Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...

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Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...
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                                                                    Grand angle

                                                 Ensemble pour
                                                enrayer l’extinction
    LE MAGAZINE DES PARCS NATURELS RÉGIONAUX

                                                           du vivant      — p. 09

                                                                                Défi

                                                  Sciences participatives :
    SEPTEMBRE 2019 — N° 84

                                               les Parcs aux avant-postes
                                                                             — p. 16

                                                                  Histoire à partager

                                                     Disséminer la culture
                                                      des variétés locales
                                                                             — p. 07
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VUE SUR…

                                             La biodiversité,
                                             c’est l’éclate !
                                             — En plein cœur de Caudebec-en-Caux,
                                             dans les Boucles de la Seine Normande,
                                             un marais entouré d’une résidence et
                                             du collège de la ville. En 2019, le conseil
                                             municipal des jeunes a passé 8 jours dans
                                             ce marais urbain, avec une photographe
                                                                                           © Isabelle Lebon (photo recadrée)

                                             et une écrivaine. Résultat : un superbe
                                             livret édité par une association d’édition
                                             locale, Globules, qui met en scène leur
                                             découverte du milieu et les mots qu’ils
                                             ont trouvé pour décrire leur expérience.

02 — parcs — septembre 2019 — n° 84
Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...
EN 2 MOTS

           « L’ampleur de l’ambition
           nécessite un changement
            d’échelle et de moyens »
                                        Michaël Weber
               Président de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France

#ALERTE La présentation des conclusions                 l’IPBES, des « changements transformationnels ».
du rapport alarmant de la Plateforme                    Or prendre en compte la biodiversité au quotidien,
intergouvernementale sur la biodiversité et les         là où les risques sont les plus forts, est précisément
services écosystémiques (IPBES) est déjà un             au cœur de l’expertise des Parcs. Dans la foulée
des temps forts de l’année. Ce regroupement de          de ce rapport, le président Macron a annoncé
scientifiques internationaux a lancé une alerte         un renforcement de la politique de la France
historique en direction de l’opinion publique et        en matière d’aires protégées en visant 30 % du
des décideurs. Avec notamment l’annonce du              territoire couvert d’ici à 2022 : notre réseau y jouera
chiffre choc « 1 million d’espèces sont menacées        nécessairement un rôle majeur. Les deux grandes
d’extinction », il replace la                                           priorités de ce plan, à savoir la lutte
biodiversité au niveau de la lutte                                      contre l’artificialisation des sols et
contre le changement climatique.                                        contre les effets de l’agriculture
Ce rapport dit également que le                                         intensive, illustrent parfaitement
processus n’est pas inéluctable car                                     les défis qui s’imposent à nous.
nous en connaissons en grande                                           Les Parcs naturels régionaux ont
partie les causes (artificialisation                                    acquis de l’expérience et du savoir-
                                                                     © Bartosch Salmanski

des sols, agriculture intensive,                                        faire dans ces domaines. Mais
pollutions, disparition des                                             l’ampleur de l’ambition nécessite
zones humides, réchauffement                                            sans aucun doute un changement
climatique). C’est précisément à                                        d’échelle et de moyens. C’est aussi
ces causes que devait s’attaquer le plan Biodiversité   pour cela que nous plaidons pour un renforcement
annoncé par le gouvernement il y a un an.               de notre outil en nous dotant d’une nouvelle
                                                        structure de gestion. Le positionnement politique
#ACTION Un plan global auquel les Parcs                 en faveur de la biodiversité est sans doute une
naturels régionaux de France apportent une              condition incontournable à la mise en place des
contribution majeure. D’abord parce que la lutte        changements profonds appelés par le rapport. Il
contre l’érosion de la biodiversité passera par une     demandera de la conviction et du courage, mais
politique inclusive ou, comme le cite le rapport de     nous n’en manquons pas.

                                                                                            n° 84 — septembre 2019 — parcs — 03
Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...
SOMMAIRE
                                                                                                                                             22
                                                                                                                                             Pêle-mêle
                                                                                                            16                               — Tour d’horizon des
                                                                                                                                             événements et faits
                                                                                                            Défi                             marquants du réseau.
                                                                                                            — Les sciences
                                                                                                            participatives
                                                                                                            pour améliorer les
                                                                                                            connaissances et éduquer
                                     © Stefane Gautier / Naturimages                                        à l’environnement, c’est un
05                                                                                                          outil particulièrement adapté

                                                                                           09
                                                                                                            au contexte des Parcs.
Territoires vivants
— Jeu de cartes écolo, espace-
test agricole, biodiversité                                                                                 18
botanique du Parc Astérix…
Le point sur les actualités des                                                                             En pratique
Parcs qui ont jalonné le semestre.
                                                                       Grand
                                                                                                            — Tout savoir sur
                                                                                                            l’obligation réelle
                                                                                                            environnementale et
                                                                                                                                              23
07
Histoire à partager
                                                                       angle                                sur le label ÉcoQuartier
                                                                                                            dans les Parcs.
                                                                                                                                             Portrait
                                                                       — La biodiversité se meurt.
— Redécouvrir le patrimoine                                            Pour enrayer ce déclin, les Parcs                                     — Lionel Manceau, lycéen
végétal local pour favoriser                                           ont par nature un rôle majeur        20                               passionné de nature et très
                                                                       à jouer. Ils mettent en œuvre
l’autonomie alimentaire, c’est le
projet participatif qui occupe en                                      la stratégie du gouvernement         Découverte                       engagé dans la protection
                                                                                                                                             des milieux du Parc
ce moment plus de 300 acteurs                                          mais expérimentent aussi des         — Allez à la rencontre des       Normandie-Maine.
dans le Parc de Chartreuse.                                            solutions bien à eux.                arbres célèbres de la forêt
                                                                                                            du Vercors puis admirez les
                                                                                                            prairies fleuries de Lorraine.
                                                                       14
                                                                       Rencontre
                                                                       — Haut fonctionnaire spécialiste
                                                                       de l’écofiscalité, Guillaume
                                                                       Sainteny nous parle de l’histoire                                         fb.com/FederationPNR
                                                                       de l’écotaxe en France et du                                               @FederationPNR
                                                                       potentiel que cet outil représente
                                                                       pour les Parcs.                                                            flickr.com/groups/pnr

                                                                                                                                             parcs n° 84 – septembre 2019.
                                                                                                                                             Directeur de la publication :
                                                                                                                                             Michaël Weber. Rédacteur en
                                                                                                                                             chef : Éric Brua. Coordinateur :
                                                                                                                                             Olivier André. Comité de
                                                                                                                                             rédaction : Camille Aulas,
                                                                                                                                             Jean-Jacques Boussaingault,
                                                                                                                                             Yvon Brunelle, Marie-Noëlle
                                                                                                                                             Cuevas, Malika Nestoret,
                                                                                                                                             Guy Poupart, Alice Roy.
                                                                                                                                             Contribution à ce numéro :
                                                                                                                                             Thierry Mougey. Relecture :
                                                                                                                                             Valérie Petel et Compédit.
                                                                                                                                             Rédaction : Camille Aulas,
                                                                                                                                             Laurène Champalle, Cécile
                                                                                                                                             Couturier, Jean-Luc Varin.
                                                                                                                                             Conception, conseil et
                                                                                                                                             réalisation :
                                                                                                                                             Impression : Compédit
                                                                                                                                             Beauregard. Photo couverture :
                                                                                                                                             Stephane Bouilland /
                                                                                                                                             Naturimages
                                                                                                                                             ISSN : 0982 6246.
Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...
Sélection d’actus
                                                                                                              au sein des Parcs
                                                                                                             naturels régionaux
                TERRITOIRES
                  VIVANTS

                                                                                                                                        © DR
                     Les Audacieuses du Parc
                     des Baronnies provençales.                                                   #Changer le monde par le jeu
                                                                                                  en Avesnois. Le Parc distribue
            Elles ont mené jusqu’au bout un projet                                                gratuitement 4 000 exemplaires
            responsable, solidaire, innovant, voire                                               d’un jeu de cartes qui incite
                                                                                                  la population à réaliser des
            créatif qui enrichit le territoire. Le Parc                                           défis qui sont autant de gestes
            a fait le portrait de ces entrepreneuses                                              en faveur de la préservation
            qui portent ses valeurs.                                                              de notre planète. Chaque
            À retrouver sur son site internet
                                                                                                  carte indique une mission à
                                                                                                  accomplir, comme offrir
                                                                                                  un jus de fruit local, ramasser
                                                                                                  10 déchets dans la nature
#çatourne

             « Prudence, ça roucoule »                                                            ou acheter des œufs de poules
                                                — Le tétras-lyre, oiseau emblématique
                                                des massifs alpins, est une espèce sensible
                                                                                                  heureuses. Une fois le défi
                                                au dérangement qui mérite l’attention des         réalisé et validé sur
                                                pratiquants d’activités de pleine nature.
                                                Le Parc du Massif des Bauges a fait réaliser      l’application dédiée, le joueur
                                                un clip d’animation pour sensibiliser le public
                                                aux bonnes pratiques à adopter. Il est diffusé
                                                                                                  passe la carte à une personne
                                                auprès des réseaux de pratiquants de la           de son entourage pour qu’il en
                                                montagne.
                                                https://www.youtube.com/watch?v=f5-776I_ytY       fasse autant et ainsi de suite…

                                                                                                  10
       — Grâce à son espace-test agricole créé en 2015,
       le Parc a déjà permis l’installation en bio de
       4 agriculteurs : trois maraîchers et un producteur
       de plantes aromatiques et médicinales.
       Trois éleveurs (ovin, porcin et escargots) et                      C’EST LE NOMBRE DE PORTR AITS DE CES HÉRITIERS DE
       deux maraîchers sont actuellement en test.                        SOIX ANTE-HUIT QUI ONT CRÉÉ LE FUTUR DES PYRÉNÉES
       Un test si concluant qu’un atelier de                              ARIÉGEOISES. IL S FONT L’OB JET D’UN LIVRE ET D’UNE
       transformation de légumes distribue désormais                         WEB CHRONIQUE POUR LES 10 ANS DU PARC . À
       leur production à la boutique du Parc et au-delà.
                                                                         RETROUVER SUR W W W.PARC-PYRENEES-ARIEGEOISES.FR
       — Parc du Perche

                                                                                                        n° 84 — septembre 2019 — parcs — 05
Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...
TERRITOIRES VIVANTS

                                                                                                  #Concertation entre Parc
           #ciel étoilé
                                                                                                  Oise-Pays de France et Parc
   Trois Parcs                                                                                    Astérix… Ce Parc naturel régional
   bientôt Réserve                                                                                au Nord de l’agglomération

                                            © Aymeric Watterlot
   internationale                                                                                 parisienne a fort à faire pour
   — Trois Parcs de Nouvelle                                                                      protéger sa biodiversité
   Aquitaine, Millevaches en
   Limousin, Périgord-Limousin                                                                    botanique. Mais grâce à des
   et Landes de Gascogne, ont                                     conventions tripartites avec le Conservatoire d’espaces
   décidé de travailler ensemble
   sur un projet territorial
                                                                  naturels de Picardie et des partenaires privés (Parcs et
   autour du ciel étoilé et                                       équipements de loisirs, société autoroutière, etc.), les
   des paysages nocturnes.                                        techniciens du Parc sensibilisent ces derniers à la richesse
   Ils travaillent ainsi sur
   l’éclairage public, sur                                        de leur site. Par exemple, avec le Conservatoire botanique
   la biodiversité nocturne,                                      national de Bailleul, ils aident le Parc Astérix à préserver une
   sur des projets « astro-
   touristiques » de bivouacs-                                    plante très rare en Hauts-de-France, trouvée juste à côté d’une
   observatoires et diffusent                                     zone de stockage. Des semences sont récoltées, multipliées,
   ces contenus dans des
   programmes d’éducation au                                      puis réinstallées un peu plus loin sur le site pour qu’elles
   territoire. Ils espèrent ainsi                                 puissent se développer plus largement. Les partenaires privés
   devenir la troisième Réserve
   Internationale de Ciel Étoilé
                                                                  sont même maintenant convaincus que ce sujet doit être
   de France, un label décerné                                    inscrit dans leur projet d’entreprise. Certains désignent
   par l’International Dark-Sky                                   d’ailleurs un « référent biodiversité » parmi leurs salariés.
   Association aux États-Unis.

            Le grand cycle de l’eau dans le Parc du Haut-Jura
                            L E C O N S TAT                                                                                   LE BIL AN

              — Lacs, rivières, cascades,
              tourbières… le Parc est marqué
              p a r l a p r é s e n c e d e l’e a u
                                                                                      — Le nouveau
                                                                                      périmètre
                                                                                      d’inter vention
                                                                                                                                        95 000
                                                                                      du Parc                                               H A B I TA N T S
                          L’ E N G A G E M E N T                                      concerne :
                                                                                                                                          sur 2 100 km2 de territoire

             — Le Parc est engagé depuis sa

                                                                                           2                                            2 000
             création dans la préser vation des
             c o u r s d’e a u e t d e s zo n e s h u m i d e s .

           L’ O U T I L                                             L E FA I T                                                                                KM DE
                                                                                      BASSINS                   (la Haute Vallée
                                                                                                                de l’Ain et de l’Orbe
                                                                                                                                                              COURS
                                                                                      VERSANTS                  et la Valserine)                              D ’ E AU

                                                                                                                       L A CO N CLUSI O N
    — La Gemapi est                   — En 2018, le Syndicat
    une compétence                    M i x t e d u Pa r c s’e s t
    qui recouvre tous                 vu transférer la
    les aspects de                    compétence Gemapi                                                                                        UNE MEILLEURE
    la gestion et de                  sur son territoire mais                                                                                  COHÉRENCE
    la préser vation                  également sur des                                                                                        hydrographique
    des milieux                       territoires hors                                RECONNAISSANCE                                           d’intervention
    aquatiques.                       de son périmètre.                               de l’expertise du Parc sur ces sujets

06 — parcs — septembre 2019 — n° 84
Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...
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                                — Parc de Chartreuse
                                Disséminer
                                la culture
                                des variétés
                                locales
                                _C’EST UNE OPÉRATION SCIENTIFIQUE
                                PARTICIPATIVE INÉDITE QUI EST MENÉE DANS
                                LE MASSIF DE LA CHARTREUSE : L’ÉTUDE ET
                                LA SENSIBILISATION AUX PLANTES LOCALES
                                CULTIVÉES AUPRÈS D’ACTEURS DE TOUTES
                                CATÉGORIES… À côté de la poire « Louve », il y a le
                                haricot « viande » et le maïs de « Crolles ». Des espèces
                                                        aux origines et à l’histoire diverses
                                                        se côtoient dans le massif de
                                                        Chartreuse : des « tradis », installées
© PNRC

                                                        là depuis des siècles, aux « petites
                                                        jeunes », importées au gré des goûts
                                                        et des voyages. Depuis trois ans,
                                                        toutes font l’objet de l’ambitieux
© PNRC

                                                        projet « Redécouverte du patrimoine
         PROJET                                         maraîcher, fruitier, céréalier et
         _Objectif :                                    ornemental de Chartreuse » animé
         Valoriser le patrimoine végétal                par le Parc. « Nous souhaitons
         local, favoriser l’autonomie                   découvrir et redécouvrir les variétés
         alimentaire, s’adapter au                      locales cultivées, qu’elles soient connues,
         changement climatique                          méconnues ou oubliées » explique
         _Début : 2016                                  Laure Belmont, responsable de la
         _Résultats : Déjà plus de                      mission Biodiversité aménagement
         300 acteurs impliqués (habitants,              paysage. Objectif : partager le
         associations, professionnels…),                patrimoine végétal local et se le
         70 personnes formées à                         réapproprier. « Nous souhaitons
         la récupération de graines                     favoriser l’autonomie alimentaire du
         et 1 409 variétés végétales                    territoire – axe que nous travaillons
         identifiées                                    également à travers notre participation
                                                        à un programme alimentaire territorial
                                                        (PAT). Il s’agit aussi, disons-
                                                        le clairement, de devenir moins
                                dépendants de l’achat de semences hybrides industrielles,
                                dont la plupart sont non reproductibles et ne peuvent être
                                replantées. Et ainsi, de répondre aux enjeux du changement

                                                       n° 84 — septembre 2019 — parcs — 07
Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...
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                                                                        attentes, et peuvent bénéficier de formations sur la récolte
                                                                        de graines, la taille ou la greffe de fruitiers. « Récupérer une
                                                                        partie des graines d’une production est le plus sûr moyen de
                                                                        perpétuer une variété adaptée localement, en renforçant ses
                                                                        caractéristiques génétiques : elle est plus belle, plus vigoureuse,
                                                                        plus résistante et plus productive », rappelle Laure Belmont.

                                                                                                                                                                        © PNRC
                                                                        Depuis deux ans, 70 personnes ont suivi la formation
                                                                        « Faites vos graines ».
                                                                        Autre action lancée en 2018 : l’adoption de graines. En un            Atelier de récupération
                                                                        an, 44 variétés ont été adoptées ! Des semences – dont                des graines.
climatique. » Car ces fruits et légumes, adaptés au climat, au          certaines ont été récupérées à la banque de semences de
sol et à l’altitude des différents secteurs du territoire, sont         l’Institut Vavilov, en Russie – sont ainsi confiées à des
naturellement plus résistants aux nuisibles, aux maladies               personnes qui s’engagent à les chouchouter : particuliers,
et aux intempéries. Des atouts de poids pour l’économie                 exploitation du Lycée horticole de Saint-Ismier (Grenoble)
et l’alimentation des générations futures.                              ou maraîchers professionnels. Ces derniers doivent tenir
                                                                        un journal de bord des plantes et restituer la moitié des
DES MOINES PLANTEURS AUX BOURGEOIS                                      graines produites au CRBA.
JARDINIERS Début 2009, l’impulsion est donnée : l’as-
sociation Jardins de Mémoires Montagnes (JDMM) tra-                     FAIRE POUSSER DES VERGERS Des maraîchers
                                             vaille avec le Parc sur    également impliqués dans un partenariat avec des
                                             les plantes sauvages.      restaurateurs, c’est le volet « De la graine à l’assiette » :
“ Faire des                                  Recherches, inven-
                                             taire, publications…
                                                                        les uns fournissent les produits, les autres les cuisinent.
                                                                        Une manière de faire connaître et de sublimer des
habitants des                                le besoin de se pen-       variétés locales en touchant les papilles ! Parmi la moisson

                                                                                                                                                                        © PNRC
                                             cher aussi attentive-      d’actions de cette vaste opération, citons également le

acteurs-relais                               ment sur les plantes
                                             cultivées s’impose
                                             ensuite. Le projet est
                                                                        volet « arbres fruitiers » : formations « taille et greffe »,
                                                                        identification de pommiers et poiriers anciens, dont des
                                                                        échantillons sont en cours d’analyse par des généticiens
                                                                                                                                              Maïs de Calabre.

qui savent                                   monté en 2015 par le
                                             Parc, le Centre de Res-
                                                                        de l’Inra, recensement et accompagnement à la création de
                                                                        vergers (privés, collectifs ou partagés), création de vergers
cultiver,                                    sources de Botanique
                                             Appliquée (CRBA)
                                                                        conservatoires… « Ensuite, nous espérons poursuivre nos
                                                                        actions en travaillant plus spécifiquement sur les céréales et
observer,                                    de Lyon et JDMM.
                                             Il reçoit le soutien
                                                                        la vigne, conclut Laure Belmont. Si les financements sont
                                                                        suffisants, nous poursuivrons l’accompagnement des projets
récupérer                                    financier de la Ré-
                                             gion Auvergne-Rhô-
                                                                        et la formation des habitants qui sont nos premiers relais. »

des graines et                               ne-Alpes, des dépar-
                                             tements de l’Isère
                                             et de Savoie et de la
les partager. ”                              Fondation de France.
                                             Tout commence par
                                             cinq réunions pu-
bliques pour présenter l’opération aux habitants. Puis l’en-
quête ethnobotanique commence. Recherche en archives,                      HARICOT, MAÏS, ABRICOT…
enquêtes de terrain… Elle doit permettre de tout savoir, ou
presque, sur l’histoire des cultures dans le massif. « Nous                _UNE MOISSON D’ESPÈCES
avons trouvé beaucoup d’informations dans les archives des                 Les résultats de l’étude                     dix variétés de maïs et vingt de
moines de l’Ordre des Chartreux, qui fabriquent la célèbre liqueur         ethnobotanique, commandée par                noyer…), 269 sont nées ailleurs dans la
de Chartreuse, détaille Laure Belmont. Nous avons pu consul-               le Parc au Centre de Ressources              région, et 980 variétés viennent d’une
                                                                           de Botanique Appliquée (CRBA) et             autre région ou de l’étranger. Une base
ter des cahiers de jardinage des années 1950 et des manuscrits             à l’association Jardins de Mémoires          de données en ligne, localisant chaque
du xvie siècle ! » Autre découverte : « Au xixe siècle, à l’est du         Montagnes, sont exceptionnellement           variété et listant les documents liés,
territoire, s’est créée une petite Riviera alpine : des bourgeois ont      riches : 399 espèces de fruits,              est en cours de développement.
développé une importante pratique horticole, testant des plantes           légumes, céréales ou fleurs ont été          En attendant, des fiches « variétés »
                                                                           identifiées sur le territoire,               ont été réalisées : haricot « viande »,
et important des graines. » Au bout d’un an de recherches,                 représentant 1 409 variétés. La vigne,       maïs « Crolles », poire « Louve »,
près de 1 500 variétés sont répertoriées (voir encadré).                   la pomme de terre, le blé, le poirier,       et vigne « Etraire de la Dui »
                                                                            la courge ou le haricot sont parmi les
LES GRAINES, C’EST LA CLÉ La deuxième phase du                             plus présentes. Un peu plus de 10 %          Pour en savoir plus :
                                                                           des variétés sont originaires du massif      www.parc-chartreuse.net/fr/agir/
projet peut alors commencer : la transmission. Des ateliers                de la Chartreuse ou des environs             agriculture/fruits-et-legumes-
publics sont organisés, des groupes de travail thématiques                 proches (abricotier, ail, artichaut,         oublies-de-chartreuse/
sont montés. Les habitants font part de leurs pratiques et

08 — parcs — septembre 2019 — n° 84
Ensemble pour enrayer l'extinction du vivant - Sciences participatives : les Parcs aux avant-postes - Fédération des Parcs naturels ...
GRAND ANGLE

                                           Ensemble pour
                                         enrayer l’extinction
                                              du vivant
                                                        LE PLAN BIODIVERSITÉ UN AN APRÈS,
                                                        ET LES PARCS NATURELS RÉGIONAUX ?

                                                 L’heure est grave : la sixième extinction massive d’espèces
                                                  a déjà commencé et l’homme en porte la responsabilité.
                                                      Face à ce constat qui se décompose en multiples
                                                 problématiques complexes, les Parcs cherchent, trouvent
                                                                 et partagent des solutions.
       © Stefane Gautier / Naturimages

                                          3   raisons
                                          de lire
                                                                       1
                                                              C’EST UN FAIT,
                                                            les espèces disparaissent
                                                                                                2
                                                                                        EN RÉPONSE,
                                                                                        la lutte s’organise à
                                                                                                                             3
                                                                                                                   SUR LE TERRAIN,
                                                                                                                     les Parcs ont un rôle

                                          ce dossier          à un rythme alarmant        tous les niveaux              majeur à jouer
© DR

                                                                                                                n° 84 — septembre 2019 — parcs — 09
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BIODIVERSITÉ

Les Parcs
en première
ligne
Le gouvernement a présenté
                                      L
                                             e plan gouvernemental présenté en
                                             juillet 2018 visait à renforcer l’action
en juillet 2018 un plan                      de la France pour la préservation de la

                                                                                                      © PNRNM
Biodiversité avec l’ambition          biodiversité et à mobiliser des leviers pour
                                      la restaurer quand nécessaire. L’ensemble
politique de mettre                   de ces objectifs faisant partie intégrante de
                                                                                                                Fragile nid protégé par l’outil « La météo des
la biodiversité au même rang          leur mission depuis leur origine, les Parcs                               oiseaux » en Narbonnaise en Méditerranée.
                                      naturels régionaux, mais aussi les Réserves
que le climat. Ce plan visait         naturelles, les conservatoires d’espaces
à booster l’actuelle stratégie        naturels et l’association Rivages de France ont         faciliter l’adaptation au changement climatique.
                                      logiquement salué ce plan, faisant valoir qu’il         Le maintien partout de l’activité humaine reste
nationale pour la biodiversité        méritait le statut de grande cause nationale.           en débat. Un projet d’université permettra de
qui se termine en 2020.               Les Parcs se sont investis dans l’opération et          poursuivre le dialogue, dans le cadre du contrat
                                      ont montré leur expérience et leurs savoir-             de transition écologique du pays de Grasse inscrit
Sur les 24 objectifs définis,         faire pour chercher des solutions à la perte de         au plan Biodiversité.
18 relèvent directement               biodiversité que nous connaissons. Or, malgré           De la même façon, face aux porteurs de projets
                                      les apparences peut-être, le sujet reste complexe       immobiliers, les Parcs font l’interface en
de missions portées                   car il sous-entend de véritables transitions à de       mettant en œuvre la séquence « Éviter Réduire
par les Parcs. Un an                  multiples niveaux.                                      Compenser », certes contraignante mais très
                                                                                              efficace avec les entreprises de bonne volonté.
plus tard, il est temps                                                                       Les Landes de Gascogne ont beaucoup travaillé
de faire un premier bilan             DES RÉPONSES PROTÉIFORMES                               sur le sujet. Le Parc a aussi lutté contre la pollution
                                      Premier exemple dans le Parc des Préalpes               lumineuse en travaillant sur une « trame noire »,
de cette mobilisation.                d’Azur. La Réserve des monts d’Azur, active             sur l’optimisation de l’éclairage public et sur le
                                      dans la sauvegarde du bison d’Europe, porte             ciel étoilé, en organisant des manifestations
                                      une ambition de ré-ensauvagement. L’idée                de sensibilisation (Jour de la nuit, Nuit de la
                                      séduit plutôt hors du territoire, mais acteurs          chouette, Nuit des étoiles, etc.). Il a aussi en projet
                                      et politiques publiques sont, eux, axés sur             une Réserve naturelle régionale et lutte contre
                                      un équilibre agro-sylvo-pastoral au service             les espèces invasives. Enfin, sur le plan juridique,
                                      de paysages identitaires et d’une biodiversité          ce Parc travaille sur le Code de l’environnement
                                      exceptionnelle. Le Parc a ouvert la discussion : la     et le Code de la forêt car les incohérences que
                                      priorité en territoire habité serait de préserver les   ceux-ci révèlent peuvent, sur le terrain, s’avérer
                                      milieux et d’améliorer leurs connexions afin de         préjudiciables aux politiques de biodiversité.

10 — parcs — septembre 2019 — n° 84
préoccupation majeure. Ce qui se traduit par des
                                                                                                             actions et des initiatives dans des domaines
                                                                                                             aussi variés que l’agronomie, l’urbanisme ou
                                                                                                             l’analyse des paysages !
                                                                                                             En Narbonnaise en Méditerranée, le Parc a
                                                                                                             imaginé un outil numérique interactif baptisé
                                                                                                             « La météo des oiseaux » pour aider ceux
                                                                                                             qui pratiquent les sports de pleine nature à
                                                                                                             respecter les périodes de nidification. Dans
                                                                                                             un Parc très peuplé comme Scarpe-Escaut,
                                                                                                             dans le Nord, la densification urbaine est un
                                                                                                             véritable enjeu. À Wandignies-Hamage, le
                                                                                                             Parc a aidé à construire en centre-bourg pour
                                                                                                             épargner les zones humides alentours. Dans les
                                                                                                             Caps et Marais d’Opale, c’est une construction
                                                                                                             d’autoroute qui oblige à réaménager les
                                                                                                             corridors écologiques pour qu’ils ne soient pas
                                                                                                             interrompus par le bitume. Le Parc des Alpilles
                                                                                                             a, lui, fait un effort considérable de concertation
                                                                                                             avec les sylviculteurs de son territoire pour
                                                                                                             que les sous-bois soient praticables par les
                                                                                                             mammifères et que les arbres favorisant la
COMPENSER LES TRAVAUX                                 des pesticides. Ces variétés sont peu ou mal           nidification des oiseaux ne soient pas oubliés.
D’AMÉNAGEMENTS, CULTIVER À                            connues alors qu’elles pourraient être remises en      Le tout en assurant une défense contre les
NOUVEAU LES VARIÉTÉS ANCIENNES                        production ou servir de géniteurs à de la création     incendies.
En Armorique, la conduite de gaz Sizun-               variétale. Le Parc participe à ce programme
Lothey aurait, sans le diagnostic du Parc, réduit     partenarial et collaboratif à travers sa Maison
la biodiversité de ce territoire sur certains sites   de la biodiversité, à Manosque, en partenariat         AU-DELÀ DU PLAN
particulièrement sensibles. Le Parc a identifié       avec des institutions telles que l’Institut national   GOUVERNEMENTAL, LES PARCS
les grands types de végétation concernés, défini      de recherche agronomique (Inra) et le Groupe de        ONT DES PROPOSITIONS À FAIRE
les espaces sur lesquels une gestion différenciée     recherche en agriculture biologique (Grab), avec       Les Parcs expérimentent aussi, c’est leur
pouvait être conduite, préconisé un retard de         la collaboration des professionnels de la filière.     mission, des actions et des outils nouveaux qui
fauche et une diminution de leur fréquence sur        C’est un verger conservatoire de la biodiversité       mériteraient d’être développés et qui pourraient
certains secteurs, et fait installer dix hôtels à     fruitière régionale. Sur les 420 variétés cultivées,   concourir à la lutte pour la biodiversité.
insectes. Accompagné de l’Office national des         200 y ont été décrites. Les fiches variétales          Parmi eux, le recensement, la capitalisation
forêts (ONF), GRT Gaz – l’entreprise qui mène         rédigées sont aujourd’hui consultables sur une         et la diffusion des pratiques traditionnelles
les travaux – compte aussi installer des ruches,      plateforme collaborative afin que tous les acteurs     alternatives aux usages des pesticides dans les
des abris à oiseaux et des prairies fleuries. Une     de ces filières – arboriculteurs, pépiniéristes ou     champs et des antibiotiques dans les élevages ;
vraie compensation qui allie réhabilitation           associations de conservation – puissent apporter       l’accompagnement des entreprises pour
des milieux, gestion différenciée et gain de          leur contribution sur leurs propres observations.      qu’elles réduisent leur empreinte biodiversité ;
biodiversité.                                                                                                le développement des contrats de transition
Dans le domaine agricole, le Parc du Lubéron                                                                 écologique ; les diagnostics d’état des sols.
a participé à un programme de recherche sur           LA BIODIVERSITÉ, UN CHAMP AUSSI                        Enfin, on peut regretter que des sujets comme la
l’agriculture biologique, Fruinov, qui s’appuie sur   VASTE QUE NOTRE PLANÈTE                                pollution azotée de l’atmosphère et des eaux ou la
la résistance naturelle aux maladies des variétés     On peut ainsi multiplier les exemples. Dans les        réduction des surfaces de prairies permanentes
anciennes de fruits pour réduire l’utilisation        54 Parcs français, la perte de biodiversité est une    soient absents de ce plan Biodiversité…

                                                                                                                      n° 84 — septembre 2019 — parcs — 11
GRAND ANGLE

                                                                     Le gouvernement a fait voter
                                                                     une loi sur la biodiversité mais nous,
                                                agriculteurs, sommes pragmatiques. Agriculteur
                                                depuis 37 ans, mon exploitation se trouve dans le Parc
                                                des Marais du Cotentin et du Bessin. Je n’ai pas attendu
         Pascal Férey,
                                                la loi pour me soucier de la préservation des ressources
         président de la chambre d’agriculture  et de la qualité de mes terres, ou de la continuité des
         de la Manche, chargé du dossier
         biodiversité à l’Assemblée permanente
                                                corridors écologiques… et cela ne veut pas dire qu’il faut
         des chambres d’agriculture (APCA).     sanctuariser les terres ! Je crois beaucoup au dialogue
                                                entre les exploitants et les Parcs, aux conventions qui
                       fixent les bonnes pratiques de part et d’autre, à ces liens concrets qui permettent
                       de trouver les meilleures solutions environnementales aux contraintes de la
                       production agricole. Je suis donc amené à participer à la gestion en commun de ce
                       territoire, chacun avec ses particularités. Un territoire ne vaut que par sa capacité
                       à réunir l’ensemble des acteurs pour définir un projet commun. L’activité agricole
                       en est la colonne vertébrale. Rien ne peut remplacer le dialogue sur le terrain. »

                                                                      L’IPBES, la Plateforme scientifique
                                                                     intergouvernementale sur
                                                la biodiversité et les services écosystémiques, est
                                                le même type d’organisme international que
                                                le GIEC. Nous nous intéressons à l’impact que la perte de
         Sandra Lavorel,
                                                biodiversité peut avoir sur les humains, aux moyens de
         écologue directrice de recherche       l’infléchir et nous formulons des messages aux décideurs.
         au CNRS, membre du comité français
         de l’IPBES.                            En mai dernier, nous avons publié une évaluation
                                                mondiale faisant état de la 6e extinction en cours.
                      Le rapport analyse les solutions à cette perte de biodiversité. Comme pour le
                      climat, la solution est de changer notre modèle économique. Pour ce qui concerne
                      la France, nous avons fait une évaluation en 2018. Nous connaissons le même
                      genre de problèmes que l’ensemble de la planète : les milieux humides continuent
                      de disparaître, causant la diminution de certaines populations. Nos forêts,
                      en revanche, sont globalement en bon état. Nous avons surtout des dispositifs
                      efficaces comme les Parcs nationaux, les Parcs naturels régionaux ou les zones
                      Natura 2000, qui ralentissent la chute de la biodiversité. Et il faut les encourager.
                      L’intérêt des Parcs, pour des chercheurs comme nous, c’est qu’ils se préoccupent
                      de l’avenir de leur territoire. Cela nous permet de mener des recherches
                      participatives, notamment, ce qui est bien autre chose que de la communication
                      ou de la pédagogie. Nous mettons ensuite les résultats de ces recherches à
                      disposition du public, puis nous les travaillons avec les élus locaux et régionaux.
                      Tous ces efforts, cette mobilisation de la population dans les Parcs en France,
                      permettent d’éviter le pire. Mais il faut être conscient qu’ils ne peuvent agir
                      qu’à la marge : la vraie cause de tous nos maux, c’est notre modèle de société. »

12 — parcs — septembre 2019 — n° 84
Un an après le
                                                                                      lancement du

                        © Damien Carles
                                                                   plan national pour la biodiversité,
                                                                   appuyé par les Parcs, quels premiers
                                                                   enseignements en tirez-vous avant
                         Emmanuelle Wargon,                        même le bilan estival annoncé par
                         secrétaire d’État auprès de la ministre   le président de la République ?
                         de la Transition écologique et solidaire.
                                                                   Le plan Biodiversité adopté le 4 juillet
                                                                   2018 affirme la lutte contre l’érosion de
                                        la biodiversité comme une priorité de l’action du gouvernement,
                                        au même titre que la lutte contre le changement climatique.
                                        Ce plan traduit la volonté de l’État d’accompagner les territoires
                                        dans des projets ambitieux pour la biodiversité, et également
                                        de faire de la biodiversité la préoccupation de tous. Il est encore
                                        temps d’agir ! Au terme d’un an, un premier bilan montre que
                                        10 % des actions sont déjà terminées et 95 % sont engagées.
© PNR Normandie-Maine

                                        Les effets seront déjà visibles en 2020 à l’occasion du congrès
                                        de l’UICN, que la France accueille à Marseille.

                                          Les Parcs interviennent sur la quasi-totalité des thèmes
                                          que couvre le plan : comment percevez-vous le rôle et la place
                                          des Parcs pour enrayer la perte de biodiversité en France ?
                                          Les Parcs sont de précieux partenaires pour l’État et pour
                                          les collectivités, et ce depuis leur création. Au travers de leurs
                                          chartes et des synergies locales qu’elles suscitent, ils portent
                                          des projets de territoire innovants. Par l’expérimentation,
                                          ils génèrent un effet d’entraînement à l’intérieur et au-delà de
                                          leur périmètre. En tant que gestionnaires d’espaces protégés,
                                          porteurs de ces valeurs, les Parcs ont un rôle fondamental à jouer
                                          dans la réussite du plan Biodiversité, particulièrement dans
                                          sa déclinaison territoriale.
                                          De plus, le président de la République a annoncé l’extension
                                          du réseau des aires protégées à 30 % du territoire national, dont
                                          un tiers sous protection forte permettant d’atteindre leur pleine
                                          naturalité. Dans ce contexte et forts de leurs diversités, les Parcs
                                          ont un rôle moteur à jouer.
                                          2020 sera donc un moment important car nous adopterons
                                          une nouvelle stratégie pour les aires protégées pour les dix ans
                                          à venir. Un forum national des aires protégées rassemblera
                                          en ce sens tous les acteurs le 25 octobre, à Biarritz. Il permettra
                                          de coconstruire cette stratégie, avec l’ensemble des parties
                                          prenantes, et notamment les Parcs. Cela permettra d’ancrer
                                          nos ambitions communes dans la perspective des événements
© PNR Scarpe Escaut

                                          de 2020, tels que le Congrès mondial de la nature, et d’affirmer
                                          nos positions sur le plan international. »

                                                                                n° 84 — septembre 2019 — parcs — 13
RENCONTRE

                                      Guillaume Sainteny
 « La vraie écofiscalité doit inciter
 à modifier les comportements »
                      Ce spécialiste et défenseur de l’écofiscalité1 définit pour nous
                          ce qu’est une écotaxe, et pourquoi les Parcs devraient
                       davantage mobiliser cet outil pour conduire leurs politiques.

           Peut-on commencer par donner une définition                     littoral ou l’ADEME, si elle abonderait bien leur budget, ne
           précise de l’écofiscalité ?                                     diminuerait pas les atteintes à l’environnement. Ce ne serait
                                                                           donc pas une vraie écotaxe.
           Guillaume Sainteny : Il n’y a pas une seule définition in-
           ternationalement admise. La plus communément retenue            Pourquoi les pays anglo-saxons ont-ils davantage
           veut qu’une écotaxe pèse sur une assiette polluante pour en     intégré cette idée ?
           diminuer les émissions. C’est par exemple une surtaxation
           des voitures polluantes. La vraie écofiscalité doit donc être   G. S. : L’État y est moins fort, beaucoup de choses se font par
           incitative.                                                     la société civile, les fondations, la philanthropie, les initia-
                                                                           tives individuelles, etc. En France, le poids des prélèvements
           Est-ce que cette idée est bien acceptée                         obligatoires est plus élevé, l’implication de l’État dans la vie
           en France ?                                                     économique, sociale et culturelle est plus importante.

           G. S. : Cette conception de la fiscalité écologique est mieux   Alors, comment l’idée d’écofiscalité est-elle
           comprise dans les pays anglo-saxons. Dans notre culture,        apparue en France ?
           les taxes doivent davantage servir à financer les politiques
           publiques. Or, une taxe sur le Loto ou sur les recettes des     G. S. : La fonction originelle de l’impôt était de financer les
           casinos, par exemple, pour financer le Conservatoire du         dépenses régaliennes (sous l’Ancien Régime, par exemple).

14 — parcs — septembre 2019 — n° 84
“ Les protections d’intérêt général devraient
s’accompagner, a minima, d’une fiscalité allégée
comme c’est le cas dans de nombreux pays.”
L’idée d’utiliser la fiscalité dans un but de politique éco-               Y a-t-il d’autres exemples d’incitation
nomique (comme relancer l’activité en période de crise                     fiscale souhaitable pour aider les politiques
économique) date surtout de l’entre-deux-guerres avec                      environnementales ?
Keynes. Dans cette ligne s’est développée l’idée que les
impôts pouvaient aussi servir d’outil pour les politiques              G. S. : Oui. Les Parcs naturels régionaux et leurs chartes
sociales puis culturelles, puis environnementales. C’est               fonctionnent dans une logique contractuelle : ils sont donc
donc assez récent.                                                     bien placés pour favoriser eux-mêmes des mécanismes
                                                                       contractuels en leur sein. Un exemple : le bail rural environ-
Les Parcs, eux, ne lèvent pas l’impôt sur le terrain.                  nemental (BRE) qui n’est possible que dans certains lieux,
Pourquoi donc ce sujet les intéresse-t-il ?                            dont les Parcs. C’est un bon outil tant pour le stockage de
                                                                       carbone que pour la biodiversité ou le paysage. Pourtant, il
G. S. : Ils ne le lèvent pas, certes, mais leurs territoires et ne décolle pas. Pourquoi ? Car il ne peut être conclu que si
leurs politiques peuvent pâtir ou bénéficier de la fiscalité le bailleur accepte une diminution notable du loyer de fer-
existante. Je prends deux exemples.                                    mage, cela sans contrepartie fiscale. Or, en France, les loyers
Nous avons en France une surtaxation anormale du fon- de fermage sont réglementés et fixés à la moitié environ de
cier non bâti et du patrimoine naturel. Les espaces naturels ce qu’ils sont en moyenne en Europe de l’Ouest, tout en
sont soumis à une quantité de taxes2, alors que les actions étant très taxés. Cette taxation très élevée sur un revenu
ne sont soumises qu’à un prélèvement forfaitaire unique pourtant diminué de moitié par l’État lui-même explique
de 30 %. Cette profusion et ce niveau de taxation en- la rentabilité après impôts nulle ou négative du foncier non
traînent une rentabilité nulle voire négative pour de nom- bâti. Or, en cas de BRE, on demande une nouvelle réduc-
breux espaces ruraux pouvant conduire à                                                tion du fermage au bailleur qui ne touchera
un abandon de la gestion ou inciter à arti-                                            que 20 ou 30 % du fermage normal, sans
ficialiser. Les Parcs naturels régionaux, par          BIO EXPRESS                     la moindre compensation fiscale : le poids
la qualité de leurs patrimoines et paysages                                            de la protection environnementale pèse
et par leurs missions de gestion, sont pé-               Guillaume                     donc sur le bailleur, qui n’a aucun intérêt à
nalisés par une telle fiscalité. Par exemple,                                          conclure un BRE. Pourtant, puisque l’État
une fiscalité élevée sur les prairies ou les                Sainteny                   encourage ce dispositif dans les Parcs, il se-
zones humides peut entraîner l’abandon                     Président de GS             rait logique qu’il ne donne pas lieu à pénalité
du pâturage extensif et l’enfrichement des            Conseil, il enseigne le          mais à incitation : les Parcs pourraient alors
zones humides. En outre, elle enlève des            développement durable              favoriser ces baux bénéfiques à l’environne-
revenus et du pouvoir d’achat à ces terri-           à AgroParisTech après             ment.
toires souvent défavorisés. Une moindre                  l’avoir enseigné à
taxation permettrait l’inverse.                      Sciences Po Paris et à            1. Pour davantage de précisions, voir son Plaidoyer pour
Par ailleurs, les Parcs ont, dans leurs terri-       l’École polytechnique.            l’écofiscalité, Buchet-Chastel, 2012.
toires, une proportion d’espaces protégés     3         Il  a exercé  plusieurs        2. TFNB, taxe pour chambres d’agriculture, DMTO, IR-PS
                                                       fonctions au sein du            jusqu’à 62,2 %, IFI, etc.
nettement supérieure à la moyenne natio-              ministère de l’Écologie,         3. Réserves naturelles, sites classés ou inscrits, arrêtés de
nale. Ces protections sont, certes, d’intérêt          notamment celles de             protection de biotope, sites Natura 2000, ZPPAUP, etc.
général. Mais elles peuvent entraîner des               directeur adjoint du           4. Un exemple bien connu, parmi d’autres, est celui du
contraintes, des charges de gestion accrues             cabinet du ministre            remboursement non complet par l’État aux collectivi-
voire des pertes de revenu ou de valeur                     puis de directeur          tés territoriales de l’exonération de TFNB pour les sites
pour les exploitants et propriétaires et une                d’administration           Natura 2000.
diminution des recettes fiscales actuelles            centrale (directeur des
et à venir pour les collectivités territo-             études économiques
riales. Or l’institution de ces protections ne              et de l’évaluation
donne pas droit à indemnisation pour les
exploitants et propriétaires ni à compensa-
                                                        environnementale).
                                                       Son dernier ouvrage                     “ Cette conception de
tion pour les collectivités territoriales4
                                          .
protections d’intérêt général devraient, au
                                            Les
                                                       paru est Le climat qui
                                                    cache la forêt. Comment                    la fiscalité écologique
contraire, s’accompagner, a minima, d’une
fiscalité allégée comme c’est le cas dans de
                                                      la question climatique
                                                      occulte les problèmes
                                                    d’environnement (Rue de
                                                                                               est mieux comprise dans
nombreux pays.                                             l’échiquier, 2015).                 les pays anglo-saxons.”
                                                                                                                                   n° 84 — septembre 2019 — parcs — 15
DEFI

           Sciences participatives :
         les Parcs aux avant-postes
                      Passerelle entre recherche et société civile, les sciences participatives
                          sont devenues en dix ans un formidable outil pour améliorer
                                 les connaissances et éduquer à l’environnement.

       N        ul besoin d’être scientifique
                pour faire des sciences : il suf-
                fit d’être curieux, d’ouvrir
        l’œil et de partager ses observations.
        Quels que soient les domaines (as-
                                                                                                               la nature avec le plaisir d’être utiles à
                                                                                                               la science.
                                                                                                               Formidables terrains de jeu en la ma-
                                                                                                               tière, les Parcs mettent en œuvre de
                                                                                                               nombreuses initiatives. Ils animent
        tronomie, biodiversité, climatologie,                                                                  localement les dispositifs nationaux
        etc.), les sciences participatives ont                                                                 Vigie-Nature, Observatoire des sai-
        le vent en poupe. Ces programmes de                                                                    sons, Visionature, etc.Ils conçoivent
                                                                                     © PNR Massif des Bauges

        collecte d’informations impliquant le                                                                  aussi des programmes sur mesure sur
        public sont nés aux États-Unis et au                                                                   leurs territoires. C’est le cas notam-
        Royaume-Uni au début du xxe siècle,                                                                    ment de l’observatoire participatif du
        avec des comptages d’oiseaux. En                                                                       Parc du Golfe du Morbihan, avec le
        France, le nombre de citoyens enga-                                                                    Groupe mammalogique breton, qui
        gés activement dans des démarches                                                                      vise à recruter des sentinelles de la
        de sciences participatives biodiversi-                                                                 biodiversité parmi les habitants afin
        té est passé de 21 000 en 2011 à près
        de 54 000 en 2017, d’après l’Obser-
                                                    Des rapaces                                                de collecter les informations néces-
                                                                                                               saires au suivi de l’écureuil et du héris-
        vatoire national de la biodiversité.        bien suivis                                                son sur leur territoire. Car l’évolution
        Plus de 70 programmes ont été re-           Depuis plusieurs années,                                   du nombre et de la répartition de ces
        censés sur l’ensemble du territoire. À      le Parc du massif des Bauges                               deux espèces est mal connue, un véri-
        travers eux, l’objectif est d’améliorer     met en œuvre le suivi participatif                         table obstacle à leur protection.
        les connaissances sur la biodiversité       de la nidification du faucon                               Autre exemple emblématique : l’ob-
                                                    pèlerin et de l’aigle royal,
        pour mieux la protéger tout en sen-         en partenariat avec la LPO Savoie                          servatoire participatif de la flore re-
        sibilisant le public aux enjeux envi-       et Haute-Savoie. Tous les ans,                             marquable du Pilat, qui a été mis en
        ronnementaux.                               ornithologues amateurs,                                    place en 2006. Il permet un suivi an-
                                                    pratiquants de vol libre et vol                            nuel de plus de 150 stations d’espèces
                                                    à voile se retrouvent derrière leurs
        L’UNION FAIT LA FORCE                       jumelles à l’affût de ces rapaces.                         végétales sauvages par 50 à 60 habi-
        Simples néophytes, initiés ou experts,      L’objectif est double : recueillir                         tants, éventuellement accompagnés
        les citoyens deviennent des senti-          des données fiables en vue                                 dans un premier temps par le Parc. En
        nelles de la nature. Tout le monde y        de suivre le cycle de reproduction                         tout, près de 1 500 observations ont
                                                    de ces espèces et sensibiliser
        gagne : les scientifiques car ils dis-      les pratiquants de sports                                  été récoltées, permettant par exemple
        posent d’un volume de données qu’ils        de nature (parapente, vol à voile,                         de savoir si les espèces se portent bien
        n’auraient jamais pu collecter seuls ;      escalade…) à leur préservation.                            ou moins bien et, si besoin, d’interve-
        les citoyens car ils se (re)connectent à                                                               nir pour limiter une menace.

16 — parcs — septembre 2019 — n° 84
Possible dans tous les domaines
                                            scientifiques (ou presque) !

       Un moyen efficace                                                                           Faire avancer
          de protéger                                                                            la connaissance…
         la biodiversité
                                                LES SCIENCES
                                               PARTICIPATIVES,
                                                   C’EST…

     Particulièrement                                                                         … tout en sensibilisant
  pertinent dans les Parcs                                                                         les citoyens

                                          Une manière de se reconnecter
                                                  à la nature

                      3 questions à
© DR

                      ANTOINE PASCO, CHARGÉ DE MISSION SCIENCES PARTICIPATIVES EN LANDES DE GASCOGNE

   — Quelle est votre mission ?           — En quoi consiste le programme           — Pourquoi le Parc participe-t-il
   Depuis le printemps dernier,           que vous proposez aux habitants ?         à ce programme ?
   ma mission est de porter les enjeux    Je les sollicite pour contribuer          Il existe un réel enjeu régional
   de la biodiversité du Parc             au Spipoll (suivi photographique          sur la thématique des pollinisateurs.
   au plus près de ses habitants.         des insectes pollinisateurs),             Dans le contexte de grande forêt
   La prise de conscience sur l’érosion   un programme du Muséum national           monospécifique cultivée (pin maritime)
   de la biodiversité est là, mais        d’histoire naturelle qui étudie           qui est le nôtre, avec un travail du sol
   les sciences participatives            les interactions entre les plantes        important, il est nécessaire de
   sont encore peu connues.               et ces insectes : papillons, mouches,     maintenir les habitats des pollinisateurs
                                          guêpes, bourdons ou encore abeilles.      qui permettent de faire fleurir
                                          Chaque participant doit respecter         la bruyère et la callune, spécifiques
                                          le même protocole : rester 20 minutes     des sous-bois. On ne dispose pas
                                          devant une plante pour prendre en         de données sur les hyménoptères
                                          photo toutes les espèces qui se posent    (bourdons, abeilles) : nous avons donc
                                          dessus, avant de transmettre les photos   besoin des habitants pour en collecter.
                                          au site dédié (www.spipoll.org).

                                                                                              n° 84 — septembre 2019 — parcs — 17
EN PRATIQUE                                                                                Page réalisée en partenariat
                                                                                           avec la FCEN

                                    OBLIGATION RÉELLE ENVIRONNEMENTALE

                         Un outil original
                   au service de la biodiversité
          1   En quoi consiste l’obligation réelle
              environnementale (ORE) ?
        — L’ORE est un dispositif juridique mobilisable
        depuis la loi biodiversité de 2016. Concrètement,
        c’est un contrat passé entre le propriétaire d’un bien
        immobilier, un milieu naturel par exemple,
        et une personne morale dont l’objet ou l’activité
        concourt à la protection de l’environnement,
        comme une collectivité territoriale, un Parc,
        un conservatoire d’espaces naturels, etc. En signant
        ce contrat, le propriétaire ancre des obligations
        réciproques concourant à la conservation, la gestion
        ou la restauration de la biodiversité à sa propriété.

                                                                                                                                   © Bénédicte Govaert
          2   Quel est l’intérêt de cet outil ?
               — L’ORE est un dispositif original : il attache
        une vocation environnementale à un bien,
        à l’initiative de son propriétaire. Il est aussi très
        souple car comme tout contrat, le contenu et la durée
        sont librement négociés par les co-contractants :
        c’est donc rassurant pour l’acquéreur mais cela permet
        au propriétaire engagé de transmettre un certain
                                                                 L’ORE sur le terrain
        nombre d’obligations environnementales aux futurs        Où ?                 pratiques garantes     Parmi elles :
        acquéreurs de son bien. On peut simplement               Dans l’Orne,         de la biodiversité     l’interdiction
                                                                 à Guerquesalles.     observée               d’utiliser des
        regretter que notre fiscalité n’encourage pas plus                            sur son terrain.       phytosanitaires
        les propriétaires vertueux signataires d’ORE.            Quand ?                                     et des intrants
                                                                 En mai 2019, c’est   Quelle solution ?      minéraux
                                                                 une des premières    La famille signe       ou organiques
                                                                 en France.           un contrat d’ORE       ou d’introduire des
                                                                                      avec le                espèces exogènes.
                                                                 Qui ?                Conservatoire          De quoi protéger
                                                                 Une famille          d’espaces naturels     espèces animales,
          3
            L’ORE peut-elle servir de compensation               propriétaire         Normandie Ouest.       espèces végétales
            à des atteintes de la biodiversité ?                 d’un terrain                                et paysages.
              — C’est un autre usage de l’ORE. La loi impose     agricole de 20 ha    Quel résultat ?
                                                                 depuis plusieurs     Par cette ORE,         En savoir plus :
        que soit compensées les atteintes à la biodiversité      générations décide   la famille a attaché
        qui n’auraient pas pu être évitées ou réduites.          de mettre en vente   à son terrain          http://www.
                                                                 son bien.            une vingtaine          reseau-cen.org
        Le maître d’ouvrage peut choisir d’utiliser l’ORE                                                    recherche « ORE ».
                                                                                      d’obligations à        Documents et vidéo
        pour attacher les mesures de compensation                Quelle volonté ?     respecter pendant      didactique vous y
        aux biens immobiliers qui les accueilleront.             Pérenniser les       cinquante ans.         attendent.

18 — parcs — septembre 2019 — n° 84
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