Collection Beyeler Oiseau-lunaire et araignée - NOTICES DE SALLE - FONDATION BEYELER
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Collection Beyeler – Oiseau lunaire et araignée INTRODUCTION 7 octobre 2018 – 13 janvier 2019 La troisième présentation de la Collection Beyeler de l’année 2018 noue un vivifiant dialogue entre plusieurs de ses pièces les plus connues et une sélection d’œuvres remarquables que notre musée détient en prêt. Disons que les cartes (ou les œuvres) ont été rebattues : elles font voir des contrastes qui invitent à une réflexion sur l’art et tissent de fascinantes correspondances entre les œuvres et les artistes. Le titre de l’exposition évoque une sculpture de la Collection Beyeler, l’Oiseau lunaire de Joan Miró qui déploie ses formes dans l’espace, et SPIDER IV de Louise Bourgeois, monumentale araignée appartenant à une collection privée. Le surréaliste Miró et Bourgeois, artiste influencée par ce mouvement, se connaissaient bien. Dans leurs travaux, ils ont tous deux dépassé l’opposition entre abstraction et figuration, une bataille qui a longtemps déterminé l’histoire de l’art moderne. Commissaire de l’exposition : Ulf Küster Couverture : Louise Bourgeois dans son atelier à Brooklyn, 1996, avec sa sculpture SPIDER IV (détail) © The Easton Foundation / 2018, ProLitteris, Zurich Photo © Peter Bellamy
SALLE 1 SALLE 2 Portraits de femme Louise Bourgeois Le portrait est l’un des genres classiques des beaux-arts. Louise Bourgeois compte parmi les artistes majeurs de Il est présenté ici à l’exemple de quelques portraits la fin du XXe siècle. Poétiques, mystérieuses et souvent féminins et dans sa pleine envergure, qui embrasse dérangeantes, ses œuvres sont personnelles en même les siècles. Dans une œuvre comme Femme assise, temps qu’elles semblent vouloir nous confesser quelque Alberto Giacometti ne se soucie pas de figurer une chose, en touchant certaines questions fondamentales personne en particulier, mais un « type » féminin, par de l’existence humaine. Jeune femme, Bourgeois vouait delà l’individu. À l’inverse, un portrait comme une vraie passion à la mode et elle a conservé ses Madame Cézanne à la chaise jaune nous fait voir une vêtements toute sa vie, les transformant à l’occasion femme réelle. en œuvres d’art. Dans l’assemblage Untitled de 1996, Avec SPIDER IV de Louise Bourgeois, un prêt qui une robe d’un rouge provocant munie d’une sorte de vient de rejoindre la collection de la Fondation Beyeler, queue de chat attire immédiatement le regard. Bourgeois la notion de portrait se trouve en quelque sorte élargie. aimait les chats et s’est identifiée à cet animal. Il s’agit À première vue en effet, on ne dirait pas que c’en est ici d’un autoportrait crypté : faisant face à la robe, un. Or l’araignée symbolise bien, dans la sculpture une spirale irrégulière symbolise la façon dont l’artiste de Bourgeois, la mère de l’artiste, qui faisait de la tourne sans cesse autour d’elle-même – sans jamais restauration de tapisseries et pour qui le tissage était pouvoir rejoindre son centre. donc une activité quotidienne. D’où la connotation positive que cet animal revêt dans son œuvre, l’araignée incarnant une figure maternelle protectrice – à rebours de la répulsion ou de la peur qu’elle suscite chez beaucoup de gens.
SALLE 3 SALLE 4 Oiseau lunaire La Vague Les œuvres des artistes surréalistes Max Ernst et Joan Miró Avec ses toiles qui s’emploient à rendre les infinies exposées dans cette salle font écho à la rétrospective variations de la lumière, Claude Monet a révolutionné Balthus qui se tient actuellement dans nos murs. la peinture. L’art moderne débute sous le signe de son Au premier coup d’œil et si l’on pense au langage formel impressionnisme : désormais, c’est la peinture en tant tout en délicatesse de Joan Miró, on sera peut-être que telle qui devient l’objet du tableau et l’on se détourne surpris par la version monumentale de l’Oiseau lunaire résolument d’un art qui, pour l’essentiel, racontait une que l’artiste a créée en 1966 en partant d’un petit histoire ou un événement. Au triptyque montrant des modelage en argile. Ne dirait-on pas que cette robuste reflets à la surface de l’étang aux nymphéas de son créature occupe sans peine tout l’espace ? Dans leur jardin de Giverny, grand format que Monet a peint dans élan, les lignes qui la dessinent affichent pourtant cette les dernières années de sa vie, répond ici sa tentative de même légèreté typique des peintures de Miró. capter avec son pinceau les jeux de la lumière matinale Fleurs de neige de Max Ernst joue tout pareillement sur la façade de la cathédrale de Rouen. avec notre perception : ce qui nous semble être le fond Les impressionnistes et leurs successeurs ont été fortement du tableau est en réalité son premier plan. L’artiste n’a influencés par certaines esthétiques venues d’ailleurs. pas disposé ses formes aux couleurs éclatantes sur un L’art japonais en particulier, avec ses cadrages insolites arrière-plan sombre, il a recouvert l’opulent fond coloré qui font une large place aux phénomènes naturels de sa peinture par une surface vert foncé, noire et et figurent les êtres humains en tout petit, a fasciné des bleue. Les fleurs qui donnent leur nom à l’œuvre sont peintres comme Paul Gauguin. Son tableau d’une donc des « vestiges » des premières couches de peinture énorme vague devant laquelle des hommes s’enfuient appliquées sur la toile. comme des nains ressemble à une estampe japonaise d’un genre inédit.
SALLE 5 SALLE 6 Baselitz Sculptures d’Afrique, d’Océanie – et d’Amérique Au début de l’année, la Fondation Beyeler a salué l’œuvre Les sculptures exposées dans cette salle ne sauraient de Georg Baselitz par une importante rétrospective être plus différentes : Titi de Jeff Koons est une œuvre où l’on a pu admirer des pièces majeures de toute la de la série des Celebrations, où l’artiste américain carrière du peintre, graveur et sculpteur allemand. revisite les images et les objets de son enfance. En L’accrochage présenté dans cette salle, avec trois figurant ce fameux personnage de dessins animés, nouvelles œuvres que notre musée a reçues en prêt, est Koons se réfère sans détour aux canons de la culture un rappel de cette exposition, en même temps qu’il rend populaire. En même temps, il joue avec les matières : hommage à la générosité de l’artiste : dans le cadre cette baudruche qu’on dirait légère comme une de sa rétrospective, Baselitz nous a fait don de Wer alles? plume est faite d’acier massif et pèse en réalité plusieurs Was alles? [Qui donc ? Quoi donc ?] centaines de kilos. Le couple que l’on voit assis sur ce grand format est Les deux statuettes M’bembe du Nigéria sont des un motif récurrent dans son œuvre depuis les années sculptures d’un tout autre genre. Taillées dans le bois, 1960. La plupart du temps, c’est lui-même et sa femme elles datent du XVIIe ou du XVIIIe siècle et ornaient Elke que l’artiste figure dans ce type de peintures, qui autrefois les grands tambours qui servaient de moyen de font souvent référence à l’histoire de l’art : le canapé communication entre les villages. Laissées à l’air libre, sommairement esquissé au moyen de doubles lignes elles portent les marques des intempéries auxquelles blanches est emprunté à un tableau d’Otto Dix elles étaient exposées. que Baselitz aime beaucoup, Les Parents de l’artiste II de 1924.
SALLE 7 SALLE 8 The King Playing with the Queen Abstraction La Fondation Beyeler possède une somptueuse collection Une des caractéristiques essentielles de l’art moderne, de sculptures, qu’elles soient figuratives ou abstraites, c’est sa volonté de libérer la peinture de tout le superflu, occidentales ou extra-européennes. Ainsi The King de la ramener à ses racines, au geste de la main tenant Playing with the Queen de Max Ernst, dans sa version le pinceau, à la couleur et à la forme pure. L’expressionnis- originale en plâtre peint, une œuvre pleine d’ironie, me abstrait, qui a vu le jour après 1945, est notamment car tous les amateurs d’échecs savent bien que, représenté dans cette salle par une œuvre majeure de contrairement à ce que ce titre laisse entendre, c’est la Willem de Kooning. On sera frappé de voir ici à quel point reine et non le roi qui est la figure la plus forte du jeu. la peinture gestuelle est réfléchie, pas du tout sauvage : C’est elle qui joue avec le roi. pour que le pinceau, dans son élan, produise l’effet De Louise Bourgeois, on admirera ici deux de ses voulu, il faut qu’il soit exactement « chargé » de la bonne Personnages de la fin des années 1940, totems composés quantité de couleur. L’acte pictural est soigneusement d’objets empilés les uns sur les autres, dans un fragile pensé. équilibre. Rarement exposé à la Fondation Beyeler, Les grandes surfaces crevassées de Clyfford Still ou la Del horizonte d’Eduardo Chillida est une petite sculpture monumentalité d’Uriel, rigoureuse composition de qui donne l’impression d’explorer l’espace autour d’elle. Barnett Newman, rappellent l’héroïsme des paysages Aux murs, des œuvres de Piet Mondrian. Le peintre a peints par les romantiques de l’Europe du Nord, auxquels développé ses compositions strictement géométriques beaucoup d’artistes abstraits américains se sont référés en partant de l’observation de la structure des arbres, après 1945. Ce n’est pas pour rien que Newman a repris qu’il réduit jusqu’à les transformer en purs signes. la notion de « sublime », qui a joué un rôle crucial dans la théorie esthétique autour de 1800, et lui a redonné tout son sens dans ses œuvres abstraites.
SALLE 9 SALLE 10 Rothko Peinture figurative d’aujourd’hui Cette salle est aménagée conformément au vœu de Cette salle réunit trois représentants de la peinture Mark Rothko d’immerger le spectateur dans des espaces figurative d’aujourd’hui, trois artistes qui créent, chacun entièrement définis par les toiles qui y sont accrochées. à sa manière, des univers visuels puissamment évocateurs. Dans son idée, rien ne doit interférer entre la peinture et Dans ses peintures, Neo Rauch prête forme à des celle ou celui qui la regarde : nul savoir préconçu, aucune réalités intérieures, à des bribes de souvenir et à des tradition visuelle qui viendrait compromettre l’expérience. rêves qui l’oppressent. Peter Doig et Wilhelm Sasnal Le dialogue doit s’opérer comme une rencontre muette s’appuient généralement sur des photographies ou des où l’œuvre et le spectateur se fondent et s’abolissent l’un illustrations trouvées par hasard qui éveillent en eux des dans l’autre. À cette fin, Rothko privilégiait les grands émotions et des moments du passé. Wilhelm Sasnal formats. raconte ainsi qu’une photographie du massif montagneux En allant de la salle 8 à l’espace Rothko, le visiteur des Beskides, dans le parc national polonais de traverse « Untitled » (Beginning) de Felix Gonzalez-Torres. Babia Góra à la frontière avec la Slovaquie, lui a rappelé Le rideau marque d’une part le passage physique du certaines histoires de personnes disparues dans la nature « dehors » au « dedans », il dessine d’autre part (on pense par exemple à Pique-nique à Hanging Rock, le seuil métaphorique entre les œuvres gestuelles de le film de Peter Weir, qui se joue dans le bush australien, l’expressionnisme abstrait et les peintures atmosphériques à l’époque victorienne). En peignant la femme de Rothko. à la bandoulière, l’artiste a songé à sa grand-mère, qui aimait faire de longues randonnées avec lui.
INFORMATIONS CATALOGUE Notices de salle : Ulf Küster, Sylvie Felber Rédaction : Daniel Kramer, Jana Leiker Fondation Beyeler Fondation Beyeler Die Sammlung Traduction et suivi éditorial : Jean Torrent Conception graphique : Heinz Hiltbrunner Partagez vos avis avec nous ! Die Sammlung fondation@fondationbeyeler.ch www.fondationbeyeler.ch/news www.facebook.com/FondationBeyeler twitter.com/Fond_Beyeler Es könnte gelingen, wenn nur die Sonne weiter scheint … Fondation Beyeler. Die Sammlung Avec des œuvres de la Collection et des textes des artistes Édité par Theodora Vischer pour la Fondation Beyeler Hatje Cantz Verlag, 2017, 284 pages, 183 ill., CHF 68.– Vous trouverez à l’Art Shop d’autres publications sur la Collection Beyeler : www.shop.fondationbeyeler.ch Prochaine exposition : L’exposition Collection Beyeler – Oiseau lunaire et araignée Le jeune PICASSO – Périodes bleue et rose bénéficie du généreux soutien de : 3 février – 26 mai 2019 Beyeler-Stiftung Hansjörg Wyss, Wyss Foundation FONDATION BEYELER Baselstrasse 101, CH-4125 Riehen / Bâle Fondation Coromandel www.fondationbeyeler.ch
COLLECTION BEYELER OISEAU LUNAIRE ET ARAIGNÉE Film Jardin d'hiver Ascenseur pour la salle 20 Souterrain 3 6 7 BALTHUS 2.9.18 --1.1.19 4 5 2 9 COLLECTION BEYELER OISEAU LUNAIRE ET 8 ARAIGNÉE Foyer 7.10.18 -- 13.1.19 1 10 Entrée Musée Caisse Vestiaire Art Shop Toilettes Attention : prière de ne pas toucher les œuvres d’art ! 20 21
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