ENQUÊTE L'industrie pharmaceutique - Supply Chain Magazine
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Prête à relever tous les défis Recherche d’économies d’échelle, accroissement du BFR, amélioration de la performance, lutte contre les ruptures, sérialisation, e-commerce, etc. L’industrie pharmaceutique se retrousse les manches pour relever ces nouveaux défis. M ême si le marché de vant, les groupes pharmaceutiques se trielle, afin d’améliorer leur compétiti- l’industrie pharma- focalisaient essentiellement sur la R&D vité, les laboratoires tendent à exter- ceutique continue de et la commercialisation. Désormais, la naliser une partie de leur production croître (voir encadré Supply Chain capte toute leur attention. (la moins stratégique), en cédant des page 54), le ciel s’est usines à des façonniers. Parallèlement, obscurci ces dernières années. « La Une complexification l’accès à certains marchés est condi- pression sur les marges est très forte du contexte tionné par l’implantation ou la sous- dans l’industrie pharmaceutique, en Les rapprochements de grands groupes traitance locale d’une partie de la particulier sur les marchés matures, en mondiaux (voir encadré page 52) ont production », développe Patricia Ver- raison d’une baisse des prix de vente, comme objectif d’atteindre une taille riere-Cuenot, Partner chez Lasce Asso- de la concurrence des génériques et des critique, d’accélérer leur implantation ciates. Les laboratoires mènent régu- OTC [NDLR : Over The Counter, i.e. dans une zone géographique particu- lièrement des missions de schémas produits de comptoir disponibles en lière, d’acquérir de nouvelles technolo- directeurs industriels et logistiques. vente libre]. En effet un nombre impor- gies, de s’introduire dans un nouveau « Nous sommes souvent sollicités dans tant de blockbusters sont récemment domaine thérapeutique et bien entendu le cadre de mission de rationalisation tombés dans le domaine public et les de réaliser des économies d’échelle. En des flux entre les usines et les centres Etats rationalisent les dépenses de outre, les sociétés ont recours de plus de distribution régionaux et locaux : santé. Les zones de croissance des pays en plus à des compétences externes positionnement des hubs, nombre de émergents sont elles-mêmes moins (sous-traitance), en particulier pour la centres de distribution, etc. Il y aussi dynamiques (Chine, Russie) ou même R&D (start-ups dans les biotechnolo- une demande très forte sur l’aspect en récession (Brésil). Par ailleurs, les gies, etc.) et la fabrication (externalisa- exécution et optimisation des coûts budgets en R&D explosent avec la quête tion de la production chez des façon- logistiques et de transport », précise des molécules de demain. Sans oublier, niers, etc.). Le façonnier Fareva a par Guillaume Allemand. l’inflation des budgets marketing pour exemple repris de nombreux sites de les produits OTC », détaille Guillaume production de grands industriels Des défis Supply Chain Allemand, Directeur Associé chez Cit- comme Sanofi ou Pfizer. L’écosystème En amont de toute réflexion Supply well. Le contexte oblige les acteurs à ne cesse donc de se complexifier. Chain, les laboratoires étudient la seg- travailler minutieusement l’équation « Dans le cadre de leur stratégie indus- mentation des marchés et la clarifica- économique. « La Supply Chain est devenue un sujet pour les laboratoires bien que les coûts logistiques représen- tent une faible part du coût total du Guillaume Elisabeth produit. Depuis quelques années, ils s’y Allemand, Auzanneau, intéressent, d’une part pour réduire Directeur Associé Directeur Associé leurs coûts, d’autre part pour améliorer chez Citwell chez Diagma le service à l’hôpital et à l’officine », ©CITWELL ©DIAGMA observe Elisabeth Auzanneau, Direc- trice Associée chez Diagma. Aupara- NOVEMBRE 2015 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°99 51
ENQUÊTE L’industrie pharmaceutique tion des politiques de service. La typo- logie de produits proposés s’est consi- dérablement diversifiée depuis 20 ans Nicolas Gellé, Patricia (OTC, génériques, etc.) et les marchés Directeur Associé Verriere-Cuenot, (émergents, matures) se comportent chez Argon Partner chez ©ARGON CONSULTING ©LASCE ASSOCIATES différemment. « Il n’existe pas une Consulting Lasce Associate seule logistique (produits de masse, produits de niche, clients livrés en direct ou via des répartiteurs, livraison en température dirigée, développement réseaux de distribution ou de démarche tion des temps de cycle sont au cœur du business on-line, etc.). Le premier Lean pour, par exemple, réduire les des attentions des usines et des centres défi consiste à adapter les réponses cycles et les stocks d’en-cours indus- logistiques. Guillaume Allemand ajoute logistiques aux différents segments et triels », explique Nicolas Gellé. Le Lean, à propos des stocks : « Certains labora- services attendus », confirme Nicolas sujet historiquement absent de l’indus- toires, parmi les plus importants au Gellé, Directeur Associé chez Argon trie pharmaceutique, tourne aujourd’- monde, manifestent leur intérêt pour le Consulting. Sans pour autant être en hui à plein régime. L’amélioration de la DDMRP [NDLR : Demand Driven MRP] opposition avec ce principe de seg- performance opérationnelle et la réduc- et qualifient actuellement l’opportunité mentation, les laboratoires sont en de se lancer ». quête d’économies d’échelle. « Nous sommes sollicités dans le cadre de La sérialisation, fusion-acquisition et de mutualisation pour bientôt des moyens Supply Chain (entreposage, D’autres défis ont récemment vu le préparation de commandes, transport, jour. C’est le cas de la lutte contre les équipes d’approvisionneurs, etc.). L’étape ruptures, enjeu majeur pour la profes- suivante pourrait être la recherche de sion (voir encadré page 55). Peuvent- synergies entre acteurs du secteur, elles inciter les laboratoires à inter- comme ce qui existe dans les PGC naliser leur logistique et leur distribu- [NDLR : Produit de Grande Consom- tion ? Bien que la maîtrise de la distri- mation] depuis plusieurs années (poo- bution soit une notion séduisante et ling) », commente Elisabeth Auzanneau. susceptible de permettre aux labora- Les stocks sont aussi un défi important toires de se rapprocher du client final, pour cette industrie. Le pilotage des force est de constater que l’équilibre est flux devient donc plus critique. « Les maintenant relativement stable entre stocks représentent 40 à 50 % du coût distribution directe des laboratoires de la Supply Chain en termes d’immo- aux officines et distribution via les ©FRESNEL6-FOTOLIA bilisation ou d’obsolescence. Nous réa- grossistes répartiteurs (voir interview lisons des missions de fiabilisation page 58). Les laboratoires ne disposant des prévisions, de rationalisation des pas des moyens nécessaires pour livrer Un secteur atomisé Le Leem (Les entreprises du Les 10 premières entreprises pharmaceutiques mondiales en 2014 médicament) rappelle que Chiffre d'affaires PFHT Part les laboratoires ont été contraints (en Md$) de marché par la crise financière de 2009 1 NOVARTIS Suisse 50 5,5 % de trouver des sources d’économie au travers notamment d’opérations 2 PFIZER États-Unis 44 4,8 % d’acquisition. Néanmoins, malgré 3 SANOFI France 39 4,3 % ces récentes mégafusions, 4 ROCHE Suisse 36 4,0 % l’industrie mondiale du médicament 5 MERCK & CO États-Unis 36 4,0 % demeure peu concentrée par rapport 6 JOHNSON & JOHNSON États-Unis 36 4,0 % à d’autres secteurs d’activité. 7 ASTRAZENECA Royaume-Uni 33 3,6 % En effet, les 5 premiers groupes 8 GLAXOSMITHKLINE Royaume-Uni 31 3,4 % SOURCE : IMS H EALTH représentent 22,5 % du marché 9 TEVA Israël 25 2,7 % mondial, contre 40 % dans 10 GILEAD États-Unis 24 2,6 % l’informatique, 50 % dans l’automobile 10 premiers laboratoires 354 38,9 % et 80 % dans l’aérospatial. ■ SOURCE : B ILAN ÉCONOMIQUE DES ENTREPRISES DU M ÉDICAMENT - ÉDITION 2015 52 N°99 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - NOVEMBRE 2015
2 fois par jour les officines, la livraison 3 ans pour se mettre en conformité. Les Supply Chain Clinique est une Supply directe se limite à de gros volumes de fabricants téléchargeront les numéros de Chain singulière. En effet, les moyens produits dont les besoins en matière série dans une base de données euro- de production sont souvent différents de fréquence de réapprovisionnement péenne. Lorsque le pharmacien dispen- de ceux utilisés dans la phase indus- sont plus espacés (plusieurs jours). Par sera une boîte de médicaments, il fla- trielle, les sources d’approvisionne- ailleurs, la sécurisation du sourcing est shera le code DM et son numéro de série ments varient aussi, notamment pour un levier fort pour lutter contre les rup- sera vérifié dans la base. Les labora- les placebos et les comparateurs, et les tures (voir interview page 56). Autre toires équipent actuellement leurs lignes points de livraison ne correspondent sujet très en vogue, la sérialisation. de conditionnement pour générer, impri- pas à ceux de la Supply Chain com- Depuis 2011, les boîtes de médicaments mer et enregistrer un DM unique par merciale. L’enjeu est de piloter cette sont équipées d’un code DataMatrix boîte. L’un des enjeux pour les indus- Supply Chain aussi efficacement que la (DM) intégrant l’identifiant du médica- triels est de ne pas dégrader la produc- Supply Chain industrielle ». Comment ment, le numéro de lot de fabrication tivité des lignes de production », com- ne pas évoquer non plus la question du et sa date de péremption. Avec la séria- plète Patricia Verriere-Cuenot. Si, au- e-commerce qui pourrait s’avérer être lisation, l’étiquetage, apposé sur la delà de la lutte contre les contrefaçons, une opportunité ou un risque réel en boîte, ira un cran plus loin en intégrant les autorités publiques décident de met- devenant un accélérateur de contrefa- aussi un identifiant unitaire, standar- tre en place la traçabilité totale à la boîte çon… Les barrières à l’entrée sont telles disé et aléatoire. Même si les enjeux en sur toute la chaîne, la Supply Chain que le sujet reste encore confidentiel en France sont heureusement faibles, la devra alors relever un nouveau défi. France (voir encadré page 54). Néan- lutte contre la contrefaçon est le pre- moins les laboratoires gardent pieuse- mier objectif de ce dispositif, par ail- Bien d’autres enjeux ment le sujet dans un coin de leur tête. leurs déjà en place dans certains pays Patricia Verriere-Cuenot évoque égale- Autre défi notable pour l’industrie du monde (Chine, Turquie, Brésil et ment le sujet de la Supply Chain Cli- pharmaceutique : la santé connectée Inde). « Après publication au Journal nique : « A l’heure ou le délai de mise (voir encadré page 54). L’avenir s’an- Officiel de l’Union Européenne (au plus sur le marché est stratégique, l’effica- nonce décidément chargé ! ■ tard début 2016), les pays auront cité de la phase clinique est clé. La BRUNO SIGUICHE NOVEMBRE 2015 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°99 53
ENQUÊTE L’industrie pharmaceutique L’e-commerce en France soumis à une stricte réglementation… Est-il possible d’acheter ses médicaments en leurs, cette pratique, strictement encadrée par le ligne ? Depuis le 2 janvier 2013, les pharmaciens code de la santé publique, n’est admise que pour établis en France, titulaires d’une pharmacie d’of- les médicaments non soumis à prescription obli- ficine ou gérants d’une pharmacie mutualiste ou gatoire, c’est-à-dire pouvant être obtenus sans d’une pharmacie de secours minière, peuvent ordonnance. Selon l’OMS (Organisation Mon- vendre des médicaments sur Internet. Ces phar- diale de la Santé), dans plus de 50 % des cas, les maciens doivent obtenir l’autorisation de l’agence médicaments achetés sur des sites illégaux qui dis- régionale de santé (ARS) dont ils dépendent avant simulent leur adresse physique se sont révélés d’ouvrir un site de commerce en ligne de médi- contrefaits. D’où une certaine prudence en caments. Les laboratoires pharmaceutiques et les France… ■ BS distributeurs n’y sont donc pas autorisés. Par ail- … Quid 10.000 km plus à l’Est ? Le Boston Consulting Group prévoit que le mar- sans ordonnance peuvent être vendus en ligne ché de la santé digitale en Chine pourrait passer mais cela devrait probablement évoluer d’ici peu. de 3 Md$ en 2014 à 110 Md$ en 2020. La digi- La possibilité d’autoriser la vente en ligne des talisation du système de santé, actuellement en médicaments vendus sur ordonnance est en effet cours (prise de rdv médicaux en ligne, consulta- à l’étude. Les grandes entreprises digitales saisis- tion à distance, distribution de médicaments, etc.), sent cette opportunité, comme Alibaba qui se permet de désengorger progressivement les ser- lance sur le marché de la santé avec des pharma- vices médicaux. Ce mouvement est donc large- cies accessibles en ligne. Les acteurs traditionnels ment soutenu par les autorités qui modifient de la santé ne sont pas en reste. Shanghai Phar- l’environnement réglementaire de façon à le ren- maceuticals s’est par exemple allié avec l’e-com- dre plus favorable à l’émergence de cette digitali- merçant Jing Dong pour créer sa plate-forme de sation. A l’heure actuelle, seuls les médicaments commerce en ligne. ■ BS La santé Un marché en croissance connectée Dans son édition 2015 des chiffres clés 2014 de l’industrie du médicament, Fin août, Sanofi a annoncé la mise en publiée en juillet 2015, le Leem (Les entreprises du médicament) évalue le place d’une collaboration avec la divi- marché mondial du médicament en 2014 à environ 900 Md$ de chiffre d’af- sion life Sciences de Google dans le faires (contre moins de 200 Md$ en 1990), en croissance de 8,8 % par rap- domaine du diabète. port à 2013. Le rapport révèle que le marché américain (États-Unis) reste le « La Division Sciences de la vie de plus important, avec 41 % du marché mondial, loin devant les principaux Google peut nous aider à améliorer l’ex- marchés européens (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni et Espagne) qui périence du patient et ses résultats cli- réalisent 17 %, le Japon 8 % et les pays émergents (Chine et Brésil) 11 % de niques, et à gérer plus efficacement les part de marché. Le Leem souligne que pour la première fois, la Chine occupe dépenses de santé », explique Pascale la 2e place mondiale Witz, VP Exécutif de Sanofi. L’analyse (8,4 %), au détriment Le marché pharmaceutique mondial par zone géographique en 2014 des données en temps réel issues de la du Japon. Par ailleurs, En prix producteur vie des patients est devenue un enjeu la France (3,9 %) est Amérique Latine 3,3% Turquie, majeur pour les laboratoires. Un an le 2e marché euro- Moyen-Orient auparavant, Google avait déjà signé un péen derrière l’Alle- Asie et Eurasie 5,9% accord avec Novartis pour mettre au magne (5,0 %). ■ BS Pacifique 23% 1,20 Afrique point des lentilles de contact « intelli- SOURCE : gentes » capables de mesurer en BILAN ÉCONOMIQUE DES ENTREPRISES continu la glycémie des diabétiques. DU MÉDICAMENT - SOURCE : IMS H EALTH Sans oublier, l’alliance en janvier avec le ÉDITION 2015 23% Amérique laboratoire Biogen pour étudier les fac- Europe 43,6% du Nord teurs déterminant la progression de la sclérose en plaques. ■ BS 54 N°99 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - NOVEMBRE 2015
Alerte aux ruptures ! 44 en 2008, 173 en 2012, et plus de 200 en 2013, ces chiffres publiés par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité des Médicaments) correspondent aux ruptures et aux risques de rup- ture en produits indispensables. Entre septembre 2012 et octobre 2013, l’ANSM a répertorié 324 ruptures de stock et 103 risques de ruptures de médicaments indispensables et moins indispensables. Pour mieux appréhender l’ampleur du phénomène, le Leem (Les entreprises du médicament) a mené une enquête qui rappelle que 60 à 80 % des matières premières sont actuellement fabriquées hors de l’UE, contre 20 % il y a 30 ans. Selon l’EMA (Agence européenne du médicament), la Chine et l’Inde produisent respectivement 52,9 % et 22,2 % des principes actifs pharmaceutiques. Cette externalisation massive de la production et des matières premières participe à la fragmentation de la chaîne et à l’accroissement des risques. A cela, s’ajoutent l’augmentation de la demande mondiale émanant des pays émergents (ten- sion sur les fournisseurs, etc.) et un phénomène de concentration de la production de médi- caments (entre quelques sites de fabrication, voire un seul). Par ailleurs, les exportations parallèles de médicaments à destination de marchés plus lucratifs peuvent placer le marché français dans une situation de pénurie. En outre, compte-tenu des longs délais des cycles industriels, un défaut de qualité dans un lot de plusieurs centaines de milliers de boîtes peut paralyser la chaîne de production du médicament, les stocks de sécurité ne pouvant pas tou- jours couvrir les variations brutales de consommation. La qualité de la prévision reste clé dans la planification de la chaîne du médicament. Les industriels multiplient actuellement les ini- tiatives pour faire face à ce fléau : constitution de stocks de sécurité, recherche de fournisseurs alternatifs pour les matières premières actives concernées, sites de back up pour la fabrica- tion des médicaments, etc. (source : Leem - Enquête rupture de stock et d’approvisionnement - édition 2014) Répartition en % des causes de ruptures de médicament Retrait du certificat de conformité Approvisionnement matière première à la pharmacopée ou excipient (production, livraison) Autres changements 16% Disponibilité des articles 1% de conditionnements 2% Production : technique, qualité, SOURCE : LEEM - SEPTEMBRE 2012/OCTOBRE 2013 suite à modifications 8% analyse, recontrôle à l’importation Délais d’approv. 3% Causes 33% des changements 1% des ruptures de sites de fabrication 6% Gestion interne de stocks Arrêt commercialisation 2% (problème qualité, rappel) Rupture de stock d’un concurrent 28% Augmentation des ventes capacités industrielles insuffisantes Identification des points de ruptures tout au long de la chaîne SOURCE : LEEM NOVEMBRE 2015 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°99 55
ENQUÊTE L’industrie pharmaceutique Régis O’Mahony Senior Director, Supply Chain chez Laboratoire Aguettant « L’enjeu N°1 est la sécurisation du sourcing » Le laboratoire Aguettant ne manque pas de projets : lean, internationalisation, sérialisation, etc. Mais la priorité de son Directeur Supply Chain est de sécuriser le sourcing. Supply Chain Magazine: Présentez- R.O’M : Les mouvements de déloca- nous votre société et ses activités… lisation en Asie qui ont effectivement Régis O’Mahony : Aguettant est un eu lieu il y a 15 ans correspondaient laboratoire pharmaceutique indépen- à l’arrivée des génériques. Nous dant spécialisé dans l’injectable (les constatons une inversion du balancier formes liquides injectées en intravei- depuis maintenant 2 ans, jusqu’à ren- neuse ou intramusculaire). Nos produits contrer des limites de capacités sont utilisés dans plusieurs domaines industrielles en Europe. Chez Aguet- d’activité : les médicaments d’urgence, tant, nous favorisons depuis l’origine la neurologie, la nutrition et les solu- les sources européennes pour juste- ©LABORATOIRE AGUETTANT tions (pour perfusion, irrigation, rinçage, ment mieux contrôler la chaîne d’ap- etc.). Laboratoire intégré, toutes les provisionnement. Nous sommes fonctions sont actives : R&D, Market néanmoins obligés de nous approvi- Access, Business, Production, Supply sionner pour quelques produits en Chain, etc. Notre CA s’élève à plus de Chine ou en Inde pour des sources 106 M€ pour près de 500 personnes. stock. Néanmoins, l’aspect fondamental mondiales uniques. Le risque est alors Notre siège est basé à Lyon, nos usines est que le médicament soit au service du forcément plus important. à Lyon et en Ardèche, nos sous-traitants patient. Le secteur souffre d’un déficit partout en Europe et nous disposons de d’image qui a été amplifié par des scan- SCMag : Que faites-vous pour filiales à l’étranger (Belgique, Alle- dales. L’industrie pharmaceutique doit pallier ce risque ? magne, Angleterre, Asie et très prochai- en conséquence démontrer sa rigueur et R.O’M : Nous développons des doubles nement Espagne et Italie). Nous avons son professionnalisme. Notre premier sourcings pour disposer d’une alterna- la volonté de nous internationaliser objectif est de garantir une qualité sans tive en cas de besoin. Par ailleurs, nous notamment en nous développant sur le faille des produits et prévenir tout risque définissons nos politiques de stocks en marché nord-américain. de rupture pour les patients. Au-delà de fonction des cas et bâtissons des parte- nos engagements contractuels avec nos nariats long terme avec nos fournis- SCMag : Dans quel contexte s’inscrit clients, nous avons un engagement seurs. Nous menons par exemple avec le secteur pharmaceutique ? moral. L’enjeu N°1 est donc la sécurisa- eux des projets de développement com- R.O’M : Le secteur évoluant dans un tion du sourcing. mun ou d’élargissement de notre coo- contexte concurrentiel, les défis con- pération (sur d’autres produits, etc.). sistent évidemment à réduire les coûts SCMag : Cet enjeu n’est-il pas opérationnels, améliorer le taux de antagoniste du mouvement suivi par SCMag : Quels sont vos autres axes sevice tout en optimisant le niveau de les fabricants de principes actifs ? de travail ? ©LABORATOIRE AGUETTANT Entrepôt central du Laboratoire Aguettant 56 N°99 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - NOVEMBRE 2015
R.O’M : Les cycles dans le secteur l’autorisation de mise sur le marché Chaque pays a aussi ses spécificités pharmaceutique sont très longs. Nous d’un médicament contient nécessai- réglementaires locales, ce qui néces- devons donc être capables de prévoir rement toutes ses caractéristiques site des packagings différents. Cet et planifier très longtemps en avance. dont une description très précise du aspect complexifie tous nos projets Pour prévenir les difficultés à venir et sourcing. En cas d’aléa sur cette internationaux, impacte les coûts et opérer les éventuels changements à source, l’autorisation de mise sur le pousse vers la différenciation retardée. effectuer, nous étudions des horizons marché est impactée. Les industriels à 36 mois. Nous nous appuyons sur disposent donc de peu de souplesse. SCMag : Comment appréhendez- le processus standard du S&OP, En cas de défaillance du fournisseur, vous la sérialisation ? actuellement en cours d’élaboration. il faudra alors en changer et, pour R.O’M : La sérialisation est déjà cela, réaliser au préalable des études active aujourd’hui dans certains pays, SCMag : Quels types de projets puis agréer la nouvelle matière et le en Chine notamment. Nous sériali- menez-vous dans vos entrepôts ? fournisseur. Ces processus sont longs sons déjà une partie de la production L’automatisation est-elle à l’étude ? et si le temps disponible pour réagir destinée à ce pays. Chaque pays aura R.O’M : Non car je considère que à un incident n’est que de quelques ses propres exigences et ses particu- l’automatisation devient rapidement mois, cela peut générer des ruptures. larités. En Chine par exemple, ce sont un système de rigidification au cours D’où l’importance de sécuriser son les autorités chinoises qui envoient du temps. En revanche, nous menons sourcing. les numéros. Il s’agit donc d’un vrai des projets lean sur les opérations projet car l’impact économique est pour améliorer l’efficacité (optimisa- SCMag : Quels sont les enjeux réel. Notre système d’information doit tion du picking, etc.). Supply Chain de l’internationalisa- être capable de supporter ces con- tion de votre société ? traintes et de suivre au niveau de SCMag : Comment expliquez-vous R.O’M : L’enjeu critique de l’interna- chaque boîte toutes les opérations. ■ la hausse des ruptures tionalisation est de trouver le bon par- PROPOS RECUEILLIS PAR de médicaments en France ? tenaire et de pouvoir contrôler toute BRUNO S IGUICHE R.O’M : Une des raisons peut être que la chaîne (pharmacovigilance, etc.). NOVEMBRE 2015 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°99 57
ENQUÊTE L’industrie pharmaceutique Jean-Pierre Houssin Directeur des Opérations d’OCP « Nous avons commencé à spécialiser notre SC pour traiter de manière spécifique les catégories de produits » Avec la baisse du prix des médicaments, la croissance des génériques et l’émergence du canal de livraison direct, les grossistes-répartiteurs connaissent des moments difficiles. OCP, le leader du marché, nous confie son analyse. Supply Chain Magazine: En quoi 7,4 Md€ pour les hôpitaux. Le CA des consiste l’activité d’OCP ? officines est en baisse depuis 3 ans en Jean-Pierre Houssin : OCP (groupe raison des mesures d’économies enga- Celesio) est un distributeur de produits et gées par les autorités politiques sur les de services de santé (médicaments, dis- médicaments. Ces mesures encoura- positifs médicaux, produits de paraphar- gent aussi la croissance du marché du macie). Nous avons plus de 835 four- générique. La distribution du médica- nisseurs référencés dont 250 labora- ment vers l’officine passe très majori- toires pharmaceutiques (36.000 pro- tairement par les répartiteurs (environ duits référencés dont 11.700 médi- 80 % en CA), mais certains labora- caments). Nous livrons 14.000 officines toires distribuent aussi leurs produits en France métropolitaine sur les 21.700 en direct (environ 20 % en CA et 35 % au total, soit deux tiers du marché, en volume). ainsi que 2.000 pharmacies d’établis- sements de santé. Nous avons une part SCMag : En quoi consistent de marché de 34,2 %. Notre CA en ces 2 modes de distribution ? ©OCP 2014 était de 6,4 Md€. Nous livrons J-P.H : En France, la part du direct, plus de 2 M de produits chaque jour. dynamisé notamment par les géné- Ces produits sont distribués depuis un SCMag : Quelle est la situation riques, est sensiblement plus élevée réseau de 43 établissements de proxi- du secteur pharmaceutique que dans les autres pays européens mité et d’une plate-forme nationale en France ? (20 % en volume en moyenne). Le basée à Roissy qui gère notre catalogue J-P.H : Le CA du marché du médica- marché du direct s’appuie sur des complet. Nous disposons aussi d’une ment en 2014 représente 27,9 Md€ conditions commerciales attrayantes. centrale d’achat pharmaceutique. en France : 20,5 Md€ sur la ville et Les laboratoires proposent en direct ©OCP Chambre froide chez OCP 58 N°99 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - NOVEMBRE 2015
majoritairement des produits à forte rotation et des produits non rembour- sables. Les répartiteurs offrent de réapprovisionner l’officine 2 fois par jour, le mode direct livre de plus grandes quantités mais 1 à 2 fois par mois. La répartition est capable de livrer au fil de l’eau alors que le mode direct oblige le pharmacien à stocker sur des périodes plus longues. Il est plus contraint au niveau de sa Supply Chain (immobilisation de stocks en officine, gestion des invendus, back officine nécessaire pour gérer les com- mandes et contrôler les factures, etc.). Bien que le marché de la livraison directe ait fortement crû les 10 der- nières années, nous observons une légère inversion de cette tendance depuis un an. SCMag : A quelles difficultés se heurtent actuellement les grossistes-répartiteurs ? J-P.H : Nous sommes rémunérés en ©OCP Circuit caisses chez OCP fonction du coût du produit : de NOVEMBRE 2015 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°99 59
ENQUÊTE L’industrie pharmaceutique ©OCP Quai de livraison OCP 0,30 € la boîte pour les produits les outre centralisé le pilotage des appro- moins chers à 30 € pour les plus oné- visionnements et investi dans une reux (plus de 450 €). Notre marge couverture de stock pour assurer une étant calculée en fonction du prix des meilleure disponibilité. Nous avons produits, nous sommes directement également engagé avec les labora- impactés par les baisses de prix des toires un travail de collaboration (par- médicaments engagées par l’Etat. tage de KPI, définition d’objectifs SC La CSRP (Chambre Syndicale de la communs, etc.). Pour aller plus loin, il Répartition Pharmaceutique) alerte faudra sans doute une innovation de régulièrement le gouvernement à ce rupture, quelque chose qui permette propos. Entre 2008 et 2013, notre de rendre le modèle beaucoup plus marge commerciale a perdu 17 %, ce simple et réactif. Nous avons com- qui correspond à une perte de 0,03 € mencé à y travailler. par boîte de médicament. A la perte de marge, s’ajoute la baisse de CA et SCMag : De quelle manière des volumes liée au canal de livraison serez-vous impactés direct. Nous tentons donc de proposer par la sérialisation ? des offres commerciales plus compéti- J-P.H : La sérialisation est un sujet tives pour récupérer une partie de ces européen engagé pour relever le défi volumes. Notre centrale d’achat nous de la contrefaçon, enjeu fondamental permet de négocier de meilleures dans nos métiers. Au travers du GIRC, conditions d’achat dont nous faisons nous sommes force de proposition sur bénéficier ensuite des groupements de ce sujet. Nous menons cette réflexion ©OCP pharmaciens. Automate utilisé chez OCP au niveau global avec les laboratoires et les pharmaciens pour définir le rôle SCMag : Quels sont les leviers pour manquantes se transforment en seu- du répartiteur sur ce sujet. Les labo- lutter contre les ruptures de stocks ? lement 5 % pour les pharmaciens. ratoires gèreront cette sérialisation J-P.H : Nous sommes fortement mobi- Cela démontre l’importance de notre en entrée et les pharmaciens en sor- lisés car la problématique des ruptures stock pour amortir le poids des rup- tie au niveau du patient. Afin d’évi- s’accélère d’année en année, le phé- tures en amont. Nous avons com- ter des systèmes redondants coûteux, nomène a été décuplé en 10 ans ! Et mencé à spécialiser notre SC pour nous ne serons a priori pas concer- ce, car les Supply Chains des labora- traiter de manière spécifique les caté- nés par la sérialisation au niveau de toires sont passées d’une SC locale à gories de produits. La plate-forme de tous les produits des commandes une SC globale. La consolidation des Roissy est par exemple dédiée aux passées par les pharmaciens. En fournisseurs de matières premières au médicaments innovants (produits de revanche, nous aurons obligation de niveau mondial génère parfois des spécialités ou high-tech) dont le prix la gérer dans le cas des retours en ruptures. Sur 100 quantités comman- est plus élevé et les cibles de patients provenance des clients. ■ dées en amont, nous en recevons 85. plus restreintes. Le niveau de service y PROPOS RECUEILLIS PAR En revanche, ces 15 % de quantités est extrêmement élevé. Nous avons en BRUNO SIGUICHE 60 N°99 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - NOVEMBRE 2015
Alloga France soigne sa préparation au détail Le marché de la prestation logistique pharmaceutique n’échappe pas à la pression sur les prix. Sans transiger sur la qualité de service, le dépositaire Alloga France s’est lancé récemment dans un vaste chantier d’amélioration des performances de sa logistique de détail. E n France, près d’1 laboratoire sur part de la préparation au détail (voir 2 exploite encore sa logistique en encadré page 62). interne. Rien d’étonnant à ce que l’industrie pharmaceutique constitue Mesurer et améliorer un formidable terrain de jeu non seu- Un projet pilote a débuté sur le site lement pour les spécialistes historiques d’Angers depuis juillet avant de s’éten- que sont les dépositaires pharmaceu- dre progressivement aux 4 autres sites tiques, mais aussi pour des prestataires d’Alloga France (Amiens, Arras, Blois logistiques plus généralistes. Parallèle- et Lyon), tous à température dirigée. ment, le marché évolue. Les génériques Sur chaque secteur de l’entrepôt montent en puissance (40 % des (réception, stockage, préparation stan- volumes en France) et la LME (Loi sur dard, préparation de détail, expédition), la Modernisation de l’Economie) a Eric Sodoyer, les responsables d’équipe mesurent, conduit les pharmaciens à réduire directeur suivent et contrôlent un certain nom- ©ALLOGA des opérations leurs stocks et à passer des commandes d’Alloga France bre d’indicateurs clés (KPI) affichés sur en plus petites quantités. Résultat, les des « performances boards ». « Chaque logisticiens doivent redoubler d’efforts chantier d’amélioration continue manager doit avoir les outils pour pour réduire leurs coûts et adapter leur adapté aux contraintes de la réglemen- prévoir, planifier, exécuter et mesurer outil à cette montée en puissance de la tation pharmaceutique. Objectif : amé- les écarts sur sa prestation et le cas préparation de commandes au détail. liorer l’efficacité et la productivité de échéant, remonter les problèmes en C’est ce qui a conduit Alloga France, ses process, notamment en réception et central », explique Eric Sodoyer, Direc- filiale à 100 % du groupe américano- sur le picking détail. D’autant plus que teur des Opérations d’Alloga France. britannique Walgreens Boots Alliance le dépositaire pharmaceutique vient de Pour améliorer la productivité en (WBA), à se lancer récemment, avec lancer son offre All In, qui devrait réception, l’un des leviers consiste l’aide du cabinet PMGI, dans un grand avoir pour effet d’augmenter encore la aussi à travailler en collaboration avec Le site Alloga d’Amiens Alloga France en quelques chiffres ■ CA 2014 : 97,7 M€ ■ 5 sites pharma en France : Amiens, Reims, Lyon, Arras, Blois ■ 13 nouveaux clients depuis début 2015 ■ Plus de 60.000 points livrés par mois ■ Typologie de lignes de commandes préparées : 65 % pharmacies, 24 % grossistes répartiteurs (les plus gros volumes expédiés), 11 % hôpitaux ■ 99,9 % taux de conformité de commandes sur l’activité hôpitaux ■ 99,7 % taux de conformité de commandes sur l’ensemble de la prestation ©ALLOGA NOVEMBRE 2015 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°99 61
ENQUÊTE L’industrie pharmaceutique les laboratoires pour le contrôle du All In, l’intégration transport en amont, la réduction des de la logistique et du commercial non-conformités, la gestion des prises de rendez-vous. Même si ces derniers L’offre All In, qu’Alloga France propose depuis octobre der- demandent chacun des spécificités, nier à ses clients laboratoires, s’apparente à un « guichet Alloga France cherche à être force de unique ». Elle intègre la logistique et la distribution à tem- proposition pour tenter de standardi- pérature dirigée, l’exploitation (essais cliniques, autorisation ser les processus de réception, dans le de mise sur le marché), divers services (facturation, encais- respect de la réglementation. « En sement pour compte, copacking, etc.) mais aussi la partie ©ALLOGA 18 mois, nous avons déjà réalisé des ventes et formation auprès des 22.000 officines pharma- gains de productivité de +35 % sur la Sébastien Drouillet ceutiques indépendantes que compte l’Hexagone avec une réception en jouant sur ces aspects de force de vente de 76 commerciaux et un call center de 83 personnes. « Nous planification et de simplification, sans avons l’ambition de devenir pour nos clients un interlocuteur unique pour la mise jamais transiger sur notre taux de sur le marché de leurs produits vers les centres de santé et de soins », a déclaré qualité, qui est de 99,7% sur l’en- Sébastien Drouillet, Directeur Général d’Alloga France, qui compte bien repren- semble de la prestation », précise Eric dre à CSP la place de N°1 sur le marché français des dépositaires. En facilitant Sodoyer. aux laboratoires l’accès au canal de vente directe vers les officines, l’offre All In devrait avoir pour effet d’augmenter encore la part de préparation au détail chez L’harmonisation du WMS Alloga France. ■ JLR En parallèle, le dépositaire pharma- ceutique s’est lancé en 2012 dans le déploiement sur ses 5 sites français offre une plus grande souplesse au toires mettront en place la sérialisa- de WMOS, le progiciel de gestion niveau du lancement des vagues de tion, a priori à partir de 2017. d’entrepôt de Manhattan Associates, préparation de commandes. Contrai- en commençant par son entrepôt rement à l’ancien WMS, qui ne per- Vers une approche différenciée d’Amiens. L’intérêt de cette harmoni- mettait de ne lancer qu’une seule « Pour l’instant, très peu de laboratoires sation du WMS, prévue pour fin juin vague par jour, WMOS peut en gérer nous ont réellement sollicités sur le sujet 2016, est là encore de faciliter la stan- plusieurs (20 à 25 par jour en de la sérialisation mais nous nous y pré- dardisation des processus. Mais aussi moyenne), à la demande, et équilibrer parons. Si l’on reste avec des gares de bénéficier de nouvelles fonction- les charges des différentes vagues en mécanisées traditionnelles, les consé- nalités, comme le « slotting », qui fait fonction des gares pour éviter les phé- quences de la sérialisation sur la pro- gagner en productivité en recalculant nomènes de saturation. D’où un gain ductivité et le coût de main d’œuvre périodiquement les emplacements en réactivité en utilisant la chaîne du picking détail pourraient être très picking en fonction des caractéris- mécanisée, même pour répondre à des importantes car il faudra scanner tiques physiques et de la fréquence de demandes urgentes. Un autre avan- chaque boîte avant de la placer dans le commande de chaque produit. Par ail- tage du nouveau WMS est qu’il est carton », prévient Eric Sodoyer. Plus lar- leurs, sur les sites comme Angers où le techniquement prêt pour gérer la tra- gement, des réflexions avancées sont en picking est déjà 100 % mécanisé (pré- çabilité à l’unité du picking des boîtes cours sur le site d’Angers pour faire évo- paration en gares), le nouveau WMS de médicaments quand les labora- luer les processus de préparation au détail. Le modèle actuel, 100 % méca- nisé avec préparation en gares, devrait laisser la place à une approche plus dif- férenciée, qui permettrait de doubler l’activité, avec un système de type « goods to picker », pour les références à forte rotation, de la préparation méca- nisée pour les moyennes rotation et du picking manuel pour les faibles rota- tions. A l’avenir, cette différenciation par classe de rotation des produits pour- rait éventuellement amener Alloga France à développer des stratégies de regroupement sur un même site de cer- tains médicaments issus de différents laboratoires afin de mutualiser ses ins- tallations automatisées. A condition, bien sûr, de convaincre ses clients. ■ ©ALLOGA Tableau de bord lean JEAN-LUC ROGNON 62 N°99 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - NOVEMBRE 2015
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