COMPOSER LES MESURES DE SON ESPACE - Vendredi 9 février 2018 - 9 rue du Plâtre F-75004 Paris lafayetteanticipations.com

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COMPOSER LES MESURES DE SON ESPACE - Vendredi 9 février 2018 - 9 rue du Plâtre F-75004 Paris lafayetteanticipations.com
COMPOSER
Vendredi 9 février 2018

      LES
de 10 h à 13 h

 MESURES
DE SON
    ESPACE
9 rue du Plâtre
F-75004 Paris
lafayetteanticipations.com
COMPOSER LES MESURES DE SON ESPACE - Vendredi 9 février 2018 - 9 rue du Plâtre F-75004 Paris lafayetteanticipations.com
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som
 maire
         Introduction                                p. 4

         Paris et le Marais, centre et périphéries   p. 6

         La contrainte heureuse                      p. 10

         Deus ex machina : l’ascenseur               p. 12

         Mutant Stage                                p. 16

         Endless Fun                                 p. 20

         L’atelier au travail                        p. 26

         I came I saw I selfied                      p. 30

         Modérateur et intervenant·e·s               p. 34

         Notes                                       p. 36

         Bibliographie sélective et crédits          p. 42

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Composer
    les mesures de
           son espace
    « Le fait de pouvoir            Cet attrait pour                ou non, par l’agence OMA.
    composer les mesures            la modularité s’inscrit dans    Composer les mesures
    de son espace,                  une histoire riche des          de son espace est le premier
    presque au jour le jour,        avant-gardes du XXe siècle      forum de discussion organisé
    est important quand             (futurisme, constructivisme,    par Lafayette Anticipations
    on est artiste » déclare        surréalisme, métabolisme        dans son bâtiment rénové.
    Rem Koolhaas dans               ou encore « radical             Il est conçu comme
    son entretien avec Guillaume    architecture ») et de leurs     un séminaire intime, ouvert
    Houzé et François Quintin.      différentes provocations        à la parole de toutes et tous.
    Par l’enchâssement              architecturales. Mobilité,      Ce forum poursuit la volonté
    d’une tour au sein de la cour   flexibilité et transformation   de la Fondation à ouvrir
    de l’immeuble du 9 rue          permanente ont souvent          des espaces de débat
    du Plâtre, OMA, l’agence        participé aux discours          et d’échange. Depuis
    cofondée par l’architecte       de renouvellement               la session de réflexion
    néerlandais, fait la part       de la pratique                  intitulée Prolégomènes
    belle à cette exigence.         architecturale, portant         qui a accompagné les
    Dans le bâtiment rénové         le souhait de l’affranchir      premiers pas de la
    de Lafayette Anticipations      des contraintes                 Fondation en 2013 jusqu’aux
    – Fondation d’entreprise        traditionnelles de solidité     rencontres du Présent
    Galeries Lafayette, cette       et permanence et ainsi          de nos savoirs menées par
    construction d’acier entoure    de rendre ses usagers plus      Flora Katz en 2015 - 2016,
    deux jeux de plateformes        libres. Mais cet intérêt        en passant par l’Extra
    superposées qui peuvent         s’inscrit également dans        National Assembly de
    se mouvoir verticalement        une recherche pragmatique,      l’artiste et designer Jerszy
    le long de crémaillères.        régulièrement revisitée par     Seymour en 2014, la parole
    La multiplicité                 Rem Koolhaas, sur le motif      constitue la colonne
    des configurations              architectural de l’ascenseur.   vertébrale du programme
    de ces planchers offre          Étudié dès 1978 dans            de la Fondation.
    quarante-neuf possibilités      Delirious New York pour
    de modifier les volumes         son rapport intrinsèque
    intérieurs du bâtiment.         à la modernité (permettant
                                    l’érection de gratte-ciels,
                                    l’ascenseur permet la ville
                                    moderne), il est décliné dans
                                    différents projets, réalisés

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Composer les mesures           Tou·te·s les participant·e·s
de son espace rassemble        de ce séminaire
autour de Rem Koolhaas         sont invité·e·s à contribuer
plusieurs personnalités        librement à la conversation
issues de différents champs    dont le point de départ
disciplinaires :               est le bâtiment récemment
Isabelle Backouche             livré. Nous ouvrirons
(historienne et directrice     progressivement
d’études à l’EHESS),           cet échange aux enjeux
Boris Charmatz                 artistiques, sociaux
(chorégraphe et directeur      et politiques qui attendent
du Musée de la Danse –         la Fondation et ses équipes.
Centre chorégraphique
national de Rennes et de       Nous sommes enchanté·e·s
Bretagne), Simon Fujiwara      de vous recevoir aujourd’hui
(artiste), Joseph Grima        pour ce premier forum
(architecte et directeur       qui inaugure la Fondation
de l’Académie de Design        comme un lieu de débat,
d’Eindhoven), Hou Hanru        de partage et d’échange.
(curateur et directeur
artistique du MAXXI à Rome)
et Bruno Latour (philosophe
et anthropologue).
Cet échange est modéré
par Chris Dercon, directeur
de la Volksbühne à Berlin
et membre du conseil
d’administration
de Lafayette Anticipations –
Fondation d’entreprise
Galeries Lafayette.

                                       Barnaby Roper,
                                       Mutant Stage 10
                                       ©Stéphane Perche

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Paris
     et le Marais
          Centre et périphéries

    « Aujourd’hui, le Marais,
    ce sont 126 hectares
    (1,2% de Paris) où vivent
    30 000 habitants
    et qui accueillent
    130 000 travailleurs par jour
    et 30 millions de touristes
    par an. »
    Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet
    et commissaire de l’exposition Le Marais
    en Héritage(s), 2015

    Quartier de la noblesse dès le XIVe siècle
    qui y édifia de nombreux hôtels particuliers,
    le Marais est progressivement délaissé par
    l’élite parisienne au XVIIIe siècle. La Révolution
    française achève de chasser les propriétaires
    fortunés et le quartier est dès lors occupé par
    une population d’artisan·e·s et d’ouvrier·ère·s
    qui construisent des ateliers dans les cours
    intérieures. Réputé malsain et dangereux
    jusque dans les années 1970, il est néanmoins
    le premier secteur au patrimoine architectural
    préservé de France par le plan de sauvegarde
    et de mise en valeur du Marais encadré
    par la loi Malraux de 1962. Depuis, le Marais
    a connu une mutation radicale de son activité
    économique et de son tissu social. Alors
    que Paris s’agrandit et repense sa dynamique
    urbaine autour du projet du Grand Paris,             Un pignon rue du Plâtre, Henri Chapelle (1898).
    le Marais est devenu l’épicentre de l’activité
    touristique parisienne.

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1.

     1. En plein cœur du Marais, la rue de Moussy
     dans les années 1940. © Direction de
     l’Urbanisme, Ville de Paris/Metais.

     2. Projet de réaménagement urbain du centre
     de Paris conçu par Le Corbusier (1922 - 1925).
     ©FLC/ADAGP

     3. Projet de réaménagement du quartier
     des Halles par l’agence OMA (2004). « Le
     but premier de ce projet est de réinventer
     le paysage urbain moderne de Paris qui
     pourrait, dans une certaine mesure, raviver
     cet effort de coexistence entre le traditionnel
     et le moderne. » (Rem Koolhaas) ©OMA
2.

3.

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Koppert Cress : ferme hollandaise utilisant un éclairage magenta LED basse-énergie pour ses serres.
    ©Pieternel van Velden (Kopper Cress, The Netherlands, 2011). Image courtesy of Guggenheim.

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Carte du Grand Paris Express achevé à l’horizon 2030.
© Société du Grand Paris

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La
     contrainte
         Heureuse
     Le bâtiment actuel situé au 9 rue du Plâtre
     a été construit en 1891 par l’architecte
     Samuel Menjot de Dammartin pour le Bazar
     de l’Hôtel de Ville de Xavier Ruel. Il sert alors
     d’entrepôt au grand magasin qui bénéficie
     de sa situation traversière : les voitures
     de livraison y entrent par la rue du Plâtre
     et en ressortent par la rue Sainte-Croix-de-
     la-Bretonnerie. Par la suite, le 9 rue du Plâtre
     a successivement servi de dispensaire,
     d’institution de jeunes filles et plus récemment
     d’école préparatoire à l’enseignement
     supérieur.

     Les premier·ère·s membres de l’équipe de
     la Fondation s’y installent en octobre 2013
     après que le bâtiment ait été provisoirement
     aménagé par le collectif d’architectes Rotor.
     Après neuf mois d’expérimentation au cours
     desquels une quinzaine d’artistes a été
     accueillie en résidence et huit projets publics
     ont vu le jour, cette phase de préfiguration
     s’est refermée à l’été 2014 avec Venir Voir Venir,
     première présentation publique du projet
     architectural. En parallèle, entre 2012 et 2014,
     le projet proposé par l’agence OMA a connu
     plusieurs modifications du fait de la révision       Plan de sauvegarde et de mise en valeur du Marais révisé
     du plan de sauvegarde qui s’est élargi aux           en 2013. © Ministère de la Culture et de la Communication,
     bâtiments construits au XIXe siècle.                 Ville et préfecture de Paris, Atelier d’architecture
                                                          et d’urbanisme, Blanc Duché.

10
« L’histoire de ce bâtiment
                                                                     tout entier est peut-être
                                                                     une histoire de contraintes »

                                                                     Rem Koolhaas

        OCTOBRE 2012                                   AVRIL 2013                 SEPTEMBRE 2013

Évolution de l’emprise du projet architectural proposé par l’agence OMA.

                                                                                                     11
Deus
          ex machina :
                L’ascenseur

          Contrainte par les différentes extensions
          des plans de protection des bâtiments
          du Marais, l’agence OMA s’est tournée vers la
          cour intérieure du bâtiment pour y encastrer
          une « tour d’exposition », légèrement plus
          haute que le bâtiment qui l’enserre. L’attention
          de l’agence se concentre alors sur le volume
          central du bâtiment et à sa dynamique
          verticale qui permet de démultiplier
          les espaces d’exposition par la modulation
          de quatre plateaux centraux. Pour cela, OMA
          a fait appel à l’un des « fondamentaux »
          de l’architecture : l’ascenseur.
1.

                                                             1. Reconstitution d’un système d’élévation
                                                             sur le site du Colisée de Rome. Le développement
                                                             de l’ascenseur tient autant de l’histoire
                                                             minière que de celle du théâtre. Dans le cadre
                                                             de spectacles, il permet de créer un effet
                                                             de surprise type « deus ex machina », comme ici
                                                             pour l’apparition d’animaux sauvages sur la scène
                                                             de combats de gladiateurs. © Angelo Carconi

     12
« L’expérience de modularité dans les projets antérieurs
de OMA, comme la Maison à Bordeaux, m’a permis
de ressentir combien chaque mouvement de l’élévateur
central avait un effet sur l’architecture prise comme
un tout, sur les conditions de lumière, les couleurs,
la perception de l’espace… »

Rem Koolhaas

                                 2.

                                                                                     3.

                                 2. Maison Lemoine, dite « Maison à Bordeaux », résidence
                                 privée réalisée en 1998. Se déplaçant en fauteuil roulant,
                                 le client souhaitait une maison qui accommode ses besoins
                                 tout en garantissant une fluidité avec ceux des autres membres
                                 de sa famille. La maison comporte trois étages : le rez-de-
                                 chaussée au niveau du jardin regroupe les pièces domestiques,
                                 le séjour est situé au deuxième niveau et les chambres
                                 au troisième. Le centre de la maison est occupé par
                                 une plateforme élévatrice hydraulique de 3m sur 3,5m, qui se
                                 déplace entre les trois niveaux et les complète. © OMA
                                 3. Démonstration publique à l’occasion du Crystal Palace,
                                 exposition de New York en 1854. Elisha Otis y installe
                                 son monte-charge et présente son invention révolutionnaire :
                                 le frein de sécurité, qui assurera l’essor de l’ascenseur.

                                                                                                  13
Aude Mohammedi-Merquiol, responsable de la coordination de production, actionnant le boîtier de
     direction des planchers mobiles. © Simon Gérard

14
MOMA Inc., projet de rénovation du Museum of Modern Art de New York par Rem Koolhaas/OMA, 1997 (non réalisé).
Grâce à un ascenseur central, le projet révèle les flux de circulation du musée habituellement cachés au public.
Le déplacement des œuvres depuis les réserves vers les espaces d’exposition serait ainsi partie prenante du fonctionnement
général du musée. OMA s’inspire pour cela de The Odyssey, une invention du groupe Otis abandonnée faute d’opportunités
économiques : un ascenseur pouvant se déplacer de façon horizontale, verticale et diagonale. © OMA

                                                                                                                             15
mutant
       stage

      Barnaby Roper, Mutant Stage 10 (danseuse : Fanny Sage). © Stéphane Perche

     La multiplicité des configurations
     des plateformes de la Fondation offre
     autant de scènes pour « performer » et
     perturber la relation au·à la visiteur·euse-
     regardeur·euse. Durant toute la durée
     du chantier et jusqu’à son ouverture
     publique, la danse a accompagné
     les différentes mutations du bâtiment. Le
     processus architectural a été mesuré au
     fil des mois à travers la rencontre in situ
     de réalisateur·trice·s et danseur·euse·s
     pour la réalisation de court-métrages
     sous la direction d’Amélie Couillaud
     et de Dimitri Chamblas. Mutant Stage
     tire son nom d’une expression de Rem
     Koolhaas : il exprime par cette formule
     l’essence d’une architecture performative
     et l’engagement de la Fondation en faveur
     de l’hybridation des arts.

16
Volmir Cordeiro,
Mutant Stage 1.
© Stéphane Perche

Dimitri Chamblas
et Marie-Agnès Gillot,
Mutant Stage 8.
© Stéphane Perche

                         17
Au sein d’une tour à trois niveaux, chaque danseur·euse est isolé sur sa plateforme
     aux dimensions restreintes. Pas de toucher ni de regard, aucun ensemble et
     ni porté, Aatt enen tionon de Boris Charmatz (1996) expose une danse qui se déploie
     paradoxalement dans des conditions propres à la rendre impossible. © Marc Domage

18
Saint Pablo Tour
                                                                                                       de Kanye West (2016)
                                                                                                       Depuis une plate-forme
                                                                                                       mobile, l’artiste surplombe son
                                                                                                       public qui tapisse le parterre.

                                À Londres, le Shakespeare’s Globe est une reconstruction du Théâtre du Globe construit initialement
                                en 1599. Dans ce théâtre caractéristique de l’époque élisabéthaine, le public est disposé de façon
                                circulaire dans une salle en plein air.

Salle annulaire mobile de Grenoble,
1968, Jacques Polieri avec la
collaboration d’André Wogensky.

                                                                                                                                         19
endless
      fun

                                                      Endless House, imaginée en 1951
                                                      par Friedrick Kiesler.
     La mobilité des planchers permet à l’équipe
     de la Fondation de renouveler son outil
     de travail selon les besoins de chaque
     projet (exposition, performance,
     conférence, atelier…). Cette modularité
     n’est pas sans rappeler les provocations
     des avant-gardes architecturales du XXe
     siècle. On peut en particulier penser
     à l’Endless House de Friedrick Kiesler
     ou au Fun Palace de Cedric Price,
     deux projets architecturaux divergents dans
     leurs formes mais qui témoignaient d’un
     rêve commun de flexibilité permanente
     des espaces que nous occupons. Conçue
     en 1951, l’Endless House témoigne de
     l’influence du mouvement surréaliste sur
     la pensée architecturale de l’architecte
     autrichien installé aux États-Unis. Kiesler
     imaginait alors une maison qui aurait son
     propre développement et renouvellerait
     constamment notre relation à l’espace.
     Imaginé dix ans plus tard en Grande-
     Bretagne, le Fun Palace est une collaboration
     entre l’architecte Cedric Price et la metteuse
     en scène Joan Littlewood. Ensemble,
     ils appellent de leurs vœux la création
     de ce centre d’art interdisciplinaire
     « cybernétique », sans cesse reconfiguré
     par l’activation de grues et de plateaux         Conçu par Renzo Piano et Richard Rogers, le Centre
                                                      Pompidou est inauguré en 1977. Sa structure architecturale
     mobiles pour pouvoir accueillir tant la danse
                                                      est débarrassée de tout mur porteur intérieur afin de libérer
     que la musique ou le théâtre, le tout            l’espace de ses plateaux et ainsi d’offrir la possibilité
     dans un souffle libérateur.                      d’une reconfiguration régulière des cimaises d’exposition.
                                                      © AMélie Dupont

20
Le Fun Palace, projet non réalisé, imaginé en 1961 par l’architecte Cedric Price avec la metteuse en scène Joan Littlewood.
© Canadian Center for Architecture

                                                                                  « Quelle est la dimension
                                                                                  autoritaire du changement
                                                                                  de l’espace s’il devient
                                                                                  permanent ? Que se passe-
                                                                                  t-il si on décide de le figer ?
                                                                                  J’éprouvais un sentiment
                                                                                  de contrainte imposée
                                                                                  au public par l’architecture.
                                                                                  Même la notion de libération
                                                                                  prend un ton autoritaire
                                                                                  si elle est imposée. »

                                                                                  Rem Koolhaas
                                                                                  (à propos du Fun Palace de Cedric Price)

                                                                                                                              21
22
Schéma des quarante-neuf configurations possibles
des planchers mobiles de la Fondation

                                                    23
Stedelijk BASE : scénographie par AMO/Rem Koolhaas avec Federico Martelli pour le nouvel accrochage
     de la collection permanente du musée Stedelijk à Amsterdam. Commissariat : Beatrix Ruf
     © Stedelijk Museum, DSL Studio et Ossip

24
« [...] nous avons conçu des murs semblables
à des écrans grâce à la finesse de leur structure
en acier. Ils permettent une légèreté
et une flexibilité de circulation dans l’espace
d’exposition et encouragent le regardeur
à emprunter différents chemins, aussi librement
qu’un déplacement dans n’importe quelle ville. »

Rem Koolhaas
(À propos de Stedelijk BASE).

                                                    25
L’Atelier
          au
         travail
     L’existence de la rue
     du Plâtre est attestée
     dès 1220. Initialement
     dénommée rue Jehan
     Saint-Paul elle est identifiée
     en 1280 comme « rue
     au Plâtre », puis « rue
     de la Plâtrière », et enfin
     « rue du Plâtre » car c’est à
     cet endroit que l’on cuisait
     du plâtre acheminé, entre
     autres, depuis les carrières
     de gypse de Montmartre.
     La Fondation s’établit donc
     sur un site riche, habité
     historiquement par les idées
     d’ouvrage, de transformation
     et de fabrication.
     Dès ses débuts,
     la Fondation est donc
     conçue comme un outil
     à la disposition des artistes
     et designers et s’articule
     autour de son atelier
     de production. Situé
     au sous-sol du bâtiment,
     cet atelier est la matrice
     des œuvres, objets,
     scénographies, qui par
     la suite rencontreront
     lexpublic dans les étages.
     Cet état d’esprit préside aussi
     aux rapports avec le public,
     privilégiant le contact
     et l’échange directs.

26
1. Théodore Géricault, Le Four à plâtre, (1821 - 1822)
Le plâtre s’obtient par cuisson du gypse à 120°C. C’est
la déshydratation partielle de cette pierre qui forme
le plâtre.
2. Premier artiste en résidence de la Fondation,
Simon Fujiwara transforme le studio qui lui est alloué
en atelier de moulage de plâtre. Il y réalise
une « gerberette » (invention de l’ingénieur
Heinrich Gerber, utilisée pour la répartition
des poids pour le Centre Pompidou). La nuit du 14
février 2014, cette gerberette a été transportée
de la Fondation au Centre Pompidou lors
d’une procession. © Nicolas Giraud

2.

                                                          27
1.   1. Fischli & Weiss, Untitled (1994 - 2013)
          Les éléments anodins du studio (rouleaux de scotch, boîtes
          d’archivage, palettes, etc.) sont recréés à la main à l’échelle 1.
          2. Matthew Barney dans son atelier,
          Drawing Restraint 2 (1998).
          3. Romain Bertel, chef d’atelier de Lafayette Anticipations
          (au sous-sol de la Fondation, dans l’atelier de production lourde).
          © Simon Gérard

28
2.

     3.

          29
I CAME
          I SAW
                                                       James Tissot,
                                                       La Demoiselle de magasin (1883 - 1885).

       I SELFIED
     Consommation,
     spectacle
     et spectaculaire

     Reliant la rue du Plâtre à la rue Sainte-
     Croix-de-la-Bretonnerie, le rez-de-
     chaussée de la Fondation peut évoquer
     les passages couverts de Paris, ces galeries,
     percées pour la majorité au XIXe siècle,
     qui traversent plusieurs immeubles
     et abritent salons de thé, restaurants
     et boutiques. Elles invitent à la flânerie tout
     autant qu’à la consommation. En sortant
     du futur commerce Eataly, grande épicerie
     fine italienne installée rue Sainte-Croix-
     de-la-Bretonnerie, c’est à rebours que
     les curieux·ses accéderont à la Fondation
     via sa boutique (baptisée « À Rebours »)
     qui présentera objets de design et éditions
     d’artistes. Quel rapport à la consommation
     culturelle anticiper ? Consommation
     et spectacle sont indissociables du
     développement des grands magasins (on
     peut penser par exemple aux traditionnelles
     vitrines de Noël). Mais si, avec Guy Debord,
     on considère le spectacle comme « un
     rapport social entre des personnes médiatisé
     par des images », celui-ci s’est également
     largement invité au musée, tant à travers
     l’architecture des « grands gestes » (du
     Guggenheim Bilbao à l’effet Turbine Hall
     de la Tate Modern à Londres) que dans
     l’exhortation aux réseaux sociaux.
30
Charles Marville, Passage de l’Opéra,
                                                                                    Galerie de l’Horloge. Paris IXe (vers 1868).

Vitrines du grand magasin Bonwit Teller sur la 5e Avenue de New York par Andy Warhol (1961).
                                                                                                                                   31
Lutz Bacher, Detour (2007 - 2008), images appropriées de Guy Debord, complete cinematic works (publié par AK Press en 2005).

32
33
Modérateur
     Chris Dercon est historien de l’art, commissaire d’exposition et     Chris
     spécialiste des rapports entre art ancien et art contemporain. Il suit des

     de Leyde aux Pays-Bas. Chris Dercon commence sa carrière dans une
     galerie avant d’organiser diverses expositions en Belgique et aux Pays-
                                                                            Dercon
     études d’histoire de l’art, de théâtre et de théorie du cinéma à l’université

     Bas. En 1988, il devient directeur artistique du PS1 de New York. En 1990,
     il devient responsable des expositions du Centre d’art contemporain
     Witte de With de Rotterdam et commissaire du pavillon des Pays Bas
     lors de la 46e Biennale de Venise. En 1995, il est nommé directeur du
     musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam. En 2003, il prend la
     direction de la Haus der Kunst de Munich, puis, en 2011, de la Tate Modern
     de Londres. Il est membre du comité consultatif artistique du Wiels
     à Bruxelles. Il dirige actuellement la Volksbühne à Berlin.

     Intervenant·Es
                                                              Isabelle
     Isabelle Backouche est maîtresse de conférence et directrice
     d’études au sein de la chaire d’histoire urbaine de l’EHESS.
     Ses travaux abordent de front le changement social
     et la transformation physique de la ville. Ils se fondent
                                                                 Backouche
     sur l’analyse de terrain autant que l’étude des mutations
     urbaines à différentes échelles. Elle est membre du Comité
     d’Histoire de la Ville de Paris depuis 2007 et membre
     de la Commission nationale des Monuments Historiques.
     En 2016, elle a publié Paris transformé. Le Marais 1900-1980 :
     de l’îlot insalubre au secteur sauvegardé.

          Boris                      Boris Charmatz est un ancien élève de l’École de danse
     Charmatz                        de l’Opéra de Paris et du Conservatoire de Lyon. En tant
                                     que chorégraphe, il est rapidement reconnu pour
                                     ses expérimentations multiples et son approche radicale
                                     de la danse. Il est nommé directeur du Centre chorégraphique
                                     national de Rennes et de Bretagne en 2009 qu’il rebaptise
                                     « Musée de la Danse » et est artiste associé du Festival
                                     d’Avignon en 2011, puis artiste associé de la Volksbühne
                                     de Berlin en septembre 2017. Son dernier projet,
                                     10 000 gestes, est salué par la critique.

34
Simon Fujiwara est artiste et architecte de formation.
                                                      Simon
S’il est présent sur la scène internationale depuis
plusieurs années, il est dévoilé récemment en France par
                                                        Fujiwara
New Pompidou, une performance et un film réalisé·e·s avec
Lafayette Anticipations en collaboration avec le Centre
Pompidou. À la croisée du théâtre, de la performance
et de l’installation, il développe un travail d’écriture
mélangeant sa vie personnelle avec la « grande histoire ».
Il endosse différents rôles dans ces fictions théoriques :
artiste, écrivain, anthropologue, scénariste, etc.

                 Joseph           Joseph Grima est curateur et chercheur. Il est le fondateur

                Grima             de Space Caviar à Gênes, un atelier de recherche
                                  à l’intersection de l’architecture, de la technologie, du design
                                  et de la politique. Diplômé de l’Architectural Association
                                  en 2003, il étend son expérience à l’échelle internationale
                                  en tant que commissaire, éditeur et écrivain, notamment
                                  en tant que rédacteur en chef de la revue italienne Domus.
                                  En 2017, il est nommé directeur artistique de la Design
                                  Academy Eindhoven aux Pays-Bas.

Hou Hanru est curateur depuis plus de vingt ans. Il est
                                                           Hou
diplômé de l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin. En
                                                             Hanru
1990, il part vivre en France et y réside 16 ans. De 2006 à 2012,
il a été directeur des expositions, du programme public et
des études muséales au San Francisco Art Institute. Depuis
décembre 2013, il est directeur artistique du MAXXI - Musée
des arts du XXIe siècle à Rome. Il a participé en tant que
curateur à de nombreuses manifestations internationales.

               Bruno              Bruno Latour est philosophe des sciences, sociologue
            Latour                et anthropologue. Il est professeur à Sciences Po depuis 2006,
                                  après avoir enseigné à l’Ecole des Mines de Paris.
                                  Bruno Latour a participé à la création du Médialab de
                                  Sciences Po en 2009 et a initié en 2010 le programme
                                  d’expérimentation en arts et politique (SPEAP). Il a écrit et
                                  édité une vingtaine d’ouvrages de référence dont Nous n’avons
                                  jamais été modernes et Enquête sur les modes d’existence. Il
                                  est membre de plusieurs académies et docteur honoris causa.
                                  Il a reçu en 2013 le Prix Holberg.

                                                                                                     35
Ce livret a été réalisé à l’occasion           Bruno Latour
     de Composer les mesures de son espace,         Nous n’avons jamais été modernes :
     une conversation organisée à Lafayette         essai d’anthropologie symétrique,
     Anticipations – Fondation Galeries Lafayette   La Découverte (1991)
     le vendredi 9 février 2018, de 10 h à 13 h.
                                                    Bruno Latour
     Ouverture de la Fondation au public            Enquête sur les modes d’existence :
     le 10 mars 2018.                               une anthropologie des modernes
                                                    La Découverte (2012)
     lafayetteanticipations.com

                                                    Crédits
                                                    Conception : Charles Aubin
                                                    Assisté de Simon Gérard
                                                    Conception graphique : Dream On
                                                    Relecture : Camille Richert et Hugo Godart
     Bibliographie sélective
                                                    Remerciements : Jason Farago
     Isabelle Backouche,                            et Mei-lun Xue
     Paris transformé, Le marais 1900 - 1980.
     De l’îlot insalubre au secteur sauvegardé,     Photographies : page 1 : Bas Princen ;
     Créaphis, (2016)                               page 5: Stéphane Perche ; page 9 : Pieternel
                                                    van Velden; page 11 : Frans Parthesius / OMA;
     Jérôme Bel et Boris Charmatz,
                                                    page 13 : Hans Werlemann / OMA (Maison
     Emails 2009-2010
                                                    Lemoine) ; page 14 : Simon Gérard; page 15 :
     Les presses du réel (2013)
                                                    OMA; page 16 : Stéphane Perche; page 17 :
                                                    Stéphane Perche; page 18 : Marc Domage;
     Andreas Bernard,
                                                    page 21 : Canadian Center for Architecture ;
     Lifted : A Cultural History of the Elevator,
                                                    pages 22 et 23 : OMA ; pages 24 et 25 :
     New York University Press (2014)
                                                    Stedelijk Museum, DSL Studio et Ossip ; page
                                                    26 : Nicolas Giraud, page 28 : Simon Gérard
     Valérie Guillaume (dir.),
     Le Marais en Héritage(s),
     Paris Musées (2015)

     Guillaume Houzé et François Quintin (dir.),
     9 Plâtre,
     Lafayette Anticipations (mars 2018)

     Rem Koolhaas,
     Delirious New York : A Retroactive Manifesto
     for Manhattan,
     The Monacelli Press (1978-1994)

     Rem Koolhaas, AMO, Harvard Graduate
     School of Design, Iram Boom,
     Elements of Architecture: Elevator,
     Marsilio (2014)

     Rem Koolhaas, OMA, Bruce Mau,
     S,M,L,XL
     Jennifer Sigler (1995)
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Équipe Lafayette Anticipations                         Équipe de La Maîtrise
                                                       (Boutique À Rebours, restaurant et
Guillaume Houzé : président                            location d’espace)
François Quintin : directeur délégué
                                                       Elisabeth Cazorla et François Quintin :
— Pôle de coordination :                               direction
Laurence Perrillat : administratrice                   Pauline Vincent : responsable des
Judith Peluso et Jim Vivien : responsables             opérations
régie bâtiment et expositions                          Thérèse Boon Falleur : stagiaire
Hélène Dunner : assistante administrative              Léa Siboni : stagiaire
Emmanuelle Canas : secrétaire
administrative
Noé Robin : stagiaire administration et
production

— Pôle de production :
Dirk Meylaerts : directeur de production
Aude Mohammedi-Merquiol :
responsable coordination de production
Romain Bertel : chef d’atelier
Lisa Audureau : cheffe de projets
collection et production

— Pôle des savoirs :
Gilles Baume : responsable des publics
Matthieu Bonicel : responsable des
éditions et des systèmes d’information
Camille Richert : responsable des
publications
Madeleine Planeix-Crocker : responsable
de la communication par intérim
Hugo Godart : responsable accueil et
billetterie
Alice Choquart : cheffe de projets pôle
des savoirs
Simon Gérard : stagiaire publics et
médiation culturelle

— Curateur·trice·s associé·e·s :
Charles Aubin
Anna Colin
Hicham Khalidi

                    Imprimé et façonné en février 2018 au 9 rue du Plâtre sur RISO ComColor 7150
9 rue du Plâtre
     F-75004 Paris

     Ouvert
     lundi, mercredi et dimanche : 11 h – 20 h
     jeudi, vendredi et samedi : 11 h – 22 h
     Fermé le mardi

     lafayetteanticipations.com
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