Conférence UIA: 1 avril 2021 Professeur Godefroy KUGEL " Les Congrès Solvay " - La naissance de la physique moderne racontée au fil de ces ...

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Conférence UIA: 1 avril 2021
            Professeur Godefroy KUGEL

               « Les Congrès Solvay »

La naissance de la physique moderne racontée au fil de ces
                extraordinaires rencontres
Conférence UIA: 1 avril 2021 Professeur Godefroy KUGEL " Les Congrès Solvay " - La naissance de la physique moderne racontée au fil de ces ...
Les « fameux » Congrès Solvay
•   Au début du 20ème siècle, peu de conférences scientifiques internationales
    sont organisées: les savants ont moins l’occasion de se rencontrer que
    maintenant.

•   Les Congrès Solvay, surtout les 12 premiers, ont joué un rôle capital dans
    l’élaboration de la Physique moderne.

•   Ils ont été un lieu de partage, mais aussi de confrontation des grandes
    idées émergentes de la Physique: un travail en communauté, des
    débats,… voir des confrontations qualifiées par certains auteurs de
    « titanesques »(débats Einstein – Bohr) …(voir Manjit Kumar et d’autres
    ouvrages)

•   Ils ont eu un impact considérable, voire mythique, tant des points de vue
    scientifique que philosophique, dans la construction des théories physiques
    (notamment la théorie quantique)

•   Tous les plus grands scientifiques, surtout européens, et plus tard
    internationaux (USA, russes…) ont participé à ces rencontres. (des Nobels,
    ou des« nobélisables »). (voir photos par la suite)

               C’est l’histoire que nous allons vous raconter !
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Quelques livres
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Ernest Solvay (1838-1922)

                Créateur belge de
             l’industrie de la soude,
     Ernest Solvay n’était pas seulement
             un industriel au succès
       éclatant. Mécène et autodidacte
                épris de science, il
     se livrait lui-même à l’investigation
scientifique (« Les principes fondamentaux de
          la Gravito-Matérialitique »).
             Les causes qu’il choisit
            de servir furent celles du
             progrès de la science et
             du progrès social par la
                     science.
   (Usine de Dombasle sur Meurthe: « mon
          propre père y a travaillé » !)
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Les motivations des Solvay
•   Les frères Solvay (Ernest et Alfred) sont des figures
    majeures du capitalisme belge du 19ème et 20ème siècles:
    Ernest est l’inventeur d’un procédé de fabrication de la
    soude et bicarbonate de sodium, qu’il a industrialisé.

•   Ernest: un autodidacte, un penseur, un mécène: il a
    toujours voulu aider les savants; pour ce faire il a initié la
    création de différents institutions: Physiologie, Sciences
    sociales, Ecole de Commerce, Conférences Solvay en
    Physique, en Chimie…

•   Rencontre avec un grand physico-chimiste allemand de
    Göttingen, Walther Nernst, (électrolytes, chaleurs de
    réactions chimiques, 3eme principe de thermodynamique),
    qui arrive à le convaincre de créer les Congrès Solvay (en
    Physique et en Chimie)

•   Une des raisons est aussi de créer un évènement rival avec
    les prix Nobel, financés par Alfred Nobel, en concurrence
    avec August Arrhenius, Nobel Chimie 1903.
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L’entreprise Solvay
          aujourd’hui
•   Grand industriel autodidacte belge, Ernest Solvay a imaginé un procédé
    révolutionnaire pour la fabrication du carbonate de sodium (breveté en
    1863). Par l’exploitation de son procédé en Europe et aux Etats-Unis, Solvay
    acquiert rapidement une renommée internationale, encore actuelle.
•   Importance industrielle:purification chimique, fabrication de verre,
    détergents, métallurgie, désulfuration des fontes, préparation des
    céramiques, agent de lévuration, agroalimentaire …. En 1900: 95% de la
    production mondiale.
•   Première usine en France: Dombasle sur Meurthe
•   Actuellement côté au CAC 40 (à la place de PSA), depuis l’achat en 2011 de
    Rhodia.
•   Chiffre d’affaires: 10 000 millions d’Euros en 2013
•   Employés 30 000 personnes dans 56 pays
•   15 sites industriels en France, 110 sites à travers le monde.
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Listes des 12 premiers Congrès Solvay
            (voir quelques photos mythiques)

1. 1911: La théorie du rayonnement et des « quanta »
2. 1913: Structure de la matière
3. 1921: Atomes et électrons
4. 1924: Conductibilité électrique des métaux
5. 1927: Electrons et photons
6. 1930: Magnétisme
7. 1933: Structure et propriétés des noyaux atomiques
8. 1948: Les particules élémentaires
9. 1951: L’état solide
10. 1954: Les électrons dans les métaux
11. 1958: La structure et l’évolution de l’Univers
12. 1961: La théorie quantique des champs
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Le premier Congrès Solvay de 1911
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Second Congrès SOLVAY 1913: Structure de la matière
Assis : Nernst, Rutherford, Wien, Thomson, Warburg, Lorentz, Brillouin, Barlow, Kamerlingh Onnes, Wood,
                                                Gouy, Weiss;
 Debout : Hasenohrl, Verschaffelt, Jeans, Bragg, Laue, Rubens, Curie, Goldschmidt, Sommerfeld, Herzen,
               Einstein, Lindemann, de Broglie, Pope, Gruneisen, Knudsen, Hostelet, Langevin
4eme Solvay 1924: Conductivité électrique des métaux
Assis au 1er rang de gauche à droite : E. Rutherford, Madame Curie, E.H. Hall, H.A. Lorentz, W.H. Bragg,
                                M. Brillouin, W.H. Keesom, I. Van Aubel;
Deuxième rang de gauche à droite : P. Debye, A. Joffe, O. W. Richardson, W. Broniewski, W. Rosenhain,
                                        P. Langevin, G. deHevesy;
Debout de gauche à droite : L. Brillouin, E. Henriot, Th. Dedonder, H.E.G. Bauer, E. Herzen, Aug. Piccard,
                             E. Schrodinger, P.W. Bridgman, J. Verschaffelt
Congrès de 1927
Etat de la Physique en 1911

- Mécanique    encore sous l’influence newtonienne avec aussi la Mécanique
analytique ( Lagrange, Laplace, Hamilton…)
- Thermodynamique et mécanique statistique
- Electricité et magnétisme unifiés dans l’Electromagnétisme de Maxwell.
- Structure de la matière: existence prouvée des atomes: vifs débats entre
énergéticiens et atomistes
- Découvertes de rayons X (Röntgen), des rayons cathodiques et de l’électron
(J.J.Thomson)
- Découverte de la radioactivité naturelle (Becquerel, Pierre et Marie Curie)

ET SURTOUT, depuis le début du siècle, le « QUANTUM » et la quantification:
- La quantification de l’énergie par Max Planck en 1900: explication du
rayonnement du corps noir .
- La quantification de la lumière par Albert Einstein en 1905: explication de l’effet
photoélectrique (la notion de photons apparaît plus tard).
- La « Relativité restreinte » par Albert Einstein en 1905
Perception de la « quantification » en 1911

•   Seuls quelques physiciens adhèrent à ces idées révolutionnaires de
    « quantification »: Einstein, Langevin, Planck (et encore), Lorentz, Wien,
    Larmor…

•   Tous les autres expriment un grand scepticisme vis-à-vis de cette idée….
    souvent considérée comme « saugrenue »!

•   La mise au programme des Congrès Solvay de cette notion par H.Lorentz,
    W.Nernst et E.Solvay relève d’une grande actualité scientifique… mais aussi
    d’une audace certaine!

•   Délégation française: Paul Langevin, Marcel Brillouin, Jean Perrin, Maurice de
    Broglie (le frère aîné de Louis), Marie Curie, Raymond Poincaré.

•   Rappelons néanmoins que:
     – Niels Bohr n’a pas encore développé sa théorie de quantification de la
       matière (les couches électroniques dans les atomes à l’origine du Tableau
       périodique des éléments de Mendeleiev)
     – Louis de Broglie n’a pas encore développé sa théorie de Mécanique
       ondulatoire avec la notion de dualité onde-corpuscule.
Pourquoi: la théorie du rayonnement et
               les quanta
• Pourquoi le rayonnement?
  – découverte de rayons X par Wilhelm Roentgen en
    1895
  – découverte de la radioactivité par Henri Becquerel en
    1896 et Pierre et Marie Curie
• Pourquoi les Quanta:
  – Explication du rayonnement du corps noir par Max
    Planck: quanta d’énergie
  – Interprétation de la photoélectricité par Albert
    Einstein en 1905: quanta de lumière (photon)
Le premier Congrès Solvay 1911: Rayonnement et Quanta
Debout de gauche à droite : O.Goldschmidt, M.Planck, H.Rubens, A.Sommerfeld, T.Lindemann, M.de Broglie, M.Knudsen,
          F.Hasenöhrl, H.Hostelet, T.Herzen, J.Jeans, E.Rutherford, H.Kamerlingh Onnes, A.Einstein, P.Langevin.
 Assis de gauche à droite : W.Nernst, M.Brillouin, E.Solvay, H.Lorentz, E.Warburg, J.Perrin, W.Wien, M.Curie, H.Poincaré.
Le Congrès Solvay de 1911:
           « La théorie du rayonnement et les quanta »
•   Le programme est élaboré par Nernst et Lorentz, qui en assure la présidence,
    avec Ernest Solvay. La Conférence a lieu à Bruxelles du 30 octobre au 3
    novembre 1911.

•   Solvay fait une présentation sur sa théorie de la « Gravito-Matérialitique », une
    conception davantage philosophique de la Physique que physique en tant que
    telle (…qui en fait n’intéresse personne!... Mais respect tout de même: c’est le
    sponsor!….)

•   Tous les débats tournent autour de la notion de « quanta ». C’est une vrai prise
    de conscience collective de l’importance des quanta par l’ensemble des
    participants.

•   Einstein qualifie cette réunion de « Sabbat de sorcières, de quoi satisfaire une
    compagnie de jésuites démoniaques ».
Déroulé
• Discours introductif de E.Solvay, H.Lorentz et W.Nernst
• Deux camps: les conservateurs (adeptes de l’éther) et les
  progressistes (relativité et quantification: « un acte de désespoir
  pour Planck »)
• Une anomalie des chaleurs spécifiques (par rapport à la loi de
  Dulong-Petit)
• Autres contributions:
   – La réalité atomique et moléculaire par Jean Perrin
   – Kammerling Onnes: Les basses températures
   – Paul Langevin: Le magnétisme
• Une réelle prise de conscience des phénomènes quantiques:
   – Henri Poincaré: « Dernières pensées »
   – Rutherford qui informe Niels Bohr (lui-même absent)
   – Maurice de Broglie qui informe son frère Louis
Conséquences de Solvay
                   1911
Le résumé est fait par les deux physiciens français: Maurice de
   Broglie et Paul Langevin.

• Influence forte sur Louis de Broglie, qui lit le résumé fait par
  son frère et décide de travailler sur ce domaine. On connaît la
  suite: le principe de dualité onde/particule: Nobel 1929.

• Poincaré est aussi très sensibilisé: « c’est la révolution la plus
  profonde que la Philosophie Naturelle ait subie depuis
  Newton »; il diffuse ces nouvelles idées avec l’enthousiasme
  d’un jeune chercheur et commence des travaux sur les quanta;
  mais il meurt malheureusement en 1913 et ne pourra
  apporter des contributions très significatives à cette théorie en
  progrès.
« Dernières pensées de
         Poincaré »
• L’Évolution des Lois
• L’Espace et le Temps
• Pourquoi l’Espace a trois
  dimensions
• La Logique de l’Infini
• Les Mathématiques et la
  Logique
• L’Hypothèse des Quantas
• Les rapports de la Matière et
  de l’Éther
• La Morale et la Science
• L’Union morale ….
Année 1911:
 Retour de Bruxelles, scandale,
Nobel de Chimie et Hertha Ayrton
SOLVAY 1913: Structure de la matière:
                                    on est à la veille de la Grande Guerre
   Assis : Nernst, Rutherford, Wien, Thomson, Warburg, Lorentz, Brillouin, Barlow, Kamerlingh Onnes, Wood, Gouy, Weiss;
Debout : Hasenohrl, Verschaffelt, Jeans, Bragg, Laue, Rubens, Curie, Goldschmidt, Sommerfeld, Herzen, Einstein, Lindemann, de

                                   Broglie, Pope, Gruneisen, Knudsen, Hostelet, Langevin
Congres Solvay 1913:
         « Structure de la matière »
•   Modèle atomique de J.J.Thomson, mais qui ne fait aucune mention
    au travaux déjà publiés de Rutherford.
•   Modèle atomique de Rutherford: un modèle « planétaire »
•   Niels Bohr avait publié son modèle atomique avec la quantification
    des couches électroniques; mais il est absent.
•    Max Von Laue (Nobel 1914): interférence des Rayons X avec les
    cristaux: « on utilise les cristaux pour connaitre les RX ».
•   Diffraction des RX par les cristaux (William Laurence et William
    Henry Bragg: père et fils: prix Nobel en 1915): « on utilise les RX
    pour connaitre les cristaux »: mise au point de la fameuse « loi de
    Bragg ».
•   A cause de la Première guerre mondiale, les comptes-rendus ne sont
    publiés qu’en 1921.
Les Congrès Solvay de l’après-guerre
•   La 1ere guerre mondiale commence par l’invasion de la Belgique par les troupes
    allemandes: une violation de la neutralité belge.

•   Un conflit entre scientifiques allemands et non-allemands prend place surtout
    après le « Manifeste des 93 »: « Un appel au monde civilisé » «… il n’est pas
    vrai que l’Allemagne porte la faute de cette guerre… » (dont Planck, Röntgen,
    Nernst, Wien,…. )

                          Avec refus de signer d’Einstein!

•   Les savants allemands ne sont plus invités aux Congrès, même si Einstein est
    convié en 1924; mais il refuse de s’y rendre par solidarité avec ses collègues
    allemands.

•   Avec la création de la Société des Nations par le Traité de Lucarno (septembre
    1926), signé par l’Allemagne, les savants allemands sont à nouveau invité au
    Congrès de 1927, non sans que le Roi Albert de Belgique ait été consulté par
    Ernest Solvay.
Congrès Solvay 1921: Atomes et électrons

  Premier rang : A.A. Michelson, P. Weiss, M. Brillouin, E. Solvay, H.A. Lorentz, E. Rutherford, R.A. Millikan, Madame
                                                          Curie;
      Deuxième rang : L-R: M. Knudsen, J. Perrin, P. Langevin, O.W. Richardson, J. Larmor, K. Kamerlingh Onnes,
                                               P. Zeeman, M. De Broglie;
Debout : L-R: W.L. Bragg, E. Van Aubel, W.J. De Haas, E. Herzen, C.G. Barkla, P. Ehrenfest, M. Siegbahn, J.E. Verschaffelt,
                                                       L. Brillouin
Solvay 1924: Conductivité électrique des métaux

Assis au 1er rang de gauche à droite : E. Rutherford, Madame Curie, E.H. Hall, H.A. Lorentz, W.H.
                         Bragg, M. Brillouin, W.H. Keesom, I. Van Aubel;
  Deuxième rang de gauche à droite : P. Debye, A. Joffe, O. W. Richardson, W. Broniewski, W.
                               Rosenhain, P. Langevin, G. deHevesy;
Debout de gauche à droite : L. Brillouin, E. Henriot, Th. Dedonder, H.E.G. Bauer, E. Herzen, Aug.
                      Piccard, E. Schrodinger, P.W. Bridgman, J. Verschaffelt
Solvay 1927 à l’Institut de
 Physiologie de Bruxelles
Le « mythique » Congrès Solvay 1927
•   La dualité onde-corpuscule (Louis de
Les découvertes       Broglie: « il lève le coin du voile » selon
                      Einstein): la mécanique « ondulatoire » en
  depuis 1911         1923: Nobel en 1929.
                  •   La formulation matricielle d’Heisenberg en
                      1925: Nobel en 1932.
                  •   L’équation de Schrödinger: équation
                      d’onde fondamentale de la MQ en 1926.
                      Nobel en 1933.
                  •   L’interprétation probalistique de Max Born
                      en 1925.Nobel en 1954.
                  •   La relation d’incertitude de Heisenberg en
                      1927
                  •   L’approche relativiste de Dirac en 1925 et
                      1928: Nobel en 1933.
                  •   Le principe d’exclusion de Pauli (influence
                      du « spin ») : Nobel en 1945.
Le Prince Louis de Broglie
                     (1892- 1987):
                prix Nobel de Physique
                        en 1929

• Louis de Broglie affirme que toute matière (et pas
  seulement la lumière) a une nature ondulatoire.

• Il associe la quantité de mouvement (p=mv) d’une particule
  à une longueur d’onde λ = h/p .

• Einstein commente la thèse de Louis de Broglie: « Il a
  soulevé un coin du grand voile »
Les préliminaires
Lorentz: « Le Congrès sera consacré à la nouvelle mécanique quantique et aux questions
   qui s’y rapportent ».

                    Il s’agit de l’interprétation à donner à la MQ.

Présentation de 5 rapports faits par 6 Nobels de Physique:
- W.Bragg (Nobel 1915, Manchester): la diffraction RX par cristaux
- A.H.Compton (Chicago puis Berkeley, Nobel 1927): la diffusion RX par les électrons: effet
   Compton.
- L. de Broglie (Paris, Nobel 1929): la dualité onde-particule
- Max Born et W.Heisenberg (Nobel 1954 et 1932): une équation matricielle et le principe
   d’incertitude.
- E.Schrödinger (Nobel 1933): une équation d’onde.

Einstein n’intervient pas,… « pas assez compétent » selon lui. Il ne vient même pas au
    secours de Schrödinger !

Tout le monde se rend à Paris le 27 octobre
pour le centenaire de la mort d’Augustin Fresnel,
notre scientifique de Mathieu!
Le retour de Paris, et « les titans s’affrontent ! » selon Manjit
                                Kumar
Texte qui met le feu aux poudres pendant les exposés de M.Born et de
W.Heisenberg la journée du 26 octobre.
    « Nous considérons la théorie des quanta comme une théorie close, dont les
       hypothèses physiques et mathématiques fondamentales ne sont plus
       susceptibles d’être modifiées ».

Einstein met en cause le fait que la MQ soit une description cohérente et
   complexe de la réalité; il prétend que la théorie est incomplète. Mais ne dit
   rien sur le coup.

La séance reprend, dans le brouhaha, le 28 octobre par une introduction écrite
    au tableau par Ehrenfest (mal à l’aise: « Et là le Seigneur confondit toutes les
    langues de la Terre » allusion à la Tour de Babel) et une courte présentation
    de Lorentz:
     - Les évènements quantiques ont-ils une cause?
     - Faut-il élever l’indétermination au rang d’un principe?...

Lorentz donne la parole à N.Bohr, qui fait une intervention très forte surtout
   destinée à convaincre Einstein et qu’il avait fait peu de temps avant à Rome.
Les principales idées de Bohr: interprétation de Copenhague (Bohr,
                            Heisenberg, Born…)

•    Importance de la mesure et du dispositif de mesure: selon le dispositif, on
     mesure une onde ou une particule.
                     A priori « On ne sait pas ce que c’est. »

•    La mesure perturbe le système quantique.

•    Postulat quantique: « une réalité autonome au sens physique ordinaire ne
     peut-être attribuée ni au phénomène ni aux dispositifs d’observation »

•    Un objet microphysique n’a pas de propriétés intrinsèques: un électron
     n’existe pas en un point donné avant qu’une observation soit effectuée
     pour le localiser. Bref, un électron non observé n’existe pas !

•    Suite à cet exposé, Einstein prend la parole pour proposer une expérience
     de pensée sur la boite à photons, destinée à démontrer que
     l’interprétation de Copenhague est incohérente et incomplète.

•    Nous n’irons pas dans les détails (voir la Bibio: Marage/ Wallenborn,
     Kumar)
De quoi s’agit-il?... en citations
Niels Bohr: CE QU’ON PEUT DIRE DE LA NATURE
« Il n’y a pas d’univers quantique. Il n’y a qu’une description mécanique quantique
     abstraite »
« Il est faux de penser que la tâche de la physique est de trouver comment est la
     nature. La physique concerne ce que nous pouvons dire de la nature »

Albert Einstein: COMPRENDRE LE MONDE
« Je crois encore en la possibilité d’un modèle de réalité, c’est-à-dire d’une théorie
    qui représente les choses elle-même, et pas simplement la probabilité qu’elles se
    produisent »
« Ce que nous appelons science n’a qu’un seul but: déterminer ce qui est »
« La chose la plus incompréhensible est que le monde soit compréhensible »
« La causalité doit être stricte et les lois physique doivent être déterministes »

Il se pose les questions de la réalité, le déterminisme, la causalité, de l’approche
     probabiliste, de l’incertitude,…
De quoi s’agit-il du point de vue physique
•   Une question physique, mais aussi philosophique,
    épistémologique, voir métaphysique, sur
    l’interprétation de la Physique quantique, et du monde.
•   Portée de l’interprétation probalistique et statistique:
    ….. le hasard?
•   Question de la mesure, des appareils de mesures et des
    incertitudes inhérentes
•   Concept du temps, de l’irréversibilité, de la causalité.
•   Un nouvel éclairage de la réalité
•   Nature des discontinuités (particules) et des continuités
    (ondes)

•   « Le Vieux ne joue pas aux dès » Einstein

Les débats du 5eme Congrès Solvay sur l’interprétation de
la MQ font partie des mythes fondateurs et appartiennent
à la culture contemporaine, bien au-delà des milieux
scientifiques.
Einstein, Bohr et Pauli
se promenant dans les rues de Bruxelles ou jouant à
                    la toupie
Retour sur la polémique et sur de nouveaux mystères

« Quiconque n'est pas choqué par la mécanique quantique ne la comprend
   pas » Niels Bohr, Nobel 1922

« Je peux me risquer à dire que personne ne comprend la mécanique
    quantique », Richard Feynmann Prix Nobel de Physique 1965.

« Dieu ne joue pas aux dès », Albert Einstein, Nobel 1921, « Qu’importe ça
   marche ! Cessez de dire à Dieu ce qu’il a à faire» Niels Bohr Nobel 1922

En plus méchant: « Niels Bohr est excusable, il n'a pas eu de temps pour étudier
   la philosophie » Erwin Schrödinger, Nobel 1933

                Un paradoxe, un chat et des fentes ! Mystérieux !
Dans la correspondance entre Einstein et Born
                          en 1936
    •   « L’avis de Bohr sur le rayonnement m’intéressent fort. Mais l’idée
        qu’un électron exposé à un rayonnement choisit en toute liberté le
        moment ou la direction où il veut sauter m’est insupportable. S’il en
         était ainsi, j’aimerais mieux être coordonnier, ou même employé
                            dans un tripot que physicien »

•       Tout est dit…. Ou presque   !

Suivent , mais beaucoup plus tard:
• le paradoxe EPR
• L’intrication
• La décohérence….
On se quitte sur un constat d’échec

Selon Paul Langevin: « La confusion des idées atteignit son zénith »

Les deux camps de la confrontation:
- L’Ecole de Copenhague: N.Bohr, W.Heisenberg, M.Born, W.Pauli,
   P.Dirac, P.Ehrenfest …
- Autour d’Einstein: E.Schrödinger, L. de Broglie ?, H.Lorentz,
   P.Langevin ?

Le débat continue pendant des années, dans les Congrès Solvay qui
   ont suivi, et ne trouvera de solutions qu’après les décès des deux
   principaux protagonistes, Einstein, en 1956 et Bohr en 1962, avec
   d’autres scientifiques comme Bell, Aspect, Gisin, Zeillinger….

                 Nous pouvons y revenir plus tard….
Congrès Solvay 1930: Le Magnétisme
                                   (sous la présidence de Paul Langevin)

    Assis : Th. De Donder, P. Zeeman, P. Weiss, A. Sommerfeld, M. Curie, P. Langevin, A. Einstein, O.
                              Richardson, B. Cabrera, N. Bohr, W. J. De Haas

Debout : E. Herzen, É. Henriot, J. Verschaffelt, C. Manneback, A. Cotton, J. Errera, O. Stern, A. Piccard, W.
 Gerlach, C. Darwin, P.A.M. Dirac, E. Bauer, P. Kapitsa, L. Brillouin, H. A. Kramers, P. Debye, W. Pauli, J.
                            Dorfman, J. H. Van Vleck, E. Fermi, W. Heisenberg
Congrès Solvay 1933: Structure et propriétés de noyaux atomiques

Assis de gauche à droite : Schrödinger, I.Joliot-Curie, Bohr, Joffe, Curie, Langevin, Richardson, Rutherford, DeDonder, M. de
                                          Broglie, L. de Broglie, Meitner, Chadwick;
   Debout de gauche à droite : Henriot, Perrin, Joliot, Heisenberg, Kramers, Stahel, Fermi, Walton, Dirac, Debye, Mott,
 Cabrera, Gamow, Bothe, Blackett, Rosenblum, Errera, Bauer, Pauli, Verschaffelt, Cosyns, Herzen, Cockcroft, Ellis, Peierls,
                                                 Piccard, Lawrence, Rosenfeld
Structure et propriétés des noyaux atomiques:
        « un conseil charnière »…. vers la physique nucléaire

• Paul Langevin est président depuis 1930.
• Ehrenfest est mort en 1933; Einstein avait fuit l’Allemagne pour
  la Belgique (Coq sur Mer), puis est parti pour Princeton. Il est
  donc absent.
• Georges Gamow est autorisé par les autorités russes à se rendre
  à Bruxelles et en profite pour fuir aux USA, où il va jouer un rôle
  fondamental dans le Projet Manhattan.
• 40 participants dont 6 Nobel et 14 qui vont le recevoir
  (Blackett,Bothe, Chadwick, Cockcroft, I.Curie, F.Joliot,Fermi,
  Lawrence, Walton…)
• Beaucoup de rapports faits par des expérimentateurs.
• Une nouvelle science est en train de naitre: la physique
  nucléaire et celle des particules élémentaires
Einstein et Elisabeth de
Bavière, Reine des Belges
Une brochette de cerveaux exceptionnels, pratiquement tous
  Nobel de Physique ou de Chimie au Congrès Solvay 1933
Structure et propriétés des noyaux atomiques
•   On présente les résultats de la « prodigieuse année 1932:
      – découverte du neutron par Chadwick: I et F.Joliot Curie l’ont « loupé de
         peu »; Emilio Ségré: « Quels idiots; ils ont découvert le proton neutre et ils
         ne l’ont pas reconnus »
      – découverte du positron par Anderson dans les rayons cosmiques, après les
         prévisions théoriques de Paul Dirac
      – perfectionnement du cyclotron par Ernest Lawrence
      – première réaction nucléaire par J.Cockroft et E.Walton.
•   Formulation du neutrino par Wolfgang Pauli
•   Irène et Frédéric Joliot-Curie expose une expérience où ils disent voir un
    électron positif en bombardant une feuille d’Al avec des rayons alpha; la
    proposition est très vivement discutée (« disputée ! ») par Lise Meitner.
•   Les Joliot-Curie reviennent à Paris, plutôt déprimés pour se remettre au travail
    et faire de nouvelles mesures.
•   Ces nouvelles mesures débouchent sur la découverte de la Radioactivité
    artificielle et le Prix Nobel en Chimie en 1935.
Lise Meitner (1878 – 1968)
•   Lise Meitner (1878-1968) naquit à Vienne et fit
    ses études aux universités de Vienne et de
    Berlin.

•   Professeur de physique à l'université de Berlin
    de 1926 à 1933, où elle travaille avec le
    chimiste Otto Hahn.

•   En 1938, juive, Lise est obligée de quitter
    l’Allemagne, juste au moment de sa découverte
    de l'élément protactinium; elle rejoignit le
    personnel de recherche atomique de
    l'université de Stockholm.

•   En 1939, Lise Meitner publia le premier article
    interprétant la fission nucléaire sur laquelle elle
    a travaillé avec Hahn.
Otto Hahn et Lise Meitner: découverte et interprétation de la
                        fission nucléaire

     Otto Hahn et Lise Meitner avaient l'habitude de collaborer ensemble.
On les voit, en 1918, au laboratoire où il ont mis en évidence la fission nucléaire
                            qui leur valut la célébrité.
   Avec son assistant Fritz Strassmann, il découvre la propriété de fission de
           l’Uranium en éléments plus légers (« fragmentation de l’U.
        Lise Meitner, avec Otto Frisch en font l’interprétation théorique.
Physicien et chimiste allemand, Otto Hahn (1879-1968) obtint le prix Nobel en
              1944, mais pas Lise, ce qui est une profonde injustice.
Lise Meitner: la « Marie Curie » autrichienne

    En 1938, elle a donc joué un rôle majeur dans la découverte et la
 compréhension de la fission nucléaire: elle en fournit avec son neveu Otto
                 Frisch la première explication théorique.

« Lise Meitner, a physicist who never lost her humanity » écrit par Otto Frisch
          sur sa tombe au cimetière de Bramley dans le Hampshire
Irène et Frédéric Joliot-Curie:
        Le Prix Nobel de Chimie en 1935
pour la découverte de la radioactivité artificielle
1934 : La radioactivité artificielle

Irène et Frédéric Joliot-Curie dans le laboratoire où ils fabriquèrent au début de 1934 un atome
radioactif qui n'existait pas dans la nature: le 3015P : le bombardement d'une feuille d'aluminium
   par des particules alpha produisait un atome de phosphore qui se désintégrait comme un
                            élément radioactif naturel en Si et positron

                                                 On avait d’abord :
                                                   4 He + 27 Al —> 30 P + n
                                                    2        13      15

                                                suivi 3 mn après par :
                                                30 P –> 30 Si + e+
                                                  15      14
Irène (1897-1956) Curie et Frédéric (1900-1958) Joliot :
   Les découvreurs de « La radioactivité artificielle »
          Frédéric Joliot, (19 mars 1900 à Paris - 14 août 1958 à Paris) est un
             physicien et chimiste français. Etudiant de Paul Langevin,
             préparateur de Marie Curie, il rencontre Irène Curie.
          • Il a obtenu le prix Nobel de chimie en 1935 avec son épouse
             Irène Joliot-Curie pour la découverte de la radioactivité
             artificielle.
          • Autres travaux: observation d’une émission de positrons,
             construction du premier cyclotron, la fusion d’uranium,
             construction de la première pile atomique française Zoe….
          • Directeur du CNRS en 1945, Haut commissaire au CEA….

          Irène Joliot-Curie (12 septembre 1897 à Paris - 17 mars 1956 à Paris)
              est une chimiste, physicienne et femme politique française. Elle
              est la fille ainée de Pierre et Marie Curie. Épouse de Frédéric
              Joliot, elle a obtenu avec lui le prix Nobel de chimie en 1935. Elle
              a aussi été Sous-secrétaire d'État sous le Front populaire en 1936
              sous le gouvernement de Blum. Elle devient directrice en 1946 de
              l’Institut radium créé par sa mère, et est Commissaire à l’Energie
              atomique. Elle décède en 1956 d’une leucémie.
Irène Joliot- Curie: 1897 - 1956
Irène Joliot-Curie (12 septembre 1897 à Paris -
   17 mars 1956 à Paris) est une chimiste, physicienne
   et femme politique française.

Elle est la fille de Pierre et Marie Curie.
Épouse de Frédéric Joliot, elle a obtenu avec lui le prix
    Nobel de chimie en 1935, pour la découverte de la
    radioactivité artificielle.

Elle a aussi été sous-secrétaire d'État sous le Front
    populaire en 1936 sous le gouvernement de Blum.

Elle devient directrice en 1946 de l’Institut radium créé
    par sa mère, et est Commissaire à l’Energie
    atomique.

Elle décède en 1956 d’une leucémie.
Le Prix Nobel de Chimie
pour Irène et Frédéric Joliot
           Curie
          en 1935
Pierre et Marie Curie - Irène et Fréderic Joliot-Curie,
une « radieuse et noble, mais aussi tragique » famille
Congrès Solvay 1948: la présence d’une autre
  physicienne française: Madame Tonnelat
Marie Antoinette Tonnelat
                           1912 – 1980
            « Une grande dame de la physique française »

•   Physicienne française spécialiste de la théorie de la relativité et de son
    histoire.
•   Reçue à l’Ecole Centrale de Paris (rare pour les femmes à cette époque),
    mais elle préfere s’inscrire à la Sorbonne.
•   Elle travaille sous la direction de Louis de Broglie et soutient une thèse en
    1941 sur la théorie des photons dans un espace de Riemann.
•   Chargée d’un cours en 1943 au Collège de France, puis chercheur au CNRS
    en 1945, professeur à l’Université de Paris en 1956.
•   Elle est refusée au Collège de France, bien que considérée comme la plus
    qualifiée sur le cours postulé.

•   Elle travaille avec Einstein et Schrödinger sur la théorie des gravitons et
    sur les théories d’unification des principes de relativité et des lois de
    l’Electromagnétisme
Congrès Solvay 2011: le centenaire: autour de David
      Gross: « The theory of quantic world »
En 1943/1944 Irène et Frédéric Joliot-Curie accueille dans leur
laboratoire, une jeune physicienne de Caen: Cécile Morette-Payen

Cécile, en préparation de thèse sous la direction de Louis de Broglie, est recrutée
par Frédéric Joliot pour préparer ses cours; mais, elle se rend compte qu’elle doit
        encore apprendre mieux la physique et aussi progresser en anglais.
    Elle est autorisée par Joliot à visiter des Centres de recherche à l’étranger.
Cécile à l’Institut de Physique Théorique de
         Copenhague de Niels Bohr
Cécile Morette-Payen, épouse
                                 De Witt
                               (1922-2017)
                       (mon exposé du mois de mai)
•   Thèse avec Louis de Broglie ( la dualité ondes/corpuscules) et travail avec Irène
    et Frédéric Joliot Curie, puis plus tard avec Schrödinger, Heitler, Dirac, Feynman
    et plus tard avec son époux Brice DeWitt, connu pour avoir découvert la fameuse
    équation Wheeler-DeWitt, fonction d’onde de l’Univers.

•   Maitre de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de
    1944 à 1965, puis professeur à l'Université du Texas à Austin de 1972 à 1993.
•
•   Fondatrice de l'École d'été de Physique théorique des Houches, une « niche »
    d’une cinquantaine de Prix Nobel de Physique.

•   Membre du conseil de l'Institut des hautes études scientifiques (IHES).
•   Chevalier de l'ordre national du Mérite en 1981, Chevalier de la Légion
    d'honneur depuis le 17 novembre 1999, elle est promue officier de la Légion
    d'honneur le 14 juillet 2011.
Bibliographie
•   « Le beau livre de la Physique, du Big bang à la résurrection
    quantique », Clifford A. Pickover, Dunod

•   « La naissance de la Physique moderne, racontée au fil des
    Conseils Solvay », Pierre Marage et Grégoire Wallenborn Ed.
    Université de Bruxelles

•   « Le grand roman de la physique quantique » Manjit Kumar, Champs
    Sciences, Flammarion

•   « La mécanique quantique sans douleur »François Vannucci,
    Ellipses

•   « Fantaisies quantiques » Catherine d’Oultrement et Marina Solvay,
    Editions Saint-Simon

•   « L’impensable hasard, non-localié, téléportation… » Nicolas Gisin,
    Odile Jacob (préface d’Alain Aspect)

•   Et pour ceux qui veulent approfondir encore:
     – Niels Bohr, Albert Einstein, Philosopher-Scientist, Open Court,
       1949, "Discussion with Einstein on Epistemological Problems in
       Atomic Physics").
     – The Born-Einstein letters 1916-1955
Dans la correspondance entre Einstein et Born
                          en 1936
    •     « L’avis de Bohr sur le rayonnement m’intéressent fort. Mais l’idée
          qu’un électron exposé à un rayonnement choisit en toute liberté le
         moment ou la direction où il veut sauter m’est insupportable. S’il en
        était ainsi, j’aimerais mieux être coordonnier, ou même employé dans
                                 un tripot que physicien »

•                   !
        Tout est dit…. Ou presque

• Suivent le paradoxe EPR
• L’intrication
• La décohérence….

Mais tout ceci est une autre histoire
1. Le paradoxe EPR ( Einstein, Podolsky, Rosen: 1935):
                  une publication qui va faire date !

•   En 1935, Einstein et al. lancent un
    nouveau défi à Niels Bohr et à
    l’Ecole de Copenhague.

•   En mettant en évidence ce qu’il
    appelle des éléments de réalité
    physique, il démontre que la
    mécanique quantique est
    incomplète. Il introduit la notion
    de variables cachées. Des notions
    telles que localité et non-localité,
    intrication ou la séparabilité
    apparaissent.
Le paradoxe EPR et l’intrication
L’énigme EPR
•   EPR s’applique à des processus nucléaires qui émettent simultanément
    deux objets A et B (par exemple des photons).

•   Or mesurer l’état de l’un des photons permet de prédire l’état de l’autre
    avec certitude.

•   Mais selon la MQ, l’état d’un photon donné prend une valeur définie
    seulement quand il est mesuré et quand ceci arrive, l’état de l’autre
    photon est simultanément déterminé, sans avoir à le mesurer et
    indépendamment de sa position par rapport au premier.

•   Donc , une corrélation existe entre les deux, et ceci sans qu’aucune
    information soit transmise.

•   Einstein estime que la MQ est incomplète et suggère l’existence de
    « variables locales cachées »
Paradoxe EPR
•   Ce paradoxe soulève ce qui semblait apparaître comme une contradiction
    dans la mécanique quantique, ou du moins une contradiction avec au
    moins l'une des trois hypothèses suivantes :

     – impossibilité pour un signal de dépasser la vitesse c (causalité
       relativiste) ;

     – la mécanique quantique n’est pas complète et ne décrit pas
       entièrement la réalité. (notion de variable cachée locale) ;

     – les deux particules éloignées forment deux entités pouvant être
       considérées indépendamment l'une de l'autre, chacune étant localisée
       dans l'espace-temps (localité).

• Et le débat repart de plus belle, entre les « Ecole de
  Copenhague » (Bohr, Heisenberg, Born…) et les réalistes
  (Einstein, Schroedinger et son chat…)
Le Chat de Schrödinger
                                          /chat>=a/vivant>+b/mort>
                                     (où est la raison et où est la logique?)
                                                 « ABSURDE!! »

•   Dans la mécanique quantique, la description d’un système repose sur des
    fonctions d'onde, des « amplitudes de probabilité: interprétation probabiliste
    de Born ».

•   Ces fonctions d'ondes peuvent se trouver en combinaison linéaire, donnant
    lieu à des « états superposés ». Cependant, lors d'une opération dite de
    « mesure » l'objet quantique sera trouvé dans un état déterminé (notion de
    réduction de la fonction d’onde).

•   Le chat de Schrödinger est une expérience de pensée imaginée en 1935 par
    le physicien Erwin Schrödinger, afin de mettre en évidence des lacunes
    supposées de l'interprétation de Copenhague de la physique quantique,
    « son absurdité » et particulièrement mettre en évidence le problème de la
    mesure, évoquée par Heisenberg et Bohr.
Les inégalités de Bell (1964):
                      une réponse à EPR ?
Et la première mise en évidence expérimentale à Orsay par Alain
                              Aspect
Intrication quantique: une démonstration
                        théorique

•   En 1964, l’Irlandais du CERN John Bell s’intéresse au paradoxe EPR, avec
    l’intention de donner raison à Einstein. Rappelons que Einstein et Bohr sont
    décédés en 1955 et 1962 respectivement.

•   En mettant au point un modèle à variables cachées, il arrive à établir des
    inégalités (appelées Inégalités de Bell), qui prouvent que ces variables
    cachées n’existaient pas et que l’Ecole de Copenhague avait raison. D’où la
    mise en évidence de l’INTRICATION QUANTIQUE.

•   L'intrication est un phénomène observé en mécanique quantique dans lequel
    l'état quantique de deux objets doit être décrit globalement, sans pouvoir
    séparer un objet de l'autre, bien qu'ils puissent être spatialement séparés.

•   Lorsque deux systèmes – ou plus – sont placés dans un état intriqué, il y a
    des corrélations entre les propriétés physiques observées des deux
    systèmes qui ne seraient pas présentes si l'on pouvait attribuer des
    propriétés individuelles à chacun des deux objets S1 et S2.

•   En conséquence, même s'ils sont séparés par de grandes distances
    spatiales, les deux systèmes ne sont pas indépendants et il faut considérer
    {S1+S2} comme un système unique.
La première confirmation expérimentale de l’Intrication par Alain Aspect
               à l’Institut d’Optique de Paris - Palaiseau

•   L'expérience d'Aspect est, historiquement, la première expérience qui a réfuté de
    manière satisfaisante les inégalités de Bell dans le cadre de la physique quantique,
    validant ainsi le phénomène d'intrication quantique, et apportant une réponse
    expérimentale au paradoxe EPR.
•   Cette expérience a été réalisée par le physicien français Alain Aspect à l'Institut
    d'optique à Orsay entre 1980 et 1982:
     – - injection d’atomes de Ca dans un récipient cylindrique « vide », puis faisceau laser qui
       donne de l’énergie aux atomes
     – - excitation et désexcitation des Ca qui émettent de photons jumeaux donc « intriqués »
     – - parcours d’une distance de plus de 6m par chacun des photons jumeaux de part et d’autre.
     – - mesure des inégalités de Bell: EPR ont tort: pas de variables locales cachées.
L’intrication, la non-localité, la non-séparabilité

L’expérience d’Aspect montre que:

•   Un photon ne porte en lui rien qui fixe la valeur de la polarisation: pas de
    variables cachées.

•   Si, pour une paire de photons intriqués, on mesure la polarisation selon la
    même direction, on trouve la même pour les deux: la mesure sur l’un fixe la
    valeur de l’autre.

•   « Une action fantomatique à distance », la non-localité, ou l’inséparabilité:
    impensable pour Einstein, …. qui doit se remuer dans sa tombe.
Des confirmations expérimentales récentes
Zeilinger (1997) refait cette expérience sur une distance de 400 m: même
    résultat.

Gisin, avec un autre dispositif, refait en 1998, l’expérience sur 11km: même
    résultat.

On a refait ce type d’expérience avec d’autres particules intriqués: des
   protons, des atomes ionisés: mêmes résultats.

La physique quantique démontre la non-localité de notre univers: « l’univers
   est non-local », d’où un sévère conflit entre la « localité » et la « réalité »,
   c’est-à-dire une vision réaliste du monde.

« Nous possédons des réponses expérimentales, quantitatives, à des
   questions qui frôlent la métaphysique » J.L.Basdevant et J.Dalibard,
   professeurs à l’X.
Les fameuses fentes d’Young
La construction d’un schéma d’interférences:
     la nature ondulatoire de la lumière
Des bizarreries quantiques révélées par les
                     fentes d’Young
Que se passe-t-il:
-   Avec des ondes (de la lumière ou des vagues)
-   Avec des balles ou des billes
-   Avec des électrons: en flux continu, un à un, avec tentative d’observation (donc mesure)
-   Avec d’autres particules: neutron, atomes, fullerène (C60)…
Les 5 « bizarres leçons » de ces expériences Young

•   Leçon 1: Les objets quantiques (… électrons…) ne sont ni des particules, ni des
    ondes. (principe de complémentarité de Niels Bohr)

•   Leçon 2: Les objets quantiques sont « perturbés » ou « dérangés » par la mesure, qui
    interagit avec eux. Une mesure n’est pas neutre. D’où une interrogation sur la réalité
    des choses.

•   Leçon 3: La nature de l’appareillage de mesure détermine le type de phénomène
    qu’on veut observer. Avant, on ne sait pas ce qu’est l’objet.

•   Leçon 4: La notion de « trajectoire », évidente en mécanique classique, disparait. On
    ne peut imaginer où est l’objet à un instant donné. Généralisation par Feynman par
    la suite.

•   Leçon 5: On ne sait à quel endroit l’objet va passer. On vient à la notion de hasard et
    de non-déterminisme.

D’où les objections de Schrödinger et son fameux chat, et d’Einstein, et son paradoxe EPR,
   pour contrer « l’Ecole de Copenhague » et Niels Bohr, mais qui ont précédées les
   expériences ci-dessus explicitées
Les bizarreries de la physique quantique

•   Les particules de matière peuvent être à plusieurs endroits à la fois.

•   On ne peut jamais être absolument sûr où une particule se trouve, on peut
    seulement donner des probabilités sur sa position.

•   Contrairement à la physique classique où pour connaître le tout, il faut
    connaître ses parties constituantes; la physique quantique nous donne une
    image d’unification entre les particules et leurs possibilités de s’influencer
    mutuellement.

•   Les particules subatomiques semblent communiquer entre-elles
    instantanément, ce qui remet en cause la postulation d’Einstein que rien ne
    se déplace plus vite que la lumière.

•   En physique quantique, les principes distincts de sujet-objet de la physique
    classique n’existent plus, car l’observateur change un système rien qu’en
    l’observant.
LES CONTRAIRES SONT
                  COMPLEMENTAIRES: YIN ET YANG

•   La devise de Bohr était "Contraria sunt complementa" (les contraires sont complémentaires)
    qu’illustre le symbole du yin et du yang. C’est le principe de complémentarité qu’aura ainsi
    explicité Bohr :

•   « Peu importe à quel point les phénomènes quantiques transcendent les explications de la
    physique classique, il n’en demeure pas moins que les descriptions que l’on en fera devront être
    données en termes classiques.

•   L’argument est simplement que par "expérience", nous entendons une situation dans laquelle
    nous pouvons décrire aux autres ce que nous avons fait et appris ; par conséquent, la description
    des dispositifs expérimentaux et les résultats des observations doivent être exprimés dans un
    langage sans ambiguïté, applicable dans la terminologie de la physique classique.

•   Ce point crucial entraîne l’impossibilité de toute séparation tranchée entre le comportement des
    objets atomiques et l’interaction avec les instruments de mesure qui ….

•   (in Niels Bohr, Albert Einstein, Philosopher-Scientist, Open Court, 1949, "Discussion with Einstein
    on Epistemological Problems in Atomic Physics").
Claude Cohen-Tannoudji, Alain
   Aspect et Serge Haroche
Merci pour votre attention et votre intérêt.

   Portaits de Alain Aspect, Anton Zeilinger,
Nicolas Gisin: les champions de la téléportation
                    quantique.

  • Prochain cours: Le 20 mai 2021 à 17h

  « Itinéraire d’une physicienne
  normande de Caen à Austin en passant
  par la vallée de Chamonix »

  • Pour la demande de diaporama:
                  gkugel@orange.fr
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