Développement d'un logiciel d'acquisition et de traitement pour l'imagerie spirale

 
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J. Chim. Phys. (1999) 96, 1511-1518
© EOP Sciences, Les Wis

               Développement d'un logiciel d'acquisition
                et de traitement pour l'imagerie spirale
                                    1              2                   1
                          J. Voiron *, D. Wecker et D. Grucker
     ' IPB, ULP/UPRES-A 7004 du CNRS, 4 rue Kirschléger, 67085 Strasbourg cedex,    France
               2
               Bruker Medical GmbH, Rudolf Plank Str 23, 76275 Ettlingen, Germany

" Correspondance et tirês-à-part.

RÉSUMÉ

  L'imagerie spirale par sa faible sensibilité aux artefacts de flux et de mouvement
est la technique de choix pour l'imagerie de flux et pour l'imagerie fonctionnelle. Un
logiciel a été développé, qui gère la modélisation de la forme des gradients,
l'acquisition (intégrée au logiciel d'exploitation du système), la reconstruction des
images ainsi que les corrections des trajectoires d'échantillonnage et des
inhomogénéités du champ magnétique. Sa facilité d'utilisation en fait un outil adapté
aux applications médicales.
Mots clés : imagerie spirale, imagerie rapide, reconstruction d'image.

ABSTRACT

  Due to its little sensitivity to motion or flow-induced errors, spiral imaging is an
excellent technique for flow imaging or functional imaging. A software allowing to
optimize the acquisition and processing parameters has been designed. It makes the
implementation of spiral imaging easier and is well-adapted to medical applications.
Keywords : spiral imaging, fast imaging, image reconstruction.
J. Voiron et al.

INTRODUCTION

 L'imagerie spirale est une technique d'imagerie rapide, basée sur l'échantiiiomage
en spirale de l'espace réciproque des basses kéquences vers les hautes fréquences
spatiales. Ce type d'échantillonnage nécessite des amplitudes de gradient plus élevées
que pour les acquisitions de type « echo planar )@PI), qui réalisent une exploration
oblique de l'espace réciproque par application d'un gradient de codage de phase
continu. Néanmoins contrairement aux techniques « echo planar », l'échantillonnage
en spirale permet de rephaser périodiquement tous les moments de gradient, rendant
l'acquisition des images relativement insensible aux artefacts de flux et de
mouvement. Cette particularité revêt toute son importance pour les applications
d'imagerie fonctionnelle ou des flux sanguins. Cette technique fournit également une
résolution plus isotrope que la plupart des techniques EPI, en raison d'une
pondération circulaire en T, ou Ti. Enfin l'élimination des commutations brutales
des gradients permet d'atténuer les courants induits. L'inconvénient majeur de
l'imagerie spirale réside dans sa structure relativement complexe qui nécessite
plusieurs étapes intermédiaires avant l'obtention de l'image : génération de gradients
appropriés, reconstruction spécifique via un algorithme de « gridding », correction
indispensable des trajectoires de gradient et des inhomogénéités du champ
magnétique. L'optimisation de toutes ces étapes nécessite des mises au point longues
et délicates. Nous avons développé un logiciel qui permet de faire l'ensemble de ces
réglages de façon efficace, rationnelle et interactive. Plus qu'un gain de temps, ce
programme permet a un utilisateur de maîtriser les paramètres responsables de la
qualité de l'image spirale, en fonction des objectifs poursuivis. Ce logiciel que nous
avons nommé SIAPS pour Spiral Imaging Acquisition and Processing Software
intègre toutes les étapes de pré et post acquisition.

CONCEPTION ET FONCTIONNEMENT DE « SIAPS n

  Ce logiciel a été conçu sur une station Silicon Graphics. Les modules de traitement
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ont été écrits en langage C et I'interfaçage a été réalisé en langage TclTk. Les
protocoles d'acquisition gérés à partir du logiciel SIAPS ont été intégrés dans le
logiciel Paravision de Bruker.

Modélisation des formes de gradient

 La modélisation des formes de gradient qui repose sur le calcul de « la fonction de
transfert)) du système de gradients (équation (l)), permet de tenir compte des
contraintes imposées par l'appareillage [l]. Afin de réduire au maximum la durée
d'acquisition, les trajectoires de gradient sont, dans un premier temps, modélisées de
manière à permettre l'utilisation de la vitesse maximale d'établissement des gradients
(« slew rate ») autorisée par I'alimentation. Dans un second temps lorsque les
gradients ont atteint leur amplitude maximale, ils oscillent à amplitude constante
jusqu'à la fin de l'acquisition. Les valeurs maximales du « slew rate » (Sm,,) et de
l'amplitude des gradients (G,,)      caractérisent les limites du système de gradient. Ces
constantes dépendent entre autre de la valeur maximale du pic de tension (V,, ) et du
plateau de courant (I,,)      que peut fournir l'alimentation de gradient, ainsi que du
rapport lUL où R et L caractérisent respectivement la résistance et la self inductance
équivalente des bobines et de l'alimentation de gradient. Expérimentalement nous
avons      déterminé          pour       notre      scanner      S200       Bruker       :
S,,=98mT/m/setGm,=30mTIrn.
Mathématiquement, en considérant la fonction de transfert du système de gradient,
les trajectoires sont modélisées par les équations suivantes :

    (S = O sinon (G = G,,,)
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Ce système se ramène à un système d'équations différentielles non linéaires du
second ordre résolu à l'aide de la méthode de Runge Kutta du quatrième ordre. Les
valeurs de G,, et Sm,, fixent les conditions aux limites de ce système. Le logiciel
SIAPS intègre cette procédure de résolution. L'utilisateur gère via un panneau
interactif les paramètres d'acquisition tels que champ de vue de l'image, largeur
spectrale, résolution, nombre de         segments d'acquisition,   facteur de sur
échantillonnage, qui permettront grâce à cette procédure de générer les gradients
spiraux optimisés.
Deux modes d'acquisition sont possibles : le mode segmenté d'ordre N (N>l), et le
mode « single shot » (N=l). Le mode segmenté consiste à acquérir l'espace
réciproque en le fragmentant en N segments de trajectoire, de manière à réduire la
durée d'acquisition par segment d'un facteur IR\I par rapport à une acquisition de
type   single shot ». Cela permet de diminuer la sensibilité de la technique par
rapport aux effets d'inhomogénéités du champ magnétique. Ces inhomogénéités de
champ se traduisent par des distorsions et des artefacts d'intensité dans les régions
soumises à des gradients de champ.

Gestion de l'acquisition

 Les séquences d'acquisition sont intégrées au logiciel d'exploitation du système
Bruker nommé Paravision. Elles sont néanmoins gérées depuis SIAPS par
l'intermédiaire de commandes Paravision. Ces séquences d'acquisition sont au
nombre de 4 : 2 séquences de type écho de gradient et spin écho ainsi qu'une
séquence de mesure des trajectoires d'échantillonnage et une pour la réalisation des
cartes de champ.

Reconstruction des images spirales

  La reconstruction des données échantillonnées le long de portions spirales consiste
en une interpolation de ces données sur une grille cartésienne, préalable à une
tiansformation de Fourier inverse. Cette opération d'interpolation est réalisée au
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moyen d'un algorithme de « gridding », initialement développé pour la reconstruction
de données en radioastronomie. Un résumé des principales étapes du « gridding » est
présenté ci après.
Les variations de la densité d'échantillonnage sont comgées en pondérant les
données par une fonction de compensation de densité (DCF). Cette fonction
apparentée à un filtre multiplicatif permet également de comger les intersections
éventuelles de portions de segments. Cette fonction est définie par le déterminant
jacobien apparaissant dans l'intégrale de la transformée de Fourier inverse, lors du
changement de système de coordonnées a l'issue de l'interpolation [2].
A l'issue de l'opération de filtrage par la DCF, les données sont pondérées en
fonction de leur distance respective au centre de la cellule considérée de la grille
cartésienne, puis sommées. Le résultat est évalué pour chaque cellule. La pondération
est effectuée à l'aide d'une fonction de Kaiser Bessel dont les propriétés
s'apparentent le plus à celles d'une fonction à support infini [3]. Les artéfacts de
repliements induits dans l'image après la transformation de Fourier inverse, sont ainsi
atténués. Au terme de cette étape de convolution, les données sont rééchantillonnées
sur une grille cartésienne. L'image est alors reconstruite par application d'une
transformée de Fourier inverse sur la matrice cartésienne.
Le logiciel SIAPS gère grâce à un panneau interactif, l'ensemble des paramètres de
reconstruction précédemment évoqués.

Mesure des trajectoires d'échantillonnage

  Bien qu'optimisées, les trajectoires de gradient présentent un certain nombre
d'imperfections par rapport à leurs formes théoriques. Ces imperfections ont pour
origine la non linéarité du système de gradient, les courants de Foucault, ainsi que les
inhomogénéités du champ magnétique. Si elles ne sont pas prises en considération,
elles sont la source d'artefacts intenses dans l'image (figure la). II est donc
indispensable de mesurer la trajectoire d'échantillonnage réelle. Cela est réalisé au
moyen d'une séquence de type spin écho composée du gradient spiral à calibrer,
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Figure 1 : lmages pondérées T; d'un objet test simulant le cerveau humain (a) Images
reconstruites en utilisant les trajectoires théonques.(b) Images reconstruites en utilisant les
trajectoires mesurées. (c) Images corrigées en utilisant la carte de champ linéaire.

                                                                                    J Chim Phys.
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chacun des 2 gradients spiraux étant calibrés indépendamment, précédé d'un gradient
de codage de phase [4]. Cette séquence est basée sur le principe suivant : à chaque
instant de I'échantillomage, l'aire sous chacun des pas du gradient de codage de
phase est égale et opposée à l'intégrale d'une partie du gradient spiral à mesurer. Le
signal est donc rephasé à chaque instant et donne naissance à un écho. SIAPS réalise
le suivi de la position de chacun des échos engendrés par l'ensemble des pas de
codage, ce qui permet d'accéder à la trajectoire d'échantillonnage. Pour ce faire, une
procédure détermine pour chacun des pas du gradient de codage de phase, la position
du maximum de l'écho formé à chaque instant de l'échantillonnage. La position
déterminée devant être la plus précise possible, un ajustement de la forme des échos
par un polynôme du second ordre est réalisé.

Correction des inhomogénéités de champ magnétique

 Dans la pratique, les trajectoires d'échantillonnage sont mesurées sur un fantôme
homogène. Par conséquent, les inhomogénéités de champ magnétique propres à
l'objet à imager subsistent. Dans certain cas, comme lors d'acquisitions de type
« single shot >) où effets de shims et de susceptibilités se combinent, ou pour réaliser
des images dans des zones de fortes variations de susceptibilité magnétique, il peut
être nécessaire de corriger ces inhomogénéités (figure lb). Pour cela SIAPS réalise
une carte d'offsets de champ magnétique, basée sur la différence des phases de
signaux RMN acquis à l'aide de 2 séquences de type écho de gradient décalées d'une
quantité       ATE    (variation   du    temps    d'écho).    Une     fonction   du   type
f(x, y) = f,   + a x + Dy est alors ajustée par la méthode des moindres carrés sur la carte
de champ, de manière à ne prendre en compte que les termes linéaires des
inhomogénéités du champ [ 5 ] . En préalable à toute opération d'interpolation, le
signal obtenu lors de l'acquisition de l'image est alors démodulé par rapport à l'offset
de fréquence centrale f,, alors que les trajectoires mesurées sont modulées par des
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quantités proportionnelles à a et P. Les images corrigées sont présentées sur la figure
lc.

RESULTATS

  Les images présentées ici ont été acquises sur un scanner IRM corps entier
Bruker 2T équipé de bobines de gradient permettant d'établir des champs de
30mT/m. Une séquence d'écho de gradient avec un temps d'écho égale à 6 ms a été
utilisée. Une acquisition de type « single shot » d'une durée de 65 ms correspondant à
une résolution 128*128 a été mise en œuvre aussi bien pour l'acquisition de l'image
que pour la réalisation de la carte de champ. Pour la carte de champ, un ATE de 5ms
correspondant à une carte couvrant +100Hz a été choisi.

CONCLUSION

  Ce logiciel en raison de sa facilité d'utilisation et de la gamme de réglages
interactifs qu'il propose, en fait un outil bien adapté pour bon nombre d'applications
médicales. En particulier, ce logiciel trouve tout son sens en imagerie fonctionnelle
où il allie la facilité de traitement, aux propriétés inhérentes à l'imagerie spirale et qui
en fait une technique plus robuste aux artéfacts de mouvement que la technique
« echo planar ».

REFERENCES

1 King K. F., Foo T. K., Crawford C. R. (1995) "Proc.,SMR,~" Annual Meeting ,
Nice Acropolis, p.623.
2 Hoge R., Kwan R., Bruce Pike G. (1996) "Proc., S M R , ~Annual
                                                           '~     Meeting", New
York, p.358.
3 Jackson J. I., Meyer C. H., Nishimura D. G. (1991) IEEE Trans. Med. lm., vol 10,
no 3.
4 Takahashi A., Peters T. (1995) MRM34,446-456.
5 Irarrazabal P., Meyer C. H., Nishimura D. G., Macovski A. (1996) MRM 35 , 278-
282.
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