Demain, les nains - Framablog

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Demain, les nains…
Et si les géants de la technologie numérique étaient
concurrencés et peut-être remplacés par les nains des
technologies modestes et respectueuses des êtres humains ?

Telle est l’utopie qu’expose Aral Balkan ci-dessous. Faut-il
préciser que chez Framasoft, nous avons l’impression d’être en
phase avec cette démarche et de cocher déjà des cases qui font
de nous ce qu’Aral appelle une Small Tech (littéralement : les
petites technologies) par opposition aux Big Tech, autrement
dit les GAFAM et leurs successeurs déjà en embuscade pour leur
disputer les positions hégémoniques.

Article original sur le blog d’Aral Balkan : Small technology

L’antidote aux Big tech : la Small
Tech

Les géants du numérique, avec leurs « licornes » à plusieurs
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milliards de dollars, nous ont confisqué le potentiel
d’Internet. Alimentée par la très courte vue et la rapacité du
capital-risque et des start-ups, la vision utopique d’une
ressource commune décentralisée et démocratique s’est
transformée en l’autocratie dystopique des panopticons de la
Silicon Valley que nous appelons le capitalisme de
surveillance. Cette mutation menace non seulement nos
démocraties, mais aussi l’intégrité même de notre personne à

l’ère du numérique et des réseaux1.

Alors que la conception éthique décrit sans ambiguïté les
critères et les caractéristiques des alternatives éthiques au
capitalisme de surveillance, c’est l’éthique elle-même qui est
annexée par les Big Tech dans des opérations de relations
publiques qui détournent l’attention des questions systémiques

centrales 2 pour mettre sous les projecteurs des symptômes

superficiels3.

Nous avons besoin d’un antidote au capitalisme de surveillance
qui soit tellement contradictoire avec les intérêts des Big
Tech qu’il ne puisse être récupéré par eux. Il doit avoir des
caractéristiques et des objectifs clairs et simples
impossibles à mal interpréter. Et il doit fournir une
alternative viable et pratique à la mainmise de la Silicon
Valley sur les technologies et la société en général.

Cet antidote, c’est la Small Tech.

Small Tech
                                                         4
      elle est conçue par des humains pour des humains       ;

      elle n’a pas de but lucratif 5 ;
      elle est créée par des individus et des organisations

      sans capitaux propres6 ;
      elle ne bénéficie d’aucun financement par le capitalisme

      de la surveillance des Big Tech7 ;
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elle respecte la vie privée par défaut8 ;

     elle fonctionne en pair à pair9 ;

     elle est copyleft10 ;
     elle favorise les petits plutôt que les grands, les
     simples plutôt que les complexes et tout ce qui est

     modulaire plutôt que monolithique11 ;
     elle respecte les droits humains, leurs efforts et leur

     expérience12 ;

     elle est à l’échelle humaine13.

Ces critères signifient que la Small Tech :

     est la propriété des individus qui la contrôlent, et non
     des entreprises ou des gouvernements ;
     respecte, protège et renforce l’intégrité de la personne
     humaine, des droits humains, de la justice sociale et de
     la démocratie à l’ère du numérique en réseau ;
     encourage une organisation politique non-hiérarchisée et
     où les décisions sont prises à l’échelle humaine ;
     alimente un bien commun sain ;
     est soutenable ;
     sera un jour financée par les communs, pour le bien
     commun.
     ne rapportera jamais des milliards à quiconque.

   1. Lectures suggérées : La nature du « soi » à l’ère
      numérique, Encourager la maîtrise de chacun et la bonne
     santé des biens communs, et Nous n’avons pas perdu le
                                         [retour]
      contrôle du Web — on nous l’a volé
   2. Nous avons un système dans lequel 99.99999% des
      investissements financent les entreprises qui reposent
      sur la surveillance et se donnent pour mission de
      croître de façon exponentielle en violant la vie privée
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de la population en général [retour]
3. « Attention » et « addiction ». S’il est vrai que les
  capitalistes de la surveillance veulent attirer notre
  attention et nous rendre dépendants à leurs produits,
  ils ne le font pas comme une fin en soi, mais parce que
  plus nous utilisons leurs produits, plus ils peuvent
  nous exploiter pour nos données. Des entreprises comme
  Google et Facebook sont des fermes industrielles pour
  les êtres humains. Leurs produits sont les machines
  agricoles. Ils doivent fournir une façade brillante pour
  garder notre attention et nous rendre dépendants afin
  que nous, le bétail, puissions volontairement nous
  autoriser à être exploités. Ces institutions ne peuvent
  être réformées. Les Big Tech ne peuvent être
  réglementées que de la même manière que la Big Tobacco
  pour réduire ses méfaits sur la société. Nous pouvons et
  devrions investir dans une alternative éthique : la
               [retour]
   Small Tech.
4. La petite technologie établit une relation d’humain à
  humain par nature. Plus précisément, elle n’est pas
  créée par des sociétés à but lucratif pour exploiter les
  individus – ce qu’on appelle la technologie entreprise
  vers consommateur. Il ne s’agit pas non plus d’une
  technologie construite par des entreprises pour d’autres
              [retour]
   entreprises
5. Nous construisons la Small Tech principalement pour le
   bien commun, pas pour faire du profit. Cela ne signifie
   pas pour autant que nous ne tenons pas compte du système
   économique dans lequel nous nous trouvons actuellement
   enlisés ou du fait que les solutions de rechange que
   nous élaborons doivent être durables. Même si nous
   espérons qu’un jour Small Tech sera financé par les
   deniers publics, pour le bien commun, nous ne pouvons
   pas attendre que nos politiciens et nos décideurs
   politiques se réveillent et mettent en œuvre un tel
   changement social. Alors que nous devons survivre dans
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le capitalisme, nous pouvons vendre et faire des profits
  avec la Small Tech. Mais ce n’est pas notre but premier.
  Nos organisations se préoccupent avant tout des méthodes
  durables pour créer des outils qui donnent du pouvoir
  aux gens sans les exploiter, et non de faire du profit.
  Small Tech n’est pas une organisation caritative, mais

   une organisation à but non lucratif.[retour]
6. Les organisations disposant de capitaux propres sont
   détenues et peuvent donc être vendues. En revanche, les
   organisations sans capital social (par exemple, les
   sociétés à responsabilité limitée par garantie en
   Irlande et au Royaume-Uni) ne peuvent être vendues. De
   plus, si une organisation a du capital-risque, on peut
   considérer qu’elle a déjà été vendue au moment de
  l’investissement car, si elle n’échoue pas, elle doit se
  retirer (être achetée par une grande société ou par le
  public en général lors d’une introduction en bourse).
  Les investisseurs en capital-risque investissent
  l’argent de leurs clients dans la sortie. La sortie est
  la façon dont ces investisseurs font leur retour sur
  investissement. Nous évitons cette pilule toxique dans
  la Small Tech en créant des organisations sans capitaux
  propres qui ne peuvent être vendues. La Silicon Valley a
  des entreprises de jetables qu’ils appellent des
  startups. Nous avons des organisations durables qui
  travaillent pour le bien commun que nous appelons
  Stayups (Note de Traduction : jeu de mots avec le verbe

   to stay signifie « demeurer »).[retour]
7. La révolution ne sera pas parrainée par ceux contre qui
   nous nous révoltons. Small Tech rejette le parrainage
   par des capitalistes de la surveillance. Nous ne
   permettrons pas que nos efforts soient utilisés comme
   des relations publiques pour légitimer et blanchir le
   modèle d’affaires toxique des Big Tech et les aider à
   éviter une réglementation efficace pour mettre un frein
   à leurs abus et donner une chance aux alternatives
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éthiques de prospérer.[retour]
8. La vie privée, c’est avoir le droit de décider de ce que
   vous gardez pour vous et de ce que vous partagez avec
   les autres. Par conséquent, la seule définition de la
   protection de la vie privée qui importe est celle de la
   vie privée par défaut. Cela signifie que nous concevons
   la Small Tech de sorte que les données des gens restent
   sur leurs appareils. S’il y a une raison légitime pour
   laquelle cela n’est pas possible (par exemple, nous
   avons besoin d’un nœud permanent dans un système de pair
   à pair pour garantir l’accessibilité et la
   disponibilité), nous nous assurons que les données sont
   chiffrées de bout en bout et que l’individu qui possède
   l’outil possède les clés des informations privées et
   puisse contrôler seul qui est à chacun des « bouts »
                                         [retour]
   (pour éviter le spectre du Ghosting).
9. La configuration de base de notre technologie est le
   pair à pair : un système a-centré dans lequel tous les
   nœuds sont égaux. Les nœuds sur lesquels les individus
   n’ont pas de contrôle direct (p. ex., le nœud toujours
   actif dans le système pair à pair mentionné dans la note
   précédente) sont des nœuds de relais non fiables et non
   privilégiés qui n’ont jamais d’accès aux informations

   personnelles des personnes.[retour]
10. Afin d’assurer un bien commun sain, nous devons protéger
    le bien commun contre l’exploitation et de
    l’enfermement. La Small Tech utilise des licences
    copyleft pour s’assurer que si vous bénéficiez des biens
    communs, vous devez redonner aux biens communs. Cela
    empêche également les Big Tech d’embrasser et d’étendre
    notre travail pour finalement nous en exclure en
    utilisant leur vaste concentration de richesse et de

    pouvoir.[retour]
11. La Small Tech est influencé en grande partie par la
    richesse du travail existant des concepteurs et
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développeurs inspirants de la communauté JavaScript qui
   ont donné naissance aux communautés DAT et Scuttlebutt.
   Leur philosophie, qui consiste à créer des composants
   pragmatiques, modulaires, minimalistes et à l’échelle
   humaine, aboutit à une technologie qui est accessible
   aux individus, qui peut être maintenue par eux et qui
   leur profite. Leur approche, qui est aussi la nôtre,

    repose sur la philosophie d’UNIX.[retour]
12. L a S m a l l T e c h a d h è r e au manifeste   du   Design

    éthique.[retour]
13. La Small Tech est conçue par des humains, pour des
    humains ; c’est une approche résolument non-coloniale.
    Elle n’est pas créée par des humains plus intelligents
   pour des humains plus bêtes (par exemple, par des
   développeurs pour des utilisateurs – nous n’utilisons
   pas le terme utilisateur dans Small Tech. On appelle les
   personnes, des personnes.) Nous élaborons nos outils
   aussi simplement que possible pour qu’ils puissent être
   compris, maintenus et améliorés par le plus grand
   nombre. Nous n’avons pas l’arrogance de supposer que les
   gens feront des efforts excessifs pour apprendre nos
   outils. Nous nous efforçons de les rendre intuitifs et
   faciles à utiliser. Nous réalisons de belles
   fonctionnalités par défaut et nous arrondissons les
   angles. N’oubliez pas : la complexité survient d’elle-
   même, mais la simplicité, vous devez vous efforcer de
   l’atteindre. Dans la Small Tech, trop intelligent est
   une façon de dire stupide. Comme le dit Brian Kernighan
   : « Le débogage est deux fois plus difficile que
   l’écriture du premier jet de code. Par conséquent, si
   vous écrivez du code aussi intelligemment que possible,
   vous n’êtes, par définition, pas assez intelligent pour
   le déboguer. » Nous nous inspirons de l’esprit de la
   citation de Brian et l’appliquons à tous les niveaux :
   financement, structure organisationnelle, conception du
   produit, son développement, son déploiement et au-
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delà.[retour]

Crédit photo : Small Things, Big Things by Sherman Geronimo-
Tan. Licence Creative Commons Attribution.

[retour]

À propos de l’auteur
Aral Balkan est un militant, designer et développeur. Il a co-
fondé Ind.ie, une toute petite organisation sans but lucratif
qui travaille à la justice sociale à l’ère du numérique.

Pour soutenir son travail, vous pouvez acheter Better Blocker
pour iOS et Better Blocker pour macOS ou encore vous pouvez
faire un don.

Il est disponible pour des conférences publiques et des
interviews

Nous devons nous passer de
Chrome
Chrome, de navigateur internet novateur et ouvert, est devenu
au fil des années un rouage essentiel de la domination
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d’Internet par Google. Cet article détaille les raisons pour
lesquelles Chrome asphyxie le Web ouvert et pourquoi il
faudrait passer sur un autre navigateur tel Vivaldi ou
Firefox.

Article                       original                          :
https://redalemeden.com/blog/2019/we-need-chrome-no-more

Traduction Framalang : mo, Khrys, Penguin, goofy, Moutmout,
audionuma, simon, gangsoleil, Bullcheat, un anonyme

Nous n’avons plus besoin de Chrome
par Reda Lemeden

                   Il y a dix ans, nous avons eu besoin de Google
                   Chrome pour libérer le Web de l’hégémonie des
                   entreprises, et nous avons réussi à le faire
                   pendant une courte période. Aujourd’hui, sa
                   domination étouffe la plateforme même qu’il a
                   autrefois sauvée des griffes de Microsoft. Et
                   personne, à part Google, n’a besoin de ça.

Nous sommes en 2008. Microsoft a toujours une ferme emprise
sur le marché des navigateurs web. Six années se sont écoulées
depuis que Mozilla a sorti Firefox, un concurrent direct
d’Internet Explorer. Google, l’entreprise derrière le moteur
de recherche que tout le monde aimait à ce moment-là, vient
d’annoncer qu’il entre dans la danse. Chrome était né.

Au bout de deux ans, Chrome représentait 15 % de l’ensemble du
trafic web sur les ordinateurs fixes — pour comparer, il a
fallu 6 ans à Firefox pour atteindre ce niveau. Google a
réussi à fournir un navigateur rapide et judicieusement conçu
qui a connu un succès immédiat parmi les utilisateurs et les
développeurs Web. Les innovations et les prouesses
d’ingénierie de leur produit étaient une bouffée d’air frais,
et leur dévouement à l’open source la cerise sur le gâteau. Au
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fil des ans, Google a continué à montrer l’exemple en adoptant
les standards du Web.

Avançons d’une décennie. Le paysage des navigateurs Web est
très différent. Chrome est le navigateur le plus répandu de la
planète, faisant de facto de Google le gardien du Web, à la
fois sur mobile et sur ordinateur fixe, partout sauf dans une
poignée de régions du monde. Le navigateur est préinstallé sur
la plupart des téléphones Android vendus hors de Chine, et
sert d’interface utilisateur pour Chrome OS, l’incursion de
Google dans les systèmes d’exploitation pour ordinateurs fixe
et tablettes. Ce qui a commencé comme un navigateur d’avant-
garde respectant les standards est maintenant une plateforme
tentaculaire qui n’épargne aucun domaine de l’informatique
moderne.

Bien que le navigateur Chrome ne soit pas lui-même open
source, la plupart de ses composantes internes le sont.
Chromium, la portion non-propriétaire de Chrome, a été rendue
open source très tôt, avec une licence laissant de larges
marges de manœuvre, en signe de dévouement à la communauté du
Web ouvert. En tant que navigateur riche en fonctionnalités,
Chromium est devenu très populaire auprès des utilisateurs de
Linux. En tant que projet open source, il a de nombreux
adeptes dans l’écosystème open source, et a souvent été
utilisé comme base pour d’autres navigateurs ou applications.

Tant Chrome que Chromium se basent sur Blink, le moteur de
rendu qui a démarré comme un fork de WebKit en 2013, lorsque
l’insatisfaction de Google grandissait envers le projet mené
par Apple. Blink a continué de croître depuis lors, et va
continuer de prospérer lorsque Microsoft commencera à
l’utiliser pour son navigateur Edge.

La plateforme Chrome a profondément changé le Web. Et plus
encore. L’adoption des technologies web dans le développement
des logiciels PC a connu une augmentation sans précédent dans
les 5 dernières années, avec des projets comme Github
Electron, qui s’imposent sur chaque OS majeur comme les
standards de facto pour des applications multiplateformes.
ChromeOS, quoique toujours minoritaire comparé à Windows et
MacOS, s’installe dans les esprits et gagne des parts de
marché.

Chrome est, de fait, partout. Et c’est une mauvaise nouvelle

Don’t Be Evil
L’hégémonie de Chrome a un effet négatif majeur sur le Web en
tant que plateforme ouverte : les développeurs boudent de plus
en plus les autres navigateurs lors de leurs tests et de leurs
débogages. Si cela fonctionne comme prévu sur Chrome, c’est
prêt à être diffusé. Cela engendre en retour un afflux
d’utilisateurs pour le navigateur puisque leurs sites web et
applications favorites ne marchent plus ailleurs, rendant les
développeurs moins susceptibles de passer du temps à tester
sur les autres navigateurs. Un cercle vicieux qui, s’il n’est
pas brisé, entraînera la disparition de la plupart des autres
navigateurs et leur oubli. Et c’est exactement comme ça que
vous asphyxiez le Web ouvert.

Quand il s’agit de promouvoir l’utilisation d’un unique
navigateur Web, Google mène la danse. Une faible assurance de
qualité et des choix de conception discutables sont juste la
surface visible de l’iceberg quand on regarde les applications
de Google et ses services en dehors de l’écosystème Chrome.
Pour rendre les choses encore pires, le blâme retombe souvent
sur les autres concurrents car ils « retarderaient l’avancée
du Web ». Le Web est actuellement le terrain de jeu de Google
; soit vous faites comme ils disent, soit on vous traite de
retardataire.

Sans une compétition saine et équitable, n’importe quelle
plateforme ouverte régressera en une organisation dirigiste.
Pour le Web, cela veut dire que ses points les plus importants
— la liberté et l’accessibilité universelle — sont sapés pour
chaque pour-cent de part de marché obtenu par Chrome. Rien que
cela est suffisant pour s’inquiéter. Mais quand on regarde de
plus près le modèle commercial de Google, la situation devient
beaucoup plus effrayante.

La raison d’être de n’importe quelle entreprise est de faire
du profit et de satisfaire les actionnaires. Quand la
croissance soutient une bonne cause, c’est considéré comme un
avantage compétitif. Dans le cas contraire, les services
marketing et relations publiques sont mis au travail. Le
mantra de Google, « Don’t be evil« , s’inscrivait parfaitement
dans leur récit d’entreprise quand leur croissance
s’accompagnait de rendre le Web davantage ouvert et
accessible.

Hélas, ce n’est plus le cas.

Logos de Chrome

L’intérêt de l’entreprise a dérivé petit à petit pour
transformer leur domination sur le marché des navigateurs en
une croissance du chiffre d’affaires. Il se trouve que le
modèle commercial de Google est la publicité sur leur moteur
de recherche et Adsense. Tout le reste représente à peine 10 %
de leur revenu annuel. Cela n’est pas forcément un problème en
soi, mais quand la limite entre navigateur, moteur de
recherche et services en ligne est brouillée, nous avons un
problème. Et un gros.

Les entreprises qui marchent comptent sur leurs avantages
compétitifs. Les moins scrupuleuses en abusent si elles ne
sont pas supervisées. Quand votre navigateur vous force à vous
identifier, à utiliser des cookies que vous ne pouvez pas
supprimer et cherche à neutraliser les extensions de blocage

de pub et de vie privée, ça devient très mauvais1. Encore plus
quand vous prenez en compte le fait que chaque site web
contient au moins un bout de code qui communique avec les
serveurs de Google pour traquer les visiteurs, leur montrer
des publicités ou leur proposer des polices d’écriture
personnalisées.

En théorie, on pourrait fermer les yeux sur ces mauvaises
pratiques si l’entreprise impliquée avait un bon bilan sur la
gestion des données personnelles. En pratique cependant,
Google est structurellement flippant, et ils n’arrivent pas à
changer. Vous pouvez penser que vos données personnelles ne
regardent que vous, mais ils ne semblent pas être d’accord.

Le modèle économique de Google requiert un flot régulier de
données qui puissent être analysées et utilisées pour créer
des publicités ciblées. Du coup, tout ce qu’ils font a pour
but ultime d’accroître leur base utilisateur et le temps passé
par ces derniers sur leurs outils. Même quand l’informatique
s’est déplacée de l’ordinateur de bureau vers le mobile,
Chrome est resté un rouage important du mécanisme
d’accumulation des données de Google. Les sites web que vous
visitez et les mots-clés utilisés sont traqués et mis à profit
pour vous offrir une expérience plus « personnalisée ». Sans
une limite claire entre le navigateur et le moteur de
recherche, il est difficile de suivre qui connaît quoi à votre
propos. Au final, on accepte le compromis et on continue à
vivre nos vies, exactement comme les ingénieurs et concepteurs
de produits de Google le souhaitent.

En bref, Google a montré à plusieurs reprises qu’il n’avait
aucune empathie envers ses utilisateurs finaux. Sa priorité la
plus claire est et restera les intérêts des publicitaires.

Voir au-delà
Une compétition saine centrée sur l’utilisateur est ce qui a
provoqué l’arrivée des meilleurs produits et expériences
depuis les débuts de l’informatique. Avec Chrome dominant 60 %
du marché des navigateurs et Chromium envahissant la
bureautique sur les trois plateformes majeures, on confie
beaucoup à une seule entreprise et écosystème. Un écosystème
qui ne semble plus concerné par la performance, ni par
l’expérience utilisateur, ni par la vie privée, ni par les
progrès de l’informatique.

Mais on a encore la possibilité de changer les choses. On l’a
fait il y a une décennie et on peut le faire de nouveau.

Mozilla et Apple font tous deux un travail remarquable pour
combler l’écart des standards du Web qui s’est élargi dans les
premières années de Chrome. Ils sont même sensiblement en
avance sur les questions de performance, utilisation de la
batterie, vie privée et sécurité.

Si vous êtes coincés avec des services de Google qui ne
marchent pas sur d’autres navigateurs, ou comptez sur Chrome

DevTools pour faire votre travail, pensez à utiliser Vivaldi2 à
la place. Ce n’est pas l’idéal —Chromium appartient aussi à
Google—, mais c’est un pas dans la bonne direction néanmoins.
Soutenir des petits éditeurs et encourager la diversité des
navigateurs est nécessaire pour renverser, ou au moins
ralentir, la croissance malsaine de Chrome.
Je me suis libéré de Chrome en 2014, et je n’y ai jamais
retouché. Il est probable que vous vous en tirerez aussi bien
que moi. Vous pouvez l’apprécier en tant que navigateur. Et
vous pouvez ne pas vous préoccuper des compromissions en
termes de vie privée qui viennent avec. Mais l’enjeu est bien
plus important que nos préférences personnelles et nos
affinités ; une plateforme entière est sur le point de devenir
un nouveau jardin clos. Et on en a déjà assez. Donc, faisons
ce que nous pouvons, quand nous le pouvons, pour éviter ça.

Sources & Lectures supplémentaires
     “Parts    de    marché    des    navigateurs      web”,
     https://fr.wikipedia.org/wiki/Parts_de_march%C3%A9_des_n
     avigateurs_web, Wikipédia.
     “Chrome        is       Not        the      Standard”,
     https://www.chriskrycho.com/2017/chrome-is-not-the-stand
     ard.html, Chris Krycho.
     “Why        I’m        done        with       Chrome”,
     https://blog.cryptographyengineering.com/2018/09/23/why-
     im-leaving-chrome/, Matthew Green.
     “Browser       Diversity      Starts      with     US”,
     http://www.zeldman.com/2018/12/07/browser-diversity-star
     ts-with-us/, Jeffrey Zeldman.

Un navigateur pour diffuser
votre site web en pair à pair
Les technologies qui permettent la décentralisation du Web
suscitent beaucoup d’intérêt et c’est tant mieux. Elles nous
permettent d’échapper aux silos propriétaires qui collectent
et monétisent les données que nous y laissons.

Vous connaissez probablement Mastodon, peerTube, Pleroma et
autres ressources qui reposent sur le protocole activityPub.
Mais connaissez-vous les projets Aragon, IPFS, ou ScuttleButt
?

Aujourd’hui nous vous proposons la traduction d’un bref
article introducteur à une technologie qui permet de produire
et héberger son site web sur son ordinateur et de le diffuser
sans le moindre serveur depuis un navigateur.

L’article original est issu de la série Dweb (Decentralized
Web) publiée sur Mozilla Hacks, dans laquelle Dietrich Ayala
met le projecteur sur toutes les initiatives récentes autour
du Web décentralisé ou distribué.

Traduction Framalang : bengo35, goofy

Blue Link Labs et Beaker
par Tara Vancil
        Nous sommes Blue Link Labs, une équipe de trois
        personnes qui travaillent à améliorer le Web avec le
        protocole Dat et un navigateur expérimental pair à
        pair qui s’appelle Beaker.
L’équipe Blue Link Labs

Nous travaillons sur Beaker car publier et partager est
l’essence même du Web. Cependant pour publier votre propre
site web ou seulement diffuser un document, vous avez besoin
de savoir faire tourner un serveur ou de pouvoir payer
quelqu’un pour le faire à votre place.

Nous nous sommes donc demandé « Pourquoi ne pas partager un
site Internet directement depuis votre navigateur ? »

Un protocole pair-à-pair comme dat:// permet aux appareils des
utilisateurs ordinaires d’héberger du contenu, donc nous
utilisons dat:// dans Beaker pour pouvoir publier depuis le
navigateur et donc au lieu d’utiliser un serveur, le site web
d’un auteur et ses visiteurs l’aident à héberger ses fichiers.
C’est un peu comme BitTorrent, mais pour les sites web !

Architecture
Beaker utilise un réseau pair-à-pair distribué pour publier
des sites web et des jeux de données (parfois nous appelons ça
des « dats »).

Les sites web dat:// sont joignables avec une clé publique
faisant office d’URL, et chaque donnée ajoutée à un site web
dat:// est attachée à un log signé.
Les visiteurs d’un site web dat:// peuvent se retrouver grâce

à une table de hachage distribuée3, puis ils synchronisent les
données entre eux, agissant à la fois comme téléchargeurs et
téléverseurs, et vérifiant que les données n’ont pas été
altérées pendant le transit.

             Une illustration basique du réseau
             dat://

Techniquement, un site Web dat:// n’est pas tellement
différent d’un site web https:// . C’est une collection de
fichiers et de dossiers qu’un navigateur Internet va
interpréter suivant les standards du Web. Mais les sites web
dat:// sont spéciaux avec Beaker parce que nous avons ajouté
une API (interface de programmation) qui permet aux
développeurs de faire des choses comme lire, écrire, regarder
des fichiers dat:// et construire des applications web pair-à-
pair.
Créer un site Web pair-à-pair
Beaker rend facile pour quiconque de créer un nouveau site web
dat:// en un clic (faire le tour des fonctionnalités). Si vous
êtes familier avec le HTML, les CSS ou le JavaScript (même
juste un peu !) alors vous êtes prêt⋅e à publier votre premier
site Web dat://.

Les développeurs peuvent commencer par regarder la
documentation de notre interface de programmation ou parcourir
nos guides.

L’exemple ci-dessous montre comment fabriquer le site Web lui-
même via la création et la sauvegarde d’un fichier JSON. Cet
exemple est fictif mais fournit un modèle commun pour stocker
des données, des profils utilisateurs, etc. pour un site Web
dat:// : au lieu d’envoyer les données de l’application sur un
serveur, elles peuvent être stockées sur le site web lui-même
!

// index.html
Submit message

// index.js
// first get an instance of the website's files
var files = new DatArchive(window.location)
document.getElementById('create-json-
button').addEventListener('click', saveMessage)
async function saveMessage () {
var timestamp = Date.now()
var filename = timestamp + '.json'
var content = {
timestamp,
message: document.getElementById('message').value
}

// write the message to a JSON file
// this file can be read later using the DatArchive.readFile
API
await files.writeFile(filename, JSON.stringify(content))
}

Pour aller plus loin
Nous avons hâte de voir ce que les gens peuvent faire de
dat:// et de Beaker. Nous apprécions tout spécialement quand
quelqu’un crée un site web personnel ou un blog, ou encore
quand on expérimente l’interface de programmation pour créer
une application.

Beaucoup de choses sont à explorer avec le Web pair-à-pair !

     Pour Beaker, suivez le guide !
     Tara Vancil en conférence au JSConf EU 2018 : (YouTube)
     A Web Without Servers
     Documentation de Beaker
     Documentation de DAT
     p2pforever.org – un modeste carrefour de ressources
     pair-à-pair sur le Web
     Beaker sur GitHub
     Installer Beaker Browser
           et parcourir l’article ci-dessus en DAT :
           dat://12420d10773ccc076898b7d782263cde666112b74dff
           6d4e1eabf2e4bfcdb672/

Documentation plus technique

     How Dat works, un guide en anglais qui expose tous les
     détails sur le stockage des fichiers avec Dat
     The Dat Protocol Book, également en anglais, plus
     complet encore.

À propos de Tara Vancil

Tara est la co-créatrice du navigateur Beaker. Elle a
travaillé précédemment chez Cloudflare et participé au Recurse
Center.

Les fourberies du Dark UX
L’expérience utilisateur (abrégée en UX pour les
professionnels anglophones) est une notion difficile à définir
de façon consensuelle, mais qui vise essentiellement à rendre
agréable à l’internaute son parcours sur le Web dans un
objectif le plus souvent commercial, ce qui explique l’intérêt
particulier que lui vouent les entreprises qui affichent une
vitrine numérique sur le Web.

Sans surprise, il s’agit de monétiser l’attention et les clics
des utilisateurs. L’article ci-dessous que Framalang a traduit
pour vous évoque les Dark UX, c’est-à-dire les techniques
insidieuses pour manipuler les utilisateurs et utilisatrices.
Il s’agit moins alors de procurer une expérience agréable que
d’inciter par toutes sortes de moyens à une série d’actions
qui en fin de compte vont conduire au profit des entreprises,
aux dépens des internautes.

Comment les artifices trompeurs du
Dark UX visent les plus vulnérables
article original How Dark UX Patterns Target The Most
Vulnerable

par Ben Bate, Product Designer
Traduction Framalang : jums, maryna, goofy, sonj, wyatt,
bullcheat + 1 anonyme
Les pièges du Dark UX permettent aux entreprises d’optimiser
leurs profits, mais au détriment des plus vulnérables, et en
dégradant le Web pour tout le monde.

Il faut voir l’expérience utilisateur basée sur ces astuces
comme un moyen d’orienter les utilisateurs et utilisatrices
vers un certain comportement. Leurs actions ainsi prédéfinies
servent les intérêts des entreprises à la manœuvre, et les
utilisateurs en sont pour leurs frais d’une manière ou d’une
autre. Quelquefois sur le plan financier, d’autres fois au
prix des données personnelles ou même au détriment de leurs
droits.

Les astuces les plus connues incluent de la publicité
déguisée, un ajout insidieux de nouveaux objets dans le panier
de l’utilisateur, une annulation de souscription
particulièrement difficile, ou encore une incitation à
dévoiler des informations personnelles que les utilisateurs
n’avaient pas l’intention de dévoiler. La liste s’allonge de
jour en jour et devient un problème de plus en plus
préoccupant.

À l’instar des mastodontes du Web tel qu’Amazon et Facebook,
la concurrence suit. Faisant peu à peu passer ces astuces dans
la norme. Il existe une différence entre marketing bien conçu
et tromperie. Ces pratiques s’inscrivent dans cette dernière,
et se concentrent uniquement sur l’exploitation des
utilisateurs et utilisatrices par des moyens peu respectables.

Pour bien mesurer l’étendue de l’application de ces
techniques, en voici quelques exemples.
Tout d’abord, Amazon. Voici l’exemple d’un rendu d’affichage
pour tous les utilisateurs qui ne sont pas des membres premium
(Amazon Prime). La première incitation au clic est frontale en
plein milieu de l’écran. Alors que l’on pourrait s’attendre à
un bouton « Suivant » ou « Continuer », ce bouton débite
directement 7,99 £ de votre carte bleue. L’option pour
continuer sans être débité est située à côté du bouton. Elle
est présentée sous la forme d’un simple lien hypertexte peu
visible au premier coup d’œil, celui se confondant avec le
reste de la page.

Pour les moins avertis, comme les personnes âgées, les
personnes peu habituées à la langue, ou celles qui souffrent
d’un handicap, ce type de pratiques peut provoquer beaucoup de
perplexité et de confusion.

Même pour un concepteur habitué à ce genre de pratiques, il
est extrêmement facile de tomber dans le panneau. Sans parler
des désagréments que cela entraîne et qui peuvent rompre la
confiance établie entre l’entreprise et le consommateur.

Dans un monde idéal, Amazon tirerait avantage d’un format
simple à lire avec un appel à l’action élémentaire qui
permettrait aux utilisateurs de passer outre et continuer.
Mais en réalité, les détails sont cachés en tout petits
caractères, trop petits à lire pour un peu plus de 5 % de la
population mondiale. Les informations sont présentées dans un
format bizarrement structuré avec un mélange perturbant de
textes en gras de divers poids, de couleurs différentes et une
telle quantité de texte qu’on est dissuadé de tout lire.
Tant que de telles pratiques seront légales et ne cesseront de
connaître un taux de conversion élevé, les entreprises
continueront à les employer.

Pendant qu’Amazon s’attaque aux portefeuilles des
consommateurs les plus fragiles, Facebook préfère se
concentrer sur ses utilisateurs en leur faisant partager un
maximum d’informations les concernant, même si ceux et celles
qui partagent le font à leur insu. Même si Facebook a fait des
progrès sur les questions de confidentialité par rapport à des
versions précédentes, l’entreprise continue d’utiliser des
techniques de conception subtiles mais insidieuses et
déroutantes, comme on peut le voir dans l’exemple ci-dessous.

On a beau passer en revue chaque paramètre de confidentialité
et sélectionner « Seulement moi », les sections qui
contiennent des informations très personnelles et détaillées
sont toujours partagées publiquement par défaut. Il ne s’agit
pas seulement d’un problème de confidentialité, mais aussi de
sécurité. La facilité avec laquelle les pirates peuvent
ensuite obtenir des informations pour répondre à des questions
de sécurité est stupéfiante. La liste déroulante est subtile
et ne demande pas autant d’attention que l’appel à l’action
principale. Des fenêtres modales utilisent des mini-
instructions pour tromper les utilisateurs. Voyez par
exemple :
À première vue, rien ne semble trop bizarre, mais en y
regardant de plus près, il devient clair que Facebook incite
fortement ses utilisateurs à partager leur bio sur le Fil
d’Actualités. Pour cela, il est suggéré qu’en cliquant sur
Cancel (Annuler), vous annulez les modifications que vous avez
faites à votre bio. En réalité, Cancel signifie Non. Là
encore, c’est un genre de pratique qui peut induire en erreur
même les personnes les plus vigilantes sur leur
confidentialité. Pour les autres cela démontre jusqu’où
Facebook est prêt à aller pour que les utilisateurs partagent
et interagissent toujours plus. Menant ainsi à des profits
publicitaires de plus en plus conséquents.

Dans l’industrie des produits et de la conception de sites
Web, l’esthétique, les techniques de vente et les profits
passent souvent bien avant l’accessibilité et le bien-être des
utilisateurs. Shopify, LinkedIn, Instagram, CloudFlare, et
GoDaddy sont seulement quelques noms parmi ceux qui ont de
telles pratiques pour avoir un impact sur leur profit.
Ça peut être simplement de faire un lien de désabonnement de
mail écrit en tout petits caractères. Ou de rendre impossible
la fermeture de votre compte. Ou quelque chose de plus subtil
encore, comme de vous obliger à donner votre identité et votre
adresse complète avant de fournir une estimation des frais
d’expédition d’un achat. Mais ce sont bien de telles pratiques
trompeuses pour l’expérience utilisateur qui dégradent de
façon sévère l’accessibilité et l’utilisabilité du Web.

Pour la plupart d’entre nous, c’est simplement une nuisance.
Pour les personnes les moins averties, cela peut rendre les
sites presque impossibles à utiliser ou à comprendre. Il se
peut qu’elles ne puissent pas trouver ce lien de désabonnement
caché. Il se peut qu’elles ne remarquent pas que quelque chose
a été ajouté à leur panier au moment de passer à la caisse. Et
elles peuvent être plongées dans la plus totale confusion
entre les paramètres de confidentialité, les publicités
déguisées et les spams d’apparence amicale.

Le Web est devenu un endroit où vous devez être extrêmement
conscient et informé dans des domaines comme la sécurité, la
vie privée et les trucs et tromperies, même venant des grandes
entreprises les plus réputées au monde. Ce n’est tout
simplement pas possible pour tout le monde. Et ici on parle de
tromperies, on n’aborde même pas les questions bien plus
vastes d’accessibilité comme la lisibilité et les choix de
couleurs.

Les concepteurs et les équipes doivent être conscients de leur
responsabilité non seulement envers les clients, les
employeurs et les actionnaires, mais aussi envers les
utilisateurs au quotidien. Les problèmes d’accessibilité et
les astuces trompeuses impactent le plus durement les plus
vulnérables, et il en va de la responsabilité de chacun au
sein des équipes de produits et de marketing de veiller à ce
qu’il existe des garde-fous.

Tant que de meilleures réglementations et lois ne seront pas
mises en place pour nous en protéger, il est du devoir des
équipes de concevoir des pages de façon responsable et de
maintenir un équilibre entre le désir de maximiser le profit
et la nécessité de fournir une accessibilité optimale à tous
ceux et celles qui utilisent le Web.
* * *

D’autres lectures en anglais sur le même sujet

     https://uxplanet.org/5-common-ux-dark-patterns-and-user-
     friendly-alternatives-6c8c2f127242
     https://uxplanet.org/sinister-ux-how-to-recognize-and-av
     oid-dark-ux-patterns-95acdb15767f

… et cet autre article en français, repéré par Khrys dans son
Expresso :

     https://open-freax.fr/rgpd-dark-patterns/

Les flux RSS, maintenant !
Il n’y a pas si longtemps, les flux RSS nous étaient familiers
et fort utiles. Aral Balkan nous invite à nous en servir
partout et explique pourquoi ils sont peut-être l’avenir d’un
autre Web en gestation..

Peu compliqués à mettre en place sur une page web, ils
permettent un lien sans intermédiaire entre la production de
contenu et son audience, court-circuitant ainsi les
plateformes centralisatrices que nous avons laissé parasiter
nos communications. Tandis que se confirme une tendance forte
à la fédération des contenus, la pertinence des flux RSS qui
permet de les découvrir pourrait être un allié important pour
re-décentraliser le Web.

On veut retrouver les flux RSS
D’après le billet d’Aral Balkan Reclaiming RSS

Bien avant Twitter, avant que les algorithmes ne filtrent
notre réalité à notre place, avant le capitalisme de
surveillance, existaient déjà les flux RSS : acronyme de
Really Simple Syndication, c’est-à-dire la syndication

vraiment simple.4

C’est quoi déjà ?
Pour ceux et celles qui sont né⋅e⋅s dans le monde des silos du
Web centralisateur, les RSS sont une antique technologie du
Web 1.0 (« le Web ingénu des premiers âges » ?). Comme pour
beaucoup de choses de cette époque, le nom dit la chose : ils
permettent de syndiquer facilement les contenus de votre site,
c’est-à-dire de les partager. Les personnes que cela intéresse
de suivre vos publications souscrivent à votre flux et
reçoivent ainsi les mises à jour en utilisant leur lecteur de
RSS. Pas de Twitter ni de Facebook pour s’interposer avec des
algorithmes pour censurer… euh … « modérer » vos billets.

RSS est d’une simplicité enfantine à implémenter (juste un
fichier XML). Vous pouvez l’écrire à la main si vous voulez
(même si je ne le recommande pas).

Voici un extrait du flux RSS de mon site, qui vous montre
quelques-uns des champs de l’entrée courante de ce billet :

Aral Balkan
https://ar.al/
Recent content on Aral Balkan
Fri, 29 Jun 2018 11:33:13 +0100
…

Rediscovering RSS
https://ar.al/2018/06/29/rediscovering-rss/
Fri, 29 Jun 2018 11:33:13 +0100
mail@ar.al (Aral Balkan)
(The       content     of   this       post    goes
here.)

…

De plus son implémentation est quasi-universelle.

Où est mon RSS ?
Il y a bien des chances, si vous avez un site web, que vous
ayez déjà un flux RSS, que vous le sachiez ou non. Si par
exemple vous utilisez comme moi Hugo pour créer votre site,
votre flux RSS est là : /index.xml

D’autres générateurs peuvent les insérer ici ou là : at /rss,
/feed, /feed.xml, etc.

Le Noun Projet présente une belle sélection d’icônes RSS qui
sont à votre disposition

À une époque, vous ne pouviez pas surfer sur le Web sans voir
partout les séduisantes icônes RSS décorer gracieusement les
belles vitrines du Web 1.0. Mais ça, c’était avant qu’elles ne
soient vampirisées par les traqueurs espions … euh … « les
boutons de partage social » des Google et autres Facebook qui
pratiquent la traite intensive d’internautes.

Il existait aussi auparavant une saine propension des
navigateurs à détecter automatiquement et afficher les flux
RSS. Aujourd’hui, il semble qu’aucun navigateur majeur ne le
fasse bien nettement.

Il est grand temps de revenir à la charge pour exiger une
prise en charge de premier plan des flux RSS, une brique
importante pour re-décentraliser le Web.
Mais vous n’avez pas besoin d’attendre que les éditeurs de
navigateurs se décident (certains comme Google sont eux-mêmes
des agents du capitalisme de surveillance et d’autres, comme
Mozilla, doivent leurs ressources financières aux capitalistes
de la surveillance). Vous pouvez dès maintenant remettre à
l’honneur les flux RSS en retrouvant l’adresse URL de votre
propre RSS et en l’affichant fièrement sur votre site.

Rien de bien compliqué : il suffit d’un lien dans la partie

 de votre page 5 et d’un lien dans le  avec une
icône RSS et hop vous voilà dans la famille du Web
décentralisé.

voici le lien à insérer dans le  :

et voilà l’en-tête à mettre dans le  qui établit le lien
avec le flux RSS avec une icône visuellement repérable.

Jetez un coup d’œil au Noun Project pour choisir votre icône
RSS, elles sont toutes sous licence Creative Commons.

RSS lourd ou léger ?

Le lecteur de RSS Leaf affiche parfaitement l’intégralité du
contenu HTML.

Lorsque vous créez un flux RSS pour votre site, vous avez le
choix entre inclure seulement un résumé de votre billet ou
bien son contenu intégral. J’ai modifié la configuration de
mon Hugo et le modèle de RSS par défaut en suivant les
instructions de Brian Wisti pour inclure le contenu intégral
dans le flux et je vous recommande d’en faire autant.

Il y a six ans, je préconisais l’inverse ! J’écrivais « le RSS
lourd n’est qu’une copie du contenu sous un autre nom ».
J’avais tort. J’étais trop obsédé par le maintien d’une
mainmise formaliste sur mes conceptions et je n’ai donc pas
réussi à faire un choix réfléchi en utilisant des critères de
conception éthiques.

Le lecteur de RSS Newsbar n’affiche pas les images ni le style
correctement dans l’aperçu du contenu.

Capture d’écran du lecteur de RSS NewsBar RSS sur macOS qui
affiche mes souscriptions, la liste des billets de mon blog et
un aperçu de mon billet sur Kyarchy, avec l’image et les
styles qui ont disparu.

Plus les personnes ont de moyens d’accéder à vos contenus
publiés, plus ces contenus ont des chances de rester en ligne
et meilleur c’est pour la liberté de tous.

Des contenus dupliqués ? Oui, sans problème ! Plus on en a et
mieux ça vaut. Eh eh, avec la version web en pair à pair de
mon site, le but est idéalement de dupliquer le contenu autant
de fois qu’il y aura de personnes pour le parcourir.

Certes, votre contenu peut être légèrement différent d’un
lecteur RSS à l’autre, car certaines applications ne sont pas
conformes aux standards, mais c’est leur problème, pas le
vôtre. D’après mes tests partiels, le lecteur Leaf pour macOS
affiche mon flux RSS lourd parfaitement alors que NewsBar ne
le fait pas. Pas grave. (et j’espère que l’équipe de NewsBar
en prendra bonne note pour améliorer le rendu dans une
prochaine mise à jour. Après tout, aucune application n’arrive
parfaite sur le marché).

Maintenant que nous nous éloignons du Web centralisé pour
aller vers un Web pair à pair, il est temps de redécouvrir,
adopter et exiger les flux RSS.

Tout ce qui est ancien reprend une nouvelle force.

RSS était un élément essentiel du Web 1.0 avant que le
capitalisme de surveillance (Web 2.0) ne s’en empare.

Ce sera une composante précieuse du Web+ et au-delà.

[Copyright © 2018 Aral Balkan. Licence : Creative Commons
Attribution-ShareAlike.]

           Pour aller plus loin sur le sujet des flux RSS, un
           autre article du même auteur publié plus récemment
           : Refining the RSS

et ses aventures nocturnes pour tenter de faire apparaître
cette maudite icône de RSS.

     Pour s’abonner aux flux du Framablog, c’est par ici en
     bas à droite

     Avec Firefox, il n’est pas très compliqué de s’abonner
aux flux web, que ce soit RSS ou autres formats

Une entrée de menu dans les marque-pages ou plus direct
encore, une icône à mettre dans votre barre personnelle.
Davantage de détails dans cet article de SUMO

Le nuage de Cozy monte au
troisième étage
Tristan Nitot est un compagnon de route de longue date pour
l’association Framasoft et nous suivons régulièrement ses
aventures libristes, depuis son implication désormais «
historique » pour Mozilla jusqu’à ses fonctions actuelles au
sein de Cozy, en passant par la publication de son livre
Surveillance://

Nous profitons de l’actualité de Cozy pour retrouver son
enthousiasme et lui poser quelques questions qui nous
démangent…

— Bonjour Tristan, je crois bien qu’on ne te présente plus.
Voyons, depuis 2015 où tu es entré chez Cozy, comment vis-tu
tes fonctions et la marche de l’entreprise ?
Tristan
Nitot par
Matthias
Dugué,
licence
CC-BY

— Ça va faire bientôt trois ans que je suis chez Cozy, c’est
incroyable comme le temps passe vite ! Il faut dire qu’on ne
chôme pas car il y a beaucoup à faire. Ce job est pour moi un
vrai bonheur car je continue à faire du libre, et en plus
c’est pour résoudre un problème qui me tient énormément à
cœur, celui de la vie privée. Autant j’étais fan de Mozilla,
de Firefox et de Firefox OS, autant je détestais l’idée de
faire un logiciel libre côté navigateur… qui poussait malgré
lui les gens dans les bras des GAFAM ! Heureusement Framasoft
est là avec Degooglisons-Internet.org et CHATONS, mais il y a
de la place pour d’autres solutions plus orientées vers la
gestion des données personnelles.

C’est quoi l’actualité de Cozy ?

La grosse actu du moment, c’est le lancement de Cozy pour le
grand public. Le résultat de plusieurs années de travail va
enfin être mis à disposition du grand public, c’est très
excitant !

Fin 2016, nous avons commencé une réécriture complète de Cozy.
Ces deux derniers mois, nous avons ouvert une Bêta privée pour
près de 20 000 personnes qui en avaient fait la demande. Et
puis hier, nous avons terminé cette phase Bêta pour ouvrir
l’inscription de Cozy en version finale à tous. Autrement dit,
chacun peut ouvrir son Cozy sur https://cozy.io/ et disposer
instantanément de son espace de stockage personnel.
Vous pouvez aussi lire