CONCEPTION D'UN ITINÉRAIRE CULTUREL SUR LA NOUVELLE-FRANCE - Août 2004
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CONCEPTION D’UN ITINÉRAIRE CULTUREL SUR LA NOUVELLE-FRANCE Centre Interuniversitaire d’Études Québécoises Laboratoire de géographie historique Université Laval Elodie Tribot Inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France Août 2004 1
SOMMAIRE SOMMAIRE.................................................................................................................................................................................... 2 INTRODUCTION.......................................................................................................................................................................... 3 I/ METHODOLOGIE................................................................................................................................................................... 4 I/LA PHASE DE CONCEPTION.....................................................................................................................................................4 II/LA PHASE D’EXPLORATION...................................................................................................................................................4 III/LA PHASE D’EXPÉRIMENTATION ET DE COMMUNICATION ..........................................................................................5 II/ CADRE CONCEPTUEL ........................................................................................................................................................ 6 I/ QU’ EST-CE QUE LE TOURISME DE MÉMOIRE?...................................................................................................................6 1/ Le tourisme de mémoire................................................................................................................................................... 6 2/ Le tourisme généalogique................................................................................................................................................ 7 3/ Exploration et objectifs .................................................................................................................................................... 8 II/ L’ITINÉRAIRE CULTUREL : UNE EXPÉRIENCE TOURISTIQUE COMPLÈTE ET ENRICHISSANTE ............................10 1/ L’itinéraire culturel........................................................................................................................................................10 2/ L’expérience culturelle comme expérience touristique............................................................................................11 3/ Le public ...........................................................................................................................................................................13 III/ CADRE CONCEPTUEL : SYNTHÈSE ..................................................................................................................................14 III/ L’ EXPÉRIMENTATION DU PROJET .......................................................................................................................15 I/ L’ITINÉRAIRE-PILOTE ..........................................................................................................................................................15 II/ B ILAN DE LA PHASE D’EXPÉRIMENTATION ET DE COMMUNICATION.......................................................................18 1/ Les rencontres en face à face ........................................................................................................................................18 2/ La réunion générale du 17 août 2004..........................................................................................................................19 II/ PROPOSITION SUR LE WEB.................................................................................................................................................20 1/ Intérêt d’une telle réalisation........................................................................................................................................20 2/ Proposition.......................................................................................................................................................................21 IV/ LA RÉALISATION ET LE SUIVI DU PROJET ........................................................................................................24 I/ LA PHASE DE MISE EN ŒUVRE DU PROJET........................................................................................................................24 II/ LE SUIVI DU PROJET ............................................................................................................................................................24 III/ L’ OUVERTURE DU PROJET : ORIENTATIONS POSSIBLES............................................................................................25 CONCLUSION .............................................................................................................................................................................26 BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................................................................................27 ANNEXES : ...................................................................................................................................................................................29 2
INTRODUCTION Ce présent projet naît de la volonté de valoriser l’Inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France mis en place au Québec et en Poitou-Charentes. Il est fortement lié à une entente générale entre la France et le Québec concernant le domaine de la culture et plus particulièrement le patrimoine franco-québécois. L’itinéraire culturel sur la Nouvelle-France a été conçu dans le cadre de mon stage validant un diplôme français en action culturelle (DESS Cultures et patrimoines, Développement local et promotion sociale dispensé par l’Université de Picardie-Jules Verne à Amiens). Ce stage s’est déroulé de début mai à fin août 2004 au CIEQ (Centre Interuniversitaire d’Études Québécoises/ Laboratoire de géographie historique) de l’Université Laval. Les commanditaires de ce stage sont le CIEQ et le Ministère de la Culture et des Communications du Québec (la Direction du Patrimoine et la Direction de la coopération internationale et du développement des marchés). L’Inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France a permis de répertorier les biens immobiliers, les sites archéologiques, les repères commémoratifs (plaques, monuments, sites associés à des évènements ou à des personnages) et les traces liées à l’aménagement de l’espace, datant de l’époque de la Nouvelle-France. Un tel outil de recherche doit être utilisé par les chercheurs, par les acteurs culturels ainsi que par un plus large public. Pour cela, il doit se faire connaître. L’inventaire est disponible en ligne et l’accès aux fiches descriptives peut se faire par tous et à tout moment, encore faut-il que le site soit connu. Un projet de valorisation des lieux répertoriés est un moyen de prouver la fonctionnalité de l’Inventaire, il est une application du travail des chercheurs. Cette application a également répondu à la demande de produits pour un tourisme de mémoire et/ou généalogique au Québec, en France et aussi aux États-Unis (Nouvelle-Angleterre). Précisés en concertation avec le MCCQ, les objectifs de ce stage sont une valorisation de l’Inventaire en ligne, une mise en réseau des acteurs régionaux du patrimoine et la proposition d’un nouveau produit pour un tourisme de mémoire au Québec. Un projet d’itinéraire culturel, élaboré pour les régions de la Capitale nationale et de Chaudière-Appalaches, correspond aux objectifs visés étant donné le label de qualité qu’il offre, le développement local qu’il suscite, et la valorisation du patrimoine québécois et français auquel il participe. L’intérêt pour les itinéraires culturels s’inscrit dans un courant plus large, tant au niveau mondial et européen, avec l’Unesco et l’Institut européen des itinéraires culturels, que localement au Québec et en France. Dans un premier temps, la démarche engagée lors du stage est élaborée sous la forme d’une méthodologie précise de définition de projet. En second lieu, le cadre conceptuel permet de réfléchir aux enjeux d’une valorisation du patrimoine et de fournir des concepts d’élaboration et d’interprétation au projet. Ensuite, le modèle-pilote et le bilan des rencontres avec les partenaires présentent le travail effectué pour l’expérimentation et la communication du projet. De plus, une ébauche de site web a été développée afin de proposer une application possible du concept. Les modalités de cette application sont à trouver pour permettre au projet de montrer concrètement tous les bénéfices qu’il engendre tant au niveau économique que social. Enfin, des recommandations et des orientations sont présentées pour la suite du projet et son suivi. 3
I/ METHODOLOGIE La conception de l’itinéraire a nécessité de mettre en place une stratégie précise de recherche et de communication. La définition du projet s’est déroulée en trois temps, avec une première phase de conception et de réflexion, une seconde phase d’exploration des thématiques et des ressources, et une dernière phase d’expérimentation et de communication du projet. Ces étapes ont été menées à terme durant le stage, jusqu’à la phase de mise en œuvre du projet qui est envisagée dans la quatrième partie de ce rapport. I/La phase de conception La définition de la problématique et du cadre théorique pour le projet a été pensée grâce à des ouvrages scientifiques et des références actuelles concernant le tourisme, la politique culturelle et le patrimoine. La bibliographie à la fin de ce rapport présente les titres des ouvrages consultés. Les concepts-clefs de tourisme de mémoire, de tourisme généalogique, d’itinéraire culturel et d’expérience touristique ont été explorés et développés. Ils ont permis de créer un cadre conceptuel au projet, présenté dans ce rapport (chapitre II). Un modèle-type d’itinéraire a été conçu pour mettre en forme le concept élaboré. Sous la forme d’un tableau, il présente les types d’expériences et de ressources envisagés pour répondre aux exigences du cadre conceptuel. Cette étape est primordiale dans la conduite de projet. Elle permet de contextualiser l’idée de départ et d’actualiser le projet. Sans fondement théorique, sans problématique, un itinéraire culturel ne peut être pertinent pour le touriste en quête d’une certaine qualité d’expérience. II/La phase d’exploration Trois ébauches d’itinéraires culturels ont été proposées à partir de thématiques précises. Celles-ci sont la vie domestique, la Guerre de sept ans et la Rencontre des cultures (espace de rencontre avec les Amérindiens). Chaque thème est associé à une version de l’itinéraire et il représente un aspect distinct et crucial de la vie en Nouvelle-France. L’annexe 1 présente les résultats de cette étape d’exploration. Les ressources, liées à chacun des thèmes, ont été rassemblées en équipe (historiens et géographes de la Nouvelle-France) et sur le web. L’inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France (www.memoirenf.cieq.ulaval.ca) a été utilisé pour les lieux historiques et de mémoire. Pour les centres d’interprétation et les autres ressources, le site de la Société des musées québécois ainsi que les sites des régions ont été consultés. Pour conclure cette étape, une validation scientifique a été demandée à Alain Laberge, directeur du département d’histoire de l’Université Laval et spécialiste de la Nouvelle-France. Une réunion au Ministère de la culture et des Communications du Québec a été organisée pour choisir l’itinéraire à expérimenter. Le premier thème général a été retenu. En effet, la vie domestique a un lien évident avec le tourisme de mémoire et en particulier le tourisme généalogique. De plus, il permet de développer plus facilement le réseau de partenaires étant donné le grand nombre de sites concernés dans les deux régions. En revanche, le thème sur la Guerre de Conquête permettait moins de diversité géographique et de diversité de publics, malgré 4
la présence de ressources peu connues ou appréciées par un public large (comme les reconstitutions de pratiques militaires). Quant au troisième thème « Rencontre des cultures », l’échéancier trop serré pour la prise de contact avec les partenaires et l’existence de nombreux produits, en particulier autochtones, nous ont incité à mettre de côté cette proposition pour l’expérimentation. Cette étape a permis de tester le modèle-type, l’étendue des ressources et la pertinence des thématiques. De plus, elle est nécessaire pour envisager l’avenir du projet, pour vérifier l’adaptabilité du concept selon les thèmes, les contextes, les régions, à partir desquels le projet est monté. III/La phase d’expérimentation et de communication Une stratégie de communication du projet a été mise en place. Des rencontres ont été organisées avec des partenaires pouvant être impliqués dans le suivi et la réalisation du projet. Nous avons rencontré Yves Soucy et Pierre Lahoud des deux Directions régionales du Ministère de la Culture et des Communications du Québec. William Moss et Michel Campéanau, tous deux de la ville de Québec, et Marike Robitaille, de l’Office de tourisme, nous ont accueillis dans leurs locaux. Nous avons également échangé avec André Charbonneau de Parcs Canada, Nicolas Giroux de la Commission de la Capitale nationale, Yves Bergeron du Musée de la civilisation et Christiane Turgeon du Musée des Ursulines. La Fédération des familles-souches québécoises, représentée par Réjeanne Boulianne et Jérôme Morneau, est venue au CIEQ pour discuter du projet mais aussi de l’Inventaire. Ces rencontres ont été l’occasion de valider l’approche envisagée, d’explorer les intérêts des acteurs du patrimoine concernés par le projet, et de prévoir un partenariat possible. Ce partenariat était à finaliser lors d’une réunion générale organisée le 17 août à la Maison Chevalier à Québec. Un document de présentation du projet a été rédigé et transmis (annexe 2). Il a été présenté lors de rencontres avec les partenaires ou envoyé par courrier aux partenaires non rencontrés. Ces derniers ont reçu également une invitation pour la réunion générale. La liste des partenaires est présentée en annexe 4. Ces rencontres sont primordiales pour deux raisons : § l’expérimentation du projet sur le terrain, avec des professionnels. Le projet doit être validé par les acteurs culturels. D’autres ressources et partenaires peuvent être ajoutés grâce à leurs connaissances du territoire. § la création et à l’animation d’un réseau. La réunion générale va dans ce sens, le projet doit être prétexte à un échange et à une dynamique qui permettent à terme un développement du territoire. Ces trois phases représentent la démarche de travail envisagée pendant le stage et pour la conception du projet d’itinéraire culturel. La phase de conception a été le point de départ de la démarche. Le cadre conceptuel qui est le résultat de cette réflexion est proposé dans la partie qui suit. 5
II/ CADRE CONCEPTUEL Dans un projet culturel et en particulier pour une valorisation de patrimoine, les raisons de la valorisation et la manière de le faire (concept de restauration et concept d’exploitation) vont influencer l’interprétation du patrimoine (le concept d’interprétation, discours et présentation) 1. Selon les promoteurs et le projet final de valorisation, l’interprétation proposée sera différente. En particulier, le discours élaboré justifiera l’action et les intentions. Les concepts de tourisme de mémoire, d’itinéraire culturel et d’expérience touristique permettent de donner un discours d’interprétation au projet de valorisation des lieux de mémoire de la Nouvelle-France relevés par l’inventaire. Le cadre théorique doit permettre d’envisager l’itinéraire comme une action patrimoniale. Néanmoins, il ne faut pas oublier que l’itinéraire s’inscrit dans une stratégie touristique, même si ce projet a certes une dimension culturelle. Le tourisme patrimonial est un sujet d’actualité tant pour l’industrie touristique et le Ministère du tourisme que pour le Ministère de la culture et des communications 2 . Le projet présenté participe donc d’une réflexion plus globale sur la place du patrimoine dans nos sociétés contemporaines. I/ Qu’est-ce que le tourisme de mémoire? 1/ Le tourisme de mémoire Une convention relative au tourisme de mémoire a été signée en février 2004 en France entre le Secrétaire d’Etat au tourisme et le Secrétaire d’État aux anciens combattants (rattaché au Ministère de la Défense). Cette convention porte sur l’aménagement touristique et la promotion des sites de mémoire. Elle souligne l’intérêt des sites de mémoire, en particulier dans les régions ne disposant pas toujours d’atouts touristiques majeurs. Les sites doivent être aménagés selon une démarche de qualité (information, multilinguisme, mise en réseau, stationnement..) Le tourisme de mémoire mis en oeuvre par des « chemins de mémoire3 » concerne surtout la mémoire des conflits du 20ème siècle. La direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du Ministère de la Défense est impliquée dans ce projet. Les thématiques envisagées sont la fortification, la guerre impériale, l’occupation, la résistance, la libération…Ce tourisme est envisagé comme un secteur privilégié de création d’emplois et d’attractivité des territoires. Un axe est également prévu autour de la promotion des sites en France et à l’étranger. 1 D. Boucher, Sauvegarde du patrimoine, commémoration du passé et construction d’une mémoire locale : Rivière du loup et le manoir de Fraser, Thèse de maîtrise, Université Laval, 2001 2 www.canadatourisme.com/ctx/app/fr/ca/magazine/article.do?path=templatedata\ctx\magArticle\data\fr\2004\issue0 5\industry\change_and_growth_fr , consulté le 8 juin et les documents PDF ci-après, téléchargés le 8 juin : Destination_Culture_FRE.pdf et DiscoveringHeritageTourismFRE.pdf, datant de l’année 2004 et proposés par la Commission canadienne du tourisme 3 les « Chemins de mémoire » mettent en lien des sites dénommés « points d’appui » sélectionnés au regard des thèmes déterminés. Les points d’appui sont choisis selon leur intérêt historique mais également selon la gestion et la sécurité du lieu. Des réseaux d’information permettent de promouvoir les chemins de mémoire, cf site web www.cheminsdememoire.gouv.fr 6
Le tourisme de mémoire en France et au Royaume-Uni a permis d’expérimenter une interprétation novatrice dans certains lieux de mémoire. Pour l’Historial de Péronne par exemple, la Grande Guerre est replacée dans un contexte plus large, celle de trois nations. Le Mémorial de Caen, quant à lui, propose une réflexion sur les enjeux géopolitiques du monde en parlant des différents conflits contemporains. Ces interprétations transversales présentent une mémoire plus contemporaine et plus complexe 4 qu’un seul rappel historique, qui fige la mémoire collective. Une étude sur «La clientèle des sites de mémoire en Nord-Pas de Calais » a été menée par le comité régional de tourisme en 2001/2002 5 .Les sites interrogés sont Vimy, site canadien de la Grande Guerre, et Notre-Dame de Lorette, lieu de mémoire de la Première guerre mondiale également. Pour les deux sites, 80% de la clientèle est française : parmi les étrangers, 56,1% sont Anglais, 13,7% sont Canadiens. Les visiteurs ont majoritairement plus de 45 ans (pour les résidents 55%, pour les non-résidents 62%). Neuf visiteurs sur dix sont des habitués de la culture, ils visitent d’autres lieux culturels régulièrement. 47% des non-résidents effectuent des courts séjours. Les retombées économiques ne sont pas très importantes; 40% des étrangers vo nt à l’hôtel, 50% dans les restaurants locaux. Pour les résidents, les visites sont plutôt vécues comme des promenades, en famille ou en couple, plus que comme un acte de mémoire ou une visite culturelle. Il faut réfléchir sur cette étude car elle interroge la clientèle et les effets du tourisme de mémoire et même du tourisme généalogique. Peu d’études ont été menées jusqu’à présent. Une volonté de rajeunir le public de ces visites, pour transmettre une mémoire, existe bien. Elle s’exprime notamment dans la recherche d’une interprétation plus adéquate (discours et présentation). 2/ Le tourisme généalogique Une définition du tourisme généalogique est proposée par la Fédération des familles- souches québécoises6 : « l’action de voyager sur les traces des ancêtres et de leurs descendants en vue de mieux les connaître et de les comprendre dans les lieux où ils ont vécu et ce tant à l’échelle locale, que nationale ou internationale ». Nous pouvons trouver des sites internet sur les « pélerinages aux sources. » La famille Leblond est partie faire un circuit en France. Au départ, les activités sont ciblées sur leur parenté (inauguration d’une plaque commémorative, cimetières, villages d’origine). Puis, même si les lieux géographiques sont liés à l’époque de la Nouvelle- France (Charentes, Bretagne) des visites plus classiques de découverte du pays sont intégrés dans leur voyage (musées, Paris…)7 En Grande Bretagne, le tourisme généalogique est déjà bien répandu. Nous pouvons deviner que le marché est nord-américain, néo-zélandais et australien. L’office de tourisme écossais propose par exemple une recherche généalogique sur les Iles Shetland. L’office donne des conseils pour une recherche efficace de son ascendance. Il propose de commencer la recherche autour de soi, avec sa proche famille puis de venir sur les Iles dans des endroits spécifiques comme la Société historique des familles de Shetland, la bibliothèque et les archives des Iles. Une carte indique les différents lieux à visiter pour la recherche et la découverte de la vie 4 J.M.Puydebat, « Plaidoyer pour une mémoire moderne », in Cahier Espaces n80, Paris, Décembre 2003 5 consultée le 18 mai sur www.crt -nordpasdecalais.fr/photoUpload/Syntheses/memoire.pdf 6 site web de la Fédération : www.ffsq.qc.ca 7 Exemple d’un voyage sur www.généalogie.org/famille/leblond/accueil.html, consulté le 18 mai 7
sur les Iles, passée et présente. Des adresses de musées, d’associations et de bibliothèques sont également consultables en ligne ainsi qu’un résumé de l’histoire de l’émigration, des extraits de lettres... 8 Le tourisme généalogique envisagé est aussi un tourisme de mémoire sur les traces d’une histoire collective et non seulement familiale. Selon un sondage Ipsos-Reid fait en 20029 , 33 pour cent des Canadiens sont intéressés par le «tourisme généalogique», des excursions organisées dans des villes, des archives et des bibliothèques où les gens peuvent chercher des renseignements sur leurs ancêtres. Un quart des Canadiens seraient prêts à payer pour des produits et des services de recherche généalogique, comme des bases de données en ligne, des conférences ou des livres. Ce sondage voulait aussi mesurer l’intérêt des sondés pour un centre canadien de généalogie virtuel. La moitié des personnes interrogées se dit intéressée par cet outil de recherche. Une enquête sur les activités des participants aux rassemblements organisés par la Fédération des familles-souches (colloque, congrès, rencontres d’information, ateliers de formation, expositions…) permet d’avoir des renseignements sur les gens intéressés au Québec par ce genre de recherche généalogique10. Les rassemblements au Québec se déroulent souvent sur une journée. Ces journées sont organisées par des bénévoles. Les Québécois sont majoritaires (84,6%). Les franco-américains représentent 3,7% des gens rassemblés, les Franco-canadiens 7,1 et les personnes d’Outre-Mer 4,6%. La moyenne d’âge est plutôt élevée : 54,5% des participants ont plus de 60 ans, 15,6% ont entre 18 et 39 ans. Les services offerts, à côté du rassemblement, concernent surtout l’accueil du groupe : stationnement, signalisation, premiers soins, sécurité. Les différentes activités sont des visites historiques, des conférences, des visites de musée, des tours de ville, des visites industrielles, des visites des terres ancestrales. Parfois, des distractions sont proposées comme des soupers, des expositions, des concerts, des excursions, des messes… Peu d’associations organisent des activités exceptionnelles telles que le dévoilement d’une plaque commémorative, le lancement d’un dictionnaire ou d’un livre, la remise de certificats, dévoilement d’un nouveau produit…. Les responsables des associations aimeraient un meilleur soutien du milieu, un comité d’organisation plus professionnel, des références pour la procédure publicitaire, une plus grande participation des membres… Les activités des associations généalogiques semblent donc être surtout des occasions de se retrouver, les membres ne s’engageant pas vraiment dans la démarche des sociétés. La demande pour la recherche généalogique est là, les membres pourraient être intéressés par du tourisme de mémoire. La question est de savoir si c’est le même public-cible pour les associations de famille-souche et le tourisme de mémoire. 3/ Exploration et objectifs Le tourisme de mémoire est un tourisme culturel puisqu’il favorise l’intégration des lieux de mémoire dans l’offre touristique. Les scientifiques et les professionnels ayant réfléchi sur ce concept s’entendent pour accorder au tourisme culturel des effets sur le développement local et 8 cf. les pages « Ancestry Research in Shetland » consultées le 25 mai sur http://www.visitshetland.com/echoes/genealogy.html. Voir aussi la volonté politique de développer un tourisme généalogique en Ecosse : http://www.scottish.parliament.uk/S1/official_report/session99-00/or041202.htm 9 http://new.geneanet.org/fr/article.php?sid=2034, consulté le 30 mai 10 site web de la FFSQ, www.ffsq.qc.ca/ffsq-01.html: enquête réalisée par Karine Martel et téléchargée le 25 mai 8
durable des régions. Le tourisme culturel apporte au territoire des retombées économiques, mais aussi une certaine mise en réseau des équipes et des structures ayant des intérêts communs, et la valorisation d’une identité locale11 . Il respecte le paysage et les ressources du territoire, principe d’un développement durable d’une région. Les objectifs du tourisme culturel intègrent la protection de l’environnement façonné par le temps, par l’Histoire. Le tourisme culturel est présenté comme un tourisme d’apprentissage répondant bien aux demandes actuelles des touristes : désir d’apprendre, respect de l’environnement, indépendance, qualité des services, expérience personnalisée… Le couple tourisme et patrimoine, car c‘est bien de patrimoine dont il s’agit dans le tourisme de mémoire, soulève en plus d’autres interrogations. Nous ne parlerons pas de tous les enjeux et les sens du patrimoine dans nos sociétés actuelles. Il faut toutefois noter que la problématique de la mémoire, donc celle de l’oubli, doit être présente dans notre démarche de valorisation du patrimoine, par le biais du tourisme. Le tourisme de mémoire permet une réappropriation du passé dans le présent, un travail de deuil.Pour que le tourisme de mémoire ne soit pas qu’un tourisme de connaissance mais bien un acte de mémoire, il faut que la mise en valeur effectuée par le projet satisfasse les jeux de la mémoire. L’activité touristique ne doit pas être une activité simplement commémorative. Pour laisser le jeu de la mémoire et de l’oubli, un travail de récit mais aussi un travail d’intégratio n des lieux dans le présent et dans l’avenir sont nécessaires. «Le patrimoine s’inscrit dans la continuité du quotidien…Il reflète les différents contextes de la vie. Sans continuité, le patrimoine se détache de la conscience et de l’identité collectives et individuelles. Il nourrit l’histoire, s’imprègne du présent et interroge l’avenir… 12» Ne pas présenter une mémoire figée, ne pas théâtraliser des scènes et des objets d’autrefois…Il faut laisser place à l’imaginaire. Il faut faire attention à la mise en exposition et en communication du patrimoine qui serait trop répétitive et trop passéiste. La mémoire doit être vivante et contextualisée. Le tourisme de mémoire doit être en relation avec l’actualité contemporaine et la modernité (techniques audiovisuelles et scénographiques pour la présentation, mise en relation avec les enjeux d’aujourd’hui pour le discours).13 Le tourisme généalogique possède en ce sens une dimension cognitive intéressante. Je voyage sur les traces du passé de ma famille et je mets ce que je vois en regard avec mon histoire, mon présent et celui de ma communauté. Le touriste est alors plus créatif lorsqu’il est placé dans la recherche d’une identité. Le patrimoine est identitaire, le patrimoine familial encore plus. Le voyage amène le touriste à rechercher lui-même ses origines ou l’histoire de sa famille, à s’impliquer dans la démarche de travail de mémoire. Le travail de mémoire est collectif et il passe aussi par l’individu. La conscience historique individuelle rejoint la conscience collective. Alors, si on envisage un voyage sur les traces des ancêtres ou d’une famille, on ne peut pas penser à un tourisme du souvenir (un acte de commémoration ou un pèlerinage) sans dynamique de découverte et d’apprentissage. Pour allier tourisme de mémoire et tourisme généalogique, il faut un tourisme culturel axé sur une histoire collective et ayant une résonance individuelle (histoire familiale). Il faut aussi un voyage touristique de découverte. Si un groupe étranger se déplace au Québec, il doit avoir envie de faire ce voyage qui lui apporte à la fois une histoire et qui lui fait découvrir la société actuelle. L’histoire est inscrite dans le présent. 11 Tourisme et culture, Les cahiers Espaces numéro 37,Paris, juin 1994 12 Béatrice Verge, citée dans l’éditorial de la revue Continuité, numéro 94, automne 2002 13 J.M.Puydebat, op.cit. 9
II/ L’itinéraire culturel : une expérience touristique complète et enrichissante Il faut trouver une expérience globale qui correspond au tourisme de mémoire et généalogique. Cette expérience globale peut se matérialiser en un itinéraire qui offrirait des expériences culturelles diverses alliant découverte et recherche. 1/ L’itinéraire culturel L’itinéraire culturel14 , au sens de l’Institut européen et du Comité international des itinéraires culturels, doit mettre en relief la notion d’échange culturel entre les peuples, les régions, les communautés. L’itinéraire ne doit relier que des lieux de culture. Il doit promouvoir une continuité entre le passé et le présent, entre les lieux d’interprétation et des lieux artistiques par exemple. Le patrimoine est actualisé. Si l’itinéraire est axé sur une période historique, il permet un travail de valorisation et d’interprétation du patrimoine dans le sens d’un travail de mémoire. Pourquoi un itinéraire culturel pour un tourisme de mémoire? L’intérêt réside dans le fait que l’itinéraire peut concilier un déplacement dans le temps et dans l’espace. Une visite de différents lieux d’un même territoire permet une certaine exhaustivité et une appréhension plus élargie de la notion de patrimoine et de mémoire. Le voyage dans les deux régions peut susciter le désir de se connecter à une histoire et à un paysage. Le territoire est mémoire. L’itinéraire culturel permet de travailler la mémoire sur un territoire et également de participer au développement local de ce dernier (réseau de partenaires, échanges entre les régions…). L’itinéraire est, plus qu’un déplacement dans un espace géographique, une mise en relation entre des lieux, des connaissances, des personnes par un thème et une interprétation. De plus, la mise en place d’un itinéraire permet de suivre la stratégie proposée par Tourisme Québec qui souligne l’importance de la « thématisation » de l’offre touristique15 . Le thème est la ligne directrice qui relie les produits d’appels, les activités, les ressources. La mise en place d’un itinéraire culturel permet, en comparaison aux circuits classiques : • de prolonger les séjours et d’améliorer l’accueil et l’interprétation, • de promouvoir des lieux moins connus tout en diffusant avant tout des connaissances, • de relier des lieux uniquement associés au thème choisi, • d’actualiser la mémoire et l’identité, • de proposer un tourisme de qualité. Pour notre projet de valorisation de l’inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France, il faut trouver une thématique générale, les lieux patrimoniaux à voir ou à visiter, les lieux de recherche personnelle sur le thème ou la généalogie, les musées traitant de la Nouvelle-France. Des activités culturelles telles que des fêtes, des spectacles sont aussi à rechercher pour mettre en contexte la période coloniale. 14 Pour un inventaire des définitions et un bilan de l’expérience au Québec :Histoire Plurielle, Sur les pas de Samuel de Champlain et autres projets d’itinéraires patrimoniaux…Proposition de plan-cadre pour l’établissement d’itinéraires culturels au Québec, Québec, 2002 15 Stratégie de marketing touristique 2000/2005, « Grandes tendances de la demande touristique », Tourisme Québec 10
Nous pouvons envisager de développer un aspect du thème, un sous-thème. Cet angle particulier permettra d’approfondir le thème général et d’ouvrir sur des questions plus contemporaines. Plusieurs sous-thèmes peuvent être envisagés. Si on prend la vie domestique, le sous-thème peut être : la médiation de la religion dans la vie domestique. Il faut pour cette partie proposer des centres d’interprétation traitant de la religion à l’époque de la Nouvelle-france, des références bibliographiques, des ponts avec le monde contemporain : la place de la religion actuelle…Les voyageurs pourront par eux-mêmes approfondir le thème, c’est un choix. Cet aspect permet d’ouvrir l’itinéraire à différents publics. Les touristes généalogiques pourront axer leur voyage sur la recherche familiale et ceux, intéressés plus par une histoire et un patrimoine collectifs, pourront axer leurs expériences sur la recherche de connaissances historiques et culturelles. L’itinéraire doit refléter les grandes lignes du tourisme de mémoire : recherche, connaissances, découverte et rencontres autour d’une actualisation du patrimoine (possible grâce aux recherches généalogiques et à l’ouverture sur les débats contemporains). On peut penser à un modèle-pilote d’itinéraire, à décliner selon le thème retenu. 2/ L’expérience culturelle comme expérience touristique Visiter, découvrir, rechercher, rencontrer, échanger…Autant de verbes qui peuvent décrire une expérience culturelle et pourquoi pas une expérience touristique. L’offre touristique au Québec se renouvelle : tourisme culturel, voyage de motivation, croisières internationales, cyclotourisme, tourisme d’affaires… La stratégie touristique au Québec privilégie avec ces nouveaux produits d’appel la personnalisation des formules de voyage, la prise en compte des petits marchés (cibles) et l’approche de l’expérience. Cette stratégie répond aux grandes tendances de la demande touristique 16 . Envisager le tourisme en termes d’expérience correspond à l’évolution de la figure du touriste depuis une dizaine d’années. Le « nouveau » touriste est expérimenté, exigeant, informé et à la recherche d’un épanouissement personnel. Le voyageur est alors à la recherche d’expériences diversifiées qu’il veut lui-même éprouver, organiser, improviser. Le voyageur du 21ème siècle veut s’ouvrir sur le monde tout en vivant une expérience qui l’enrichit personnellement. L’approche de l’expérience consiste à proposer des expériences mémorables, personnalisées pendant lesquelles le touriste est actif. Il s’implique physiquement, émotionnellement et intellectuellement. Pour ces expériences touristiques mémorables, il faut 17 : • développer des thématiques fortes, • inciter la participation accrue du touriste dans la réalisation de l’acte touristique, • accentuer l’intensité de la relation à l’environnement selon le type de voyage recherché. Nous pouvons facilement envisager un voyage touristique autour du patrimoine reflétant cette approche. L’expérience globale proposée serait avant tout culturelle mais le tourisme de mémoire permet d’allier des expériences différentes. Les personnes recherchant leur généalogie et/ou une histoire collective sont impliquées et engagées dans leur voyage, c’est indéniable. De plus, elles 16 Stratégie de marketing touristique 2000/2005, « Grandes tendances de la demande touristique », Tourisme Québec 17 op.cit. chapitre 3 « L’approche de l’expérience » 11
ont plusieurs attentes. Elles veulent expérimenter une découverte du passé, un apprentissage de connaissances culturelles et historiques, et une recherche d’identité. Elles peuvent vouloir aussi des rencontres réelles avec un autre pays, une autre société, peut-être même profiter d’un moment de détente ou de contemplation. Alors, les lieux d’interprétation doivent ouvrir la visite sur le Québec contemporain. Des sites historiques en plein air sont à prévoir. Une expérience touristique, comme une fête historique, est un événement qui peut participer de la découverte et de la culture de la Nouvelle-France. Citons quels sont les types d’expérience qu’un touriste sur les traces de ses ancêtres ou d’une histoire collective peut éprouver : expérience dans le temps, expérience esthétique, expérience d’apprentissage, expérience de découverte, expérience humaine, expérience festive … Retenons quatre expérience-clefs qui pourront être les principaux axes de l’expérience globale proposée: TYPE ACTIONS RESSOURCES DÉCOUVRIR LES LIEUX DE MÉMOIRE : Découvrir une ville ou village Autres circuits autour du Découvrir un territoire thème Découvrir un mode de vie Les lieux patrimoniaux passé/présent Les parcs et sites plein air Visiter un musée LES LIEUX DE RÉFLEXION : Les musées et centres d’interprétation RECHERCHER Rechercher ses origines, sa LES LIEUX D’ACCÈS AU famille SAVOIR : Rechercher des informations Les bibliothèques sur un lieu, un thème Les centres d’archives Les sociétés généalogiques Les sociétés historiques APPRENDRE Découvrir une ville ou village LES LIEUX DE Visiter une exposition RÉFLEXION : Assister à une conférence Les musées et centres Lire des ouvrages d’interprétation Découvrir un mode de vie La littérature passé/présent Les universités LES LIEUX DE MÉMOIRE : Les lieux patrimoniaux ÉCHANGER Participer à une assemblée LES LIEUX DE CRÉATION d’une société généalogique ET DE RENCONTRE : Participer à un événement Associations des familles festif Exposition, spectacle ou fête Participer à une sortie Savoirs et savoirs-faire culturelle/ un spectacle d’antan 12
Les stratégies touristiques doivent signifier de l’identité et une capacité à reconnaître l’autre. Avec le tourisme de mémoire, les objectifs sont atteints. L’itinéraire culturel, en tant qu’expérience globale de tourisme, propose de partir sur les traces d’une histoire collective et/ou personnelle en participant à des expériences d’échange, en découvrant des lieux de mémoire, en utilisant des ressources pour approfondir les savoirs. La réussite du projet repose essentiellement sur l’offre d’une variété d’expériences exploitant le thème choisi. 3/ Le public L’itinéraire doit attirer des touristes francophones, d’origine francophone ou des francophiles. Le projet est de créer un concept touristique qui pourrait être adapté à trois pays, le Canada, les Etats-Unis et la France. Les francophones de ces régions peuvent aller rechercher une histoire personnelle et collective soit au Québec, soit en France et dans certains états des Etats- Unis. Chaque région peut également mettre en place des projets allant dans le sens d’un tourisme de mémoire valorisant cette recherche identitaire (personnelle et/ou collective). Le public visé est diversifié, géographiquement, socialement mais aussi culturellement. Il est donc important de conserver un axe de découverte d’une culture passée et présente, un axe de recherche et d’apprentissage d’une histoire collective (par le biais du patrimoine, de visites des musées ). En effet, la recherche généalogique peut être le point de départ du voyage culturel mais elle n’aura pas la même importance selon le pays d’origine de la personne et la connaissance déjà acquise de la région visitée. Nous pouvons, intuitivement il est vrai, prévoir que les Français seront moins attachés à approfondir la recherche familiale qu’à découvrir « l’Amérique » même si leur passion pour la généalogie est certaine. Pour cette raison, il semble que les sous-thèmes à développer pour l’itinéraire sont importants, de même que les différentes expériences à envisager, pour laisser le plus de liberté et de choix possibles au visiteur. Les thèmes sont à choisir avec soin. Il faut considérer l’hypothèse que chaque thème peut atteindre un certain public selon les dimensions qu’il soulève. A terme, les différents itinéraires culturels conçus à partir de notre modèle-type seront choisis par les voyageurs/chercheurs selon leur préférence, leur culture, leur origine. Par exemple, un thème concernant la Guerre de la Conquête intéressera plus les Canadiens anglophones, un thème concernant la vie domestique les Québécois et les Canadiens francophones, un thème autour des échanges avec les Amérindiens, les Français. De plus, les diverses activités doivent rester dans la thématique, au risque de dénaturer les objectifs de l’itinéraire, des visites plus classiques d’autres villes ou sites touristiques sont à exclure. Le projet d’itinéraire peut cependant être proposé dans d’autres régions, ce qui permettra aux visiteurs de poursuivre l’expérience à Montréal par exemple. Au-delà des différences, le patrimoine est créateur de lien social. Cet intérêt pour la généalogie, c’est aussi pour être ensemble, se rassembler entre passionnés. L’intégration sociale passe par le fait de rechercher son ascendance. Au regard des études citées précédemment, le public du tourisme généalogique semble plutôt de la tranche d’âge des plus de 45 ans. Les voyages vont se faire en groupe organisé mais aussi en famille. Les expériences à proposer doivent prendre en compte la présence possible de jeunes, accompagnant les parents dans cette recherche d’histoire familiale. Le projet va également permettre des rencontres internationales, des recoupements familiaux entre les branches américaines et françaises, des échanges culturels. La volonté première du projet d’inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France va dans ce sens : 13
« La réalisation de ce projet, et son extension, devrait permettre d’échanger, de faire connaître un passé partagé et de construire une mémoire qui serait authentiquement commune tant en Amérique française qu’en France (…) 18 » Enfin, le tourisme dans chaque contrée doit rester ouvert également aux habitants de celle-ci. Au Québec et grâce à l’itinéraire proposé, les résidents peuvent faire une recherche de leurs ancêtres ou bien profiter de l’offre pour approfondir leurs connaissances historiques sur la Nouvelle- France. Est-ce que les résid ents feront tout le circuit? L’itinéraire ne doit pas perdre de son intérêt si une seule partie des visites et des expériences est effectuée. Il est à prévoir des découpages possibles dans l’itinéraire tout en gardant la cohérence de l’ensemble. Le choix des sites et des ressources a alors toute son importance. III/ Cadre conceptuel : synthèse La valorisation du patrimoine de la Nouvelle-France dans les régions de Québec et des Chaudière-Appalaches peut s’inscrire dans une démarche touristique par le biais du tourisme de mémoire. Le tourisme de mémoire consiste à effectuer pour les collectivités mais aussi pour le touriste un certain travail de mémoire sur une période historique, un événement passé, un conflit… La transmission d’une mémoire collective, grâce à un passé actualisé (par l’interprétation et la présentation proposées) et grâce à la prise en compte de certains enjeux contemporains (aménagement du territoire, réseau de partenaires et de sites), permet de se réapproprier l’Histoire. Le cœur de ce projet est de proposer aux touristes d’Amérique du Nord et de France de venir au Québec sur les traces de leur histoire personnelle, par le biais de la généalogie, et d’une histoire collective, par le biais du patrimoine. Cette proposition prend la forme d’un itinéraire culturel regroupant sous une même thématique des lieux de mémoire de la Nouvelle-France, des lieux d’accès au savoir (bibliothèque, centres d’archives, sociétés historiques) des lieux de réflexion (musées, centres d’interprétation…) et des lieux de création et de rencontre. Cette expérience culturelle permet au touriste de s’impliquer réellement dans son voyage grâce à un choix d’expériences à vivre et de connaissances à approfondir. Le visiteur, à la recherche d’une identité pour lui-même, participera à un travail collectif de mémoire indispensable pour le présent et l’avenir de la communauté. Enfin, ce projet permet de penser un tourisme de mémoire international. Ce cadre conceptuel a donné lieu à une phase d’exploration de thématiques et de ressources (annexe 1). Les trois exemples d’itinéraire proposés à partir du modèle-type ont été discutés lors d’une réunion au Ministère de la culture et des communications avec Louise Dolbec et Daniel Lauzon. Il a été décidé que le projet intitulé « Élever famille en Nouvelle-France » serait présenté aux partenaires. La partie suivante du rapport présente cet itinéraire et le bilan de son expérimentation auprès du réseau de partenaires. Lors de cette expérimentation, une application du projet sur le web a également été proposée. Elle permet d’envisager une réalisation possible du concept d’itinéraire culturel de la Nouvelle-France. 18 D.Lauzon et A.Roy, « L’inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France au Québec », in Territoires d’inventaire, InSitu, numéro 3, printemps 2003 14
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