Education pour Tous d'ici 2015 - La réponse de l'Internationale de l'Education au Rapport mondial de suivi 2008
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ANALY S E d e l ’ I E Education pour Tous d’ici 2015 La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2008 Développer la protection et l’éducation de la petite enfance Rendre l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous Développer l’apprentissage et les savoir- faire auprès des jeunes et des adultes Accroître de 50 % le taux d’alphabétisation des adultes Atteindre la parité entre les sexes d’ici 2005 et l’égalité d’ici 2015 Améliorer la qualité de l’enseignement EDUCATION INTERNATIONAL INTERNATIONALE DE L’EDUCATION INTERNACIONAL DE LA EDUCACIÓN
Introduction Le rapport mondial de suivi sur l’EPT a été publié pour la première fois en 2002 afin de suivre l’évolution des progrès vers la réalisation des six objectifs de l’Education pour tous inscrits au programme historique du Cadre d’Action de Dakar. Le rapport de cette année s’étend au-delà de ces six objectifs pour se consacrer à plusieurs thématiques liées à la gou- vernance de l’éducation, le financement et la gestion de l’éducation, et tente d’apporter des solutions plus élaborées à la situation actuelle. Il se concentre sur l’égalité en tant qu’objectif politique prioritaire de tous les gouvernements et en tant que baromètre principal permettant d’évaluer la réussite des initiatives prises par la communauté internationale. Il insiste également sur la nécessité d’une gouvernance saine de l’éducation, outil essentiel pour relancer la dynamique nécessaire à la réalisation des objectifs de l’EPT. Le document complet et son résumé sont accessibles sur le site de l’UNESCO: http://www.unesco.org/fr/efareport/ Toutes les photos proviennent du RMS 2009 / © Unesco (veuillez vous référer au site pour de plus amples information) 2 Education pour Tous d’ici 2015
Internationale de l’Education Cette septième édition du Rapport mondial de suivi sur l’EPT soutient que l’équité doit être au centre du programme de l’Education pour tous. Malgré les progrès considérables qui ont été accomplis pour la réalisation de nombreux objectifs, les cibles prioritaires de 2015 ne seront pas atteintes et le temps vient à manquer. Le financement et la gouvernance ont des rôles importants à jouer. Les gouvernements et les approches actuelles en matière de gouvernance sont face à un échec lorsqu’il s’agit d’aborder la question de l’inégalité. Les pays en développement n’investissent pas suffisamment dans l’éducation de base et les pays donateurs n’ont pas respecté leurs engagements. La stagnation de l’aide à l’éducation se révèle une importante source de préoccupations quant aux perspectives d’avenir en matière d’éducation dans un grand nombre de pays à faible revenu. Toutefois, un accroissement des financements sans dispositions visant à garantir l’équité ne sera pas profitable aux populations les plus vulnérables et les plus défavorisées. Il est impératif d’adopter une approche de la politique d’éducation qui soit favorable aux pauvres afin que les objectifs puissent avoir un sens pour les enfants non scolarisés et les 776 millions d’adultes analphabètes. A partir d’une projection partielle, où ne figurent que les pays comptant pour les deux tiers seulement des 75 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire et qui ne sont pas scolarisés aujourd’hui, le rapport estime qu’il y aura encore 29 millions d’enfants non scolarisés en 2015.1 | 1 Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2009, UNESCO, 2008, p. 27 La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2009 3
L’Education pour tous : Un droit humain et un catalyseur du développement Au vu de la tendance actuelle, les cibles ambitieuses définies par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment l’universalisation de l’enseignement primaire accompagnée de l’égalité entre les sexes, ne seront pas atteintes d’ici à 2015. Plus important encore, le RMS réaffirme que, malgré ces pronostics, seule une intensification des efforts en vue de la réalisation de l’Education pour tous pourra modifier la donne, et que les gouvernements doivent agir en reprenant conscience de l’urgence et de leur engagement politique. Néanmoins, les progrès considérables qui ont été accomplis démontrent que l’engagement inter- national a son importance, que les délais soient respectés ou non. L’importance de l’Education pour tous Les progrès vers l’Education pour tous représentent l’un des enjeux décisifs du 21e siècle pour le développement. Le droit à l’éducation est un droit humain fondamental et, en tant que tel, il doit être défendu et considéré comme une fin en soi. Toutefois, l’éducation est également un moyen mis au service de projets sociaux, économiques et politiques de plus grande envergure. Dans le climat actuel de crise économique et de compétition d’intérêts divers, il s’avère tout à fait opportun de souligner le rôle crucial de l’éducation, comme le fait ce rapport. Seuls des citoyens éduqués peuvent espérer la croissance économique et cela nécessite, aujourd’hui plus que jamais, une égalité d’accès à une éducation de qualité. A l’heure actuelle, aucun pays, aucune société ne peut se permettre d’exclure quiconque de l’éducation en raison de sa pauvreté, son appartenance ethnique, sa religion ou son sexe. Le rapport s’étend longuement sur les bénéfices plus larges que peut générer l’éducation en termes économiques. A titre d’exemple, il fait référence à plusieurs études qui ont démontré qu’une année supplémentaire de scolarisation augmentait la croissance annuelle moyenne du produit intérieur brut (PIB) de 0,37 %.2 Mais l’éducation signifie bien plus que posséder les compétences nécessaires pour assurer la durabilité d’une économie. Les écoles sont des institutions culturelles où les enfants apprennent les langues, l’histoire et la culture de leur société ; elles leur permettent d’acquérir les compétences sociales et la confiance en eux-mêmes, d’élargir leurs horizons et d’aborder les problèmes en tant que citoyens actifs et à part entière. Les individus n’ayant pas accès à cette éducation de base complète seront bien moins équipés pour prendre une part active dans leur société et peser sur les décisions qui influencent leur vie et celle des autres. Aussi, l’éducation est-elle l’un des piliers fonda- mentaux de la démocratie et de la responsabilité des gouvernements. | 2 RMS 2009, p. 32 4 Education pour Tous d’ici 2015
Internationale de l’Education Les Objectifs du millénaire ne pourront être réalisés sans l’EPT, mais il est vrai également que les objectifs de l’éducation ne pourront, eux non plus, être réalisés en l’absence de progrès dans d’autres secteurs du développement ! Le Cadre d’Action de Dakar a été adopté en 2000. La même année, lors du Sommet du millénaire des Nations unies, les chefs d’Etat de ce monde ont adopté les Objectifs du millénaire pour le développement, allant de la ré- duction de l’extrême pauvreté et de la mortalité infantile à l’amélioration de l’accès à l’eau et aux systèmes d’assainissements. Les OMD englobent les objectifs de l’éducation dans ce contexte plus large, démontrant clairement la corrélation qui existe entre la réalisation des objectifs dans un secteur en particulier et les avancées réalisées dans d’autres domaines. Comme le démontre ce rapport, il est effectivement difficile d’accomplir des progrès durables dans un seul et unique secteur de développement. Se proposer de réduire la pauvreté de moitié ou de reculer la mortalité infan- tile des deux tiers semble peu crédible au vu de la lenteur et de l’inégalité des progrès vers l’éducation primaire universelle (EPU). En outre, il ne sera pas possible de réaliser les objectifs de l’EPU sans renforcer l’égalité d’accès à l’alimentation, aux systèmes d’assainissement, aux soins médicaux et aux autres ressources vitales. Les enfants dont la vie est ravagée par la faim, la pauvreté et la maladie ne peuvent manifestement pas réaliser leur poten- tiel à l’école. La santé publique et la mortalité infantile vont de pair avec l’éducation : comme en témoigne ce rapport, le niveau d’éducation d’une mère exerce une influence sur le taux de mortalité de ses enfants âgés de moins de 5 ans.3 Bien que ces liens semblent évidents, ils restent bien trop souvent ignorés dans les débats politiques centrés sur des secteurs spécifiques, et c’est la raison pour laquelle ce rapport souligne avec autant d’insistance l’interdépendance qui existe entre les OMD et l’EPT. L’Internationale de l’Education défend résolument l’idée que l’éducation est un droit humain fondamental et un catalyseur de la justice sociale et du développement | 3 RMS 2009, p.35 La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2009 5
Suivi des progrès vers la réalisation des objectifs de l’EPT Education de la petite enfance : encore loin de l’objectif Le RMS observe qu’une alimentation appropriée, une bonne santé et un environnement familial fournissant sécurité affective et richesse du langage durant les toutes premières années de l’existence sont cruciaux pour la réussite ultérieure dans l’éducation et dans la vie.4 Il ajoute qu’une éducation de la petite enfance (EPE) de qualité permet aux enfants d’acquérir des compétences cognitives, comportementales et sociales qui génèrent d’importants bénéfices en termes d’accès à l’école primaire, de progression à travers le cycle scolaire et de résultats d’apprentissage.5 Malheureusement, le rapport constate également que, dans les pays en développement, un enfant sur trois âgé de moins de six ans entrera à l’école primaire avec un corps, un cerveau et des perspectives d’apprentis- sage à long terme irrémédiablement endommagés par la malnutrition et une mauvaise santé.6 L’Internationale de l’Education revendique l’offre universelle de services d’éducation de la petite enfance, et des mesures ciblées pour apporter une assistance aux populations pauvres et les plus vulnérables. L’IE souligne que l’EPE est un service public qui devrait faire partie intégrante du système éducatif dans tous les pays. Les membres du personnel de l’EPE devraient pouvoir bénéficier d’une formation initiale et continue de bonne qualité, et d’un développement et d’un appui professionnels continus. Leurs salaires et leurs conditions de travail devraient être similaires à ceux des enseignants possédant le même niveau de qualifications dans d’autres secteurs. L’objectif de l’Education primaire universelle ne sera pas atteint Il est clair que, depuis Dakar, des progrès significatifs ont été accomplis en vue de la réalisation de l’Education primaire universelle (EPU). A titre | 4 RMS, p.46 | 5 RMS, p.46 | 4 RMS, p.56 6 Education pour Tous d’ici 2015
Internationale de l’Education d’exemple, en 2006, plus de 40 millions d’enfants supplémentaires ont été scolarisés dans l’enseignement primaire par rapport à 1999. L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud et de l’Ouest représentaient l’essentiel de cette augmentation, les effectifs progressant de 42 % dans la première de ces régions et de 22 % dans la seconde. 7 Mais malgré cela, la tendance actuelle indique de toute évidence que l’objec- tif de l’Education primaire universelle ne pourra pas être réalisé. Comme le révèle le RMS, « Quelque 75 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire ne sont toujours pas scolarisés et leur nombre baisse trop lente- ment et trop inégalement pour que l’objectif de 2015 puisse être atteint ».8 En ce qui concerne l’accès et l’achèvement du cycle scolaire, il existe de nombreuses disparités entre les pays et à l’intérieur même de ces pays. 55% des enfants en âge de fréquenter l’école primaire et qui ne sont pas scolarisés sont des filles, et plus de quatre cinquième d’entre eux vivent dans des zones rurales, principalement en Asie du Sud et de l’Ouest et en Afrique subsaharienne. Parmi les obstacles majeurs à l’EPU, citons le travail des enfants, la mauvaise santé et le handicap. Le rapport fait le constat alarmant que ce sont les enfants atteints de handicaps qui continuent de figurer parmi les plus marginalisés et ceux qui ont le moins de chances d’aller à l’école.9 L’IE se félicite des progrès réalisés en direction de l’EPU, mais elle réaffirme avec conviction son engagement en faveur de l’éducation de qualité et inclusive pour tous – les garçons, les filles, les enfants issus de familles pauvres, les enfants embrigadés dans le travail infantile, les enfants migrants, les enfants issus de minorités ethniques, les enfants souffrant de handicaps, ceux issus des zones rurales et tous les autres. Les gouvernements, les syndicats d’enseignants et tous les intervenants de l’éducation devraient unir leurs forces afin de garantir l’accès à une éducation de qualité aux populations marginalisées ou vivant en zones difficiles d’accès. | 7 RMS, p.46 | 8 RMS, p.56 | 9 RMS, p.82 La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2009 7
Internationale de l’Education Le RMS lance un appel pour que soient mises en place des approches politiques intégrées visant à éliminer les obstacles structurels qui tiennent les enfants à l’écart de l’école. Il affirme que de nombreux pays devront renforcer l’attention qu’ils accordent aux enfants non scolarisés. Le rapport lance également un avertissement en soulignant que le simple fait de scolariser les enfants ne suffit pas et que la rétention, l’achèvement du cycle et les résultats d’apprentissage sont tout aussi essentiels.10 Enseignement secondaire et au-delà : des résultats mitigés Le RMS révèle que près de 76 millions d’élèves supplémentaires ont été ins- crits dans l’enseignement secondaire depuis 1999. De même, le taux net de scolarisation moyen est passé de 52% en 1999 à 58% en 2006. Cependant, de nombreuses régions en développement sont toujours à la traîne. Par exemple, en Afrique subsaharienne, le TNS dans le secondaire n’atteignait que 25% en 2006.11 Les pays ayant enregistré des avancées significatives sont ceux qui se sont engagés à offrir l’accès universel à l’éducation de base, qui comprend le premier cycle du secondaire et l’enseignement primaire. Le rapport soutient que la mise en œuvre des lois sur la scolarité obligatoire et l’élimination des examens de fin du primaire figurent parmi les mesures importantes qui ont été prises par certains pays pour améliorer les taux de transition. Les objectifs 3 et 4 de l’EPT demeurent largement ignorés. Le rapport sou- ligne que des millions d’adolescents n’ont jamais fréquenté l’école primaire et que plus nombreux encore sont ceux qui ont quitté l’école sans être armés des compétences dont ils ont besoin pour gagner leur vie et partici- per pleinement à la société. De plus, il existe environ 776 millions d’adultes, dont deux tiers de femmes, qui ne possèdent pas les compétences minimales en matière d’alphabétisme. Les adultes analphabètes représentent 16% de la population mondiale. Les tendances actuelles laissent présager que plus de L’Internationale de l’Education encourage les gouvernements, les organisations donatrices et les autres organismes et intervenants, à adopter une approche holistique de l’Education pour tous. Il est indispensable de se concentrer sur l’ensemble des objectifs de l’EPT, afin que tous les enfants, tous les jeunes et tous les adultes puissent avoir accès à une éducation de bonne qualité. Cette année, la Semaine mondiale d’action (du 20 au 26 avril) aura pour thème central l’alphabétisation des adultes et l’apprentissage tout au long de la vie. A cette occasion, l’Internationale de l’Education et ses organisations membres, ses partenaires de la Campagne mondiale pour l’éducation et autres, réaffirmeront la nécessité pour les gouvernements et les autres acteurs de s’intéresser à cet objectif qui, bien que crucial, a été négligé. | 10 RMS, p.70 | 11 RMS, p.84 8 Education pour Tous d’ici 2015
700 millions d’adultes n’auront toujours pas acquis les compétences mini- males en matière d’alphabétisme d’ici à 2015. Ce problème est aggravé par le fait que de nombreux gouvernements n’ont accordé que peu de priorités aux besoins d’apprentissage des jeunes et des adultes dans leurs stratégies et leurs politiques d’éducation.12 Equité dans l’accès à l’éducation de qualité – un enjeu clé pour les progrès futurs ! Le RMS 2009 démontre que la répartition des chances d’éducation reste soumise à une forte polarisation – tant entre les pays qu’à l’intérieur même de ces pays. Le fait d’être né dans un pays en développement reste incontestablement un signe de chances amoindries. Dans les pays de l’OCDE, quasi 100% des enfants âgés de 6 ans fréquentent l’école, contre seulement 20% d’entre eux en Afrique subsaharienne. A 15 ans, plus de 80% des élèves fréquentent l’école secondaire dans la région OCDE, alors que l’Afrique subsaharienne compte à peine 70% d’inscriptions, dont une minorité dans l’enseignement secondaire.13 Ceci démontre clairement l’ac- cès limité, non seulement à l’éducation mais aussi aux différentes qualités d’éducation. Mais les inégalités à l’intérieur même des pays dressent un tableau encore plus sombre des disparités. Les disparités liées au revenu sont accentuées par celles fondées sur le genre, l’appartenance ethnique ou le lieu de résidence. C’est pourquoi, l’un des messages principaux de ce rapport souligne que les gouvernements nationaux et les agences interna- tionales du développement devront accorder plus de place à l’équité s’ils souhaitent réaliser les objectifs centraux du Cadre d’Action de Dakar.14 Il est clair que l’important dans l’éducation ce n’est pas seulement l’accès, mais également la qualité. L’aspect qualitatif de l’éducation est bien plus difficile à mesurer et à évaluer que son aspect quantitatif. Ce rapport tente d’étudier la question en se référant à quelques études internatio- nales, dont PISA, qui démontrent que certains pays en développement participants, comme le Pérou ou le Brésil, se retrouvent bien loin en queue de peloton par rapport au taux moyen de réussite des élèves dans les pays de l’OCDE. Toutefois, il convient de rester prudent lors de l’utilisation d’outils tels que les études comparatives internationales pour mesurer la qualité de l’éducation. La véritable qualité englobe bien plus que ce qui peut être évalué et reste tributaire des contextes nationaux, des programmes scolaires et des objectifs, et surtout de la présence d’enseignants qualifiés et bien formés. Égalité des sexes : Les progrès sont trop lents Dakar définit un agenda pour le genre en deux volets : réaliser la parité entre les sexes et progresser vers l’égalité entre les sexes. La combinaison de ces deux volets donne au cadre de l’EPT une portée beaucoup plus large que celle des autres objectifs internationaux de développement. A l’échelle mondiale, des progrès continus ont été accomplis en direction de la parité entre les sexes, ce qui démontre que les différences fondées sur le sexe dans l’éducation peuvent être surmontées grâce à une politique pu- blique et un changement de mentalité. Toutefois, il reste un long chemin à parcourir dans la mesure où seuls 59 pays sur 176 ont réalisé la parité entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire. Les écarts les plus importants se retrouvent en Asie du Sud et de l’Ouest et en Afrique subsaharienne, avec cependant quelques avancées positives | 12 RMS, p.46 | 13 RMS, p.29 | 14 RMS, p.30 La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2009 9
au Népal, en Ethiopie et au Libéria qui ont connu une amélioration de 30%. Dans de nombreux pays, les filles sont moins exposées au risque de redoubler leurs années et ont plus de chances d’atteindre la classe terminale et d’achever le cycle complet de l’enseignement primaire. Concernant l’enseignement primaire, plus de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne, d’Asie du Sud et de l’Ouest, ainsi que les Etats arabes, doivent encore réaliser la parité entre les sexes. Concernant l’enseignement secondaire, dans l’ensemble des régions en développement, la participation des Etats arabes, de l’Asie du Sud et de l’Ouest et de l’Afrique subsaharienne reste très peu active. Inversement, l’Amérique latine et les Caraïbes ont enregistré un nombre plus important d’inscriptions parmi les filles que parmi les garçons. Dans la quasi-totalité des régions, le développement de la scolarisation dans l’enseignement L’Internationale de l’Education considère que l’inégalité constitue l’un des obstacles majeurs à la réalisation des objectifs de Dakar et des OMD relatifs à l’éducation. La réalisation de la parité et de l’égalité entre les sexes dans l’éducation s’inscrit dans les principes des droits humains, lesquels ont été clairement consacrés et acceptés par la communauté internationale. Par ailleurs, l’inégalité entre les sexes dans l’éducation est responsable de pertes importantes pour la société. Faire pencher la balance en faveur des femmes, partout où elles demeurent plus désavantagées que les hommes vis-à-vis de l’éducation, contribuera au développement de la citoyenneté, à l’amélioration du bien-être des enfants, à la réduction de la fertilité et permettra d’offrir de meilleures perspectives d’avenir aux générations futures. Nombreuses sont les raisons qui ont amené l’IE à inscrire au rang de ses priorités majeures l’élimination des écarts entre les sexes dans l’éducation, l’amélioration de la pertinence et de la qualité de l’éducation pour les filles et les femmes, et le recrutement de femmes enseignantes là où il y a pénurie. C’est pourquoi, il est indispensable que les gouvernements du monde entier agissent avec plus de détermination pour réduire les disparités qui limitent les chances dans l’éducation. Recruter des candidats enseignants provenant de régions éloignées et de groupes socio- économiques, ethniques et culturels divers, leur apporter une formation et les motiver à travailler en tant qu’enseignants qualifiés dans les zones et/ou au sein des groupes dont ils sont issus, contribuera sans aucun doute à plus d’équité. 10 Education pour Tous d’ici 2015
Internationale de l’Education secondaire s’est traduit par une réduction des disparités entre les sexes, mais on constate cependant que seul 37% des pays ont réalisé la parité entre les sexes. Au niveau de l’enseignement supérieur, des différences importantes sub- sistent entre les régions. La situation des régions en développement varie, avec des taux de participation féminine plus élevés dans les Caraïbes et dans le Pacifique, et un nombre moins important d’étudiantes en Asie du Sud et de l’Ouest et en Afrique subsaharienne. Les recherches transnatio- nales reposant sur les données fournies par les enquêtes sur les ménages réalisées pour le RMS 2009 soulignent que la pauvreté et les inégalités entre les sexes dans l’éducation sont étroitement liées. L’égalité des sexes en termes de chances d’éducation et de résultats représente le défi le plus difficile à réaliser et reste intrinsèquement beaucoup moins facile à évaluer. Manifestement, il reste un long chemin à parcourir pour y parvenir. Les filles continuent d’obtenir de meilleurs résultats que les garçons en lecture et en langues. Historiquement, les garçons réussissaient mieux que les filles en mathématiques à tous les niveaux de l’enseignement primaire et secondaire, mais cette situation évolue progressivement. En sciences, l’écart est souvent réduit, bien que les garçons tendent à conserver un avantage. Le choix des matières dans l’enseignement supérieur demeure encore fortement marqué par les effets de la sélection selon le sexe. Dans de nombreux cas, la présence de femmes enseignantes peut contribuer à accroître la parité et l’égalité entre les sexes. Effectif et qualité des enseignants : L’enjeu de l’éducation Le RMS reconnaît qu’une éducation de qualité dépend en définitive de ce qui se passe dans la classe, les enseignants se trouvant en première ligne des services éducatifs.15 L’Internationale de l’Education approuve et reste résolu- ment convaincue que le facteur le plus déterminant dans une éducation de qualité, c’est l’enseignant. Aussi, l’amélioration de la qualité de l’éducation passe-t-elle inévitablement par l’amélioration de la qualité de l’enseignant. En outre, la réalisation de la qualité et de l’équité dépend dans une large mesure du rôle central des enseignants et des dirigeants scolaires. Le rapport souligne à juste titre que les gouvernements devront former et recruter des enseignants en très grand nombre pour atteindre les objec- tifs de l’EPT. On estime que le monde aura besoin d’environ 18 millions d’enseignants supplémentaires dans le primaire d’ici à 2015. Le besoin le plus urgent se fait ressentir en Afrique subsaharienne - où l’on estime que le nombre d’enseignants supplémentaires à recruter et à former d’ici à 2015 avoisine les 3,8 millions - et en Asie, où cette estimation se situe juste sous la barre des 8 millions. Une éducation de bonne qualité repose notamment sur la taille raisonnable des classes et sur le rapport élèves/enseignant (REE). Pourtant, le rapport souligne qu’il existe de nombreuses disparités dans le REE, tant à l’échelle régionale que nationale. Le REE ne doit généralement pas dépasser une moyenne de 40/1, mais il existe cependant de nombreuses disparités aux niveaux régional et national. Plusieurs pays (comme l’Afghanistan, le Tchad et le Mozambique) dépassent une moyenne nationale de 60/1, mais à l’intérieur des pays qui affichent une moyenne REE nationale plus faible, de nombreuses disparités peuvent apparaître entre les régions.16 | 15 RMS, p.126 | 16 RMS, p.129-130 La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2009 11
La position de l’IE reste ferme lorsqu’il s’agit des enseignants et de la qualité. Seuls des enseignants de qualité et qualifiés peuvent offrir une éducation de qualité. De ce point de vue, le nombre d’enseignants reste un facteur important, non seulement en termes de quantité mais également en termes de qualité. Les politiques relatives à la formation des enseignants revêtent une importance capitale dans la gestion du nombre d’enseignants correctement formés et dans l’organisation d’une formation initiale et continue de qualité. Les syndicats d’enseignants devraient être les partenaires de première ligne dans l’élaboration de ces politiques. Il est indispensable que le développement professionnel des enseignants soit le thème central de toutes les politiques se rapportant aux enseignants, à la qualité et à l’équité. L’IE insiste sur le fait que les enseignants et leurs syndicats doivent être impliqués dans l’élaboration des politiques éducatives et dans la définition de leurs conditions de travail, notamment en matière de salaires, pensions et autres avantages. Il est nécessaire de travailler à l’amélioration du statut de la profession enseignante afin d’attirer plus de personnes et de motiver et de maintenir celles qui sont actuellement en fonction. L’IE affirme également que l’enseignant reste le facteur le plus déterminant pour la qualité de l’éducation. Aussi, chaque enfant a-t-il droit à un enseignement dispensé par un enseignant qualifié et formé correctement. Les enseignants nécessitent une formation initiale et continue, ainsi qu’un développement professionnel et un soutien continus, afin de garantir l’efficacité de leur travail. Le recrutement d’enseignants non professionnels, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, compromet la prestation d’une éducation de qualité. Les gouvernements, les institutions financières internationales et les ONG qui cautionnent et favorisent cette pratique regrettable se doivent d’y mettre un terme. Ils devraient au contraire promouvoir des politiques et des stratégies permettant de garantir à tous les enfants un enseignement dispensé par un enseignant qualifié et formé correctement. 12 Education pour Tous d’ici 2015
Internationale de l’Education De nombreux pays connaissent une pénurie d’enseignants formés. Dans près de la moitié des 40 pays dont les données sont disponibles à la fois pour 1999 et 2006, on constate une augmentation du nombre d’ensei- gnants formés. Toutefois, plus d’un tiers des pays ont pris la direction opposée, affichant un recul du pourcentage d’enseignants formés dans les écoles primaires. Le REE et le recrutement d’enseignants de qualité se révèlent des para- mètres essentiels pour l’éducation de qualité, mais la formation initiale et continue des enseignants de qualité et la motivation des enseignants sont capitales. En cela intervient également la satisfaction dans le travail. Toutefois, le RMS déclare : « Les études révèlent que de nombreux pays font face à une crise du moral des enseignants, essentiellement liée à la faiblesse des traitements, aux conditions de travail et aux faibles chances d’avancement de carrière ».17 Le RMS met en évidence plusieurs problèmes auxquels sont confrontés les enseignants dans les pays en développement. Il souligne les problèmes liés au montant des salaires, au recrutement douteux d’enseignants contractuels et à l’absence de retour d’expérience qui permettent l’intro- duction de systèmes de rémunération liée aux performances.18 Dans bon nombre de pays en développement, la motivation des enseignants reste un problème majeur qui conduit à l’abandon de la profession par les enseignants et à une pénurie de nouveaux enseignants pour occuper les postes laissés vacants. Les gouvernements font souvent appel à des enseignants de substitution ou des enseignants de commu- nauté non qualifiés afin d’apporter des « solutions rapides » au problème, ce qui contribue en apparence à améliorer les REE. Cependant, le RMS attire l’attention sur le fait que ce résultat superficiellement positif doit être considéré comme un compromis entre augmentation quantitative de personnel et qualité globale de l’éducation.19 Il serait préférable de prendre des mesures substantielles visant à améliorer le recrutement des enseignants : selon le rapport, « Une façon de réduire la pression sur le recrutement est de chercher à maintenir les enseignants dans leur poste. Un grand nombre d’entre eux, dans beaucoup de pays, quittent la profes- sion non seulement parce qu’ils sont mal payés, mais aussi du fait d’un soutien inadéquat, de classes en sureffectif et de leur statut médiocre »20 Une autre solution de facilité visant à améliorer la motivation et les per- formances des enseignants consiste à introduire un système de salaires liés aux performances. Le RMS insiste sur le fait que «malgré les controverses et l’enthousiasme qu’elle suscite dans certains milieux, la rémunération liée aux performances n’a pas clairement montré son efficacité ».20 Le rapport ajoute ensuite que bien souvent ces systèmes auront tendance à encourager les enseignants à concentrer leur attention sur les élèves les plus performants et à favoriser le phénomène dit de « l’enseignement limité aux matières sur lesquelles portent les tests ».21 Les gouvernements doivent s’engager plus résolument à rendre la profession d’enseignant plus attrayante. Réponse au RMS 2009 sur le VIH/SIDA Le RMS 2009 met l’accent sur l’incidence du VIH/SIDA sur les systèmes éducatifs et souligne le fait que la pénurie d’enseignants demeure un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de l’EPT, un facteur sur lequel l’IE et ses affiliés ne cessent d’insister. Dans bon nombre de pays, les effets dévastateurs du VIH/SIDA sur les systèmes éducatifs restent sans réponse | 17 RMS, p.130 | 18 RMS, pp.189-190 | 19 RMS, p.186 | 20 RMS, p.188 | 21 RMS, p.192 | 22 RMS, p.195-196 La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2009 13
Internationale de l’Education pertinente en termes de planification de l’éducation. « Dans de nombreux cas, l’accent a porté sur la réforme des programmes scolaires pour y intégrer un enseignement relatif à la prévention du VIH/SIDA plutôt que sur une réponse intégrée visant à remédier aux multiples désavantages que subissent les élèves touchés par cette infection ».22 L’IE se félicite des observations du rapport qui reconnaît que : « Les sys- tèmes éducatifs pourraient jouer un rôle encore bien plus actif et efficace dans la lutte contre le VIH et le SIDA en formant et en sensibilisant aux comportements à risque ».23 Toutefois, ces recommandations ont une portée trop large et ne sont pas suffisantes pour aborder concrètement la question. Par exemple, les gouvernements devraient être encouragés à développer des politiques destinées à apporter un soutien aux enfants atteints par le VIH et/ou ayant perdu leurs parents victimes de la maladie – une situation que connaît environ 9% de la population âgée de moins de 15 ans en Afrique subsaharienne. Comme le souligne le rapport, au Kenya, on constate une augmentation du taux de fréquentation scolaire des enfants lorsque les ménages atteints par le VIH/SIDA ont accès aux médicaments.24 Le rapport reconnaît que dans certaines régions d’Afrique les problèmes de santé liés au VIH conduisent à l’absentéisme chez les enseignants. Les enseignants et leurs syndicats font face à ce problème en prenant en considération et en soutenant les enseignants atteints par le VIH et le SIDA, afin d’assurer qu’ils puissent continuer à exercer leur profession dans un environnement qui leur apporte un soutien et qui soit dénué de toute stigmatisation et de toute discrimination. Dans les pays tels que la Namibie, le Sénégal, le Kenya, l’Ouganda et le Malawi, les associations d’enseignants veillent à subvenir aux besoins de leurs collègues atteints par le VIH, et contribuent à diffuser l’idée que les enseignants ayant accès aux traitements et aux soins restent tout à fait capables d’apporter leur contribution à la réalisation des objectifs de l’EPT. Comme le précise le rapport : « Il existe des preuves solides de l’influence positive considérable de l’instruction primaire sur la connaissance des mesures de pré- vention du VIH, l’instruction secondaire ayant une influence plus grande encore » (Herz et Sperling, 2004, in RMS 2009, p. 37) L’IE estime que l’éducation est le remède social le plus efficace contre le VIH/SIDA, et qu’une intensification des efforts de la part des gouvernements et de la communauté internationale pour renforcer les systèmes d’éducation publique est essentielle, non seulement pour la réalisation de l’EPU, mais également pour enrayer la prolifération du VIH/SIDA d’ici à 2015. | 22 RMS, p.208 | 23 RMS, p.37 | 24 RMS, p.37 14 Education pour Tous d’ici 2015
La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2009 15
Améliorer la qualité et renforcer l’équité : l’importance de la gouvernance Dans le Cadre d’Action de Dakar, la gouvernance des systèmes éducatifs joue un rôle limité dans la réalisation de l’Education pour tous. Dans la déclaration, les gouvernements ont fait la promesse très générale de « créer des systèmes de gouvernance et de gestion de l’éducation réactifs, participatifs et responsabilisés ». Néanmoins, le RMS 2009 souligne avec insistance les raisons pour lesquelles il est indispensable d’accorder plus d’attention à la gouvernance pour atteindre les objectifs. Il s’efforce de porter un regard critique sur les réformes de la gouvernance orientées idéologiquement, tels que les programmes largement soutenus de décen- tralisation et de compétition entre les écoles - initiatives qui ne bénéfi- cient que d’un soutien limité au sein de la recherche académique. Selon les auteurs, il n’existe aucun « modèle-type » pour les réformes de la gou- vernance. Il s’agit plutôt du contexte local qui définit ce qui est efficace ou non en matière de gouvernance de l’éducation. Néanmoins, il existe bel et bien des problèmes au niveau des pratiques de la gouvernance locale et s’ils ne sont pas pris en considération, l’EPT ne sera jamais qu’un objectif à atteindre et non une réalité. Les analyses et les recommandations qui figurent dans ce chapitre peuvent être utiles aux syndicats d’enseignants pour revendiquer leur place et renforcer leurs exigences autour de la table de négociation. La gouvernance se révèle un problème complexe et difficile à définir avec précision. Aussi, le RMS considère-t-il ce problème dans une perspective très large : « Dans son sens le plus général, elle est concernée par les processus formels et informels par lesquels les politiques sont formulées, les priorités identifiées, les ressources attribuées et les réformes mises en place et évaluées ».25 Elle porte donc sur les domaines politiques majeurs qui intéressent les syndicats d’enseignants, tels que le salaire des ensei- gnants, les politiques de recrutement d’enseignants ou le rôle qu’occupent les syndicats dans la formulation des politiques éducatives. Pour tirer ses conclusions sur la question de la gouvernance, l’équipe de recherche a analysé les prises de décisions dans 184 pays, en se concentrant sur la plupart des problèmes évoqués plus haut. Le large échantillonnage offre une source d’informations précieuses et constitue une bonne base pour une analyse critique des structures de gouver- nance actuelles et des réformes récentes. Il s’agit de l’une des premières évaluations complètes et détaillées de la politique de gouvernance dans l’éducation avec, dans le cadre de l’Education pour tous, une attention toute particulière accordée à l’équité. | 25 RMS, p.139 16 Education pour Tous d’ici 2015
Internationale de l’Education Une analyse spécifique porte sur le financement de l’éducation, la compé- tition entre les écoles, « la gouvernance des enseignants », et l’importance de l’éducation pour la réduction de la pauvreté. Sa conclusion générale est qu’« Après presque deux décennies de réforme de grande portée de la gouvernance du système éducatif, on est encore loin du résultat. Malgré un enthousiasme durable, il y a étonnamment peu de preuves que les politiques gouvernementales aient à ce jour amélioré la qualité de l’édu- cation et conduit à plus d’équité ».26 Il mentionne deux raisons majeures responsables de ces résultats décevants : • Lorsqu’ils élaborent leurs stratégies de réforme de la gouvernance, les gouvernements empruntent leurs modèles aux pays riches sans les soumettre à une analyse critique, et • Les gouvernements ont été incapables de placer l’équité et la réduction de la pauvreté au centre des réformes de la gouvernance 27 Stratégies de financement pour combler l’absence d’équité Bien que des améliorations aient pu être constatées, le financement de l’éducation reste l’un des enjeux majeurs. Le RMS suggère que plusieurs remarques analytiques peuvent être émises au sujet des statistiques sur le financement de l’éducation. Bien que seuls quelques gouvernements in- vestissent 6% de leur PIB dans l’éducation, même les pourcentages de PIB ayant augmenté doivent être analysés de manière critique. Bien souvent, ces statistiques en disent moins long sur les priorités politiques relatives à l’éducation que les chiffres qui montrent « les dépenses pour l’éducation en tant que pourcentage de l’ensemble des dépenses nationales ». Des problèmes identiques apparaissent lorsque l’on considère les salaires des enseignants en tant que partie du budget national pour l’éducation. Le RMS poursuit en déclarant que « la part importante de la rémunération des enseignants dans le financement de l’éducation n’est pas, comme on le suppose parfois, un indicateur qui montrerait que les enseignants sont trop payés. ... Elle indique plutôt que le secteur de l’enseignement primaire dispose de trop peu de ressources, ce qui suggère qu’un engagement accru est nécessaire de la part des gouvernements et des donateurs d’aide »28 | 26 RMS, p.140 | 27 RMS, p.130 | 28 RMS, p.135 La réponse de l’Internationale de l’Education au Rapport mondial de suivi 2009 17
Internationale de l’Education Néanmoins, le message le plus important est que la décentralisation des pouvoirs financiers peut avoir une incidence négative sur l’équité. La communauté internationale pour le développement présente très souvent le financement et la stratégie de décentralisation dans une perspective qui est celle de l’équité. Le montant du financement public que perçoivent les écoles, la manière dont elles peuvent continuer à percevoir de l’argent et la façon dont elles peuvent le dépenser définissent le degré de liberté que possède une école pour réaliser ses propres objectifs. Toutefois, le RMS reste critique vis-à-vis des conséquences sur l’équité que peut engendrer la décentralisation des pouvoirs financiers par rapport au gouvernement central. Il observe deux grands dangers. « Tout d’abord, la délégation fi- nancière peut avoir pour effet de favoriser fortement les disparités dans la prestation »29. Et en deuxième lieu, « la délégation financière et politique à des structures locales de gouvernance faibles peut avoir des consé- quences négatives pour la couverture et la qualité de l’éducation avec, une fois de plus, des conséquences dommageables pour l’équité ».30 Quatre grandes règles sont proposées aux décideurs politiques afin de rendre leurs politiques de décentralisation plus équitables. Ces règles peu- vent s’avérer utiles aux syndicats d’enseignants pour examiner et porter un regard critique sur ces politiques dans leurs pays. a. Le pouvoir de lever des recettes, dévolu aux autorités locales, doit être clairement défini ; b. Les gouvernements centraux doivent conserver une capacité de redistribution ; c. Des objectifs d’équité doivent être inscrits dans les formules de financement entre autorités publiques ; d. Les gouvernements centraux doivent évaluer soigneusement les implications de la décentralisation pour la réalisation des objectifs nationaux d’éducation.31 Choix, concurrence et influence Preuves à l’appui, le RMS affirme que la concurrence entre l’éducation financée publiquement et celle financée par le privé porte préjudice à l’Education pour tous, et déclare que « la concurrence et le choix ont le potentiel de renforcer les inégalités ».32 Auparavant déjà, l’OCDE était arri- vée à la conclusion que la concurrence ne conduit pas nécessairement à de meilleurs résultats d’apprentissage. Le RMS cite l’étude PISA de 2007 qui affirmait : « Que les élèves fréquentent des écoles en concurrence ou non, cela n’a pas d’incidence sur leur performance quand les facteurs socioéco- nomiques sont pris en compte […]. Aucun des facteurs liés à la pression et au choix des parents n’a révélé de relation statistiquement significative avec l’équité en matière d’éducation »33 Cette étude va à l’encontre des théories qui encouragent la compétition et la privatisation à tout prix. Un autre message à prendre en considération est que les opportunités saisies par le secteur privé révèlent souvent une défaillance du système public. Le RMS insiste sur l’émergence de prestataires privés peu coûteux qui, souvent, opèrent dans les zones où il n’existe aucun système public. Le RMS souligne également l’absence de normes pour certaines écoles privées, et en particulier les écoles privées peu coûteuses. Dans les pays en développement, ces écoles ont vu le jour dans les régions où il n’existe que peu ou pas d’offres de services publics. Il précise ensuite que, plutôt | 29 RMS, p.158-159 | 30 RMS, p.147 | 31 RMS, p.13 | 32 RMS, p.164 | 33 OCDE, 2007, p. 236 18 Education pour Tous d’ici 2015
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