ECHO CHUM Troubles concomitants Programme de télémentorat accrédité par le DPC de l'Université de Montréal

 
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ECHO® CHUM
Troubles concomitants
Programme de télémentorat accrédité
par le DPC de l’Université de Montréal

Psychose, cannabis et traitement :
Meilleures pratiques
06 et 27 avril 2021

Didier Jutras-Aswad, MD, MSc, FRCPC
Président, CECTC du RUISSS de l’Université de Montréal
Professeur agrégé de clinique, Département de psychiatrie et addictologie, UdeM
Psychiatre et chercheur, CHUM
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Déclaration de conflits d’intérêts réels ou potentiels
Nom du conférencier : Dr Didier Jutras-Aswad

En relation ou non avec le contenu de cette activité, je n’ai pas eu au cours des deux dernières années, une affiliation ou des intérêts
financiers ou de tout ordre avec une société à but lucratif et je n’estime pas que je dois divulguer à l’auditoire un intérêt ou une
orientation particulière, non pécuniaire.
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Objectifs de la capsule de formation
Permettre aux partenaires de :

 1     Revoir les grandes lignes des données probantes sur le lien entre l’usage de cannabis et la psychose

 2     Se familiariser avec les principales données probantes portant sur les meilleures pratiques
       d’intervention pour l’usage de cannabis dans le contexte d’un trouble psychotique

 3     Discuter de certaines pistes de développement et de recherche pour améliorer les interventions
       dans ce champ de pratique
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Cannabis et schizophrénie

                                                                 Association démontrée entre l’utilisation de cannabis et la schizophrénie
                                                                 Certaines données suggèrent que les personnes avec facteurs de
                                                                  vulnérabilité pour la psychose seraient plus sensibles à cet égard
                                                                 Âge de début de consommation, fréquence de consommation et contenu
                                                                  en THC modulent le « risque psychotique » associé au cannabis

  Source : Caspi et al., Biol Psychiatry. 2005; Gage et al. Biol Psychiatry. 2016; Moore et al, Lancet, 2007; Marconi et al., Schizophr
  Bull. 2016; Galvez-Buccollini et al., Schizophr Res. 2012; van der Steur et al, Brain Sci, 2020
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Cannabis et schizophrénie
Interventions pour le TU cannabis : survol

 Les personnes avec un trouble psychotique utilisent le cannabis pour des motifs souvent
  semblables aux personnes sans de tels troubles : socialisation, effet euphorisant, modulation de
  l’humeur, relaxation
 Une part importante des personnes vivant avec une psychose consomme sans problème grave
  associé (ce qui ne vient pas contredire la diapositive précédente…)
 Importance de l’adaptation des approches et des interventions à la personne, sa motivation, ses
  objectifs de consommation (mais surtout de vie), son état clinique et aux effets réels du cannabis
  sur elle : adapter et standardiser sans rigidifier…

Gómez Pérez L et al, Esp Psiquiatr. 2014
Interventions pour le TU cannabis : survol
Approche transthéorique

                                          Pré-contemplation                          Entretien motivationnel
                                                                                      Réduction des risques
                                                                                                                             Modèle imparfait, avec plusieurs
                                         Ne pense pas avoir de
                                        problème, ne voit pas le                       Suivi, engagement                      limites
                                          besoin de changer.
                                                                             Contemplation                                   Peut guider sur le type
                   Rechute                                             Envisage un changement.                                d’interventions
                                                                                                                              à déployer
                                                                                                  Entretien motivationnel
                                                                                                   Réduction des risques
                                                                                                    Suivi, engagement
                                                                                                                             Surtout : souligne la possibilité
                                                                                                                              d’intervenir peu importe le stade de
                    Maintien
          Consolidation des acquis.                                            Préparation
                                                                                                                              changement
           Prévention de rechute.
                                                                   Prêt à changer. Planifie les actions.

   Approches
 psychosociales
Pharmacothérapie                                                                             Approches
                                                  Action                                   psychosociales
                                      Changements du comportement.                        Pharmacothérapie

     Prochaska et Di Clemente, 1982
Approches pour diminuer les risques
Guide pour l’utilisation à plus faible risque du cannabis

1. Choisissez votre moment                           Pensez-y bien si…
2. Trouvez vos limites                               … vous êtes un adolescent ou un jeune adulte
3. Choisissez des produits de qualité
                                                     … vous ou des membres de votre famille
4. Ménagez vos poumons                               avez une histoire de psychose ou de dépendance
5. Soyez respectueux, vaporisez
                                                     … vous êtes enceinte ou que vous allaitez
6. Allez-y doucement avec les produits comestibles
   que vous préparez                                 *** développé dans le cadre d’une approche
7. Attention aux mélanges                            populationnelle et pas spécifiquement pour les
8. Planifiez votre retour à la maison                personnes avec une comorbidité psychiatrique***

     *Référence : santemontreal.qc.ca/cannabis
Sevrage au cannabis

1. Symptômes de sevrage :
  •   Troubles du sommeil (p. ex. : insomnie, rêves perturbants)
  •   Fréquent, incommodant et persistant
  •   Irritabilité, colère ou agressivité
  •   Nervosité ou anxiété
  •   Diminution de l’appétit ou perte de poids
  •   Fébrilité
  •   Thymie dépressive
  •   Douleurs abdominales
  •   Instabilité/tremblements
  •   Sueurs, fièvre, frissons
  •   Céphalées
2. Apparaissent 1-2 jours après la cessation, durent 1-2 semaines, ou
   plus pour les troubles du sommeil
3. Intensité en fonction de la sévérité de la dépendance
4. Cause importante de rechutes
        Budney, 2003; Allsop et coll., 2011
TU et sevrage au cannabis :
Traitements pharmacologiques

•   21 études randomisées contrôlées
•   N=1755 participants
•   Traitement vs placebo
•   Interventions chez des participants
    voulant cesser de consommer
•   Interventions diversifiées : 9 catégories selon mécanisme
    d’action

      Nielsen, Gowing, Sabioni & Le Foll, 2019
Mécanisme d’action                                                                                                      Qualité de
                                                   Traitements testés             Abstinence      Sevrage        Complétion
         (N=nombre d’études)                                                                                                      l’évidence
                                           nabiximols, dronabinol,                                                                 faible à
Préparations à base de THC (N=4)
                                           dronabinol+lofexidine
                                                                                     ↔               ↓               ↔
                                                                                                                                   modérée
Inhibiteurs sélectifs du recaptage de la
                                           fluoxetine, escitalopram, vilazodone      ↔               ↔               ↔              faible
sérotonine (ISRS) (N=3)
                                           nefazodone, mirtazapine,
Antidépresseurs à action mixte (N=3)                                                 ↔               ↔               ↔              faible
                                           venlafaxine
                                                                                                    ↔
Anticonvulsivant et stabilisateur de       divalporex sodium, gabapentin,
l’humeur (N=4)                             lithium, topiramate
                                                                                     ↔         (↓ gabapentin)        ↓              faible

Antidépresseurs atypiques (N=2)            bupropion                                 ↔               ↑               ↔            très faible
Anxiolitique (N=2)                         buspirone                                 ↔               ↔               ↔              faible
Inhibiteur sélective de la recapture de la
                                           atomoxetine                               NR              ↔               ↔            très faible
noradrénaline (N=1)
                                                                                                                                    faible à
Modulateur des récepteurs NMDA (N=2) N-acetylcysteine (NAC)                          ↔               NR              ↔
                                                                                                                                   modérée
Neuropeptide (N=1)                         oxytocine                                 ↔               NR              ↔            très faible

                                                                                        ↓ = Diminution ↔ = Aucun changement, aucune différence
                                                                                        ↑ = Augmentation     NR = Non-rapporté
TU cannabis :
Traitements pharmacologiques

Conclusions
 Les études sont insuffisantes pour guider la pratique clinique
 Faible qualité de l’évidence en général (petites tailles d’échantillons, biais d’attrition, discordance
  des mesures utilisées)
 Les ISRS, antidépresseurs à action mixte ou atypiques, anxiolytiques et les inhibiteurs de la recapture
  de la NA ne sont pas avantageux pour traiter le TU cannabis
 Le THC et ses analogues ont un meilleur potentiel thérapeutique, mais demeurent un traitement
  au stade expérimental
 Étude récente sur le cannabidiol pour le TU cannabis (400, 800 mg par jour)
 Plus d’études sont nécessaires pour évaluer l’efficacité du gabapentin, NAC et l’oxytocin
     Nielsen, Gowing, Sabioni & Le Foll, 2019; Freeman et al, 2021
Dépendance au cannabis :
Gabapentin 1200 mg/jour
Diminution de l’usage du cannabis                 Diminution des symptômes de sevrage

                                                  N=50, RCT, 12 semaines, Gabapentin + EM/TCC
                                                  Jour 1 : 300 mg HS   Jour 2 : 300 mg bid
                                                  Jour 3 : 300 mg tid  Jour 4 : 300 mg bid + 600 mg HS
                                                  Semaine 11 : diminution progressive
  Mason et coll., Neuropsychopharmacology, 2012
Dépendance au cannabis :
Nabiximols

• 12 semaines
• N=128 (ERC)
• Nabiximols/placebo + TCC, counselling
• 3 jours d’induction, ad 32 doses par jour
  (86.4/80 mg THC/CBD)

     Lintzeris et coll., JAMA Internal Med, 2019
TU cannabis chez personnes avec un trouble
psychotique : Traitements pharmacologiques
Données probantes

 Les études menées jusqu’à maintenant sur les traitements pharmacologiques excluent le
  plus souvent les personnes avec un trouble de santé mentale
 Données quasi inexistantes sur le traitement pharmacologique du TU cannabis chez les
  personnes avec un trouble psychotique
 Données embryonnaires sur l’usage de thérapie de remplacement avec des produits avec
  ratio THC : CBD faible/modéré
 Quelques études à venir/démarrées sous peu, dont une au Québec

       Van Amsterdam et coll., Harm Reduction J, 2018; Schipper et al, J Psychopharmacol, 2018; clinicaltrials.gov
Traitement pharmacologique de la psychose
chez la personne avec TUC

 Usage de cannabis associé au risque de non-rémission des symptômes psychotiques et faible adhésion à la
  médication
 Faible évidence pour la supériorité d’un antipsychotique par rapport à l’autre
 La plupart des données sont des études ouvertes ou avec plusieurs types de substances d’abus
 Évidences suggèrent :
         Possible bénéfice des antipsychotiques atypiques et de la clozapine pour la psychose
         Possible supériorité des injectables compte tenu de la problématique d’adhésion à la médication
 Pas d’évidence soutenant l’usage d’un nouveau type de médication pour traiter simultanément la psychose
  et le TUC : le cannabidiol comme traitement de la psychose, avec ou sans TUC, n’est pas suffisamment
  soutenu par la littérature pour l’intégrer dans les pratiques
 Van Amsterdam et coll., Harm Reduction J, 2018; Schipper et al, J Psychopharmacol, 2018; clinicaltrials.gov
Interaction entre cannabis et médications

 Le THC est métabolisé par CYP2C9 et CYP3A4
 Le CBD est un substrat de CYP3A4 et CYP2C19
 Faible capacité du cannabis d’induire CYP1A2
 Attention aux fumeurs de tabac…
 Une partie importante de la morbidité psychiatrique (20-36 %) associée à l’usage de cannabis dans
  la population avec psychose viendrait de la non-adhésion au traitement pharmacologique
 Conclusion : ne pas arrêter ses médicaments parce qu’on consomme du cannabis !

Van Amsterdam et coll., Harm Reduction J, 2018; Schipper et al, J Psychopharmacol, 2018; clinicaltrials.gov
Dépendance au cannabis :
Interventions psychosociales

• 23 études randomisées contrôlées
• N=4045 participants.
• Différents types de thérapie répertoriés :
  TCC, EM, TCC+EM, approche par contingence,
  méditation pleine conscience, psychoéducation
• Traitement vs traitement usuel, minimal ou inactif
• Interventions diversifiées :
  - Durée et suivi post-traitement
  - Intensité de la thérapie
  - Issues mesurées
      Gates, Sabioni, Copeland, Le Foll, Gowing, 2016
Dépendance au cannabis :
Interventions psychosociales

Résumé et conclusion

 Rétention ≈ 70 %
 Abstinence chez 37 % des participants à la fin du traitement, 23 % au suivi post-intervention
 Efficacité accrue avec les interventions plus intenses (≥ 4 sessions et > 1 mois)
 Tx optimal : TCC + IM
 L’approche par contingence augmente l’efficacité de la TCC+IM pendant le traitement

    Gates, Sabioni, Copeland, Le Foll, Gowing, 2016
Traitement du TUC chez les personnes souffrant
de troubles de santé mentale

 Pas d’évidence soutenant l’utilisation de nouvelles interventions
  non-pharmacologiques autres que celles utilisées pour les personnes sans comorbidité
  psychiatrique
 Intervention très brève peu ou non-efficace, mais peu d’évidence, pour le moment, que le
  prolongement des interventions habituelles a un bénéfice clair
 Stratégies non-spécifiques existantes en traitement de la toxicomanie
  (i.e. : approche par contingence, entretien motivationnel, prévention
  de la rechute) peuvent être utiles de façon somme toute modeste
 Interventions utilisant la technologie comme mode d’administration ou en appoint
    Efficacité souvent comparable aux interventions standards pour la toxicomanie
    Pas/peu étudiées chez les personnes avec problèmes de santé mentale

    McLoughlin et al, Cochrane, 2014; Hjorthoj CR et al, Curr Pharm Des. 2014 : Karno et al, Addiction 2020; Tatar et al, Psychiatr Res, 2020
Traitement du TUC chez les personnes souffrant
de troubles sévères de santé mentale

  Accès à plusieurs modalités thérapeutiques selon les besoins de la personne,
   ses particularités et ses objectifs;
    Approche par contingence (pas seule)
    Entretien motivationnel
    Prévention de la rechute (TCC)
    Soutien par les pairs
  Approche pragmatique : flexibilité, prise en compte des limitations
   du patient (p. ex. : cognitive) et facilitation de l’adhésion à l’intervention;
  Intégration des interventions pharmacologiques et non-pharmacologiques
   habituelles pour les troubles de santé mentale et de la toxicomanie.

     McLoughlin et al, Cochrane, 2014; Hjorthoj CR et al, Curr Pharm Des. 2014 : Karno et al, Addiction 2020; Tatar et al, Psychiatr Res, 2020
Quelques priorités de développement
Recherche et innovation

 Interventions favorisant la réduction des risques adaptés à la population vivant avec
  un problème de santé mentale, dont l’efficacité est évaluée et confirmée
 Diversification des options d’interventions (pharmacologiques et non-pharmacologiques)
 Amélioration de la capacité d’adapter les interventions à la personne et à ses besoins spécifiques,
  selon ses objectifs et sa motivation
 Développement et évaluation de modalités novatrices pour rendre les interventions plus accessibles :
  intégration (judicieuse) des technologies ?
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