CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX - RAPPORT D'OBSERVATIONS DÉFINITIVES ET SA RÉPONSE - Cour des comptes
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RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES ET SA RÉPONSE CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX (Département d’Eure-et-Loir) Exercices 2011 et suivants Le présent document, qui a fait l’objet d’une contradiction avec les destinataires concernés, a été délibéré par la chambre le 23 janvier 2019. 15, rue d'Escures BP 2425 45032 ORLÉANS CEDEX 1 T +33 2 38 78 96 00 F +33 2 77 41 05 91 centre-val-de-loire@crtc.ccomptes.fr www.ccomptes.fr
CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX TABLE DES MATIÈRES SYNTHÈSE ............................................................................................................................... 5 RECOMMANDATIONS ........................................................................................................... 7 1 LE CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN : UN ÉTABLISSEMENT DE PROXIMITÉ FRAGILISÉ .................................................................................................... 9 1.1 Une offre de soins étendue et de proximité .................................................................... 9 1.2 Un établissement fragilisé ............................................................................................. 10 1.3 La recherche de solutions.............................................................................................. 12 2 DES VOIES D’AMÉLIORATION DE L’EFFICIENCE MÉDICO-ÉCONOMIQUE INSUFFISAMMENT EXPLORÉES .................................................................................. 13 2.1 Une évolution contrastée de l’activité........................................................................... 13 2.2 Des leviers à mieux mobiliser ....................................................................................... 15 La réduction de la DMS .................................................................................................. 15 L’adaptation des capacités hospitalières ......................................................................... 16 2.3 Deux niches potentielles d’efficience : la maternité et le bloc chirurgical ................... 17 La maternité .................................................................................................................... 17 La chirurgie..................................................................................................................... 18 2.4 Élargir le plan de redressement aux activités des SSR et de la psychiatrie .................. 20 Les soins de suite et de réadaptation (SSR) .................................................................... 20 La psychiatrie.................................................................................................................. 21 3 VERS UNE GESTION PLUS FINE ET RIGOUREUSE DES RESSOURCES HUMAINES ........................................................................................................................ 23 3.1 Un absentéisme du personnel non médical supérieur à la moyenne ............................. 23 3.2 Le suivi des heures supplémentaires ............................................................................. 24 3.3 Les relations avec des agences d’intérim ...................................................................... 25 3.4 Le plafonnement de rémunération des praticiens et la vérification de la réalité des services accomplis ........................................................................................................ 26 Le plafonnement des rémunérations afférentes au statut de praticien clinicien ............. 26 La vérification du service fait par les praticiens ............................................................. 27 4 UNE FIABILITÉ DES COMPTES PERFECTIBLE .......................................................... 27 4.1 Les reports de charges et l’usage important du crédit fournisseurs .............................. 28 4.2 Un volume important de restes à recouvrer .................................................................. 29 5 UNE SITUATION FINANCIÈRE DIFFICILEMENT SOUTENABLE ........................... 30 5.1 Un centre hospitalier aux prises avec un déséquilibre financier majeur ....................... 31 5.2 Une exploitation structurellement déficitaire................................................................ 31 Les produits courants d’exploitation............................................................................... 32 Les charges courantes d’exploitation .............................................................................. 32 Une marge brute d’exploitation à rétablir ....................................................................... 35 Un autofinancement net inexistant ................................................................................. 35 5.3 La nécessaire modernisation des équipements ............................................................. 36 5.4 Une situation bilancielle compromise ........................................................................... 37 3
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES Les agrégats bilanciels (fonds de roulement, besoin en fonds de roulement et trésorerie) ........................................................................................................................ 37 L’endettement ................................................................................................................. 39 5.5 Une dégradation qui se poursuit en 2017 ...................................................................... 40 6 UN RETOUR À L’ÉQUILIBRE CONDITIONNÉ À UNE OPTIMISATION DES MOYENS ............................................................................................................................ 41 6.1 Consolider le pilotage budgétaire ................................................................................. 42 6.2 Restaurer des marges de manœuvre .............................................................................. 43 ANNEXES ............................................................................................................................... 45 4
CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX SYNTHÈSE Le centre hospitalier Victor Jousselin (CHVJ) propose une offre de soins étendue au profit de la population du nord de l’Eure-et-Loir. Cette dernière a également la possibilité de se faire suivre en région parisienne comme à Chartres ou à Évreux, dans le secteur public comme dans le privé. L’attractivité naturelle du CHVJ, au carrefour de ces trois régions sanitaires, est donc fragile et ses parts de marché s’érodent en médecine et en chirurgie. En 2016, les 1 994 salariés de l’hôpital, dont 170 médecins, ont réalisé plus de 23 000 séjours, 161 000 actes externes, 5 400 interventions au bloc, près de 1 450 accouchements et accueilli environ 58 000 personnes aux urgences. L’ensemble de cette activité a généré 147 M€ de recettes. Entre 2011 et 2016, le nombre total de séjours en MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) a baissé de 7,5 % alors que les effectifs globaux augmentaient de 4,8 %. Sur la même période, les produits de l’activité hospitalière stagnent quand les charges de personnel s’accroissent de 8,6 %. Les soins de suite et de réadaptation (SSR) et la psychiatrie, comme le pôle Parents-enfants ou l’accueil et la surveillance continue, affichent les résultats négatifs les plus élevés en 2016. Cette fragilisation touche ainsi plus particulièrement certaines disciplines dont la maternité et la chirurgie orthopédique pour laquelle les pertes sont importantes. Depuis 2012, les recettes sont insuffisantes pour couvrir les dépenses et permettre au CHVJ de rembourser ses emprunts, sa CAF nette étant négative. Confronté à une quasi absence de fonds propres et de trésorerie, l’hôpital mobilise des lignes de trésorerie qu’il ne consolide pas, use du crédit fournisseurs et reporte ses charges fiscales ou sociales. Le niveau inédit de dégradation des agrégats bilanciels montre que le centre hospitalier fait face à une situation financière d’autant plus inquiétante que les besoins en investissements sont réels. Sans ressource pour investir, le CHVJ loue désormais ses équipements d’imagerie rassemblés au sein d’un plateau technique qui lui permet de répondre à la demande croissante d’examens externes. L’établissement dispose cependant d’un réel potentiel qu’il peine à transformer en atouts lui assurant le redressement de sa situation financière et des gains d’efficience. Ainsi, le pourcentage de séjours à haut niveau de sévérité inscrit le CHVJ parmi les 20 % d’établissements intervenant le plus sur les prises en charge lourdes, sans pour autant qu’il soit présent sur des activités porteuses de croissance comme la chirurgie du sein ou celle de la cataracte, disciplines prises en charge par des établissements concurrents. Les activités de soins de suite et de réadaptation (SSR), localement concurrencées, offrent des capacités disponibles. Des marges de manœuvre existent dans leur organisation où la densité de personnels pour mille journées situe l’établissement parmi les mieux dotés. L’inclusion de ce secteur d’activité au plan de redressement est indispensable. Il en va de même pour la psychiatrie. Si la dotation annuelle de financement (DAF) par patient pris en charge en psychiatrie est inférieure de 35 % à la DAF moyenne régionale, cet écart fait penser qu’un rattrapage serait concevable, ce qui ne dispense pas le CHVJ d’engager une action résolue pour optimiser ce secteur de soins où la densité pour mille journées d’hospitalisation en personnels médicaux est trois fois supérieure à la densité nationale. La participation de ce secteur au redressement de l’hôpital apparaît incontournable. 5
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES L’établissement doit donc tendre vers une meilleure adéquation des moyens humains à l’activité pour en réduire les coûts. À cet égard, des leviers d’action existent dans la réduction des durées moyennes de séjours comme de la lutte contre les hospitalisations non pertinentes, susceptibles d’apporter 1 M€ de recettes supplémentaires. L’établissement doit tirer profit des travaux en cours de modernisation de son bloc chirurgical pour en améliorer le fonctionnement, la vétusté actuelle entraînant un surcoût de fonctionnement de 0,7 M€ par rapport aux établissements comparables. En outre, si le CHVJ parvenait à réduire de 20 % le niveau d’absentéisme du personnel non-médical, il pourrait diminuer la charge de travail pesant sur les personnels en activité à hauteur des non-remplacements effectués et/ou économiser jusqu’à 1,32 M€. S’agissant de la fiabilité des comptes, une action résolue doit permettre de faire produire tous ses effets à la démarche engagée depuis la certification de l’établissement en 2015 et 2016. Cette certification a été obtenue au prix d’importantes écritures comptables correctives (à hauteur de 21,2 M€ en 2015) qui ont fortement impacté le niveau de ses fonds propres. L’effort pourrait notamment porter sur une efficacité accrue de la chaine de facturation insuffisamment modernisée, comme en témoigne le niveau singulièrement élevé des créances à recouvrer. Le CHVJ doit s’engager fermement dans un processus de réorganisation et de recherche d’efficience afin de retrouver un équilibre financier gravement compromis. La relance de l’investissement constitue l’une des priorités de l’établissement drouais pour renforcer son attractivité auprès de sa patientèle et des personnels médicaux. L’effort à accomplir doit s’accompagner impérativement d’une réflexion plus large repositionnant l’offre de soins de l’établissement dans le cadre du groupement hospitalier de territoire (GHT) afin de mieux répondre aux besoins de la patientèle en organisant une meilleure complémentarité avec les autres établissements membres. L’ampleur des réorganisations internes à conduire nécessite, d’une part, la formalisation d’une stratégie claire dans le cadre du projet d’établissement aujourd’hui inexistant et, d’autre part, la conclusion d’un contrat de retour à l’équilibre financier (CREF) combinant les actions déjà engagées avec des nouvelles mesures, afin d’acter les objectifs à atteindre par le CHVJ. Le contexte de régression continue de l’activité limite toute espérance d’un rétablissement financier de l’hôpital qui prendrait appui sur la seule reconquête de la patientèle. Les efforts à entreprendre imposent donc de redéfinir, dans le cadre du GHT, le périmètre et les modalités d’action du CHVJ et de procéder à des redéploiements internes des moyens. Toutefois, la lenteur avec laquelle le projet médical du GHT eurélien a été élaboré, illustre les difficultés qu’ont les établissements à mettre en œuvre une stratégie commune alors même que l’adaptation des capacités hospitalières et des effectifs du CHVJ à une activité en contraction, doit être poursuivie dans le cadre d’une meilleure répartition des spécialités au sein du GHT. Il s’agit d’éviter les activités en doublon, causes de surcoûts, et de générer de réels gains d’échelle au profit de chaque établissement. 6
CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX RECOMMANDATIONS 1 : Inclure les activités de soins de suite et de réadaptation (SSR) et la psychiatrie dans le plan de redressement de l’établissement. 2 : Mettre en place une politique rigoureuse de lutte contre l’absentéisme. 3 : Mettre en œuvre des outils de pilotage fin en matière de ressources humaines. 4 : Optimiser la chaîne de facturation/recouvrement de façon à accroître significativement la part des règlements effectués avec des moyens de paiements modernes et à ramener le poids des créances non recouvrées dans la moyenne des établissements de sa catégorie. 5 : Consolider le pilotage budgétaire et financier de l’établissement à partir de données cohérentes. 7
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES 8
CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX 1 LE CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN : UN ÉTABLISSEMENT DE PROXIMITÉ FRAGILISÉ Une offre de soins étendue et de proximité L’offre de soins du territoire de santé d’Eure-et-Loir (433 762 habitants) se caractérise par la présence de deux établissements de référence : le centre hospitalier Victor Jousselin (CHVJ) à Dreux et le centre hospitalier Louis Pasteur à Chartres. Établissement de proximité, le CHVJ propose une offre de soins étendue. Il dispose d’une maternité de niveau 2A, intégrant une unité de néonatalogie, d’un service de réanimation et d’un plateau technique regroupant sept salles d’intervention chirurgicale, en partie vétustes, de deux scanners et deux IRM (imagerie par résonance magnétique). Siège du service d’aide médicale urgente (SAMU) départemental, le CHVJ compte un service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR). Ses activités sont réparties sur trois lieux géographiques, tous situés à Dreux : le site principal pour la médecine, la chirurgie et l’obstétrique (MCO), les soins de suite et de réadaptation (SSR), la psychiatrie et les urgences, le Prieuré abritant un établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPAD) et les Eaux Vives pour l’unité de soins de longue durée (USLD) également EHPAD. La zone d’attractivité du CHVJ, seul établissement polyvalent MCO sur un rayon d’une trentaine de kilomètres, porte sur un bassin de population d’environ 135 000 habitants. Sa patientèle provient à 80 % d’Eure-et-Loir et à 46 % des deux principales communes de l’agglomération drouaise (Dreux et Vernouillet). L’établissement appartient au groupement hospitalier de territoire (GHT) départemental qui rassemble 3 540 lits et places et cumule 434 M€ de chiffre d’affaires. La convention constitutive de ce groupement a été signée par les six établissements publics de santé du département en juillet 2016. Son établissement support est le centre hospitalier Louis Pasteur de Chartres, qui présente la plus forte surface financière. Le projet médical partagé, adopté début juillet 2018, dans un climat parfois tendu lié aux craintes de chacun des établissements de pertes d’activités de soins et de ressources, l’a été avec retard par rapport aux préconisations réglementaires. 9
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES Les groupements hospitaliers de territoire Formalisés par la promulgation de la loi n° 2016-41 de modernisation du système de santé, les groupements hospitaliers de territoire (GHT) s’organisent autour d’un projet médical partagé qui rassemble les établissements selon une stratégie de prise en charge commune et graduée du patient, dans le but d’assurer une égalité d’accès à des soins sécurisés et de qualité. Ils assurent également la rationalisation des modes de gestion, par une mise en commun de fonctions ou par des transferts d’activités entre établissements. Le décret n° 2016-524 du 27 avril 2016 précise les délais dans lesquels s’inscrit la constitution de ces groupements. Le centre hospitalier adhère, par ailleurs, à divers groupements de coopération sanitaire (GCS) en matière de psychiatrie infanto-juvénile et handicap, de systèmes d’information, pour le déploiement de la télémédecine ou pour maintenir, avec le centre hospitalier d’Houdan (Yvelines), une offre de médecine de proximité. De nombreuses relations conventionnelles avec des établissements publics, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), centres hospitaliers universitaires (CHU) environnants (Tours, Rouen, etc.) complètent ce dispositif. Le centre hospitalier a également signé une convention avec la clinique du Clos du Roy, située à Dreux, afin de structurer l’offre de soins de suite et de réadaptation sur le bassin drouais. Il est, enfin, membre de la fédération médicale inter hospitalière de cardiologie d’Eure-et-Loir. Un établissement fragilisé Plusieurs facteurs sont de nature à fragiliser le centre hospitalier. Tout d’abord, son attractivité décline. La part de marché en médecine connaît une érosion continue et passe sous la barre des 50 % en 2016. Cette tendance baissière, qui se poursuit en 2017, met en lumière le fait que, bien qu’il assure une activité de consultations répondant aux besoins de proximité de la population par substitution à une offre de médecine de ville réduite, l’établissement n’en reçoit pas la contrepartie en termes d’augmentation de l’activité de court séjour. S’agissant de la chirurgie, le positionnement de l’établissement reste fragile avec des parts de marché de 38,1 % en hospitalisation complète (HC) et 28 % en ambulatoire, similaires à celles de 2016. En obstétrique, l’établissement conserve un réel attrait avec une part de marché de 78,6 % malgré une baisse sensible d’activité de la maternité la même année. De plus, l’hôpital subit la pression concurrentielle croissante des établissements chartrains et du centre hospitalier d’Évreux qui réalisent des parts d’activité importantes en médecine et en chirurgie sur le Drouais, alors qu’inversement le CHVJ recrute peu de patients sur le bassin chartrain. Le centre hospitalier de Chartres et l’hôpital privé d’Eure-et-Loir 10
CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX (HPEL)1 parviennent à capter une activité accrue sur le bassin drouais comme en témoignent leurs parts de marché cumulées qui atteignaient 14,5 % en 2016 contre 12,3 % en 2011. L’HPEL se positionne notamment comme l’un des principaux concurrents du CHVJ : l’écart de parts de marché entre le CHVJ et l’HPEL s’établit à 7,9 points en 2016 contre 10 points en 2011, traduisant le dynamisme de l’établissement privé. Enfin, l’accès aisé de la patientèle du bassin drouais, peu captive, à la médecine universitaire réalisée dans les établissements parisiens situés, pour le premier, (Hôpital Antoine-Béclère) à 70 kilomètres, affaiblit également le CHVJ. Par ailleurs, la taille modeste du territoire sur lequel est implanté l’hôpital, territoire sociologiquement et économiquement précarisé, comme sa situation géographique excentrée, constituent des facteurs limitant les perspectives de croissance de son activité. Ces difficultés lui ouvrent toutefois le bénéfice d’une dotation Mission d’intérêt général (MIG) « Précarité » de l’ordre de 0,4 M€ par an. L’insuffisance de l’offre environnante en médecine libérale et spécialisée constitue un autre facteur de fragilité. En 2017, les praticiens contractuels représentent 26,7 % de l’effectif médical total du centre hospitalier, contre 15,1 % en 2016. Certains pôles de l’établissement affichaient, en mars 2018, des taux de vacance très élevés, le pôle chirurgie étant celui connaissant le plus de difficultés avec 21 %. La raréfaction de la ressource médicale caractérise, de fait, l’ensemble du département qui dispose de taux de médecins généralistes2 et spécialistes3 nettement inférieurs à la moyenne de la région Centre-Val de Loire, région métropolitaine elle- même la moins bien dotée en médecins (278,5 médecins pour 100 000 habitants contre 330,7 au niveau national). Cette pénurie de médecins reconnue par l’agence régionale de santé (ARS) a permis, en 2017, le classement de Dreux en zone fragile et a rendu l’hôpital éligible aux dispositifs de soutien selon lesquels les collectivités locales peuvent attribuer des aides favorisant le maintien ou l’installation de professionnels de santé4. Dans ce contexte, le CHVJ a également été amené à prendre le relais de la médecine de ville en créant une structure de consultations non programmées en médecine générale. Ouverte sept jours sur sept, de 17 heures à 23 heures, cette unité qui bénéficie du soutien financier de l’ARS permet de soulager le service des urgences auquel elle est adossée en limitant les passages inutiles. En outre, depuis 2009, le centre hospitalier ne dispose plus de projet d’établissement, le dernier projet opérationnel couvrant la période 2004-2008. Un projet médical 2010-2015 a été élaboré mais n’a pas été officiellement validé par la communauté médicale. En se privant d’un tel document, l’établissement n’a pu disposer d’un outil managérial à même de faire partager par l’ensemble de la communauté hospitalière les évolutions nécessaires à l’adaptation de son offre de soins. 1 Né de la fusion des cliniques Saint-François et Bon-Secours le 1er janvier 2017, l’HPEL, doté de 120 lits et de 53 places en ambulatoire, est situé à Mainvilliers dans la banlieue nord de Chartres, encore plus facile d’accès depuis Dreux. Après 6 M€ d’investissements, il dispose d’infrastructures hôtelières attractives et d’un plateau technique chirurgical modernisé (robot chirurgical). 2 5,9 pour 100 000 habitants. 3 51,8 pour 100 000 habitants. 4 Prévus à l’article L. 1511-8 du code général des collectivités territoriales (CGCT). À titre d’illustration, en 2017, le conseil départemental d’Eure-et-Loir a mis en place le Plan Santé 28 destiné à juguler la pénurie de professionnels de santé. 11
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES Le projet d’établissement Le projet d’établissement est obligatoire pour les établissements publics de santé depuis la loi du 31 juillet 1991. Selon l’article L. 6143-2 du CSP, ce document définit, pour une durée maximale de cinq ans, la politique générale de l’établissement sur la base d’un projet médical. Il prévoit les moyens d’hospitalisation, de personnels et d’équipements de toute nature dont l’établissement doit disposer pour réaliser ses objectifs. La réalisation du redressement financier d’un centre hospitalier en difficulté, démarche qui exige une unité d’action, ne peut réussir sans une stratégie claire et formalisée dans un projet d’établissement qui constitue le fil conducteur cohérent, global et transversal qui réunit la diversité des logiques d’acteurs et de services sur des objectifs cohérents. Enfin, pour partie conséquence de ce qui précède, la situation financière de l’établissement s’est fortement dégradée. Dans son précédent rapport délibéré en 2011, la chambre soulignait déjà cette dégradation, sensible en 2007 et 2008, conduisant à la mise en place préventive d’un plan de retour à l’équilibre en 2009. Limité à l’état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) 2009 et peu contraignant dès lors qu’il ne prévoyait pas un retour à l’équilibre en fin d’exercice, ce plan a, selon la chambre, fait l’économie d’une vision de long terme et s’est limité à un pilotage à la marge. La recherche de solutions Un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) 2012-2016 a été conclu avec l’ARS et plusieurs plans de redressement successifs ont été présentés au comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins (COPERMO)5. Toutefois, le plan d’action défini en 2014 ne s’est jamais officiellement traduit par un plan de redressement, conforme aux dispositions de l’article L.143-3 du code de la santé publique (CSP) et signé conjointement avec l’ARS. Consciente des difficultés de l’établissement, l’ARS a missionné, en mars 2018, deux administrateurs provisoires qui ont eu pour objectifs de proposer les axes essentiels d’un projet d’établissement et de commencer à mettre en œuvre ses premières traductions organisationnelles en lien avec le plan de redressement qu’il leur appartenait d’élaborer. Dans leur réponse à la chambre, ces derniers ont indiqué que l’état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD), qui prévoit un retour à l’équilibre en 2022, et le plan global de financement pluriannuel (PGFP) initial 2018-2020 ont fait l’objet d’une approbation par 5 Créé 11 décembre 2012, le Comité Interministériel de Performance et de la Modernisation de l'Offre de Soins remplace le Comité National de Validation des Investissements et le Comité des Risques Financiers. Le COPERMO a été mis en place afin de valider et de suivre les actions proposées par les Agences Régionales de Santé. Les autres objectifs du COPERMO sont de sélectionner et de prioriser les projets d'investissements nécessitant un financement de l'État et d'assurer le suivi des établissements en difficulté. 12
CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX l’ARS le 2 août 2018. Par ailleurs, une nouvelle version du PGFP devait être soumise au COPERMO en décembre 2018. Un nouveau directeur a été nommé le 21 décembre 2018. Il doit notamment mener à son terme le projet médical. 2 DES VOIES D’AMÉLIORATION DE L’EFFICIENCE MÉDICO- ÉCONOMIQUE INSUFFISAMMENT EXPLORÉES Une évolution contrastée de l’activité Le CHVJ dispose d’atouts non négligeables. Tout d’abord, le nombre minimum de types d’actes médicaux réalisés, représentant 80 % des séjours, est, en 2016, de 125, ce qui le situe dans la moyenne des établissements de même typologie (128,5). Par ailleurs, la même année, avec 1,2 % de part d’activité réalisée sur les actes médicaux de recours/référence, pris en charge principalement, mais non exclusivement, dans les établissements hospitalo-universitaires, l’établissement est bien positionné en matière de technicité et de sévérité des cas traités, conformément à sa vocation d’établissement de référence6. Enfin, le pourcentage des séjours à haut niveau de sévérité (niveaux 3 et 4) inscrit le CHVJ parmi les 20 % d’établissements de même typologie intervenant le plus sur les prises en charge lourdes7. En volume, les principales activités réalisées sont en médecine, la pédiatrie et la pneumologie et en chirurgie, la chirurgie urologique et la chirurgie orthopédique. Pourtant, le CHVJ rencontre des difficultés majeures pour capter de l’activité dynamique et rémunératrice. Faute de disposer des ressources médicales nécessaires, il est assez peu positionné sur les spécialités chirurgicales recensées comme les plus fréquentes au niveau national (chirurgie du sein, cataracte, etc.), captées par d’autres établissements8. En 2016, les interventions réalisées par les chirurgiens sur ces spécialités n’ont représenté que 6,9 % de l’activité annuelle. Selon l’ordonnateur, la reprise de l’activité de chirurgie sénologique, délaissée à Dreux en 2017 en raison du départ en retraite du praticien l’exerçant, est une réalité depuis la fin du 1er trimestre 2018 et ce, dans le cadre d’une coopération entre les centres hospitaliers de Dreux et de Chartres, pour le partage d’un poste de praticien. 6 Soit 1,2 % en 2016 ce qui le situe à un niveau identique des établissements les plus performants, le 8 e décile étant à 1,3 (indicateur A8 Hospidiag). 7 Le 8e décile est à 13,07 %. 8 En 2016, le groupe ELSAN concentrait 61,5 % des parts de marchés de la cataracte, contre 23,9 % pour les établissements franciliens, le CHVJ n’intervenant pas sur ce créneau. Pour la chirurgie du sein, les établissements de la région parisienne captaient 43,1 % de la patientèle dont 24,2 % pour l’Institut Curie, contre 25 % pour le groupe ELSAN. 13
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES D’autre part, malgré un léger rebond en 2014, le nombre total de séjours (RSA9), en ambulatoire et en hospitalisation complète, a chuté de près de 10 % en six ans, l’hospitalisation conventionnelle voyant son nombre de séjours baisser de 12,5 % entre 2011 et 2017. À l’inverse, l’activité en ambulatoire se maintient sur la période. La contraction de l’activité touche l’ensemble des secteurs d’hospitalisation MCO. Elle concerne, au premier rang, la médecine et la chirurgie dont les séjours en hospitalisation complète ont respectivement reculé de 10,4 % et de 7,7 % entre 2011 et 2017. L’obstétrique connaît également une forte baisse d’activité en 2017 (- 12,1 % par rapport à 2016). Cette tendance lourde participe directement à la dégradation de la situation financière de l’établissement. Les 714 séjours perdus en 2017 représentent une perte de recettes estimée à 2,4 M€ selon les données du département d’information médicale (DIM). Évolution de l’activité MCO Nombre de RSA 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2017/2011 Médecine (HC) 13 977 13 631 13 545 13 309 12 816 12 521 12 092 -13,5% Chirurgie (HC) 3 531 3 142 3 068 3 391 3 385 3 258 3 238 -8,3% Obstétrique (HC) 2 206 2 179 2 170 2 121 2 010 2 187 1 922 -12,9% Total des séjours hospitalisation 19 714 18 952 18 783 18 821 18 211 17 966 17 252 -12,5% complète Médecine 2 824 2 707 2 568 2 971 2 585 2 133 2 148 -23,9% (Ambulatoire) Chirurgie 2 008 2 103 2 066 2 270 2 201 2 516 2 569 27,9% (Ambulatoire) Obstétrique 763 744 796 651 505 802 857 12,3% (Ambulatoire) Total des séjours 5 595 5 554 5 430 5 892 5 291 5 451 5 574 -0,4% ambulatoires Total des séjours 25 309 24 506 24 213 24 713 23 502 23 417 22 826 -9,8% MCO Source : indicateurs CI-A1 à CI-A6 Hospidiag (2011-2016), Hospidiag (2017) Les données issues de la comptabilité analytique (CREA 10) permettent d’évaluer la contribution des différentes activités hospitalières à l’équilibre financier global de l’établissement. Elles rendent possible le pilotage médico-économique de la structure en autorisant une connaissance affinée de l’allocation des moyens et des coûts de production des soins ce que l’arrivée d’un contrôleur de gestion, au printemps 2018, devrait faire progresser. Équilibré en 2011, le résultat agrégé des pôles cliniques, resté lourdement déficitaire depuis 2012, est atténué partiellement depuis 2015 par les excédents du pôle médicotechnique qui proviennent essentiellement du développement de l’activité du plateau technique 9 Résumé de sortie anonyme (RSA) : dans le cadre du programme de médicalisation du système d’information (PMSI) et de la tarification à l’activité, tout séjour dans une unité médicale doit donner lieu à la production d’un Résumé d’unité médicale (RUM) qui contient d’une part des informations de nature administrative et d’autre part des informations de nature médicale. L’ensemble des RUM d’une même hospitalisation amène à la constitution d’un Résumé de sortie standardisé (RSS), anonymisé avant l’envoi des données au ministère. 10 Outil de la comptabilité analytique hospitalière (CAH), le compte de résultat analytique par pôle (CREA) comptabilise des charges directes et indirectes pour obtenir un coût complet qu’il confronte aux recettes du pôle afin d’obtenir un résultat analytique. 14
CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX d’imagerie, renouvelé entre 2014 et 2017 avec un IRM de trois Tesla puis un second scanner. Cette croissance est sensible sur le territoire de santé d’Eure-et-Loir : en 2016, l’établissement a réalisé la majorité des actes d’imagerie du département : 43 % pour le scanner et 61 % pour l’IRM. De façon plus fine, environ 70 % des produits de la tarification des séjours sont générés par douze disciplines principales. Cinq d’entre elles concentrent les déficits, les chirurgies orthopédique, digestive et urologique, ainsi que les services de réanimation et de gastroentérologie. Au plan financier, elles ne parviennent pas à couvrir leurs coûts de production par des recettes d’activité suffisantes. Elles concentrent ainsi, entre 2011 et fin 2016, un déficit cumulé atteignant - 10,17 M€, date à laquelle le déficit d’exploitation, également cumulé, du CHVJ était de - 35,2 M€. La maternité, première activité génératrice de recettes tarifaires, a vu son équilibre économique se dégrader fortement depuis 2014. À l’inverse, trois disciplines affichent une progression de leurs résultats analytiques fin 2016 : la chirurgie ambulatoire, après une longue série d’exercices déficitaires, et les unités de médecine polyvalente et gériatrique. Dans un contexte de contraction de l’activité hospitalière, le CHVJ doit faire progresser l’efficience médico-économique de son offre de soins, notamment dans les disciplines les plus déficitaires. Des leviers à mieux mobiliser La réduction de la DMS En 2017, la durée moyenne de séjour (DMS) globale en MCO s’établit à 6,1 jours contre 5,96 jours en 2016, dégradant ainsi l’efficience médico-économique du CHVJ. La durée moyenne de séjour (DMS) Dans le dispositif de la tarification à l’activité (T2A), chaque tarif couvre les charges mobilisées sur une durée moyenne. Toute durée de séjour plus longue que les standards implique des charges non couvertes par le tarif alloué. L’enjeu lié à la maîtrise des séjours est donc majeur et renvoie à une gestion efficiente des flux d’hospitalisation en fonction des capacités hospitalières. L’indice de performance de la durée moyenne de séjour (IP-DMS) est l’indicateur qui permet de synthétiser la « sur » ou « sous » performance de l’organisation des soins dans l’établissement. Il doit être inférieur ou égal à 1. Cette hausse de la DMS concerne l’ensemble des pôles, à l’exception du pôle « admissions non programmées », notamment pour le service de médecine polyvalente dont la 15
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES DMS, la plus élevée de l’établissement, est passée de 9,69 jours en 2016 à 10,63 jours en 2017, soit une hausse de 10 %. Dès 2015, la réduction des DMS a été ciblée comme l’une des mesures principales du plan de redressement financier. L’établissement s’est engagé dans une démarche d’analyse approfondie des facteurs d’embolisation des lits et d’allongement des durées des séjours, créant deux instances, une cellule de programmation des séjours, destinée à réguler les flux d’hospitalisation, et une commission des séjours longs afin de trouver une solution d’aval aux séjours supérieurs à 19 jours, soit 25 % des journées d’hospitalisation en 201511. S’agissant des séjours longs, le médecin DIM12 a estimé qu’une réduction de 10 % du volume des journées d’hospitalisation excédant 19 jours permettrait de dégager 0,54 M€ de recettes théoriques13 supplémentaires. Cette stratégie de réduction de la durée des séjours mérite d’être encore poursuivie, notamment en médecine où l’IP-DMS reste dégradé. EN 2016, il est proche du 8ème décile des établissements de typologie identique (1,039 contre 1,067). Les données disponibles pour 2017 confirment cet impératif, comme la nécessité de poursuivre les efforts en matière d’hospitalisation non pertinente. En effet, sur la base d’une étude évaluant la pertinence des hospitalisations réalisée en 2015, le CHVJ a estimé que 25,7 % des hospitalisations complètes étaient non pertinentes. L’établissement a pour ambition de réduire de 20 % leur nombre, soit un gain théorique de recettes estimé à 0,5 M€ à horizon 2017. Les gains théoriques générés par ces mesures sont difficilement traçables. L’établissement évoque toutefois l’exemple du service de gériatrie qui a pu accroître son activité en 2016, retrouvant des marges de manœuvre antérieurement bornées par un taux d’occupation de 100 %. Cela a pu entraîner 0,356 M€ de produits d’activité supplémentaires en 2016. L’adaptation des capacités hospitalières S’agissant des capacités d’hospitalisation, fin 2017, le CHVJ comptait 388 lits et places en MCO contre 418 en 2011. Les capacités en obstétrique sont demeurées inchangées jusqu’en 2016. Deux lits ont été supprimés en 2017 avec la transformation de deux chambres à deux lits en chambres individuelles pour l’installation de l’unité Koala14. En médecine, 26 lits d’hospitalisation ont été supprimés et six places supplémentaires créées en ambulatoire. 11 Fiche 1.5 du plan de retour équilibre. 12 Cette fonction est devenue de plus en plus stratégique au sein des établissements de santé depuis le passage à la T2A (tarification à l’activité). Le médecin DIM est chargé de l’organisation et du contrôle du département d’information médicale. Ces données peuvent être exploitées pour évaluer l’activité d’un service déterminé, développer de nouvelles activités médicales (avec des études médico économiques) et en faire évoluer d’autres. 13 Sous réserve que le lit soit occupé par un autre patient. 14 Les unités Koala, situées dans la continuité du service des suites de naissance, permettent une prise en charge immédiate des nouveau-nés fragiles juste après leur naissance et maintiennent le lien parents-enfants en évitant toute séparation précoce. 16
CENTRE HOSPITALIER VICTOR JOUSSELIN DE DREUX Quatorze lits de chirurgie ont été également supprimés avec également une création de six places supplémentaires en ambulatoire, portant leur nombre total à quinze. La réduction constatée du nombre de lits correspond à la mise en œuvre de la première phase du plan d’action de retour à l’équilibre présenté par l’établissement au COPERMO de juin 2015 qui prévoyait la fermeture de 42 lits d’hospitalisation afin d’engendrer des économies sur les charges de personnel et les charges hôtelières associées. Ces fermetures n’ont pas permis d’améliorer réellement les taux d’occupation qui stagnent en médecine et diminuent fortement en chirurgie en 2016, du fait de la dégradation constatée du nombre de séjours entre 2012 et 2017. Ces mesures d’adaptation s’inscrivent également dans le prolongement des observations formulées par une mission d’appui de l’ANAP15, réalisée en 2016, qui a permis d’identifier des gains capacitaires possibles dans certains services de médecine et de chirurgie. Ces réductions devraient permettre d’économiser l’équivalent de 35,5 ETP de personnel non médical. L’établissement attend 3 M€ de gains (dont 0,94 M€ en recettes) de cette réorganisation des services de soins. Ces éléments plaident pour que le mouvement d’adaptation des capacités hospitalières à une activité en contraction se poursuive au cours des exercices à venir. La vague de suppression de 55 lits programmée sur les années 2018-202116, au titre de la seconde phase du plan d’action de retour à l’équilibre, trouve donc toute sa pertinence. À l’horizon 2021, le CHVJ devrait au total avoir des capacités d’hospitalisation réduites d’un quart par rapport à 2011. Les perspectives de croissance de l’activité étant peu favorables, le rétablissement de l’équilibre économique du CHVJ passe donc par une action résolue sur ses capacités d’hospitalisation, l’un des déterminants principaux des charges d’exploitation, susceptible d’être davantage mobilisé. Deux niches potentielles d’efficience : la maternité et le bloc chirurgical La maternité De niveau 2A17, la maternité, dotée en 2017 de 26 lits et de quatre salles de naissances, et adossée à une unité de néonatologie de dix lits, répond aux besoins de proximité du bassin 15 Instituée par la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, « l’Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP) a pour objet d’aider les établissements de santé et médico‐sociaux à améliorer le service rendu aux patients et aux usagers, en élaborant et en diffusant des recommandations et des outils dont elle assure le suivi de la mise en œuvre, leur permettant de moderniser leur gestion, d’optimiser leur patrimoine immobilier et de suivre et d’accroître leur performance, afin de maîtriser leurs dépenses. » (Extrait de la Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009) - art. 18 (V). 16 Trente-six lits d’hospitalisation complète et dix-neuf lits d’hospitalisation de semaine seront fermés. 17 Maternité de niveau 2A : maternité associée à une unité de néonatologie permettant d’assurer, en continu, surveillance et soins spécialisés des nouveau-nés à risque ou dont l’état s’est déstabilisé après la naissance, qu’ils soient nés ou non dans l’établissement. 17
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES drouais18. Depuis plusieurs années, son activité décline19 ce qui entraîne des pertes de recettes significatives et un résultat déficitaire. Ainsi en 2017, elle a connu une forte baisse d’activité avec 1 402 accouchements, soit 239 accouchements de moins qu’en 2016. Le manque à gagner s’accroît et s’élève ainsi à 1,034 M€. Pour autant, le secteur gynécologie-obstétrique n’a connu aucune suppression de lits entre 2013 et 2016, dans le cadre du plan d’actions de retour à l’équilibre appliqué par l’établissement, hormis deux lits pour la création d’une unité KOALA. Par ailleurs, le format des équipes, dont, en particulier, les obstétriciens et sages-femmes, a été maintenu, voire augmenté alors même que la densité de gynécologues-obstétriciens pour mille naissances est supérieure de 61 % à la médiane nationale, celle des sages-femmes affectées au secteur naissance, de 67 %. Dans l’hypothèse où la baisse du nombre d’accouchements se poursuivrait en 2018, la question de l’adéquation des moyens humains à l’activité et du dimensionnement des capacités d’hospitalisation de l’unité maternité se poserait avec encore plus d’acuité alors même qu’elle n’est pas concernée par les réductions du nombre de lits, programmées sur la période 2018- 2021, dans le cadre de la seconde phase du plan d’action de retour à l’équilibre. Cela suppose que la maternité s’adapte aux standards architecturaux et hôteliers actuels20. Un projet de reconstruction (projet médical 2010-2015) des unités blocs, mère-enfant, réanimation a été stoppé en 2012 en raison des difficultés financières de l’établissement. Aujourd’hui, ses faibles capacités d’investissement ne lui permettent toujours pas d’envisager un réaménagement général du secteur de gynécologie-obstétrique pourtant nécessaire pour maintenir son attractivité. La chirurgie L’activité chirurgicale du CHVJ repose sur huit salles d’intervention et une salle de soins post-interventionnels (SSPI) de treize postes. Elle a retrouvé une certaine dynamique depuis 2014, le volume annuel moyen d’actes s’établissant à environ 5 500 par an sur la période 2014-2016, contre 5 000 en 2011-2013. Le CHVJ doit cependant faire face à plusieurs difficultés : - la disponibilité des ressources médicales : l’effectif des chirurgiens a diminué de 23,5 % entre 2013 et 2016, leur nombre passant de 24,03 à 18,39 ETP. En mars 2018, sept postes n’étaient pas pourvus au sein du pôle chirurgie qui affichait un taux de vacance de 21 %. Par ailleurs, l’âge de certains praticiens pose la question du maintien du volume d’activité de certaines spécialités chirurgicales. La chirurgie urologique est effectuée par quatre praticiens dont l’un ayant l’activité la plus importante atteindra prochainement l’âge de la retraite. Le même constat vaut pour la chirurgie carcinologique. Les seuils minimaux d’activité fixés par la 18 En 2016, la part de marché du CHVJ sur sa zone d’activité en obstétrique était de 80,2 %. 19 Le nombre d’accouchements a baissé de 8,6 % entre 2012 et 2016, passant de 1 795 à 1 641. 20 Les chambres à deux lits constituaient encore l’essentiel des capacités hospitalières de la maternité comme la Haute autorité de santé (HAS) le relevait dans son rapport de certification 2016. 18
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