Exposition des travailleuses de la coiffure - à certains produits chimiques
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Résultats de l’étude Exposition des travailleuses de la coiffure à certains produits chimiques Pour une maternité sans danger Le secteur de la coiffure Au Québec, les travailleuses enceintes ou qui allaitent peuvent Certains milieux de travail sont particulièrement bénéficier de mesures préventives afin que le travail qu’elles complexes à évaluer en raison de la multitude de occupent soit sécuritaire pour leur grossesse, le bébé à substances utilisées. C’est le cas des salons de naître ou l’enfant qu’elles allaitent. Il s’agit du pro- coiffure où les travailleuses utilisent une gamme gramme Pour une maternité sans danger de la variée de produits de beauté qui peuvent contenir CSST. des substances toxiques. Dans le cadre de ce programme, une évalua- Les produits utilisés dans ces milieux ne sont pas tion du milieu de travail est réalisée par les nécessairement dangereux, mais il est important de équipes de santé au travail des CLSC. Les déterminer si les conditions de travail peuvent recommandations médicales sont ensuite représenter un risque dans le contexte d’une grossesse. communiquées par le médecin en santé au Une étude a donc été menée dans la région de Montréal, travail de l’équipe au médecin traitant de l’em- afin de déterminer l’exposition des travailleuses du secteur de ployée. Ce dernier remet une copie des recom- la coiffure et de fournir un outil d’évaluation aux équipes de mandations à la travailleuse enceinte ou qui santé au travail pour leurs recommandations. D’autres données allaite, qui les transmet alors à son employeur. intéressantes ont été obtenues par cette étude, autant pour les Celles-ci visent à s’assurer que le poste de travail travailleuses enceintes que pour l’ensemble des travailleuses respecte la condition de la travailleuse. et des travailleurs des salons de coiffure. étude
r é s u m é Résumé de l’étude Objectif T1 Caractéristiques des salons ✶ L’objectif du projet visait à connaître les niveaux d’exposition de coiffure étudiés des travailleuses des salons de coiffure à certaines substances Nombre de salons % chimiques identifiées dans les compositions de cosmé- tiques ou de produits de manucure afin de proposer Nombre d’employés des façons de réaffecter les coiffeuses enceintes ou •1à4 12 (46 %) qui allaitent (mutation de poste ou assignation de •5à9 6 (23 %) • 10 à 14 4 (15 %) tâches différentes). • 15 et plus 4 (15 %) Superficie du salon Déroulement de l’étude • moins de 71 m2 12 (46 %) Dans les 26 salons de coiffure montréalais • 71-160 m2 9 (35 %) ciblés pour l’étude, un inventaire des cosmé- • Plus de 160 m2 5 (19 %) tiques et des produits capillaires de chaque Type de clientèle salon a été fait afin d’identifier les substances • Hommes seulement 3 (11 %) préoccupantes pour la grossesse. Les substances • Femmes seulement 2 (8 %) visées étaient celles classées par divers organismes • Mixte 21 (81 %) comme pouvant avoir un effet sur la grossesse ou sur l’enfant à naître, ou encore étaient reconnues ou soupçon- Type de services offerts nées cancérigènes. Parmi celles-ci, 8 substances chimiques • Coiffure seulement 13 (50 %) préoccupantes ont été mesurées dans l’air des 26 salons de • Coiffure, esthétique 3 (11 %) coiffure à l’étude. À la fin de la recherche, seulement 6 de ces • Coiffure, manucure/pédicure 2 (8 %) 8 substances (incluant le dichlorométhane) ont été retenues • Coiffure, esthétique, 8 (31 %) manucure/pédicure comme ayant des effets sur la grossesse. Substances chimiques mesurées Types de produits de beauté pouvant contenir T2 dans l’air ces substances • Amino-2 éthanol • Shampoings colorants • Éthanol* • Préparations non colorantes pour cheveux • Isopropanol • Fixatifs • Formaldéhyde* • Décolorants • Produits de permanente • Shampoings non colorants • Conditionneurs • Traitements capillaires • Produits de mise en plis • Préparations pour manucure : vernis à ongles, couches de base et de finition pour les ongles • Acétone • Dissolvants pour vernis à ongles • Méthyléthylcétone* • Phtalate de dibutyle* • Préparations pour manucure : vernis à ongles, couches de • Toluène* base et de finition pour les ongles ✶ Les données ont été recueillies entre février 1996 et décembre 1997. Elles ont ensuite été analysées puis comparées à des valeurs de référence pour la travailleuse enceinte et aux normes pour les travailleurs en général.
r é s u l t a t s Résultats de l’étude pour la travailleuse enceinte... Deux voies d’exposition Restons vigilants ! Dans la majorité des salons, plusieurs substances chimiques Dans un salon, nous avons identifié la présence identifiées dans les formulations de cosmétiques et de pro- d’un fixatif contenant du dichlorométhane, un duits capillaires peuvent être absorbées par les voies respira- ingrédient nocif qui a été éliminé de la plupart toires tandis que d’autres peuvent pénétrer par la peau, si les des cosmétiques au Canada, en raison de produits de beauté sont appliqués à mains nues. Ces deux ses effets sur la santé. voies d’exposition doivent être considérées dans l’évaluation du poste d’une coiffeuse par les équipes de santé au travail. Le milieu de travail • Dans l’air Les résultats de l’étude suggèrent que cer- tains ingrédients volatils d’un cosmétique Dans des conditions normales de travail, les 5 produits* (voir T2) peuvent se disperser dans le milieu de travail mesurés dans l’air ont été rencontrés à des concentrations d’une travailleuse qui sera alors exposée, inférieures au quart des valeurs de référence pour une même si elle n’utilise pas directement le produit. femme enceinte. Cette constatation est rassurante quant à L’évaluation du poste d’une coiffeuse enceinte l’exposition par voie respiratoire des travailleuses enceintes. devra donc couvrir l’inventaire des produits du salon. • Par la peau De plus, il faut prendre en considération le fait que le domaine Faute de méthodes techniques, certaines substances chimi- de la coiffure évolue très rapidement avec l’introduction de ques retenues pour l’étude ne sont pas mesurables dans nouveaux produits et la présence de cosmétiques dont la l’air, cependant elles peuvent passer par la peau. Une composition peut être modifiée. Cependant, Santé Canada liste de ces ingrédients a été dressée pour permettre assure une veille à l’aide de son programme des cosmétiques au milieu de travail d’identifier les produits qui ne régi par la Loi sur les aliments et drogues. devraient pas être utilisés par une travailleuse enceinte sans une évaluation par le CLSC des conditions entourant leur utilisation. Substances chimiques absorbées Types de produits de beauté T3 par la peau (non mesurées) pouvant contenir ces substances • Acide borique • Préparations diverses pour cheveux • Produits de permanente • Shampoings non colorants • Acide salicylique • Shampoings non colorants • Conditionneurs • Traitements capillaires • Produits de mise en plis • Captane • Shampoings médicamenteux • Méthoxy-2 éthanol • Préparations pour manucure • Phénacétine • Produits de permanente • Décolorants • Pyrocatéchol • Préparations colorantes pour cheveux • Salicylate de méthyle • Dénaturants (produits de permanente)
s a l o n s Et pour les autres travailleuses et travailleurs ? Bien que le projet de recherche visait particulièrement les con- ditions de travail en regard de la travailleuse enceinte, il apporte certaines informations intéressantes lorsqu’on compare les CSST - Magazine Prévention au travail • Photo : Robert Etcheverry données aux normes en vigueur pour les travailleurs en général. Exposition faible Toutes les substances mesurées dans l’air ont été rencontrées à des concentrations inférieures au vingtième des normes québécoises à l’exception de l’éthanol. En effet, l’éthanol a été mesuré à des valeurs inférieures au quart de la norme (établie pour éviter l’irritation des voies respiratoires). Les études scientifiques démontrent que même à des niveaux avoisinant la norme, l’inhalation d’éthanol ne produit pas d’absorption significative pour les travailleurs. Facteurs modifiant l’exposition L’éthanol est le solvant trouvé en plus grande quantité dans les produits de la coiffure. Il a donc été utilisé dans l’étude comme un indicateur de la distribution des diverses substances ren- contrées dans les salons. Ainsi, la concentration de ce solvant peut varier en fonction de : Et les substances cancérigènes? • L’efficacité de la ventilation Certaines substances possiblement cancérigènes (par exem- • Le nombre de permanentes effectuées durant ple le pyrocatéchol), qui avaient été identifiées comme problé- la journée matiques pour la grossesse, demeurent préoccupantes pour l’ensemble des travailleurs. La prévention est de mise afin de • La présence d’activités de manucure réduire au minimum ces expositions par voie respiratoire ou • Le type de clientèle (les salons de type barbier cutanée, la mesure à privilégier étant toujours le remplace- utilisant moins de produits que ceux à ment des produits préoccupants par d’autres moins nocifs. clientèle mixte) Qualité de l’air des salons Quant à la qualité générale de l’air des salons évalués, le niveau de dioxyde de carbone (CO2) à ne pas excéder pour maintenir un confort optimal, a été dépassé dans près coiffure de 60 % des 26 salons à l’étude. De plus, quelques salons (moins de 10%) n’ont pas respecté la valeur d’humidité rela- tive minimale à maintenir selon la norme québécoise. Ceci nous indique que la qualité de l’air d’un certain nom- bre de salons de coiffure devrait être améliorée pour augmenter le confort de ses occupants.
i n f o r m a t i o n s Conclusions et recommandations Notre étude démontre que l’exposition aux sub- stances toxiques mesurées dans l’air, qui sont préoccupantes pour la grossesse, est faible dans des conditions normales d’utilisation. Toutefois, ces données ne peuvent être généralisées à toutes les situations rencontrées dans de tels milieux de travail. Il est donc recommandé : 1 Dès que la travailleuse devient enceinte ou désire allaiter son bébé, elle doit compléter une demande dans le cadre du programme Pour une maternité sans danger de la CSST qui est disponible chez son médecin traitant. Ceci afin que son poste de travail soit évalué rapidement par l’équipe de santé au travail du CLSC de sa localité. Chacune de ces demandes doit être traitée individuelle- ment en considérant certaines situations spécifiques qui peuvent accroître l’exposition de la travailleuse. Il est donc important de tenir compte : • Des journées d’achalandage extrême • Des activités soutenues de manucure • De la présence de soins d’esthétique 2 Que l’employeur contacte son CLSC afin d’être soutenu dans les efforts mis en place pour fournir un poste de travail sain et sécuritaire à la travailleuse enceinte ou qui allaite. 3 Que sur une base régulière, l’employeur obtienne de ses distributeurs de cosmétiques les fiches d’information (fiches signalétiques) de tous les produits utilisés dans le salon afin de connaître les ingrédients présents dans le milieu de travail. L’employeur pourra ainsi : • Identifier facilement les ingrédients potentiellement toxiques • Informer ses employés sur les risques associés à l’utilisation des produits dangereux • Déterminer et mettre en place les moyens de protection nécessaires (gants, ventilation). Ceci facilitera le travail de l’équipe du CLSC lors de leur enquête. 4 Que l’employeur s’assure d’une ventilation générale adéquate du salon. recommandations
Remerciements Nous remercions tous les établissements et les travailleuses qui ont accepté de participer à cette étude. Participants au projet • Direction de santé publique de Montréal-Centre • CLSC Lac-St-Louis • Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail du Québec (IRSST) • Direction régionale de l’Île de Montréal, (DRIM-4), Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec • Service du répertoire toxicologique, Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec Rédaction et conception France Labrèche, Mylène Trottier, Jocelyne Forest et Robert Simard Communication Anne Marie Comparot Conception graphique Julie Milette Production Direction de santé publique de Montréal-Centre Référence complète de l’étude en question Forest J, Labrèche F, Trottier M, Simard R, Lalonde M, Brodeur J, Frenette Y, Fontaine L, Arcand R. Portrait de l’exposition chimique des travailleuses de la coiffure à Montréal-Centre dans le cadre du programme “ Pour une maternité sans danger ”. Unité santé au travail et environnementale, Direction de la santé publique de Montréal-Centre. Janvier 2002 (ISBN : 2-89494-334-2 ; 40 p. + annexes). Pour plus d’informations, veuillez consulter votre CLSC en santé au travail. • CLSC CÔTE-DES-NEIGES 514-731-8531 • CLSC DES FAUBOURGS 514-527-4072 • CLSC LAC-SAINT-LOUIS 514-697-4110 • CLSC MONTRÉAL-NORD 514-858-2460 • CLSC-CHSLD POINTE-AUX-TREMBLES /MONTRÉAL-EST 514-642-2121
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