COMMOTION CARDIAQUE QUAND LE SPORT TOURNE AU CAUCHEMAR - LES NOTES D'OBSERVATION AU DOSSIER - OIIQ
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janvier > février 2012 volume 9 > numéro 1 Commotion cardiaque Quand le sport tourne au cauchemar PP 40062569 Les notes Un œil sur la d’observation luminothérapie au dossier
sommaire janvier > février 2012 VOLUME 9 NUMÉRO 1 dossiers SANTÉ MENTALE PRATIQUE CLINIQUE Lumière sur la dépression saisonnière Vivre avec une stomie Un œil sur la Sexualité, sports 27 luminothérapie. et voyage Comment relever les défis L’ÉVALUATION 42 quotidiens. Prendre la courbe Les courbes de croissance 29 de l’OMS. Un outil essentiel du suivi La commotion cardiaque pédiatrique. Rare, la commotio cordis 53 est une autre forme de commotion qui peut frapper mortellement un jeune athlète. SOINS PALLIATIFS Un digne combat Savoir consigner ses Comment réagir à la 50 demande d’un patient notes d’observation Reconnaissez-vous les en fin de vie qui veut que « tout soit fait ». 45 symboles et les abréviations utilisés dans le dossier de M. Landry ? CONGRÈS 2011 S’APPROPRIER L’AVENIR 32 ATELIERS THÉMATIQUES HTA : Suivi systématique et global 36 Jugement clinique infirmier 36 Formation universitaire à Gaspé 36 Contrer le syndrome d’immobilisation 37 GRAND PRIX INNOVATION CLINIQUE 2011 Montréal/Laval – Formation en ligne pour les aidants 38 perspective infirmière 3 Janvier > février 2012
sommaire RUBRIQUES 21 24 PORTRAIT FORMATION 7 Nicole Ricard 40Norme professionnelle de l’OIIQ Partager sa vision des soins Pour favoriser la formation continue des infirmières. infirmiers en santé mentale 7 SANTÉ PUBLIQUE EN BREF 24 Chauffage au bois 11 Maladies non transmissibles – L’ONU s’engage Impact sur la santé 12 FFAPAMM – Avantdecraquer.com 66ITSS La notification des partenaires 12 13 Espace ITSS – Une plateforme Web incontournable Prévention du suicide – Contrer la banalisation Un moyen important de prévention RECHERCHE 66 13 Abandon du tabac – De nouveaux outils 61 Grippes A(H1N1) et saisonnière : Bilan de campagnes 14 Vaccin et allergie aux œufs – Précision Les attitudes et les pratiques infirmières lors des campagnes de vaccination 14 Appel de communications – Congrès OIIQ 2012 PHARMACOVIGILANCE MYTHES ET RÉALITÉS 58 Victrelis et Incivek – Guérir de À propos de la norme de formation continue l’hépatite C 14 41 Questions Réponses 60 Zytiga – Traiter le cancer de la prostate 61 AILLEURS 60 Drospirénone – Risque de caillots sanguins ? 17 Haïti – Deux ans plus tard SURVOL De durs lendemains 65 Oups ! – Opérations chirurgicales mal placées 19 REVUE @OIIQ.ORG 65 Ruban rouge – Un truc simple 17 SANTÉ FINANCIÈRE SOINS PÉDIATRIQUES 68 Couple et finances – Attention, fragile 21 TDA/H 75 LISTE DES ANNONCEURS Évaluation et traitement pharmacologique COLLABORATEURS > Marie Josée Beaulieu, Dalila Benhaberou-Brun, Geneviève Boily, Nicole Boulianne, Joël Brodeur, Claire Chapados, Chantal Charron, Lyne Cloutier, Suzanne Décarie, Fanny Defay, Ève Dubé, Sophie Ducharme, Dominique Fortier, Louis Gagné, Patricia Germain, Danielle Gilbert, Marilou Kiely, Lucie Giguère Kolment, Vladimir Gilca, Maryse Guay, Caroline Lemay, Anne-Marie Lowe, Anne-Marie Maher, Présidente-directrice générale OIIQ Daniel Milhomme, Mariève Paradis, Guy Sabourin, Kim Sadler, Francine Saint-Laurent, Chantal Sauvageau, Diane St-Cyr. Gyslaine Desrosiers PAGE COUVERTURE > Direction artistique : Jeffrey Bavaria > Photo : © Inmagine Directrice des services aux clientèles et promotion POLITIQUE ÉDITORIALE > Perspective infirmière est publiée six fois par année par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Sylvie Marier La revue couvre l’actualité en pratique et en sciences infirmières. Les opinions et points de vue exprimés n’engagent que leurs auteurs. RÉDACTRICE EN CHEF L’acceptation et la publication d’annonces publicitaires ne signifient pas l’entérinement par l’OIIQ des produits ou services annoncés. Aucune Lyse Savard reproduction n’est permise sans autorisation. Afin de faciliter la lecture des textes, Perspective infirmière, de façon générale, utilise le terme SECRÉTAIRES DE RÉDACTION « infirmière ». Il est entendu que cette désignation n’est nullement restrictive et englobe les infirmiers. L’éditeur tient à préciser que cela ne Marlène Lavoie, Liette Vincent constitue en aucune façon une négation des privilèges et des droits des infirmiers du Québec. CONSULTANTE SOINS INFIRMIERS PUBLICITÉ > Communications Publi-Services inc., 43 avenue Filion, Saint-Sauveur (Québec) J0R 1R0 Céline Thibault Jean Thibault, président > Mélanie Crouzatier, conseillère publicitaire > tél. : 450 227-8414, poste 304 > mcrouzatier@cpsmedia.ca RÉVISEURS Serge Lamarre (linguistique) ABONNEMENT > Sylvie Roy-Eychene > Tél. : 514 935-2501 ou 1 800 363-6048 > Téléc. : 514 935-3770 > www.oiiq.org Pascale Barcelo (références) TARIFS pour 1 an : Canada : 16,13 $ (taxes applicables comprises), Autres pays : 73 $ > Payable par carte de crédit, chèque ou mandat-poste émis et adressé à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Les membres de l’OIIQ, les étudiantes immatriculées ayant terminé leur première année d’études et les personnes inscrites DIRECTEUR ARTISTIQUE au « Programme Appartenance » reçoivent un abonnement. gaétanvenne.ca IMPRIMEUR DIFFUSION > 78 555 copies (CCAB/BPA : septembre 2011) Solisco revue@oiiq.org DÉPÔT LÉGAL 2011 > Bibliothèque nationale du Québec > Bibliothèque nationale du Canada : ISSN 1708-1890 FSC_F_MS_1_LNBW Répertorié dans Repère, PubMed, Cinahl et BDSP PASCAL > Téléphone : 514 935-2501 Convention de la Poste-publications Nº 40062569 > Nº d’enregistrement 9790 > Parution : janvier 2012 > Télécopieur : 514 935-2055 perspective infirmière 4 Janvier > février 2012
PORTRAIT NICOLE RICARD : Vision, rigueur et action Elle a combiné clinique, recherche et enseignement et a su partager sa vision des soins infirmiers en santé mentale. par Suzanne Décarie © Marcel La Haye I nfirmière, professeure émérite à la Faculté des sciences infirmiè- sances ont évolué, des spécialités se sont ajoutées. Petit à petit, on res de l’Université de Montréal, chercheuse au Centre de recher- a consacré moins d’importance à la santé mentale sur le plan du che Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine, Nicole contenu et attiré moins d’infirmières. Ricard a été vice-doyenne aux études supérieures et à la recher- « Il y a encore un stigmate social associé à la psychiatrie. La che, codirectrice du Groupe de recherche interuniversitaire en soins formation de base n’est pas assez étoffée pour contrer les préjugés des infirmiers de Montréal, et plus encore… Maintes fois lauréate, dont étudiants et leur montrer que ce domaine est passionnant. Il faut pro- le Prix Florence de la catégorie « Recherche en sciences infirmières » mouvoir la santé mentale et faire en sorte que les cours corrigent ces en 2005, elle s’étonne qu’on s’intéresse à elle. perceptions », affirme celle qui croit que les universités pourraient À la retraite depuis 2008, elle a dirigé le Comité offrir un programme de deuxième cycle en partenariat, d’experts de l’OIIQ sur la pratique infirmière en santé grâce aux technologies de communication à distance. mentale et en soins psychiatriques, elle a transmis « Sans des leaders qui « Plus les programmes seront intéressants, plus on sa passion pour la santé mentale à ses étudiantes ont une vision politique attirera de jeunes. Plus les étudiants s’inscriront, en sciences infirmières de l’Université de Mon- de notre contribution, plus d’autres suivront. » tréal, elle a enseigné à l’Université de Lausanne. même les plus belles Nicole Ricard aimerait que les soins en psy- Elle a accepté divers mandats liés à la recherche recherches ne se chiatrie soient plus attrayants en proposant des notamment sur la pratique clinique et l’organi- concrétiseront pas dans moyens de rétention, des programmes d’attraction sation des soins à l’hôpital Louis-H. Lafontaine, la pratique. » et des milieux de stage stimulants. « Les étudiants son port d’attache clinique… « Toujours dans le souci qui rencontrent des infirmières emballées par leur tra- d’améliorer la qualité des soins en santé mentale et de faire vail reviendront », dit-elle. en sorte que l’infirmière occupe mieux son champ de pratique », pré- cise cette passionnée, mentore et modèle de nombreuses infirmières. UNE PASSION Nicole Ricard a été attirée par la santé mentale dès ses études de bacca- LA RELÈVE ? lauréat. Fascinée par « ce qui se passe sur les plans intérieur et psycho- Pour l’heure, elle s’inquiète de la relève en santé mentale. Si les dynamique », elle travaille aux soins intensifs de psychiatrie de l’Ins- infirmières n’occupent pas ce domaine, d’autres professionnels s’en titut Albert-Prévost, maintenant intégré à l’hôpital du Sacré-Cœur de chargeront. Et les soins se sont grandement complexifiés. Montréal. « Le milieu était stimulant. Il y avait place pour la créativité. Pour expliquer le faible enthousiasme de la profession pour ce Les infirmières disposaient de beaucoup de marge de manœuvre. » domaine, Nicole Ricard rappelle la fin des années 70. La désinsti- Audacieuse, attirée par la nouveauté, elle répond bientôt à tutionnalisation, le développement de la psychiatrie biologique et l’appel de la prison de Bordeaux qui recrute des infirmières en vue l’implication d’autres professionnels viennent modifier le rôle de de l’ouverture de l’Institut Philippe-Pinel. « Au début des années l’infirmière en santé mentale. « Ça nous a fait perdre des plumes 70, c’était novateur qu’une femme travaille dans un milieu à sécu- comme leaders en soins psychiatriques, reconnaît-elle. Parallè- rité maximale. Tout était nouveau : la culture qu’on implantait, les lement, on a aussi perdu du terrain dans la formation. » Les connais- approches, la communauté thérapeutique. » perspective infirmière 7 Janvier > février 2012
proche, ils ne se sentent pas impliqués dans les décisions, pas assez informés et soutenus pour apprendre à aider. » Nicole Ricard s’est aussi intéressée au suivi dans la commu- nauté des personnes atteintes de troubles mentaux graves, dont les programmes s’inspirant du modèle PACT (Program of Assertive Community Treatment). Elle est préoccupée par les services offerts et par la façon de les améliorer. Son dernier gros projet de recher- che portait sur l’évaluation de l’implantation d’un modèle inter- disciplinaire de coordination des soins impliquant le partage des responsabilités. « L’idée, c’était d’essayer d’être plus systématique au cours de l’épisode de soins. Bien implanté, ce qui exige de la volonté et un leadership clinique, ce modèle donne de bons résul- tats. Or, on manque de leadership clinique », déplore-t-elle. Chercheuse chevronnée, Nicole Ricard croit à la recherche com- me moteur de développement. « Mais il n’y a pas que ça. On a be- soin de leaders qui ont une vision des soins et de leur organisation, insiste-t-elle. Sans des leaders qui ont une vision politique de notre © Marcel La Haye contribution, même les plus belles recherches ne se concrétiseront pas dans la pratique. Certaines valeurs et visions se transmettent d’abord par des modèles qui communiquent leur passion et leurs exigences. » Dotée d’une grande capacité de travail, de détermination et de Emballée, elle veut aller plus vite, plus loin, et s’inscrit à la maî- persévérance, Nicole Ricard est d’une génération de bâtisseuses. trise en santé mentale, enseigne au cégep du Vieux-Montréal, puis à Si elle regrette de ne pas avoir publié davantage, elle tire beaucoup la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. Ces de fierté de la reconnaissance de ses pairs. Et toujours, elle sourit expériences la mènent à suivre des études doctorales en counseling lorsqu’elle entend ses anciennes étudiantes dire : « Madame Ricard à l’Université Laval et une formation en approche psychodynami- ne serait pas fière de ça ! » « C’est ma marque de commerce : je ne me que à l’Hôpital général juif : « Un outil pour comprendre le monde ». satisfais pas de n’importe quoi. » Heureuse dans l’univers de la clinique et de l’enseignement, elle se demande un peu ce qu’elle fera d’un doctorat. « Je n’entrevoyais pas de carrière en recherche. Ça semblait inaccessible. Au début des Ils ont dit : années 80, les infirmières n’étaient pas reconnues par les organis- mes subventionnaires. » Elle en apprend pourtant les rouages en « En une phrase : rigueur, persévérance, exigence pour s’intégrant à l’équipe de Fabienne Fortin, une des rares chercheuses elle-même et les autres, bourreau de travail, mais avec de l’époque avec Louise Lévesque, qui l’inspirera aussi. humanisme, disponibilité, humour et élégance. » Jean-Pierre Bonin, inf., Ph.D., professeur agrégé, Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal LA COMMUNAUTÉ On lui doit « la première recherche d’envergure sur les interven- « Nicole Ricard nous pousse à nous dépasser et à nous engager tions infirmières en santé mentale. » Mais sa première subvention, pour qu’on ait de meilleurs soins infirmiers en santé mentale. Elle elle l’obtient pour une recherche sur les aidants naturels (voir a été la directrice de recherche de la plupart des infirmières cadres- Perspective infirmière, mars/avril 2006, Éloge de la persévérance). conseils, gestionnaires, chercheuses ou professeures dans le domaine « Ma mère souffrait de maladie bipolaire. Je m’en suis occupée et de la santé mentale. En plus d’être une excellente « passeuse j’ai réalisé que ce n’était pas évident. Si moi je n’arrivais pas à de connaissances », elle a plaisir à maintenir des liens avec les obtenir de l’information sur son état et sur ce que je pouvais faire, étudiantes qu’elle a dirigées et fait en sorte qu’on continue à se comment ceux qui ne connaissaient pas le système pouvaient-ils développer et à s’entraider pour l’avancement de la profession. » s’en sortir ? En tant qu’infirmière, j’ai voulu voir comment l’expé- France Laflamme, inf., M.Sc., infirmière-conseil à la Direction du rience de l’accompagnement affectait la santé de l’aidant ou de développement et soutien professionnel de l’OIIQ l’aidante. » Son intérêt pour les aidants ne s’est jamais démenti. « Elle a été ma mentore pour sa sagesse, son écoute « Il reste du chemin à faire pour reconnaître les familles dans exceptionnelle, son sens indéniable du soin, du patient, du leur rôle », a-t-elle constaté récemment alors qu’elle se penchait développement de la pratique professionnelle, et pour sa croyance sur le partenariat avec les familles prôné par la Politique de santé en la capacité de se développer comme professionnel. C’est notre mentale, dans le cadre d’une étude dirigée par Jean-Pierre Bonin. Florence Nightingale ! » « On note la même prévalence de détresse psychologique chez les Geneviève Ménard, inf., M.Sc.inf., M.Sc.(A), directrice-conseil à la aidants que pendant les années 80 à 98 ! Et ces aidants tiennent Direction des affaires externes de l’OIIQ les mêmes propos. Satisfaits de l’aide et des soins offerts à leur perspective infirmière 8 Janvier > février 2012
EN BREF Contre les maladies non transmissibles : UN ENGAGEMENT HISTORIQUE DE L’ONU par Louis Gagné © Sepavo / Dreamstime.com Les États membres des Nations Unies ont ratifié en septembre dernier une déclaration historique1 pour s’engager à lutter conjointement contre la menace croissante des maladies non transmissibles pour la santé mondiale. Au terme d’une réunion de haut niveau qui s’est tenue les les maladies non transmissibles tuent davantage que celles qui sont 19 et 20 septembre derniers à New York, les 193 États – dont le transmissibles, comme le VIH, l’hépatite et la tuberculose. Canada – ont convenu de la nécessité de s’attaquer aux maladies Selon l’Agence de la santé publique du Canada4, trois Canadiens non transmissibles (MNT), entre autres aux maladies cardio-vascu- sur cinq vivent avec une maladie chronique et quatre personnes sur laires et respiratoires, au cancer et au diabète. Les MNT sont respon- cinq sont à risque d’en développer une. Selon l’OMS, 265 décès sables annuellement de trois décès sur cinq dans le monde. pour 100 000 habitants sont attribuables aux MNT au Canada. Cette déclaration souligne la nécessité de réduire les fac- À titre comparatif, ce nombre s’élève à 346 aux États-Unis, teurs de risque que sont le tabagisme, l’usage nocif 225 en France et 562 en Russie. Il excède les 800, voire d’alcool, l’alimentation malsaine (excès de sel, gras 900 décès pour 100 000 habitants dans plusieurs et sucre) et le manque d’exercice physique en Selon l’OMS, pays africains. établissant des stratégies internationales et en 265 décès pour L’OMS estime que les décès dus aux MNT vont prenant des mesures éducatives, législatives, 100 000 habitants sont augmenter de 17 % au cours de la prochaine réglementaires et fiscales. décennie. Ce nombre pourrait être grandement Avec cette déclaration, les États reconnaissent attribuables aux MNT réduit si les gens faisaient des choix de vie plus que « le fardeau que constituent les MNT est l’un au Canada. sains, rappelle l’Organisation. En effet, 80 % des des principaux défis cas de diabète et de maladies cardiovasculaires et 40 % pour le développement au des cas de cancer seraient ainsi évitables. XXIe siècle », puisqu’il menace Selon une étude de l’OMS5 publiée en septembre 2011, le développement social et économi- les pays à faible revenu pourraient instaurer un ensemble de stra- que dans le monde entier, particulière- tégies afin de prévenir et traiter les MNT au coût de seulement ment dans des pays déjà éprouvés par 1,20 $ par personne par année. L’inaction entraînera des dépenses © iStockphoto.com / Junko Kimura la pauvreté. Il compromet du même bien supérieures. coup la réalisation des objectifs de développement arrêtés sur le plan UNE PREMIÈRE international, a indiqué le Secrétaire Soulignons que c’est la première fois qu’une réunion de haut ni- général de l’ONU, Ban Ki-moon lors du veau de l’ONU sollicite des actions concertées de gouvernements Sommet. et d’organisations mondiales contre les MNT. Seule l’épidémie de Ban Ki-moon VIH/SIDA – une maladie transmissible – avait fait l’objet d’une « Ce n’est pas un problème que les ministres de la santé peuvent régler tout seuls. Nous avons besoin telle démarche, en 2001. de tous les partenaires : des gouvernements pour fournir les bon- L’OMS a été mandatée par les Nations Unies pour formuler d’ici nes incitations, des individus pour protéger leur propre santé, des la fin de 2012 des recommandations afin de définir les objectifs de groupes de la société civile afin de maintenir la pression pour un lutte aux MNT au niveau mondial ainsi qu’un cadre général d’indi- marketing responsable, du monde des affaires pour fabriquer des cateurs pour suivre les tendances et évaluer les progrès. Une réu- produits plus durables » , a affirmé Ban Ki-moon. 2 nion d’évaluation est ensuite prévue en 2014. STATISTIQUES Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)3, le quart des Sources 1. www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/66/L.1&refere 36 millions de décès liés aux MNT surviennent avant l’âge de 2. www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=26337 60 ans. Environ 80 % des victimes vivent dans des pays en dévelop- 3. www.who.int/gho/ncd/en/index.html pement. Il est estimé que d’ici 2030, ces maladies seront respon- 4. www.phac-aspc.gc.ca/media/nr-rp/2011/2011_0919-bg-di-fra.php sables de 75 % des décès au monde. Exception faite de l’Afrique, 5. www.who.int/mediacentre/news/releases/2011/NCDs_solutions_20110918/fr/ perspective infirmière 11 Janvier > février 2012
EN BREF Santé mentale : RÉSEAU D’AIDE UNIQUE Les associations de familles et LES ASSOCIATIONS FAMILLES amis de la personne atteinte de © FFAPAMM maladie mentale sont des res- Pour soutenir les membres de l’entourage sources communautaires de pre- mière ligne qui existent depuis d’une personne atteinte d’un trouble sérieux plus de 25 ans. Elles ont pour mission de soutenir, guider, édu- quer et donner du répit à l’entourage d’une personne ayant reçu par Anne-Marie Maher, inf., B.SC. un diagnostic psychiatrique avec manifestations cliniques. Au Québec, il existe une quarantaine d’associations regroupées sous la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de mala- die mentale (FFAPAMM). Ces associations offrent, par l’entremise d’un personnel qualifié, une gamme de services diversifiés tels que l’intervention psychosociale, des activités d’information, de sensibilisation et de formation, des groupes d’entraide et des mesures de répit-dépannage. La personne atteinte d’un trouble mental évolue au sein de Les membres des familles viennent s’y ressourcer. Ils sa famille et de son milieu. Le plus souvent, sa maladie y partagent leur expérience, obtiennent de l’aide, a un impact sur tous les membres de son entourage. La Fédération apprennent à réagir adéquatement aux situations Que ce soit dans le cadre de notre pratique ou problématiques qu’ils rencontrent et deviennent des familles et amis dans la vie quotidienne, il arrive que nous rencon- de meilleurs accompagnateurs. Fréquemment, la trions des gens qui se sentent impuissants devant de la personne atteinte de maladie mentale est tellement omniprésente dans la maladie mentale de leur proche. Il est impor- maladie mentale leur vie qu’ils ont un besoin impératif d’en repren- tant de les soutenir, de leur proposer de l’aide et regroupe une quarantaine dre le contrôle. de contribuer ainsi à protéger leur propre santé. Rappelons qu’ils font face quotidiennement à d’associations. Les interventions et traitements en psychiatrie des pathologies complexes comme la schizophrénie, visent à stabiliser le client pour ensuite favoriser son le trouble bipolaire, la dépression, le trouble de person- retour à domicile. Tôt ou tard, son réseau social est solli- nalité limite, le trouble obsessionnel compulsif, etc. cité pour lui procurer une certaine stabilité et prévenir une re- j chute. Ainsi, au quotidien, les membres de l’entourage contribuent Les associations familles sont une ressource importante que tous à l’autonomie de la personne atteinte. Ils l’encouragent à s’engager les professionnels de la santé devraient connaître pour permettre dans le programme de suivi psychiatrique proposé dans sa commu- aux membres de l’entourage d’obtenir du soutien et des réponses nauté. Au terme de cet encadrement, ils tiennent un rôle important à leurs besoins particuliers. Bien outillées, les familles retrouvent d’accompagnateur auprès de la personne atteinte d’un trouble de l’équilibre et contribuent au rétablissement de leur proche. santé mentale. Pour eux, les associations familles peuvent s’avérer un soutien précieux. Visitez le site www.Avantdecraquer.com > TRUC BRANCHÉ ! Vers de meilleures pratiques infirmières. Vous cherchez des repères professionnels pour bonifier vos stra- Espace ITSS valorise l’expérience terrain ainsi que les initiatives tégies de lutte contre les infections transmissibles sexuellement régionales et locales. Ordonnances collectives, travail en ré- et par le sang (ITSS) ? Vous aimeriez cibler de l’information seaux, mise en place de projets pour rejoindre concrètement claire et découvrir des initiatives innovantes ? les populations vulnérables : voilà quelques-uns des sujets de l’heure explorés sur Espace ITSS. L’Institut national de santé publique du Québec présente Espace ITSS, sa nouvelle plateforme Web, qui regroupe les sources Découvrez également des professionnels passionnés qui fiables les plus à jour dans le domaine tout en proposant plus- présentent ce qui leur tient à cœur : réduire le nombre ieurs outils pratiques. de personnes infectées d’une ITSS et offrir des services appropriés. Conçu dans l’optique de renforcer le leadership infirmier quant aux interventions de prévention, de dépistage et de traitement, Visitez le site www.espaceITSS.ca perspective infirmière 12 Janvier > février 2012
Le suicide n’est pas une option www.aqps.info CONTRE LA BANALISATION DU SUICIDE par Mariève Paradis La 22e Semaine nationale de prévention du suicide se tiendra du « Les professionnels de la santé jouent un rôle déterminant. dimanche 5 au samedi 11 février. Sous le thème « Le suicide n’est Ils ne peuvent pas à eux seuls prévenir tous les suicides. Par pas une option », le message vise à contrer la banalisation du suicide. contre, ils ont un accès privilégié aux personnes qui souffrent. Une personne en détresse psychologique, ayant des idées sui- Ils doivent dépister, intervenir ou référer ces personnes », pré- cidaires, se sent généralement inutile, isolée. Et le message de cise M.Marchand en rappelant la société banalise le geste du suicide, selon Bruno Mar- l’importance des infir- chand, directeur général de l’Association québécoise mières dans le ré- de la prévention du suicide (AQPS). « Dernièrement, seau de la santé. nous avons réussi à faire enlever un gâteau « On demande « On demande « suicide » dans certains restaurants d’Abitibi », toujours aux professionnels toujours aux explique-t-il. Ce gâteau au chocolat proposait profession- de la santé de donner le une portion plus que généreuse. Pareils exem- nels de la ples, comme des ailes de poulet tellement épi- meilleur d’eux-mêmes. » santé de don- cées qu’elles sont « suicidaires », semblent banals. Bruno Marchand ner le meilleur « Mais ils contribuent à la tolérance et à l’acceptabi- d’eux-mêmes. Il lité du geste », déplore M. Marchand. Et c’est ce que la faut tout mettre en campagne souhaite montrer cette année. œuvre pour les aider à accomplir leur travail, les © www.aqps.info PAS DE PUBLIC CIBLE entourer afin d’éviter qu’eux- En défiant toutes les écoles de pensée en marketing social, l’AQPS mêmes ne tombent en détres- a choisi de ne pas s’adresser à un public en particulier. « On aurait se psychologique, » poursuit pu cibler notre campagne aux hommes de 35 à 65 ans qui sont M. Marchand. Bruno Marchand encore les plus touchés par le suicide. Or, cet angle transmettrait le message qu’on néglige d’autres parties de la population. Notre objectif est de prévenir chaque suicide, parce que même un seul, TRISTE RECORD c’est un seul de trop. Tout le monde doit être préoccupé par le sui- En 2009, 140 personnes ont vu le suicide comme un arrêt de leurs cide », affirme Bruno Marchand. La campagne liée à la Semaine souffrances. Bien que le taux de suicides au Québec diminue depuis 1999, nationale de prévention du suicide vise à rejoindre autant les gens il reste le plus élevé de toutes les provinces canadiennes à l’exception de en santé qui vivront peut-être un jour de la détresse psychologi- que, que les parents, les amis et les conjoints de personnes qui certains territoires autochtones. Les statistiques 2010 de l’Institut national sont en détresse sociale et psychologique, sans oublier les profes- de santé publique du Québec devraient être publiées en février. sionnels de la santé. ABANDON DU TABAC d’abandon du tabagisme répartis dans toutes les régions du Québec. Vous pouvez vous procurer les outils promo- Heure : Date : Mon rendez-vous tionnels des services J’Arrête en communiquant avec le Des outils promotionnels Conseil québécois sur le tabac et la santé www.cqts.qc.ca par Céline Thibault, inf., M.A. ou consultez le site j’Arrête : www.j’arrete.qc.ca Rappelons que dans le cadre du projet de mobilisa- Les données d’une enquête québécoise menée en 2005 tion des professionnels de la santé en abandon du tabac, auprès des professionnels de la santé révèlent qu’il existe l’OIIQ a publié en 2006 Counseling en abandon du tabac : une corrélation entre les pratiques de counseling et la Orientations pour la pratique infirmière en collaboration connaissance des ressources*. L’OIIQ invite donc ses mem- avec l’Institut national de santé publique du Québec bres à joindre leurs efforts à ceux du ministère de la Santé (INSPQ) et le MSSS. Ce document est disponible sur le site et des Services sociaux (MSSS) pour promouvoir les servi- de l’OIIQ www.oiiq.org sous l’onglet Publications. ces j’Arrête. L’auteure est adjointe à la directrice Direction du développement Conçus par le MSSS dans le cadre de son plan de lutte contre le et soutien professionnel de l’OIIQ. tabagisme, ces services sont mis gratuitement à la disposition des * Tremblay M., D. Cournoyer et J. O’Loughlin. « Do the correlates of smoking cessation fumeurs pour les soutenir dans leur démarche de cessation. Ils com- counseling differ across health professional groups ? », Nicotine and Tobacco prennent une ligne téléphonique, un site Internet et des centres Research, vol. 11, no 11, nov. 2009, p. 1330-1338. perspective infirmière 13 Janvier > février 2012
Mythes et réalités Appel de À PROPOS DE LA NORME DE FORMATION CONTINUE communications Par JOËL BRODEUR, INF., M.SC. Le prochain congrès de l’Ordre des La norme professionnelle de formation continue vient d’entrer en vigueur. Voici quelques infirmières et infirmiers du Québec questions qui ont été adressées aux infirmières-conseils de l’OIIQ. se tiendra au Palais des congrès Réponses en page 41 de Montréal, les 28, 29 et VRAI ou FAUX 30 octobre 2012. 1. Je suis retraitée du réseau public et je participe annuellement à Vous pouvez soumettre une proposi- la campagne de vaccination antigrippale de mon CSSS à titre de tion pour une présentation à un atelier vaccinatrice. Est-il vrai que je suis dispensée de la formation continue ? thématique ou à une séance de 2. Je suis infirmière à temps complet à l’urgence. En même temps, j’étudie à l’université afin d’obtenir un certificat en santé communautaire. Est-il communications par affichage avant vrai que je dois faire en plus 20 heures de formation continue, dont le 19 mars 2012. sept heures accréditées ? 3. Je suis abonnée à une liste de diffusions électroniques qui me Tous les détails sur le formulaire que communiquent chaque semaine de l’information scientifique très vous trouverez sur le site Web de pertinente pour ma pratique mais aucune de ces lectures n’est associée l’Ordre à : www.oiiq.org à une accréditation. Est-il vrai que cette lecture est considérée comme de la formation ? (types de présentation, thèmes abordés, 4. Est-il vrai que je dois acheminer à l’OIIQ, chaque année, les preuves des processus et critères d’évaluation, docu- formations que j’ai suivies ? ments requis et modalités d’envoi.) 5. Si j’effectue 90 heures d’activités de formation en 2012 dans le cadre de mes études universitaires post-formation initiale, est-il vrai que je peux reporter un certain nombre d’heures en 2013 ? Pour en savoir plus sur la norme de formation continue, vous pouvez consulter la section Accueil › Formation continue › Norme de formation continue du site Web de l’OIIQ : www.oiiq.org VACCIN ET ALLERGIE AUX ŒUFS Bonne nouvelle ! © David Koscheck / Dreamstime.com par Dominique Fortier, inf. À la suite des recommandations du Comité consultatif national par les IgE (qui se manifeste par de de l’immunisation (CCNI), l’anaphylaxie aux œufs n’est plus l’urticaire, un œdème de la bouche et considérée comme une contre-indication à la vaccination de la gorge, une difficulté à respirer, antigrippale au moyen d’un vaccin trivalent inactivé contre de l’hypotension ou un état de choc) l’influenza. ne reçoivent pas systématiquement Les personnes allergiques peuvent ainsi recevoir ce vaccin le vaccin contre la grippe fabriqué dans sans test cutané préalable. Certaines précautions doivent des œufs. Or, un nombre croissant d’études toutefois être respectées. Ainsi, les personnes présentant montrent que la plupart des personnes allergiques aux œufs une allergie de type anaphylactique aux œufs devraient être peuvent recevoir sans danger un vaccin antigrippal inactivé. vaccinées avec 10 % de la dose, pour ensuite être observées Divers groupes professionnels ont d’ailleurs formulé des pendant 30 minutes. Si aucune réaction n’apparaît, le reste de recommandations à ce sujet. » la dose, soit 90 %, sera administré, suivi d’une autre période Pour de plus amples détails, référez-vous au Protocole d’observation de 30 minutes. d’immunisation du Québec disponible en ligne au Dans le cas où une deuxième dose serait nécessaire au cours www.msss.gouv.qc.ca/vaccination ou consultez la d’une même saison, en l’absence de réaction lors de la première Déclaration du CCNI sur la vaccination antigrippale pour dose, la dose complète du vaccin pourra être administrée en la saison 2011-2012 au une seule injection. Parce que le contenu en ovalbumine n’est www.phac-aspc.gc.ca/publicat/ccdr-rmtc/11vol37/ pas constant d’une année à l’autre, les précautions prévues acs-dcc-5/index-fra.php. pour la première injection devront être répétées annuellement. L’auteure est infirmière et agente de recherche et de planification Pourquoi ? socio-économique à la Direction de la protection de la santé Antérieurement, « le CCNI recommandait que les personnes publique du Ministère de la Santé et des Services sociaux du présentant une hypersensibilité connue aux œufs médiée Québec. perspective infirmière 14 Janvier > février 2012
Ailleurs HAÏTI ENCORE DE DURS LENDEMAINS Deux ans après le tremblement, aux prises avec des foyers de choléra, le pays tente de se reconstruire. par FRANCINE SAINT-LAURENT Nous sommes le 12 janvier 2010. Il est 16 h 53, heure locale. Tout s’ébranle, tout s’écrase. Des maisons s’effondrent comme un château de cartes. Plus tard, on apprendra que le tremblement de terre de 7,3 sur l’échelle Richter aurait fait au moins 217 000 morts, environ 200 000 blessés et 1,2 million de sinistrés. Un désastre ! A lcide Yvenock, réalisateur haïtien et père de cinq enfants, était à l’extérieur de Port-au-Prince quand le drame est sur- venu. « Quand mon véhicule s’est mis à trembler comme un prunier, j’ai aussitôt songé à ma femme et à mes enfants. En arrivant question de reconstruire sur son ancien terrain : « C’est encore trop dur psychologiquement », dit-il. AU SECOURS à Port-au-Prince, j’ai eu tout un choc. Les survivants étaient couverts Son épouse et deux de ses enfants souffrant alors de multiples frac- de poussière. Plusieurs avaient des membres fracturés. Je voyais tures causées par le tremblement de terre, Alcide Yvenock les amène des cadavres un peu partout. » Malgré ce décor sinistre qui au département du Plateau central situé au centre du pays. ne laissait présager rien de bon, Alcide Yvenock garde « Pourquoi ? Parce que les soins sont moins coûteux que espoir de retrouver sa famille saine et sauve. « Le dans la capitale. Le personnel soignant de l’organisa- quartier de Delmas où j’habite avait pratiquement Elles craignent d’être tion Zanmi Lasante (Amis de la santé) a été formida- disparu. Ma rue n’existait plus. J’errais partout en étiquetées par la ble. » Il précise qu’à cause du tremblement de terre, criant le nom de ma femme et de mes enfants. » collectivité si on les plus de la moitié des soins était gratuit. Un voisin qu’il croise lui apprend alors que aperçoit dans un centre La venue des nombreuses ONG a aussi contribué deux de ses enfants sont ensevelis sous les décom- à l’amélioration des soins de santé puisqu’elles de traitement. bres. À ces mots, il lui indique ce qui reste de sa ont apporté avec elles des appareils médicaux de © Arindam Banerjee / Dreamstime.com maison… un gros tas de gravats. « En soulevant de haute technologie qu’elles ont laissés ici. « Aupara- lourds blocs de béton, j’ai réussi à trouver un de mes vant, nous devions aller aux États-Unis pour obtenir des deux enfants vivant. Puis, je suis arrivé sur un petit corps traitements de pointe. Mais pour ce qui est du suivi théra- inerte et très meurtri. C’était ma fille Graydjinah, âgée de onze ans. peutique, personne ne m’a indiqué à quelle porte frapper. J’ai cher- J’adorais cette enfant. On m’a raconté qu’elle avait réussi à pousser ché sur Internet dans l’espoir de trouver des conseils pour apprendre son petit frère dehors avant que tout s’effondre sur elle », raconte-t-il sur la réadaptation consécutive à des fractures des os et aussi pour encore avec beaucoup d’émotion. Pour Alcide Yvenock, il n’est pas nous aider à surmonter la détresse psychologique. » perspective infirmière 17 Janvier > février 2012
Faculté des sciences infirmières UN AUTRE MALHEUR Sans traitement, le choléra peut être fou- Après le séisme, voilà qu’un autre malheur droyant, une personne pouvant en mourir s’abat sur les Haïtiens : l’arrivée du choléra. le jour même de l’apparition des premiers « L’épidémie s’est propagée comme une traî- symptômes. « Les personnes atteintes hési- née de poudre. Le premier cas a été signalé tent souvent à venir demander des soins. dans le département de l’Artibonite situé Elles craignent d’être étiquetées par la col- Le Centre d’excellence dans le nord d’Haïti vers octobre 2010. lectivité si on les aperçoit dans un centre de en soins infirmiers traitement. L’idée d’être rejeté par les siens à la famille offre un Quelques jours plus tard, le choléra était déjà arrivé aux portes de la capitale. C’est est telle que certains préfèrent se cacher chez Atelier de formation en que les gens voyagent beaucoup », de dire eux et mourir. » Mme Thomas précise qu’il y a eu trois approche systémique Fabienne Thomas, coordinatrice choléra, décès depuis novembre 2010 à Cité Soleil. Médecins du Monde – Canada. familiale « Nous avons été touchés par deux flambées du 7 au 12 mai 2012 de choléra, une en décembre 2010 et une Les participantes recevront une autre en juin 2011. À l’heure actuelle, la attestation de 3,0 UFC progression de la maladie s’est stabilisée, mais elle est là pour longtemps à cause de fac- But teurs différents comme le manque d’eau po- © Courtoisie de Mme Thomas Faire connaître une approche table et le peu de traitement des eaux usées. » thérapeutique systémique visant à soutenir des individus et familles Le choléra est causé par une bactérie appelée qui vivent une expérience de santé/maladie. Vibrio cholerae, une proche cousine de la bactérie à l’origine de la gastro-entérite. Une Contenu Fabienne Thomas exerce le métier d’infir- fois avalée, la bactérie se fixe sur les parois du • Lien entre les expériences de mière depuis 2005. Native de Montréal et gros intestin ou de l’intestin grêle. Plusieurs santé/maladie et la dynamique bactéries meurent, d’autres sont évacuées. issue de parents haïtiens, elle traite cette ma- familiale Plusieurs s’accrochent et libèrent une toxine ladie depuis novembre 2010 dans la zone qui agit sur l’intestin grêle en provoquant une • Habiletés d’entrevue qui de Cité Soleil, un bidonville extrêmement facilitent l’évaluation des diarrhée liquide d’apparence blanchâtre comme pauvre situé dans l’arrondissement de Port- besoins et ressources des de l’eau de riz. Des vomissements sont aussi au-Prince. individus et familles et favorisent parmi les symptômes. « Les équipes de MdM ont mené des cam- leur lien de collaboration avec La bactérie vit dans l’eau, souvent dans les professionnels de la santé pagnes de sensibilisation auprès de la com- munauté. Elles sont notamment allées dans des eaux contaminées par des excréments • Mise en application de humains. Elle peut être aussi être transmise par les marchés, les écoles ainsi que dans les l’approche systémique dans l’ingestion d’aliments contaminés. diverses situations cliniques églises pendant les rassemblements de fidè- les pour les informer sur le choléra et pour Animatrice renforcer la sensibilisation aux mesures pré- DEMAIN Fabie Duhamel, inf., Ph. D. ventives. » Fabienne Thomas explique que L’infirmière a également une certaine Professeure titulaire les gens ont appris l’importance de se laver connaissance des conditions de vie dans Faculté des sciences infirmières les mains, comment bien le faire et avec de les camps de réfugiés. Selon l’Organisation l’eau potable et traitée. « On leur a aussi dit internationale pour les migrations (OIM), Moyens d’apprentissage de laver les aliments, bien les cuire et aussi il y aurait eu environ 370 000 personnes Exposés, jeux de rôles, bien les couvrir pour les protéger contre les qui auraient trouvé refuge dans des abris de démonstrations d’entrevues fortune à la suite du tremblement de terre. mouches. Les gens doivent également traiter familiales, discussion de situations l’eau. Ils utilisent de l’eau de Javel à raison « Les sans-abri reçoivent beaucoup de sou- cliniques de cinq gouttes pour chaque gallon ou tien. Ils ont notamment accès à de l’eau Inscription encore ils la font bouillir. Il y a aussi des potable et à des latrines portables. Et les Coût : 985 $ (TVQ & TPS inclus) tablettes aquatabs qu’on fait dissoudre déchets sont ramassés. Je constate que les Date limite d’inscription : 20 avril 2012 dans l’eau pour la purifier. » campements se vident de plus en plus », dit- Nombre limité de participants Fabienne Thomas ajoute que le choléra elle. Selon l’OIM, 61 % des sinistrés ont à @ : e.badeau@umontreal.ca est une maladie facile à traiter à condition présent quitté leurs campements improvisés d’administrer rapidement des sels de réhy- pour se relocaliser ailleurs dans de meilleures Renseigements dratation par voie orale pour remplacer les conditions. Tremblement de terre ? Morts et Fabie Duhamel, Inf., Ph. D. pertes liquidiennes. « Dans les cas particu- blessés par centaines de milliers ? Choléra ? Téléphone : 514 343-2179 Que les sinistrés parviennent à quitter leur lièrement graves, la réhydratation intravei- Télécopieur : 514 343-2306 neuse peut être nécessaire pour sauver la vie situation misérable indique bel et bien qu’il @ : fabie.duhamel@umontreal.ca du malade. » reste de l’espoir. perspective infirmière 18 Janvier > février 2012
REVUE @OIIQ.ORG SANTÉ PUBL IQUE AUTRE TÉMOIGNAGE EN tion avec les directions scolaires. Cet article devrait nous être soumis dans les prochains mois. Je tiens aussi à vous remercier d’avoir pris le S CLOSES TÉMOIGNAGE D’UNE INFI RMIÈRE EN MILIEU SCOL AIRE MILIEU SCOLAIRE temps de nous écrire. Vos commentaires sont très intéressants. LES PORTE nce d’une faire. pratique / Dreamstim e.com © Jimmy Lopes J son expérie à is partage où beaucoup reste e, Thesy Lou e veux réagir à l’article « Les portes clo- ière En entrevuonnelle bien particul Lyse Savard INF., BN THESY LOUIS, professi GAGNON, PH.D.(C.), ET ple, la T BASTIEN, PH.D., SYLVIE À titre d’exem met PAR ROBER lissement. versé qui on de l’étab sujet contro , ou à la missi encore un cette raison priorités s demeure arras. Pour CSSS des jeune dans l’emb ensei- ienne du sexualité scolaires quelques ière clinic monde de autorités qui cible ses » (septembre/octobre 2011, p. 45). Louis, infirm e entre le souvent les démarche incre tous jeu, Thesy de cultur égier une yer de conva ’entrée de culture peut privil D t que d’essa 012 différences il existe une l’infirmière ssés plutô relève les - ts et intére Cavendish, scolai re. « En santé, pratiq ues profes gnant s ouver le milieu les . la santé et établie dans scolaire. res de l’école santé bien écho en milieu les memb promo tion de la pas le même autres de de la e n’a n, entre sionnelles. Cette cultur bénéficions de soutie élaborer des inter- LE PARADOXE élèves, oui. directions craignent d’abor- rmières, nous de Montréal, pour Adultes, non, et certaines e eux constate que ité d’entr Quand j’ai vu qu’il traitait de la pratique En tant qu’infi ue soutien, on enseignants La major de santé publiq . Malgré ce ce, Si certains élèves ? « sujet, affirm e la Direction gagné d’avan est-il des ment à ce tion à l’école . Rien n’est lité, qu’en , particulière pas de promo der la sexua ion, il n’est ALLERGIES AUX OEUFS ventions e à l’école de savoir notre arrivé une soif es la direct autorités bâtir dès .» exprime si tu en inform . En fait, si les tout est à l’infirmière . Mais même ront ment pour Mme Louis de la classe elles refuse particulière ira les portes de sexualité, ou un -ÊTR E ! dit que cela t’ouvr à l’idée de parler t d’horaire PEUT PRÉVENIR, soigner, oui. les à l’aise un confli administre ne sont pas que ce soit e celle qui prétexte, de l’infirmière en milieu scolaire, je me et perçue comm mes de orte quel provient Vacciner est qui ont des problè sous n’imp ressources. » problè me , l’infirmière s des élèves s d’abor- manque de me Louis, le nœud du enants en « À l’école ient auprè nous tenton Selon M les interv qui interv . Lorsque sions pour de col- vaccins et ue M Louis s fréquem- des zones me rencontron nce d’occa d’établir du que, expliq de l’abse de deux firmières santé physi santé, nous lité est un enseignants présence tion de la santé et les « On est en $ pour la ET VACCIN à la sexua mutuelle. côté et der la promo ltés. L’éducation santé d’un e 20 000 difficu nants si vous pou- d’écarts laboration tion de la mière. Pour- -2012. ment des aux enseig souvent, Il y trop solitudes : la promo illustre l’infir ours 2011 le. Demandez priorités suis empressée de le lire. J’ai été déçue. et le plus de l’autre, des bel exemp leur classe on entre les la tournée adresser à se. Cette réacti l’instruction de l’année, je fais de projets vez vous un malai le et celles début nants et les élèves a réalisationla clientèle. dent avec tant plus d’une de l’éco tant, au informer les enseig rôles à ils vous répon école comp é. l’un de mes les soins nte. Dans une nants et memb res de la sant classes pour Je leur précise que santé. Mais est coura rces, enseig ue. de que seulem ent de ma pratiq problèmes centaine de ressou pas rare rition de la personne habi- à vous nir l’appa ion, il n’est disposées est de préve que je suis . Cette es de la direct “moi”, c’est de ventre re déposé nnes soient if est retient de de tête et trois perso , si ton object c’est considé- Je comprends qu’il s’agit d’un témoigna- deux ou leur classe. Alors nomb re, ce qu’on soluti ons aux maux nt ancrée. En de grand ter des déme ter des D porte », constate ouvrir la n du plus litée à appor rôle est profon que je doive inven 7 h. de susciter la mobilisatio ses qui devra y passer représentati on de notre ir, pas surpre nant les élèves .» dont tu dispo santé, il ans l’encadré « Vaccins et allergies aux tout le temps peu de pouvo rejoindre rencontres- tion de la rant mon atives pour isons des . s en promo l’école . Or, gies altern e et moi organ . Notre l’infirmière ser les interv ention ion de petite s straté social e du lunch Pour favori n de la direct directions « Ainsi, la travailleuse daire penda nt l’heur ssés. nir le soutie toutes les école secon élèves intére mandé d’obte sa part de difficultés, proposi- dans une ue avec les est recom nt pareilles causeries rcer un dialog ge, mais je n’en vois pas l’utilité. Certes, orte rche comp favorableme de sancti on- ement d’amo cette déma à accueillir le pouvoir but est simpl disposées elles ont nt ou non aux a été créée par n’étant pas toutefois, œufs » (juillet/août 2011, p. 37), il est corresponde 2011 La FRESIQ giquement tant qu’ils RE > OCTOBRE tions. Straté en prétex TIVE INFIRMIÈRE 45 SEPTEMB nus PERSPEC ner des conte ». 11-07-29 14:10 la pratique d’infirmière dans une école écrit que le vaccin contre l’influenza est contre- a ses difficultés, mais je préfère les appeler des défis. © David Koscheck / Dreamstime.com indiqué pour les personnes allergiques aux œufs. L’article parle presque exclusivement d’éducation à la santé sexuelle. Mais selon le Protocole d’immunisation du Québec (PIQ, S’il est plus difficile d’aborder ces questions, pourquoi ne pas bâtir des p. 314), la contre-indication n’est pas absolue. [...] La vaccination alliances avec le personnel de l’école en abordant d’autres thématiques ? demeure possible après une évaluation rigoureuse et la prise de certai- Bien que la santé sexuelle occupe une place importante dans les consul- nes précautions. tations par les élèves, le rôle de l’infirmière scolaire est loin de se limiter Isabelle Blanchet, inf. à cela. infirmière clinicienne, Soins intensifs, CSSS Pierre-Boucher. L’article aborde la différence de culture. Il faut être créatif lorsqu’on > Bien vrai. En page 14, une brève nouvelle traite de cette récente se retrouve dans un milieu qui n’est pas le nôtre. La possibilité d’échanger modification du PIQ à la suite des recommandations du Comité avec des collègues et avec d’autres intervenants qui agissent dans des consultatif national de l’immunisation. contextes de proximité peut aider à développer des stratégies efficaces. Si l’infirmière veut réussir à s’intégrer dans le réseau de l’éducation, elle doit se laisser « contaminer » par celui-ci. Cela veut dire passer du temps à comprendre son langage, par exemple le programme éducatif et l’objec- FUTURS RETRAITÉS tif de la réussite scolaire. Il faut savoir se concentrer sur les similitudes Le RIIRS est pour tous les infirmiers et infirmières, infirmiers et infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes, plutôt que sur les différences. C’est en comprenant les objectifs de l’école techniciens en circulation extracorporelle, perfusionnistes que l’infirmière pourra parler de promotion de la santé et de prévention et puéricultrices RETRAITÉS, sans égard aux champs avec un vocabulaire que les enseignants et la direction comprennent. Ce d’activités et aux fonctions occupées au cours de leur n’est pas en imposant notre agenda de promotion de la santé que les carrière. intervenants du milieu scolaire s’y intéresseront. Mais s’ils perçoivent un Le RIIRS intérêt de notre part envers leurs visées de réussite scolaire, nous pour- • donne une voix collective et entretient un sentiment d’appartenance; rons enfin parler de collaboration. • s’occupe de la défense des droits de ses membres, Somme toute, il faut beaucoup de temps avant que l’infirmière par- offre des services-conseils et, par le biais d’un vienne à s’intégrer dans le milieu scolaire et que ultimement, il y ait des assureur, des services d’assurance, participe aux grands débats publics; répercussions tangibles sur la santé des élèves. Et ce n’est pas en une • établit des liens avec des organismes axés sur le journée par semaine qu’elle y parviendra. Donc, la responsabilité de la mieux-être des retraités; réussite d’une collaboration entre les milieux de la santé et les milieux • publie l’Écho du RIIRS, journal d’information. scolaires ne repose pas uniquement sur les épaules des infirmières. Quand Le RIIRS est présent dans chaque région du Québec. tous les niveaux s’impliqueront, nous verrons les portes s’ouvrir… Pour vous prévaloir du privilège de transfert de votre Geneviève McCready, inf. assurance vie, il est essentiel que vous deveniez membre infirmière au service de santé du Collège Dawson. du RIIRS dans les 60 jours suivant la date de votre prise de retraite. > « Les portes closes » témoigne d’une réalité. Il faut du courage pour l’avoir exprimée. J’apprécie que cet article ait suscité des réflexions Informez-vous dès aujourd’hui en nous contactant : Regroupement interprofessionnel des sur la pratique de l’infirmière scolaire. D’ailleurs, sa publication a intervenants retraités des services de santé incité un groupe d’infirmières en milieu scolaire à préparer un texte Tél. : 418 626-0861 • S.F. : 1 800 639-9519 info@riirs.org • www.riirs.org qui présentera des programmes d’intervention conçus en collabora- perspective infirmière 19 Janvier > février 2012
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