Lignes directrices sur la nutrition - www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités.
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Lignes directrices sur la nutrition La Fédération internationale des Sociétés de la Guidées par la Stratégie 2020 – le plan d’action col- Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération in- lectif pour faire face aux défis humanitaires majeurs ternationale) est le plus vaste réseau humanitaire de et du développement de la décennie – la Fédération volontaires au monde. Chaque année, avec ses 189 internationale et les Sociétés nationales sont détermi- Sociétés nationales membres dans le monde, elle agit nées à « sauver des vies et changer les mentalités ». en faveur de 97 millions de personnes par le biais de La Fédération internationale et les Sociétés nationales services et de programmes de développement à long tiennent leur force de leur réseau de volontaires, du terme, ainsi que de 85 millions de personnes, à tra- savoir-faire acquis dans les communautés, de leur indé- vers des opérations d’urgence en cas de catastrophe pendance et de leur neutralité. Elles s’emploient à amé- et de relèvement précoce. Elle œuvre avant, pendant liorer les normes humanitaires, en tant que partenaires et après les catastrophes et les urgences sanitaires du développement et en intervenant en cas de catas- pour répondre aux besoins et améliorer les conditions trophe. Elles persuadent les décideurs d’agir en toutes d’existence des personnes vulnérables. Elle le fait de circonstances dans l’intérêt des personnes vulnérables. façon impartiale, sans distinction fondée sur la natio- Ce faisant, elles rendent les communautés saines et nalité, la race, le genre, les croyances religieuses, la sûres, réduisent les vulnérabilités, renforcent la résilience classe sociale ou les opinions politiques. et encouragent une culture de paix dans le monde entier.
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Table des matières Liste des acronymes 5 À propos de ces lignes directrices 7 Informations générales 7 Objectif 8 Priorités/contenu 8 Introduction à la nutrition 9 Pourquoi la nutrition est-elle importante ? 9 Qu’est-ce que la malnutrition ? 11 Promouvoir une bonne nutrition 11 Quels sont les types de malnutrition ? 12 Formes graves de malnutrition 14 Quels services de santé et de nutrition sont requis ? 16 Que peuvent faire les volontaires ? 17 Synthèse de la partie 1 19 Régime alimentaire familial 21 Pourquoi est-il important d’avoir une bonne alimentation ? 21 Quels sont les bons comportements en matière de nutrition ? 22 Que peuvent faire les volontaires ? 29 Synthèse de la partie 2 30 La nutrition des femmes 31 Pourquoi une bonne nutrition est-elle importante pour les femmes et les adolescentes ? 31 Quels sont les bons comportements des femmes et des adolescentes en matière de nutrition ? 32 Régime alimentaire adapté 33 Absence de maladies 35 Pratiques de soins appropriées 37 Quels sont les services de santé et de nutrition disponibles ? 39 Que peuvent faire les volontaires ? 40 Synthèse de la partie 3 41 3
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants 45 Pourquoi une bonne nutrition est-elle importante pour les nourrissons et les jeunes enfants ? 45 Quels sont les bons comportements en matière de nutrition ? 47 Régime alimentaire adapté 47 Absence de maladies 55 Pratiques de soins appropriées 57 Quels services de santé et de nutrition sont requis ? 59 Que peuvent faire les volontaires ? 61 Synthèse de la partie 4 62 Boîte à outils 63 Outil de détection et d’orientation 63 Interprétation des indicateurs de la mesure du périmètre brachial 66 Mise en place d’un système d’orientation vers les services de traitement de la malnutrition aiguë 67 4
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Liste des acronymes FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Fédération Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge OMS Organisation mondiale de la Santé ONG Organisation non gouvernementale PB Périmètre brachial PSSBC Premiers secours et santé à base communautaire SIDA Syndrome d’immunodéficience acquise SRO Sels de réhydratation orale VIH Virus de l’immunodéficience humaine 5
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Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition À propos de ces lignes directrices Informations générales Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de dénutrition, c’est-à- dire manquent des aliments nécessaires pour se nourrir correctement. Toutefois, l’absence d’accès aux vivres n’est pas seule en cause ; les mauvais comportements et pratiques en matière de nutrition et d’alimentation jouent également un rôle. Ce sont les enfants qui sont les plus vulnérables. Ainsi, plus d’un tiers des enfants africains souffrent de malnutrition chronique, qui compromet de manière perma- nente la croissance physique et le développement mental dès l’âge de deux ans. Le meilleur moyen de mesurer le taux de malnutrition est donc d’évaluer le nombre d’enfants de moins de cinq ans qui sont trop petits par rapport aux normes inter- nationales (ce que l’on appelle le « retard de croissance »). En général, des taux élevés de retard de croissance indiquent que toute la communauté pourrait souf- frir de problèmes nutritionnels. La santé et la nutrition sont étroitement liées. Près de la moitié des décès d’en- fants pourraient être évités si la malnutrition ne venait pas s’ajouter à la maladie. Parallèlement, la maladie accroît le risque de malnutrition chez les enfants. Les mères sous-alimentées donnent naissance à des enfants présentant une insuffi- sance pondérale, qui risquent davantage une fois adultes d’avoir eux-mêmes des enfants en sous-poids. Les personnes positives au VIH ont besoin de nutriments supplémentaires, surtout lorsqu’elles prennent des médicaments antirétroviraux. Les adultes qui souffrent d’un manque de micronutriments (vitamines et miné- raux) et d’autres carences sont souvent fatigués et, par conséquent, moins pro- ductifs. Cela réduit leur capacité de subvenir aux besoins de leur famille et, au niveau national, freine considérablement l’économie d’un pays. L’obésité, une autre facette de la malnutrition, est maintenant reconnue dans la plupart des pays comme un problème grave et croissant, et un facteur décisif dans les maladies non infectieuses telles que le diabète. Parfois, des enfants sous-ali- mentés et des adultes obèses prédisposés aux maladies vivent sous le même toit, et il apparaît de plus en plus clairement que les enfants souffrant de malnutrition risquent davantage de souffrir d’obésité et de problèmes connexes une fois adultes. Objectif Les présentes lignes directrices visent à compléter les documents de référence et les outils de formation élaborés par la Fédération internationale dans le domaine 7
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition de la santé, notamment les manuels et les supports de formation La lutte contre les épidémies à l’usage des volontaires et Premiers secours et santé à base communautaire 1. Ces lignes directrices devraient être utilisées à des fins de sensibilisation, de renfor- cement des capacités et d’intégration dans les programmes des Sociétés nationales en matière de santé, de nutrition et de sécurité alimentaire. Les Sociétés nationales qui souhaiteraient faire de la lutte contre la malnutrition l’un de leurs objectifs principaux sont encouragées à participer aux mécanismes de planification natio- nale et aux débats politiques relatifs à cette question. Étant donné que de nombreux gouvernements et donateurs entendent faire mieux connaître les initiatives prises en vue de réduire les taux de malnutrition, coopérer avec les différentes parties prenantes et jouer le rôle de partenaire d’exécution peut être une stratégie payante pour les Sociétés nationales, qui pourront ainsi renforcer leurs propres capacités, s’assurer de la qualité de la mise en œuvre et participer à un programme ayant suf- fisamment d’impact pour bénéficier à un grand nombre de personnes vulnérables. Les Sociétés nationales peuvent donc utiliser ces lignes directrices pour sensibi- liser le public et renforcer les capacités internes en vue de mener des interventions dans le domaine de la nutrition, ainsi que de promouvoir des bonnes pratiques et des principes en la matière similaires à ceux recommandés par d’autres acteurs. Les supports peuvent aussi être utilisés pour intégrer la lutte contre la malnutri- tion dans des programmes existants. Par exemple, ils pourraient être inclus dans la formation dispensée au personnel ou aux volontaires dans le cadre des pro- grammes de sécurité alimentaire ou de premiers secours et santé à base commu- nautaire, ou encore dans les séances d’éducation nutritionnelle s’adressant aux mères qui consultent les services d’urgence des dispensaires. Priorités/contenu Ces lignes directrices contiennent des informations et des conseils sur les meil- leures pratiques mondialement reconnues pour lutter contre la malnutrition ; elles visent à favoriser les « programmes fondés sur des données probantes » (c.-à-d. les interventions dont il a été prouvé, après des études approfondies, qu’elles étaient efficaces pour obtenir les résultats escomptés). Nous nous sommes efforcés de faire concorder les messages véhiculés dans le présent texte avec la documentation existante sur ce thème et des sujets connexes. Cependant, cette documentation est généralement axée sur la promotion de l’allaitement et ne traite pas suffisamment d’autres questions clés telles que l’alimentation com- plémentaire ou la nutrition maternelle. Les outils figurant dans ces lignes directrices sur la nutrition devraient de préférence être utilisés pour déterminer des domaines prioritaires aux fins de la transmission de messages et du changement des comportements. Au niveau local, il peut être plus judicieux d’utiliser des supports de formation ou des messages sur la nutrition adaptés à la situation locale, qu’ils soient conçus dans le cadre de programmes du ministère de la Santé ou d’autres programmes locaux de promotion de la nutrition, ou élaborés en phase avec ces programmes. Il convient de consulter ces documents lorsque des interventions au niveau des communautés sont prévues. En l’état actuel, ces lignes directrices abordent les principaux thèmes suivants : partie 1, introduction à la malnutrition ; partie 2, régime alimentaire familial ; partie 3, la nutrition des femmes ; et partie 4, la nutrition des nourrissons et des jeunes enfants. 1 Fédération internationale, La lutte contre les épidémies Des sujets connexes, tels que la prévention et le traitement des maladies, le VIH et à l’usage des volontaires la promotion de l’hygiène, sont traités exhaustivement dans d’autres documents (décembre 2008) et Premiers secours et santé à base (plus précisément, Implementation guide for Community-based health and first aid in action communautaire (mars 2009). (CBHFA) ; La lutte contre les épidémies à l’usage des volontaires ; Guidelines on HIV prevention). 8
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition 1. Introduction à la nutrition À la fin de cette partie, vous : • comprendrez pourquoi une bonne nutrition est importante ; • aurez acquis des connaissances sur la malnutrition et ses causes ; • saurez quels services de santé et de nutrition sont disponibles ; • saurez ce que peuvent faire les volontaires. Pourquoi la nutrition est-elle importante ? Notre corps a besoin d’une quantité suffisante d’aliments adéquats qui nous apportent l’énergie nécessaire pour grandir, apprendre, travailler et rester en bonne santé. Les enfants de moins de deux ans ont des besoins particuliers car leur organisme se développe et évolue rapidement, même avant la naissance. Les femmes enceintes et les mères allaitantes doivent également bien se nourrir pour préserver leur propre santé et celle de leurs nourrissons. La santé et la nutrition sont étroitement liées. Un enfant bien nourri a beaucoup plus de chances de se remettre d’une maladie grave qu’un enfant souffrant de malnutrition. Par contre, des maladies aiguës ou récurrentes comme le palu- disme ou la diarrhée peuvent augmenter le risque de malnutrition chez l’enfant. Les écoliers et les adultes qui souffrent d’un manque de micronutriments (vita- mines et minéraux) ou d’autres carences nutritionnelles peuvent se sentir fati- gués, avoir de la peine à travailler et avoir une santé fragile. Il peut être difficile pour ces adultes de subvenir aux besoins de leur famille. De même, les adultes présentant un excès de poids important risquent plus que les autres de déve- lopper certains problèmes de santé graves. Une bonne nutrition est importante pour la santé et le bien-être de chacun. Elle est toutefois particulièrement cruciale pour les nourrissons, les jeunes enfants, les mères et les adolescentes, qui deviendront mères à leur tour. Comme le montre le diagramme ci-après, une mauvaise nutrition ne serait-ce que pendant une phase du cycle de vie peut compromettre la santé non seulement de la personne concernée, mais aussi des générations futures. 9
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Graphique du cycle de la vie Relations Impacts de la malnutrition Taux plus élevés de morbidité, de décès Femme âgée fragile Insuffisance Femme pondérale à la Bébé âgée naissance Adolescente Femme Mère souffrant et jeune mère adulte Adolescente présentant un de malnutrition retard de croissance Capacité d’apprentissage et productivité plus faibles Les causes de la malnutrition sont multiples, interdépendantes et complexes. Causes immédiates • Régime alimentaire inadapté : une personne a un régime alimentaire ina- dapté lorsqu’elle ne consomme pas d’aliments suffisamment variés (qualité) et/ou qu’elle ne mange pas assez (quantité). • Maladies : lorsqu’une personne est malade, elle perd l’appétit et son corps ne parvient plus aussi bien à assimiler la nourriture, ce qui l’affaiblit et le rend plus vulnérable à d’autres maladies. De plus, les maladies et les blessures en- traînent un besoin accru de nutriments pour la phase de rétablissement. Causes sous-jacentes • Insécurité alimentaire2 : on parle d’insécurité alimentaire lorsqu’une famille est incapable de produire ou d’acheter assez d’aliments suffisamment va- riés pour subvenir à ses besoins. Même lorsqu’il y a assez de vivres dans un ménage, il arrive que ceux-ci ne soient pas répartis équitablement et que la priorité ne soit pas donnée aux membres vulnérables de la famille, comme les enfants ou les femmes. • Insuffisance des soins maternels et infantiles : parfois, les mères et leurs enfants n’ont pas une alimentation adaptée à cause de tabous locaux ou par manque de connaissances, de soins ou d’attention. • Insuffisance des soins de santé et environnement insalubre : des services de santé de base peu accessibles ou inutilisés, le manque d’hygiène dans la 2 Il y a insécurité alimentaire zone d’habitation, des systèmes d’assainissement inexistants ou déficients et quand l’accès aux aliments et leur disponibilité et/ou leur l’absence d’eau potable sont autant de facteurs qui engendrent des risques utilisation sont inadéquats. sanitaires et contribuent aux problèmes de nutrition. Messages clés Une bonne nutrition est importante à tout âge. Notre corps a besoin d’une quantité suffisante d’aliments adéquats qui nous apportent l’énergie nécessaire pour grandir, apprendre, travailler et rester en bonne santé. Les enfants de moins de deux ans ont des besoins particuliers, car leur organisme se développe et évolue rapidement, même avant la naissance. La santé et la nutrition sont étroitement liées : une personne doit bien se nourrir pour se maintenir en forme, tandis qu’une santé fragile peut se répercuter sur son état nutritionnel. 10 
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Qu’est-ce que la malnutrition ? Causes de la malnutrition Malnutrition Causes immédiates Régime alimentaire Maladie 3 Les protéines, les graisses, inadapté les glucides (amidons), les vitamines et les minéraux sont différents types de nutriments. 4 Cela signifie que ces enfants Sécurité Insuffisance des auraient survécu à la maladie Insuffisance des Causes sous-jacentes alimentaire du soins de santé et s’ils n’avaient pas été sous- soins maternels ménage environnement alimentés. Une autre étude a et infantiles inadéquate insalubre révélé que plus de 30 % des décès d’enfants pouvaient être directement attribués à la malnutrition. Institutions formelles et informelles, éducation, Causes fondamentales 5 Dans les présentes lignes structure économique, politique directrices, le terme « nourrisson » désigne généralement les enfants de La malnutrition est une affection due à un manque de nourriture, à la consom- moins de six mois, tandis que mation d’aliments inadaptés ou à l’incapacité d’extraire des aliments les nutri- le terme « jeune enfant » vise les enfants de plus de six mois. ments3 nécessaires. Les personnes souffrant de malnutrition ont des difficultés Le mot « bébé », plus général, à grandir, à apprendre, à réaliser des travaux physiques, à résister aux maladies a été proscrit pour éviter et aux blessures et à se rétablir. toute confusion quant aux recommandations spécifiques à un âge. Les termes « enfant » Une mauvaise nutrition entraîne de graves conséquences : ou « enfants » ont été utilisés pour désigner les nourrissons • Dans plus de la moitié des cas de décès d’enfants dus à la diarrhée, au palu- ET les jeunes enfants. disme et à la pneumonie, la malnutrition est une cause sous-jacente4. 6 Dans la plupart des cas de • Chez les enfants, 20 % des décès liés à la malnutrition sont dus à une malnutri- malnutrition aiguë ou chronique modérée, les bonnes pratiques tion sévère, mais les 80 % restants se rapportent à des formes de malnutrition en matière de nutrition et légères ou modérées qui touchent la plupart des enfants, mais qui ne sont pas d’alimentation sont essentielle- ment les mêmes, qu’on essaie facilement détectables et restent souvent ignorées au niveau des communautés. de « guérir » ou de « prévenir » la malnutrition. C’est pourquoi Les femmes enceintes, les mères allaitantes et les jeunes enfants sont les plus ces lignes directrices mettent l’accent sur la prévention. vulnérables à la malnutrition. Il a été prouvé que les enfants qui souffrent de Un processus de sélection malnutrition pendant leurs deux premières années de vie subissent des dom- peut ensuite permettre de distinguer, parmi tous les jeunes mages physiques et mentaux irréversibles. enfants, ceux qui souffrent de malnutrition modérée, lorsqu’il faut limiter le nombre de partici- La malnutrition pendant la grossesse fait courir de grands risques tant à la mère pants aux séances de formation qu’à l’enfant à naître. Une femme enceinte sous-alimentée peut souffrir de com- ou qu’une aide alimentaire ou plications pendant sa grossesse ou lors de l’accouchement. Son enfant peut des allocations en espèces sont proposées. Dans de tels cas, avoir des problèmes de croissance dans l’utérus et, par conséquent, naître avec les participants cibles peuvent un poids trop faible. Les nourrissons5 qui présentent une insuffisance pondérale être soit les personnes ayant des enfants sous-alimentés ou à la naissance sont davantage exposés aux problèmes de santé. celles ayant de jeunes enfants et répondant à d’autres critères de vulnérabilité, soit toutes les Promouvoir une bonne nutrition personnes ayant de jeunes enfants. En cas de malnutrition aiguë sévère, il est recom- mandé aux volontaires de toujours orienter les personnes Le diagramme ci-dessus montre les trois principes clés dans lesquels on peut vers un poste de santé et de ne répartir certaines actions ou certains « comportements » en vue de promouvoir participer à la prise en charge thérapeutique qu’exception- une bonne nutrition. Pour lutter contre la malnutrition, la prévention est la meil- nellement, dans le cadre d’un leure stratégie 6. programme plus vaste. 11
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Ces trois principes clés sont : Un régime alimentaire adapté • Tous les membres du ménage mangent des aliments assez variés et en quan- tité suffisante, en tout temps. L’absence de maladies • Tous les membres du ménage se protègent contre les maladies telles que la diarrhée, le paludisme et le VIH, et contre les vers intestinaux, qui nuisent à l’assimilation de la nourriture par l’organisme. Des pratiques de soins appropriées • Tous les membres du ménage reçoivent les soins nécessaires, surtout les plus vulnérables, comme les femmes enceintes, les mères allaitantes et les jeunes enfants. Dans le cas des enfants, cela signifie de bonnes pratiques alimentaires et un milieu caractérisé par la bienveillance et l’attention. Il s’agit aussi d’as- surer un environnement favorable aux mères pour qu’elles puissent se nourrir correctement, se reposer et avoir le temps de s’occuper de leurs enfants. Ces trois principes clés seront rappelés dans tout ce document, qui recense aussi des comportements recommandés et des messages de sensibilisation spéci- fiques à des groupes particuliers comme les familles (partie 2), les adolescentes, les femmes enceintes et les mères allaitantes (partie 3), et les nourrissons et les jeunes enfants (partie 4). Messages clés Les trois principes clés d’une bonne nutrition sont : 1) un régime alimentaire adapté – manger des aliments adéquats en quantité suffisante ; 2) l’absence de maladies – rester en bonne santé ; et 3) des pratiques de soins appropriées – assurer un bon niveau de soins, de repos et d’hygiène, ainsi qu’un milieu stimulant et bienveillant pour les jeunes enfants. Quels sont les types de malnutrition ? Si la prévention reste la meilleure option, il est important de savoir reconnaître les différents types de malnutrition et, le cas échéant, de savoir vers quels ser- vices orienter les personnes concernées pour qu’elles reçoivent un traitement. Il existe plusieurs types de malnutrition7 : (voir tableau ci-contre) 7 Certains experts décrivent  la malnutrition comme la combinaison de la « dénutrition » (aiguë ou chronique, y compris les carences en micronutriments) et de la « suralimentation » (surpoids ou obésité). Dans le présent supplément, des termes plus courants sont utilisés, à savoir « malnutrition » pour désigner les cas de mauvaise nutrition, et « surpoids » pour évoquer les personnes souffrant d’obésité. Une personne en surpoids peut aussi présenter un manque de micronutriments ou d’autres carences alimentaires. 12
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Insuffisance pondérale Une personne présentant une insuffisance pondérale a un poids trop faible pour son âge parce qu’elle est trop mince et/ou trop petite par rapport à la plupart des personnes de la même tranche d’âge. L’insuffisance pondérale peut être due à une malnutrition chronique ou aiguë, et elle est considérée comme une mesure combinée de ces deux types de malnutrition. Elle est réversible si un régime alimentaire adapté et de bonnes pratiques en matière de santé et de soins sont suivis. Les enfants dont le poids est insuffisant risquent de présenter des troubles du développement et sont plus vulnérables aux maladies. L’insuffisance pondérale se mesure en comparant le poids à l’âge (rapport poids-âge). Malnutrition aiguë Les personnes qui souffrent de malnutrition aiguë sont très maigres. Cette forme (émaciation) de malnutrition, appelée aussi « émaciation », peut être sévère ou modérée. Elle est réversible avec un traitement adapté et de bonnes pratiques de soins. Les enfants émaciés sont jusqu’à 20 fois plus susceptibles que les enfants bien nourris de mourir de maladies courantes comme la diarrhée. L’émaciation peut être répandue chez les enfants de six à 24 mois. Elle s’évalue en comparant le poids à la taille (rapport poids-taille) ou en mesurant le périmètre brachial (tour de bras). Malnutrition Les personnes souffrant de malnutrition chronique sont en général trop petites pour chronique leur âge, mais pas forcément maigres. La malnutrition chronique est connue aussi (retard de sous le nom de « retard de croissance ». Le retard de croissance étant irréversible croissance) après l’âge de deux ans, de bonnes pratiques nutritionnelles sont essentielles les 1 000 premiers jours. Les enfants qui présentent un tel retard risquent d’avoir des troubles du développement et sont plus vulnérables aux maladies. Le retard de croissance se mesure en comparant la taille à l’âge (rapport taille-âge). Obésité Les personnes obèses ou en surpoids présentent une accumulation excessive de (surpoids) graisse corporelle. Le surpoids est réversible en suivant un régime alimentaire adapté, en faisant de l’exercice et en respectant de bonnes pratiques en matière de santé et de soins, en particulier chez les enfants et les adolescents en pleine croissance. Chez ces derniers, le surpoids augmente le risque de souffrir d’hypertension artérielle, de diabète et de troubles cardiaques à l’âge adulte. De nombreux adultes en surpoids sont atteints de ces maladies. Le surpoids se mesure en comparant le poids à la taille (rapport poids-taille). Carences en L’organisme a besoin de substances nutritives spéciales comme les vitamines et les micronutriments minéraux en très petites quantités, raison pour laquelle on les appelle les « micronutri- ments ». En règle générale, les carences en micronutriments ne sont pas détectables immédiatement mais elles peuvent avoir un impact considérable sur la croissance, la santé et les capacités d’apprentissage. Les carences les plus fréquentes concernent la vitamine A, le fer et l’iode. Les carences en micronutriments sont généralement traitées à titre préventif dans les régions où elles sont notoirement répandues. Messages clés Une personne qui est extrêmement maigre pourrait souffrir de malnutrition aiguë. Pour le savoir, on mesure le périmètre du haut du bras à l’aide d’un ruban gradué spécial ou on compare le rapport poids-taille à une référence donnée. Cette personne peut se rétablir si elle suit un traitement, et il est donc crucial de l’orienter vers un dispensaire pour qu’elle y reçoive des soins. Une personne qui est très petite pour son âge pourrait souffrir de malnutrition chronique. Pour le savoir, on compare le rapport taille-âge à une référence donnée. Les enfants souffrant de malnutrition chronique sont plus susceptibles de tomber malades et d’avoir des difficultés à l’école. Les effets sur le développement physique et mental sont permanents (irréversibles). Une personne qui est très grosse est en surpoids et risque davantage de souffrir de certaines maladies comme le diabète plus tard dans sa vie. Le surpoids se mesure en comparant la taille au poids. Retrouver un poids normal contribue à réduire les risques pour la santé. Une personne qui n’a pas un régime alimentaire varié pourrait manquer de certains minéraux et vitamines (micronutriments). Ces carences peuvent compromettre la santé à tout âge et empêcher une croissance et un développement normaux chez l’enfant. 13
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Formes graves de malnutrition Deux formes de malnutrition aiguë représentent une menace immédiate pour la vie d’un enfant et doivent être traitées rapidement : l’émaciation (maigreur excessive) et l’œdème nutritionnel (excès de liquide dans les tissus corporels), ou une combinaison de ces deux affections. Émaciation/maigreur Elle est due à un régime alimentaire inadapté (aliments pas assez variés mais surtout (marasme) en quantité insuffisante) et/ou à la présence de maladies réduisant la capacité de l’organisme d’assimiler correctement la nourriture. L’émaciation peut se présenter comme une forme modérée ou sévère de malnutrition aiguë. Symptômes : Retard de croissance • Visage émacié à l’aspect flétri, yeux enfoncés et joues creusées • Os saillants, par ex. côtes visibles • Membres frêles • Peau flasque, notamment autour des fesses • Appétit généralement conservé • Irritabilité (pleurs fréquents) Détection: • Chez le nourrisson, comparer le rapport poids-taille à une référence donnée • Chez l’enfant de 6 mois à 5 ans, mesurer le périmètre brachial et/ou comparer le rapport poids-taille à une référence donnée • Chez l’enfant de plus de 5 ans et chez l’adulte, comparer le rapport poids-taille à une référence donnée • Chez la femme enceinte et la mère allaitante, mesurer le périmètre brachial Œdème nutritrionnel 8 Il est dû à un régime alimentaire inadapté (généralement, aliments insuffisamment (kwashiorkor) variés) et/ou à la présence de maladies réduisant la capacité de l’organisme d’assimiler correctement les nutriments présents dans la nourriture. L’œdème nutritionnel est toujours considéré comme une forme sévère de malnutrition aiguë. Il est toujours bilatéral (par ex. il touche les deux pieds). Symptômes : • Visage gonflé et bouffi • Ventre gonflé • Œdème (enflure) touchant d’abord les deux pieds et les mollets, mais pouvant aussi s’étendre à tout le corps • Modifications de la peau (pâleur, desquamation, plaies) • Modifications des cheveux (brunissement, cheveux clairsemés et raides) • Perte d’appétit • Désintérêt vis-à-vis de l’entourage Détection: • Vérifiable SEULEMENT par pression des doigts • IMPOSSIBLE à détecter uniquement par l’observation Messages clés Les enfants dont le ventre est gonflé souffrent d’un œdème nutritionnel et/ou sont atteints de parasites ou de vers intestinaux. Ils devraient être orientés vers un dispensaire pour y recevoir un traitement contre la malnutrition. En cas de parasites ou de vers intestinaux, des médicaments spécifiques doivent être administrés. 8 L’œdème est un excès de liquide dans les tissus corporels, qui peut se manifester par une enflure (par ex. des chevilles, des pieds, des mollets, des mains, des paupières, etc.). 14
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Les trois formes de carences en micronutriments ci-dessous sont courantes. Elles constituent également une menace mortelle. Seul un œil averti peut les reconnaître. Anémie ferriprive Elle est due à une carence en fer dans l’alimentation et/ou à la présence de maladies telles que le paludisme et les parasitoses intestinales. L’anémie sape la santé et l’énergie. Symptômes : • Pâleur de la paupière interne, de la peau sous les ongles, des gencives, de la langue, des lèvres et de la peau • Fatigue • Maux de tête • Essoufflement Carence en vitamine A Elle est due à un manque de vitamine A dans l’alimentation et/ou à la présence de maladies telles que la diarrhée et la rougeole. Les carences en vitamine A nuisent à la santé et à la croissance. Symptôme : • Cécité nocturne Symptômes d’une carence grave : • Sécheresse oculaire accompagnée de lésions spumeuses sur les paupières internes, apparaissant souvent près du bord extérieur de l’iris (tâches de Bitot) • Sécheresse ou fatigue oculaire, ou opacification de la cornée (xérosis cornéen) • Amollissement de l’œil et ulcération de la cornée (kératomalacie) Troubles liés à une Ils sont dus à un manque de sel iodé et de poisson dans le régime alimentaire, carence en iode et s’expliquent aussi par l’absence d’iode dans le sol (souvent dans les régions montagneuses), entraînant un manque d’iode dans les denrées cultivées. L’organisme étant incapable de stocker l’iode longtemps, il a besoin de minuscules apports chaque jour. Les carences en iode compromettent la santé et le développement mental. Elles peuvent provoquer une affection appelée « goitre ». Symptômes : • Les cas graves de goitre ont pour symptôme visible un cou enflé (glande thyroïde) Il existe d’autres formes de carences en micronutriments, notamment en : zinc, acide folique (vitamine B6), cobalamine (vitamine B12), thiamine (vitamine B1), riboflavine (vitamine B2), niacine (vitamine B3), vitamine B6, vitamine C, vita- mine D, calcium, sélénium et fluorure. Messages clés Les carences en micronutriments les plus courantes concernent le fer, la vitamine A et l’iode, dont le manque nuit à la santé et à la croissance. Des compétences particulières peuvent être nécessaires pour détecter ces problèmes potentiellement mortels. Un régime alimentaire varié ou la prise de compléments spéciaux peut garantir un apport suffisant en micronutriments. 15
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Quels services de santé et de nutrition sont requis ? Cette partie décrit certains services de santé et de nutrition visant à traiter ou à prévenir la malnutrition. La partie 3 porte sur les services de santé et de nutrition préventifs à l’intention des femmes, tandis que la partie 4 fournit de plus amples in- formations sur ces services en ce qui concerne les nourrissons et les jeunes enfants. La disponibilité des services de santé et de nutrition peut varier d’un pays à l’autre, et même d’une région à l’autre à l’intérieur d’un même pays. La malnutrition est plus répandue dans certaines zones, et les politiques et les programmes des pou- voirs publics peuvent être influencés par la disponibilité de ressources humaines et financières. Les volontaires devraient connaître les services fournis au niveau local et savoir comment orienter les personnes vers ces services en fonction de leurs besoins. Les services de santé et de nutrition adaptés aux personnes souffrant de différents types de malnutrition sont répertoriés ci-dessous, ainsi que leurs avantages spécifiques. Services de santé et de nutrition Pour les personnes Alimentation thérapeutique (pour traiter la malnutrition aiguë sévère) souffrant de • Traitement en établissement des personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère avec complications médi- malnutrition aiguë cales et/ou perte d’appétit (essentiellement • Traitement ambulatoire des personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère sans complications médicales les enfants) et ayant conservé leur appétit Alimentation d’appoint (pour traiter la malnutrition aiguë modérée) • Traitement ambulatoire des personnes souffrant de malnutrition modérée • Généralement disponible dans les régions touchées par l’insécurité alimentaire, et dans les situations d’urgence à la suite de catastrophes ou de conflits Pour les personnes Supplémentation (pour traiter chacune des carences en micronutriments) présentant l’une • Comprimés de fer et d’acide folique pour l’anémie ferriprive légère ou sévère des trois carences • Suppléments d’huile enrichie en vitamine A pour la cécité nocturne et les lésions oculaires (sauf la kératomalacie) en micronutriments • Suppléments de sel iodé pour les carences en iode (une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour les plus courantes les patients ayant un goitre) Services préventifs Les campagnes de sensibilisation et de changement des comportements axées sur la nutrition des nourrissons pour les enfants et des jeunes enfants peuvent être menées par le biais des dispensaires et d’autres services de proximité assurés par les pouvoirs publics ou les ONG. Les campagnes de sensibilisation se concentrent généralement sur les bonnes pratiques, tandis que les services de conseil ou les discussions en groupe donnent aux participants des idées sur les moyens de surmonter leurs difficultés à appliquer de meilleures pratiques. Dans certains pays, les établissements de santé locaux proposent des services de promotion et de suivi de la croissance pour les enfants de zéro à deux ans au moins ; dans ce cadre, les enfants sont pesés et leur courbe de croissance est reportée sur un graphique. De cette manière, les parents et les agents de santé peuvent vérifier si l’enfant grandit bien. Si la croissance n’est pas normale, des conseils en matière de nutrition et de santé sont donnés. La qualité des services de conseil peut varier, mais si elle est bonne, ceux-ci peuvent contribuer efficacement à améliorer la croissance et la santé de l’enfant. Retard de Des mesures doivent être prises les 1 000 premiers jours de la vie, car il est irréversible après l’âge de deux ans. croissance • Suivi de la croissance (taille par rapport à l’âge) • Distribution d’aliments enrichis • Supplémentation en micronutriments • Conseils en matière de nutrition et de santé Obésité Traitement des maladies liées au surpoids (hypertension artérielle, cholestérol, diabète et troubles cardiaques) • Suivi de la croissance (poids par rapport à la taille) • Conseils en matière de nutrition et de santé 16
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Que peuvent faire les volontaires ? Les volontaires peuvent jouer un rôle utile dans la détection et la prévention de la malnutrition au sein des communautés, ainsi que dans la promotion d’une bonne nutrition aux niveaux des communautés et des ménages. Les cas de mal- nutrition aiguë et les patients présentant des problèmes particuliers devraient être orientés vers un dispensaire. Plus précisément, les volontaires peuvent participer activement à l’enseignement des actions essentielles en nutrition. Cette approche consiste en un ensemble de comportements recommandés (les actions) et de messages correspondants visant à encourager une bonne nutrition durant les phases clés du développement de l’enfant, et tout au long du cycle de vie des adolescentes et des mères. Les volontaires peuvent en outre adopter le « cycle du triple A » (pour appré- ciation, analyse et action) afin de promouvoir le changement dans les commu- nautés. Cette méthode les aidera à comprendre si la malnutrition est causée par une maladie, par l’insécurité alimentaire ou par tout autre facteur tel que des pratiques de soins insuffisantes, la migration saisonnière, une charge de travail trop lourde, une pénurie d’eau, etc. Actions des volontaires Actions essentielles en nutrition Les sept actions essentielles en nutrition9 sont les suivantes : 1. promotion d’une bonne nutrition des femmes ; 2. promotion des meilleures pratiques en matière d’allaitement ; 3. promotion des meilleures pratiques en matière d’alimentation complémen- taire pour les jeunes enfants (à partir d’environ six mois, avec poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans au moins) ; 4. promotion des soins nutritionnels à apporter aux enfants malades et/ou 9 Adaptation simplifiée du sous-alimentés ; Livret sur les messages clés 5. prévention des carences en vitamine A ; du CORE Group (2011). 6. prévention de l’anémie ferriprive ; Cette source recommande les actions suivantes [notre 7. prévention et traitement des troubles liés à une carence en iode. traduction] : 1) Promotion d’une bonne nutrition des femmes ; 2) Promotion d’un Les principes sous-jacents fondamentaux sont les suivants : apport suffisant en fer et en • transmettre des messages adaptés à chaque tranche d’âge par l’intermédiaire acide folique, et prévention et traitement de l’anémie d’interlocuteurs clés dans la communauté ; chez les femmes et les • promouvoir le changement des comportements en se fondant sur une évalua- enfants ; 3) Promotion d’un tion/compréhension de la culture et du contexte locaux ; apport suffisant en iode chez tous les membres du • promouvoir des actions réalistes que tous les membres de la famille et de la ménage ; 4) Promotion des communauté peuvent comprendre, entreprendre ou appuyer. meilleures pratiques en matière d’allaitement pendant les six premiers mois du La méthode du cycle du triple A nourrisson ; 5) Promotion des meilleures pratiques Le cycle du triple A signifie appréciation, analyse et action. (voir figure page en matière d’alimentation complémentaire pour les suivante). enfants à partir de six mois, avec poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans au moins ; 6) Promotion des soins nutritionnels à apporter aux enfants malades et souffrant de malnutrition sévère ; et 7) Prévention des carences en vitamine A chez les femmes et les enfants. 17
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition La méthode du cycle du triple A ACTION fondée sur l’analyse et les ressources disponibles APPRÉCIATION de la situation nutritionnelle dans la population cible ANALYSE des causes du problème Appréciation : Les volontaires peuvent coopérer avec le personnel chargé du pro- gramme et avec la communauté pour comprendre la situation actuelle en matière de nutrition et définir les problèmes les plus urgents. Les mesures du périmètre brachial (voir p. 63-66), les données de suivi de la croissance infantile obtenues auprès de postes de santé voisins, les autoévaluations des groupes de mères, les visites à domicile ou d’autres méthodes d’appréciation, comme les calendriers saisonniers, peuvent fournir des informations sur les groupes vulnérables, les taux de malnutrition et d’allaitement, les habitudes alimentaires, les pratiques d’alimentation des nourrissons et d’autres éléments nécessaires pour se faire une idée de la situation nutritionnelle. Analyse : En utilisant différentes méthodes telles que la « hiérarchisation des prio- rités » et l’outil « But why ? »10, les volontaires ou le personnel chargé du programme peuvent collaborer avec les membres des communautés pour examiner les pro- blèmes, en comprendre les causes profondes et, partant, définir des priorités. Action : Une fois les priorités déterminées, les actions peuvent être planifiées sur la base des questions suivantes : « Qu’est-ce qui peut être fait ? », « Comment ? », « Par qui ? », « Quand ? » et « Où ? ». Les ressources disponibles devraient être recensées. Une appréciation et une analyse devraient être réalisées avant de décider des meilleures actions à mettre en œuvre ; cette méthode peut généralement s’appli- quer à tous les types de prise de décisions. Lorsque les actions ont été poursuivies pendant un certain temps, il est utile de passer en revue les méthodes d’apprécia- tion et les résultats initiaux pour répertorier et consigner les changements opérés, mesurer les progrès et l’impact et déterminer s’il est nécessaire d’apporter des 10 Voir le manuel de l’outil « But why? » à l’adresse: http://ctb. modifications aux interventions ou à la stratégie adoptée. Cette phase est souvent ku.edu. désignée sous le nom de « suivi et/ou évaluation ». 18
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Détection précoce et orientation en temps voulu vers les services appropriés Les volontaires peuvent apprendre à reconnaître les signes manifestes d’une malnutrition aiguë dans leur communauté par une formation au dépistage chez l’enfant, à l’aide d’un ruban de mesure du périmètre brachial et d’un test simple de détection des œdèmes. De plus amples informations sont données à l’annexe de la partie 1 sur la détection précoce de la malnutrition aiguë et l’orientation en temps voulu des enfants sous-alimentés. Synthèse de la partie 1 Le tableau ci-dessous décrit la malnutrition chez les jeunes enfants, mais il ne faut pas oublier que les enfants plus âgés et les adultes peuvent aussi souffrir de malnutrition, que ce soit en permanence ou temporairement. Ils peuvent pré- senter une malnutrition chronique ou aiguë, des carences en micronutriments ou une surcharge pondérale. Toutes ces affections représentent un risque pour la santé à tout âge. Types de malnutrition facilement reconnaissables Aiguë Chronique Insuffisance pondérale Obésité (émaciation) (retard de croissance) (chronique ou aiguë) (surpoids) • L’enfant est très maigre et • L’enfant est petit pour son • L’enfant est maigre et/ou • L’enfant est trop lourd et il n’a ni graisse, ni muscle âge : indiqué comme faible petit pour son âge : indiqué empâté pour sa taille : dans la partie supérieure de rapport taille-âge. comme faible rapport poids- indiqué comme rapport son bras : indiqué comme • Le retard de croissance est âge. poids-taille élevé. faible rapport poids-taille ou irréversible après l’âge de • L’insuffisance pondérale • Plus répandue parmi les faible périmètre brachial. deux ans. est réversible en suivant un enfants prenant rapidement • L’émaciation est réversible régime alimentaire adapté du poids après leurs deux avec un traitement. et de bonnes pratiques en premières années de vie matière de santé et de soins. (surtout s’ils avaient aupa- ravant souffert d’émaciation, d’insuffisance pondérale ou d’un retard de croissance). • Le surpoids est réversible en suivant un régime alimen- taire adapté et de bonnes pratiques en matière de santé et de soins. Malnutrition aiguë Malnutrition aiguë modérée Malnutrition aiguë sévère Personnes présentant : Personnes présentant : • un certain degré de maigreur ou d’émaciation (faible périmètre • un grave degré de maigreur et d’émaciation (périmètre brachial brachial ou faible rapport poids-taille) très faible et/ou faible rapport poids-taille), ou • des œdèmes nutritionnels aux deux pieds, aux deux jambes ou sur le haut du corps Services de santé et de nutrition Traitement par alimentation d’appoint Traitement par alimentation thérapeutique (avec services de santé en cas de complications médicales) 19
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