Document d'orientation de l'OMS pour les pays préparant des demandes de financement pour la lutte antipaludique auprès du Fonds mondial ...
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P ro gra m m e mondi al de lutte a n t i p a l u d i q u e Document d’orientation de l’OMS pour les pays préparant des demandes de financement pour la lutte antipaludique auprès du Fonds mondial (2020-2022)
La version française de ce document a été mise à jour en mai 2020. Veuillez consulter le site web de l’OMS pour d’éventuelles mises à jour (http://www.who.int/malaria/fr)
P ro gra m m e mondi al de lutte a n t i p a l u d i q u e Document d’orientation de l’OMS pour les pays préparant des demandes de financement pour la lutte antipaludique auprès du Fonds mondial (2020-2022)
Document d’orientation de l’OMS pour les pays préparant des demandes de financement pour la lutte antipaludique auprès du Fonds mondial (2020-2022) [WHO technical brief for countries preparing malaria funding requests for the Global Fund (2020–2022)] ISBN 978-92-4-000415-3 (version électronique) ISBN 978-92-4-000416-0 (version imprimée) © Organisation mondiale de la Santé 2020 Certains droits réservés. La présente publication est disponible sous la licence Creative Commons Attribution – Pas d’utilisation commerciale – Partage dans les mêmes conditions 3.0 IGO (CC BY NC- SA 3.0 IGO ; https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/igo/deed.fr). Aux termes de cette licence, vous pouvez copier, distribuer et adapter l’oeuvre à des fins non commerciales, pour autant que l’oeuvre soit citée de manière appropriée, comme il est indiqué ci dessous. 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Document d’orientation de l’OMS pour les pays préparant des demandes de financement pour la lutte antipaludique auprès du Fonds mondial (2020-2022) [WHO technical brief for countries preparing malaria funding requests for the Global Fund (2020–2022)]. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2020. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO. Catalogage à la source. Disponible à l’adresse http://apps.who.int/iris. Ventes, droits et licences. Pour acheter les publications de l’OMS, voir http://apps.who.int/bookorders. Pour soumettre une demande en vue d’un usage commercial ou une demande concernant les droits et licences, voir http://www.who.int/about/licensing. Matériel attribué à des tiers. Si vous souhaitez réutiliser du matériel figurant dans la présente oeuvre qui est attribué à un tiers, tel que des tableaux, figures ou images, il vous appartient de déterminer si une permission doit être obtenue pour un tel usage et d’obtenir cette permission du titulaire du droit d’auteur. 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Les parties intéressées doivent se familiariser avec les prescriptions juridiques et éthiques applicables au niveau national. L’OMS n’endosse aucune responsabilité pour l’achat, la distribution et/ou l’administration d’un quelconque produit quelle qu’en soit son utilisation. Traduction par ITC France, Dardilly, France. L’OMS ne saurait être tenue pour responsable du contenu ou de l’exactitude de la présente traduction. En cas d’incohérence entre la version anglaise et la version française, la version anglaise est considérée comme la version authentique faisant foi.
TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS 1 1. INTRODUCTION 3 2. UTILISATION D’INFORMATIONS STRATÉGIQUES POUR OBTENIR UN IMPACT 5 3. LUTTE ANTIVECTORIELLE CONTRE LE PALUDISME, RÉSISTANCE AUX INSECTICIDES INCLUSE 21 4. CHIMIOTHÉRAPIES PRÉVENTIVES 31 DOCUMENT D’ORIENTATION DE L’OMS POUR LES PAYS PRÉPARANT DES DEMANDES DE FINANCEMENT POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE AUPRÈS DU FONDS MONDIAL (2020-2022) 5. GESTION DES CAS (DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DU PALUDISME) 38 6. ÉLIMINATION DU PALUDISME ET PRÉVENTION DE SA RÉAPPARITION 57 RÉFÉRENCES 63 TABLEAU RÉCAPITULATIF 65 iii
iv
AVANT-PROPOS Après de nombreuses années de grands progrès dans notre lutte contre le paludisme, notre trajectoire se stabilise et le monde n’atteindra pas les objectifs de réduction de la morbidité et de la mortalité liées au paludisme pour 2020. Avec plus de 400 000 décès et plus de 200 millions de cas de paludisme chaque année, nous devons de toute urgence faire évoluer notre approche si nous voulons exploiter pleinement le potentiel des outils actuels et les ressources disponibles afin de nous remettre sur les rails. La riposte « D’une charge élevée à un fort impact » (HBHI), lancée en 2018 par l’OMS et le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, vise à relancer le rythme des progrès dans la lutte mondiale contre le paludisme. Elle est guidée par quatre éléments clés (1).1 Des directives claires, fondées sur des données factuelles, constituent un élément de réponse essentiel. Ce document résume l’ensemble des recommandations actuelles de l’OMS sur le DOCUMENT D’ORIENTATION DE L’OMS POUR LES PAYS PRÉPARANT DES DEMANDES DE FINANCEMENT POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE AUPRÈS DU FONDS MONDIAL (2020-2022) paludisme. Celles-ci restent inchangées et sont le fruit d’une évaluation minutieuse suivant des procédures normalisées dans le cadre des processus normatifs de l’OMS. L’OMS utilise des processus strictement définis pour évaluer la solidité des recommandations et la certitude des données sur lesquelles elles sont fondées. Nos recommandations sont généralement des énoncés sommaires, accompagnés de déclarations complémentaires qui attirent l’attention sur les considérations de contexte et de mise en œuvre et sur les principaux effets souhaitables et indésirables. Ce document permet de distinguer les recommandations officielles des déclarations complémentaires. Nous nous efforçons d’améliorer l’élaboration, la présentation et la flexibilité de nos recommandations. À l’avenir, nous avons l’intention de produire des directives évolutives qui seront mises à jour plus rapidement en fonction de la disponibilité de nouvelles données. Un deuxième élément de réponse repose sur l’utilisation stratégique des données locales, ce qui tient compte de la grande diversité contextuelle dans laquelle nous opérons collectivement. Il est essentiel de bien comprendre les différents types de contextes dans chaque pays (ou strates) pour identifier la combinaison optimale d’interventions et les meilleurs moyens de les mettre en œuvre. Nous travaillons donc avec les pays afin de renforcer l’utilisation des informations locales pour la stratification, la définition de combinaisons optimales d’interventions et la hiérarchisation rationnelle, sûre et éthique des ressources pour maximiser l’impact. Les données locales sont également essentielles pour comprendre l’impact des stratégies déployées, ce qui permet d’affiner les stratégies infranationales et d’alimenter les connaissances mondiales. Ce document s’appuie sur les principes énoncés dans la stratégie technique mondiale, et élaborés dans le cadre pour l’élimination du paludisme et l’approche HBHI. En 2019, le Comité de pilotage de la politique de lutte antipaludique (MPAC), un groupe d’experts mondiaux indépendant qui conseille l’OMS, a approuvé la nécessité absolue d’investir dans la collecte, le regroupement et la conservation des données au niveau des pays, et de renforcer les capacités d’utilisation de ces données pour éclairer les processus de hiérarchisation des priorités (2). Ce document est une évolution des directives précédentes et vise à soutenir les programmes nationaux de lutte contre le paludisme dans l’élaboration de propositions de financement solides et adaptées à leur contexte, et à faciliter l’évaluation des propositions par les groupes 1 Les quatre éléments clés de l’HBHI : 1) la volonté politique de réduire le nombre de décès dus au paludisme ; 2) des informations stratégiques pour un maximum d’impact ; 3) de meilleures orientations, politiques et stratégies ; et 4) une riposte nationale coordonnée contre le paludisme. 1
d’examen technique du Fonds mondial. La première section donne un aperçu de l’objectif du document. La section 2 décrit le processus de stratification, qui guide les combinaisons d’interventions pour les contextes locaux, et la hiérarchisation des priorités. La section 3 présente les recommandations fondées sur des données probantes qui ont été élaborées dans le cadre des processus officiels et rigoureux de l’OMS. La dernière section comprend un tableau qui résume le lien entre les recommandations et leurs adaptations potentielles dans le cadre d’approches d’interventions antipaludiques adaptées et fondées sur des données locales. 2
1. INTRODUCTION Le Rapport sur le paludisme dans le monde 2019 estime que 405 000 décès et 228 millions de cas étaient dus au paludisme en 2018 (3). La priorité mondiale est de réduire la charge élevée du paludisme, tout en conservant l’objectif à long terme d’élimination du paludisme. Ce document a été élaboré par le Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS comme un résumé des directives existantes et de leur application à l’attribution des subventions du Fonds mondial. Il n’est pas destiné à se substituer aux documents publiés par l’OMS sur lesquels il est basé, mais souligne la nécessité d’adapter les directives mondiales en fonction des besoins et des données nationales. Les efforts de lutte et d’élimination du paludisme sont guidés par la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 (GTS) (4). Adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2015, la stratégie définit des objectifs, des jalons et des cibles sur la voie d’un monde sans paludisme (tableau 1). Ces objectifs mettent l’accent sur la nécessité de réduire la morbidité et la mortalité et d’éliminer progressivement le paludisme dans les pays DOCUMENT D’ORIENTATION DE L’OMS POUR LES PAYS PRÉPARANT DES DEMANDES DE FINANCEMENT POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE AUPRÈS DU FONDS MONDIAL (2020-2022) où il était transmis en 2015. Tableau 1: Buts, objectifs intermédiaires et cibles de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 BUTS OBJECTIFS INTERMÉDIAIRES CIBLES 2020 2025 2030 1. Réduire les taux de mortalité liée au paludisme au plan Au moins 40 % Au moins 75 % Au moins 90 % mondial par rapport à 2015 2. Réduire l’incidence du paludisme au plan mondial Au moins 40 % Au moins 75 % Au moins 90 % par rapport à 2015 3. Éliminer le paludisme Au moins Au moins Au moins des pays où il y avait 10 pays 20 pays 35 pays transmission en 2015 4. Empêcher la réapparition Réapparition Réapparition Réapparition du paludisme dans tous les évitée évitée évitée pays exempts Figure 1: Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 : cadre, piliers et éléments d’appui Stratégie mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 Pilier 1 Pilier 2 Pilier 3 Garantir l’accès universel à la Accélérer les efforts vers Faire de la surveillance du prévention, au diagnostic et l’élimination et vers l’obtention paludisme une intervention au traitement du paludisme du statut exempt de paludisme de base Élément d’appui 1. Mettre à profit l’innovation et développer la recherche Élément d’appui 2. Favoriser un environnement propice 3
Après une réduction constante de la morbidité et de la mortalité dues au paludisme entre 2000 et 2015, les progrès se sont arrêtés ces dernières années et le monde n’est maintenant plus en mesure d’atteindre les objectifs de morbidité et de mortalité dues au paludisme pour 2020. Une initiative de redynamisation, appelée « D’une charge élevée à un fort impact », a été lancée par l’OMS, le partenariat RBM et les pays où la charge du paludisme était élevée en 2018 (1). Cette approche met l’accent sur la manière de se remettre sur les rails : susciter la volonté politique de réduire le bilan du paludisme ; utiliser les informations stratégiques pour obtenir un maximum d’impact ; élaborer de meilleures orientations, politiques et stratégies, et améliorer la coordination du soutien aux ripostes nationales au paludisme. Bien que la nécessité de se remettre sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de morbidité et de mortalité de la GTS ait été à l’origine de l’élaboration de ces activités clés, celles-ci s’appliquent aussi bien à tous les pays où le paludisme est endémique qu’à la réalisation des objectifs d’élimination de la GTS. L’un des principaux piliers de la GTS est le renforcement de la surveillance et l’utilisation locale des données locales. Ceci est essentiel pour les quatre étapes de l’élaboration et du suivi des programmes prioritaires de lutte antipaludique et d’élimination de la maladie : (i) la stratification du risque de paludisme et les approches de prestation de services ; (ii) l’élaboration d’un plan stratégique national optimal qui définit les ensembles d’interventions nécessaires pour optimiser la lutte contre le paludisme et son élimination dans un pays ; (iii) l’établissement de priorités rationnelles pour maximiser l’impact lorsque les ressources sont insuffisantes pour fournir les ensembles d’interventions optimaux ; (iv) le suivi de l’impact des ensembles d’interventions déployés. Ce document a pour but de soutenir les programmes nationaux de lutte contre le paludisme dans l’élaboration de propositions de financement solides qui offrent un bon rapport qualité-prix, conformément au plan stratégique national de lutte contre le paludisme auquel les partenaires peuvent se rallier. Ce document évoluera en fonction du retour des programmes nationaux et de leurs partenaires de mise en œuvre, ainsi que des travaux en cours au sein de l’OMS pour mieux orienter les processus nationaux de hiérarchisation des priorités en matière de lutte antipaludique et d’élimination de la maladie. En 2019, l’OMS a créé un recueil de ses directives sur le paludisme (5). Pour la première fois, ce document rassemble toutes les recommandations de l’OMS et les orientations correspondantes sur le paludisme dans une seule ressource, afin d’informer les responsables de programmes et les parties prenantes nationales et internationales. Ce recueil vise à informer les utilisateurs finaux des directives mondiales de l’OMS mais, comme toutes les directives mondiales, il ne donne pas d’indications sur ce que chaque programme national de lutte contre le paludisme et ses partenaires de mise en œuvre doivent faire dans des situations spécifiques. En outre, le recueil fait référence aux manuels, guides et autres ressources de l’OMS pertinents pour informer les lecteurs sur la meilleure façon de mettre en œuvre ces recommandations mondiales. Le présent document s’appuie sur ce recueil et fournit des conseils supplémentaires sur la manière d’adapter les recommandations de l’OMS dans différents contextes. La section suivante, qui se concentre sur le rôle central de la surveillance, est suivie de sections sur les stratégies préventives de lutte antivectorielle et de chimioprévention, puis sur le diagnostic et le traitement. La dernière section porte sur l’ambition ultime qu’est l’élimination. Vous pouvez faire part de vos commentaires au Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS à l’adresse e-mail suivante : gmpfeedback@who.int 4
2. UTILISATION D’INFORMATIONS STRATÉGIQUES POUR PRODUIRE UN IMPACT Le paludisme est une maladie dont la dynamique de transmission est complexe et qui est associée à une grande hétérogénéité géographique et temporelle. Dans tout pays où le paludisme est endémique, il n’est pas rare que l’intensité de la transmission et la charge de morbidité associée varient considérablement en raison du climat, du développement socio- économique, de l’urbanisation, du système de santé et d’autres facteurs. Au fil du temps, certaines parties d’un pays peuvent également passer d’un niveau d’endémicité à un autre en raison de l’évolution des déterminants, notamment parce que la couverture et l’utilisation des interventions ont une incidence sur la transmission et la charge de morbidité. Cette hétérogénéité exige une réponse ciblée et le choix d’interventions basées sur des données et des informations locales (infranationales). Les principes d’optimisation des ressources énumérés ci-dessous (encadré 1) doivent guider tous les aspects de la proposition de financement adressée au Fonds mondial. DOCUMENT D’ORIENTATION DE L’OMS POUR LES PAYS PRÉPARANT DES DEMANDES DE FINANCEMENT POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE AUPRÈS DU FONDS MONDIAL (2020-2022) Encadré 1 : Les principes de l’optimisation des ressources Économie : il s’agit de savoir si les intrants (personnel, consultants, matières premières et capitaux utilisés pour produire les extrants) sont achetés conformément à la qualité exigée et au juste prix. Dans le cas d’une intervention antipaludique, cela impliquera la collecte de données sur le coût unitaire des ressources humaines, matérielles et financières pour toutes les activités. Efficience : elle relie les intrants aux extrants et aux mesures, par exemple pour savoir si des interventions de qualité contre le paludisme sont fournies en quantité suffisante et au bon moment aux populations qui en ont le plus besoin. Efficacité : dans quelle mesure les résultats d’une intervention permettent d’atteindre le résultat souhaité en ce qui concerne la charge du paludisme (mesurée en termes d’infection, de morbidité et de mortalité toutes causes confondues). Équité : degré de répartition équitable des résultats de l’intervention. Rapport coût-efficacité : rapport entre les intrants économiques et les résultats. Dans le contexte de la lutte contre le paludisme, l’utilisation stratégique de l’information pour obtenir un impact implique le développement de systèmes permettant de générer, d’analyser et d’utiliser des données fiables pour : • identifier les populations à risque, le niveau de transmission et la charge de morbidité ou le potentiel paludogène ; • examiner les progrès réalisés contre le paludisme, au niveau national et infranational, dans un pays afin de définir l’impact des interventions et des activités qui ont été mises en œuvre, d’identifier les goulots d’étranglement et de fixer des objectifs infranationaux ; • identifier la meilleure voie à suivre pour progresser à l’avenir ; 5
• mobiliser les ressources et maximiser leur impact par une mise en œuvre ciblée au niveau infranational ; • identifier les moyens de mise en œuvre optimaux et éliminer les obstacles à l’accès ; • réagir aux épidémies et autres situations d’urgence ; • fournir des informations pertinentes pour la certification de l’élimination ; • surveiller si une résurgence de la transmission a eu lieu et, dans l’affirmative, orienter la réponse ; • améliorer la responsabilisation. Parmi les principales sources d’informations stratégiques, on peut citer : • les systèmes d’information sanitaire de routine, qui peuvent soit couvrir plusieurs programmes, soit être spécifiques au paludisme, soit se limiter à certaines activités (par exemple les services de laboratoire, les interventions, la distribution, la surveillance) ; • les données épidémiologiques détaillées provenant de systèmes de surveillance du paludisme basés sur les cas, qui peuvent être mis en œuvre lorsque le nombre de cas est suffisamment faible pour correspondre aux ressources nécessaires pour entreprendre une surveillance aussi intensive ; • les enquêtes auprès des établissements de santé, qui visent généralement à déterminer si les établissements disposent des ressources physiques et humaines nécessaires pour fournir des services (en particulier la chimioprévention, les tests de diagnostic et les traitements), et peuvent inclure des questions pour savoir si les patients bénéficient de tests de diagnostic et de traitements appropriés ; • les enquêtes auprès des ménages, qui couvrent généralement plusieurs interventions sanitaires, permettent d’en savoir plus sur les comportements de recours aux services de santé et ciblent souvent les enfants de moins de 5 ans et les femmes en âge de procréer. Les enquêtes propres au paludisme sont également courantes ; • la recherche opérationnelle, qui porte généralement sur des questions spécifiques et pertinentes pour le programme de lutte contre le paludisme, peut s’appuyer sur des enquêtes auprès des ménages ou des établissements de santé, et peut inclure des études sur l’efficacité des médicaments ou des insecticides ; • la surveillance entomologique, pour comprendre la répartition des principaux vecteurs du paludisme, leur comportement et les changements de leurs habitudes de piqûre en réponse à l’intervention ; elle fait partie de la surveillance sentinelle des programmes nationaux et inclut souvent la résistance des vecteurs aux insecticides ; • les données provenant de la supervision des services de santé (niveau central, niveau intermédiaire, niveau des établissements de santé et niveau des professionnels de santé) ; • les données contextuelles, qui ne sont pas collectées de manière systématique ou au cours de la recherche opérationnelle, mais qui sont utiles pour mieux comprendre et expliquer l’évolution des tendances de la charge du paludisme (elles comprennent les recensements de la population et les données climatiques et socio-économiques) ; • les sciences sociales et la recherche qualitative sur les comportements de recours aux services de santé et les obstacles à l’accès ; • les données climatiques des services nationaux de météorologie et des portails de données en ligne. 6
2.1 Étapes de l’utilisation des informations stratégiques pour avoir un impact L’utilisation d’informations stratégiques constitue la base de l’évaluation des progrès accomplis dans la lutte contre le paludisme, de l’analyse des combinaisons d’interventions et de la stratification, de la définition des plans stratégiques nationaux, du soutien à la mobilisation des ressources et de la hiérarchisation des investissements pour accroître l’impact. Les activités opérationnelles doivent être liées à des processus de suivi et d’évaluation solides afin de créer la boucle d’information dynamique nécessaire à un impact durable. La Figure 2 décrit brièvement le processus et l’utilisation des informations stratégiques pour l’évaluation des programmes de lutte contre le paludisme, l’élaboration des plans stratégiques nationaux, la mobilisation des ressources, la définition des priorités et la mise en œuvre. Figure 2: Exemple de processus pour la collecte, la compilation et l’utilisation d’informations stratégiques pour la mise en œuvre des programmes nationaux de lutte contre le paludisme DOCUMENT D’ORIENTATION DE L’OMS POUR LES PAYS PRÉPARANT DES DEMANDES DE FINANCEMENT POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE AUPRÈS DU FONDS MONDIAL (2020-2022) 2.2 Système efficace de surveillance du paludisme Un système de surveillance efficace est fondamental pour obtenir des informations stratégiques fiables. La surveillance du paludisme désigne « la collecte, l’analyse et l’interprétation continues et systématiques des données relatives au paludisme, et l’utilisation de ces données dans la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes de lutte contre le paludisme ». Le troisième pilier de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 consiste à transformer la surveillance du paludisme en intervention primordiale. Le manuel de référence « Lutte contre le paludisme : surveillance, suivi et évaluation » de l’OMS a été publié en 2018 (6). Ce manuel fournit des informations qui peuvent être utilisées pour élaborer des procédures opérationnelles standard (POS) nationales dans les domaines suivants : • la surveillance des cas de paludisme dans le cadre de la réduction et de l’élimination de la charge du paludisme ; • la surveillance de l’efficacité des médicaments dans les contextes d’élimination, en particulier dans les zones où chaque cas fait l’objet d’un suivi dans le cadre de la surveillance de routine ; 7
• la surveillance entomologique dans le cadre de la réduction et de l’élimination de la charge du paludisme ; • la détection des épidémies, la préparation et la réponse, en particulier dans les contextes de réduction de la charge avec transmission faible ou modérée ; • le suivi et l’évaluation des programmes et des systèmes de surveillance dans tous les milieux endémiques. L’épidémiologie du paludisme est susceptible de changer à mesure que la transmission diminue. • Le nombre de cas de paludisme simple et de fièvre va diminuer. • La répartition par âge des cas de maladie sera plus équilibrée, reflétant une diminution de l’exposition, mais avec une plus grande proportion d’adultes, en particulier de sexe masculin, lorsque les pays seront proches de l’élimination. • Le nombre de cas de paludisme grave et de décès va diminuer, bien que la proportion de cas de paludisme grave par rapport aux cas de paludisme simple puisse augmenter. • La présentation clinique des cas de paludisme grave et la tranche d’âge concernée peuvent changer • La transmission du paludisme va devenir plus focalisée. • Dans certains contextes, la maladie pourrait devenir plus fréquente chez les personnes exerçant certaines professions plus exposées aux inoculations par des vecteurs locaux, comme les ouvriers forestiers. • Les populations seront moins immunisées, et le risque d’épidémies et le taux de létalité associé augmenteront si les interventions sont interrompues. • Les cas importés pourraient représenter une fraction croissante du nombre total de cas de paludisme. • Dans les pays où le paludisme à P. falciparum et P. vivax est présent, la proportion de cas dus à P. vivax pourrait augmenter progressivement, car la transmission de P. falciparum peut généralement être réduite plus rapidement avec les interventions actuelles, tandis que les infections à P. vivax peuvent provoquer des rechutes dues au stade d’hypnozoïte. • Le recours systématique à une intervention exerce sur les vecteurs et les parasites du paludisme des pressions de sélection qui entraînent une perte d’efficacité des insecticides, des médicaments et des diagnostics. Les objectifs et les possibilités de surveillance, de suivi et d’évaluation évoluent également au cours de cette transition (Figure 3). • Dans les régions où l’objectif du programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) est de réduire la charge du paludisme, le suivi et l’évaluation du programme sont principalement basés sur des chiffres globaux provenant de systèmes d’information de routine et d’enquêtes auprès des ménages, et les actions sont conçues pour faire en sorte que l’ensemble de la population ait accès aux services pertinents et que la maladie ne présente pas de tendances négatives. • Dans les zones à très faible transmission où l’objectif du PNLP est de mettre en œuvre des activités d’élimination, la répartition du paludisme est plus hétérogène et il est important d’identifier les groupes de population les plus gravement touchés par la 8
Figure 3 : Processus et exigences du système de surveillance tout au long du parcours de transmission du paludisme forte Modérée Faible Très faible Zéro Maintenir à zéro PP Pf ≥ 35 % PP Pf de 10-35 % PP Pf de 1-10 % PP Pf > 0 mais < 1 % ou IPA de ~ 450 cas ou IPA de 250-450 cas ou IPA de 100-250 cas ou IPA de
maladie et de cibler les interventions de manière appropriée. Cela sera facilité par la cartographie des zones de transmission en cours et l’analyse de la répartition des cas au niveau de la communauté ou des ménages. La surveillance au cas par cas devient alors essentielle. • Plus la transmission est réduite, plus le risque d’épidémies augmente ; ainsi, les cas des établissements de santé doivent être signalés et analysés plus fréquemment pour garantir la détection précoce d’une éventuelle épidémie. • Dans tous les milieux, la surveillance de l’efficacité et de la résistance des insecticides, des médicaments et des diagnostics devient une composante essentielle du système de surveillance. • Les données annexes telles que le climat, les mouvements de population et les données logistiques sur les interventions, les ressources humaines et le financement deviennent partie intégrante de la planification des programmes. • L’évaluation continue de la surveillance en tant qu’intervention devient essentielle pour améliorer la qualité des données. • L’augmentation du nombre de données multidimensionnelles nécessite des bases de données structurées qui sont à la disposition des entités et des professionnels de santé de niveau inférieur pour le suivi et la riposte. Pour mettre en place des systèmes de surveillance efficaces, les pays doivent se concentrer sur les éléments fondamentaux suivants : • les personnes : y compris les décideurs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du service de santé, qui utilisent les données des systèmes de surveillance, le personnel de santé qui recueille et/ou utilise les données et les patients et communautés dont les informations sont enregistrées ; • les procédures : notamment les définitions de cas, la fréquence des rapports, les canaux de diffusion de l’information, les systèmes de qualité des données, les mesures d’incitation à la saisie et au regroupement de données de bonne qualité, l’analyse des données, les mécanismes d’évaluation des performances, les méthodes et la fréquence de diffusion des résultats, l’utilisation des données pour prendre des décisions sur les réponses appropriées, la supervision et la planification ; • les outils : notamment les formulaires de déclaration, les fiches de pointage, les registres, les cartes de patient, les plateformes de base de données avec tableaux de bord d’analyse, le matériel et les logiciels informatiques, la documentation et les supports de formation ; • les structures : y compris la manière dont le personnel est organisé pour gérer, développer et utiliser le système. Dans les contextes d’élimination, les exigences supplémentaires en matière de surveillance comprennent le signalement des cas, les enquêtes sur les cas et les foyers et la détection active des cas parmi les populations à haut risque. Cette surveillance intensifiée s’accompagne de coûts importants et doit être mise en œuvre lorsque l’élimination du paludisme est en vue. Les premiers efforts devraient d’abord être investis dans l’augmentation du signalement des cas, une fois par semaine au lieu d’une fois par mois, puis une fois par jour, l’utilisation de ces données pour mieux comprendre les schémas et les foyers potentiels de transmission, l’analyse des déterminants de la transmission dans les zones où des cas subsistent, l’identification des zones de faible transmission et, si les cas sont suffisamment peu nombreux, la mise en œuvre de la surveillance, des signalements et des enquêtes au cas par cas. Les éléments de données et les indicateurs pertinents sont présentés dans les annexes du manuel de référence « Lutte contre le paludisme : surveillance, suivi et évaluation » (6). 10
2.3 Base de données et outils analytiques structurés du programme national de lutte contre le paludisme Pour que les pays utilisent leurs données de surveillance pour les activités opérationnelles et l’élaboration de politiques et de stratégies, ils doivent développer des bases de données structurées et fréquemment mises à jour qui peuvent être analysées pour éclairer la prise de décision à tous les niveaux du programme. Cette base de données ne remplace pas le système d’information pour la gestion de la santé (HMIS en anglais) et n’est pas équivalente à celui-ci, mais constitue un mécanisme permettant de rassembler les données courantes et non courantes afin d’améliorer l’utilisation des informations stratégiques pour avoir un impact. L’OMS recommande la mise en place d’un seul fichier de données sur le paludisme par pays. Le fichier de données sur le paludisme est principalement constitué des informations relatives au paludisme provenant des systèmes de surveillance de routine, des informations relatives aux interventions provenant des systèmes de gestion programmatique et logistique, des données paludométriques et des données relatives à la couverture en interventions provenant des enquêtes auprès des ménages, de l’entomologie, des données sur l’efficacité (médicaments, insecticides et diagnostics), du financement, des ressources humaines, des documents clés et des inventaires des partenariats et des données climatiques. Dans la mesure du possible, ces fichiers devraient être gérés au sein des systèmes nationaux DOCUMENT D’ORIENTATION DE L’OMS POUR LES PAYS PRÉPARANT DES DEMANDES DE FINANCEMENT POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE AUPRÈS DU FONDS MONDIAL (2020-2022) d’information sanitaire en termes d’hébergement, de mise à jour, de partage et d’autres processus de gouvernance des données, mais ils devraient être mis à la disposition des programmes nationaux de lutte contre le paludisme et de leurs partenaires et pouvoir être utilisés au niveau infranational. Au fil du temps, le fichier national alimentera les observatoires nationaux de la santé, dont il bénéficiera également. La Figure 4 présente une proposition de structure des fichiers de données nationaux. 2.4 Analyse pour la réponse, le suivi programmatique, l’évaluation et la planification stratégique L’analyse et l’évaluation des données relatives au paludisme au niveau infranational sont nécessaires pour comprendre les moteurs de progrès et les goulots d’étranglement et pour appliquer de manière sélective les interventions afin de maximiser l’impact. Les évaluations des programmes de lutte contre le paludisme recommandées par l’OMS doivent être réalisées en utilisant les meilleures données infranationales disponibles et validées (7). Une analyse et une stratification détaillées au niveau infranational doivent faire partie des évaluations des programmes de lutte contre le paludisme afin d’évaluer l’évolution de la charge du paludisme dans le temps, l’impact obtenu par les pays jusqu’à présent et les déterminants des progrès observés pour éclairer les futures actions. Trois de ces actions sont : 1. l’élaboration de nouveaux plans stratégiques nationaux avec un processus d’optimisation des stratégies d’intervention prévues dans la stratégie pour atteindre les objectifs nationaux ; 2. la hiérarchisation des ressources disponibles, souvent insuffisantes pour atteindre l’ensemble des objectifs stratégiques, afin que tous les investissements aient le plus grand impact possible ; 3. l’élaboration et le suivi de plans opérationnels infranationaux pour une prestation efficace et équitable de services de qualité. 2.4.1 Stratification infranationale du paludisme La stratification du paludisme désigne le processus de classification des zones géographiques ou des localités en fonction des déterminants épidémiologiques, médicaux, écologiques, sociaux et économiques du paludisme pour la planification, le suivi des progrès et l’orientation des interventions. Les avantages de la stratification sont notamment les suivants : 11
12 Figure 4: Proposition de structure d’un fichier national de données sur le paludisme Données du HMIS et du LMIS Interventions de routine Stock Données courantes sur • Gestion des cas • Distribution et les patients ambulatoires consommation et hospitalisés • MID de routine • TPIg et TPIn • Ruptures de stocks Autres données Données d’enquêtes Gestion des ressources Climat • Prévalence humaines/Formation • Température • Couverture des • Professionnels de • Précipitations interventions santé • Saison de transmission • Recours aux services • Sessions de formation Fichier national de de santé données sur le Partenariat Bibliothèque de Données entomologiques • Type (local, paludisme documents • Espèces de vecteurs et international) • Directives écologie vectorielle • Domaines de travail • POS • Résistance aux • Types d’activités • Plans opérationnels insecticides • Source de financement et budget Efficacité des médicaments et résistance • Données géocodées Déclencher des actions au Achat et fourniture • Établissements de de produits de base santé niveau infranational Financement (si non inclus dans • ACS Réorienter les stratégies des le LMIS) • École • Gouvernement programmes nationaux de • Externe • Microplanification des interventions lutte contre le paludisme • Shapefiles, etc. Soutenir le suivi et l’évaluation, les révisions des ASC : agent de santé communautaire ; GMP : Programme mondial de lutte antipaludique ; HMIS : système d’information pour la gestion sanitaire ; TPIn : traitement préventif intermittent chez le nourrisson ; TPIg : traitement préventif intermittent pendant la grossesse ; MID, programmes de lutte contre moustiquaires à imprégnation durable ; LMIS : système d’information et de gestion logistiques ; POS : procédure opérationnelle standard ; OMS : Organisation mondiale de la Santé. le paludisme, etc. Soutenir les rapports mondiaux
• suivre les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme et évaluer l’impact des interventions ; • identifier et cibler la meilleure combinaison d’interventions pour la planification stratégique nationale ; • une hiérarchisation et une quantification efficaces des ressources et la mise en œuvre d’interventions visant à optimiser l’impact des ressources disponibles. Pour fournir les informations pertinentes nécessaires à l’utilisation programmatique, l’analyse de stratification doit être effectuée au niveau infranational, de préférence au niveau du district (ou équivalent) ou à des niveaux inférieurs. Dans les contextes d’élimination, la stratification doit se faire au niveau du village au minimum, et au niveau du foyer si possible. Les paramètres de stratification du paludisme couvrent donc un large éventail de domaines liés au paludisme qui ont un impact direct ou indirect sur la transmission du paludisme, sur les cas de paludisme grave et de paludisme simple, et/ou sur la mortalité. Ces paramètres sont les suivants : DOCUMENT D’ORIENTATION DE L’OMS POUR LES PAYS PRÉPARANT DES DEMANDES DE FINANCEMENT POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE AUPRÈS DU FONDS MONDIAL (2020-2022) • épidémiologiques : prévalence du parasite Plasmodium, cas, paludisme et taux de mortalité toutes causes confondues des moins de 5 ans, rapport Pf/Pv, incidence ; • entomologiques : les espèces de moustiques vecteurs, leur abondance et leur comportement, les taux de piqûre ; • interventions : type, répartition, couverture, efficacité (résistance aux médicaments et aux insecticides, délétions des hrp2) ; • état de préparation du système de santé : accessibilité, rapidité, intensité et qualité de la prestation de services, qualité des systèmes de surveillance et des données ; • écologiques : facteurs climatiques (altitude, température, précipitations) et environnementaux (végétation, agriculture, logement, urbanisation, infrastructures, etc.) ; • comportement humain : recours aux interventions, migration saisonnière et autres comportements liés au risque d’exposition et à l’accès au traitement ; • autres facteurs contextuels : statut socio-économique, profession, conflits, localisation des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays ou autres urgences humanitaires. La stratification à l’aide de paramètres épidémiologiques constitue le fondement de la plupart des décisions programmatiques, mais les pays doivent considérer ces paramètres avec les autres énumérés ci-dessus pour une meilleure prise de décision. Des exemples de paramètres épidémiologiques, souvent utilisés dans les zones de transmission modérée et élevée, sont définis dans l’Encadré 2 et comprennent la prévalence du parasite établie à partir d’enquêtes, l’incidence des cas déterminée à partir de données de routine et les estimations du taux de mortalité. Souvent, la mortalité toutes causes confondues chez les enfants de moins de cinq ans est plus facilement disponible que la mortalité spécifique au paludisme dans les pays à transmission modérée et élevée du paludisme. Dans les contextes d’élimination, le nombre de cas est le principal paramètre épidémiologique utilisé en combinaison avec les données sur la classification des cas. Des paramètres entomologiques ou des données épidémiologiques historiques pourraient être utilisés pour définir le potentiel paludogène d’une zone. Ces paramètres ont des points forts et des limites et leur utilisation dépend du contexte. La Figure 5 a-d présente des exemples de stratification au niveau du district en utilisant différents types de paramètres épidémiologiques et de strates composites en fonction de leurs combinaisons. 13
Encadré 2 : Paramètres épidémiologiques pour la stratification du risque de paludisme Prévalence parasitaire (PP) Définition : proportion d’une population donnée souffrant d’une infection palustre déclarée à un moment donné Mesure : tests de diagnostic rapide (TDR) et/ou microscopie Sources de données : enquêtes auprès des ménages, enquêtes scolaires, surveillance des soins prénatals Points forts : courante et facile à mesurer, résonne plus facilement avec les programmes, indicateur indirect de la transmission Points faibles : enquêtes peu fréquentes qui ne sont pas conçues pour mesurer la prévalence du parasite avec précision au niveau infranational, signal saisonnier et temporel relativement faible (sauf dans la surveillance des soins prénatals), grande taille d’échantillon nécessaire avec une transmission décroissante, la plupart des enquêtes sont limitées à des tranches d’âge spécifiques (moins de 5 ans), moins utile pour mesurer la prévalence de P. vivax en raison des limites de diagnostic. Les enquêtes dans un pays peuvent être mises en œuvre à différents moments de la haute saison de transmission, ce qui complique les comparaisons dans le temps et conduit à des interprétations biaisées. Lorsque la microscopie est utilisée, elle peut parfois être de mauvaise qualité. Valeur ajoutée : les méthodes géospatiales peuvent être utilisées pour estimer la prévalence dans les unités infranationales situées en dessous du niveau administratif auquel les enquêtes ont été initialement conçues pour être précises (8). L’incertitude des estimations peut être mesurée empiriquement. Les zones à forte incertitude peuvent être ciblées pour la collecte de données supplémentaires. Les données de surveillance des soins prénatals peuvent être combinées avec les données de prévalence des enquêtes auprès des ménages pour améliorer la précision des estimations de la PP. Nombre de cas cliniques et incidence Définition : nombre de nouveaux cas de paludisme diagnostiqués. L’incidence des cas fait référence au nombre de cas pendant une période définie dans une population donnée, généralement mesurée comme le nombre total de cas cliniques pour 1 000 personnes-années à risque. Mesure : tests de diagnostic rapide (TDR) et/ou microscopie Sources de données : surveillance passive et/ou active des personnes présentant des symptômes Points forts : disponible à partir de systèmes de routine, signal temporel fort, couvre généralement tous les âges, commun et facile à mesurer, résonne plus facilement avec les programmes, mesure quasi directe de la charge de morbidité Points faibles : sensible à la qualité des systèmes de diagnostic et de surveillance et fortement influencé par les définitions de cas, les pratiques des professionnels de santé, le recours aux services de santé et les classifications de cas non concluantes. 14
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