CONSOMMATION D'ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES EN FRANCE : SOYONS CONCERNÉS, SOYONS RESPONSABLES ! - Novembre 2017 - Anses
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CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES EN FRANCE : SOYONS CONCERNÉS, SOYONS RESPONSABLES ! Novembre 2017
Éditorial Patrick Dehaumont, Directeur général de l’alimentation, ministère chargé de l’agriculture Benoît Vallet, Directeur général de la santé, ministère chargé de la santé Cette deuxième livraison de données agré- internationales. Elle comporte 40 actions répar- gées, dans le secteur humain et le secteur ani- ties en 5 thèmes, couvrant la santé humaine, la mal, d’évolution de la consommation d’anti- santé animale et l’environnement. biotiques et des résistances bactériennes en Elle maintient l’objectif de diminuer la consom- France illustre une nouvelle fois l’accroissement mation d’antibiotiques en santé humaine de 25 % inquiétant des résistances bactériennes chez et de réduire les conséquences sanitaires de l’homme et doit motiver l’engagement de tous l’antibiorésistance. Les différences marquées face à ce risque majeur que représente l’anti- de consommation d’antibiotiques entre pays biorésistance. voisins ou même entre régions montrent que Ce phénomène pourrait devenir l’une des princi- cela est possible. pales causes de mortalité dans le monde. Il remet En santé animale, le premier plan ÉcoAntibio de en question la capacité à soigner les infections, réduction des risques d’antibiorésistance est un même les plus courantes, que ce soit en méde- succès. La baisse de l’exposition des animaux aux cine de ville, hospitalière ou vétérinaire. Ainsi, antibiotiques est de 37 % sur la période 2012- chaque année en France, près de 12 500 décès 2016 pour un objectif initial de -25 %. La baisse sont associés à une infection à bactérie résis- est encore plus marquée pour les antibiotiques tante aux antibiotiques. L’antibiorésistance est critiques qui font l’objet depuis 2016 de fortes fortement corrélée au mauvais usage ainsi qu’à restrictions réglementaires pour leur prescrip- la surconsommation des antibiotiques. tion avec -75 % pour les fluoroquinolones et En santé humaine, et malgré des avancées posi- -81 % pour les céphalosporines de dernières tives (réduction de moitié en 10 ans de la pro- générations. Les objectifs chiffrés d’ÉcoAntibio portion de souches de Staphylococcus aureus sont largement dépassés. En outre, on a constaté résistant à la méticilline ou SARM recueillies à une réduction notable de la détection de souches l’hôpital), d’autres évolutions vers toujours plus résistantes, notamment aux C3G chez les E.coli. de résistance chez les bacilles à gram négatif Ceci est le fruit de la mobilisation et de l’engage- sont très préoccupantes, et il est absolument ment des parties prenantes, privées et publiques, indispensable de poursuivre le combat contre et notamment du binôme vétérinaire-éleveur. ce phénomène. Parmi les points marquants du Le deuxième plan ÉcoAntibio (2017-2021) doit bilan des 10 années passées figurent, outre l’ab- permettre d’inscrire dans la durée ces résultats sence de réduction de la consommation d’anti- très encourageants. biotiques, la multiplication par 3 à 5 fois de la proportion de souches d’E.coli résistantes aux La Direction générale de la santé et la Direction céphalosporines de 3e génération (C3G), en ville générale de l’alimentation œuvrent pour rappe- comme à l’hôpital, et l’apparition de résistance ler à tous les acteurs concernés la nécessité de à la ciprofloxacine chez Salmonella. poursuivre les efforts engagés dans la réduc- Annoncée il y a tout juste 1 an dans ces colonnes, tion de la consommation des antibiotiques tout la feuille de route interministérielle pour la maî- comme dans le mésusage des antibiotiques. Ces trise de la résistance bactérienne aux antibio- efforts apparaissent d’autant plus nécessaires tiques intègre l’approche « une seule santé » que les risques sanitaires tendent à s’uniformi- préconisée par les institutions européennes et ser dans un monde globalisé. CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES EN FRANCE : SOYONS CONCERNÉS, SOYONS RESPONSABLES ! 1
RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES ET CO NSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES : NOUS POUVONS TOUS AGIR En France, la consommation toujours élevée d’antibiotiques favorise l’apparition et la diffusion de bactéries de plus en plus résistantes. L’antibiorésistance concerne la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes qui sont interconnectées et forment un tout. Sa prévention repose en premier lieu sur le bon usage des antibiotiques, l’hygiène des mains et la prise en charge des facteurs favorisant les infections. QU’EST-CE QUE LA RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES ? COMMENT SE PROPAGENT QUE FAIRE POUR PRÉVENIR La résistance aux antibiotiques ou antibiorésistance, LES BACTÉRIES RÉSISTANTES ? LA PROPAGATION DE LA RÉSISTANCE c’est quand un antibiotique n’est pas efficace AUX ANTIBIOTIQUES ? sur une infection bactérienne. PATIENTS VÉTÉRINAIRES * Pour les infections concernées L’usage inadapté des antibiotiques • Par contact physique direct entre individus (humains ou animaux) * Pour les infections concernées augmente l’antibiorésistance. • Par contact indirect via les objets, l’environnement ou l’alimentation Respect Hygiène Vaccination* Usage règlementé Hygiène Vaccination* du traitement des antibiotiques Chaque individu porte quelques bactéries résistantes Les données récentes montrent une diminution importante parmi les milliards de bactéries de sa flore intestinale. de la consommation d’antibiotiques et de la résistance bactérienne en santé animale. EN VILLE Le patient peut transmettre ses bactéries Le traitement antibiotique tue les bactéries responsables résistantes autour de lui. RÉSIDENTS EN ÉTABLISSEMENTS MÉDICO-SOCIAUX de l’infection mais les bactéries résistantes survivent. EN ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ * Pour les infections concernées ET MÉDICO-SOCIAUX VOYAGEURS Les bactéries résistantes peuvent devenir Le patient ou le résident peut transmettre Respect Hygiène lors Vaccination* prédominantes et empêcher la guérison. ses bactéries résistantes à un autre patient du traitement des repas et * Pour les infections concernées ou résident, directement, via le personnel activités collectives soignant ou l’environnement. L’hygiène des mains est très importante aussi pour les visiteurs. Hygiène Eau en bouteille Informer de Vaccination* et précautions son voyage En France, la consommation d’antibiotiques en santé humaine CHEZ LES ANIMAUX D’ÉLEVAGE alimentaires à son retour reste en augmentation et figure parmi les plus élevées en Europe. ET DE COMPAGNIE si soins Les animaux peuvent transmettre 2016 leurs bactéries résistantes via l’environnement, PROFESSIONNELS DE SANTÉ + 8,6 % 4 e leurs éleveurs ou propriétaires, les vétérinaires ou la consommation de viandes peu cuites. * Pour les infections concernées pays le plus consommateur CHEZ L’HOMME, en Europe Traitement Hygiène Respect des Vaccination* EN VILLE 2006 EN 2015 DANS L’ENVIRONNEMENT adapté et pertinent recommandations Humains et animaux contaminent de prévention de l’environnement avec les bactéries la transmission Conséquence : des bactéries responsables résistantes via leurs déjections et les eaux usées. de maladies graves plus difficiles à traiter qu’auparavant. Exemple : la résistance de la bactérie Escherichia coli (E. coli)* aux céphalosporines de 3e génération** a fortement augmenté depuis 10 ans. APRÈS UN VOYAGE À L’ÉTRANGER Dans certains pays, les bactéries résistantes sont Chacun peut agir pour que les antibiotiques plus répandues. Le voyageur peut être contaminé ÉLEVEURS continuent à sauver des vies. x3 x6 par ces bactéries présentes dans l’environnement * Pour les infections concernées (alimentation, eau) ou lors d’une hospitalisation. SOYONS CONCERNÉS, SOYONS RESPONSABLES ! en ville en établissement de santé À son retour, il peut transmettre ces bactéries à ses proches ou à d’autres patients s’il est hospitalisé. Respect des Hygiène des locaux Vaccination* * Bactérie du tube digestif de l’homme et de l’animal, fréquemment responsable d’infections, au premier plan desquelles l’infection urinaire. ** Famille d’antibiotiques prescrite pour traiter les infections graves à E. coli prescriptions et des matériels CONSOMMATION CONSOMMATIOND’ANTIBIOTIQUES D’ANTIBIOTIQUESET ETRÉSISTANCE RÉSISTANCEAUX AUXANTIBIOTIQUES ANTIBIOTIQUESEN ENFRANCE FRANCE: 2 SOYONS SOYONSCONCERNÉS, CONCERNÉS,SOYONS SOYONSRESPONSABLES RESPONSABLES! 3
CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES EN FR ANCE : EN 2016 ET DEPUIS 10 ANS En 2016, il a été vendu en France 786 tonnes d’antibiotiques destinés à la santé humaine et 514 tonnes E N SA N TÉ H U M A I N E E N V I LLE d’antibiotiques destinés à la santé animale. Ce rapport entre consommations en santé humaine et animale est très variable d’un pays européen à l’autre [2]. En santé humaine, plus de 90 % des antibiotiques sont consommés 2016 en médecine de ville et 7 % en établissements de santé [3, 4]. En santé animale, 96 % sont consommés par les animaux destinés à la consommation humaine et 4 % par les animaux de compagnie [5]. 30,3 doses1 / 1 000 habitants / jour 2006 En ville En 2016, la consommation globale d’antibiotiques dans la popu- maladie est plus encourageante. Le nombre de prescriptions 27,9 doses1 / 1 000 habitants / jour lation générale en médecine de ville [2, 3] , telle qu’elle peut être d’antibiotiques chez les patients adultes âgés de 16 à 65 ans sans 90 % calculée à partir des déclarations de ventes des laboratoires affection de longue durée (ALD) a été réduit de -7,1 prescriptions En 10 ans, la consommation d’antibiotiques en ville a augmenté. pharmaceutiques, s’est élevée à 30,3 doses pour 1 000 habitants pour 100 patients depuis la mise en place de la Rémunération Source : ANSM et par jour. Sur 10 ans, la consommation d’antibiotiques en ville sur Objectifs de Santé Publique (ROSP) en 2011, soit pour 2016 s’inscrit à la hausse même si elle reste à un niveau inférieur à environ 2 millions de prescriptions évitées. celui observé au début des années 2000. Source : ANSM Pour maintenir la mobilisation et faire évoluer durablement les pratiques, deux indicateurs sont consacrés à cette problématique CONTEXTE EUROPÉEN dans la ROSP renouvelée par la nouvelle convention médicale En 2015, la France restait un des pays les plus consommateurs d’antibiotiques en Europe (4e rang) [5]. Malgré les évolutions afin, notamment, de suivre plus spécifiquement la prescription 2011 2016 des antibiotiques particulièrement générateurs d’antibiorésis- 45,7 prescriptions de consommation observées depuis 2000, la cartographie des / 100 patients de 16 à 65 ans tances (amoxicilline + acide clavulanique ; céphalosporine de 38,6 prescriptions consommations en Europe se maintient : consommations les plus sans ALD (affection de longue durée) / 100 patients de 16 à 65 ans sans 3e et 4e génération ; fluoroquinolones). modérées dans les pays du nord et les plus élevées dans les pays ALD (affection de longue durée) Pour conforter la mobilisation sur le bon usage des antibiotiques du sud de l’Europe. Source : ESAC-Net Source : Assurance Maladie chez l’enfant, deux indicateurs portent sur ce sujet dans la L’évolution des prescriptions d’antibiotiques par les médecins ROSP spécifique pour le médecin traitant de l’enfant [6] . Source : libéraux (déclarés médecin traitant) remboursées par l’assurance Assurance Maladie E N SA N TÉ H U M A I N E E N ÉTA B LI S S E M E N TS D E SA N TÉ (HÔP I TAU X ET C LI N I Q U E S) En établissements de santé En établissements de santé, les déclarations de ventes d’antibio- chirurgie. En effet, les patients hospitalisés dans ces spécialités 2006 2016 tiques au niveau national montrent depuis 10 ans une consom- nécessitent plus souvent des antibiotiques pour leur traitement. mation d’antibiotiques plutôt stable lorsqu’elle est rapportée à C’est pourquoi il faut connaître l’activité des établissements 2,2 doses1 2,1 doses1 l’ensemble de la population française : autour de 2,2 doses pour pour comprendre et interpréter leurs consommations d’anti- / 1 000 habitants / jour / 1 000 habitants / jour 1 000 habitants et par jour sur l’ensemble des établissements de biotiques. À noter que l’exposition des enfants hospitalisés en santé français, public et privés [3,4] . Ce chiffre prend en compte toutes les situations d’utilisations : hospitalisation complète, pédiatrie est sous-estimée par rapport à celle des adultes car, par convention, la « dose » utilisée pour mesurer les consom- 10 % En 10 ans, la consommation d’antibiotiques en établissements de santé est plutôt stable. Source : ANSM hospitalisation de jour et rétrocession. mations d’antibiotiques est une dose d’adulte. Source : ANSM Source : ATB-Raisin, Raisin / Santé publique France En 2016, la quantité consommée dans près de 1 500 hôpitaux CONTEXTE EUROPÉEN volontaires pour surveiller et analyser l’utilisation des anti- Les résultats sont plus difficiles à interpréter que pour la ville car biotiques au regard de l’exposition possible, c’est-à-dire du E N SA N TÉ A N I M A LE ils sont moins nombreux et le périmètre de recueil diffère selon les nombre de journée d’hospitalisation des patients est de 371 doses pays (ex. : certains incluent dans les consommations hospitalières L’indicateur estimant le nombre de traitements En 10 ans, l’évolution des consommations d’antibiotiques pour 1 000 journées d’hospitalisation [7] . La quantité d’antibio- celles de centres de soins primaires ou de maisons de retraite) [5]. par animal (ALEA1) montre des différences est à la baisse pour l’ensemble des espèces animales. tiques consommée est 2 à 3 fois plus élevée dans les services En 2015, la France se situait au 9e rang des pays les plus entre les espèces. Source : Anses de maladies infectieuses et en réanimation qu’en médecine ou consommateurs. Source : ESAC-Net Estimation du nombre de traitements par animal (ALEA1) 1,8 En santé animale 1,6 1,4 En santé animale, 96 % des utilisations d’antibiotiques concernent les animaux destinés à la consommation humaine [3] . Après visait une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques en 5 ans par rapport aux données de 2011. En 2016, cet objec- 0,64 0,25 0,57 0,60 1,2 administration d’un antibiotique, un temps d’attente doit être tif a été dépassé avec une baisse de 37 % de l’exposition des 1,0 respecté pour que les denrées consommées ne contiennent animaux aux antibiotiques. 0,8 plus de résidus de médicaments. 1. Ici, une dose d’antibiotiques correspond en santé humaine à une 0,6 Le nombre estimé de traitements par animal et par an est en CONTEXTE EUROPÉEN dose journalière moyenne d’antibiotiques pour un adulte (ou dose diminution notable depuis plusieurs années. Cette diminution La France participe au suivi européen des ventes d’antibiotiques définie journalière, DDJ). En santé animale, l’ALEA (Animal Level 0,4 est liée aux nombreuses initiatives mises en place depuis 2007, en santé animale [9] . En 2015, elle était au 12e rang des pays les plus of Exposure to Antimicrobials) est obtenu en divisant le poids 0,2 consommateurs sur 30 pays participants, avec une consommation vif traité par la masse animale totale pour une espèce donnée ; il comme les guides de bonnes pratiques et d’utilisation raison- estime, sous certaines hypothèses, le nombre de traitements par 0,0 née des antibiotiques dans de nombreuses filières ou la mise très inférieure à la moyenne de celle des autres pays européens animal. 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 en œuvre en santé animale du premier plan ÉcoAntibio [8] qui (70,2 mg/kg vs 135,5 mg/kg). Source : ESVAC CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES EN FRANCE : 4 SOYONS CONCERNÉS, SOYONS RESPONSABLES ! 5
RÉPARTITION RÉGIONALE DE LA CONSOM MATION D’ANTIBIOTIQUES EN VILLE ET EN ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ EN 20 16 E N V I LLE E N ÉTA B LI S S E M E N TS D E SA N TÉ Prescription d’antibiotiques /100 patients Consommation totale d’antibiotiques par région en nombre de doses de 16 à 65 ans sans affection de longue /1 000 journées d’hospitalisation (données préliminaires 2016, durée (ALD), décembre 2016 taille et composition de l’échantillon variables selon les régions) Les données régionales disponibles pour les établissements de > f réquence différente des infections et différence dans les Source : Assurance maladie Source : réseau ATB-Raisin via Raisin / Santé publique France santé montrent des disparités. types de bactérie en cause (« écologie microbienne » régionale) Pourquoi ?… > h abitudes de diagnostic et de prescription différentes. > nombre et type d’établissements participants variables selon ≤ 330 doses les régions : les données sont recueillies par des établissements Pour l’indicateur ROSP aussi des disparités régionales sont volontaires, qui peuvent être différents quant aux spécialités cliniques pratiquées et en nombre variable (dans 4 régions constatées.[6] Là encore, plusieurs hypothèses peuvent être avancées, notam- < 37 * > 330 ≤ 375 doses > 375 ≤ 400 doses métropolitaines sur 13, l’échantillon représente moins de ment, selon les territoires : > 37 ≤ 41,5 66 % des lits d’hospitalisation de la région) [7] . Par exemple, > une fréquence différente des infections et des germes en cause, > 400 doses > 41,5 ≤ 45,7 un échantillon régional avec une forte activité de psychiatrie > des habitudes de prescriptions globalement différentes. * aura une consommation plus faible qu’un échantillon avec > 45,7 * Échantillon inférieur une forte activité de réanimation. * à deux tiers des lits d’hospitalisation * de la région PROFIL DE LA CONSOMMATION D’ANTIBIO TIQUES DANS CHACUN DES 3 SECTEURS Les pénicillines figurent parmi les molécules les plus consommées dans chacun des trois secteurs mais le « top 3 » des molécules les plus consommées est différent pour chacun des secteurs. Il place en tête les pénicillines en santé humaine, en ville comme en établissements de santé, et les tétracyclines en santé animale. De 2006 à 2016 l’évolution sur 10 ans de la consommation par molécule en ville, en établissement de santé et en santé animale varie selon la molécule d’antibiotique considérée. Santé humaine en ville E N V I LLE E N ÉTA B LI S S E M E N TS E N SA N TÉ A N I M A LE En ville, l’amoxicilline représente 40,1 % de la consommation les fluoroquinolones. Les seules exceptions notables concernent D E SA N TÉ d’antibiotiques, l’association amoxicilline-acide clavulanique deux antibiotiques qui ont contribué à l’augmentation de la 23,8 %, les tétracyclines 10,7 % [3] et les macrolides 9,8 %. Les consommation globale en ville depuis 10 ans : l’association CÉPHALOSPORINES fluoroquinolones représentent 5 % de cette même consomma- amoxicilline-acide clavulanique, antibiotique particulièrement tion et les céphalosporines de 3e et 4e générations, 4,9 %. La part générateur d’antibiorésistance figurant sur la liste des antibio- DE 3E ET 4E GÉNÉRATIONS -8,9 % +28,3 % -78 % de la colistine est très faible et représente moins de 0,1 %. La tiques « critiques » définie par l’ANSM [10] , et l’amoxicilline, qui consommation a diminué dans presque toutes les classes, dont n’appartient pas à cette liste. Source : ANSM Santé humaine en établissements de santé FLUOROQUINOLONES -30,5 % -32,2 % -74 % En établissements de santé, l’amoxicilline représente 22,2 % l’ANSM [10] , et l’amoxicilline, qui n’appartient pas à cette liste. de la consommation d’antibiotiques, l’association amoxicil- Les céphalosporines de 3e génération, les carbapénèmes et les line-acide clavulanique 33,2 % et les quinolones 11,0 % [3] . Les antibiotiques à visée anti-staphylocoques résistants à la méti- céphalosporines de 3 e et 4e générations représentent 9,3 % cilline, figurant eux aussi sur la liste antibiotiques « critiques » des consommations en établissements de santé. La part de définie par l’ANSM [10], sont essentiellement utilisés dans les la colistine est de 0,3 %. Ainsi, les deux antibiotiques les plus utilisés restent l’association amoxicilline- acide clavulanique, spécialités de réanimation et de maladies infectieuses. Analyser le profil d’utilisation d’antibiotiques et le confronter aux données PÉNICILLINES +35,3 % +5,5 % -8 % antibiotique particulièrement générateur d’antibiorésistance de secteurs comparables permettent de cibler les actions de bon figurant sur la liste des antibiotiques « critiques » définie par usage prioritaires au niveau local. Source : ANSM En santé animale TETRACYCLINES -2,6 % NE* -56 % En santé animale, les tétracyclines représentent 23 % des traite- Entre 2011 – année de référence pour le premier plan ÉcoAntibio –[8] ments antibiotiques, les pénicillines 21 %, les polypeptides (famille et 2016, l’exposition globale des animaux aux antibiotiques a à laquelle appartient la colistine) 14 %, les sulfamides 9 %, les diminué de 37 %. Sur les trois dernières années, l’exposition aux Source : ANSM Source : ANSM Source : Anses fluoroquinolones 1 % et les céphalosporines de 3e et 4e généra- céphalosporines de 3e et 4e générations a diminué de 81 % et tions 1 % [4] . l’exposition aux fluoroquinolones a diminué de 75 %. Source : Anses * Non évaluable car consommation de tétracyclines trop faible CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES EN FRANCE : 6 SOYONS CONCERNÉS, SOYONS RESPONSABLES ! 7
RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES : DES SU CCÈS À ENTRETENIR, MAIS ATTENTION AUX ENTÉROBACTÉRIES (ESCHERICHIA COLI) ! Escherichia coli (E. coli), entérobactérie du tube digestif, et Staphylococcus aureus (Streptococcus (S. aureus), bactérie Pneumocoque de la peau, Pneumocoque Pneumocoque (Streptococcus (Streptococcus Pneumocoque (Streptococcus Escherichia coli Staphylocoque Escherichia coli Staphylocoque Pneumocoquedoré Pneumocoque doré sont fréquemment responsables d’infections en santé humaine, au premier plan desquelles figurent pneumoniae) pneumoniae) pneumoniae) pneumoniae) (Streptococcus pneumoniae) (Streptococcus pneumoniae) Escherichia coli Staphylocoque doré respectivement l’infection urinaire et les infections de la peau et des plaies. Pneumocoque Pneumocoque E N V I LLE Staphylocoque (Streptococcus (Streptococcus Escherichia coli doré pneumoniae) pneumoniae) En ville Les salmonelles sont transmises par une large variété d’ali- Résistance à la méticilline Résistance aux céphalos- Résistance aux céphalosporines En Bourgogne Franche-Comté, les laboratoires d’analyses ments contaminés (produits carnés, œufs et produits laitiers). chez le Staphylococcus porines de 3e génération de 3e génération chez Salmonella de biologie médicale de ville transmettent leurs données de Responsables de gastro-entérites pouvant être très sévères aureus (SARM) chez Escherichia coli résistance (hors secteurs sanitaire et médico-social) au réseau chez les sujets fragiles, elles sont habituellement sensibles aux antibiotiques. L’émergence de la résistance aux antibiotiques OSCAR. Elles montrent une tendance à la diminution entre chez ces bactéries est un point de vigilance majeur. 2006 : 1 % 2016 : 3,2 % 2008 et 2016 de la proportion de souches de Staphylococcus Depuis les années 1990, les Salmonella sont de plus en plus aureus résistant à la méticilline (SARM) tous prélèvements résistantes aux antibiotiques mais restent àPneumocoque Pneumocoque des prévalences Pneumocoque Pneumocoque Pneumocoque Pneumocoque Pneumocoque Pneumocoque Escherichia coli Staphylocoque Résistance à la ciprofloxacine 8,9 %(Streptococcus : 7,6 % : 1,3 % 4,2 % Escherichia coli Escherichia coli (Streptococcus Staphylocoque Staphylocoque (Streptococcus Escherichia coli Staphylocoque confondus de 8,9 % à 7,6 % (différence non significative). Dans (Streptococcus contrôlées du fait de mesures prises en (Streptococcus (Streptococcus santé humaine et (Streptococcus 2008 doré : pneumoniae) 2016 doré pneumoniae) pneumoniae) 2008 (Streptococcus pneumoniae) 2016 doré : chez Salmonella doré pneumoniae) pneumoniae) pneumoniae) pneumoniae) le même temps, la proportion de souches d’Escherichia coli vétérinaire. Cependant, il existe une circulation de souches Source : Réseau Oscar via Onerba Source : Réseau Oscar via Onerba résistantes aux céphalosporines de 3e génération (C3G) a été résistantes aux antibiotiques clés pour le traitement des / Santé publique France1 / Santé publique France1 multipliée par 3 (de 1,3 à 4,2, différence significative). [11-12] salmonelloses sévères pouvantPneumocoque (Streptococcus être la cause d’épidémies Pneumocoque (Streptococcus Escherichia coli Staphylocoque doré Pneumocoque (Streptococcus Pneumocoque (Streptococcus Escherichia coli 2006 :0 Staphylocoque doré % 2016 : 2,5 % Source : Réseau Oscar / Santé publique France parfois internationales laissant pneumoniae) craindre des pneumoniae) impasses thé- pneumoniae) pneumoniae) Source : CNR Salmonella / Santé publique France rapeutiques et une morbidité et une mortalité accrues pour de simples infections alimentaires [13-14] . Source : CNR Salmonella / E N ÉTA B LI S S E M E N TS D E SA N TÉ Pneumocoque Pneumocoque Staphylocoque Santé publique France (Streptococcus (Streptococcus Escherichia coli doré pneumoniae) pneumoniae) Résistance à la méticilline Résistance aux céphalosporines Depuis 2012, 5 des 38 signalements chez le Staphylococcus de 3e génération d’infections nosocomiales à Salmonelles Pneumocoque Pneumocoque Staphylocoque (Streptococcus (Streptococcus Escherichia coli doré pneumoniae) pneumoniae) En établissements de santé Les salmonelloses nosocomiales sont rarement décrites en France. aureus (SARM) chez Escherichia coli (13 %) mentionnaient une résistance à différentes familles d’antibiotiques. La résistance à la méticilline chez Staphylococcus aureus Un bilan des signalements externes d’infections nosocomiales [18] (SARM) diminue régulièrement en France depuis plus de 10 ans reçus entre 2012 et 2016 retrouve 38 signalements rapportant au Source : Signalement des IAS via e-Sin / Santé publique moins une infection à Salmonella (
RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES : FOCUS SUR 3 POPULATIONS Les résidents en établissements pour personnes âgées dépendantes 29 résidents sur 1 000 ont au moins une infection associée aux soins Bactéries isolées d’infections urinaires en EHPAD Résistance aux céphalosporines de 3e génération Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépen- Les principales molécules d’antibiotiques prescrites sont les C3G 37 % des ces infections sont des infections dantes (EHPAD) prennent en charge une population fragile qui (21 %) –ceftriaxone 13 %-, les pénicillines A (19 %) et l’association nécessite des soins et des traitements médicaux fréquents. Une amoxicilline – acide clavulanique (16 %), suivis des macrolides urinaires 28 % 48 % 26,3 % première enquête nationale de prévalence des infections associées et apparentés (12 %) et des fluoroquinolones (11 %). La majorité Autres E. coli chez les entérobactéries aux soins et des traitements antibiotiques (PREV’EHPAD 2016) a des traitements sont curatifs (86 %) ; 14 % sont prophylactiques. été réalisée en mai-juin 2016 sur un échantillon représentatif de 367 Ehpad. Elle rapporte que 2,9 % des résidents avaient au moins Cette enquête identifie plusieurs pistes d’amélioration en termes : > d ’organisation : accès à une expertise en hygiène et à un référent 23,4 % une infection associée aux soins ciblées pour l’enquête (de 1,6 % en chez les E. coli en antibiothérapie, présence de correspondants en hygiène Guyane à 4,0 % en Nouvelle Aquitaine) [21] . dans les Ehpad ; 12 % Les bactéries les plus fréquemment identifiées parmi les infec- P. mirabilis > de réduction de la transmission croisée et prévention des 28 résidents sur 1 000 reçoivent tions urinaires documentées (type d’infection le plus fréquent, infections associées aux soins : analyse des risques, réduction un traitement antibiotique 12 % K. pneumoniae 37 %) étaient des entérobactéries : Escherichia coli (48 % des bac- et amélioration de l’utilisation des dispositifs invasifs (sonde téries identifiées), Klebsiella pneumoniae (12 %) et Proteus mirabilis urinaire, cathéter sous-cutané), amélioration de l’observance (12 %). Parmi ces entérobactéries, 26,3 % étaient résistantes aux Points d’améliorations des précautions standard (en premier lieu l’hygiène des mains) ; Céphalosporines de 3e gén. céphalosporines de troisième génération (C3G) (23,4 % chez E. Hygiène Juste utilisation Accès à > de juste usage des antibiotiques : pertinence des traitements Amoxicilline coli) et 13,3 % productrices de béta-lactamase à spectre étendu des mains des antibiotiques l’expertise prophylactiques, outils d’aide à la prescription, réduction de la (BLSE) (10,5 % chez E. coli). Ces résultats sont similaires à ceux de Ammoxiciline+ac. clavulanique en hygiène durée des traitements (justification des traitements > 7 jours), l’enquête réalisée en 2012 en secteur soins de longue durée des Macrolides et apparentés réévaluation systématique dans les 3 jours. établissements de santé. Répéter cette enquête dans 5 ans permettra de suivre ces indica- Fluoroquinolones Concernant la consommation d’antibiotiques, les résultats de teurs de résultats et l’impact des actions d’amélioration des pra- Autres cette enquête montrent que 2,8 % des résidents recevaient un tiques et organisations dans les Ehpad. Source : Enquête PREV’EHPAD traitement antibiotique (de 1 % en Guadeloupe à 3,9 % en Bour- via Raisin / Santé publique France gogne-Franche-Comté). Proportion d’antibiotiques prescrits (%) Source : Enquête PREV’EHPAD via Raisin / Santé publique France Les voyageurs Taux d’acquisition d’entérobactéries Les voyageurs peuvent être à risque d’acquérir une bactérie Il s’agit ici de portage et non d’infection. Le risque principal est multirésistantes au cours multirésistante aux antibiotiques. En effet, dans certaines parties de transmettre cette bactérie résistante et de contribuer ainsi d’un voyage en pays tropical du monde, les bactéries résistantes sont plus répandues qu’en à la diffusion de la résistance aux antibiotiques, en particulier France, notamment dans les régions tropicales. Les voyageurs lors d’une hospitalisation. L’étude rapporte par contre que la peuvent se contaminer par les aliments, ou les surfaces souillées, durée de portage est limitée dans le temps : seulement 5 % des ou pendant une hospitalisation à l’étranger. personnes étaient toujours porteuses 3 mois après leur retour. Une étude française récente [22] a ainsi montré qu’après un voyage de moins de 3 mois dans l’une des trois principales régions Que doit faire le voyageur pour éviter cela ? Suivre les recom- intertropicales (Amérique latine, Afrique subsaharienne et mandations d’hygiène aux voyageurs [23] , en particulier celle 31,1 % 47,7 % 72,4 % Asie) 51 % des voyageurs étaient porteurs d’une entérobactérie d’hygiène des mains, à pratiquer régulièrement au cours de son multirésistante à leur retour. Le taux d’acquisition est plus élevé voyage, notamment avant les repas, et boire de l’eau en bouteille après un voyage en Asie (72 %) qu’en Afrique (48 %) ou Amérique ou rendue potable, ne pas prendre d’antibiotiques sans l’avis latine (31 %). La prise d’antibiotiques pendant le voyage ou la d’un médecin, et prévenir son médecin de son voyage s’il est survenue d’une diarrhée pendant le voyage sont associés à un hospitalisé à son retour. Source : Voyag-R : Étude sur 574 voyageurs en zone risque plus élevé d’avoir acquis une bactérie résistante. Ce Source : Eude Voyag-R, [19] intertropicale dépistés négatif avant le départ risque dépend également du type de voyage réalisé. Les infections acquises en Les animaux domestiques pris en charge en cliniques vétérinaires établissements de santé existent aussi dans les cliniques vérétinaires DOCTEUR Moyens de prévention Les infections acquises en établissements de santé sont bien minés au cours (ou autour) de l’acte chirurgical. De surcroît, les Vaccination Hygiène Usage règlementé connues en médecine humaine, elles existent aussi dans les cli- animaux porteurs de bactéries multirésistantes acquises en cli- VETERINAIRE des antibiotiques niques vétérinaires. nique vétérinaire sont des sources de contamination de leur Par exemple, un clone de K. pneumoniae résistant aux fluoroquino- environnement domestique à leur retour dans leur foyer (autres lones et producteur de BLSE a été la cause d’infections urinaires animaux, propriétaires…). chroniques chez des chats ayant subi des opérations chirurgicales Comme en médecine humaine, la lutte contre les infections nosoco- dans une même clinique vétérinaire. Est fréquemment citée aussi miales vétérinaires à bactéries multirésistantes repose sur des la dissémination de clones de Staphylococcus pseudintermedius efforts constants en matière d’hygiène médicale et générale, de résistant à la méticilline (l’équivalent, chez le chien, du SARM juste prescription des antibiotiques et de communication auprès chez l’Homme), responsable d’infections post-opératoires chez des détenteurs d’animaux. Source : Résapath via Anses différents animaux hospitalisés dans une même clinique, conta- Source : Réseau Résapath via Anses CONSOMMATION CONSOMMATIOND’ANTIBIOTIQUES D’ANTIBIOTIQUESET ETRÉSISTANCE RÉSISTANCEAUX AUXANTIBIOTIQUES ANTIBIOTIQUESEN ENFRANCE FRANCE: 10 SOYONS SOYONSCONCERNÉS, CONCERNÉS,SOYONS SOYONSRESPONSABLES RESPONSABLES! 11
BACTÉRIES HAUTEMENT RÉSISTANTES (B HRe) : DÉJÀ RESPONSABLES D’IMPASSES THÉRAPEUTIQUES RÉPA RT I T I O N PA R RÉG I O N D E S S I G N A LE M E N TS E X T E R N E S En 2013, le Haut Conseil de la santé publique a publié des recommandations spécifiques pour maîtriser D’I N F E C T I O N S N O S O C O M I A LE S I M P LI Q UA N T U N E B H Re la diffusion des bactéries hautement résistantes émergentes (BHRe) [24]. Leur application sur le terrain par les équipes est le seul moyen, à ce jour, de contenir leur émergence et de préserver ainsi les rares antibiotiques encore actifs sur ces souches. Le Programme national d’actions de prévention des infections associées aux soins (Propias) [25] a fixé en 2015 Signalements impliquant un E. faecium résistants aux trois objectifs annuels chiffrés pour objectiver le contrôle de la diffusion des BHRe. glycopeptides (ERG) reçus en 2015 et 2016 Les entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) Nombre de SIN ERG Les entérocoques sont naturellement résistants à plusieurs cas d’ERG signalés en 2015 et 2016. La part des signalements à 1 - 10 familles d’antibiotiques dont les céphalosporines et les fluo- ERG reçus en 2016, le nombre élevé d’épidémies et la proportion 11 - 50 roquinolones. Les Enterococcus faecium sont aussi très souvent des cas secondaires invitent à la plus grande vigilance, ainsi résistants à l’amoxicilline. La résistance à au moins un glycopep- qu’à une sensibilisation accrue des personnels hospitaliers 51 - 100 tides fait des E. faecium résistants aux glycopeptides (ERG) des pour poursuivre l’observance des mesures d’hygiène. Source : BHRe responsables de nombreuses épidémies. Signalement des IAS via eSIN / Santé publique France > 100 En France, les premières épidémies rapportées dans plusieurs hôpitaux impliquant un ERG remontent à 2003. Au 31 décembre CONTEXTE EUROPÉEN : 2016, 1 647 signalements impliquant un ERG ont été reçus à La diffusion des ERG en France reste à ce jour encore limitée : Source : Signalement des IAS via e-SIN / Santé publique France Santé publique France, dont 219 en 2016. Environ 85 % des moins de 1 % des souches de E. faecium isolées d’infections signalements concernaient des colonisations. La proportion invasives sont résistantes à la vancomycine en 2016 [15, 16]. Dans d’épidémies était de 15 % en 2015 et de 21 % en 2016. La propor- certains pays d’Europe, cette proportion de résistance dépasse les tion de cas secondaires était stable à 44 % du nombre total de 25 %. Source : EARS-Net Signalements impliquant une entérobactérie productrice de carbapénémase (EPC) reçus en 2015 et 2016 Les entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC) Les entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC) maladies, la France est passée du stade 3 de diffusion régionale Nombre de SIN EPC ont acquis une résistance aux carbapénèmes, antibiotiques des EPC en 2013, au stade 4 de diffusion interrégionale en 2015. La proportion de cas secondaires reste légèrement supérieure < 50 de dernier recours figurant sur la liste des antibiotiques « cri- tiques » de l’ANSM [10] . à 20 % : 21 % en 2015 et 23,5 % en 2016. Les efforts sont à pour- 50-100 En France, les premiers signalements impliquant une EPC suivre. Source : Signalement des IAS via eSIN / Santé publique France remontent à 2004 et leur multiplication à 2009. Au 31 décembre CONTEXTE EUROPÉEN : 100-200 2016, 3 319 signalements impliquant une EPC ont été adressés La diffusion des EPC en France reste à ce jour encore limitée : à Santé publique France [données non publiées], dont 1 062 en < 1% des souches de K. pneumoniae isolées d’infections invasives > 200 2016 (soit 45,5 % des signalements reçus en 2016). Trois quarts sont résistantes aux carbapénèmes en 2016 [15, 16]. Dans certains des signalements concernent des colonisations. D’après les pays du sud de l’Europe, cette proportion de résistance dépasse Source : Signalement des IAS via e-SIN / critères du Centre européen de prévention et de contrôle des les 30 %. Source : EARS-Net Santé publique France La résistance plasmidique à la colistine (mcr-1) Signalements impliquant une bactérie porteuse d’une résistance En santé humaine, 19 cas de colonisations ou infections à entéro- En santé animale, la colistine est un antibiotique utilisé en plasmidique à la colistine (gène MCR-1) reçus en 2016 et 2017 bactéries porteuses du gène mcr-1 de résistance plasmidique à première intention pour le traitement des infections gastro-in- la colistine ont été signalés à Santé publique France et au Centre testinales et représente, notamment dans les filières volaille et national de référence de la résistance aux antibiotiques depuis porcine, un des antibiotiques les plus utilisés. Quatre souches 2016. Parmi eux, 4 souches étaient également productrices de de Salmonella d’origine alimentaire et porteuses du gène mcr-1 carbapénémase (EPC), et identifiées chez des patients ayant un ont été détectées en France fin 2015, et les premières souches Nombre de cas mcr-1 antécédent d’hospitalisation à l’étranger. Un cas de transmission d’E. coli porteuses du gène mcr-1 ont été identifiées à partir d’in- secondaire d’une entérobactérie mcr-1 (non EPC) a été identifié fections gastro-intestinales de veaux dans le cadre du réseau de 1 dans un établissement de santé français [26] . surveillance Résapath en janvier 2016, la souche la plus ancienne Le HCSP a publié un avis en septembre 2016 [27] , mis à jour en ayant été isolée en 2005. La plupart de ces souches étaient éga- 2-3 mai 2017 [28] , pour la prise en compte de cette nouvelle émergence lement résistantes aux céphalosporines de 3e génération. Des (risque d’impasse thérapeutique) dans le cadre des recomman- souches d’E. coli porteuses de mcr-1 ont également été décrites 4-6 dations BHRe parues en 2013. Source : Signalement des IAS via eSIN / en portage chez des animaux sains à l’abattoir (dindes, poulets, Source : Signalement des IAS via e-SIN / Santé publique France porcs) en 2016. L’un des objectifs du plan ÉcoAntibio 2 (2017- Santé publique France 2021) est de réduire de 50 % en 5 ans l’exposition à la colistine en filière bovine, porcine et avicole. Source : Anses CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES EN FRANCE : 12 SOYONS CONCERNÉS, SOYONS RESPONSABLES ! 13
Conclusion La consommation d’antibiotiques, malgré les En santé animale, la législation européenne a En matière de résistance, la situation fran- En santé animale, le point de préoccupation actions engagées depuis le début des années interdit depuis 2006 l’utilisation des antibio- çaise en santé humaine reste contrastée. Les majeur porte sur les entérobactéries résis- 2000 [29] , reste élevée en santé humaine en tiques comme facteurs de croissance chez les mesures d’hygiène dans les établissements de tantes aux céphalosporines de 3e et 4e géné- France. Elle est globalement en augmentation animaux de rente. Différentes actions ont été santé ont permis de réduire la résistance aux rations, qui sont responsables d’infections sur les dix dernières années en secteur de ville menées depuis le milieu des années 2000 pour antibiotiques du staphylocoque doré. En ville, courantes, notamment chez le jeune ani- et stable en établissements de santé. La France atteindre un niveau d’exposition inférieur à ce la vaccination a permis de la réduire égale- mal. La bactérie Escherichia coli est, comme se classait respectivement aux 4e et 9e rangs qu’il était en 1999 (première année du suivi des ment pour le pneumocoque. Mais la pression chez l’Homme, l’espèce la plus fréquemment des pays européens les plus consommateurs ventes d’antibiotiques). L’objectif du premier exercée par la consommation élevée d’anti- concernée par cette résistance. Les salmonelles en 2015. Néanmoins, en 2016, la consomma- plan Écoantibio [8] , qui visait une diminution biotiques a un impact majeur sur l’ensemble sont encore épargnées par cette résistance. tion s’établit en ville à un niveau inférieur à de l’utilisation de 25 % en 5 ans, a été atteint des espèces bactériennes composant la flore Les lieux de soins vétérinaires sont aussi un celui observé avant 2001, année du premier et dépassé puisque la consommation d’an- digestive et en particulier sur les entérobac- lieu de dissémination de bactéries résistantes plan d’alerte sur les antibiotiques. Dans les tibiotiques a diminué de -37 % en 2016 par téries, notamment l’espèce la plus fréquem- au cours ou autour des actes chirurgicaux. établissements de santé, la consommation rapport à 2011. ment responsable d’infections : Escherichia d’antibiotiques est restée globalement stable La loi d’avenir pour l’agriculture promulguée coli. Les résidents en EHPAD et les voyageurs Toutefois, la surveillance de la résistance aux et les antibiotiques à large spectre restent en 2014 visait une diminution de l’exposition constituent, pour des raisons différentes, deux céphalosporines de 3e et 4e générations chez largement utilisés. aux céphalosporines et aux fluoroquinolones populations dont l’hospitalisation doit susciter E. coli montre une évolution très favorable de 25 % en 3 ans par rapport à 2013. Ces objec- l’attention pour limiter la diffusion des bacté- avec une diminution importante chez la plu- Des actions d’amélioration restent à conduire tifs sont également dépassés. Au terme des ries résistantes. Le focus proposé sur les sal- part des espèces animales, en lien avec les pour assurer aux patients qui le nécessitent 3 ans, la diminution observée est de -75 % monelles, bactéries communes en pathologie mesures globales de restriction d’usage des des traitements efficaces et pour réduire les pour les fluoroquinolones et de -81 % pour humaine et animale, montre chez cette espèce antibiotiques imposées de façon réglemen- prescriptions inutiles ou inadaptées. La feuille les céphalosporines de 3e et 4e générations d’entérobactéries une résistance encore émer- taire. La situation française affiche donc une de route pour la maîtrise de l’antibiorésistance après une très forte diminution entre 2015 gente mais inquiétante, considérant le pouvoir baisse très satisfaisante de l’antibiorésistance du Comité interministériel pour la santé[30] , et 2016. Il convient par ailleurs de noter que pathogène de ces souches. Dans les établisse- en santé animale. Ces résultats montrent une ainsi que le volet « prévention et maîtrise de la législation nationale encadre depuis avril ments de santé français, mais également le amélioration de la situation en matière de l’antibiorésistance » du Programme national 2016 la prescription et la délivrance des médi- secteur médico-social, l’émergence des BHRe résistance aux antibiotiques en lien direct de prévention des infections associées aux caments utilisés en santé animale contenant confronte les praticiens à des impasses théra- avec une diminution de la consommation soins (Propias) [25] fixent le cadre, les objectifs une ou plusieurs substances antibiotiques peutiques de plus en plus fréquentes et néces- d’antibiotiques. Ils doivent servir d’exemple et les actions à conduire. Il s’agit par exemple d’importance critique (AIC), dont les cépha- site la mise en place de mesures drastiques et inciter au renforcement des actions pour de ne pas donner d’antibiotiques lorsqu’ils losporines et les fluoroquinolones. Ainsi, les pour contenir leur diffusion. une moindre consommation d’antibiotiques sont inutiles, de réduire les durées de traite- médicaments vétérinaires contenant des AIC en santé humaine. ment en arrêtant les antibiotiques lorsqu’ils sont réservés à l’usage curatif ou métaphy- ne sont plus nécessaires, ou de modifier les lactique et sont soumis à des conditions de traitements pour mieux les adapter au type prescription, comme l’examen clinique préa- d’infection et à la bactérie dès qu’elle est iden- lable, l’identification de la souche bactérienne tifiée, en donnant, à chaque fois que possible, et l’antibiogramme. des antibiotiques à spectre plus étroit et ayant Le plan ÉcoAntibio 2017-2021[31] ne fixe d’ob- un moindre impact sur la flore bactérienne. jectif chiffré de réduction des consommations Ces mesures nécessitent des ressources et antibiotiques que pour la colistine, cependant organisations adaptées, notamment pour ce nouveau plan insiste sur la nécessité d’ins- le diagnostic, l’aide à la prescription et à la crire dans la durée les réductions acquises, « non‑prescription » et l’évaluation de la per- notamment en améliorant les mesures de pré- tinence des traitements. Elles concernent les vention des maladies infectieuses et en favori- professionnels et usagers de tous les secteurs sant l’accès aux alternatives aux antibiotiques. de soin : ville, secteur médico-social et éta- blissements de santé. En santé humaine, la sensibilisation du grand public est également nécessaire au succès des actions conduites. CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES EN FRANCE : 14 SOYONS CONCERNÉS, SOYONS RESPONSABLES ! 15
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