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Lignes directrices sur la nutrition

                                        Ces trois principes clés sont :

                                        Un régime alimentaire adapté
                                        • Tous les membres du ménage mangent des aliments assez variés et en quan-
                                          tité suffisante, en tout temps.

                                        L’absence de maladies
                                        • Tous les membres du ménage se protègent contre les maladies telles que la
                                          diarrhée, le paludisme et le VIH, et contre les vers intestinaux, qui nuisent à
                                          l’assimilation de la nourriture par l’organisme.

                                        Des pratiques de soins appropriées
                                        • Tous les membres du ménage reçoivent les soins nécessaires, surtout les plus
                                          vulnérables, comme les femmes enceintes, les mères allaitantes et les jeunes
                                          enfants. Dans le cas des enfants, cela signifie de bonnes pratiques alimentaires
                                          et un milieu caractérisé par la bienveillance et l’attention. Il s’agit aussi d’as-
                                          surer un environnement favorable aux mères pour qu’elles puissent se nourrir
                                          correctement, se reposer et avoir le temps de s’occuper de leurs enfants.

                                        Ces trois principes clés seront rappelés dans tout ce document, qui recense aussi
                                        des comportements recommandés et des messages de sensibilisation spéci-
                                        fiques à des groupes particuliers comme les familles (partie 2), les adolescentes,
                                        les femmes enceintes et les mères allaitantes (partie 3), et les nourrissons et les
                                        jeunes enfants (partie 4).

    Messages clés
    Les trois principes clés d’une bonne nutrition sont : 1) un régime alimentaire adapté – manger des aliments
    adéquats en quantité suffisante ; 2) l’absence de maladies – rester en bonne santé ; et 3) des pratiques de soins
    appropriées – assurer un bon niveau de soins, de repos et d’hygiène, ainsi qu’un milieu stimulant et bienveillant
    pour les jeunes enfants.

                                        Quels sont les types
                                        de malnutrition ?
                                        Si la prévention reste la meilleure option, il est important de savoir reconnaître
                                        les différents types de malnutrition et, le cas échéant, de savoir vers quels ser-
                                        vices orienter les personnes concernées pour qu’elles reçoivent un traitement.

                                        Il existe plusieurs types de malnutrition7 : (voir tableau ci-contre)
7    Certains experts décrivent         
     la malnutrition comme
     la combinaison de la
     « dénutrition » (aiguë ou
     chronique, y compris les
     carences en micronutriments)
     et de la « suralimentation »
     (surpoids ou obésité). Dans
     le présent supplément,
     des termes plus courants
     sont utilisés, à savoir
     « malnutrition » pour désigner
     les cas de mauvaise nutrition,
     et « surpoids » pour évoquer
     les personnes souffrant
     d’obésité. Une personne
     en surpoids peut aussi
     présenter un manque de
     micronutriments ou d’autres
     carences alimentaires.

12
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
1. Introduction à la nutrition

   Insuffisance pondérale                   Une personne présentant une insuffisance pondérale a un poids trop faible pour
                                            son âge parce qu’elle est trop mince et/ou trop petite par rapport à la plupart des
                                            personnes de la même tranche d’âge. L’insuffisance pondérale peut être due à
                                            une malnutrition chronique ou aiguë, et elle est considérée comme une mesure
                                            combinée de ces deux types de malnutrition. Elle est réversible si un régime
                                            alimentaire adapté et de bonnes pratiques en matière de santé et de soins sont
                                            suivis. Les enfants dont le poids est insuffisant risquent de présenter des troubles du
                                            développement et sont plus vulnérables aux maladies. L’insuffisance pondérale se
                                            mesure en comparant le poids à l’âge (rapport poids-âge).

   Malnutrition aiguë                       Les personnes qui souffrent de malnutrition aiguë sont très maigres. Cette forme
   (émaciation)                             de malnutrition, appelée aussi « émaciation », peut être sévère ou modérée. Elle est
                                            réversible avec un traitement adapté et de bonnes pratiques de soins. Les enfants
                                            émaciés sont jusqu’à 20 fois plus susceptibles que les enfants bien nourris de
                                            mourir de maladies courantes comme la diarrhée. L’émaciation peut être répandue
                                            chez les enfants de six à 24 mois. Elle s’évalue en comparant le poids à la taille
                                            (rapport poids-taille) ou en mesurant le périmètre brachial (tour de bras).

   Malnutrition                             Les personnes souffrant de malnutrition chronique sont en général trop petites pour
   chronique                                leur âge, mais pas forcément maigres. La malnutrition chronique est connue aussi
   (retard de                               sous le nom de « retard de croissance ». Le retard de croissance étant irréversible
   croissance)                              après l’âge de deux ans, de bonnes pratiques nutritionnelles sont essentielles les
                                            1 000 premiers jours. Les enfants qui présentent un tel retard risquent d’avoir des
                                            troubles du développement et sont plus vulnérables aux maladies. Le retard de
                                            croissance se mesure en comparant la taille à l’âge (rapport taille-âge).

   Obésité                                  Les personnes obèses ou en surpoids présentent une accumulation excessive de
   (surpoids)                               graisse corporelle. Le surpoids est réversible en suivant un régime alimentaire adapté,
                                            en faisant de l’exercice et en respectant de bonnes pratiques en matière de santé et
                                            de soins, en particulier chez les enfants et les adolescents en pleine croissance. Chez
                                            ces derniers, le surpoids augmente le risque de souffrir d’hypertension artérielle, de
                                            diabète et de troubles cardiaques à l’âge adulte. De nombreux adultes en surpoids
                                            sont atteints de ces maladies. Le surpoids se mesure en comparant le poids à la taille
                                            (rapport poids-taille).

   Carences en                              L’organisme a besoin de substances nutritives spéciales comme les vitamines et les
   micronutriments                          minéraux en très petites quantités, raison pour laquelle on les appelle les « micronutri-
                                            ments ». En règle générale, les carences en micronutriments ne sont pas détectables
                                            immédiatement mais elles peuvent avoir un impact considérable sur la croissance, la
                                            santé et les capacités d’apprentissage. Les carences les plus fréquentes concernent la
                                            vitamine A, le fer et l’iode. Les carences en micronutriments sont généralement traitées
                                            à titre préventif dans les régions où elles sont notoirement répandues.

  Messages clés
  Une personne qui est extrêmement maigre pourrait souffrir de malnutrition aiguë. Pour le savoir, on mesure le
  périmètre du haut du bras à l’aide d’un ruban gradué spécial ou on compare le rapport poids-taille à une référence
  donnée. Cette personne peut se rétablir si elle suit un traitement, et il est donc crucial de l’orienter vers un
  dispensaire pour qu’elle y reçoive des soins.
  Une personne qui est très petite pour son âge pourrait souffrir de malnutrition chronique. Pour le savoir, on
  compare le rapport taille-âge à une référence donnée. Les enfants souffrant de malnutrition chronique sont plus
  susceptibles de tomber malades et d’avoir des difficultés à l’école. Les effets sur le développement physique et
  mental sont permanents (irréversibles).
  Une personne qui est très grosse est en surpoids et risque davantage de souffrir de certaines maladies comme le
  diabète plus tard dans sa vie. Le surpoids se mesure en comparant la taille au poids. Retrouver un poids normal
  contribue à réduire les risques pour la santé.
  Une personne qui n’a pas un régime alimentaire varié pourrait manquer de certains minéraux et vitamines
  (micronutriments). Ces carences peuvent compromettre la santé à tout âge et empêcher une croissance et un
  développement normaux chez l’enfant.

                                                                                                                                      13
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Lignes directrices sur la nutrition

                                        Formes graves de malnutrition
                                        Deux formes de malnutrition aiguë représentent une menace immédiate pour
                                        la vie d’un enfant et doivent être traitées rapidement : l’émaciation (maigreur
                                        excessive) et l’œdème nutritionnel (excès de liquide dans les tissus corporels), ou
                                        une combinaison de ces deux affections.

    Émaciation/maigreur                     Elle est due à un régime alimentaire inadapté (aliments pas assez variés mais surtout
    (marasme)                               en quantité insuffisante) et/ou à la présence de maladies réduisant la capacité de
                                            l’organisme d’assimiler correctement la nourriture. L’émaciation peut se présenter
                                            comme une forme modérée ou sévère de malnutrition aiguë.
                                            Symptômes :
                                            Retard de croissance
                                            • Visage émacié à l’aspect flétri, yeux enfoncés et joues creusées
                                            • Os saillants, par ex. côtes visibles
                                            • Membres frêles
                                            • Peau flasque, notamment autour des fesses
                                            • Appétit généralement conservé
                                            • Irritabilité (pleurs fréquents)

                                            Détection:
                                            • Chez le nourrisson, comparer le rapport poids-taille à une référence donnée
                                            • Chez l’enfant de 6 mois à 5 ans, mesurer le périmètre brachial et/ou comparer le
                                              rapport poids-taille à une référence donnée
                                            • Chez l’enfant de plus de 5 ans et chez l’adulte, comparer le rapport poids-taille à
                                              une référence donnée
                                            • Chez la femme enceinte et la mère allaitante, mesurer le périmètre brachial

    Œdème nutritrionnel 8                   Il est dû à un régime alimentaire inadapté (généralement, aliments insuffisamment
    (kwashiorkor)                           variés) et/ou à la présence de maladies réduisant la capacité de l’organisme
                                            d’assimiler correctement les nutriments présents dans la nourriture. L’œdème
                                            nutritionnel est toujours considéré comme une forme sévère de malnutrition aiguë. Il
                                            est toujours bilatéral (par ex. il touche les deux pieds).
                                            Symptômes :
                                            • Visage gonflé et bouffi
                                            • Ventre gonflé
                                            • Œdème (enflure) touchant d’abord les deux pieds et les mollets, mais pouvant
                                                aussi s’étendre à tout le corps
                                            • Modifications de la peau (pâleur, desquamation, plaies)
                                            • Modifications des cheveux (brunissement, cheveux clairsemés et raides)
                                            • Perte d’appétit
                                            • Désintérêt vis-à-vis de l’entourage

                                            Détection:
                                            • Vérifiable SEULEMENT par pression des doigts
                                            • IMPOSSIBLE à détecter uniquement par l’observation

    Messages clés
    Les enfants dont le ventre est gonflé souffrent d’un œdème nutritionnel et/ou sont atteints de parasites ou de vers
    intestinaux. Ils devraient être orientés vers un dispensaire pour y recevoir un traitement contre la malnutrition. En cas
    de parasites ou de vers intestinaux, des médicaments spécifiques doivent être administrés.

8    L’œdème est un excès
     de liquide dans les tissus
     corporels, qui peut se
     manifester par une enflure (par
     ex. des chevilles, des pieds,
     des mollets, des mains, des
     paupières, etc.).

14
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
1. Introduction à la nutrition

Les trois formes de carences en micronutriments ci-dessous sont courantes. Elles
constituent également une menace mortelle. Seul un œil averti peut les reconnaître.

   Anémie ferriprive                        Elle est due à une carence en fer dans l’alimentation et/ou à la présence de
                                            maladies telles que le paludisme et les parasitoses intestinales. L’anémie sape la
                                            santé et l’énergie.
                                            Symptômes :
                                            • Pâleur de la paupière interne, de la peau sous les ongles, des gencives, de la
                                               langue, des lèvres et de la peau
                                            • Fatigue
                                            • Maux de tête
                                            • Essoufflement

   Carence en vitamine A                    Elle est due à un manque de vitamine A dans l’alimentation et/ou à la présence de
                                            maladies telles que la diarrhée et la rougeole. Les carences en vitamine A nuisent à
                                            la santé et à la croissance.
                                            Symptôme :
                                            • Cécité nocturne

                                            Symptômes d’une carence grave :
                                            • Sécheresse oculaire accompagnée de lésions spumeuses sur les paupières
                                              internes, apparaissant souvent près du bord extérieur de l’iris (tâches de Bitot)
                                            • Sécheresse ou fatigue oculaire, ou opacification de la cornée (xérosis cornéen)
                                            • Amollissement de l’œil et ulcération de la cornée (kératomalacie)

   Troubles liés à une                      Ils sont dus à un manque de sel iodé et de poisson dans le régime alimentaire,
   carence en iode                          et s’expliquent aussi par l’absence d’iode dans le sol (souvent dans les régions
                                            montagneuses), entraînant un manque d’iode dans les denrées cultivées.
                                            L’organisme étant incapable de stocker l’iode longtemps, il a besoin de minuscules
                                            apports chaque jour. Les carences en iode compromettent la santé et le
                                            développement mental. Elles peuvent provoquer une affection appelée « goitre ».
                                            Symptômes :
                                            • Les cas graves de goitre ont pour symptôme visible un cou enflé (glande thyroïde)

Il existe d’autres formes de carences en micronutriments, notamment en : zinc,
acide folique (vitamine B6), cobalamine (vitamine B12), thiamine (vitamine B1),
riboflavine (vitamine B2), niacine (vitamine B3), vitamine B6, vitamine C, vita-
mine D, calcium, sélénium et fluorure.

  Messages clés
  Les carences en micronutriments les plus courantes concernent le fer, la vitamine A et l’iode, dont le manque nuit à
  la santé et à la croissance. Des compétences particulières peuvent être nécessaires pour détecter ces problèmes
  potentiellement mortels. Un régime alimentaire varié ou la prise de compléments spéciaux peut garantir un apport
  suffisant en micronutriments.

                                                                                                                                   15
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Lignes directrices sur la nutrition

                                        Quels services de santé et de
                                        nutrition sont requis ?
                                        Cette partie décrit certains services de santé et de nutrition visant à traiter ou à
                                        prévenir la malnutrition. La partie 3 porte sur les services de santé et de nutrition
                                        préventifs à l’intention des femmes, tandis que la partie 4 fournit de plus amples in-
                                        formations sur ces services en ce qui concerne les nourrissons et les jeunes enfants.
                                        La disponibilité des services de santé et de nutrition peut varier d’un pays à l’autre,
                                        et même d’une région à l’autre à l’intérieur d’un même pays. La malnutrition est
                                        plus répandue dans certaines zones, et les politiques et les programmes des pou-
                                        voirs publics peuvent être influencés par la disponibilité de ressources humaines
                                        et financières.
                                        Les volontaires devraient connaître les services fournis au niveau local et savoir
                                        comment orienter les personnes vers ces services en fonction de leurs besoins.
                                        Les services de santé et de nutrition adaptés aux personnes souffrant de différents
                                        types de malnutrition sont répertoriés ci-dessous, ainsi que leurs avantages spécifiques.

  Services de santé et de nutrition
  Pour les personnes         Alimentation thérapeutique (pour traiter la malnutrition aiguë sévère)
  souffrant de               • Traitement en établissement des personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère avec complications médi-
  malnutrition aiguë            cales et/ou perte d’appétit
  (essentiellement           • Traitement ambulatoire des personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère sans complications médicales
  les enfants)                  et ayant conservé leur appétit
                             Alimentation d’appoint (pour traiter la malnutrition aiguë modérée)
                             • Traitement ambulatoire des personnes souffrant de malnutrition modérée
                             • Généralement disponible dans les régions touchées par l’insécurité alimentaire, et dans les situations d’urgence à la
                                suite de catastrophes ou de conflits
  Pour les personnes         Supplémentation (pour traiter chacune des carences en micronutriments)
  présentant l’une           • Comprimés de fer et d’acide folique pour l’anémie ferriprive légère ou sévère
  des trois carences         • Suppléments d’huile enrichie en vitamine A pour la cécité nocturne et les lésions oculaires (sauf la kératomalacie)
  en micronutriments         • Suppléments de sel iodé pour les carences en iode (une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour
  les plus courantes           les patients ayant un goitre)
  Services préventifs        Les campagnes de sensibilisation et de changement des comportements axées sur la nutrition des nourrissons
  pour les enfants           et des jeunes enfants peuvent être menées par le biais des dispensaires et d’autres services de proximité
                             assurés par les pouvoirs publics ou les ONG. Les campagnes de sensibilisation se concentrent généralement sur
                             les bonnes pratiques, tandis que les services de conseil ou les discussions en groupe donnent aux participants
                             des idées sur les moyens de surmonter leurs difficultés à appliquer de meilleures pratiques.

                             Dans certains pays, les établissements de santé locaux proposent des services de promotion et de suivi de la
                             croissance pour les enfants de zéro à deux ans au moins ; dans ce cadre, les enfants sont pesés et leur courbe
                             de croissance est reportée sur un graphique. De cette manière, les parents et les agents de santé peuvent
                             vérifier si l’enfant grandit bien. Si la croissance n’est pas normale, des conseils en matière de nutrition et
                             de santé sont donnés. La qualité des services de conseil peut varier, mais si elle est bonne, ceux-ci peuvent
                             contribuer efficacement à améliorer la croissance et la santé de l’enfant.
  Retard de                  Des mesures doivent être prises les 1 000 premiers jours de la vie, car il est irréversible après l’âge de deux ans.
  croissance                 • Suivi de la croissance (taille par rapport à l’âge)
                             • Distribution d’aliments enrichis
                             • Supplémentation en micronutriments
                             • Conseils en matière de nutrition et de santé
  Obésité                    Traitement des maladies liées au surpoids (hypertension artérielle, cholestérol, diabète et troubles cardiaques)
                             • Suivi de la croissance (poids par rapport à la taille)
                             • Conseils en matière de nutrition et de santé

16
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
1. Introduction à la nutrition

Que peuvent faire les volontaires ?
Les volontaires peuvent jouer un rôle utile dans la détection et la prévention de
la malnutrition au sein des communautés, ainsi que dans la promotion d’une
bonne nutrition aux niveaux des communautés et des ménages. Les cas de mal-
nutrition aiguë et les patients présentant des problèmes particuliers devraient
être orientés vers un dispensaire.

Plus précisément, les volontaires peuvent participer activement à l’enseignement
des actions essentielles en nutrition. Cette approche consiste en un ensemble de
comportements recommandés (les actions) et de messages correspondants visant
à encourager une bonne nutrition durant les phases clés du développement de
l’enfant, et tout au long du cycle de vie des adolescentes et des mères.

Les volontaires peuvent en outre adopter le « cycle du triple A » (pour appré-
ciation, analyse et action) afin de promouvoir le changement dans les commu-
nautés. Cette méthode les aidera à comprendre si la malnutrition est causée par
une maladie, par l’insécurité alimentaire ou par tout autre facteur tel que des
pratiques de soins insuffisantes, la migration saisonnière, une charge de travail
trop lourde, une pénurie d’eau, etc.

Actions des volontaires
Actions essentielles en nutrition
Les sept actions essentielles en nutrition9 sont les suivantes :
  1. promotion d’une bonne nutrition des femmes ;
  2. promotion des meilleures pratiques en matière d’allaitement ;
  3. promotion des meilleures pratiques en matière d’alimentation complémen-
      taire pour les jeunes enfants (à partir d’environ six mois, avec poursuite de
      l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans au moins) ;
  4. promotion des soins nutritionnels à apporter aux enfants malades et/ou
                                                                                      9   Adaptation simplifiée du
      sous-alimentés ;                                                                    Livret sur les messages clés
  5. prévention des carences en vitamine A ;                                              du CORE Group (2011).
  6. prévention de l’anémie ferriprive ;                                                  Cette source recommande
                                                                                          les actions suivantes [notre
  7. prévention et traitement des troubles liés à une carence en iode.                    traduction] : 1) Promotion
                                                                                          d’une bonne nutrition des
                                                                                          femmes ; 2) Promotion d’un
Les principes sous-jacents fondamentaux sont les suivants :                               apport suffisant en fer et en
• transmettre des messages adaptés à chaque tranche d’âge par l’intermédiaire             acide folique, et prévention
                                                                                          et traitement de l’anémie
  d’interlocuteurs clés dans la communauté ;                                              chez les femmes et les
• promouvoir le changement des comportements en se fondant sur une évalua-                enfants ; 3) Promotion d’un
  tion/compréhension de la culture et du contexte locaux ;                                apport suffisant en iode
                                                                                          chez tous les membres du
• promouvoir des actions réalistes que tous les membres de la famille et de la            ménage ; 4) Promotion des
  communauté peuvent comprendre, entreprendre ou appuyer.                                 meilleures pratiques en
                                                                                          matière d’allaitement pendant
                                                                                          les six premiers mois du
La méthode du cycle du triple A                                                           nourrisson ; 5) Promotion
                                                                                          des meilleures pratiques
Le cycle du triple A signifie appréciation, analyse et action. (voir figure page          en matière d’alimentation
                                                                                          complémentaire pour les
suivante).                                                                                enfants à partir de six mois,
                                                                                          avec poursuite de l’allaitement
                                                                                          jusqu’à l’âge de deux ans au
                                                                                          moins ; 6) Promotion des soins
                                                                                          nutritionnels à apporter aux
                                                                                          enfants malades et souffrant
                                                                                          de malnutrition sévère ; et 7)
                                                                                          Prévention des carences en
                                                                                          vitamine A chez les femmes et
                                                                                          les enfants.

                                                                                                                     17
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Lignes directrices sur la nutrition

                                                                       La méthode du cycle du triple A

                                                                          ACTION
                                                                    fondée sur l’analyse
                                                                      et les ressources
                                                                         disponibles

                                                                                                APPRÉCIATION
                                                                                                  de la situation
                                                                                               nutritionnelle dans la
                                                                                                 population cible

                                                                                 ANALYSE
                                                                                 des causes
                                                                                 du problème

                                        Appréciation : Les volontaires peuvent coopérer avec le personnel chargé du pro-
                                        gramme et avec la communauté pour comprendre la situation actuelle en matière
                                        de nutrition et définir les problèmes les plus urgents. Les mesures du périmètre
                                        brachial (voir p. 63-66), les données de suivi de la croissance infantile obtenues
                                        auprès de postes de santé voisins, les autoévaluations des groupes de mères, les
                                        visites à domicile ou d’autres méthodes d’appréciation, comme les calendriers
                                        saisonniers, peuvent fournir des informations sur les groupes vulnérables, les
                                        taux de malnutrition et d’allaitement, les habitudes alimentaires, les pratiques
                                        d’alimentation des nourrissons et d’autres éléments nécessaires pour se faire une
                                        idée de la situation nutritionnelle.

                                        Analyse : En utilisant différentes méthodes telles que la « hiérarchisation des prio-
                                        rités » et l’outil « But why ? »10, les volontaires ou le personnel chargé du programme
                                        peuvent collaborer avec les membres des communautés pour examiner les pro-
                                        blèmes, en comprendre les causes profondes et, partant, définir des priorités.

                                        Action : Une fois les priorités déterminées, les actions peuvent être planifiées sur la
                                        base des questions suivantes : « Qu’est-ce qui peut être fait ? », « Comment ? », « Par
                                        qui ? », « Quand ? » et « Où ? ». Les ressources disponibles devraient être recensées.

                                        Une appréciation et une analyse devraient être réalisées avant de décider des
                                        meilleures actions à mettre en œuvre ; cette méthode peut généralement s’appli-
                                        quer à tous les types de prise de décisions. Lorsque les actions ont été poursuivies
                                        pendant un certain temps, il est utile de passer en revue les méthodes d’apprécia-
                                        tion et les résultats initiaux pour répertorier et consigner les changements opérés,
                                        mesurer les progrès et l’impact et déterminer s’il est nécessaire d’apporter des
10 Voir le manuel de l’outil « But
   why? » à l’adresse: http://ctb.
                                        modifications aux interventions ou à la stratégie adoptée. Cette phase est souvent
   ku.edu.                              désignée sous le nom de « suivi et/ou évaluation ».

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Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
1. Introduction à la nutrition

Détection précoce et orientation en temps voulu vers les
services appropriés
Les volontaires peuvent apprendre à reconnaître les signes manifestes d’une
malnutrition aiguë dans leur communauté par une formation au dépistage chez
l’enfant, à l’aide d’un ruban de mesure du périmètre brachial et d’un test simple
de détection des œdèmes. De plus amples informations sont données à l’annexe
de la partie 1 sur la détection précoce de la malnutrition aiguë et l’orientation
en temps voulu des enfants sous-alimentés.

Synthèse de la partie 1
Le tableau ci-dessous décrit la malnutrition chez les jeunes enfants, mais il ne
faut pas oublier que les enfants plus âgés et les adultes peuvent aussi souffrir
de malnutrition, que ce soit en permanence ou temporairement. Ils peuvent pré-
senter une malnutrition chronique ou aiguë, des carences en micronutriments
ou une surcharge pondérale. Toutes ces affections représentent un risque pour
la santé à tout âge.

  Types de malnutrition facilement reconnaissables
  Aiguë                                  Chronique                               Insuffisance pondérale            Obésité
  (émaciation)                           (retard de croissance)                  (chronique ou aiguë)              (surpoids)
  • L’enfant est très maigre et          • L’enfant est petit pour son           • L’enfant est maigre et/ou       • L’enfant est trop lourd et
    il n’a ni graisse, ni muscle           âge : indiqué comme faible              petit pour son âge : indiqué      empâté pour sa taille :
    dans la partie supérieure de           rapport taille-âge.                     comme faible rapport poids-       indiqué comme rapport
    son bras : indiqué comme             • Le retard de croissance est             âge.                              poids-taille élevé.
    faible rapport poids-taille ou         irréversible après l’âge de           • L’insuffisance pondérale        • Plus répandue parmi les
    faible périmètre brachial.             deux ans.                               est réversible en suivant un      enfants prenant rapidement
  • L’émaciation est réversible                                                    régime alimentaire adapté         du poids après leurs deux
    avec un traitement.                                                            et de bonnes pratiques en         premières années de vie
                                                                                   matière de santé et de soins.     (surtout s’ils avaient aupa-
                                                                                                                     ravant souffert d’émaciation,
                                                                                                                     d’insuffisance pondérale ou
                                                                                                                     d’un retard de croissance).
                                                                                                                   • Le surpoids est réversible en
                                                                                                                     suivant un régime alimen-
                                                                                                                     taire adapté et de bonnes
                                                                                                                     pratiques en matière de
                                                                                                                     santé et de soins.

  Malnutrition aiguë
  Malnutrition aiguë modérée                                                     Malnutrition aiguë sévère
  Personnes présentant :                                                         Personnes présentant :
  • un certain degré de maigreur ou d’émaciation (faible périmètre               • un grave degré de maigreur et d’émaciation (périmètre brachial
    brachial ou faible rapport poids-taille)                                       très faible et/ou faible rapport poids-taille), ou
                                                                                 • des œdèmes nutritionnels aux deux pieds, aux deux jambes ou
                                                                                   sur le haut du corps
  Services de santé et de nutrition
  Traitement par alimentation d’appoint                                          Traitement par alimentation thérapeutique (avec services de santé
                                                                                 en cas de complications médicales)

                                                                                                                                                 19
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