De la Fondation de la Résistance - Eduscol

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De la Fondation de la Résistance - Eduscol
de la Fondation de la Résistance
Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République
n° 110 – septembre 2022– 5,50 €

               Concours national de la Résistance
                et de la Déportation 2022-2023

             L’École                     et la               Résistance
             des jours sombres
             aux lendemains de la                             Libération
             (1940-1945)
De la Fondation de la Résistance - Eduscol
Renseignements utiles
              Concours national de la Résistance et de la Déportation 2022-2023
Dans cette rubrique figurent les informations essentielles pour participer à ce concours. Nous vous conseillons de vous reporter,
pour plus de détails, aux informations officielles du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, mises en ligne sur
le site éduscol : eduscol.education.fr/cnrd. Pour toute demande d’informations, vous pouvez écrire à l’adresse suivante :
cnrd.dgesco@education.gouv.fr

                            Thème : « L’École et la Résistance. Des jours sombres
                             aux lendemains de la Libération (1940-1945).  »
                                                                                Inscriptions

 ■   Pour les établissements situés sur le territoire national : se référer aux instructions données par le recteur de l’académie (la liste des interlocuteurs
        au sein des services territoriaux de l’Éducation nationale est disponible sur la page éduscol dédiée au concours, indiquée ci-dessus).
 ■  Pour les établissements français à l’étranger : se référer aux informations communiquées par l’AEFE et la MLF.

                                                                        Participation au concours
          Catégories de participation                                                       Modalités de participation
 ■    1re catégorie – Classes de tous les lycées     Réalisation d’un devoir individuel en classe, sous surveillance, sans documents personnels.
 (à l’exception des formations post-baccalauréat)       Durée : 3 heures.

 ■    2e catégorie – Classes de tous les lycées      Réalisation d’un travail collectif pouvant prendre différentes formes. Pour la taille et le poids des travaux
 (à l’exception des formations post-baccalauréat)       ainsi que la durée des travaux audiovisuels et sonores, se reporter au règlement annuel du concours.

 ■    3e catégorie – C
                         ollèges                       Réalisation d’un devoir individuel en classe, sous surveillance, sans documents personnels.
 (classes de 3e uniquement)                             Durée : 2 heures.

 ■    4e catégorie – Collèges                       Réalisation d’un travail collectif pouvant prendre différentes formes. Pour la taille et le poids des travaux
 (classes de 3e uniquement)                             ainsi que la durée des travaux audiovisuels et sonores, se reporter au règlement annuel du concours.

                                                                Transmission des productions réalisées

 Les copies individuelles et les travaux collectifs sont à transmettre par l’établissement scolaire :
 ■  Pour les établissements situés sur le territoire métropolitain : au service de l’Éducation nationale compétent (généralement la DSDEN mais
       par sécurité, se référer aux instructions données par le recteur) ;
 ■   Pour les établissements des DROM-COM : au rectorat ou vice-rectorat ;
 ■   Pour les établissements français à l’étranger : se référer aux instructions reçues lors de l’inscription.

                                                                        Résultats et remises des prix

 Les lauréats académiques recevront leur prix lors d’une cérémonie organisée, si possible, à une date symbolique et dans un lieu lui conférant un caractère
 solennel. Les meilleurs travaux de chaque catégorie seront sélectionnés à l’échelle académique pour être présentés au jury national. Les lauréats nationaux
 seront récompensés au cours d’une cérémonie officielle à Paris.

                     Concours de la meilleure photographie d’un lieu de Mémoire
 Les Fondations de la Résistance, pour la                         Les photographies doivent être envoyées à
 Mémoire de la Déportation et Charles de                          l’adresse suivante avant le 14 juillet 2023
 Gaulle organisent chaque année, après les                                     Les Fondations de la Résistance,
 résultats du Concours national de la Résis-                        pour la Mémoire de la Déportation et Charles de Gaulle
 tance et de la Déportation, le concours                                     Concours de la meilleure photographie
 de la meilleure photographie d’un lieu de                                          d’un lieu de Mémoire
                                                                                                                             Photo Jeanne Bluzat

                                                                                  30 boulevard des Invalides
 Mémoire.                                                                                 75007 PARIS
 Ce concours offre aux élèves la possibilité
 d’exprimer leur sensibilité aux aspects artis-                   Les trois meilleures photographies seront
 tiques et architecturaux des lieux de Mémoire                    diffusées sur les sites de la Fondation de la                                    Photographie du monument du Mémorial
 au travers de la technique photographique.                       Résistance (www.fondationresistance.org), de la                                  national du camp de Drancy prise par
 Avant toute participation, nous vous invitons                    Fondation pour la Mémoire de la Déportation                                      Jeanne BLUZAT, élève de troisième au collège
 à lire le règlement du concours :                                (www.fondationmemoiredeportation.com) et de la                                   Pierre Ronsard à Saint-Maur-des-Fossés
 http://www.fondationresistance.org/pages/action_                 Fondation Charles de Gaulle (www.charles-                                        (Val-de-Marne) qui a obtenu le premier prix
 pedag/concours_p.htm                                             de-gaulle.org).                                                                  en 2020-2021.

      2       C oncours N ational          de la      R ésistance   et de la   D éportation – 2022-2023
De la Fondation de la Résistance - Eduscol
Sommaire                                                      Préface
 La Lettre de la Fondation de la Résistance
         n° 110 – septembre 2022

                                                                 L
                                                                         e thème du Concours national
                                                                         de la Résistance et de la
Lettre de cadrage                                                        Déportation 2022-2023

                                                                                                                                               Fondation de la Résistance
                                                                 porte sur « L’École et la Résistance.
        4 L ettre de cadrage de l’Inspection générale           Des jours sombres aux lendemains
          de l’Éducation nationale                               de la Libération (1940-1945) ».

Partie 1 / L‘École des années sombres
                                                                 En soixante ans d’existence, c’est
                                                                 la première fois que ce concours
                                                                 – à mi-chemin entre histoire, mémoire et formation civique –
        8 L’École à la veille de la guerre
                                                                 invite les candidats à se pencher sur l’histoire de l’institu-
      10 L’École dans la drôle de guerre                        tion scolaire française durant la Seconde Guerre mondiale.
      12 L a défaite, l’exode et les débuts de l’Occupation     Mise au pas par le régime de Vichy, l’École fut un
      14 L a Révolution nationale à l’École                     terrain favorable au développement de formes variées de
                                                                 Résistance.
      16 Les hommes de Vichy
                                                                 Mais ce thème est aussi l’occasion d’étudier les réformes
      17 Fiche ressources                                       scolaires imaginées par les résistants en pleine Occupation.
          Comment rechercher des documents-sources               Ceux-ci ne souhaitaient pas seulement libérer leur pays, ils
          sur la Révolution nationale à l’École ?
                                                                 désiraient aussi que la France qui émergerait de ces combats

Partie 2 / Résister à l’École                                    soit une France nouvelle avec plus de justice sociale.
                                                                 À côté des réformes économiques et politiques portées par
      18 U
          ne résistance enseignante                             le Conseil national de la Résistance, ils considéraient que
      20 U
          ne résistance des élèves                              l’École constituait un fondement essentiel de cette future
      22 L a résistance du quotidien en milieu scolaire
                                                                 République sociale en apportant au plus grand nombre
                                                                 une formation de qualité et en permettant une promotion
      24 L a répression allemande contre les enseignants        sociale et un renouvellement des cadres de la Nation.
         et les élèves résistants
                                                                 Cette brochure pédagogique a mobilisé l’expertise de
      25 F
          iche ressources                                       l’ensemble de l’équipe de la Fondation, dans les domaines
         Retracer le parcours d’un lycéen résistant              scientifique, pédagogique, éditorial, documentaire ou
         et déporté : l’exemple de Jacques Sabine                multimédia.

Partie 3 / Penser l’École de demain
                                                                 Je tiens aussi à saluer, au nom de la Fondation de la Résistance,
                                                                 l’implication des fondations, des associations, des musées,
      26 L a place de l’École dans les discours résistants      des centres d’archives, des témoins mais surtout des
           sur la défaite de 1940                                enseignants qui depuis plus de soixante ans font vivre ce
                                                                 concours initié par les résistants et que nous avons reçu
      28 L’École de la France libre
                                                                 en héritage. ■
      30 L’École de la Résistance
      32 L’École de la France libérée                                                                         Gilles Pierre Levy
      34 F
          iches ressources                                                                    Président de la Fondation de la Résistance
         Comment travailler sur des traces archivistiques
         et mémorielles dans les établissements scolaires ?
         L’École comme lieu de mémoire et lieu de transmission
                                                                                   Couverture
Annexes
                                                                     1
                                                                            3      1. Promotion d’élèves de l’école normale d’instituteurs
                                                                      2            à Douai (Nord) en 1939. © Réseau Canopé,
      35 Ressources                                                       4        Le Musée national de l’Éducation.
                                                                                   2. Le maréchal Pétain visite l’école de la petite commune
      36 Remerciements                                                             de Lalizolle, près de Gannat (Allier), vers 1942.
                                                                  Photographie de presse extraite de L’Illustration. © Réseau Canopé,
                                                                  Le Musée national de l’Éducation.
                                                                  3. Des maquisards de Boussoulet (Haute-Loire) autour de leur
                                                                  instructeur Albert Oriol-Maloire en 1944.
                                                                  Avant la guerre, Albert Oriol-Maloire (1919-2003) est instituteur.
                                                                  Aspirant de réserve, chef d’un groupe franc en Lorraine pendant la
                                                                  drôle de guerre, il est grièvement blessé. Démobilisé après avoir été
  L e symbole @ indique au fil des pages de la brochure des
                                                                  décoré de la croix de guerre 1939-40, il rejoint la Résistance dans la
   ressources qui peuvent être consultées en ligne. Les liens     Loire en 1942. En mars 1944, il entre dans la clandestinité et prend
   pour y accéder sont disponibles sur la brochure numérique,     comme pseudonyme Maloire. Du fait de son expérience militaire,
   version augmentée de la brochure papier, accessible sur les    il se voit confier le commandement du premier maquis de l’Armée
   sites de la Fondation de la Résistance et du Musée de la       Secrète Loire, réfugié en Haute-Loire, à Boussoulet. © Keystone-
                                                                  France/GAMMA RAPHO.
   Résistance en ligne.
                                                                  4. Journal clandestin L’École Libératrice.
  Pour toute information complémentaire, écrivez à la             Organe du syndicat national des instituteurs CGT FGE (reconstitué
  Fondation de la Résistance à l’adresse :                        clandestinement), n° 4, juin 1944. Coll. Musée de la Résistance
   raphaelle.bellon@fondationresistance.org                       nationale à Champigny-sur-Marne.

                                                                                                                                     3
De la Fondation de la Résistance - Eduscol
Lettre de cadrage
                     de l’Inspection générale de l’Éducation nationale

     L’École doit et se doit d’enseigner l’histoire     Leur organisation varie selon les lieux mais vire              l’idéologie de la Révolution nationale 4. Dans un
de l’École. Le Concours national de la Résistance       parfois au chaotique : certaines sont ainsi orga-              article publié le 15 août 1940 dans La Revue
et de la Déportation (CNRD) est marqué, dès ses         nisées à Paris dans les caves des universités. De              des Deux Mondes, Pétain se livre à un réqui-
débuts, par la présence et par l’influence de résis-    nombreux bacheliers ne peuvent passer l’examen                 sitoire contre l’École républicaine, jugée trop
tants qui furent, aussi, des pédagogues. C’est          du fait des événements.                                        « individualiste ». Les instituteurs sont immédia-
ainsi qu’a été conçue et construite la question                                                                        tement montrés du doigt, comme responsables
posée par le thème de la session 2022-2023                                                                             de la faillite de la France, en ayant insufflé à
du CNRD : « L’École et la Résistance.                     Focus                                                        leurs élèves des valeurs libérales, laïques et
Des jours sombres aux lendemains de                       • L’université de Strasbourg repliée                        égalitaires en contradiction avec ce que le
la Libération (1940-1945) ».                                 à Clermont-Ferrand en septembre 1939.                     régime considère être les valeurs françaises
                                                          • U n établissement confronté à la guerre :                 traditionnelles5. Faut-il rappeler qu’avant d’ob-
     Si pour l’École, cette période est marquée par
                                                             l’école normale de Bonneville réquisitionnée              tenir le portefeuille de la Guerre dans le gou-
la guerre et la défaite, l’Occupation et le régime
de Vichy, la collaboration, la France libre                  pour servir d’hôpital militaire.                          vernement Doumergue du 9 février 1934, le
et la Résistance, c’est que loin d’être à l’écart des     • U n témoignage : l’institutrice Berthe Auroy à Chartres   maréchal Pétain avait souhaité le ministère de
dangers, des absents et des morts elle se révèle             lors de la drôle de guerre.                               l’Éducation nationale ?
comme toujours dans l’histoire comme un prisme            • Un événement : le baccalauréat 1940.                             Dès juillet 1940, une première vague de
et un miroir de son temps.                                                                                             purge et d’épuration se développe, entraî-
     Ce sont les jours sombres de la guerre, de la                                                                     nant la révocation d’un millier d’instituteurs
défaite et de l’exode, jusqu’à la difficile reprise
                                                        Reprendre l’école, reprendre                                   classés à gauche. Elle est suivie de deux
des cours dans un quotidien épuisant et lourd           les cours, reprendre le travail                                autres vagues entraînant la suspension des
marqué par la volonté du nouveau régime de                                                                             enseignants « notoirement francs-maçons »,
mettre l’École au pas. Ce sont les résistances des                                                                     par le décret du 13 août 1940, puis celle
                                                             La reprise des cours à la rentrée d’octobre               des enseignants considérés comme « juifs »
enseignants, des élèves, mais aussi les refus du        1940 s’effectue dans un contexte difficile et
quotidien des persécutions et de la déportation                                                                        d’après les dispositions du statut du 3 octobre
                                                        particulier. En zone occupée, les Allemands ont                1940. Le 18 septembre, les écoles normales
des Juifs. Ce sont les hommes de la France libre        réquisitionné de nombreux bâtiments scolaires,
et de la Résistance qui, dans la nuit et dans la ter-                                                                  d’instituteurs, que Charles Maurras avait quali-
                                                        comme par exemple l’École normale supérieure,                  fiées « d’antiséminaires malfaisants de la démo-
reur pensent l’École des lendemains, parce que          pour y installer leurs services et leurs troupes. Des
libérer la France, c’est libérer l’École1.                                                                             cratie » sont supprimées. Dans une circulaire
                                                        classes sont « déménagées » dans des bâtiments                 du 15 novembre, le ministre Ripert invoque
                                                        de fortune. Entraînés en zone Sud dans le mouve-               « le relèvement de fonctions d’un certain nombre
                                                        ment de l’exode en mai-juin 1940, des étudiants
■   L’École des jours sombres                           ou des enseignants n’ont pas encore pu rentrer
                                                                                                                       de fonctionnaires […] qui ont consacré une partie
                                                                                                                       de leur temps à une agitation politique contraire
                                                        en zone occupée car les Allemands n’autorisent                 aux intérêts de la France ».
La guerre, la défaite, l’exode                          les retours de façon progressive qu’à partir
                                                        d’octobre.                                                           L’école élémentaire constitue l’un des lieux
                                                                                                                       privilégiés du culte du maréchal, qui se mani-
      La guerre qui éclate en septembre inter-               Dans les établissements scolaires, une atmos-             feste aussi bien à travers les chants appris aux
rompt le fonctionnement normal de l’école.              phère morne l’emporte, en l’absence des pro-                   élèves (Maréchal nous voilà) que par les exer-
26 000 enseignants du primaire, 5 000 ensei-            fesseurs mobilisés en 1939 et qui ont été faits                cices qui leur sont demandés : les élèves sont
gnants du secondaire et quelques centaines d’en-        prisonniers lors des combats de mai-juin 1940.                 encouragés à écrire régulièrement au chef de
seignants du supérieur sont mobilisés, la plupart       Ils sont au nombre de 13 139, dont seulement                   l’État (deux millions de lettres envoyées pour la
comme officiers et sous-officiers de réserve.           2 245 reviennent jusqu’en juillet 1943. Dans le                Noël 1940) tandis que des concours de des-
Au nombre de ceux-là, le professeur Marc Bloch          même temps, le nombre d’instituteurs décline,                  sin sont également organisés, comme celui de
qui se définit lui-même comme « le plus vieux           à la mesure d’une politique scolaire contestée.                représenter « La France que le maréchal aime
capitaine de l’Armée française ».
                                                             Comme l’ensemble de la société, les diffé-                tant ». Les rituels républicains enracinés depuis
      Les écoles alsaciennes sont transférées dans le   rentes catégories d’élèves sont confrontées dans               la fin du XIXe siècle sont remplacés par ceux du
Sud-Ouest et le Centre dans le cadre du déplace-        leur quotidien aux nouveaux problèmes du temps,                nouveau régime : les portraits de Pétain rem-
ment des populations qui se trouvent dans la zone de    liés aux pénuries et restrictions. Le rationnement             placent les bustes de Marianne, le salut aux
front, en déracinant les élèves et leurs enseignants.   entre en vigueur en septembre 1940. Les cahiers                couleurs devient obligatoire lors d’une cérémo-
Par crainte de la guerre aérienne, des enfants de       et les livres, l’encre et les crayons, l’éclairage             nie quotidienne, la Révolution nationale entend
Paris sont également déplacés dès septembre 1939.       et le chauffage font défaut. Une école buisson-                parachever l’embrigadement de la jeunesse.
38 000 enfants au total quittent la capitale. Des       nière se développe pour améliorer le quotidien.                      L’idéologie du régime pèse considérable-
classes entières d’enfants parisiens avec leurs         Les élèves sont classés dans la catégorie J.                   ment sur le contenu et la nature des matières
enseignants2 se retrouvent ainsi en milieu rural :      Dans le cadre des emplois du temps scolaires, les              enseignées, comme le montrent la réintroduction
la Bourgogne, l’Auvergne, l’Ouest. Tout cela pose       écoliers participent à des tâches nouvelles dans               dans les écoles publiques d’un enseignement reli-
des problèmes logistiques pour le bon déroule-          le contexte de la pénurie en se livrant collective-            gieux optionnel, le développement d’apprentis-
ment des examens, notamment la session spéciale         ment à des collectes (les marrons d’Inde !) ou à               sages manuels et artisanaux, la refondation des
du baccalauréat qui se tient en octobre 1939            la chasse aux doryphores.                                      programmes d’histoire et de géographie. Dès le
et pour laquelle il faut organiser des centres                                                                         14 septembre 1940 en histoire, la période de la
d’examen supplémentaires en province 3.                                                                                Révolution, qui constituait une sorte de « fin de
      Du fait du contexte de la guerre, le quotidien      Focus                                                        l’histoire » dans l’École républicaine, est désor-
des élèves est partout perturbé. Certains établis-        • L es conséquences des pénuries                            mais proscrite au profit du retour à une « France
sements scolaires sont parfois réquisitionnés par            dans le quotidien des élèves.                             éternelle » qui serait paysanne, catholique,
l’armée et il faut donc trouver des solutions d’hé-       • L es enfants perdus de l’exode                            nationaliste et qui aurait ses héros symboliques
bergement des classes. Les élèves doivent suivre             et leur difficile prise en charge.                        comme Louis IX (Saint Louis), roi sanctifié mais
des formations à la Défense passive pour adop-                                                                         également croisé et antijuif ou Jeanne d’Arc,
ter les bons réflexes en cas de bombardements.                                                                         illustrant le nationalisme anti-anglais. Quant à
Ils s’inquiètent du sort de leurs pères mobilisés.                                                                     la géographie, son enseignement prône une
                                                        L’École de Vichy, l’École                                      approche régionaliste permettant de mettre en
      L’offensive allemande et la défaite de 1940
viennent interrompre la fin de l’année scolaire.        sous Vichy, l’École sans Vichy                                 valeur les coutumes et traditions dans toute leur
Dans les départements du Nord, les élèves et                                                                           diversité provinciale6.
leurs enseignants fuient comme l’ensemble                    L’École de la République avait fait des répu-                   L’introduction d’un enseignement phy-
des populations l’avance allemande dans                 blicains. L’École de Pétain ferait des pétainistes.            sique et sportif répond enfin à des motivations
le cadre de l’exode. Malgré le contexte, les            Pour le régime de Vichy, issu de la défaite,                   idéologiques, avec la volonté de façonner
épreuves du baccalauréat ne sont pas annulées.          l’École doit être le principal instrument qui per-             un « Homme nouveau », de développer le sens
Elles sont décentralisées et avancées à la mi-juin.     mette de modeler les esprits conformément à                    de l’effort et l’émulation7.

    4     C oncours N ational           de la    R ésistance   et de la      D éportation – 2022-2023
De la Fondation de la Résistance - Eduscol
Cette tentative d’« assomption » de l’École             instituteurs deviennent également des chefs, du                    Aux actions spontanées et souvent sans len-
ne doit pas occulter qu’une partie de la société             fait de leur expérience de l’encadrement et de                demain succèdent progressivement à partir de
scolaire, marquée par une sorte de « surmoi répu-            leur expérience militaire : la plupart d’entre-eux            1941 de véritables organisations de Résistance
blicain », fait preuve d’une certaine inertie et se          avaient suivi à la fin de leurs études la formation           qui naissent et se développent dans le milieu des
révèle résiliente. Dans bien des endroits et dans            qui permettait d’être sous-officier ou officier de            lycéens et étudiants. À la Sorbonne, Défense de la
bien des cas, derrière le discours officiel prônant          réserve. Ces chefs de maquis émergent, lorsque                France est créé par trois étudiants, Philippe Viannay,
l’adhésion aux valeurs du nouveau régime, l’École            le phénomène se développe à partir de 1943 9.                 Robert Salmon et Hélène Mordkovitch et
n’en demeure pas moins un havre provisoire, où               L’une des figures les plus emblématiques est celle            recrute essentiellement au sein de l’université
se maintenait l’esprit critique à l’égard d’une pro-         notamment de Georges Guingouin en Haute-                      et des grands lycées parisiens. Élève au lycée
pagande souvent outrancière ainsi que l’égalité et           Vienne10. À la Libération, de nombreux institu-               Louis-le-Grand, Jacques Lusseyran crée en
la protection des élèves, quelles que fussent leurs          teurs engagés dans la Résistance occupent des                 mai 1941 un journal clandestin, Le Tigre, qu’il
origines.                                                    fonctions locales et participent à la restauration            diffuse dans les milieux étudiants.
                                                             de la légalité républicaine.                                       À Bourg-en-Bresse, encouragés par plusieurs
  Focus                                                                                                                    de leurs professeurs, des élèves du lycée Lalande
  • Un serviteur de Vichy : l’historien Jérôme Carcopino.     Focus                                                       forment en 1941 un groupe de résistants rattaché
  • La Révolution nationale à l’école, en France              • U n mouvement développé                                  au mouvement Libération. Ils diffusent des tracts et
     et dans l’Empire colonial.                                   au sein de l’université : Liberté.                       journaux clandestins et organisent des manifesta-
                                                               • R aymond Burgard et le mouvement Valmy.                  tions patriotiques. Fin 1942 une section des Forces
  • La fermeture des écoles normales.
                                                                                                                           unies de la jeunesse est créée au lycée qui devient
  • L’épuration du monde enseignant au cours                  • Q uelques figures d’enseignants résistants :
                                                                                                                           une cible importante de la répression. 32 élèves
     de la seconde moitié de l’année 1940.                        Jean Cavaillès (supérieur), Martial Brigouleix
                                                                                                                           du lycée seront tués ou exécutés et une vingtaine
                                                                  (lycée), Georges Guingouin (instituteur), Mathilde Mir
                                                                                                                           déportés. Le lycée Lalande est le seul lycée civil
                                                                  (institutrice).                                          à obtenir la médaille de la Résistance française.
                                                               • R ésister dans une zone interdite : Gérard Morpain,
■ Résister          à l’École                                     agrégé d’histoire au lycée du Havre.
                                                                                                                           Les Jeunesses communistes et les Francs-tireurs et
                                                                                                                           partisans (FTP) recrutent au sein des lycées. C’est
                                                                                                                           la trajectoire des cinq martyrs du lycée Buffon,
Une résistance enseignante                                                                                                 qui basculent dans la lutte armée. Arrêtés par les
                                                             Une résistance des élèves                                     brigades spéciales de Vichy et remis aux autorités
     Parce qu’ils sont parmi les plus attachés à                                                                           allemandes, ils sont condamnés à mort et ont été
la République que souhaite faire disparaître le                                                                            exécutés le 8 février 1943.
                                                                  Du fait de l’insouciance et de l’état d’es-
régime de Vichy, parce qu’ils vivent particulière-           prit contestataire qui peuvent la caractériser,                    Une importante organisation de Résistance se
ment mal les mesures du nouveau régime au sein               la jeunesse qui retrouve les bancs de l’école                 constitue dans les lycées parisiens : le corps franc
du système scolaire, parce qu’ils sont parmi les             ou de l’université en septembre-octobre 1940                  Liberté, dont plus d’une centaine de membres
premiers touchés par les mesures d’épuration au              est sans doute l’une des premières catégories                 quitte la capitale à l’annonce du débarquement,
sein de la fonction publique, les enseignants consti-        à exprimer ouvertement son rejet de l’occupa-                 le 6 juin 1944, pour rejoindre les maquis de
tuent un vivier important pour une résistance qui se         tion allemande au sein de la société française.               Sologne et participer à la lutte armée. 41 d’entre-
développe dès les premiers mois de l’Occupation.             Dans tous les départements, les préfets se font               eux tombent sous les balles allemandes le 10 juin
Nombreux sont les enseignants qui ne cachent pas             l’écho dans leurs rapports des petits gestes de               1944 alors qu’ils ont été découverts dans des
auprès de leurs élèves leur opposition au régime             défi et de révolte (graffitis sur les murs, diffu-            fermes près de La Ferté Saint-Aubin. D’autres
de Vichy, ainsi Jean Guéhénno ou Pierre Favreau,             sions de tracts fabriqués de façon artisanale,                seront déportés et mourront dans les camps nazis
tous deux professeurs au lycée Louis-le-Grand.               imprécations et quolibets lancés à l’égard des                comme François Bayet (1926 -1945).
Cette opposition se manifeste jusqu’au plus                  Allemands ou des partisans de la collabora-                        Nombre de lycéens, élèves des classes
haut niveau de la hiérarchie par la réaction de              tion) qui se multiplient dans les lycées lors des             préparatoires, étudiants et enseignants se sont
l’inspecteur général de l’Instruction publique               semaines qui suivent la rentrée scolaire.                     enfin engagés dans la France libre, à l’exemple
Gustave Monod, qui refuse d’appliquer le statut
                                                                  Paris n’échappe pas à la règle, d’autant que             d’Yves Guéna, Émile Chaline12 et André Quélen,
des Juifs du 3 octobre 1940 8. Il est bien le seul.
                                                             s’ajoute aux lycéens une population étudiante                 anciens condisciples au lycée de Brest,
     Le milieu des enseignants, chercheurs et univer-        importante. En octobre 1940, les Renseignements               d’Hubert Germain, de Léon Bouvier ou de
sitaires fournit cependant quelques-uns des pion-            généraux observent la progression d’un climat                 Marie Schnir (1907-1972), agrégée d’histoire-
niers de la Résistance en région parisienne, comme           frondeur à la Sorbonne, où les cours ont repris.              géographie, directrice du lycée de jeunes filles
le montrent l’exemple de Raymond Burgard,                    Cela se traduit par des lancers de tracts, des                du Havre (septembre 1940-septembre 1941), qui
professeur de français au lycée Buffon, l’un des             inscriptions sur les murs, des papillons laissés              servit au Commissariat à la Justice et à l’Instruction
créateurs du mouvement Valmy, ou celui du réseau             dans les livres de la bibliothèque universitaire              publique, à Londres, après son évasion de France
qui se constitue au sein du musée de l’Homme                 qui dénoncent la présence allemande. Les inci-                par l’Espagne. La création de l’École des Cadets
autour des enseignants-chercheurs Boris Vildé                dents se multiplient au Quartier latin entre soldats          de la France libre, la lutte contre Vichy pour le
et Anatole Letwisky. Nommé professeur à la                   allemands et étudiants amenés à se croiser et à               contrôle des lycées français à l’étranger, la parti-
Sorbonne en mars 1941 après un passage à                     fréquenter les mêmes lieux. Le 25 octobre, à la               cipation de la France libre aux discussions inter-
l’université de Strasbourg replié à Clermont,                faculté de médecine, la présence de trois officiers           nationales en matière d’éducation, avec le rôle de
Jean Cavaillès devient l’un des dirigeants du mou-           allemands à un cours provoque le départ des étu-              Louis Gros, agrégé d’histoire, constituent autant
vement Libération-Nord, tandis que Lucie Aubrac,             diants. La même scène se produit le 7 novembre                d’initiatives.
agrégée d’histoire-géographie devient une respon-            à la Sorbonne. Des accrochages dans des cafés
sable de Libération-Sud.                                     du Quartier latin entre étudiants et membres des
                                                                                                                             Focus
     En zone Sud, des enseignants jouent égale-              forces d’occupation entraînent également la
ment un rôle important dans la constitution des              fermeture des établissements concernés, notam-                  • U n événement : la manifestation
mouvements qui émergent en 1940  -1941. Le                   ment deux hauts lieux de la vie étudiante à Paris,                 du 11 novembre 1940.
mouvement Liberté fondé par François de Menthon,             le Café d’Harcourt, place de la Sorbonne,                       • U n établissement : le lycée Lalande,
professeur de droit et d’économie à Lyon, recrute            et les cafés Dupont-Latin et Capoulade.                            seul lycée décoré de la médaille de la Résistance.
dans le milieu universitaire (Pierre-Henri Teitgen,                                                                          • P ortraits : les cinq martyrs
                                                                  La manifestation des lycéens et étudiants                     du lycée Buffon/Jacques Lusseyran.
René Courtin, Marc Bloch …). Des enseignants                 parisiens sur les Champs-Élysées le 11 novembre
du secondaire sont les animateurs locaux de ces                                                                              • U ne organisation : le corps franc Liberté/
                                                             1940, alors que toute commémoration de
organisations clandestines : Martial Brigouleix,                                                                                le mouvement Défense de la France.
                                                             l’armistice est interdite, constitue la première
professeur de français et d’histoire géographie                                                                              • U ne singularité : résister à l’école, en Alsace
                                                             forme de manifestation collective contre l’occu-
à Tulle au sein de Combat en Corrèze avec                                                                                       et en Moselle incorporées au Reich.
                                                             pant et, selon le général de Gaulle, de résistance
Edmond Michelet, ou Jean-Jacques Chapou, pro-                et d’appui à son action. Elle entraîne une riposte
fesseur de lettres au lycée de Cahors, proche de             très importante des Allemands et de Vichy.
Léon Jouhaux et responsable local de Libération.             Le commandement allemand impose pendant plu-                  Une résistance du quotidien
     En milieu rural, les instituteurs constituent sou-      sieurs semaines la fermeture de tous les établis-
vent la cheville ouvrière des premiers groupes               sements d’enseignement supérieur et demande                        Parce qu’ils sont du fait de leur statut par-
et noyaux de résistance. Leur rôle ne cesse de               une reprise en main des lycées. Le gouverne-                  ticulièrement exposés aux différentes mesures
s’accroître au fur et à mesure que la résistance             ment de Vichy relève de ses fonctions le recteur              adoptées par le régime de Vichy ou l’occupant
se développe. Ils exercent souvent la fonction               Gustave Roussy, qui n’a pas su empêcher la                    allemand, les établissements scolaires sont des
de secrétaire de mairie, ce qui leur permet de               manifestation et le remplace à titre temporaire               lieux où s’exerce également une importante résis-
fabriquer des faux papiers et de fournir aux clan-           par Jérôme Carcopino qui conserve sa fonction                 tance « au quotidien » qui, sans passer par un
destins des tickets de rationnement. De nombreux             de directeur de l’École normale supérieure11.                 engagement dans une organisation particulière,

                                                                                                                                                                                5
De la Fondation de la Résistance - Eduscol
n’en révèle pas moins un refus de s’accommo-                    secondaire constituent en fait deux filières              civile et militaire (OCM), Les Cahiers de la Libéra-
der avec l’ordre nouveau. Des petits gestes, des                parallèles. Réservé à une élite, l’enseignement           tion pour Libération Sud, L’Université libre pour le
comportements et certaines formes de désobéis-                  secondaire, qui est payant et nécessite l’appren-         Front national ou La Revue libre pour Franc-Tireur.
sance développées par les enseignants dans le                   tissage du latin permet seul l’accès au bacca-            À partir de l’été 1942, la création d’organes
cadre de leur métier permettent de manifester                   lauréat et à l’université. Réservé aux meilleurs          communs à l’ensemble de la Résistance facilite
un désaccord avec la politique de Vichy. Parmi                  élèves du primaire après l’obtention du certi-            la diffusion de ces débats.
les attitudes les plus répandues figure le refus de             ficat d’études, l’enseignement primaire supé-                  La fondation, en juillet 1942, sous l’impul-
s’associer au culte de la personnalité rendu à                  rieur (EPS) permet l’accès à certains concours            sion de Jean Moulin, du Comité général d’études
Pétain en ne faisant pas chanter Maréchal nous                  et aux écoles normales, mais pas à l’université.          (CGE) joue un rôle décisif en ce sens. Le CGE dis-
voilà par les élèves ou en décrochant les portraits             Du fait de programmes différents entre l’EPS et les       pose de sa propre revue, Les Cahiers politiques,
du chef de l’État.                                              lycées, il n’existe enfin pas de passerelles entre        animée par Marc Bloch, qui ont pour mission de
     Les persécutions raciales n’épargnent pas                  les deux.                                                 collecter les propositions de la Résistance inté-
l’École, bien au contraire. En France, on compte                     À Londres, dès l’été 1940, de Gaulle confie          rieure pour l’après-guerre et d’en proposer des
10 000 enfants et jeunes de moins de dix-huit ans               la responsabilité des « questions intellectuelles         synthèses à Londres.
sur 76 000 déportés, du printemps 1942 à                        et juridiques » au juriste René Cassin. Lors de la             On retrouve chez les résistants de l’intérieur
l’été 1944. C’est dans le contexte de la persécu-               formation du Comité national français (CNF), en           la même volonté que chez les Français libres
tion des Juifs et des rafles qui se mettent en place            septembre 1941, ce dernier prend la charge d’un           d’engager un processus de démocratisation de
dans tout le pays à partir de 1942, et n’épargnent              Commissariat à la Justice et à l’Instruction              l’enseignement secondaire en sorte qu’émergent
plus les enfants, que les établissements scolaires              publique. En décembre 1941, un nouveau                    de son sein des élites puisées dans les racines
deviennent des lieux importants du « sauvetage ».               pas est franchi avec la constitution de quatre            populaires de la nation. Cette idée se lit dans le
                                                                commissions pour l’étude des problèmes de                 programme commun adopté en mars 1944 par
     Alors que de nombreux enfants juifs sont                   l’après-guerre16. Sous l’autorité de René Cassin,
hébergés avec l’aide de l’Œuvre de secours aux                                                                            le Conseil national de la Résistance (CNR) qui
                                                                voit ainsi le jour une Commission d’études des            proclame « la possibilité effective pour tous les
enfants (OSE) notamment, des écoles acceptent                   problèmes intellectuels et de l’enseignement.
de les scolariser pour leur permettre de conti-                                                                           enfants français de bénéficier de l’instruction et
                                                                Présidée par Joseph Cathala, professeur de
nuer leurs études. Les enfants sont scolarisés soit                                                                       d’accéder à la culture la plus développée, quelle
                                                                chimie à l’université de Toulouse avant la guerre,
par détachement d’enseignants, comme c’est                                                                                que soit la situation de fortune de leurs parents,
                                                                la commission travaille de juillet 1942 à juillet 1943.
le cas pour la maison d’enfant de Masgelier                                                                               afin que les fonctions les plus hautes soient réelle-
                                                                À Alger, après la formation du CFLN en 1943
dans la Creuse, soit par l’accueil dans les                                                                               ment accessibles à tous ceux qui auront les capa-
                                                                est créée, sous l’autorité de René Capitant, com-
classes existantes (comme à Chabannes dans                                                                                cités requises pour les exercer et que soit ainsi
                                                                missaire du CFLN à l’Éducation nationale, une
le même département). À la fin de 1942 les                                                                                promue une élite véritable non de naissance,
                                                                commission de réforme de l’enseignement. Cette
dirigeants de l’OSE choisissent de disperser                                                                              mais de mérite et constamment renouvelée par les
                                                                commission, présidée par l’historien Marcel Durry
les enfants regroupés dans les maisons afin de                                                                            apports populaires ».
                                                                est composée essentiellement d’enseignants et
leur permettre d’échapper aux rafles. Des col-                  de chercheurs (Francis Perrin, Louis Gernet ou                 Chez les résistants de l’intérieur se lit enfin
lèges et lycées dotés d’un internat accueillent                 Henry Laugier). Elle se réunit de mars à août 194417.     la volonté de promouvoir de nouvelles méthodes,
dans la Creuse de nombreux enfants juifs                                                                                  au profit d’une pédagogie active défendue
cachés par le réseau Garel. Ce fut le cas à                          Parmi les projets développés par la France
                                                                                                                          notamment par Marc Bloch pour mettre fin au
La Souterraine où le directeur, J.-B. Robert a été              libre figure celui, totalement révolutionnaire pour
                                                                                                                          « bachotage » et à des enseignements trop
reconnu « Juste » mais aussi à Bourganeuf, au                   l’époque, de créer une « École unique » et de
                                                                rendre obligatoire et d’unifier l’enseignement            théoriques, comme en témoigne son article
collège d’Aubusson, au lycée de Guéret 13.                                                                                « Sur la réforme de l’enseignement » publié dans
                                                                secondaire. Les réformateurs de la commission
                                                                Cathala l’expriment avec clarté en avril 1942 :           Les Cahiers politiques, dont il est rédacteur en
                                                                « Par expérience, nous avons la conviction que tous       chef, en juillet 1943. C’est le même Marc Bloch
  Focus                                                                                                                   qui, alors qu’il est un des chefs de la Résistance,
  • Gabrielle Perrier, l’institutrice d’Izieu.                  les enfants peuvent suivre des études secondaires ».
                                                                Le primaire devenait l’antichambre du secondaire.         écrit sur le latin en classe, quelques mois avant
  • Le lycée de La Souterraine, lieu de sauvetage                                                                        d’être fusillé 18.
     des enfants juifs en Creuse.                                    Le rapport de la commission Durr y
  • Les actions résistantes des lycéens                        d’août 1944 trace l’ébauche d’une vaste révo-
     et des enseignants et les risques encourus :               lution du système éducatif : âge de l’obligation            Focus
     focus sur des déportés ou sur des lycées victimes          scolaire porté à 16 ou 18 ans ; gratuité totale de          • Les Cahiers de l’OCM.
     de rafles.                                                 l’enseignement public ; unification des lycées, des         • Le Comité général d’études (CGE) du CNR.
  • Résister à l’école, dans l’Empire/                         écoles primaires supérieures et des cours complé-
     dans les établissements d’enseignement français            mentaires ; suppression des barrières propres à
                                                                l’enseignement secondaire traditionnel (« petites         L’École de la France libérée
      à l’étranger.
                                                                classes » des lycées, examen d’entrée en
                                                                sixième, examen des bourses, latin obligatoire).               Libérer la France, est-ce libérer l’École ?
                                                                Le baccalauréat fait l’objet de débats passion-           La Libération n’accouche pas forcément des
■ Penser l’École                                                nés, entre ceux qui proposent de le supprimer de          réformes qui avaient été envisagées par les résis-
                                                                façon à étendre à l’université la démocratisation         tants, dans la France libre ou à l’intérieur. Elle se
des lendemains
                               14
                                                                programmée et ceux qui, plus prudents, enten-             déroule aussi dans un cadre de structures sco-
                                                                daient simplement le réformer, en introduisant la         laires qu’il convient de replacer dans un temps
L’École de la France libre                                      prise en compte du contrôle continu. La commis-           plus long. Elle se déroule enfin dans un contexte
                                                                sion laissa cette épineuse question de la réforme         d’épuration de la fonction publique 19.
      La France libre s’est conçue très tôt comme               du baccalauréat en suspens.                                    La Libération se déroule, pour la France
le gouvernement légitime de la France. Il était                                                                           et pour l’essentiel d’août-septembre 1944 à
normal qu’elle développât des structures de                       Focus                                                   mai 1945, le Comité français de la Libération
réflexion sur l’avenir de la France et les réformes               • Enseignement primaire et enseignement secondaire :   nationale (CFLN) est mis en place le 3 juin 1943
à engager dans le milieu scolaire. Comme du                          deux filières parallèles et socialement marquées     et le Gouvernement provisoire de la République
côté de Vichy, la France libre considérait, elle                     à la veille de la guerre.                            française (GPRF) le 3 juin 1944. La période de
aussi, que la défaite de 1940 n’était pas qu’une                                                                          « gouvernement » du général de Gaulle dure
                                                                  • L a commission Cathala/ la commission Durry.
défaite militaire, mais révélait également une                                                                            donc ensuite moins de deux ans. Mais elle est
                                                                  • Portraits : René Cassin, René Capitant.
désagrégation profonde de la nation et de ses                                                                             importante dans bien des domaines comme
valeurs. L’École devait donc dans un tel contexte                                                                         en témoignent les réformes de structures à un
constituer l’instrument du redressement15. Au-delà              L’École de la Résistance                                  moment où la France est encore en guerre, où
d’un constat similaire, les solutions envisagées à                                                                        la refonte d’une Armée semble plus urgente que
Londres étaient totalement opposées à la poli-                       La Résistance intérieure conduit également           celle de l’École 20, où à Sétif, au Liban ou en Indo-
tique réactionnaire développée par Vichy.                       une importante réflexion sur les réformes à mener         chine des incendies font rage. Refaire l’Armée et
      Les Français libres n’accusent en effet pas               à la fin de la guerre dans le domaine scolaire.           rétablir l’ordre, donc. Il n’empêche : de 1940 à
les réformes du Front populaire et les premières                La presse clandestine est le lieu naturel et privilé-     1944, durant les jours les plus sombres comme
mesures de démocratisation de l’École d’être                    gié de la présentation des débats intellectuels de        les plus glorieux, en France comme hors du terri-
responsables de la défaite, mais considèrent à                  la Résistance. Dès 1942, la plupart des grands            toire national, des patriotes de tous bords n’ont
l’inverse nécessaire d’aller encore plus loin en                mouvements de Résistance disposent, à côté de             jamais cessé de penser à l’École des lendemains.
supprimant progressivement le caractère élitiste                leur périodique principal, de revues clandestines,        Elle est présente à la Libération.
et le recrutement « bourgeois » de l’enseignement               le plus souvent d’une haute tenue intellectuelle,              La question scolaire est posée à la fois par la
secondaire. Au cours de l’entre-deux-guerres,                   consacrées aux questions culturelles et poli-             France libre, par la France combattante, par la
l’enseignement primaire et l’enseignement                       tiques : ainsi Les Cahiers pour l’Organisation            Résistance intérieure et développée par des textes

  6        C oncours N ational               de la       R ésistance   et de la    D éportation – 2022-2023
De la Fondation de la Résistance - Eduscol
issus de commissions, de groupes d’études et de                                    À la Libération se font jour et s’opposent cepen-                                            La plupart des projets de réformes sur
rapports. Les débats intellectuels qui ont eu lieu                                 dant des stratégies politiques marquées par                                             la démocratisation et la mise en place d’une
pendant la guerre, marqués à la fois par le trau-                                  un dissensus croissant 23. La laïcité, la réforme                                       école unique sont repris dans le rapport de la
matisme de la défaite, l’inadaptation de l’École                                   scolaire et la question de l’enseignement privé                                         commission Langevin - Wallon qui travaille du
de la IIIe République et de son enseignement trop                                  traversent les positions divergentes des partis,                                        8 novembre 1944 au 19 juin 1947 29. Si le
abstrait et la nécessité d’une réforme de l’ensei-                                 du tripartisme de 1945 à la troisième force de                                          rapport est rejeté en 1947 dans un contexte
gnement révèlent des éléments de convergence.                                      1947 24.                                                                                de guerre froide naissante, il n’en reste pas
     La question semble bien recouper celle de la                                         La France libre fait preuve d’une autre                                          moins un texte de référence, en creux comme
continuité de l’avant et de l’après, de Jean Zay                                   audace 25. Autour de la question décidément cen-                                        en relief, qui pourra inspirer certaines réformes,
à 1945, et s’articule autour de deux grands                                        trale des élites et de leur rôle se trace une ligne de                                  des années 1950 jusqu’aux années 1970. C’est
moments : le Front populaire et l’immédiat après-                                  partage. Pour les résistants, il faut les renouveler,                                   également dans l’esprit de l’École de la Libéra-
guerre. Quelle est la part relative de la France                                   pour les Français libres, il faut les ouvrir. Le général                                tion qu’on peut évoquer celles qu’entreprend le
libre et de la Résistance dans les réformes de                                     de Gaulle l’écrit : « Plus que jamais, il me fallait                                    général de Gaulle dès 195830.
la Libération ? Quelle est la postérité de cette                                   donc prendre appui dans le peuple, plutôt que
période courte et intense, qui s’ouvre en 1940                                     dans les “élites” qui entre lui et moi tendaient à
avec le traumatisme de la défaite, culmine de                                      s’interposer ». Les opposant, de Gaulle ajoute que                                           Focus
septembre 1944 à janvier 1946 et semble s’arrê-                                    « jamais la masse des Français ne tint la défaite                                            • Le rapport Langevin-Wallon.
ter avec le départ du général de Gaulle ? Quelle                                   pour acquise 26 » . Le sujet vient évidemment                                                • Portraits de quelques résistants qui deviennent des
est la réalité d’un « banc d’essai » du gaullisme                                  achopper sur celui des études longues : pour les                                                acteurs des évolutions scolaires après la guerre : ex.
de l’immédiat après-libération du territoire ?                                     Français libres, l’élitisme républicain ne suffit pas.                                          l’inspecteur général Louis François 31 et l’inspecteur
     Une réflexion l’emporte sur les autres : mal-                                 L’attitude des corps intermédiaires est mise en cause.                                          général Gustave Monod, directeur de l’enseignement
gré les réformes entamées par le Front populaire,                                  Un lien direct et indispensable entre le peuple et                                              du second degré au sein du ministère.
l’École n’est pas assez démocratique. Surtout, des                                 ses élites doit passer par une refonte de l’École !                                          • F ormer des élites au service de l’État : la création de
élites mal éduquées ont failli, même si les fils ont                               De ce point de vue, des réformateurs d’Alger                                                    l’École nationale d’administration en 1945.
pu racheter les fautes de leurs pères, en particulier                              au GPRF de Paris, les sujets ne manquent pas :                                               • H istoire et mémoires de l’École : enquêtes dans les
dans la France libre 21. Démocratiser l’École, c’est                               la formation des maîtres, le lycée comme                                                        établissements scolaires, plaques commémoratives
la rendre plus ouverte et méritocratique, comme                                    épicentre de l’École, la démocratisation                                                        et cérémonies, associations d’anciens élèves et
l’écrit le CNR 22. Former les élites, c’est tout                                   comme finalité.                                                                                 d’enseignants…
l’objectif des inspecteurs généraux de l’Instruction                                      On y retrouve d’authentiques et audacieux
publique Gustave Monod et Louis François.                                          réformateurs : René Capitant, ministre de l’Édu-                                             L’École, celle des jours sombres jusqu’aux
     Mais l’« audace réformatrice » n’est pas la                                   cation nationale du GPRF, Gustave Monod,                                                lendemains de la Libération pose encore, à
même chez tous. Les résistants de l’intérieur sont                                 directeur de l’enseignement du second degré                                             l’École d’aujourd’hui, des questions toujours
partisans d’une réforme radicale, mais leurs                                       de 1944 à 1951 27, Louis François. Ce dernier                                           actuelles. C’est dans ce dialogue du passé au
projets se révèlent in fine plus modérés que                                       réalise une synthèse de l’École, de la Libération                                       présent et du présent au passé que notre École
ceux de la France libre… La condamnation du                                        et de la République. Officier sous les ordres du                                        peut rendre hommage à l’École de la France
bachotage ne va pas jusqu’à l’anti-intellectua-                                    général de Gaulle à la 4e division cuirassée                                            libre, de la Résistance et de la Libération.
lisme. Ce n’est pas parce que Vichy a dévoyé                                       de réserve en mai-juin 1940, il est résistant
l’État qu’il faut s’en passer. L’Éducation doit être                               du réseau Confrérie Notre-Dame, déporté.
nationale et l’École doit être publique. Des textes                                Inspecteur général de l’Instruction publique en                                                                                       Tristan Lecoq
de la Résistance intérieure, c’est cependant une                                   1945, il introduit dans les années qui suivent
forme de prudence qui émerge, ce qui permet                                        l’instruction civique, jusque-là réservée à l’école                                                    Inspecteur général (histoire-géographie)
d’éluder les questions les plus fondées : laïcité,                                 élémentaire, dans l’enseignement secondaire 28.                                                                   Président du collège national
école unique, avenir de l’enseignement supérieur.                                  Pour former les élites à la République !                                                                           des correcteurs du CNRD 32

1. Pour une lecture d’ensemble de la période, Tristan Lecoq et Laurent             5 000 lycéens et étudiants sur 50 000, soit 1/10 des effectifs de l’époque.            23. Isabelle Clavel, « Réformer l’École après 1944 : du consensus au dissen-
Douzou (dir.), Enseigner la Résistance, Paris, Canopé, 2016 ; Sébastien            Rapporté aux effectifs d’aujourd’hui, soit 200 000 collégiens et lycéens et            sus entre la SFIO et le MRP » Histoire@Politique. Politique, culture, société,
Albertelli, Julien Blanc et Laurent Douzou, La Lutte clandestine en France.        300 000 étudiants, ce chiffre donnerait 50 000 manifestants, en pleine                 Paris, n° 18, septembre-octobre 2012.
Une histoire de la Résistance 1940-1944, Paris, Seuil, La Librairie du             Occupation.                                                                            24. Les débats de la commission Philip, réunie le 6 novembre 1944 pour
XXIe siècle, 2019 ; Fabrice Grenard, Le Choix de la Résistance, Paris, PUF, 2021   12. Élève en classe préparatoire à l’École navale, Émile Chaline rejoint Londres       étudier le problème des écoles publiques et privées, en sont un témoignage.
et, pour l’histoire de l’École, Jean-François Condette, Jean-Noël Luc et           quelques jours après l’appel du 18 juin. Élève officier des Forces navales fran-       Sur ce point, on lira Antoine Prost, « La commission Philip sur la laïcité »
Yves Verneuil, Histoire de l’enseignement en France XIXe-XXIe siècle               çaises libres (FNFL), il fait carrière dans celles-ci puis dans la Marine nationale.   in Christian Chavandier et Gilles Morin (dir.), André Philip, socialiste,
(chapitre 9 « L’École dans la Seconde Guerre mondiale.1939-1945 », Paris,          Il quitte le service armé en 1981 comme vice-amiral d’escadre.                         patriote, chrétien. Colloque « Redécouvrir André Philip » tenu à l’Assemblée
Armand Colin, 2020, p. 205-215.                                                    13. Le sauvetage des enfants juifs de France. Actes du colloque de                     nationale les 13 et 14 mars 2003, Paris, Comité pour l’histoire économique
2. Sur le déplacement et l’accueil des Alsaciens dans le Sud-Ouest de la           Guéret, 29 et 30 mai 1996, Association pour la recherche et la sau-                    et financière de la France, 2005.
France Shannon L. Fogg, The Politics of Everyday Life in Vichy France :            vegarde de la vérité historique sur la Résistance en Creuse, 1998.                     25. Jean-François Muracciole, « La Résistance, l’éducation et la culture » in
Foreigners, Undesirables and Strangers, Cambridge University Press, 2011.          Pour une approche générale des stratégies de sauvetage des Juifs en                    Tréma 12/13 2010.
3. Le nombre de bacheliers en 1939 est de 27 000, soit 8 % de la tranche           France, Jacques Semelin, La Survie des Juifs en France 1940-1944,                      26. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 3, « Le Salut 1944-1946 »,
d’âge correspondante de la population française.                                   Paris, CNRS éditions, 2018.                                                            Paris, Plon, 1954, p. 592.
4. Matthieu Devigne, L’École des années noires. Une histoire du primaire en        14. La thèse de Jean-François Muracciole « Les projets de la France libre              27. Rémy Handourtzel, « Gustave Monod à la tête de l’enseignement du se-
temps de guerre, Paris, PUF, 2018.                                                 et de la Résistance en matière d’éducation (enseignement, jeunesse, sport,             cond degré » Les Cahiers de l’animation 1986 IV, V numéro 57/58, Paris,
5. Rémy Handourtzel, Vichy et l’École 1940-1944, Paris, Noêsis, 1997 et Ju-        culture) 1940-1944 » soutenue en 1995 à l’université Lille III est une source          1986. Gustave Monod connaîtra de 1947 à 1951 cinq ministres de l’Éducation
liette Fontaine « Réformer l’École sous Vichy. Changements et permanences          essentielle pour traiter de l’ensemble du sujet. Elle est publiée sous le titre        nationale.
de l’institution scolaire dans la France occupée (1940-1944) », in Éducation       Les Enfants de la défaite : la Résistance, l’éducation et la culture, Paris,           28. C’est la circulaire du 10 mai 1948 qui développe ses conceptions d’une
et sociétés, n° 36/2015/2, Paris, 2015.                                            Presses de Sciences Po, 1998.                                                          formation à la vie civique de la communauté politique des lycéens, futurs
6. L’agrégation de géographie est créée en 1943. Sur l’histoire de la géo-         15. L’ouvrage de Marc Bloch L’Étrange Défaite, Paris, Gallimard, 1990                  citoyens. C’est en 1959 que Louis François, membre du cabinet de son ami
graphie entre 1939 et 1945, voir Nicolas Ginsburger, Marie-Claire Robic et         montre bien la façon dont le traumatisme de 1940 provoque une réflexion,               André Boulloche, compagnon de la Libération et ministre de l’Éducation natio-
Jean-Louis Tissier (dir.), Géographes français en Seconde Guerre mondiale,         chez les résistants, sur l’École et sa réforme.                                        nale du général de Gaulle, obtient que soit confié aux professeurs d’histoire
Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021.                                              16. Décret du 2 décembre 1941, Journal officiel de la France libre, 20 jan-            et de géographie l’enseignement de l’instruction civique. C’est à ce moment
7. Sur la Révolution nationale à l’École, Rémy Handourtzel, « Vichy ou l’échec     vier 1942, p. 2.                                                                       que sont dessinés les premiers contours d’un concours de la Résistance.
de l’école nationale (été 1940-été 1944) » in Benoît Falaize, Charles Heimberg     17. Arrêté du 21 janvier 1944, Journal officiel de la République française             29. Arrêté du 8 novembre 1944 portant création d’une Commission d’études
et Olivier Loubes (dir.), L’École et la nation, Paris, ENS éditions, 2013.         (Alger), 29 janvier 1944, p. 88.                                                       pour la réforme de l’enseignement Journal officiel de la République
8. Tristan Lecoq, « Gustave Monod : l’inspecteur général qui a dit non »           18. Marc Bloch, capturé dans la nuit du 8 mars 1944, est emprisonné à                  française, 10 novembre 1944, p. 1268.
in L’Histoire, n° 357, octobre 2010.                                               Montluc et fusillé le 16 juin par les Allemands.                                       30. Pour une lecture de cette période, on lira Serge Berstein, Pierre Birnbaum
9. Fabrice Grenard, « Les instituteurs dans les maquis » in Le Maitron,            19. François Rouquet, « Mon cher Collègue et Ami ». L’épuration des                    et Jean-Pierre Rioux (dir.), De Gaulle et les élites, Paris, Éditions La Découverte,
janvier 2018.                                                                      universitaires (1940-1953), Rennes, PUR, 2010.                                         2008 (Bruno Poucet, chapitre 8, « Les cadres de l’Éducation nationale et les
10. Fabrice Grenard, Une légende du maquis. Georges Guingouin, du mythe            20. Tristan Lecoq, « Refaire l’Armée française (1943-1945) : l’outil mili-             ambitions gaulliennes de réforme pour l’école et l’université » p. 128-142).
à l’histoire, Paris, Vendémiaire, 2014.                                            taire, l’instrument politique, le contrôle opérationnel » in Guerres mondiales         31. Jean-Paul Martin, Nicolas Palluau (dir.), Louis François et les frontières
11. Maxime Tandonnet, 1940. Un autre 11 novembre, Paris, Tallandier,               et conflits contemporains, n° 257, janvier-mars 2015, Paris, Presses univer-           scolaires, Rennes, PUR, 2014.
2009 et Alain Monchablon, « La manifestation à l’Étoile du 11 novembre             sitaires de France, avril 2015.                                                        32. Cette note de cadrage n’aurait pas été possible sans le remarquable
1940. Histoire et mémoires », in Vingtième siècle. Revue d’histoire,               21. Jean-François Muracciole, Les Français libres. L’autre résistance, Paris,          travail préparatoire accompli par Fabrice Grenard, agrégé et docteur en
2011/2, n° 110, p. 67-81. Sur le rôle de l’historien Jérôme Carcopino              Tallandier, 2009.                                                                      histoire, directeur historique et chef du département recherche et
au cours de la période, Stéphanie Corcy-Debray, Jérôme Carcopino,                  22. Claire Andrieu, Le Programme commun de la Résistance. Des idées dans               pédagogie de la Fondation de la Résistance. Qu’il reçoive l’expression de ma
un historien à Vichy, Paris, L’Harmattan, 2003. La manifestation rassemble         la guerre, Paris, Éditions de l’Érudit, 1984.                                          reconnaissance. Cette note n’engage par ailleurs que son signataire.

                                                                                                                                                                                                                                                   7
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