Décarbonés : carburants, combustion - Vers des transports - Mediachimie
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Sophie Jullian Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers Sophie Jullian est directrice scientifique de l’Institut Français du Pétrole Énergies Nouvelles1 (IFPEN). La chimie est une des sciences veut remonter aux sources fondamentales mises en jeu de l’énergie disponible sur la pour faire progresser la ques- Terre, on aboutit invariable- tion du transport. Dans cet ou- ment à l’énergie solaire qui vrage, le Chapitre de S. Candel a permis, par le phénomène le met en évidence en ce qui de photosynthèse, de créer concer ne l a combustion des liaisons entre atomes de (motorisations thermiques), carbone, à partir de la rup- mais c’est vrai de façon plus ture des liaisons carbone- générale. En effet, quels oxygène du gaz carbonique qu’ils soient, les véhicules ont et ox ygène-hydrogène de besoin d’énergie pour rem- l’eau – autant de phénomènes plir leur usage de mobilité. entièrement chimiques. C’est Et l’énergie, c’est avant tout la photosynthèse qui par ces de la chimie – puisqu’elle est transformations a produit associée à la transformation toute la biomasse, laquelle de la matière et provient de la a donné naissance au pé- rupture de liaisons à l’échelle trole et au charbon ; c’est moléculaire. Ainsi, si l’on l’énergie de cette liaison 1. www.ifpenergiesnouvelles.fr
Chimie et transports carbone-carbone que l’on les transports et des ques- récupère en brûlant les com- tions de portée plus large, bustibles fossiles. Ainsi, le comme l’impact environne- lien entre chimie et transport mental ou la disponibilité des apparaît tout naturellement ressources. au travers des considérations énergétiques. Depuis ses origines, l’histoire des transports est également 1 Le contexte de l’évolution des transports indissociable de la notion d’ef- ficacité énergétique : afin de 1.1. Besoins et utilisation diminuer la quantité d’éner- des énergies gie nécessaire pour un dé- placement donné. En effet, la Le contexte énergétique dans capacité à déplacer des biens lequel nous vivons impose de et des personnes par l’usage réduire la dépendance vis-à- efficace de ressources est vis des énergies fossiles, par l’un des fondements de notre nature finies ; c’est pourquoi civilisation actuelle et c’est il faut diversifier les sources par exemple la disponibilité d’énergie. En parallèle s’im- d’énergies fossiles liquides, à pose aussi la nécessité de fort contenu énergétique, qui contrôler le réchauffement a permis l’essor de la mobilité climatique en s’attaquant aux individuelle. Cependant, « di- rejets de gaz à effet de serre. minuer la quantité d’énergie » Par ailleurs, évidemment, il ne se limite pas à diminuer la reste fondamental d’accom- consommation de carburant ; pagner les besoins et les il faut aller au delà et donc re- usages de la mobilité, dont garder l’ensemble du cycle qui la société fait de plus en plus conduit à minimiser l’impact usage. de cette utilisation de carbu- La Figure 1 présente des pro- rant sur l’écosystème global jections de la demande totale de la planète. Ceci amène à en énergie, des émissions de prendre en considération les CO2 et de la production de pé- couplages importants entre trole. Le monde requiert de Figure 1 Demande mondiale Émissions de CO2 Pic du pétrole ? La question de l’énergie entre en énergie 2008/35 : + 21 % la demande énergétique mondiale, 2008/35 : + 36 % les émissions de CO2 2015, 2040... ? et le peak oil. + 1,2 %/an + 0,7 %/an 35 + 1,9 %/an 16,7 + 1,9 %/an 12,2 29 21 8,7 1990 2008 2035 1990 2008 2035 1970 2010 2100 Gt équivalent Gt pétrole 196
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers plus en plus d’énergie mais à son avec l’accroissement de partir de ressources fossiles, la consommation d’électricité. cela conduit à de plus en plus L’amélioration du PIB des pays d’émissions de CO2. émergents – donc de leur ni- Premier défi : il faut maîtriser veau de vie – se traduit naturel- cette évolution pour éviter des lement par un accroissement catastrophes climatiques et de leur demande en énergie environnementales comme électrique (courbe orange), par exemple le réchauffement pour des usages domestiques climatique ou l’acidification visant à l’amélioration de la des océans. La question de la qualité de vie. Mais l’accrois- disponibilité des ressources sement est encore plus mar- constitue un deuxième défi. qué pour la consommation Elle est résumée par la notion liée au surcroît de demande de « peak oil », qui marque le pour la mobilité (courbe rouge). moment où s’amorcera une Derrière ce constat, se des- décroissance des réserves sine l’extension du modèle de fossiles connues ou escomp- société occidental qui a fait du tées. Même si la date précise libre accès à la mobilité indivi- de ce peak oil – qui englobe duelle un de ses fondements. toutes les ressources fossiles, pétrole et gaz, qu’ils soient ou non conventionnels – reste 1.3. Dans quelle mesure incertaine, elle se situe à un peut-on compter sur les horizon assez proche selon motorisations alternatives ? la plupart des scénarios (cer- Malgré les efforts importants tains considèrent même qu’on qui sont faits pour développer l’a déjà franchi !). des motorisations alternatives (moteurs électriques, mo- teurs hybrides) et malgré les 1.2. La demande en mobilité succès techniques auxquels est en forte croissance on peut encore s’attendre de La Figure 2 illustre la corréla- ce point de vue, les moteurs tion entre la mobilité et l’évo- thermiques (conventionnels) lution du PIB, par comparai- resteront très largement Figure 2 Millions de tonnes équivalent pétrole 3 500 Impact du PIB sur la demande 3 000 2030 énergétique. 2 500 2 000 2000 1 500 1 000 1971 500 0 0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 120 000 PIB (milliards de $ 1995) Mobilité Demande en électricité 197
Chimie et transports bustibles) sont ce que nous 500 avons appelé les motorisa- 400 tions alternatives ; tous les Millions de véhicules autres utilisent en totalité ou 300 en partie des motorisations 200 thermiques alimentées par des carburants constitués 100 d’hydrocarbures liquides. 0 Autres Hybrides Conventionnel Autres Hybrides Conventionnel Dans le scénario dérégulé, 2010-20 2020-30 celui où aucune contrainte OCDE Non-OCDE forte ne vient orienter les choix des usagers, il n’y a quasiment que le véhi- cule à motorisation tradi- Figure 3 majoritaires dans les décen- tionnelle qui apparaît ; en nies à venir, à l’échelle plané- revanche, s’il y a un accom- Taux de véhicules alternatifs taire, tirés notamment par les pagnement réglementaire ou traditionnels dans les pays (scénario régulé), on observe besoins des pays émergents. occidentaux et émergents En effet, même s’il se des- alors l’émergence progres- pour 2010-2020 et 2020-2030. sine une tendance forte sur sive d’une proportion de véhi- les pays occidentaux à aller cules alternatifs. Toutefois, vers des solutions à l’effica- même dans ce cas, cette pro- cité énergétique accrue, via portion restera à un niveau l’hybridation et des motori- modéré : vraisemblablement sations alternatives, cette moins de 10 % du marché en tendance mettra davantage 2030. Même s’il ne s’agit que de temps à apparaître dans de scénarios prévisionnistes, les pays émergents. Cette on peut considérer qu’ils situation est résumée sur la fixent tout de même le cadre Figure 3, issue d’une publica- d’un avenir probable sur le- tion de l’OCDE2. quel se fonde la justification Ces tendances générales des axes de recherche et des ressortent aussi d’une étude moyens qui y sont consacrés. de prospective récente du Or, à cet égard, il faut bien World Energy Council. Deux constater que la solution du scénarios extrêmes y ont été problème de l’énergie dans envisagés : l’un dit « régulé » les transports ne reposera grâce à des actions incita- pas seulement sur l’arrivée tives ou dissuasives des États des motorisations alterna- (Figure 4A), l’autre « déré- tives. La priorité d’action pour gulé » (Figure 4B). Ces figures améliorer les motorisations représentent, dans chacun conventionnelles se justifie à des scénarios, l’évolution à la fois pour des questions de 2050 de la répartition entre ressource (efficacité énergé- les modes de motorisation tique et rejet de CO2) du fait utilisés pour les véhicules de l’urgence relative qu’il y terrestres. Les rectangles a à maîtriser les émissions rouges (voitures électriques) de CO 2 (voir ci-après), mais et gris (voitures à pile à com- aussi pour des questions en- vironnementales (émissions 2. Global Transport Scenarios 2050 polluantes et qualité de l’air) 198 – Worls Energy Council, 2011. qu’il ne faut pas négliger.
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers A B 2 200 2 000 2 000 1 800 1 800 Scénario « régulé » Scénario « dérégulé » 1 600 1 600 1 400 1 400 1 200 1 200 1 000 1 000 800 800 600 600 400 400 200 200 0 0 05 10 15 20 25 30 35 40 45 50 05 10 15 20 25 30 35 40 45 50 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Pile à combustible à hydrogène Diesel de type ICEV Essence de type hybride Diesel de type hybride Véhicule électrique Gaz fioul ICEV Gaz fioul hybride Hydrogène hybride Essence de type ICEV Combustible liquide pour voiture électrique rechargeable Figure 4 A) Évolution du mix énergétique pour la mobilité (cas régulé). Le déploiement de solutions « exemptes de thermique » va se situer durablement entre marginal et modéré (< 10 % dans le monde en 2030). B) Évolution du mix énergétique pour la mobilité (scénario dérégulé). ICEV = « Internal Combustion Engine Vehicle » (véhicule avec moteur à combustion interne). 2 Les recherches pour l’amélioration des motorisations maires d’énergie conduisant à une diversité des solutions énergétiques pour les mo- et la diversification torisations. D’un côté, plu- des ressources sieurs ressources alimentent en carburant la production de nombreux vecteurs énergétiques utili- Un champ de progrès impor- sables pour mettre en œuvre tant pour les motorisations la mobilité. De l’autre, diffé- Figure 5 conventionnelles se trouve rentes motorisations mettent dans l’amélioration de leur Évolution dans le temps de en jeu un ou plusieurs de ces l’énergie nécessaire à fournir selon efficacité, comme l’illustre vecteurs. La multiplicité de les véhicules. la Figure 5 tirée d’une publi- cation de l’Agence internatio- nale de l’énergie3 (AIE). 180 Celle-ci fournit une indication du poids énergétique de dif- 160 Référence pour l’utilisation des combustibles férentes formes de mobilité, 140 dont il ressort que le trans- 120 Énergie utilisée (EJ) port routier offre une marge de gain considérable. En ac- 100 croissant l’efficacité des mo- 80 torisations associées, on peut donc espérer des réductions 60 importantes des émissions de 40 Combustible restant CO2 qui seront déterminantes avec amélioration de son économie pour l’objectif de limitation 20 du réchauffement climatique. 0 2010 2020 2030 2040 2050 La Figure 6 fournit par ail- leurs une présentation des Économies en : dif férentes sources pri- Camions et bus : référence haute Véhicules légers Carburants de remplacement et transfert modal Camions et bus : référence efficace Écart sur la route 3. Technology Roadmap - Fuel Eco- Évolution de la demande énergétique selon le le scénarion de réchauffement climatique de l’IAE à + 2 % nomy of Road Vehicles/AIE – 2012. 199
Chimie et transports Figure 6 ces derniers et des chemins Si la nature et la qualité des possibles, qui sont autant de carburants contribuent signi- Panorama des ressources filières, met en évidence la ficativement à la réduction des et des vecteurs énergétiques pour les différentes formes diversité des voies possibles émissions de polluants, dans de motorisation. et pointe ainsi les besoins en le cas du CO2, une part essen- R&D pour arriver aux solu- tielle des progrès est venue tions requises, voies pour d’avancées dans les technolo- lesquelles la chimie est une gies « moteur ». Comme indi- clé d’entrée majeure. qué dans cet encart, différents Les progrès accomplis au axes d’innovation ont contri- cours des deux dernières bué à ce résultat, aussi bien décennies ont permis de ré- pour les moteurs à essence duire bien entendu les rejets que diesel. polluants en Europe, grâce L’amélioration des carburants aux règlements édictés (au- se fait d’une part dans une jourd’hui Euro V), mais aussi logique de meilleure adéqua- la consommation des véhi- tion avec les nouvelles tech- cules et donc les émissions de nologies de moteur pour per- CO2. On observe donc que ces mettre leur fonctionnement améliorations ont été supé- optimal. On est alors dans rieures depuis 2001, essen- une démarche d’évolution tiellement sous l’impulsion continue des formulations. Il de la réglementation (voir peut aussi s’agir de proposer l’Encart : « Axes de progrès des formulations avancées pour les motorisations ther- plus complexes qui seront 200 miques »). élaborées pour permettre le
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers meilleur fonctionnement pos- sible de moteurs utilisant de Axes de progrès pour les motorisations nouveaux modes de combus- thermiques tion, comme par exemple la combustion diesel homogène. Essence Cependant, le contexte régle- Distribution variable : – 10 % mentaire est l’un des drivers principaux de ces évolutions, Injection directe – combustion par auto-inflammation : aboutissant à des contraintes – 15 % de formulation de plus en plus Injection directe d’essence – downsizing : – 25 % sévères pour les carburants. Hybridation et moteur optimisé : – 40 % Un autre axe de progrès, mo- tivé par la finitude des res- Diesel sources fossiles mais aussi Downsizing : – 10 % sur des critères de durabilité, Hybridation et moteur optimisé : – 30 % porte sur l’introduction pro- gressive de carburants alter- natifs, plus pérennes ou plus propres (carburant gazeux, biocarburant, carburant syn- rants non fossiles puisque la thétique). 1re génération est déjà sur le marché, en mélange avec les Dans tous les cas, bien en- carburants traditionnels. Ce tendu la chimie et la catalyse sont d’un côté l’éthanol pour sont des disciplines essen- la filière essence, et d’autre tielles : pour adapter les part les esters d’huiles végé- procédés tant aux nouvelles tales pour le gazole. exigences réglementaires qu’aux nouvelles ressources, D’impor tants effor ts sont comme dans le cas des bio- actuellement consacrés au carburants, mais aussi pour développement des nou- en concevoir de nouveaux ou velles générations de bio- pour optimiser ceux existant carburants liquides, mais d’un point de vue du coût il faut aussi garder à l’es- énergétique (voir l’Encart : prit que les biocarburants « Recherches sur les carbu- peuvent aussi être gazeux, rants à l’IFPEN »). par exemple le biogaz, le b ioDME (dim éthy léth er ), L’utilisation croissante du gaz ou bien encore l’hydrogène naturel véhicule (GNV) appel- bio-sourcé. Pour l’accès au lera aussi de plus en plus de marché, on peut donc imagi- développements faisant appel ner qu’à un horizon plus ou à la chimie et au génie des moins lointain, les biocarbu- procédés, pour amener ce rants liquides se retrouvent type de carburant aux stan- concurrencés par ceux-ci, au dards requis et pour optimiser même titre que par l’élec- les motorisations correspon- tricité. dantes. La Figure 8 montre l’évolu- tion prévisible des carburants 2.1. Les biocarburants alternatifs d’ici à 2030. On voit Les biocarburants, issus de que la 1ère génération occu- la biomasse, sont une forme pera encore une part signi- déjà très avancée de carbu- ficative mais relativement 201
Chimie et transports Recherches sur les carburants à IFPEN Quelques mots autour des travaux qui ont été menés à IFP énergies nouvelles ! De nombreux travaux ont été menés dans le domaine de la catalyse. Ils ont conduit à une amélioration régulière de la qualité de l’essence. Un certain nombre de nos lecteurs ont connu les essences plombées. Depuis de nombreuses années, il n’y a plus de plomb dans l’essence, sans déperdition en termes de performance. Pour ne pas perdre en performance et puisque le plomb est un booster d’octane*, il a fallu améliorer les indices d’octane des essences, donc modifier la composition moléculaire des essences. En parallèle à cette modification, il a fallu désulfurer les essences et les gazoles de façon à éliminer les émissions d’oxydes de soufre mais aussi d’éviter l’empoisonnement et la désactivation des catalyseurs de post-traitement des émissions polluantes. Par ailleurs, l’amélioration de la qualité des gazoles est aussi un axe important de travail dans le domaine du raffinage (hydrotraitement, procédé d’hydrocraquage,…). Dans tous ces programmes, il s’agissait de travaux de chimie, de catalyse ; à partir du pétrole, le but était d’avoir des procédés de production d’essence, de gazole ou de kérosène, de meilleure qualité. Ces recherches ont été bien entendu des travaux de chimie, des travaux traditionnels de catalyse, d’analyse pour mesurer les compositions, caractériser les catalyseurs, les effluents, etc. Mais il faut souligner l’intense utilisation qui est faite de la « chimie compu- tationnelle** », ce qu’on appelle du « in silico pre-screening ». Tous les travaux de chimie prédictive à base de modélisation moléculaire jouent un rôle essentiel pour accélérer la mise au point de nouveaux catalyseurs (par exemple le catalyseur de la Figure 7). Figure 7 Modélisation à l’échelle atomique des sites actifs d’un catalyseur versatile basé sur des nano-cristallites hexagonaux de CoMoS. Source : Krebs E., Silvi B., Daudin A., Raybaud P. (2008). Journal of Catalysis, 260 : 276. *Un booster d’octane permet d’améliorer l’indice d’octane d’un carburant. On ajoute des produits anti- détonants (par exemple du tétraéthyle de plomb, maintenant interdit dans le monde entier pour les carburants automobiles, et encore utilisé dans les essences aviation) comme inhibiteur de cliquetis. Ces produits permettent l’utilisation du carburant additivé dans un moteur à plus haut taux de compression, et donc dans un moteur à plus haut rendement. **La chimie computationnelle (ou chimie numérique, ou chimie informatique) est une branche de la chimie qui utilise les lois de la chimie théorique exploitées dans des programmes informatiques afin de calculer structures et propriétés d’objets chimiques (molécules, solides, surfaces…), appliqués à des problèmes chimiques réels. Les propriétés recherchées peuvent être la structure (géométrie, relations entre constituants), l’énergie totale, l’énergie d’interaction, les charges, fréquences vibrationnelles, réactivité ou autres quantités spectroscopiques… 202
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers Figure 8 5,0 Les carburants alternatifs en Millions de barils par jour équivalent pétrole 4,5 2030 seront en pleine croissance. 4,0 Ils représenteront près de 10 % des carburants pour transports 3,5 terrestres (estimation Axens – 3,0 mai 2011). 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0 2005 2006 2011 2015 2020 2025 2030 est. est. est. est. est. Charbon liquide + liquéfaction directe du charbon Gaz transformé en liquide Éthanol 2e génération Biodiesel à partir de la biomasse transformée en liquide Éthanol 1re génération Biojet (huile végétale hydrogénée) Biodiesel (ester méthylique d’acides gras + huile végétale hydrogénée) s tabilisée, tandis que les rifères, amylacées ou oléagi- autres formes s’appuyant sur neuses, utilisent la biomasse des ressources qui ne sont ligno-cellulosique, c’est- pas en compétition avec l’ali- à-dire du bois, de la paille, mentaire devraient représen- des matières premières non ter une proportion croissante comestibles, et ne posent pas de la demande en carburants de problème en termes de pour la mobilité, à la fois ter- concurrence avec les filières restre et aérienne. Il existe alimentaires. Deux voies à ainsi plusieurs voies paral- forte composante chimique lèles dont on prévoit le dé- sont étudiées (Figure 9) : bouché sur le marché malgré −− une voie biochimique : à leurs contraintes respectives l’interface chimie-biologie, en termes de performance, cette voie recourt aux bio- de coût et d’investissements technologies pour opérer les à l’horizon 2020-2025. Pour transformations de la cel- produire ces différents car- lulose, et s’appuie sur des burants, des travaux de re- cultures dédiées pour produire cherche importants sont en de l’éthanol dit de deuxième cours dans le but de dévelop- génération (donc pour la filière per les procédés. essence) ; Aujourd’hui, une grande part −− une deuxième voie ther- de ces travaux porte sur les mochimique, qui consiste à biocarburants de deuxième décomposer thermiquement la génération, qui, au lieu d’uti- ressource (paille, bois…) pour liser des ressources saccha- aboutir au gaz de synthèse, 203
Chimie et transports Résidus agricoles Voie thermochimique Synthèse Gaz de Mélange (pailles) Hydro- au gazole et forestiers (gazéification) synthèse carbures Cultures dédiées Fermentation (taillis à croissance Voie biochimique Mélange Sucres à l’essence rapide) (hydrolyse Éthanol enzymatique) Voie thermochimique : différents produits possibles à partir du gaz de synthèse (y compris carburants d’aviation) Voie biochimique : moins de contraintes de taille d’installation possibilité d’une ligne dédiée au sein d’une éthanolerie G1 Figure 9 composé de monoxyde de car- l’enjeu est avant tout énergé- bone et d’hydrogène, puis pour tique et autour du bilan car- Voies thermodynamique et les recomposer, comme dans bone, et passe notamment par biochimique de production de biocarburant. un jeu de lego, sous forme la voie catalytique, grâce à la- Source : IFPEN d’hydrocarbures de synthèse quelle il est possible d’abais- via une synthèse de type Fis- ser les barrières d’énergie cher-Tropsch (ce sont les car- pour la transformation. Mais burants synthétiques appelés il s’agit aussi d’améliorer les Btl, « biomass to liquids »). rendements des procédés, en Cette voie, qui fait appel à terme opératoire. des conditions de pression et À l’inverse, la voie biochi- température élevées, est plus mique, plus douce, requiert énergivore et passe par une surtout des travaux de com- phase gaz : elle offre l’avan- tage de produire des subs- préhension et de maîtrise tituts du gazole d’excellente des processus enzymatiques, qualité (sans aromatiques, avec la nécessité de dévelop- sans soufre) mais aussi des per une ingénierie de concep- substituts du jet Fuel, puisque tion/sélection des enzymes il est possible par la chimie les mieux adaptées. de reconstruire des hydrocar- Mais dans les deux cas, l’enjeu bures au choix. économique reste primordial, Pour le développement de ces d’où le besoin d’optimiser biocarburants de deuxième l’ensemble des opérations, génération, les objectifs de l’agencement des procédés progrès qui guident la re- et leur coût de développement cherche diffèrent (Figure 10). qui pèse aussi sur leur ren- 204 Pour la voie thermochimique, tabilité.
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers Température (°C) Gaz de synthèse Synthèse Fischer-Tropsch 1 400 (CO, H2, CO2, CH4) d’hydrocarbures Gazéification (PCShydrocarbures = 44 MJ/kg4) 700 Liquéfaction Thermo-chimique Résidus agricoles 500 Upgrading (pailles) Pyrolyse rapide et forestiers (PCShuile de pyrolyse = 20 MJ/kg1) Mise en œuvre catalytique 300 Quelles sont les réactions pertinentes à catalyser ? Cultures dédiées (taillis à croissance Voie Biochimique Mélange rapide) < 100 à l’essence Extraction des sucres Fermentation alcoolique Bioéthanol fermentiscibles (PCSéthanol = 30 MJ/kg1) 1[Huber et al., 2006] 2[Goudriaan et al., 2000] 3[Kleinert et al., 2008] 4[Norton et al., 1999] 2.2. L’hydrogène carburant sité énergétique volumique Figure 10 Le fort contenu énergétique par comparaison avec les car- burants liquides. Gammes de température massique de la molécule pour la production d’hydrogène (illustré par sa Il y a tout d’abord les ques- des biocarburants de deuxième propension à engendrer des tions de sécurité des réser- génération. réactions explosives lorsqu’il voirs qui sont très prégnantes interagit avec l’oxygène), cou- dans le cas du stockage sous plé à sa grande abondance sur pression et qui ont fait l’objet Terre – puisque c’est l’un des de développements techno- constituants des hydrocar- logiques multiples, dont on bures… mais aussi de l’eau –, peut penser qu’ils pourraient a suffi à convaincre les futu- aboutir à cour t ou moyen rologues qu’ils tenaient là le terme, sous réserve d’accep- carburant du futur. Ressource tation sociale. Ce n’est en tout illimitée et combustion sans cas plus un verrou technique. pollution : rien ne pourrait lui Une autre voie pour le stockage être reproché ! est la solubilisation dans des S’il est vrai que l’utilisation solides, lequel lève la barrière de l’hydrogène pourrait utile- de la sécurité mais pose des ment contribuer au mix éner- problèmes fonctionnels dans gétique, il demeure un certain le contexte des véhicules : à nombre d’écueils avant qu’il la fois en termes de quantité devienne un vecteur énergé- stockable et de réversibilité tique banalisé pour les trans- (cinétique de désorption). Cette ports. De grosses difficultés question relève très fortement existent depuis sa production de la chimie et des maté- jusqu’à son usage, qui toutes riaux. Différentes voies sont ont trait à sa très faible den- étudiées : par chimisorption 205
Chimie et transports (cas des hydrures) ou par le véhicule est une autre physisorption sur des solides voie, plus « rupturiste », qui poreux, dotés de grandes sur- a déjà été envisagée et qui faces spécifiques (charbons permettrait de résoudre les actifs, zéolithes, nanotubes de problèmes de sécurité liés au carbone, etc.). stockage mais dont la mise en Le stockage cryogénique est œuvre se heurte à de nom- une autre manière d’augmen- breuses difficultés. Le prin- ter la densité du stockage mais cipe employé repose alors qui est très énergivore et pose sur un processus réactionnel également des problèmes de qui libère l’hydrogène : par mise en œuvre auxquels la exemple, un processus de chimie pourrait apporter des déshydrogénation d’un com- améliorations, notamment posé hydrocarboné. en termes de réservoirs de stockage (isolation thermique/ matériaux). 2.3. Autres carburants À ce jour, la production d’hy- Pour terminer sur ces pistes, drogène est essentiellement encore au stade de la R&D, basée sur des processus qui concernent les carbu- d’extraction chimique à par- rants alternatifs, on se doit tir de ressources fossiles : il de citer celles visant à l’uti- repose ainsi de manière très lisation plus efficace du gaz majoritaire sur des procédés naturel, comme le système Figure 11 de raffinage (ex : vapore- dual fuel (gazole/gaz) étudié Coût de production formage du gaz naturel) qui par IFPEN. Les recherches de l’hydrogène en fonction offrent la voie la plus écono- ne portent pas sur le car- des filières de production actuelles mique, par comparaison aux burant proprement dit mais ou potentielles. procédés électrolytiques (voir concernent la technologie SMR : Steam methane reforming la Figure 11), mais qui sont (reformage du méthane moteur : système de com- émetteurs de CO2. bustion, d’injection, et aussi à la vapeur). EVHT = électrolyse vapeur d’eau Sa production in situ par des les systèmes d’allumage pour à haute température. procédés embarqués dans améliorer l’initiation de la 10 9 8 Coût de l’hydrogène en €/kg 7 6 5 4 Coût électricité futur (prévision rapport 3 Energie 2050) 2 Coût électricité actuel 1 (centrales nucléaires amorties) 0 SMR sans SMR avec pénalité CO2 : Électrolyse EVHT Électrolyseur alcalin compensation CO2 50 €/t haute T° couplé à un champ d’éoliennes et sans connection au réseau 206
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers combustion du gaz. Le prin- leur optimisation au sein cipe des systèmes dual fuel d’un moteur est loin d’être consiste à générer un allu- atteinte. L a maî trise des mage « chimique », obtenu multiples paramètres (de par injection initiale de gazole température, de pression, dans un cycle diesel, ce qui de concentration des consti- permet d’améliorer le rende- tuants, d’injection), qui dé- ment de combustion. De cet terminent le cours de la ré- usage du gaz comme carbu- action de combustion et qui rant, il résulte des émissions sont extrêmement variables de fumée quasiment nulles en fonction des conditions grâce à l’homogénéité opti- de fonctionnement, est une male du mélange air/carbu- réelle difficulté (Figure 12). rant et à l’absence en son L’optimisation de la réac- sein de précurseurs de suie tion de combustion néces- (aromatiques, naphtènes). site leur maîtrise, laquelle En outre, le post-traitement s’appuie sur l a connais- se trouve simplifié par l’uti- sance de l’hydrodynamique lisation d’un catalyseur trois des gaz au sein du moteur. voies. Ainsi, la question de la com- bustion n’est pas seulement chimique, mais s ollicite 3 aus si l a compr éhension La combustion (cas des phénomènes aérodyna- du moteur diesel) miques lors du remplissage du moteur (turbulence, écou- 3.1. Rappel du principe lement…). de fonctionnement Figure 12 Pour les moteurs diesel, Si les réactions chimiques cette interaction entre turbu- La combustion : résultat mises en jeu dans la com- lence et chimie conditionne d’interactions entre turbulence bustion sont bien connues, l’optimisation du mélange et chimie (cas du Diesel). 207
Chimie et transports des réactifs chimiques, et pement ; cependant, cette finalement la combustion technologie a un coût et ne au plan macroscopique – favorise pas le rendement auto-inflammation, vitesse énergétique global. La modé- de combustion. Au pl an lisation ouvre une autre voie : microscopique, on a aussi en indiquant les conditions de besoin pour progresser de formation de ces polluants, comprendre comment l a elle permet de comprendre combustion se déroule et les conditions de leur appa- comment elle génère les rition et donc de déterminer molécules parasites qui pro- celles pour lesquelles ils duisent les polluants – les n’apparaissent plus – ou en suies, les particules et les tout cas, en moindre quantité. oxydes d’azote (NOx). Cette Pour les NOx, le recyclage compréhension s’appuie sur des gaz d’échappement et la des travaux de modélisation catalyse SCR (réduction cata- numérique qui font le lien lytique sélective) permettent entre ces deux échelles. de contrôler ces polluants, De nombreux laboratoires mais là aussi, la modélisa- (voir le Chapitre de S. Candel) tion a un apport extrêmement sont actifs sur ces questions bénéfique. dont l’enjeu est important Par ailleurs, la modélisa- aussi bien pour améliorer tion numérique accompagne l’efficacité énergétique (la de plus en plus les études consommation de carburant), de chimie expérimentale, que pour contrôler l’impact et particulièrement dans le environnemental – et en défi- domaine de la combustion nitive pour atteindre l’équi- moteur, leur combinaison libre souhaité entre ces deux joue un rôle fondamental. impératifs. Elle permet aux motoristes La modélisation tridimen- de concevoir des chambres sionnelle, aujourd’hui acces- de combustion mieux adap- sible grâce aux puissances tées aux besoins, d’optimi- de calcul des ordinateurs et ser les systèmes d’injection, aux logiciels adaptés, permet d’améliorer le système éner- de comprendre finement le gétique global du véhicule, fonctionnement de la chambre ou même de préciser les de combustion. Cette connais- potentialités des motori- sance permet d’ajuster les sations alternatives. Ainsi, paramètres avec précision quand on parle d’hybridation, pour réaliser l’équilibre sou- on parle de deux vecteurs haité entre contraintes d’ordre énergétiques, un vecteur énergétique (consommation) électrique et un vecteur car- et d’ordre environnemental burant liquide ou gazeux : il (rejets). faut associer l’un et l’autre Dans le cas du moteur die- dans un souci d’optimisation sel, pour lequel ce dernier de la gestion de l’énergie à critère est important, notam- bord et d’agrément d’utilisa- ment pour les émissions de tion. Cette optimisation est suies et de NOx, un mode de rendue possible par la modé- remédiation s’appuie sur la lisation de l’ensemble et par 208 filtration des gaz d’échap- la capacité qui en résulte à
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers Figure 13 Traitement des polluants issus de la combustion. choisir en continu la source à utiliser, soit seule soit en Les défis pour le traitement des polluants combinaison, pour atteindre la dépense énergétique et Défis technologiques l’impact environnemental −− intensification du procédé : vers un catalyseur 4-voies minimaux. (CO, CxHyOz, NOx, suies) ; −− diminution de la quantité de métaux précieux dans le 3.2. Traitement des polluants catalyseur ; −− impact du carburant utilisé sur la réactivité des suies ; Quoiqu’il en soit, malgré −− augmentation de la durabilité (de 100 000 à 160 000 km tous les efforts consacrés à pour la conformité des émissions). améliorer la combustion, le problème des polluants émis Solutions développées à IFPEN demeure. L’intérêt de les éli- −− conception multi-échelles du procédé, du site cata miner reste donc un enjeu lytique à l’intégration au véhicule ; fort qui continue à stimuler des travaux de recherche −− contrôle de l’injection du réducteur (urée) pour éviter dans le domaine de la cata- l’encrassement de la ligne et la fuite d’ammoniac ; lyse (Figure 13 et Encart « Les −− minimisation de l’empoisonnement et du vieillissement défis pour le traitement des du catalyseur (SOx, cendres…). polluants »). 209
Chimie et transports CO2 Extrémité bouchée fai f (c e NO ENTRÉE NO2 bl /s) 2 s fort NO2 faible c/ NO f (c/s) SORTIE NO2 for NO 2 ONO2 for t c/ t Exempt de NO s particules Ocal fort c/s Extrémité Paroi du canal O2 O O2 fort c/s NO2 NO bouchée Suie fort c/s faible c/s NO2 NO O fort c/s Pt CexZr1–xO2 Figure 14 Mécanismes catalytiques pour le traitement des particules diesel. Un modèle d’oxydation des suies par des mélanges NOx + O2 a été développé prenant en compte le degré de graphitisation et le rapport massique catalyseur /suie (c/s). Cela a permis de mettre en évidence la contribution de voies purement thermiques à fort rapport c/s. En ef fet, la minimisation des contributions physico- de l’impact environnemen- chimiques mises en jeu à la tal des motorisations ther- fois à la formation de ces par- miques repose aujourd’hui ticules et à leur destruction majoritairement sur le post- (Figure 14). traitement des gaz d’échap- pement. Or l’usage des sys- tèmes de post-traitement est 3.3. Les émissions du puits une source d’accroissement à la roue de la consommation d’éner- Un élément déterminant pour gie, en raison des pertes de le choix des filières repose charges qu’ils occasionnent. sur l’analyse des cycles de Par ailleurs, certains font vies. Il s’agit d’une approche l’objet de régénérations pé- qui consiste à comparer une riodiques (comme les filtres voie énergétique en termes à par ticules, les pièges à de rejets de gaz à effet de NOx), et tous doivent garder serre évalués depuis le mo- leur efficacité dans la durée. ment de la production de la L’amélioration de leur fonc- filière énergétique jusqu’au tionnement sur ces différents moment où l’énergie a été aspects est donc nécessaire. récupérée sur le véhicule. La Pour le traitement des par- Figure 15 illustre le position- ticules de diesel, une dé- nement des ces différentes marche de compréhension filières en terme d’émissions des phénomènes a été suivie de gaz à effet de serre ra- par les chercheurs d’IFPEN. mené à leurs consommations Elle a consisté à développer énergétiques respectives, des modèles d’oxydation des et guide quant aux progrès 210 suies et à simuler l’ensemble attendus.
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers 400 Émissions GES WtW (g CO2/100 Km) 300 sans dégrader Essence les usages ni le coût ! et gazole 200 ref. gas. 2002 100 GNV 0 Bio-diesel BtL Éthanol ref. gas. 2002 –100 –200 0 100 200 300 400 500 600 Énergie WtW (MJ/100 Km) Essence Éthanol de blé Diesel de synthèse à partir de charbon Gazole Éthanol de cellulose Diesel de synthèse à partir de bois GPL Éthanol de canne à sucre Diméthyléther à partir de gaz naturel Gaz naturel comprimé Méthyl t-butyléther/éthyl t-butyléther Diméthyléther à partir de charbon Biogaz comprimé Biodiesel Diméthyléther à partir de bois Éthanol de betterave sucrière Diesel de synthèse à partir de gaz naturel Figure 15 Performance environnementale et énergétique relative des carburants. Les véhicules à motorisation thermique de demain : des défis à relever pour la chimie Des travaux de recherche importants qui font la part belle à la chimie, seule ou en combinaison avec d’autres disciplines, sont nécessaires pour relever les défis scientifiques dans le domaine des véhicules à motorisation thermique, c’est- à-dire via la combustion de carburants liquides ou gazeux. 211
Chimie et transports Les besoins qu’ils visent à satisfaire en termes de performance énergétique ou environnemen- tale seront de plus en plus contraignants, dans la mesure où le moteur thermique restera pendant encore de nombreuses années le mode privilégié pour la propulsion des véhicules terrestres (et aéronautiques). Cette tendance qui paraît inéluc- table ressort essentiellement de la demande croissante de mobilité individuelle des pays émergents – malgré la tendance escomptée des pays occidentaux à s’orienter vers des alterna- tives à dominante électrique. En résumé, les objectifs de progrès pour l’amé- lioration énergétique des véhicules sont les suivants : – viser des carburants à impact CO2 mini- misé, en s’orientant vers des biocarburants qui permettent de tendre vers la neutralité carbone ; – continuer à développer de nouveaux carbu- rants – carburants alternatifs diversifiés ou traditionnels – et des modes de combustion adaptés pour optimiser leur usage ; – pour les carburants conventionnels, il faut poursuivre l’amélioration de la combustion dans les moteurs ; mieux comprendre et mieux modé- liser les phénomènes qui ont lieu à l’intérieur des chambres de combustion pour améliorer l’adéquation du carburant au moteur et amélio- rer leur rendement de combustion (c’est-à-dire leur taux de transformation), et par la même occasion minimiser les rejets ; – enfin, améliorer le post-traitement qui reste un enjeu fort, en particulier pour le moteur diesel, notamment sur la question des parti- cules et des oxydes d’azote. Pour les chercheurs, l’espace est très ouvert. De nombreux travaux de recherche et voies de développement sont aujourd’hui possibles dans 212 le domaine des carburants pour la propulsion
Vers des transports décarbonés : carburants, combustion et post-traitement pour les transports routiers des véhicules, qu’ils soient conventionnels avancés ou alternatifs. Le contexte actuel et à venir conduira à la diversification des modes de propulsion et des sources d’énergie mais il reste beaucoup à faire pour améliorer les solutions dites conventionnelles. Dans tous les cas, la palette des améliorations possibles est large, en combinant le recours aux sciences dures, dont en grande partie la chimie, avec un autre ingrédient tout aussi accessible aux jeunes diplômés, à savoir la créativité. 213
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