Deux siècles d'immigration italienne en région lyonnaise - Exposition
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Archives municipales de Lyon 1, place des Archives 69002 Lyon Exposition du 16 avril au 20 décembre 2014 Entrée libre Du mardi au samedi de 13h à 18h Deux siècles d’immigration italienne en région lyonnaise www.archives-lyon.fr
La « période italienne » que Lyon a connu à la Renaissance a longtemps occulté une histoire commune plus proche, d’une nature différente mais tout aussi intense avec l’arrivée de très nombreux immigrants venus d’outremonts, à partir du début du 19e siècle. A cette époque, Lyon entame une mutation qui l’a transformée, en deux siècles, en une agglomération, repoussant ses limites loin de son centre originel. L’histoire des immigrants italiens est intimement liée au développement de cette capitale régionale qui demande une main d’œuvre toujours plus importante dont une partie, croissante au fil des décennies, est recrutée hors des frontières et particulièrement en Italie. Migrants saisonniers ou paysans fuyant la misère, réfugiés des révolutions du 19e siècle ou antifascistes de l’entre-deux-guerres, artisans ou saltimbanques, ouvriers du bâtiment ou ouvrières du textile, originaires du sud ou du nord de l’Italie, chacun est arrivé avec son histoire et ses motivations propres. Qui étaient ces Italiens et quelle a été leur vie ? Depuis leur départ du pays natal, comment ont-ils peu à peu trouvé une place dans la cité ? Quelle mémoire de cette immigration aujourd’hui ? achevé d’imprimer © Ville de Lyon - Archives municipales tous droits réservés Imprimerie Chirat septembre 2014 ISBN : 2-908949-34-2 P. 02
P. 02 P. 03 Lyon et l’Italie, un long passé commun Dès la Renaissance, la ville C’est à partir du 19 e siècle a entretenu des relations que la relation entre Lyon commerciales étroites et l’Italie se développe, avec les grandes cités de y compris dans ses la péninsule, telles Milan, dimensions politiques. Florence ou Lucques. Des En 1802, Lyon est la scène familles importantes comme du rétablissement de la les Gadagne, les Salviati ou «République Cisalpine» qui les Capponi s’installent alors réunit les régions italiennes dans la ville et contribuent après la bataille de Marengo. à lui donner sa physionomie Cette entité politique « italienne ». devenue République En 1536, deux Piémontais, Italienne, puis Royaume Étienne Turquet et Bartolomeo d’Italie, disparaît à la chute Naris, introduisent la soierie de Napoléon, en 1814. à Lyon, en recrutant des Le premier véritable État ouvriers génois. Ainsi est née italien indépendant est la Fabrique qui a façonné finalement né en 1861. la ville pendant plusieurs siècles. Pour l’adoption de Le 26 janvier 1802, dans Monsiau, la constitution de la son discours d’acceptation, Lyon l’italienne Nicolas-André Consulta de la République République Cisalpine, prononcé en italien, dont la capitale est Milan, il change le nom de la cisalpine réunie en comices Dès le milieu du 19 e siècle, l’apparition de nouvelles à Lyon en 1802 Bonaparte convoque une République Cisalpine en les Italiens dominent filières migratoires, leur huile sur toile, 1808 Consulta extraordinaire République Italienne. au sein de la population poids numérique demeure Musée national du Château composée de 440 Le 18 mai 1804, le Premier de Versailles étrangère de Lyon, attirée important jusque dans les personnalités italiennes, consul devient « Empereur par le développement années 1960. civiles et religieuses qui des Français » et, le 26 de cette importante ville Les Italiens ont marqué se réunissent entre le 11 mai 1805, il est couronné manufacturière. de nombreux quartiers et le 26 janvier 1802 dans roi d’Italie. La République À la veille de 1914, de leur présence. l’ancienne chapelle du Italienne devient alors les Italiens constituent Les commerces et cafés collège jésuite de la Trinité le Royaume d’Italie. près des 2/3 des étrangers italiens, une vie associative (aujourd’hui chapelle du Ce Royaume disparaît après de l’agglomération. et religieuse très riche leur Lycée Ampère). Bonaparte la chute de l’Empereur, Même si leur nombre dans ont permis de préserver est élu par les Italiens en 1814. la population étrangère une partie du lien et des président de la République décroît peu à peu du fait relations sociales de leur Cisalpine. des naturalisations et de pays d’origine.
P. 04 P. 05 Vos papiers ! Pourquoi Recrutement de mineurs pour la France, affiche éditée dans le cadre A partir des années 1880, restrictives dans le travail, es-tu parti ? des accords de recrutement signés entre l’Italie et la France dès 1946 Collection particulière des mesures particulières le logement, les aides Tout au long du 19 e siècle, sont imposées aux sociales, ont marqué le une immigration de proximité migrants pour leur entrée quotidien des Italiens se développe. Elle concerne et séjour sur le territoire de Lyon. la soierie et certains secteurs français. La multiplication La plupart de ces contraintes artisanaux où viennent progressive des papiers administratives sont travailler de petits paysans d’identité (titres de séjour, tombées progressivement des vallées alpines en permis de travail, cartes avec la mise en place quête d’un complément de d’identité d’étranger…) et le de l’Union européenne. revenu. Cette immigration développement de mesures saisonnière s’accentue au cours du 19 e siècle du fait de la croissance industrielle et urbaine de la Passeport pour l’étranger, ville et de la forte pression Royaume d’Italie, 19e siècle démographique qui sévit Archives départementales du Rhône en Italie. Passeport provisoire de Giovanni Faccini, pour circuler de la Guillotière à Marseille, 1839 Archives municipales de Lyon 4WP58 La grande crise économique recruteurs envoyés en Italie de 1880, en Europe touche par des usines lyonnaises certaines régions italiennes et ou par le biais des filières provoque des expatriations familiales, de nombreux massives : 14 millions Italiens rejoignent ainsi Carte d’identité et de circulation entre 1876 et 1914. Lyon jusque dans les française pour travailleurs coloniaux et étrangers au nom de Une petite partie se dirige années 1960. Joséphine Mussotti, 1917 vers Lyon dont la croissance Archives départementales du Rhône industrielle s’accélère. Embauchés par des agents
P. 06 P. 07 D’où viens-tu ? Les migrants viennent de un changement apparaît de Sardaigne, de Calabre, plusieurs régions d’Italie, avec l’arrivée de migrants des Pouilles, de Campanie, différentes selon les de l’actuelle province de du Frioul ou de Vénétie périodes. Frosinone, située dans le arrivent en nombre Latium, dont le nombre croît et contribuent à une Au 19 e siècle, ils arrivent rapidement, pendant l’entre- importante diversification essentiellement des zones deux-guerres, au point de de l’immigration italienne de montagneuses du nord rivaliser avec l’immigration l’agglomération lyonnaise. du Piémont, en particulier piémontaise. des actuelles provinces Au cours des décennies de Turin et de Vercelli. 1950 et 1960, des migrants Dans les années 1880, originaires de Sicile, Carte des provinces italiennes Trentino-Alto Adige Friuli-Venezia Giulia Valle d'Aosta Lombardia Veneto Piemonte Emilia-Romagna Liguria Toscana Marche Umbria Abruzzo Lazio Molise Campania Puglia Sardegna Basilicata Calabria Laura Bianchi et ses deux enfants Sicilia avant son départ de Fontana Liri (province de Frosinone dans la région du Latium) pour rejoindre son mari, Giuseppe Battista, à Saint-Fons, mai 1957 Collection particulière
P. 08 P. 09 Comment Les quartiers Famille italienne des baraques de Gerland, années 1930 es-tu arrivé ? italiens Archives Apostoliques de Marie Immaculée Longtemps, les migrants n’ont le percement des tunnels La présence italienne a été Mais c’est surtout en eu d’autre moyen que de faire ferroviaires, en particulier importante dans certains banlieue que les Italiens se le trajet à pied, en longues celui du Mont-Cenis qui relie quartiers de l’agglomération sont installés au 20 e siècle : étapes, le plus souvent Bardonecchia à Modane lyonnaise, même s’il n’y a quartier de Croix-Luizet parcourues en groupe ; à partir de 1871, pour qu’il jamais eu de « Little Italy », à Villeurbanne, la Gare à la diligence était alors soit possible de rejoindre comme aux États-Unis. Saint-Priest ou la Poudrette inaccessible aux bourses la France sans descendre Dès la fin du 19 e siècle, à Vaulx-en-Velin. populaires. Ceci, jusqu’à du train. Pourtant, après la certaines rues du nord de Ces quartiers fortement l’apparition du chemin de fer Seconde Guerre mondiale, Gerland, situées à proximité ouvriers, qui mêlaient qui couvre, peu à peu de ses la tentative des États de des verreries, comptent diverses nationalités mais lignes, certaines portions du contrôler strictement les jusqu’à 50% d’Italiens et les où les Italiens dominaient trajet. Mais il faut attendre flux migratoires a obligé de alentours de la rue Mazenod souvent, offraient une vie nombreux Italiens à passer à ou de la rue Mercière ont une collective intense. Ils ont nouveau la frontière à pied, forte coloration transalpine. favorisé l’émergence d’une en prenant le risque de A Gerland, dans l’entre-deux culture partagée parmi Emigrants italiens devant la gare Diligence automobile reliant de Modane, carte postale, franchir des cols à plus de Varallo à Alagna, guerres, les Italiens logent les nombreux déracinés, éditeur Pittier 2000 mètres d’altitude. dans le Piémont, 1916 dans des « baraques » français et étrangers et Collection particulière Collection particulière faites de planches et de ont permis aux immigrants toiles goudronnées. italiens de trouver, peu Bidonville de l’avenue Jean à peu, une place dans Jaurès, années 1930 l’agglomération. Archives Apostoliques de Marie Immaculée
P. 10 P. 11 Artisans et ouvriers Dès la Renaissance, une de la Valsesia, ferblantiers Les Français ont montré peu immigration artisanale de du Val d’Ossola, ouvriers d’empressement à occuper transalpins est attestée à en soie de la province de ces postes déqualifiés et Lyon (médailleurs, potiers Turin, chapeliers toscans, rebutants de la chimie, de la de terre, carriers des Monts mosaïstes frioulans... mécanique ou du textile : les d’Or). Au 19e siècle, elle prend La fin du 19e siècle marque un Italiens ont largement rempli de l’importance mais garde, affaiblissement de ces filières ce vide et, au 20e siècle, leur jusque dans les années artisanales traditionnelles nombre croît au rythme 1880, la forme de migrations au profit d’une immigration de l’industrialisation des saisonnières alimentées par alimentant les grandes communes de l’agglomération : des filières géographiques usines qui se développent Vaulx-en-Velin, Décines, limitées : plâtriers-peintres alors aux marges de la ville, Saint-Priest, Vénissieux… à Gerland, Oullins, Villeurbanne ou Saint-Fons et nécessitent des manœuvres Amabile Maïa (à gauche), pour accompagner le travail originaire de Sordevolo (Piémont), Matteo Crea (en haut, à droite), des machines. originaire de Calabre, sur un chantier et ses ouvriers paveurs, à Lyon, vers 1910 de maçonnerie, à Oullins, vers 1930 Collection particulière Collection particulière
P. 12 P. 13 Villeurbanne où s’installent les premières grandes usines Le travail de soierie. Cela explique Le travail des femmes qu’en 1906, 54,2 % des des enfants Italiens de cette commune L’image de l’immigrée sont en fait des Italiennes ! Afin d’abaisser le coût de la en bateau, depuis Naples italienne cantonnée dans Elles sont cardeuses, main d’ œuvre, les verreries jusqu’en France. Les enfants l’espace familial est loin de dévideuses, ovalistes implantées à Gerland, n’avaient souvent pas 13 ans, toujours correspondre à la (traitement préparatoire Oullins et La Mulatière ont âge légal pour travailler dans réalité, notamment dans de la soie pour le tissage), embauché, à partir de la fin l’industrie. Ils étaient logés l’agglomération lyonnaise. tisseuses mais aussi du 19 e siècle, de nombreux dans des garnis sordides et La soierie a occupé une piqueuses de bottines ou Italiens, venant pour la peu nourris. Une association main d’œuvre féminine corsetières. Certaines sont plupart de l’actuelle province caritative catholique italienne, importante dans ses ateliers déjà à la tête d’une petite de Frosinone. Elles ont « l’Opera Bonomelli » a mécanisés dont le nombre épicerie. Beaucoup vivent notamment fait appel à des combattu ce trafic, à Lyon, croît rapidement à partir dans des garnis regroupant « gamins », des enfants au début du 20 e siècle. des années 1850. Installés uniquement des femmes. servant d’aides aux verriers autour des Brotteaux, ils Au 20 e siècle, les femmes Autorisation pour l’obtention et qui ont fait l’ objet d’un d’un livret de travail pour enfant, Enfants travaillant dans la débordent bientôt sur actives sont nombreuses au nom de Delphine Pezzagna, véritable trafic : verrerie des Vernes, aussi à Saint-Priest : âgée de 13 ans ils étaient loués par des à Rive-de-Gier A la sortie de l’usine TASE beaucoup sont employées (Textile Artificiel du Sud-Est) Collection particulière « padroni » auprès de leurs Carte postale, Gutton éditeur dans l’usine textile Maréchal de Vaulx-en-Velin, des ouvrières parents en Italie et amenés Collection particulière pendant que leur époux italiennes, vers 1930 Grève des ouvrières de l’usine Archives municipales de Vaulx-en-Velin Maréchal de Saint-Priest, juin 1936 travaille chez Berliet ou dans Collection particulière la maçonnerie.
P. 14 P. 15 des produits introuvables à Lyon, telle la charcuterie Commerces italienne et leurs permettent L’école au Cahier d’écolier de Domenico Lorenzetti, 1957 et cafés de se retrouver entre service de Collection particulière migrants de la même Dès le 18e siècle, des région pour pratiquer des l’intégration Transalpins ont fondé des divertissements auxquels ils L’ école a joué un rôle qualifiés dans l’industrie, commerces à Lyon, tels sont attachés, en particulier important dans l’intégration après, par exemple, Pietro Casati, qui crée en les jeux de cartes italiens Café-comptoir « Au mal assis », vers 1930 des petits Italiens de l’obtention d’un CAP. 1750 une chocolaterie comme la Mora ou la Scopa. l’agglomération lyonnaise : L’ école permet, quelques et un café attenant où Collection particulière lieu de contact entre enfants fois, de quitter la condition l’on peut consommer un d’origines diverses, lieu ouvrière. Ce rôle a été « sciocolato » chaud, ou d’apprentissage de la langue d’autant plus efficace à Antonio Spreafico qui française, elle permet aussi partir des années 1950 fonde en 1775 un café où il d’accéder à des métiers quand commence à s’opérer propose, pour la première le décloisonnement entre fois à Lyon, des glaces et les enseignements primaire sorbets. Ces commerces et secondaire ; les Italiens sont fréquentés par la peuvent alors espérer aller bourgeoisie lyonnaise, Photo de classe, école de la cité au-delà du certificat d’étude contrairement aux Maréchal, 1937. Dans ce quartier de la Gare, à Saint-Priest, les primaire où ils étaient, nombreux cafés, épiceries Italiens son majoritaires la plupart du temps, et petits commerces créés Collection particulière cantonnés. par les immigrants italiens, aux 19 e et 20 e siècles. Destinés surtout à leurs compatriotes, ils proposent Marie-Louise et Antoinette Nardone dans leur boutique de glacier, rue de la Barre Collection particulière
P. 16 P. 17 Communautés familiales et villageoises L’immigration italienne à Lyon a rarement été le fait d’individus isolés. La plupart du temps, les nouveaux arrivants rejoignent des parents ou des membres mêmes villages ou des du village déjà présents sur mêmes vallées ont renforcé Mariage d’Enrico Rea place. Un groupe familial cet entre-soi et ont permis à Vénissieux, 1967 Collection particulière ou villageois se reconstitue, la perpétuation de véritables fragmentaire, mais bien communautés villageoises, vivant, organisant quelques dont certaines durent fois des festivités qui lui sont encore. Les cas d’unions propres et entretenant des réalisées après un retour liens importants avec la du migrant au village pour commune d’origine. y chercher son épouse ne Les nombreux mariages sont pas rares. entre jeunes issus des Italiens, originaires du Piémont, installés dans le quartier de la Gare à Saint-Priest, vers 1925 Collection particulière
P. 18 P. 19 catholique italienne voit le jour en 1929, la congrégation Les associations Culte et fêtes de sœurs italiennes s’installe Les premières associations auprès des migrants religieuses à Villeurbanne, et des fêtes religieuses se mettent à italiennes sont nées peu de Lyon, mais elles ont En 1901, une association rythmer certains quartiers à après l’unification du pays toujours été en concurrence catholique italienne forte présence transalpine : afin de promouvoir le avec des associations d’aide aux immigrants, la fête de la San Rocco sentiment d’appartenance régionales ou locales, l’Opera Bonomelli (l’Œuvre à Villeurbanne, celle de à la « mère patrie » et de crées par les migrants. Bonomelli), s’installe à San Antonio di Padova à renforcer les liens entre Celles-ci ont d’abord été Gerland, rue des Culattes Vaulx-en-Velin ou celle compatriotes. C’est le cas piémontaises puis, après la (actuel boulevard Yves Farge) de la Madonna di Loretto de la Società filarmonica Libération, représentatives pour mener une action à Gerland. Après-guerre, italiana et la Società italiana des différentes filières apostolique et caritative la Mission catholique, di mutuo soccorso vers migratoires présentes auprès des Italiens. installée à la limite de Lyon Casquette de l’Harmonie 1865. Ces associations à Lyon : Sicile, Latium, italienne Mais c’est surtout à partir et Villeurbanne, a joué patriotiques, en particulier Frioul, province de Collection particulière des années 1930 qu’une un rôle important auprès les sociétés musicales, ont Vicenza (Vénétie), Pouilles, intervention catholique des nouveaux migrants, Des enfants italiens en costume joué un rôle non négligeable Sardaigne… spécifiquement italienne a notamment grâce à l’action traditionnel lors de la procession pu se développer : la Mission du père Enrico Larcher. annuelle à Fourvière, dans les années 1980 Archives Mission catholique italienne de Paris L’Unione musicale italiana de Lyon, principale formation italienne de la ville avec l’Armonia italiana Collection particulière Boîte à hosties ayant appartenu à Eugène Richiardone, prêtre à la basilique de Fourvière, issu d’une famille de Pinasca (Piémont) installée à Lyon vers la fin des années 1880. Collection particulière
P. 20 P. 21 Artistes Maison Chatel et Tassinari La reine Wilhelmine des Pays-Bas, Vantusso, Giordano Horloge-château aux guignols, Orgiazzi, Marius grille de fenêtre en fer forgé Peracchio, Gustave Paysage, 1899, huile sur toile et artisans 1894, soie tissée Musée des tissus, Lyon achevée en 1960, laiton, bronze, acier Collection particulière Service du patrimoine de la Ville Lyon Collection particulière Certains artisans transalpins Dans le domaine musical, venus à Lyon au 19 e siècle les Italiens n’ont pas été en ont eu une activité reste comme en témoigne professionnelle artistiques, le rôle joué par la dynastie comme mosaïstes, peintres, des Luigini, au Grand Théâtre sculpteurs, ornemanistes de Lyon au 19 e siècle et sur bois, mouleurs en plâtre. l’implantation durable du Une petite partie de ces fabricant d’accordéons et artisans a exposé aux divers éditeur musical Cavagnolo, Salons de Lyon. Certains à Villeurbanne, à partir des élèves de l’école des Beaux- années 1920. arts de Lyon, comme le sculpteur Louis Bertola, grand prix de Rome en 1923, Bertola, Louis sont issus de ces filières Léda et le cygne, 1928, migratoires. plâtre patiné Musée des Beaux-Arts de Lyon Joseph Luigini, chef d’orchestre du Grand Théâtre de Lyon Archives municipales de Lyon, 224ii BERTIN CASTELLAN, Louis Les muses Euterpes et Polymnie Mosaïques de la façade de la Salle Rameau à Lyon Photographie Gilles Bernasconi Archives municipales de Lyon
P. 22 P. 23 Les réfugiés L’assassinat au 19e siècle à Lyon de Au cours de la première accueilli un certain nombre. Sadi Carnot moitié du 19e siècle, plusieurs Issus de l’aristocratie et Avis pour un rassemblement des Italiens de Lyon, 1948. par Caserio vagues révolutionnaires de la bourgeoisie, ils sont Les tentatives révolutionnaires ont secoué les différents hommes de loi, officiers, qui se déroulent en Lombardie Dans la nuit du 24 au 25 royaumes et duchés qui se médecins, membres du en 1848 trouvent un écho à Lyon juin1894, l’annonce du partagent alors le territoire clergé ou vivent de leurs Bibliothèque municipale de Lyon, décès du président de la italien dans l’espoir d’une rentes. Ils sont très différents 5314 Coste f. 19 République Sadi Carnot des unification des différents des réfugiés antifascistes, suites du coup de poignard États et d’une libéralisation essentiellement ouvriers, qui porté par l’anarchiste de ces régimes. ont rejoint Lyon après 1922. italien Sante Geronimo Caserio, à l’occasion de A cause de la nationalité Ces mouvements ont été sa visite de l’exposition de Caserio, c’est toute Télégramme des habitants rapidement écrasés et de de Novara dans le Piémont, internationale et coloniale, la collectivité italienne nombreux réfugiés ont alors présentant leur indignation et leurs provoque un déchaînement qui est incriminée et prise condoléances au Maire de Lyon rejoint la France. Lyon en a de violences à l’encontre pour cible. suite à l’assassinat du Président Carnot, 25 juin 1894 de la population italienne Archives municipales de Lyon de Lyon. Assassinat du Président Carnot par l’anarchiste Caserio, estampe Archives municipales de Lyon
P. 25 Les Italiens dans la Première Guerre mondiale La Première Guerre mondiale a marqué un moment de rupture dans l’immigration italienne à Lyon. Elle a imposé un brassage de population sans précédent : certains migrants rentrent au pays dès août 1914, bientôt Certains Italiens de suivis par ceux qui ont été l’agglomération lyonnaise Monument en mémoire des ont aussi fait le choix de militaires italiens morts à Lyon mobilisés lors de l’entrée pendant la Première Guerre en guerre de l’Italie en mai s’enrôler dans les rangs mondiale, au nouveau cimetière 1915. Mais d’autres, français au sein de la légion de la Guillotière à l’inverse, rejoignent Lyon étrangère. Photographie Alain Franchella, Collection particulière pendant le conflit pour Une « légion Garibaldienne » répondre aux besoins se forme d’ailleurs à Lyon de main d’œuvre de au début de la guerre sous l’industrie de guerre qui a le commandement d’un pris des proportions très petit-fils de Giuseppe importantes à Lyon et Garibaldi, Peppino. manque cruellement de Un certain nombre « d’Italo- bras. lyonnais » en ont fait partie. Drapeau italien de la Première Guerre mondiale Collection particulière
P. 26 P. 27 organise clandestinement la population italienne Communistes son IIIe congrès à Lyon en 1926, mais le PCF (Parti Fascistes et venue majoritairement à la recherche d’un travail, mais Carte de l’Opera Nazionale Balilla, organisation de jeunesse fasciste et Anarchistes communiste français) qui Antifascistes ils déploient une activité italienne présente à Lyon au cours des années 1930 crée très tôt, en son sein, un politique importante, au Archives municipales de Villeurbanne L’immigration italienne « groupe de langue italienne ». Après l’avènement de point que la préfecture du de Lyon, essentiellement Ce parti a joué un rôle Mussolini au pouvoir en Rhône s’inquiète de l’afflux ouvrière, a été traversée très important dans la politisation octobre 1922, de nombreux de révolutionnaires italiens tôt par les débats politiques d’une partie des Italiens de opposants fuient l’Italie. dans l’agglomération. qui agitent cette classe Lyon et dans leur intégration Un certain nombre Mais, dès 1926, un fascio, sociale tant en France qu’en à la vie politique française. d’entre eux, surtout des c’est-à-dire une antenne Italie. Dès la fin du 19 e siècle, ouvriers communistes du parti fasciste, est aussi une section du Parti socialiste et anarchistes, rejoint créée à Lyon pour tenter italien ouvre ses portes rue Lyon. Ils ne constituent d’encadrer, avec l’aide du Mercière et les anarchistes Photographie anthropométrique qu’une petite minorité de consulat, les Italiens de la italiens tentent de s’organiser de l’anarchiste Luigi Ballarin prise à Lyon, en mai 1927, région. Les conflits, quelques Battista Santhià, ouvrier de la Fiat, à Lyon. C’est surtout le Parti après son arrestation lors fois violents, ont été réfugié communiste à Lyon au communiste qui a réussi à d’une manifestation du 1er mai. nombreux entre fascistes et cours de l’année 1923. L’un des s’implanter durablement Ballarin est ensuite expulsé organisateurs du 3e Congrès du Parti pour son activité politique jugée antifascistes pendant toute communiste italien à Lyon en 1926 dans cette immigration : non « subversive » l’entre-deux-guerres Archives du Centro Studi Piero Gobetti, pas le PCI (Parti communiste Archives départementales du Rhône, Les Italiens du bataillon Turin italien), même si celui-ci antifasciste Garibaldi originaires 4 M 418 de l’agglomération lyonnaise à Albacete (Espagne) en 1936, pendant la guerre civile espagnole Archives municipales de Villeurbanne
P. 28 P. 29 Groupe de combattants des FTP-MOI Lyon, Hôpital Cusset, (transformé en Dans la Les Italiens lieu de cantonnement au lendemain de la Libération), septembre 1944 Résistance aujourd’hui Collection particulière Après la déclaration qui avaient été naturalisés. Selon l’INSEE, il y avait ans en 2010) expliquent qui unissent encore de de guerre de Mussolini Certains ont connu la 26 496 Italiens dans le Rhône cette évolution, même si les nombreuses familles à contre la France le 10 juin déportation et une partie en 1968, à son plus haut chiffres italiens sont quelque l’Italie. Et ils dissimulent 1940, l’hostilité envers les d’entre eux a donné sa vie niveau de l’après-guerre. peu discordants puisque une autre donnée : environ immigrants italiens a été dans ce combat, tels Luc Il n’en restait plus que 7 270 l’AIRE, qui recense les Italiens 10 % des habitants de très grande au sein de la Ricci ou Tita Coïs. Tous n’ont en 2010. Les nombreuses à l’étranger, comptabilisait l’agglomération lyonnaise population lyonnaise. Cela heureusement pas connu naturalisations des années 15 200 Italiens dans le Rhône ont un parent ou un grand- n’a pas empêché certains un sort aussi tragique ; c’est 1970-1980, le retour de en 2009. parent originaire du Bel Italiens de s’engager très un Italien, Battista Saroglia, certains Italiens dans leur Mais ces chiffres, quel que paese ! tôt dans la Résistance au qui dirigeait le bataillon de pays, le vieillissement des soit le crédit qu’on leur sein, par exemple, du groupe résistants qui a participé à générations migrantes donne, ne rendent pas La mémoire de l’immigration FTP-MOI « Carmagnole » ou la libération de Villeurbanne (57,5% des Italiens du complètement compte en France, tout comme son au sein des FTP-F pour ceux le 2 septembre 1944. Rhône avaient plus de 55 de l’importance des liens histoire, ont longtemps été un espace en friche où seules quelques initiatives isolées émergeaient ponctuellement. Aujourd’hui, la mémoire de la présence italienne à Lyon est très parcellaire et éclatée, d’autant plus qu’une partie de la dernière vague migratoire, celle arrivée dans les années 1945-1965, a vécu son intégration dans la société française sur le mode de l’effacement des particularismes nationaux. Avis pour le recensement des Ugo Iannucci, avocat lyonnais, Italiens du Rhône, 10 juin 1940 fils d’immigrés italiens, auteur Archives municipales de Lyon du récit autobiographique « Des baraques au Barreau : itinéraire d’un fils d’antifasciste italien ».
P. 30 P. 31 fois, au cours d’un mois De la frontière à Lyon ce Chaque été toute la famille Il a énormément souffert d’août particulièrement fut un grand silence, avec (enfants, parents, grands- d’avoir laissé son pays et Le Temps chaud, les douaniers du quelques commentaires Eté 1960, les vacances sont finies, la famille Pischiutta doit retourner parents) partait en Italie souvent, au moment des 15 des Vacances Mont Cenis firent descendre comme « allez remercier la en France... la Dauphine est lourdement chargée y compris le renouer avec les villages jours de vacances d’été, il d’une auto six passagers madone ! » toit. La grand-mère Maria est bien où ils ont vécu, la famille retournait tout seul voir ses Tous les ans, même s’il y avait chaussés de bottines d’hiver Ces voyages nécessitaient triste ... italienne, les lieux qu’ils parents. C’était un besoin. des problèmes, nous nous rembourrées, chaussures une grande organisation, la aimaient, pour les faire Par contre ma mère avait arrangions pour partir en neuves, toutes identiques, veille du départ on démontait connaître à leurs enfants, trop souffert là-bas et ne vacances quatre semaines à peine souillées de boue les garnitures des portières pour que le lien ne se brise l’accompagnait pas. à Cassacco. C’était sacré ! pour les faire passer comme pour y introduire deux pas, malgré la distance et le Gianna Masini Giuseppe Boschetti usagées. On croyait que fourmes de fromage et des temps qui passe. c’était une bonne idée, mais saucissons. Emerico Fanzutti Ces étés nous ont laissé Chaque été, un mois était on a dû payer une sacré Adelmo Pischiutta beaucoup de bons souvenirs, consacré aux vacances en amende, pourtant dans Chaque fois qu’il franchissait ils ont marqué notre Italie pour Léa et les enfants. la voiture on avait prié un la frontière à Modane, pour identité et nous ont aidé à Les allers et retours étaient rosaire entier, et même retourner en Italie, il respirait transmettre nos origines. épiques. En Italie on portait : remercié la Madone pour beaucoup mieux… Emerico Fanzutti café, sucre, chocolat, pierres avoir passé le premier Famille Franchella Santino Tosone à briquet et tout ce qui contrôle de la police des coûtait plus cher en Italie. frontières sans soucis. Mais Au retour on portait tout voilà, ce n’était pas fini, il y ce qu’on ne trouvait pas en avait aussi la douane, et la France. C’est ainsi qu’une vérification des valises où ils ont trouvé en plus deux paires de « stivaj » (bottes) et on a reçu une « bjele stangjade » (forte amende). Famille Lacuzzi Lettre de Domenico Lorenzetti, âgé de 8 ans, à son père Elio, parti travailler à Lyon Collection particulière Cher Papa, je t’envoie cette photo un peu curieuse, mais tu la recevras quand même volontiers, ils me l’ont faite à l’école. Papa, quand tu reviendras à Noël apporte moi beaucoup de chocolats car je vais essayer d’être bon à l’école. Je t’envoie beaucoup de baisers. Ton Dominique
Exposition Prêts et organisée par partenariats les Archives Académie des sciences, belles-lettres et arts, Lyon de Lyon Archives départementales Mourad Laangry, du Rhône, Lyon chargé des expositions Archives municipales, Vaulx-en-Velin Bibliothèque municipale, Lyon Marie Maniga, médiatrice Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, Lyon Ecole Nationale Supérieure de Sous la direction de Préparation Pastilles Police, Saint-Cyr Anne-Catherine Marin, des documents / documentaires Musée de la Fondation Fourvière, directrice encadrement réalisées par : Lyon des Archives de Lyon Sonia Ozanne, Jean Bouloc, Instituts d’Histoire Sociale CGT, Merci à tous ceux Lyon Elisabeth Juge, Julia Maïnetti, Musée des Beaux-Arts, Lyon qui ont apporté Avec le conseil atelier de restauration des Jean René Orsi, Musées Gadagne, Lyon leur aide par le scientifique de Archives de Lyon Grégory Sanchez, Musée des moulages – Université prêt d’objets et Jean-Luc de Ochandiano, Léna Trioulaire, Lumière-Lyon 2 de documents Katarina Weser Musée national de la Résistance, chercheur associé au Médiation Champigny sur Marne familiaux LARHRA et auteur de Marie Maniga, dans le cadre du Master Musée des tissus, Lyon et par leurs l’ouvrage « Lyon à Laura Segrétain, DASI 2012 – 2013, Le Rize, Villeurbanne encouragements l’italienne » Archives de Lyon sous la direction de Service des cimetières, Ville de Lyon Cyril Peyramond et Service de l’Inventaire général du Madeleine et François Alloisio, André Mosoni, Bernard Mosoni, patrimoine culturel Jeannine et Rocco Altamura, Mauro Armelle Nardone, Jean-Luc de Jacques Gerstenkorn Scénographie Programmation de la Région Rhône-Alpes, Lyon Andreoli, Guido Aviani, Pascal Ochandiano, Ginette Orcel- Service du patrimoine, Ville de Lyon Bandelier, Lilia et Jean-Luc Barcelli, Busseneau, Marius Orgiazzi, Mourad Laangry Cécile Lonjon, Tonina Battista Jagorel, Danielle Calogero Pace, Gérard Palestra, Archives de Lyon Association Apulia, Lyon Boissat, Paolo Bologna, Marie- Bruno Percio, Arlette-France Perrin, Graphisme Jean-Luc de Ochandiano L’exposition a reçu le Association “un air d’Italie”, Pascale Bonnefond, Catherine Anna Pizzorno, Michel Poët, soutien de la Direction Chassieu Bouchon, Anna et Dominique Marc Poisson, Franca Potapieff, Yannick Bailly - item Bouveret, Angelo Campanella, Sœur Françoise Quartier, Enrico Centro studi Piero Gobetti, Turin Communication Régionale des Affaires Jacqueline et Thierry Canque, Rea, Gisèle Reynaud, Liberato Cercle Franco-Italien, Meyzieu Aurélie Chalamel, Hervé Culturelles et de la Photographie et Chambre de commerce italienne, Rosa et Celestino Carbone, Guy Ricci, Maurice Rigotto, Calogera Laronde, Archives de Lyon Région Rhône-Alpes, Lyon Carniatto, Philippe Carry, Claude Sciandra, Gianna Saint-Jean, numérisation dans le cadre du dispositif Circolo Vincentini, Lyon Cavagnolo, Olivier Chavanon, Arlette Scappaticci, Louis Sesti, Père Gilles Bernasconi, Club Alpino Italianodi Varallo Maurice Cidavi, Christophe Luigi Taravella, Agnès Valentin, «Mémoires du 20e siècle Archives de Lyon Administration / en Rhône-Alpes». Comité de Lyon de la Société Dante Coupaud, Irma Danna, Madeleine Gilbert Travin, Danilo Vezzio, Alighieri et Thomas De Carolis, Jean-Pierre Michelle Zancarini-Fournel Logistique COM.IT.ES (Comitato degli italiani Dellasette, Ezzio Della Vedova, Cartographie Christiane Bailly, Les Archives municipales all’estero), Lyon Silvano et Nicoletta De Marchi, Jean-Luc Pinol, Pierre Bombard, de Lyon sont signataires de Ecomuseo Valle Elvo e Serra, Philippe Dufieux, Noël Mario et professeur, ENS Lyon Chrystèle Mestrallet, la Charte de coopération Donato Clorinda Fanelli, Alain Franchella, Delphine Blanc, Fogolâr Furlan, Lyon Attilio et Hubert Ferrari, Geneviève Ce livret reprend la majorité culturelle de la Ville de Institut culturel italien, Lyon Galliano, Eric Gugliermina, Ugo des textes de l’exposition, Raphaël Benoit, Lyon et membre du réseau Montage et Instituto per la storia della Iannucci, Mireille et Hervé Jallais, publiés avec l’autorisation Odette Da Silva, Traces en Rhône-Alpes Resistenza e della società Brigitte Ladret, Robert Laurini, accessoires Myriam Mousset, contemporanea nelle province di Michel Locatelli, Père Felice Lo de leur auteur Jean-Luc Stéphane Front, Mutto, Domenico Lorenzetti, de Ochandiano, conseiller Julie Jacob, Biella e Vercelli «Cino Moscatelli», Romain Carmona, Varallo Nicole Maire, Gaetano Mancino, scientifique de l’exposition. Muriel Jeudi, Pascal Martin, Maison des Italiens, Lyon Margarita Margini, Nathalie Mylène Horny Mission catholique italienne, Paris Masseboeuf, Maurice Mazzoni, Franz Metzger, Archives de Lyon Scuola Mosaicisti del Friuli, Stefano Mella, Yolande Merono, Archives de Lyon Spilimbergo Robert Michel, Marius Minicillo, P. 02
Tous ces parcours individuels, de ces Italiens, hommes, femmes et enfants, qui ont quitté leur terre natale, pour un autre territoire, pour des raisons économiques ou d’opinion, ont marqué d’une façon définitive la mémoire collective de la cité rhodanienne. Surmontant le désir parfois douloureux de retour, ils se sont fondus ainsi que leurs descendants dans l’agglomération lyonnaise pour Conception Graphique Yannick Bailly /// devenir, chacun dans son domaine, moteur de l’enrichissement politique, économique et culturel du territoire. offert par la Ville de Lyon
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