ETUDE DE CAPITALISATION DE LA FILIERE POMME DE TERRE EN GUINEE
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
PROJET D'APPUI A LA DYNAMISATION DES FILIERES VIVRIERES DYNAFIV REPUBLIQUE DE GUINEE Travail - Justice - Solidarité ***************** ---------------- MINISTERE DE L’AGRICULTURE ET L'ELEVAGE BP : 570 - CONAKRY - TEL : (224) 41-10-02/45-33-42 ----------------- Bureau Central des Etudes et de la Planification Agricole BCEPA ETUDE DE CAPITALISATION DE LA FILIERE POMME DE TERRE EN GUINEE Rapport provisoire Réalisé par : DIALLO Alpha Boubacar Octobre 2003 1
TABLE DES MATIERES I. IMPORTANCE DE LA FILIERE 4 I.1 LES ZONES DE CULTURE 4 ¾ LA ZONE PRINCIPALE DE PRODUCTION DE TIMBI (PITA) ET DE SOUMBALAKO (MAMOU ) 4 ¾ LA ZONE D’EXTENSION 5 I.2 LA PRODUCTION REGIONALE ET NATIONALE 6 I.3 LES SYSTEMES DE CULTURE DE LA POMME DE TERRE 7 1. LA POMME DE TERRE EN CULTURE DE BAS FONDS 7 2. LA POMME DE TERRE EN CULTURE DE PLAINE 8 I.4 STRATEGIES UTILISEES PAR CHAQUE TYPE DE PRODUCTEUR 9 1. LES GROUPEMENTS FEDERES 9 2. LES GROUPEMENTS NON FEDERES 9 3. LES PRODUCTEURS ISOLES 9 II. ROLES ET RESPONSABILITES DES OPERATEURS 9 II.1 LES FOURNISSEURS DE SERVICE 9 II.1.1 LES SERVICES AUX MEMBRES DES GROUPEMENTS FEDERES 9 II.1.2 LES EMPLOIS SAISONNIERS 10 II.2 LE ROLE DES SERVICES TECHNIQUES DE L’AGRICULTURE 10 III. LA COMMERCIALISATION DE LA POMME DE TERRE 11 III.1 DESTINATION DE LA PRODUCTION 12 III.2 PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT LOCAL ET INTERNATIONAL 12 IV. ATOUTS, CONTRAINTES ET ATTENTES DES PRODUCTEURS DE LA POMME DE TERRE 14 V. PERSPECTIVES 16 VI. CONCLUSION 16 2
SIGLES ET ABREVIATIONS CRA : Centre de Recherche FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation FAPA : Ferme Agro Pastorale d’Arrondissement FPFD : Fédération des Paysans du Fouta Djallon GNF : Guinée Nouveau Franc LPDA : Lettre de Politique de Développement Agricole PDA : Projet de Développement Agricole PEG : Programme Environnemental de Guinée SNPRV : Service National de Promotion Rurale et de Vulgarisation UGAS : Union des Groupements Agricoles de Soumbalako 3
I. Importance de la filière La pomme de terre serait introduite en Guinée depuis 1920, mais son développement est resté marginal jusqu’au début des années 1980. Période à partir de laquelle sa promotion a été assurée successivement par les Fermes Agro Pastorales d’Arrondissement (FAPA), la FAO, le Projet de Développement Agricole de Timbi (PDA) et plus récemment encore par la Fédération des Paysans du Fouta Djallon (FPFD). Depuis 1992, les volumes produits sont en croissance constante : 500 tonnes en 1992 contre environ 8000 tonnes/an à ce jour. Les principales zones de sa culture se situent sur les hauts plateaux du Fouta Djallon. Pita et Mamou en sont les principales alors que Labé, Dalaba, Mali et Tougué sont des zones d’extension à fort potentiel. Pour son développement, la pomme de terre exige des sols profonds et entre 500 à 600 mm d’eau par cycle. C’est une culture qui supporte bien le froid (seuil de résistance 2° C) et la chaleur diurne sèche. De par son climat, cette région offre de grandes possibilités au développement de la culture de la pomme de terre devenue la plus importante source de revenus des paysans du milieu. En effet, le Fouta Djallon est une région montagneuse où l’altitude varie entre 600 et 1500 m avec un climat de type foutanien, plus tempéré que dans les autres régions naturelles du pays. La pluviométrie annuelle est de l’ordre 1600 mm repartie sur 6 mois, les températures moyennes annuelles sont de 23°C. Pour les préfectures de Dalaba et de Mali situées au-dessus de 1000 m d’altitude, les minima peuvent atteindre 4°C. Selon les données statistiques issues du Centre de Recherche Agronomique (CRA) de Bareing, la production de la pomme de terre est réalisée à 57,89% par les femmes et 42,12% d’hommes sur une population active représentant 60 et 40% respectivement de femmes et d’hommes. Ceci explique le besoin d’une main d’œuvre extérieure pour son exploitation. La pomme de terre entre de plus en plus dans les habitudes alimentaires des populations et se présente comme un produit rémunérateur, à haute valeur nutritive et exportable vers les pays limitrophes de la Guinée (Sénégal, Guinée Bissau, Mali et Sierra Leone). C’est certainement pour toutes ces raisons que la Lettre de Politique de Développement Agricole (LPDA2) assigne pour la pomme de terre une augmentation de sa production de 2000 t /an. Cette disposition devrait permettre de passer de 3000 tonnes en 2000 à 10.000 t/an en 2005. En l’état actuel de son développement et eu égard à l’engouement que suscite sa culture, il n’est pas exclu d’arriver à des pointes de 12000 t/an en 2005. I.1 Les zones de culture Nous classons les zones de culture de la pomme de terre en deux groupes en Guinée, ce sont : ¾ La zone principale de production de Timbi (Pita) et de Soumbalako (Mamou ) Timbi est situé à une altitude variant entre 900 et 1200 m et dispose d’une vaste plaine couvrant environ 30.000 ha ainsi que des bas bas fonds propices au développement de la culture de la pomme de terre. A Timbi, 70 ha de plaine et de 35 ha de bas fonds sont aménagés et exploités en pomme de terre. Bien qu’à régime 4
irrégulier, le réseau hydrographique du milieu offre des possibilités d’aménagement et de mise en valeur important pour la culture. A ce jour, 1050 exploitants sont regroupés dans 20 groupements que compte la Fédération des Paysans du Fouta Djallon. Non compris la part des paysans non fédérés, on estime que la production annuelle de pomme de terre de la FPFD est de l’ordre de 2000 tonnes. Ce potentiel fait incontestablement d’elle la plus grande zone de culture de la pomme de terre au Fouta. Il convient de rappeler que la FPFD compte 13500 membres qui forment 19 unions dont 5 seulement font la pomme de terre. Sur l’ensemble des exploitants, 3000 (22%) font la pomme de terre, 1000 (7%) exploitent la tomate et 9500 (71%) exploitent uniquement que l’oignon. Du point de vue de l’importance économique des filières mesurées en fonction du volume de crédit absorbé, la filière pomme de terre est en tête avec 66% (437 millions sur 664 alloués) contre 29% pour l’oignon et 5% pour la tomate. Ceci implique que la filière pomme de terre constitue le moteur de l’économie locale pour laquelle une qualification des pratiques culturales et la maîtrise du marché sont nécessaires. La zone de Soumbalako dans la préfecture de Mamou, couvre également de vastes plaines longeant le fleuve Bafing, elle se situe sur une altitude qui varie de 400 à 800 m. La culture de la pomme de terre s’y est installée il y a plus de 15 ans. 732 exploitants sont regroupés dans 21 groupements et forment l’Union des Groupements Agricoles de Soumbalako (UGAS). L’UGAS dispose de 246 ha de terre aménagée mais la production de la pomme de terre n’occupe que 30 ha. Soumbalako avec 500 à 560 tonnes par an, est la deuxième plus grande zone de production de la pomme de terre au Fouta. ¾ La zone d’extension La culture de la pomme de terre s’étend progressivement à l’intérieur de la Moyenne Guinée où les conditions agroclimatiques sont favorables. Cette zone dite d’extension comprend les préfectures à fort potentiel, mais dont la production souffre encore de quelques entraves liées soit à un manque d’aménagement adéquat de périmètres de culture, soit à un déficit d’accès aux facteurs de production, il s’agit en particulier des préfectures de : ¾ Dalaba, zone peu accidentée d’altitude moyenne de 800 m jouissant d’une pluviométrie variant entre 1500 et 2500 mm par an. ¾ Mali, la culture de la pomme de terre se situe autour de la Commune Urbaine. La région est caractérisée par un relief accidenté, d’une altitude de 800 à plus de 1000 m et d’une humidité très favorables à la culture de la pomme de terre. ¾ Tougué (Fatako), constitué d’un ensemble de plateaux et de vallées, d’altitude variant entre 400 et 800 m. La pomme de terre y est surtout cultivée en inter- saison et en saison sèche. ¾ Labé dont l’altitude varie entre 800 et 1000 m dispose de cours d’eau plus ou moins importants. Les plaines aménagées de Sagara, Labédheppéré et Kalan offrent de réelles possibilités de développement de la pomme de terre. 5
Les principaux types de producteurs sont : ¾ Les groupements affiliés à la Fédération des Paysans du Fouta (FPFD) ¾ Les groupements non affiliés à la FPFD (Soumbalako et Mali) ¾ Les groupements appuyés par le PEG/Labé ¾ Les producteurs isolés I.2 La production régionale et nationale Sur l’ensemble des zones, la production est estimée entre 6 et 8000 tonnes par an. Pour la FPFD, les statistiques disponibles font état des productions contenues dans le tableau ci-après : Tableau de Production par union en kgs Zone de production en % CAMP02 CAMP01 CAMP00 CAMP99 Timbi Madina (UGTM) 50,91 1 254 533 2 674 107 Timbi Touni 3,65 90 067 191 982 Dalaba 15,66 386 001 822 782 Labé 6,27 154 400 329 113 Maci 0,78 19 300 41 139 Mamou 22,72 560 000 ND TOTAL 100,00 2 464 301 4 059 123 2 500 000 part FPFD 70,23 1 036 000 1 540 000 1 134 000 882 000 AUTRES 29,77 1 428 301 2 519 123 1 366 000 Par rapport au type de production, le tableau qui suit donne la part des productions en % par type de producteur. Productions et types de production en % Types de production Production en % Contre saison (déc – mars) 1. Groupements de la FPFD 60 2. Groupements non fédérés 20 3. Autres 20 Saison pluvieuse (mai – août) 1. Groupements de la FPFD ND 2. Groupements non fédérés 30 3. Autres ND Inter saison (oct – déc) 1. Groupements de la FPFD ND 2. Groupements non fédérés 20 3. Autres ND 6
I.3 Les systèmes de culture de la pomme de terre La culture de la pomme de terre est placée en tête de rotation dans la majorité des cas. En inter saison, on la retrouve en culture pure sur les plaines alors que dans les tapades et en bas fonds, elle est en association avec l’arachide et le maïs. Dans la perspective de comprendre les stratégies des producteurs, la destination de la production et les relations qui existent entre les différents types de producteurs, nous allons analyser les principaux systèmes de culture de la pomme de terre dans la région. A partir de ces informations, nous nous efforcerons de dégager les changements intervenus dans le comportement des exploitants. 1. La pomme de terre en culture de bas fonds Dans ce système de culture, la pomme de terre est cultivée en association avec le maïs de bouche et l’arachide, la plantation a lieu de novembre à décembre. Les cultures associées sont semées en février et durant le mois qu’elles partagent avec la pomme de terre, elles profitent des arrières effets de la fumure de celle ci. En retour, de par ses qualités de nématocide, l’arachide fixe et détruit tous les nématodes du sol. L’entretien de la culture consiste en une série d’opérations dont : ¾ Le désherbage, se fait au fur et à mesure de l’apparition des mauvaises herbes, ¾ Le rebutage, exécuté 35 jours après la plantation ¾ L’arrosage nécessaire en saison sèche, se fait une ou deux fois par semaine durant les deux premiers mois. Il n’y a pas de surveillance sanitaire des champs. ¾ La récolte est manuelle, elle intervient à la maturité du plant qui se remarque par le jaunissement du plant jusqu’à son assèchement complet. Il est conseillé de faire la récolte par temps sec et d’éviter autant que possible de blesser les tubercules, le tri se fait au champ. La récolte intervient entre février et mars pour la pomme de terre et en mai pour les cultures associées. Dès après, le sol est renversé et planté en riz inondé, l’inondation intervient en juillet et dure trois mois. Cette stratégie vise à étouffer les ennemis et parasites du sol avant la récolte du riz en octobre et le replanting à nouveau de la pomme de terre en novembre. Pour une bonne campagne, la fertilisation impose l’utilisation de 20 à 40 tonnes de fumier ou de compost, une tonne de triple 17 et 200 kg de super par ha. Le sac de fumier coûterait entre 1500 et 2000 GNF alors que les engrais minéraux sont vendus à 40000 GNF par sac de 50 kg. Il existe toutefois d’autres formes de vente au détail des engrais minéraux. Les rendements moyens observés à ce jour sont de 20 à 25 tonnes par ha. Chez les exploitants qui n’ont pas suffisamment de terre et qui ne disposent pas de beaucoup de moyens, les rendements sont moins importants. En général, les produits de ce système sont destinés au marché intérieur de la Guinée alors que sa pratique est propre aux petits exploitants évoluant sur environ 800 m2 par actif. 7
2. La pomme de terre en culture de plaine En culture de plaine, la pomme de terre est mise en place entre novembre et janvier sur des plaines aménagées. Son itinéraire technique est presque identique à celui de la pomme de terre de bas fonds à la différence que dans ce système, la fertilisation se fait à la fiente de volaille à raison de 8 à 10 tonnes/ha qu’on associe à la fertilisation minérale d’une de tonne de triple 17 et de 200 kg de super. Un sac de fiente est vendu à 6000 GNF. Au dire des producteurs, les rendements (20 à 35 t/ha) sont plus importants dans ce système. Sur le plan stratégique ce système vise à promouvoir de nouveaux agriculteurs dans la zone de Timbi en particulier. Il impose un minimum d’un ha par exploitation agricole mais, sa pratique requiert une maîtrise de l’eau et une mécanisation du système de pompage de l’eau. D’ailleurs, une panne de la pompe du groupement de Koubi (Timbi) a entraîné en 2002, un manque à gagner de 800 tonnes de pomme de terre en 2002. Ceci a entraîné une hausse des prix du produit, à Conakry par exemple, le Kg de pomme de terre s’est vendu jusqu’à 2000 GNF au mois de mai 2002. Selon les techniciens de la Fédération que nous avons rencontré à Timbi, le développement de ce système de culture doit aboutir à la conquête des marchés extérieurs du Sénégal et de la Guinée Bissau en particulier. Cette stratégie passe par un accroissement des volumes produits, une régularité des approvisionnements et un encadrement efficace des producteurs. D’autre part, l’accroissement de la production induit des besoins nouveaux d’investissement en matière de désenclavement, de construction de centres de tri, de conditionnement et de stockage (chambres froide). Les tableaux qui suivent résument la rentabilité financière dans les deux systèmes de culture. Cette analyse est issue de l’étude des filières agricoles de ………………………. Analyse de la rentabilité de la pomme de terre pour le producteur Gravitaire Irrigué Poste GNF/ha GNF/kg GNF/ha GNF/kg Rendement moyen considéré 20 t/ha 20g 28 Amortissement des aménagements 125 000 6,3 170 000 8,5 Main d'œuvre 324 000 16,2 212 000 10,6 Travaux mécanisés 87 500 4 143 800 7,2 Engrais et fumure 428 300 21,4 510 700 25,5 Semences 2 550 000 127,5 2 550 000 127,5 Transport magasin 160 000 8 160 000 8 Irrigation 788 500 39,4 Goût total 3 674 800 183,4 4 535 000 226,7 Recettes 8 400 000 420 8 400 000 420 Marges 4 725 200 236,6 3 865 000 193,3 De l’analyse de ce tableau, il résulte une forte rentabilité pour le producteur de pomme de terre dans les deux types de production (gravitaire et irrigué). 8
Analyse de la rentabilité financière de la filière Charges Gravitaire en GNF Pompage en GNF Coût de production 184 227 Marge producteur 236 193 Prix magasin producteur 420 420 Charges de stockage (distributeur) 195 195 Pertes de poids (distributeur) 31 31 Mises en CAF(distributeur) 161 161 Marge exportation (distributeur) 138 138 Prix de vente Dakar (distributeur) 945 945 Ce tableau confirme que l’exportation de la pomme de terre sur le Sénégal offre des possibilités de bénéfices confortables. I.4 Stratégies utilisées par chaque type de producteur 1. Les groupements fédérés Le foncier (ou domaine de culture) et les aménagements sont en commun, les équipements (motopompe, tracteurs) sont acquis à des coûts abordables. Les intrants sont avancés par la FPFD, les itinéraires techniques sont suivis par les agents de la Fédération et la commercialisation est assurée par les Unions. 2. Les groupements non fédérés La terre de culture est achetée ou empruntée, parfois collective (Soumbalako), les intrants sont achetés en groupe et les itinéraires techniques sont plus ou moins suivis. La commercialisation est assurée par le groupe. 3. Les producteurs isolés Tout est à l’actif des producteurs II. Rôles et responsabilités des opérateurs II.1 Les fournisseurs de service II.1.1 Les services aux membres des groupements fédérés La fourniture des intrants (plants de pomme de terre, engrais, pesticides) est l’une des fonctions de la Fédération. Depuis 1992, elle dispose d’un fonds de roulement et négocie directement ses approvisionnements avec les fournisseurs nationaux ou internationaux. Elle organise également sans intermédiaire, les opérations de transit et de dédouanement et prend en charge l’organisation du transport des intrants jusqu’aux magasins de l’Union. Toutes ces opérations sont exécutées avant la période de production. Les producteurs Les producteurs de Timbi rejoints par ceux de Soumbalako ont gagné une première bataille à partir de 1991 : celle de la production. La seconde étape a consisté à la bataille pour le marché (amélioration de la qualité, baisse des coûts de production, compétitivité, etc.). Pour cela, ils ont sollicité et obtenu du Gouvernement grâce à l’appui des media le blocage des importations de pomme de terre du 1er février au 30 juin. Par la suite dans le but de se faire mieux entendre, les producteurs ont créé en novembre 1992 à Timbi Madina, la Fédération des Paysans du Fouta Djallon (FPFD). Avec l’appui du Ministère de l’Agriculture, les producteurs négocient des 9
accords commerciaux avec des commerçants auxquels ils doivent livrer leur production. Ces accords ont bien fonctionné entre 1991 et 1993 date à partir de laquelle des dysfonctionnements majeurs ont conduit à la rupture des accords. L’Etat a quant à lui poursuivi le blocage des importations jusqu’en 1997. A partir de 1998, la pomme de terre guinéenne devenue suffisamment compétitive a supplanté la pomme importée sur le marché, la FPFD a depuis arrêté de demander le blocage. D’autres fournisseurs de services locaux sont enregistrés pour l’ensemble des activités de la filière. Ils sont classés en trois catégories II.1.2 Les emplois saisonniers A Timbi en particulier, les emplois saisonniers concernent : Le ramassage et la collecte du fumier Constituent une activité féminine qui polarise autour de Timbi de centaines de femmes venues des préfectures de Mali, Lélouma et parfois même de Koundara en quête de petits revenus en saison sèche. Le sac de 50 kg est vendu à 1500 GNF, la course à la recherche du fumier de plus en plus rare entraîne le nettoyage de la ville sans frais supplémentaires. Le planting, le transport (en charrette) des engrais et de récolte de pomme de terre sont de plus en plus réalisés par de jeunes gens également venus des préfectures voisines du nord Lélouma, Mali, Koubia et Koundara. La fourniture d’engrais minéraux et organiques Il semble qu’à Timbi, le marché de la fiente est plus important que celui du riz. 40000 à 50000 sacs seraient vendus chaque année dans la zone. Ceci a permis de spécialiser des commerçants de la place uniquement que dans la fourniture de la fiente collectée à partir de Conakry et des environs de la capitale. Cinq commerçants de Timbi ne feraient que cette activité. Le transport et les activités connexes Il est estimé que chaque semaine, entre 10 et 15 camions entrent et sortent de Timbi pour évacuer la pomme de terre et approvisionner en intrants ou autres biens de première nécessité. De 180 à 200 taxis y prennent départ chaque semaine entraînant une concurrence telle que le transport à la tonne coûte moins cher (30000 GNF) de Timbi/Conakry (400 km) par rapport à Mamou/Conakry (260 km). II.2 Le rôle des services techniques de l’agriculture Le partenariat entre producteurs et services techniques de l’agriculture est conçu sur la base de la diffusion d’itinéraires techniques : identification variétale, utilisation de fumure organique et minérale adaptée, etc. Ces efforts ont permis d’accroître significativement les rendements. Les missions spécifiques du CRA et du SNPRV sont résumées ainsi qu’il suit. Le Centre de Recherche Agronomique de Bareing Il est responsable de la mise au point de références techniques (test du matériel végétal, techniques culturales, fertilisation et protection contre les nuisibles). Il participe aussi aux études de marchés locaux et internationaux de la sous région. 50 organisations paysannes sont suivies par le centre. 10
Le Service National de Vulgarisation Agricole Il s’occupe de la formation et du conseil technique sur les itinéraires techniques reçus du CRA. Dans les deux cas, les conseils ont permis de réduire l’utilisation des engrais chimiques au profit de la fumure organique. Ils ont aussi permis d’assurer une meilleure utilisation des semences et la réduction des quantités utilisées 1500 au lieu de 1800 kg à l’ha. III. La commercialisation de la pomme de terre A quelques différences près, le processus de commercialisation de la pomme de terre est identique à celui des autres produits agricoles. Son circuit se fait de deux manières ¾ Une collecte primaire au niveau des producteurs par dépôt aux entrepôts de la FPFD ou des Unions. Dans ce circuit, les producteurs fédérés sont obligés de vendre une partie de leur récolte à leur union pour rembourser les intrants avancés en début de campagne. ¾ Une collecte à partir des petits marchés vers les centres de regroupement. Cette activité est essentiellement réalisée par des femmes qui vont de marché en marché pour la collecte. Les principales étapes du processus de la commercialisation sont les suivantes La collecte Elle a lieu dans les zones de production, les échanges se font entre les collecteurs simples et les producteurs. Ce circuit est essentiellement intra-préfectoral. Le regroupement Le regroupement de la pomme de terre se fait des zones de production vers les centres de « départ » pour les centres de revente intérieure ou extérieure de la Guinée. Sont impliqués dans ce processus un ensemble d’opérateurs (collecteurs, grossistes expéditeurs, transporteurs, correspondants intérieurs ou extérieurs). L'exportation A partir des centres de « départ » de Timbi, Madina, Labé et Mamou, les commerçants grossistes exportent la pomme de terre vers les circuits intérieur (Conakry et autres villes guinéennes) et extérieur : le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau et plus récemment la Sierra Léone. Nous avons connaissance de neuf femmes à Timbi et de quatre hommes à Labé qui ne vivent de cette activité. 11
Schéma synoptique des différentes étapes de l’organisation de la commercialisation au niveau des Unions fédérées. Etape N°1 Récolte de la production Deux triages Production livrée dans de l’Union et pesages les magasins des des successifs Unions groupements Etape No2 Concertation entre les acheteurs Fixation de prix de vente plancher incluant Dépôt d’une et les membres de l’Union le remboursement des Facilitation : les responsables de la diverses prestations avance par les Fédération en assemblée générale acheteurs Etape N°2 Transfert vers Marché de Déstockage à concurrence Niveau consommation des avances et autres d’intervention nationale ou sous- paiements effectués FPFD régional Pour réguler le marché Dans le cas de la FPFD, les principales destinations de la pomme de terre au départ de Timbi sont les suivantes : III.1 Destination de la production Destination S. pluvieuse/contre saison en Inter saison en % % Conakry 75 60 Labé 15 10 Mamou 6 6 Autres (dont exportation) 4 24 Au dire des responsables de la FPFD et de l’UGAS, les flux sont de l’ordre de ¾ Timbi : 8 à 10 camions de 15/20 tonnes par semaine ¾ Soumbalako : 2 à 3 camions par semaine III.2 Perspectives de développement local et international La promotion de la culture de la pomme de terre et la politique de baisse des prix au consommateur auront permis l’accroissement de la consommation nationale. Entre 1990 et maintenant, on estime que celle-ci est passée de 1000 à plus de 5000 12
tonnes. C’est certainement pour cette raison que la dynamique actuelle des organisations paysannes de la région vise la conquête du marché extérieur pour l’écoulement de la production de plus en plus importante. Deux possibilités de marchés s’offrent ainsi à la Guinée. Le marché intérieur De nos jours, la pomme de terre reste encore un produit de luxe pour bien de consommateurs guinéens qui l’utilisent comme condiment. Une étude de marché devrait aider à définir le prix à partir duquel le commun des ménages pourrait commencer à la consommer une à deux fois par semaine à la place du riz. Par ailleurs, il convient de mettre en place une politique de marketing pour accroître sa consommation dans les ménages. Le marché d’exportation Depuis la dévaluation du CFA, la pomme de terre de consommation est de moins en moins importée d’Europe en direction des pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest. Cette mesure s’est traduite par le développement d’un marché sous régional compétitif. Parmi les pays concurrents de la Guinée, le Mali exportait dans les années 90 sur la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Bénin jusqu’à 50% de sa production estimée à 25000 tonnes. Cette part de marché est en train d’échapper au Mali pour cause de mauvaise conservabilité, une occasion pour la Guinée de la récupérer. Par ailleurs, la baisse du franc guinéen constitue un facteur de compétitivité non négligeable pour l’exportation de la pomme de terre. Pour les exportateurs que nous avons rencontré, le mauvais état des routes, les conditions climatiques et l’absence de magasins régulateurs équipés de chambres froides constituent une limite majeure pour la conquête du marché extérieur. Actuellement, l’échelonnement des quantités à exporter (4 à 5 tonnes par envoie) constitue la principale précaution pour éviter les risques de pertes. Les importations Tableau récapitulatif des importations de pomme de terre de 1993 à 2001 en tonnes 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2001 2002 Période 1.semestre 1semestre Pomme de 976 412 512 293 626 593 339 317 184 0 0 terre en tonnes(t) Source: rapport CCFC, FPFD 2002 Ce tableau montre une chute des importations de près 80% depuis la création de la Fédération en 1992. Ces importations concernent presque essentiellement les semences, une partie résiduelle destinée à la consommation intervient entre fin juin et mi juillet. Cela correspond à la fin des ventes de la pomme de terre de saison sèche et le début des récoltes d’hivernage. Depuis 1998 la Fédération n’a plus demandé la protection douanière, sa production étant suffisamment compétitive pour décourager les importateurs. Tous les producteurs des groupements revendent sous forme de semence de deuxième génération une partie des petits calibres de leur récoltes issues des tubercules de première génération à des producteurs non fédérés. 13
IV. Atouts, contraintes et attentes des producteurs de la pomme de terre Les atouts de la filière sont : 1. Un milieu physique (relief, pluviométrie, températures, sols) favorable au développement de la culture 2. Un potentiel foncier important 3. Un savoir faire paysan en amélioration constante 4. Des coûts de production qui autorisent des espoirs pour la conquête du marché extérieur 5. Un produit de haute qualité qui défie toute concurrence 6. Des organisations paysannes bien structurées, responsables et capables de défendre les intérêts de leurs membres. Le tableau qui suit résume les principaux problèmes, leurs causes et les attentes relevés au niveau des acteurs de la filière. 14
Problèmes Causes des problèmes Attentes A. Problèmes liés à la Causes liées aux A. Par rapport à la production problèmes de production production Intrants Intrants Intrants 1. Engrais non contrôlés 1. Coût élevé des intrants ¾ Professionnaliser la production de semences et assurer la 2. Semences non certifiés 2. Absence de structures promotion de la production nationales fiables de 3. Pesticides de tout venant locale de semences de qualité production de semences Agrotechnie ¾ Evaluer les besoins nationaux 3. Manque de structures en engrais, améliorer les 1. Non maîtrise des itinéraires d’approvisionnement et de circuits de distribution et au techniques en dehors de conservation adéquates besoin mettre en place une Timbi et de Soumbalako usine de blindage d’engrais Agrotechnie 2. Faible niveau de ¾ Assurer la formation des 1. Présence de maladies et mécanisation d’insectes nuisibles utilisateurs et réglementer les 3. Faible niveau de protection circuits de distribution des 2. Non respect des itinéraires engrais phytosanitaire contre les techniques maladies et insectes Agrotechnie 3. Insuffisance et coût élevé 4. Faible niveau d’irrigation et ¾ Aménagement en premier des produits d’accès aux équipements phytosanitaires (motopompes) ¾ Définir et vulgariser de 4. Insuffisance de formation meilleurs itinéraires techniques Accès au foncier et améliorer le niveau de des paysans sur les 1. Aménagement insuffisant techniques de manipulation mécanisation par la promotion de terre de culture des produits de la traction animale et l’utilisation de tracteurs 2. Accroissement de la Causes foncières pauvreté des sols ¾ Assurer la formation des 1. Manque de domaines producteurs sur l’utilisation de 3. Divagation des animaux aménageables et irrégularité techniques endogènes de des cours d’eau traitement et de protection des B. Problèmes liés à la B. Causes liées au stocks et le suivi des cultures commercialisation transport et à la Accès au foncier Enclavement des zones de production commercialisation ¾ Promouvoir une sécurisation foncière efficace et poursuivre 1. Pistes et ouvrages en Enclavement les efforts d’aménagement mauvais état 1. Pistes dégradées, absence 2. Vétusté du parc de de CEVEP fonctionnelles et B. Par rapport à la transport absence de financement commercialisation pour les pistes 3. Contacts extérieurs Enclavement difficiles pour la 2. Etat défectueux des pistes, ¾ Poursuivre les efforts de commercialisation au non respect de la réglementation désenclavement des zones de 4. Manque de cadre de production concertation entre les ¾ Promouvoir des PME de acteurs fabrication d’emballages Conservation ¾ Mettre en place un système 1. Manque ou insuffisance de Conservation d’information sur les marchés magasins de stockage extérieurs et appuyer des 1. Manque d’accès au crédit structures d’appui à la 2. Manque de traitement des commercialisation (manobi) stocks 2. Insuffisance de fonds de roulement Conservation 3. Disponibilité et accès difficile aux emballages 3. Anarchie des prix ¾ Construction d’aires de réception temporaires (ca?) et 4. Déficit d’informations sur le 4. Manque de moyens de de magasins réfrigérés pour la marché national et communication avec les partenaires extérieurs conservation des produits. 350 international millions 5. Manque de structures de 5. Taux d’intérêt de 18% jugé prohibitif sur le crédit ¾ pour 200 tonne. Electricité 110 commercialisation millions ¾ Promotion de l’utilisation de produits locaux pour le 15 traitement
V. Perspectives Commencé seulement au début des années 90 la production de la pomme de terre connaît un développement spectaculaire ces 10 dernières années. A ce jour, Aujourd'hui, en plus des paysans, plusieurs fonctionnaires et anciens petits employés du secteur informel installent des champs de pomme de terre partout à travers les régions de production du Fouta. On assiste peu à peu à une forme de monétarisation de l’agriculture à partir de cette culture. Eu égard au niveau de production actuel et au renforcement des capacités techniques des paysans, on présage une augmentation sensible de la production dans les prochaines années. Les résultats obtenus par les principaux appuis ont permis d’accroître la production à l’ha. En cela, la contribution des services techniques de la recherche et de la vulgarisation ont favorisé un transfert approprié de technologies en direction des producteurs. Les rendements atteignent à ce jour 20 à 30 tonnes/ha. Cet accroissement implique une promotion du produit et une recherche de marché sur le plan national et sous régional. Pour le moment, l'offre de pomme de terre est soutenue par une demande relativement importante au plan intérieur et extérieur. On estime que la consommation nationale se situe autour de 5 à 6000 tonnes par alors que le Sénégal importe jusqu’à 15000 tonnes par an de l’Europe. Au cours de l’atelier qui regroupé à Labé le 04 octobre dernier, il est ressorti que les opérateurs impliqués dans la commercialisation de la pomme de terre réalisent des marges confortables (environ 15%) alors que les producteurs restent confrontés à des problèmes d’infrastructures (pistes et ouvrages, magasins réfrigérés) et au fléau de la teigne tous deux limitent ou compromettent l'a réalisation des objectifs d’accroissement de l’écoulement du produit à l’étranger. Par ailleurs, afin donc de coller aux objectifs d’accroissement de la production clairement affichés, il y a lieu de réfléchir sur les enjeux de celle ci, en particulier quel rôle l’Etat devrait jouer pour faciliter l’accès des producteurs aux intrants à des prix plus accessibles. En effet, pour l’ensemble du pays, il n’existe que deux sources d’approvisionnement en engrais : le KR2 et quelques rares importations commerciales. Le niveau d’utilisation nationale des engrais reste la plus faible de la sous région 11000 tonnes par an soit 4 kg/ha contre 180000 et 225000 tonnes respectivement pour le Mali et la Côte d’Ivoire. Le vrai problème serait il lié à un faible pouvoir d’achat des paysans, à un manque de concurrence entre fournisseurs ou à un déficit de subvention de l’Etat ? VI. Conclusion La compétitivité sur le marché de la pomme de terre dépend de plusieurs facteurs. Elle dépend tout d'abord des systèmes de production, c'est-à-dire de l'agro écosystème cultivé et des systèmes de culture mis en œuvre. Elle dépend ensuite de la productivité du travail : des gains sont encore possibles dans ce domaine avec l’introduction de la petite mécanisation (utilisation de la traction animale et du tracteur pour le labour). La compétitivité est également influencée par la qualité gustative du produit et le fonctionnement de la filière, les coûts de production actuels en Guinée lui donnent un avantage incontestable aussi bien par rapport aux importations africaines que par rapport aux producteurs de la sous région. Il heureux de constater que les producteurs guinéens jouissent d'une position confortable face aux consommateurs nationaux et étrangers. La mise en place de structures d’appui à l’exportation constitue l’enjeux majeur de la filière à ce jour. 16
Bibliographie 1. FPFD, 2003 : Impact du blocage des importations de pomme de terre sur le développement de cette filière en Guinée, 7 p. 2. FPFD, 2002 : Rapport CCFD, 33 p. 3. Gerzelli, 199.. : Analyse des filières agricoles d’exportation 4. MAE, 1998 : Lettre de Politique de Développement Agricole 2 (LPDA 2). 5. MC/PME, MAE, 2002 : Rapport sur les contraintes de production de la pomme de terre au Fouta Djallon, 22 p. 17
ANNEXES FEDERATION DES PAYSANS DU FOUTAH DJALLON UNION DES GROUPEMENTS DE TIMBI MADINA UGTM Marché de la pomme terre TABLEAU SYNTHETIQUE EN KGS TOTAL UGTM Resultats des Enquètes de marché janv 2001à decembre 2001 DESIGNATION janvier01* fev01 mars avril mai juin juillet aout septbre octobre novembre decembre 01 2001 200 000 200 605 193 875 264 330 244 895 69 125 170 900 162 050 91 400 80 000 131 475 248 350 2 057 005 30% autocosomation,semences,et autres ventes 617 102 TOTAL 2 674 107 FEDERATION DES PAYSANS DU FOUTAH DJALLON UNION DES GROUPEMENTS DE TIMBI MADINA UGTM Marché de la pomme terre DESIGNATION Année 2002 EN KGS TOTAL UGTM janv 2002 à decembre 2002 DESIGNATION janv-02 fev 02 mars-02 avr-02 mai-02 juin juillet aout septbre octobre novembre decembre02 2002 252 825 273 625 320 975 157 600 108 075 13 350 15 900 102 325 93 925 85 577 179 475 247 425 1 851 077 autocosomation,semences,et autres ventes 555 323 TOTAL 2002 partiel 2 406 400 18
Vous pouvez aussi lire