Dossier thématique Grippe - Saison 2017-2018 - réseau Sentinelles
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Sommaire 1) Les virus de la grippe 2) La grippe pandémique 3) Les systèmes de surveillance de la grippe 4) La vaccination antigrippale pour la saison 2017-2018 a) Composition des vaccins antigrippaux dans l’hémisphère Nord b) Les recommandations pour la vaccination c) Les vaccins disponibles en France d) La vaccination antigrippale en pratique e) Bilan de la campagne de vaccination saison 2016-2017 5) Bilan épidémiologique grippe 2016-2017 en France métropolitaine a) Données cliniques b) Données virologiques c) Efficacité vaccinale 2
1) Les virus de la grippe Les virus de la grippe appartiennent à la famille des Orthomyxoviridae et au genre Influenzavirus. Il en existe trois types : A B C Les virus de type A et B varient régulièrement (glissement ou cassure antigénique) et sont responsables des épidémies saisonnières. Le virus de type C semble lié à des cas sporadiques et donne le plus souvent une grippe d'expression modérée. Les sous types A Les virus de la grippe de type A sont séparés en sous type en fonction de deux glycoprotéines de surface : • l'hémagglutinine (H1 à 17) • la neuraminidase (N1 à N9) Les deux sous-types circulants actuellement sont : • H1N1 • H3N2 A l'intérieur des sous-types, les virus sont classés en souches en fonction de l'origine géographique, de leur découverte et de leur année d'isolement. Par exemple : A/Fujian/411/2002(H3N2) Les lignages B Depuis les années 1980 est observée une co-circulation de deux lignages des virus influenza B : • Lignage B Yamagata • Lignage B Victoria 3
Réservoir Il existe de nombreux hôtes pour la grippe, à savoir : les oiseaux sauvages et domestiques, les mammifères marins, porcs, chevaux, autres (chat, chien, visons, furets) et l’Homme. Le réservoir du virus Influenza A virus est constitué des oiseaux aquatiques. Ces derniers peuvent contaminer les mammifères (surtout Homme et porc) ainsi que les oiseaux domestiques par l’intermédiaire de leurs déjections. Les principales hémagglutinines (H) et neuraminidases (N) pour l’Homme sont H1 à H3, et N1-N2. Pour les oiseaux aquatiques ce sont les H1 à H15 et N1 à N9. Transmission Le virus se transmet par voie aérienne (chez l’Homme et l’animal) à partir des sécrétions (toux, éternuements…) et des déjections d’animaux infectés. La personne infectée est contagieuse jusqu’à 7jours après la fin des symptômes. Pathologie Après une incubation de 1 à 3 jours, apparaissent des symptômes non spécifiques tels que fièvre forte avec frisson, céphalées rétro-orbitaires, myalgies, arthralgies, asthénies, myalgies et toux. La guérison se fait de façon spontanée en une semaine. Complications possibles Surinfections bactériennes broncho-pulmonaires, pneumopathie sévère, décompensation d’une insuffisance cardiaque ou respiratoire, encéphalite, myocardite, péricardite… Recherche des virus La recherche du génome viral se fait par RT-PCR, typage par des amorces spécifiques ou séquençage. La grippe survient dans les pays tempérés par épidémies hivernales de 6 à 12 semaines, et reste présente tout au long de l’année dans les 4 pays tropicaux.
2) La grippe pandémique Une pandémie grippale est une épidémie qui sévit au niveau d’une zone géographique très grande, suite à l’apparition d’un nouveau sous-type de virus résultant d’une modification génétique conséquente. Historique des dernières pandémies En 1918-1919, la pandémie de la « grippe espagnole » (virus A(H1N1)) a touché le monde entier. Selon les estimations de l’OMS 40 millions de personnes en sont décédées. D’autres pandémies moins graves ont eu lieu : en 1957-58, la « grippe asiatique » (virus A (H2N2)) et en 1968-69, la « grippe de Hong-Kong » (virus A(H3N2)). La dernière pandémie est survenue en 2009, causée par un nouveau virus A(H1N1)pdm09 (combinaison de virus aviaire, porcin et humain). Le risque pandémique semble lié au virus grippal de type A. Sous-types A(H1N1) A(H1N1) A(H2N2) A(H3N2) 1968 Grippe Hong Kong Pandémies 1918 1957 1977 2009 Grippe Espagnole Grippe Asiatique Grippe Russe Grippe Mexicaine L’apparition d’un nouveau virus entraine une pandémie car l’homme n’a pas d’immunité contre ce dernier. Le nouveau virus remplace le virus qui était jusqu’alors responsable des grippes saisonnières, et ce jusqu’à la pandémie suivante. C’est comme cela que le virus A(H1N1), responsable de la pandémie de 1918 a été remplacé en 1957, par le virus A(H2N2) avec la grippe asiatique. Pendant 10 ans, ce dernier a été responsable des grippes saisonnières jusqu’à la pandémie de 1968 où le virus A(H3N2) a pris sa place. En 1977, une réémergence du virus A(H1N1) a été observée (grippe russe). Depuis cette date les virus H1N1 et H3N2 circulent ensemble chaque année lors des grippes saisonnières. 5
3) Les systèmes de surveillance de la grippe La surveillance de la grippe en France est coordonnée par Santé Publique France. Elle allie surveillance épidémiologique et virologique, ci- dessous un schéma synthétique des différentes entités de surveillance au niveau national : • GrippeNet.fr est mise en place par le réseau Sentinelles et Santé Publique France. Cette surveillance recueille directement auprès de la population des données épidémiologiques sur la grippe, par Internet et de façon anonyme • Le réseau Sentinelles en collaboration avec les deux CNR (Paris et Lyon) et l’Université de Corse effectue une surveillance clinique et virologique des syndromes grippaux en médecine ambulatoire. Depuis septembre 2015 une centaine de pédiatres ont intégré la surveillance virologique. • A l’hôpital, la surveillance s’appuie sur le suivi du nombre de passages et d’hospitalisations pour grippe à partir d’un réseau hospitalier de services d’urgences (réseau Oscour) et du nombre d’admissions en service de réanimation. Une surveillance virologique est également effectuée à ce niveau grâce au réseau Renal-CNR • Le CépiDc (Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès) et l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) participent à la collecte des données concernant les décès causés par la grippe La surveillance des pandémies La surveillance des pandémies s’appuie sur la surveillance de la grippe classique, à laquelle peuvent se rajouter d’autres outils spécifiques. Par exemple pour la pandémie de 2009, une surveillance des cas graves admis en réanimation ou unités de soins intensifs a été mis en place, ainsi qu’un dispositif particulier pour suivre les décès par grippe en temps réel. 6
4) La vaccination antigrippale pour la saison 2016-2017 a) Composition des vaccins antigrippaux dans l’hémisphère Nord Pour la saison grippale 2017-2018, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande la composition suivante: • vaccins antigrippaux trivalents: • A/Michigan/45/2015 (H1N1)pdm09 (nouvelle souche) • A/Hong Kong/4801/2014 (H3N2) (sans changement) • B/Brisbane/60/2008 (Victoria) (sans changement) • vaccins antigrippaux quadrivalent: en plus des trois souches du vaccin trivalent, la souche B/Phuket/3073/2013 (Yamagata) Souches entrant dans la composition du vaccin antigrippal pour l’hémisphère NORD depuis la saison 2008-2009 Type 2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012 2012-2013 2013-2014 2014-2015 2015-2016 2016-2017 2017-2018 A(H1N1) A/Brisbane/59/2007 A/California/7/2009 A/Michigan/45/2015 A/Texas/50/201 A/Victoria/361 Ou A/Texas/50/201 A/Switzerland/ A(H3N2) A/Brisbane/10/2007 A/Perth/16/2009* A/Hong Kong/4801/2014 /2011 A/Victoria/361/2 2* 9715293/2013 011 B/Florida/4/20 B/Wisconsin/1 B/Brisbane/60/2008 B/Massachusetts/2/2012 B/Phuket/3073/ B 06 /2010 B/Brisbane/60/2008 (Vic) 2013 (Yam) (Yam) (Vic) (Yam) (Yam) B B/Brisbane/60/ B/Phuket/3073/ (quadrivalen Non disponible B/Brisbane/60/2008** (Vic) 2008 (Vic) 2013 (Yam) t) 7
b) Les recommandations pour la vaccination Les recommandations du Ministère de la Santé pour la vaccination n’ont pas évolué par rapport à la saison dernière, elles concernent : • les personnes âgées de plus de 65ans, • Toutes personnes présentant des facteurs de risque de grippe sévère à partir de l’âge de 6 mois (maladies respiratoires chroniques, MCV, diabète, immunodépression, troubles rénaux) • Femmes enceintes, quel que soit le trimestre de grossesse • Les personnes obèses dont l’IMC ≥ 40 kg/m² • Les personnes séjournant dans des établissements de soins de suite ou médico-social d’hébergement quel que soit leur âge • Entourage des nourrissons de moins de 6 moins présentant des facteurs de risque de grippe grave (prématurés, cardiopathie congénitale, déficit immunitaire congénital, etc.) • Personnel de Santé, contact avec personnes à risque de grippe grave, personnels bateaux de croisière et avions, guides de voyage Contre-indications principales : allergies aux œufs et protéines de poulet Plus d’information : Composition du vaccin antigrippal 2017-2018 : Recommandations OMS Règles d'hygiène : Recommandations Prévenir la grippe: « Fiche aide personnel de santé » Ministère de la santé : Lancement campagne de vaccination contre la grippe saisonnière 8
c) Les vaccins disponibles en France IMMUGRIP® INFLUVAC® VAXIGRIP® FLUENZ TETRA® (Pierre Fabre Médicament) (Abbott Products) (Sanofi Pasteur MSD) (Astra Zeneca) Année de 1991 2010 2010 ** commercialisation Description Inactivé trivalent à virion Inactivé trivalent à Inactivé trivalent à Quadrivalent - Virus fragmenté antigène de surface virion fragmenté grippal vivant atténué Indications Adultes et enfants de plus de 6 mois présentant un risque élevé de complications Enfants âgés de 2 ans à 18 ans Administration IM ou SC profonde Nasale Composition A/Michigan/45/2015 (H1N1)pdm09 Cf. trivalent + 2017-2018 A/Hong Kong/4801/2014 (H3N2) B/Phuket/3073/2013 B/Brisbane/60/2008 (Victoria) (Yamagata) Sources : ANSM, Vidal, MesVaccins.net *Les vaccins sont pris en charge à 100% pour les patients pour lesquels la vaccination antigrippale est recommandée (cf. page 8), et à 65% pour les autres personnes. **Ce vaccin est agréé aux collectivités (structures de soins, centres de vaccination) mais non remboursable par l'Assurance maladie 9
d) La vaccination antigrippale en pratique Cette saison, la date de début de la campagne de vaccination antigrippale est le 6 Octobre 2017. Les courriers d’invitation personnalisés ont été adressés aux personnes appartenant à une catégorie « à risque » entre fin Aout et fin septembre 2017. La prise en charge est valable jusqu’au 31 Janvier 2018. Personnes invitées déjà vaccinées au cours des Personnes invitées non vaccinées au cours des Personnes ciblées par la vaccination mais non 3 dernières années ** 3 dernières années ** identifiées par l’Assurance Maladie (non primo vaccinant) (primo vaccinant) (ex. femmes enceintes, personnes obèses, entourage familial des nourrissons…) Un accès simplifié 1. Retrait du vaccin chez le pharmacien, sur 1. Prescription du vaccin par un médecin ou 1. Prescription du vaccin par un médecin ou présentation du bon de prise en charge, une sage-femme une sage-femme sur le bon téléchargé et sans consultation médicale préalable 2. Retrait du vaccin chez le pharmacien, sur imprimé par le professionnel depuis 2. Injection par un médecin, une sage-femme présentation du bon de prise en charge Espace Pro*** ou un infirmier * 3. Injection par un médecin, une sage-femme 2. Retrait du vaccin chez le pharmacien, sur ou un infirmier * présentation du bon de prise en charge (* injection par l’infirmier sur simple 3. Injection par un médecin, une sage-femme présentation du bon, sans prescription (* injection par l’infirmier sur prescription ou un infirmier * médicale préalable) médicale) (* injection par l’infirmier sur prescription médicale) Sources : Ministère des affaires sociales et de la santé et Caisse nationale de l’assurance maladie ** sauf enfants et femmes enceintes *** Les médecins et sages-femmes peuvent télécharger et imprimer, depuis leur Espace Pro (rubrique commande / imprimés) des bons de prise en charge sur support vierge. 10
e) Bilan de la campagne de vaccination saison 2016-2017 65-69 ans 70 ans et plus Total ALD Asthme, Total personnes (moins de 65 BPCO… âgées ans) (moins de 65 ans) Campagne Vaccinés 1 042 424 3 412 512 4 454 936 592 796 345 820 5 393 552 2016 Invités* 2 814 921 6 127 763 8 942 684 1 659 744 787 034 11 389 462 Taux 2016 37% 55,7% 49,8% 35,7% 43,9% 47,4% Campagne Vaccinés 1 040 330 3 350 378 4 390 708 587 778 319 904 5 297 390 2015 Invités* 2 771 308 5 870 597 8 641 905 1 581 087 739 304 10 962 296 Taux 2015 37,5% 57,1% 50,8% 37,2% 43,1% 48,3% Sources : Données DCIR/Régime général hors SLM/France métropolitaine * Les « invités » sont les personnes identifiées par l’Assurance Maladie comme étant à risque de complications en cas de grippe (hors femmes enceintes, personnes obèses, entourage familial des enfants de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque de grippe grave). 11
Bilan de l’épidémie de grippe 2016-17 en France métropolitaine a) Données cliniques Une épidémie de taille modérée L’épidémie de grippe cet hiver a été due quasi exclusivement au virus de type A(H3N2) (97,9% des virus grippaux isolés)[1]. Elle aura duré 8 semaines ,du 12 décembre 2016 au 05 février 2017. Sur les 33 épidémies suivies par le réseau depuis 1984,dix ont démarré plus précocement (Figure1). Durant cette épidémie , près de 1,8 million de personnes auraient consulté un médecin généraliste en France métropolitaine pour un syndrome grippal (moyenne épidémique depuis 1984 : 2,5 millions). Le taux d’incidence cumulé de 2720 cas pour 100000 habitants est modéré au regard de celui des épidémies passées (figure2). Le pic a été franchi après six semaines d’épidémie en semaine 03 (du 16 au 22 janvier 2017), avec un taux d’incidence hebdomadaire relativement modéré de 410 cas pour 100000 habitants (Figure1). Toutes les régions ont été touchées. Figure 2. Taux d’incidence cumulée des épidémies de grippe,1984-2017 Figure 1. Evolution du taux d’incidence hebdomadaire des cas de syndromes grippaux vus en consultation de médecine générale par saison épidémique depuis 1984. En bleu : saison 2016- 2017 ,en gris : saisons de 1984 à 2016 (plus les courbes sont claires ,plus les données sont anciennes) Pour plus d’information cliquez ici 12
Bilan de l’épidémie de grippe 2016-17 en France métropolitaine b) Données virologiques Quelques précisions virologiques Au total, 2974 prélèvements ont été envoyés par les médecins Sentinelles aux Centres Nationaux de Référence (Institut Pasteur à Paris et Hospices Civils de Lyon) et au laboratoire de l’Université de Corse. Parmi ces prélèvements, 1437 (48,3%) ont été positifs pour au moins un virus grippal. Le taux de positivité des prélèvements pour au moins un virus grippal a été élevé durant l’épidémie (taux compris entre 60 et 70%) (Figure3). Pendant la période épidémique, le virus A(H3N2) a représenté 97,9% des virus grippaux isolés. Le virus A(H3N2) circulant cette année était proche de celui contenu dans le vaccin antigrippal. Figure 3. Evolution des différents sous-types des virus grippaux isolés et taux de positivité, 2016-2017 13
c) Efficacité vaccinale saison 2016-2017 Une efficacité vaccinale modérée chez les personnes à risque Par rapport aux six dernières épidémies (Figure 4), l’efficacité du vaccin antigrippal chez les personnes à risque a été modérée cette saison (53%,IC95%[46;59]). Elle était de 46% (IC95%[37;54]) chez les plus de 65 ans et de 67% (IC95%[57;75]) chez les moins de 65 ans porteurs d’une maladie chronique. Efficacité vaccinale du vaccin antigrippal saisonnier, 2016-2017 14
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