DELVILLE MANAGEMENT WEBINAIRE - APRES LA CRISE SANITAIRE, LA CRISE ECONOMIQUE EST-ELLE INEVITABLE ?
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DELVILLE MANAGEMENT WEBINAIRE APRES LA CRISE SANITAIRE, LA CRISE ECONOMIQUE EST-ELLE INEVITABLE ? Quelle analyse en faire s’agissant du volet social? Quels leviers actionner en droit du travail pour en limiter les conséquences? 21 AVRIL 2020
3 PREAMBULE : CRISE SANITAIRE VS CRISE ECONOMIQUE ? ▪ L’objet de mon propos n’est de faire ni procès d’intentions ni prophéties sur l’avenir mais simplement de dresser un état des lieux et tenter d’anticiper autant que possible les enjeux et les éventuels leviers RH que cette crise Covid-19 engendre. ▪ 35% : C’est la perte d’activité économique estimée par rapport à une situation « normale ». C’est aussi la baisse de consommation des ménages par rapport à la « normale ». Ces chiffres communiqués par l’INSEE dans le cadre de sa « Note de conjoncture du 9 avril 2020 » datent du 26 mars et devraient être mis à jour… ▪ 9,6 millions : C’est le nombre de salariés en chômage partiel, soit quasiment 1 salarié sur 2, selon Muriel Penicaud (le 20 avril 2020). ▪ 8,3 milliards d’euros : C’était le cout estimé du dispositif de chômage partiel à l’origine. Aujourd’hui, l’enveloppe a déjà dépassé les 24 milliards d’euros…
4 PREAMBULE : CRISE SANITAIRE VS CRISE ECONOMIQUE ? ▪ Ce premier bilan de la crise économique est évidemment difficile, d’autant plus difficile qu’il intervient concomitamment avec un autre bilan tout aussi douloureux : le bilan sanitaire… ▪ La tentation est grande d’opposer ces deux crises : d’un côté, ceux qui privilégient les vies humaines, de l’autre, ceux qui privilégient la santé économique du pays… ▪ Et pourtant, en préservant la santé économique des entreprises, ce sont aussi des vies (humaines) que l’on préservera… Dans leur ouvrage « Deaths of despair », Anne Case et Angus Deaton font une analyse terrifiante de l’impact sanitaire de la crise économique de 2008 : baisse de l’espérance de vie de 3 ans et plusieurs centaines de milliers de morts directement liés à la crise économique… ▪ Alors, ces deux crises ne s’opposent pas… Elles s’alimentent l’une l’autre.
5 PREAMBULE : CRISE SANITAIRE VS CRISE ECONOMIQUE ? ▪ C’est pourquoi, il faut tendre à retrouver une activité relativement normale pour éviter que la crise économique ait des conséquences sanitaires très graves à son tour. ▪ Ce qui pose la question du « Et après? ».
6 PREAMBULE : ET APRES ? ▪ Avant d’envisager les outils et les enjeux RH de l’Après-confinement, il est important de rappeler que nous sommes face à un niveau d’incertitude sans précédent : ▪ Incertitudes médicales (le virus : quelle origine? Quelles mutations?...) ▪ Incertitudes sanitaires (Que se passera-t-il après le déconfinement? Y aura-t-il une nouvelle augmentation des contaminations?...) ▪ Incertitudes macro-économiques (Quelle politique de relance budgétaire? Inflation? Prolongation du chômage partiel? Rôle de la BCE? Union Européenne…) ▪ Incertitudes micro-économiques (Quelle sera la réaction des consommateurs après le déconfinement? Y aura-t-il un véritable changement des comportements?)
7 PREAMBULE : ET APRES? ▪ Il faut bien comprendre que le déconfinement progressif du 11 mai prochain ne sonne pas le glas de la crise sanitaire. ▪ Nous ne pourrons sortir de cette crise définitivement que lorsqu’un traitement et/ou vaccin auront été trouvés… Et c’est la note positive de cette longue introduction. A peine 90 jours après la découverte du virus, 79 traitements et 49 vaccins étaient en phase d’étude et ca grâce à un formidable élan de coopération mondiale. ▪ En attendant, il va falloir faire du mieux qu’on peut pour : ✓ Maintenir l’activité et les emplois ✓ Assurer des conditions de travail sécurisantes pour les salariés ✓ Définir de nouvelles organisations du travail ✓ Motiver les salariés ✓ Profiter de cette période pour assurer des formations y compris non obligatoires
8 Stehlin & Associés 1. Conjuguer retour à l’activité et obligation de sécurité
9 1 – Conjuguer le retour à l’activité avec l’obligation de sécurité 1.1. Posé comme principe dans le cadre du confinement, le « télétravail » reste le mode de travail à privilégier après le 11 mai 2020 ▪ Le télétravail doit rester la règle impérative pour tous les postes qui le permettent (8 millions d’emploi dans le secteur privé d’après Muriel Pénicaud). ▪ Après le 11 mai 2020, le télétravail permet notamment de réduire les risques d’exposition au Covid-19 dans les transports en commun et sur le lieu de travail. ▪ Attention toutefois, ce n’est pas parce que le salarié travaille depuis son domicile que l’employeur est exonéré de toute responsabilité…Il conviendra ainsi de compléter le document unique d’évaluation et de prévention des risques (DUER) pour tenir compte des risques induits par cette nouvelle organisation du travail.
10 1 – Conjuguer le retour à l’activité avec l’obligation de sécurité ▪ Les risques concernent tant l’environnement de travail à domicile (absence d'espace dédié au domicile, bureau inadapté, non- conformité éventuelle du matériel informatique) que la dimension psychosociale (nécessité de gérer l'autonomie et l'organisation personnelle du travail, de gérer l'organisation du temps et la charge de travail, difficultés à établir des limites nettes entre les sphères professionnelle et privée notamment en raison de la présence des enfants au domicile par fermeture des écoles, isolement et limitation des interactions sociales qui peuvent être à l'origine de stress ou encore de la pratique de conduites inadaptées comme les addictions par exemple). ▪ Aussi il convient de recommander aux salariés de : ✓ Définir, dans la mesure du possible, un espace de travail dédié (au mieux dans une pièce isolée) afin de ne pas être dérangé. ✓ Aménager son poste de travail de manière à être bien installé (le travail sur écran).
11 1 – Conjuguer le retour à l’activité avec l’obligation de sécurité ✓ Se fixer des horaires : en se fixant l'heure de début et de fin et en prévoyant l'horaire de sa pause déjeuner, par exemple en indiquant les horaires dans le texte de signature de la messagerie électronique. ✓ S’octroyer des pauses régulières afin de réaliser des pauses visuelles et d'éviter de maintenir une posture assise trop longtemps (pauses de cinq minutes toutes les heures). ✓ Anticiper et planifier sa charge de travail sur la semaine pour organiser les travaux à faire selon les priorités, le temps nécessaire. Des points réguliers avec le manager sont par ailleurs nécessaires pour aider à la gestion des priorités du travail. ✓ Renseigner, lorsque l’outil le permet, son statut sur l’outil informatique : occupé, si par exemple vous travaillez sur un rapport qui nécessite de la concentration, absent en cas de pause, libre si on peut vous contacter. ✓ Garder le contact avec l’équipe : organiser des réunions téléphoniques ou en visioconférence avec les collègues, des points réguliers avec le manager…
12 1 – Conjuguer le retour à l’activité avec l’obligation de sécurité 1.2. Pour les postes non éligibles au télétravail, il est demandé aux entreprises de repenser leurs organisations après le 11 mai 2020 ▪ Rappelons que l'employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés (article L. 4121-1 du Code du travail) et que la jurisprudence va plus loin en imposant une véritable obligation de résultat/moyen renforcée. ▪ Rappelons également que cette obligation est élargie incluant, en plus des risques physiques, la protection de tous les risques auxquels un collaborateur pourrait être exposé du fait de ses missions, et notamment la protection des risques psychosociaux tels le burn-out, l’alcoolisme, l’angoisse réactionnelle… ▪ Rappelons enfin qu’en cas de manquement à son obligation de sécurité, l’employeur engage sa responsabilité civile en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle du salarié.
13 1 – Conjuguer le retour à l’activité avec l’obligation de sécurité ▪ S’il est déclaré coupable et qu’une faute inexcusable est retenue contre lui (par exemple en cas d’absence de DUERP), l’employeur pourra être condamné à indemniser le salarié sans le concours de la CRAM par exemple. Il pourra également, en fonction de la gravité de son ou ses manquements, être passible de sanctions pénales pouvant aller jusqu’à des peines d’emprisonnement. ▪ L’employeur ne pourra s’exonérer de sa responsabilité qu’en démontrant un cas de force majeure ou, à défaut, le fait que le collaborateur ait lui- même concouru à la production de son dommage. ▪ Enfin, tout salarié qui estime raisonnablement que sa situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé dispose d’un droit d’alerte et de retrait. Aucune sanction ni aucune retenue sur salaire ne pourra être opérée dès lors que le salarié a exercé ce droit de manière légitime. En revanche, tout abus pourra être sanctionné par le chef d’entreprise, notamment via une retenue sur salaire pour absence injustifiée.
14 1 – Conjuguer le retour à l’activité avec l’obligation de sécurité ▪ La protection des salariés étant une priorité absolue, il est fondamental de réfléchir dès à présent aux bonnes pratiques sanitaires nécessaires à la reprise d'activité à partir du 11 mai 2020, dans des conditions sécurisées à l’égard des salariés pour assurer leur sécurité, leur santé et leur intégrité. ▪ Pour ce faire, l’employeur n’est pas seul. Il pourra se faire assister tant par les acteurs internes que sont le CSE, les responsables sécurité…) dans le cadre d’un dialogue social plus que jamais nécessaire, mais aussi des spécialistes externes (intervenants en prévention des risques professionnels, inspecteur du travail, ingénieur conseil ou contrôleur de sécurité, INRS, organisations professionnelles de branche, médecin du travail, ….).
15 1 – Conjuguer le retour à l’activité avec l’obligation de sécurité ▪ A minima, les entreprises devront donc : ▪ Respecter strictement les gestes barrières, et en particulier : • Respect d’une distance minimale d’un mètre entre les personnes à tout moment. Si cela est impossible, port d’un masque ; • Lavage approfondi et fréquent des mains à l’eau et au savon liquide, a minima en début de journée et à chaque changement de tâche ; • Rappeler aux personnels la nécessité d’éviter de se toucher le visage, avec ou sans gants, et sans nettoyage préalable des mains. ▪ Limiter au strict nécessaires les réunions : organisation à distance ou en respectant les règles de distanciation ; ▪ Limiter les regroupements de salariés dans des espaces réduits (notamment les espaces de pause déjeuner) ; ▪ Annuler ou reporter les déplacements non indispensables ; ▪ Adapter l’organisation du travail, par exemple avec la rotation d’équipes.
16 1 – Conjuguer le retour à l’activité avec l’obligation de sécurité Exemple de fournitures générales nécessaires au respect des consignes sanitaires : ▪ Désinfectant type Javel diluée, alcool à 70°, Anios Oxy’floor ou Phagosurf ND. ▪ Lingettes désinfectantes type WIP’Anios (poignées, clavier d’ordinateurs, siège de toilettes, véhicules, engins, outillage…). ▪ Savon liquide. ▪ Essuie-mains jetables. ▪ Poubelles à pédale et couvercle pour jeter les consommables d’hygiène après usage. ▪ Sacs à déchets. ▪ Gants usuels de travail. ▪ En cas d’absence de point d’eau sur le lieu de travail, bidons d’eau clairement marqués « eau de lavage mains ». ▪ Gel ou solution hydroalcoolique (en complément, si disponible). ▪ Masques de protection respiratoire de type masque chirurgical ou de protection supérieure (en complément et pour activités spécifiques).
17 Stehlin & Associés 2. Préserver les emplois : Le dispositif exceptionnel d’activité partielle
18 2. Préserver les emplois : Dispositif exceptionnel d'activité partielle (pour circonstance de caractère exceptionnel) 2.1. Quelques rappels : En quoi consiste le chômage partiel ? ▪ Mesure phare décrétée dans l’urgence dès le début du confinement par décret du 25 mars et ordonnance du 27 mars 2020. L’objectif annoncé est de préserver les emplois, tout en réduisant les coûts supportés par les entreprises. ▪ Communément appelé chômage technique ou chômage partiel, l'activité partielle désigne un dispositif d'Etat qui permet à l’entreprise de réduire son activité, voire l'arrêter, pour l'un des motifs mentionnés à l'article R5122-1 du Code du Travail (difficultés d’approvisionnement, conjoncture économique, intempéries, autres circonstancielles exceptionnelles…).
19 2. Préserver les emplois : Dispositif exceptionnel d'activité partielle (pour circonstance de caractère exceptionnel) ▪ Sans avis préalable du CSE (à communiquer dans les 2 mois), avec un délai de réponse de 48 heures (au lieu de 15 jours) le silence valant acceptation, la demande est déposée sur un site dédié de manière rétroactive (le délai de 30 jours initial a été prolongé jusqu’au 30 avril). ▪ Au titre des heures chômées, le salarié perçoit une indemnité qui ne peut être inférieure à 70% de sa rémunération horaire brute correspondant à 84% de sa rémunération horaire nette (minimum 8,03€) et ce, dans la limite de 70% de 4,5 fois le taux horaire brut du SMIC (soit 31,98€ brut) sur une base 35 heures (heures supplémentaires non comptabilisées). ▪ Cette indemnité est totalement exonérée de cotisations patronales et salariales de sécurité sociale jusqu’à 100% du salaire (dans la limite des 35 heures) et soumise à CSG CRDS selon les taux des revenus de remplacement.
20 2. Préserver les emplois : Dispositif exceptionnel d'activité partielle (pour circonstance de caractère exceptionnel) ▪ Le dispositif d’activité partielle est élargi à certaines catégories non concernées jusque là : salariés en forfait annuel en heures ou en jours, salariés non soumis à la durée du travail (par exemple VRP, pigistes) et même les cadres dirigeants (mais seulement en cas de fermeture d’après le décret du 16 avril 2020). ▪ Le dispositif d’activité partielle peut être mis en place pour une durée maximale de 12 mois (au lieu de 6 mois). Attention toutefois, le Ministère du travail indique sur son site que la période prévisible de sous-emploi peut s'étendre jusqu'au 30 juin 2020 dès la première demande et celle-ci reste limitée à 1 000 heures par an et par salarié (correspondant aux 6 mois d’avant la réforme). ▪ Face à la crainte légitime des entreprises après le 11 mai 2020, Muriel Penicaud se veut rassurante : « Je le répète, le 11 mai on ne ferme pas le chômage partiel, parce que sinon l'entreprise se retrouverait complètement démunie, les salariés aussi, mais ça va être dégressif : au fur et à mesure que l'activité reprend, on a besoin de moins de chômage partiel ».
21 2. Préserver les emplois : Dispositif exceptionnel d'activité partielle (pour circonstance de caractère exceptionnel) ▪ Ce faisant, la ministre du travail rappelle tout de même que le chômage partiel est l’exception et non la règle…Et après le 30 juin, probablement faudra-t-il s’engager pour renouveler les demandes de prise en charge? En attendant, attention aux contrevenants… 2.2. C’est quoi une fraude au chômage partiel? Quelles sanctions? ▪ La fraude à l’activité partielle se constate sur les demandes d’indemnisation formulées par les employeurs. C’est donc le simple fait de déclarer comme heures chômées des heures au cours desquelles le salarié était en réalité à la disposition de son employeur. Si cela peut être un acte délibéré, cela peut être également une simple erreur (sans élément intentionnel) dans des cas plus complexes où les salariés sont en télétravail. ▪ L’administration se montrera particulièrement exigeante dans le cadre de ses contrôles et le ministère du travail invite les salariés à dénoncer ces situations de fraude.
22 2. Préserver les emplois : Dispositif exceptionnel d'activité partielle (pour circonstance de caractère exceptionnel) ▪ Les sanctions prévues sont particulièrement lourdes (Questions/Réponses du Ministère du travail – Mise à jour du 29 mars 2020) : ✓ Reversement des aides perçues au titre des heures indûment perçues par l’employeur ; ✓ Interdiction de bénéficier pendant 5 ans d’aides publiques ; ✓ Sanction pénale pour fausse déclaration (30 000 € d’amende) ; ✓ Sanctions pénales pour dissimulation d’emploi salarié (225 000 € pour la personne morale et 45 000 € pour la personne physique). ▪ L’Urssaf pourrait alors considérer que l’indemnité d’activité partielle doit être requalifiée en salaire et dès lors redresser le montant de celles-ci avec majorations et pénalités. ▪ Sans compter, les éventuels risques de réclamations judiciaires des salariés concernés et/ou des organisations syndicales représentatives qui pourraient saisir le conseil de prud’hommes du fait de cette situation de travail illégal.
23 Stehlin & Associés 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après confinement
24 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement 3.1. Gérer les arrêts de travail pour maladie ▪ Rappelons que le délai de carence a été supprimé par l’article 8 de la loi d’urgence du 23 mars 2020. ▪ L’articulation entre activité partielle et indemnités journalières de sécurité sociale varie en fonction de l’ordre d’attribution et du motif de l’arrêt de travail : ✓ Si le salarié est en arrêt de travail pour maladie avant à la mise en chômage partiel: Le salarié reste en arrêt maladie indemnisé jusqu’à la fin de l’arrêt prescrit. Le complément versé par l’employeur s’ajuste en revanche pour maintenir sa rémunération au niveau de ce qui est dû au titre de l’activité partielle, c’est-à-dire à 70% du salaire brut. Le complément ne peut conduire à verser plus que ce que le salarié aurait touché s’il n’était pas en arrêt maladie. Le complément employeur reste soumis aux cotisations de droit commun (considéré comme du salaire).
25 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement ✓ Si le salarié est en chômage partiel et tombe malade ensuite : L’arrêt maladie prime. Le dispositif d’activité partielle s’interrompt jusqu’à la fin de l’arrêt prescrit. Le complément versé par l’employeur s’ajuste de la même manière pour maintenir sa rémunération au niveau de ce qui est dû au titre de l’activité partielle, c’est-à-dire à 70% du salaire brut. ✓ Si le salarié est en arrêt de travail pour garde d’enfants (ou parce qu'il est considéré vulnérable)avant la mise en chômage partiel, jusqu’au 30 avril 2020, il faut distinguer 2 hypothèses (en cas de fermeture de l’établissement, le chômage partiel prime. En cas de réduction de l’horaire de travail, c’est l’arrêt de travail pour garde d’enfants qui prime. ✓ À partir du 1er mai 2020, les salariés bénéficiant de conditions dérogatoires d’indemnisation des arrêts de travail pour garde d’enfants ou parce qu’ils sont considérés vulnérables devraient basculer dans le régime d’activité partielle.
26 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement 3.2. Gérer les congés et le temps de travail ▪ Dérogations concernant les congés payés : Par accord collectif d’entreprise, ou à défaut de branche, l’employeur peut, dans la limite de 6 jours ouvrables et en respectant un délai de prévenance d’au moins 1 jour franc : ✓ Imposer aux salariés la prise de congés payés acquis, y compris avant l'ouverture de la période de prise des congés payés (1er mai 2020 dans le cas général hors aménagement conventionnel) ; ✓ Modifier unilatéralement les dates de congés payés déjà posés ; ✓ La période de congés imposée ou modifiée ne peut s’étendre au- delà du 31 décembre 2020 ; ✓ Fractionner le congé principal (4 semaines d’été) sans obtenir l’accord du salarié ; ✓ Suspendre le droit à congé simultané des conjoints dans certaines situations exceptionnelles.
27 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement ▪ Dérogations concernant les RTT et jours du CET : L'employeur peut unilatéralement : ✓ Imposer la prise, à des dates choisies par lui, de jours de RTT acquis ou de jours de repos acquis au titre d'un accord d'aménagement du temps de travail et de jours de repos acquis au titre d'un forfait- jours ; ✓ Modifier les dates de jours de repos déjà posés ; ✓ Imposer que les droits affectés sur un compte épargne-temps (CET) soient utilisés sous forme de jours de repos, dont il fixe les dates ; ✓ Le nombre total de jours de repos qui peuvent ainsi être imposés ou modifiés par l'employeur ne peut être supérieur à 10 ; ✓ Dans tous les cas, l'employeur doit respecter un délai de prévenance d’au moins 1 jour franc et la période de prise de jours de repos imposée ou modifiée ne peut s’étendre au-delà du 31 décembre 2020.
28 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement ▪ Dérogations concernant les durées maximales de travail : réservées aux seules entreprises des « secteurs d’activités particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation et à la continuité de la vie économique et sociale » fixées par décret, ces dérogations prévoient notamment : des durées maximales de travail de 12 h par jour au lieu de 10 h, de 60 h par semaine au lieu de 48 h etc…). La Direccte et le CSE devront être informés sans délai et par tout moyen. ▪ Dérogations concernant le repos dominical : peuvent faire travailler leurs salariés le dimanche : les entreprises des « secteurs d’activités particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation et à la continuité de la vie économique et sociale » fixées par décret, ainsi que les entreprises prestataires assurant pour le compte des premières des prestations nécessaires à l’accomplissement de leur activité principale. ▪ Aller plus loin en concluant des accords de performance collective (APC) permettant des modifications de durée du travail et même les conditions de rémunération… s’il répond à la condition majoritaire.
29 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement 3.3. Gérer la motivation des salariés ▪ Pour les entreprises qui ont besoin de motiver leur personnel en ce contexte particulier, la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA) peut s’avérer un instrument intéressant. ▪ La possibilité de porter le seuil d’exonération à 2000 € au lieu de 1000 € requiert la mise en place d’un accord d’intéressement, mais dont la durée peut être limitée exceptionnellement à un an s’il est signé avant le 31 août 2020. ▪ Il sera possible de moduler le montant de la prime entre les bénéficiaires (salariés dont la rémunération est inférieure à 55 419€ bruts/an) pour récompenser ceux des salariés qui ont continué d’occuper leur poste sur leur lieu de travail, faute de pouvoir télétravailler. Mais attention, elle ne pourra pas être réservée aux seuls salariés ayant eu des conditions de travail particulières durant la période d’épidémie.
30 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement ▪ La PEPA est un « plus » et ne doit pas se substituer à la priorité essentielle et obligatoire : les mesures sanitaires (qui engagent la responsabilité de de l’employeur au titre de son obligation de sécurité voire la faute inexcusable) à mettre en place dont le coût peut être conséquent (masques, gants, arrêts réguliers de la production pour se laver les mains, aménagement des postes pour respecter les distances de sécurité…). ▪ La PEPA est un outil RH intéressant s’il est conçu comme une concession supplémentaire dans le cadre d’une négociation plus globale avec le CSE.
31 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement 3.4. Gérer la carrière des salariés ▪ L’ordonnance n°2020-387 diffère jusqu’au 31 décembre 2020 la réalisation par l’employeur des entretiens d’état des lieux du parcours professionnel et suspend jusqu’au 31 décembre 2020 (en lieu et place du 31 mars 2020), l’application des sanctions légales (abondement forfaitaire de 3000 € du CPF de chaque salarié concerné) pour les entreprises n’ayant pas procédé aux entretiens dans les délais. ▪ Voilà une bonne nouvelle pour les nombreuses entreprises qui n’étaient pas à jour de leurs obligations : elles pourront mettre à profit cette période supplémentaire pour régulariser leur situation et éviter des sanctions dont l’impact financier pouvait être conséquent. ▪ Allant plus loin, le gouvernement encourage les formations non obligatoires des salariés en chômage partiel via le FNE-formation.
32 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement ▪ Créé de longue date pour aider les entreprises en difficulté, le FNE- formation a évolué à partir de 2008 comme un moyen d'aider les salariés les plus exposés à conserver leur emploi. ▪ Compte tenu de l'ampleur de la crise du Covid-19 , le ministère du Travail a décidé de permettre à toute personne en activité partielle d’en bénéficier désormais, à l'exception des apprentis ou des adultes en contrats de professionnalisation, et pour tout type de formation l'exception de celles qui sont obligatoires. ▪ La mesure était attendue mais attention au-delà de 1500 €, le dossier fera l’objet d’un examen plus approfondi…
33 3. La Gestion des Ressources Humaines au temps de l’après-confinement 3.5. Gérer l’ingérable…. ▪ Malgré les annonces en début de crise, aucun texte n’est venu interdire les licenciements économiques. Le chômage partiel est conçu comme un dispositif évitant les licenciements (rappelons les 10 millions de chômeurs aux US en 2 semaines…) ▪ Mais on sent bien que le chômage partiel ne pourra sans doute pas contenir la digue très longtemps si l’on ne parvient pas à gérer de manière flexible durée du travail et rémunération (avec les APC). La seule variable d’justement sera la rupture des contrats de travail.. ▪ Première question : Y aura-t-il des demandes de remboursement des indemnités de chômage partiel dans ce cas? La question reste ouverte… ▪ En tout état de cause, réfléchir à un cadre acceptable de ruptures conventionnelles collectives (RCC) et/ou congé de mobilité qui requièrent néanmoins la validation de l’administration (mesures d’accompagnement et de reclassement) …
DROIT SOCIAL TIER 3 LEGAL 500 EMEA 2020 Dirigée par Anna-Christina Chaves, l’équipe de quatre avocats en droit social de Stehlin & Associés intervient auprès de clients en recherche de conseils stratégiques. L’équipe fournit notamment des conseils clés dans le contexte des opérations de fusion-acquisition et des projets de transformation et de restructuration des entreprises. Elle a récemment accompagné Safran dans sa fusion avec Zodiac. L’équipe est intervenue également lors d'un différend fiscal majeur en droit du travail et a conseillé des entreprises sur la mise en place de programmes de conformité. La pratique est également Anna-Christina Chaves reconnue pour ses capacités de négociation Associée dans le cadre des sorties de dirigeants de haut niveau. “Anna-Christina Chaves et sa collaboratrice Elodie De Cock disposent d’une expertise significative et démontrent une énorme réactivité et d’importantes capacités d’anticipation. Elles offrent des conseils précis et sont extrêmement efficaces.”
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