Chantier d'insertion : la terre pour se construire un avenir - Reforme.net
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Publié le 11 novembre 2021(Mise à jour le 11/11) Par Alice Papin Chantier d’insertion : la terre pour se construire un avenir Depuis 2019, Terre de femmes, un chantier d’insertion de l’Armée du Salut, forme des femmes aux techniques d’enduits en terre crue. Objectif : leur permettre de retrouver du travail dans le secteur plein d’avenir de l’écoconstruction. « Faites au plus simple madame Taré. Un trait droit, puis un autre trait droit. » Encadrant technique, Jérémy Soudeer aiguille son élève qui, du haut d’un escabeau, pose une première couche de peinture sur le plafond. Camara Taré, le sourire facile, manie déjà bien le rouleau de peinture mais a encore besoin de conseils pour devenir peintre en bâtiment professionnel. Depuis janvier 2021, cette Mauritanienne, arrivée en France en 2015, a intégré le chantier d’insertion Terre de femmes. Créé en décembre 2019 par l’Armée du Salut en collaboration avec l’organisme de formation Adage et le collectif Les Bâtisseuses, ce dispositif forme vingt- quatre femmes réfugiées ou éloignées de l’emploi aux métiers de l’écoconstruction. Terre de femmes fera partie de la vingtaine de projets présentés cette année lors de la Nuit de la philanthropie, organisée par l’Armée du Salut, en vue de collecter des financements.
Le programme comprend deux parcours d’insertion. Destinée aux femmes parlant peu la langue française, un première formation de douze mois permet d’apprendre à écrire et parler avec aisance, de résoudre ses problématiques sociales (logement, santé, etc.), de définir un projet professionnel et de comprendre les rudiments de la construction écologique. D’une durée d’un an également, le second parcours, qui alterne théorie et pratique, vise l’apprentissage de métiers (enduiseur ou peintre) utilisant comme matériaux la terre crue et les peintures écologiques dépourvues de résines pétrochimiques. Des vertus thermiques Dans le bâtiment, les professionnels de la terre crue sont encore rares et tentent de faire reconnaître les atouts de ce matériau écologique, et notamment ses vertus thermiques. La terre crue stocke, en effet, la chaleur solaire et permet ainsi de rafraîchir une pièce en été. Il s’agit par ailleurs d’un matériau abondant que l’on peut récupérer dans divers lieux, dont les chantiers du Grand Paris. « De plus, de nombreuses participantes au chantier sont originaires d’Afrique subsaharienne ou d’Amérique latine et connaissent déjà la terre crue. Dans leur pays d’origine, la construction en terre crue fait partie des savoir-faire transmis de mère en fille. Certaines ont d’ailleurs pour projet de revenir travailler dans leur pays et d’y apporter les compétences acquises au cours de cette formation », précise Louise Prigent-Bidon, chef de projet, chargée du programme Terre de femmes. Chaque année, dans le but de recruter de nouvelles élèves, l’Armée du Salut prend contact avec différents centres d’hébergement parisiens, des associations, Pôle emploi, des travailleurs sociaux, etc. « Cela reste difficile de trouver des femmes souhaitant travailler dans le bâtiment en raison de l’étiquette masculine qui colle à ce secteur. Certaines ne s’en sentent pas capables et réalisent sur le chantier que ces tâches, certes physiques, leur sont tout à fait accessibles », souligne Louise Prigent-Bidon. Depuis deux ans, le programme d’insertion réunit des femmes aux profils variés, de tous âges et de tous pays (Niger, Sénégal, Syrie, Éthiopie, Pérou, France, etc.) dont de nombreuses femmes isolées, mères seules avec enfants.
Exigence et bienveillance Le mercredi 20 octobre, un groupe de femmes remet en état un appartement de 105 m2, détérioré par un dégât des eaux, dans le 19e arrondissement de Paris. Après avoir décollé le papier peint, retiré les résidus de colle, poncé et posé deux couches d’enduit, le groupe commence à repeindre les plafonds. « Sentez, il n’y a pas d’odeur. C’est de la peinture écologique », sourit Jéremy Soudeer. Ce jour-là, la doyenne du groupe est Camara Taré, âgée de 44 ans. Cette mère de famille, qui maniait déjà la terre crue dans son pays d’origine, se décrit comme une battante. « Depuis mon arrivée en France, j’ai principalement fait des ménages dans des hôtels de luxe, dans un parc d’attractions, à l’aéroport. J’espère maintenant décrocher rapidement un travail dans le bâtiment, les salaires y sont plus élevés », raconte-t-elle. Couvert de taches de peinture, Jérémy Soudeer est un formateur à la fois bienveillant et strict. « Je veux qu’on réalise ce chantier dans des conditions réelles. Les clients ne doivent pas faire appel à nous uniquement dans le but de réaliser une bonne action », justifie-t-il. Ainsi, pas de répit. Les délais doivent être respectés. « Pour l’heure, dans cette période marquée par le Covid, on n’a pas 100 % de nos salariées qui signent un long CDD ou un CDI à la sortie, précise Louise Prigent-Bidon. Mais on y travaille. Une conseillère en insertion professionnelle fait d’ailleurs partie de l’équipe de permanents. » Nuit de la philanthrophie Organisée le 6 décembre, à Paris, la Nuit de philanthropie a pour but de présenter 21 projets de l’Armée du Salut – parmi lesquels Terre de femme – que des donateurs seront encouragés à soutenir.
Publié le 2 octobre 2021(Mise à jour le 1/10) Par Cathy Gerig Street art : des portraits géants de résidents de l’Armée du Salut dans les rues de Paris Le projet Human Soul, porté par deux artistes, part à la conquête des rues du 13e arrondissement de Paris. Les portraits géants, installés à partir du lundi 4 octobre, racontent l’histoire de résidents de la Cité de Refuge, un centre d’hébergement de la Fondation de l’Armée du Salut. Des collages pour raconter des trajectoires par toujours faciles. Anne-Laure Maison et Michel Cam ont entamé une résidence artistique à la Cité de refuge, dans le 13e arrondissement de Paris, en novembre 2020. Les deux artistes sont arrivés dans le centre d’hébergement de l’Armée du Salut avec l’envie d’aider des résidents et des salariés à “se raconter” au travers d’éléments de leur vie ou de leur personnalité. Lundi 4 octobre, le projet Human Soul, entame une nouvelle phase : celle du partage avec les Parisiens et les touristes de passage, rue Chevaleret. Les portraits, réalisés sous la forme de collages, illustrent la vie passée ou actuelle des participants. Les créations artistiques “sont absolument
remarquables. Elles ressemblent un peu à des valets, dames et rois des jeux de cartes et expriment le voyage, l’exil, la pauvreté, la violence, etc”, décrit Samuel Coppens, porte-parole de l’Armée du Salut. Lever les yeux Mais ce n’est pas vraiment la première fois que les participants du projet montrent au grand public ce dont ils sont capables. Au moment de Noël, certains de leurs portraits avaient déjà été exposés. Ils avaient été placés sur les grandes fenêtres de l’immeuble Le Corbusier de la Cité de Refuge. Cette fois, ils se rapprochent davantage du grand public, afin de partager avec lui les parcours de vie ou les personnalités de ceux qui les ont réalisés. D’habitude peu visibles, leurs créateurs osent se dévoiler un peu. Pour apprendre à les connaître, les passants n’auront qu’à lever les yeux et pourquoi pas à s’arrêter un peu, avant de poursuivre leur propre route. Publié le 8 septembre 2021(Mise à jour le 7/09) Par Laure Salamon
Vers une réforme de l’hébergement d’urgence ? La ministre du Logement Emmanuelle Wargon a annoncé, lundi, une réforme de la politique d’hébergement d’urgence, pour mettre un terme à la gestion “au coup par coup”, en instaurant une programmation pluriannuelle en fonction des besoins des territoires. Dans un communiqué publié lundi, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon a jugé « nécessaire de mettre définitivement fin à la gestion dans l’urgence et de construire une politique structurelle, avec une visibilité sur le long terme en lien avec les associations », qu’elle a reçues le même jour. Depuis plusieurs années, l’État créait des places d’hébergement d’urgence chaque hiver pour les plus précaires avant de les refermer le printemps venu avec la fin de la trêve hivernale. Avec la crise du Covid-19, le ministère du Logement a rompu avec cette “gestion au thermomètre“, annonçant le 21 mai qu’il gardait les 43.000 places d’hébergement d’urgence créées depuis le premier confinement (mars 2020) ouvertes jusqu’à fin mars 2022 au moins. Au total, plus de 200.000 personnes sans domicile fixe sont actuellement hébergées dans des centres d’hébergement ou des hôtels. Pour Jean Fontanieu, secrétaire général de la Fédération de l’Entraide protestante, cette annonce de pérennisation est une belle avancée. « Le collectif CAU (Collectif de 39 associations unies pour une nouvelle politique du logement des personnes sans-abri et mal logée dont sont membres la FEP, l’Armée du Salut, le Centre d’action sociale protestant (CASP)…) réclame cette mesure depuis vingt ans. Elle prévoit de mettre fin à la “gestion au thermomètre”. Ce système vise à ouvrir des places d’hébergement d’urgence en hiver et à les fermer au printemps. Nous réclamons depuis longtemps l’arrêt de ce système. Il faut savoir que les sans-abris meurent plus dans la rue l’été que l’hiver. » Vers une programmation pluriannuelle de l’hébergement Parmi les associations reçues lundi par Emmanuelle Wargon figure la Fédération
des acteurs de la solidarité (La FAS représente 80% des gestionnaires de centres d’hébergement d’urgence), qui réclame une loi de programmation pluriannuelle intégrant l’hébergement d’urgence et le programme “Logement d’abord”. La FAS est une des associations du collectif CAU. « La FAS nous représente car les 39 associations ne peuvent pas venir aux réunions avec la ministre », précise Jean Fontanieu. Selon le ministère, du 1er janvier 2018 au 30 juin 2021, le programme “Logement d’abord” a permis à 280.000 personnes sans domicile fixe, à la rue ou en centre d’hébergement d’accéder au logement. Dans une lettre adressée au président de la FAS, Pascal Brice, Emmanuelle Wargon se dit « très favorable au principe d’une programmation pluriannuelle de l’hébergement et du +Logement d’abord+ ». Selon la ministre, cette programmation « permettra d’avoir une visibilité sur le nombre de places sur cinq ans et de prévoir, programmer, anticiper et transformer les places en fonction des besoins des territoires et des publics ». « La question est +comment permettre à des personnes en hébergement d’urgence d’accéder au logement?+ et d’ainsi libérer des places d’hébergement d’urgence », a résumé l’entourage de Mme Wargon à l’AFP. C’est tout l’enjeu de cette proposition pour le secrétaire général de la FEP. « L’hébergement d’urgence est une première étape. Il faudrait aussi augmenter le nombre de constructions de logements pour faire face. 350 000 sont construits chaque année, il en faudrait 550 000. Certaines municipalités préfèrent payer des taxes plutôt que de construire des logements sociaux. » La Dihal et la FAS à la manœuvre La ministre a chargé la Délégation interministérielle à l’hébergement et l’accès au logement (Dihal) de poser les bases de cette programmation avec la FAS et les acteurs du secteur, pour un rendu des groupes de travail au premier trimestre 2022. « C’est un signal politique important (…) qui montre la volonté du gouvernement de changer d’approche et de culture », a réagi auprès de l’AFP Pascal Brice. Il a cependant estimé « important que ces discussions aboutissent et que les décisions prises par le gouvernement » dès l’hiver 2021-2022 soient « conformes à cette
approche ». « C’est une démarche intéressante », a estimé le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert. « Reste à savoir comment cette réforme sera mise en place, quels acteurs seront associés et quel sera précisément le public visé. » Un avis partagé par Jean Fontanieu. « Il imagine que l’État a compris, sans doute grâce à la crise du Covid, ce que les associations lui demandent depuis longtemps. La crise a aussi montré qu’il était possible d’avancer avec une volonté politique et a mis en lumière le gaspillage d’un système qui ouvre et ferme des places dans l’année. Le président aime dire qu’il fait ce qu’il dit, il avait promis la première année que plus personne ne dormirait dehors dans la rue sous son mandat. Cette annonce va pouvoir aller dans ce sens. Il faut veiller à la mise en œuvre qui va exiger la libération de crédit », insiste le secrétaire général de la FEP. De son côté, la Fondation Abbé Pierre espère que « l’identification des besoins locaux servira de base à une loi de programmation pluriannuelle », un « enjeu d’importance dans le cadre de la prochaine élection présidentielle ». Laure Salamon (avec AFP) Publié le 28 juillet 2021(Mise à jour le 28/07) Par Christelle Poujol
Les Victorieuses en BD L’adaptation en BD et pour les enfants du roman Les Victorieuses de Laëtitia Colombani est plutôt réussie. Cette adaptation pour enfants du très beau roman Les Victorieuses, de Laëtitia Colombani, retrace le parcours de Blanche Peyron, capitaine de l’Armée du Salut en France. Avec son mari Albin, elle est la fondatrice dans les années 1920 du palais de la Femme, un lieu d’accueil unique à Paris par sa taille et son histoire. Grâce au regard de Sumeya, petite fille de cinq ans qui vient pour se réfugier au palais de la Femme avec sa mère, les enfants pourront découvrir l’histoire vraie de la solidarité mise en pratique. Seul regret : la foi chrétienne de Blanche Peyron a mystérieusement disparu dans l’adaptation BD alors qu’elle figurait pleinement dans le roman ! Christelle Poujol librairie 7ici 7ici est une librairie protestante, située à Paris À lire Laetitia Colombani et Clémence Pollet, Les Victorieuses ou le Palais de Blanche, Grasset Jeunesse, 2021, 48 p., 14,90 €.
Publié le 1 juillet 2021(Mise à jour le 1/07) Par Laure Salamon Christophe Euler, une enfance au goût doux-amer Christophe Euler a grandi dans une famille d’officiers de l’Armée du Salut. Il raconte son enfance dans un livre poignant et sobre. Pour certains l’enfance a un goût sucré, pour d’autres – moins chanceux – elle laisse une odeur désagréable, une trace indélébile… comme ce fut le cas pour Christophe Euler. Il raconte le premier chapitre de sa vie dans Étrange enfance. Il y relate les raisons de cette détestation et après les avoir mises à distance, puise dans ses souvenirs pour en extraire du beau. Christophe Euler naît à Mulhouse en 1958. Ses parents sont officiers de l’Armée du Salut, qui était à la fois une Église et une institution. Les officiers, qui suivent la même formation que les pasteurs, sont nommés à des postes d’évangélisation ou, comme les parents de Christophe, dans des établissements sociaux. Ainsi, ce petit dernier d’une fratrie de sept grandira-t-il d’abord à Mulhouse, puis à Strasbourg, au Havre et enfin au palais du Peuple, rue des Cordelières, à Paris.
La honte vis-à-vis de l’extérieur Aujourd’hui, difficile de se représenter la responsabilité donnée à ce couple pastoral d’un établissement accueillant 300 hommes, souvent cabossés par la vie. Implantée en France depuis 1881, l’Armée du Salut s’est réorganisée en 2000 en deux entités : la Congrégation, composée de 26 églises, et la Fondation qui gère 200 établissements et services (maisons de retraite, foyers éducatifs, centres d’hébergement d’urgence, distributions alimentaires…). Les structures sociales sont aujourd’hui administrées par des professionnels, et les officiers y interviennent pour apporter le volet spirituel et cultuel. À l’époque que décrit l’auteur, toute la famille déménage au palais du Peuple, non loin de la place d’Italie. Le petit Christophe évolue, au milieu du personnel et des résidents, dans ce lieu très ouvert. « Je gambadais dans le jardin, j’avais une très grande autonomie. À l’intérieur du centre, j’étais bien, mais dès que j’étais à l’extérieur, j’avais honte de mes parents, de leur métier, honte de vivre dans ce lieu, de notre pauvreté. Un jour, ma mère m’avait acheté un pantalon neuf, un copain des Éclaireurs unionistes me l’a déchiré, j’étais tellement triste. C’était un des rares habits neufs que je possédais. » Le pire étant le chapeau « Alléluia » de sa mère, reproduit en quatrième de couverture du livre… « Décédée en 2009, ma mère me manque. Mère, épouse et officier, les trois fonctions n’étaient pas faciles à remplir. Elle était consciente qu’elle n’était pas suffisamment présente auprès de nous, de moi. » Une relation ambiguë à l’Armée du Salut Ses parents, tout dévoués à leur ministère, ont « délaissé » leur petit dernier. « J’en veux un peu à cette armée qui a accaparé mes parents. » Et puis c’est elle qui lui a indirectement volé son enfance. Il en parle dans son témoignage, sans entrer dans les détails. « Je n’ai pas voulu écrire un livre sur une affaire de pédophilie. Je ne crois pas à l’effet cathartique. Cela ne regarde que moi, je n’avais pas envie de le raconter. Mais c’est vrai, j’ai été violé pendant dix mois et ces viols ne m’ont pas aidé à vivre après. » Le livre s’arrête d’ailleurs au départ de l’agresseur, Gabriel Z. Ce qu’il se passe après, Christophe le raconte à Réforme, lors d’un passage à Paris. « Le temps a fait son œuvre, j’ai réussi à me reconstruire en trainant mon boulet comme les
Dalton dans Lucky Luke. J’ai évacué ce que j’avais vécu en vidant mon cerveau de ce chapitre. Au passage, je me suis aussi débarrassé de ce que j’avais appris, par exemple mes sept années de piano. Mais j’ai pu dire à mes parents ce qui s’était passé et cela m’a aidé. Je leur ai pardonné. Les cicatrices sont là mais elles ne font plus mal. » Christophe Euler a poursuivi ses études, est devenu enseignant, a travaillé avec des enfants handicapés, puis a dirigé des établissements scolaires. Un parcours qu’il n’a pas vraiment choisi. « Mes parents ne se sont pas souciés de mon orientation, Si j’avais eu le choix, j’aurai fait différemment. Aujourd’hui, je me dis que je ne m’en suis pas si mal sorti, je n’ai pas tout raté. Mes trois enfants l’attestent ! » Attention au prochain Passionné de cinéma et de littérature, Christophe Euler aurait pu se tourner vers une profession artistique. Il a du talent pour l’écriture. Ses récits du quotidien, des temps forts vécus à l’Armée et les portraits de ceux qu’il a côtoyés dans son enfance sont tout à fait délicats et captivants. Samuel Coppens, porte-parole de la Fondation de l’Armée du Salut, approuve. Il a lu l’ouvrage avec grand intérêt et beaucoup d’affection. Et y a reconnu sa propre enfance, « sans le dernier chapitre, heureusement ». « Christophe Euler décrit une Armée qui n’existe plus aujourd’hui. Il raconte aussi cette mission tellement intense qu’on en oublie presque le devoir envers ses propres enfants. Pourtant, le divin ne nous protège pas des comportements déviants. » Christophe Euler reconnaît que son lien à la religion a changé. « Elle m’a pris mes parents. Je n’ai rien contre elle, mais j’entretiens un rapport complexe à Dieu. J’ai préféré m’en extraire pour vivre ma propre existence. Cependant, j’ai gardé de mon éducation salutiste ce soin et cette attention à l’autre, viscéralement ancrés en moi. Je suis même trop gentil ! » Un aveu qui fait sourire quand on sait la résilience de cet homme. À lire Christophe Euler, Étrange enfance, Les éditions Sydney Laurent, 2020, 178 p.,
16,90 €. Publié le 17 juin 2021(Mise à jour le 16/06) Par Cathy Gerig Covid-19 : la Maison du Partage engagée dans la vaccination des sans-abri L’accueil de jour de l’Armée du Salut, situé dans le 19e arrondissement de Paris, participe aux côtés de Médecins sans frontières (MSF), à la campagne de vaccination des sans-abri et des migrants. Cinquante-et-un sans-abri fréquentant La Maison du Partage, l’accueil de jour du 19e arrondissement de Paris de l’Armée du Salut ont reçu une première dose de vaccins contre le Covid-19. Un très bon résultat, compte tenu de l’éloignement des soins des sans domicile fixe. “Ça représente un tiers de nos effectifs. Nous sommes vraiment contents”, commente Marie Guidicelli, directrice de la structure. Pour parvenir à un tel résultat, Médecins sans frontières a commencé par
proposer une séance de sensibilisation. Pendant trois jours, ses intervenants ont expliqué les tenants et les aboutissants de la vaccination et répondu aux questions des sans-abri. “Ils ont besoin d’être rassurés, qu’on leur explique les choses”, ajoute la directrice. Affichage, appels téléphoniques Puis, une semaine plus tard, les candidats à la vaccination sont revenus à l’accueil de jour pour recevoir leur première dose de sérum. “Nous avons un local qui sert d’infirmerie. Il a été transformé en lieu de vaccination et la salle collective a servi de lieu d’enregistrement et de repos pendant les 15 minutes d’attente nécessaires après l’injection”, détaille Marie Guidicelli. Les doses, elles, ont été fournies par la mairie d’arrondissement, qui a proposé à l’Armée du Salut de participer à la campagne, aux côtés de MSF dont le siège est basé dans le même arrondissement. Et pour que les primo-vaccinés soient bien au rendez-vous pour l’injection de la seconde dose, les partenaires ont pensé à tout. “On fera un rappel une semaine avant et il y aura un affichage”, indique la responsable. Quant aux sans-abri disposant d’un téléphone, ils seront contactés en amont par l’équipe de MSF. Une autre opération ? Avec l’appui de l’agence régionale de santé, MSF va poursuivre sa campagne de vaccination auprès des migrants et des sans-abri de l’Île-de-France, au moins tout au long de l’été. Et du côté de la Maison du Partage, on n’exclut pas de renouveler l’opération si la demande est là. Le bouche-à-oreille pourrait encourager certains sans-abri à se faire vacciner.
Publié le 24 décembre 2020(Mise à jour le 24/12) Par Laure Salamon Recueil : la réponse de l’Armée du Salut à la Covid-19 La Fondation de l’Armée du Salut publie « Ce marathon qui n’en finit pas », un recueil de témoignages sur son action durant la pandémie. Comment cette période difficile a-t-elle été vécue par les 8 700 personnes accueillies, les 2 600 salariés et les 4 000 bénévoles de l’Armée du Salut ? « Ce marathon qui n’en finit pas » décrit le travail et l’engagement des salariés, ainsi que le vécu des résidents sous la forme de témoignages écrits et photographiques. Ce recueil, distribué ou téléchargeable gratuitement, raconte le soutien scolaire, la confection de masques et les maraudes de petits-déjeuners à Paris, la distribution de repas à Lyon et de colis alimentaires à Nice, l’installation de cloisons pour les visites des proches dans une maison de retraite à Nantes… « C’est difficile voire violent de dire “non” à un enfant qui court pour te sauter dans les bras », confie un éducateur du centre d’hébergement d’urgence de Saint- Priest (Rhône). Quand l’Armée du Salut se met en action, elle est redoutablement efficace et « se bat jusqu’au bout », comme le défendait son fondateur William Booth. « Ce marathon qui n’en finit pas », Fondation de l’Armée du Salut, à télécharger sur son site Internet.
Publié le 22 décembre 2020(Mise à jour le 22/12) Par Laure Salamon L’Armée du Salut lance sa campagne hivernale L’Armée du Salut lance sa campagne hivernale de collecte de dons, avec une image-choc de sans-abri dans des duvets bleu, blanc, rouge. Revisiter le drapeau français pour mieux interpeller les Français. L’Armée du Salut a lancé une campagne « choc » le mercredi 16 décembre sur le pont d’Iéna, entre le Trocadéro et la Tour Eiffel. Elle a déployé sur le pont une image du photographe cubain Erik Ravelo mesurant 8 × 6 mètres. De loin, on dirait le drapeau français bleu, blanc et rouge ; mais, de près, on réalise qu’il s’agit de duvets de couleur couvrant des personnes endormies. Dessous, on lit cette phrase : « Pendant la pandémie, un autre drame national se joue. Des milliers de sans- abris ont besoin de nous ». L’Armée du Salut interroge ainsi les Français sur leur devise : liberté, égalité, fraternité. « Comment faisons-nous vivre collectivement — ou non — notre devise ? », interroge la Fondation. Toute la journée de mercredi, les bénévoles et salariés de l’Armée du Salut ont
collé cette image en plusieurs lieux de la capitale : l’opéra, la gare Saint-Lazare, les Halles, entre autres. © Thibaut Voisin – Le « drapeau » de l’Armée du Salut aux Halles, devant l’église Saint-Eustache Le déconfinement n’a pas lieu pour tous les Français La date du 16 décembre n’a pas été choisie au hasard. Depuis le 15 décembre, les Français sont déconfinés. L’Armée du Salut rappelle que cette date ne change rien pour ceux qui n’ont pas d’endroit où se rendre à l’heure du couvre-feu. La campagne hivernale de l’Armée du Salut démarre avec cet événement et se poursuit en parallèle des traditionnelles Marmites de Noël qui collectent des dons dans la rue. Les enjeux sont importants cette année car l’organisation protestante a beaucoup œuvré pendant le confinement pour héberger les sans-abri, empêcher le virus d’entrer dans les établissements de la fondation et déployer une aide alimentaire à Paris, en Seine-Saint-Denis et à Lyon notamment. L’Armée du Salut revient sur son engagement pendant la crise à travers un ouvrage, Ce marathon qui n’en finit pas, diffusé gratuitement aux personnes qui s’intéressent à l’action de la Fondation. Elle a également mis en ligne un documentaire de 25 minutes.
https://www.jedonne-armeedusalut.org/ Publié le 4 novembre 2020(Mise à jour le 4/11) Par Claire Bernole Une vie de pasteur : le témoignage de Matthieu Gangloff Matthieu Gangloff est pasteur à l’église La Bonne Nouvelle (Communautés et assemblées évangéliques de France, CAEF) à La Roche-sur-Yon (Vendée). Écoutant, accompagnant, conseiller en relation d’aide, théologien, communiquant… À force de passer d’une casquette à l’autre, le pasteur pourrait vite perdre de vue sa mission.Une mission que je définis comme celle d’un théologien en lien avec la réalité concrète. Cela implique d’aller au contact des personnes, de faire des visites, de prendre le temps d’échanger avec elles, d’essayer de les comprendre. Ce travail va de pair avec une lecture de l’actualité à la lumière du texte biblique. Il s’agit de voir comment cela nous interpelle, de se rendre disponible pour entendre ce que le texte biblique – et donc Dieu à travers lui – a à nous dire aujourd’hui. Je ne voudrais pas avoir une prédication déconnectée du vécu de ceux qui m’écoutent, mais ne voudrais pas non plus être
tellement connecté que je n’aurais plus de recul et que je perdrais de vue l’Évangile, qui reste la priorité. La recherche de cet équilibre fait pleinement partie du travail pastoral. Sans faire la part des attentes exprimées et de celles anticipées, parfois imaginées, le pasteur pourrait oublier que les journées n’ont que 24 heures, ne jamais s’arrêter… et tomber dans la toute-puissance pastorale. C’est difficile mais il faut assumer d’être limité, fragile. C’est un point qui ne cesse de me travailler, même si j’avance. Mon expérience précédente m’aide, car si je ne suis pasteur que depuis dix ans, j’ai derrière moi un long cursus d’engagement. Il a commencé dès l’âge de 15 ans, quand j’ai quitté mon Alsace natale pour un voyage au Portugal. En voyant un bidonville, j’ai découvert une réalité qui m’a laissé sans voix. Cela a orienté mon parcours vers le social. J’ai été animateur à Lille, Strasbourg, Mulhouse avec l’Armée du Salut. J’y ai même créé une activité dédiée à l’enfance. Engagement social Avant de passer le concours, j’ai quitté l’IUFM pour rejoindre le groupe des cadets (les aspirants pasteurs, à l’Armée du Salut). Les deux ans que j’y ai passés ont confirmé ma sensibilité pour le travail social et mon désir d’annoncer l’Évangile – la seule nouvelle qui peut transformer radicalement une vie de manière durable. Associer ces deux perspectives me paraissait vraiment pertinent. C’est ce que nous avons fait avec ma femme, à travers un ministère auprès des sans-abri et des toxicomanes, au Havre, toujours pour l’Armée du Salut. La surcharge de travail nous a finalement conduits à tout mettre entre parenthèses. Pendant un an, nous avons exercé en tant qu’éducateurs dans un foyer pour enfants, en Alsace. Nous avons rejoint une église évangélique et c’est la vie au sein de la communauté locale qui m’a poussé à réfléchir de nouveau à un engagement pastoral. J’y trouve beaucoup de bonheur, en particulier lorsque je rencontre des personnes qui découvrent le Christ et qui cheminent avec lui. Mais garder du temps pour soi reste un défi, surtout dans les périodes de confinement, où nos habitudes sont remises en cause et où de nouvelles sollicitations émergent. C’est pourtant à ce prix qu’un équilibre à long terme est possible. Je suis un lève-tôt, alors je prends du temps avec Dieu le matin. C’est un vrai moment de ressourcement. La
tentation revient parfois de rentabiliser ma lecture du texte biblique : quelle prédication vais-je pouvoir en tirer ? Je poursuis un véritable travail sur moi pour laisser le texte résonner, sans chercher à être « productif ». En fait, même pasteur, on doit apprendre à rester un éternel étudiant face à la Parole de Dieu. Propos recueillis par Claire Bernole Publié le 15 octobre 2020(Mise à jour le 15/10) Par Laure Salamon Collecte de manteaux : un partenariat entre l’Armée du Salut et Vero Moda Une initiative originale de l’Armée du Salut vise à collecter des manteaux pour femmes avec l’aide d’une chaîne danoise de vêtements. Winter is coming. Et pour faire face, rien de mieux qu’une initiative solidaire de collecte de manteaux pour les femmes précaires. Plusieurs organisations nationales de l’Armée du Salut ont initié un partenariat avec l’enseigne de vêtements Vero Moda. Intitulée « Share the warmth – Partageons un peu de
chaleur », la campagne a lieu jusqu’au 25 octobre 2020. Chaque manteau en bon état amené en boutique donne droit à un bon de réduction de 20 %. « Il nous a paru pertinent de suivre ce partenariat en France car nous soutenons ce principe d’économie circulaire qui permet de recycler des vêtements ou des objets, explique Samuel Coppens, porte-parole de la Fondation Armée du Salut. Nous vivons dans une société où la consommation est largement incitée, où il faut changer chaque année de manteau pour suivre les tendances de la mode. Pour certaines femmes, la possibilité de donner son manteau est une belle opportunité car elles ont les armoires pleines. Auparavant, les gens apportaient leurs vêtements dans les lieux de seconde main ou les vestiaires, maintenant ils les revendent eux-mêmes sur des sites de vente en ligne. » Une seule boutique française En France, la déception est grande car la seule boutique Vero Moda se situe à Hyères, près de Toulon. Mais les personnes intéressées vivant en Belgique, en Suisse ou ailleurs en Europe peuvent y participer. L’enthousiasme suscité donnera peut-être des idées à d’autres enseignes mieux représentées dans l’Hexagone. L’initiative de ce partenariat entre l’Armée du Salut et Vero Moda est née l’an dernier au Danemark, lieu d’origine de la marque qui fait partie du groupe Beststeller. Avec près de 6000 manteaux collectés, la campagne a été étendue à une quinzaine autres pays européens parmi lesquels l’Allemagne, la Grande- Bretagne, la Belgique, la Suisse et la France. Aider les femmes précaires Pour Samuel Coppens, l’initiative permet de poursuivre sa mission auprès des femmes en difficultés et surtout de rappeler la situation dramatique de millions de personnes précarisées par la crise sanitaire. « Jamais nous n’avons atteint des chiffres d’une telle ampleur dans nos distributions. » À la veille de l’hiver, la situation est plus que préoccupante.
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