Baromètre de la Transformation de l'Immobilier Social - EY et l'Immobilier Social Edition 2020 - Baromètre de la Transformation de ...

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Baromètre de la Transformation de l'Immobilier Social - EY et l'Immobilier Social Edition 2020 - Baromètre de la Transformation de ...
Baromètre de la
Transformation de
l’Immobilier Social
EY et l’Immobilier Social
Edition 2020
Baromètre de la Transformation de l'Immobilier Social - EY et l'Immobilier Social Edition 2020 - Baromètre de la Transformation de ...
“
    L’intelligence c’est la capacité de s’adapter
    au changement.
    Stephen Hawking

2   | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social
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Sommaire

• Edito                                                                         04

Rappel des constats de l’édition précédente:
un mouvement de transformation majoritairement engagé

• L’organisme du futur                                                          08
  •    Point de vue de la Directrice générale de l’Union
       Sociale pour l’Habitat

  •    Point de vue du Président de l’Association Nationale
       des Directeurs des ESH

  •    Point de vue du Président de la FNDOPH

• Retour croisé sur deux projets de fusion                                      16
Extraits des interviews de Benoit Quignon, Directeur Général
de SNCF Immobilier et de Patrice Paulet, Président et
Directeur Général d’AGPM

• Nos experts EY Immobilier Social                                              19

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Edito

                                                         Les 4 C pour définir l’organisme du futur
                                                         Nombreux sont les organismes qui, au fil de leur histoire, ont traversé des
                                                         crises et des mutations de la société (guerre, croissance démographique, flux
                                                         migratoires, alternances politiques, vagues de décentralisations, Europe…)
                                                         La loi ELAN accèlere la transformation profonde du secteur. Cela va au-delà de
                                                         la taille (seuil des 12 000 logements) ou du mode de financement, il s’agit de
                                                         définir l’organisme du futur.

Fabrice Reynaud                                          Pour inventer le modèle de demain, EY propose une réflexion
Associate Partner
                                                         autour des 4 C associant Clients, Collaborateurs, Collectivités
Responsable Immobilier Social                            territoriales et Co-financeurs.

                                                         Clients

                                                         Les organismes foisonnent d’idées pour expérimenter de nouveaux
                                                         services mais cela ne doit pas se faire ex nihilo, mais toujours au bénéfice
                                                         des locataires. Cela parait évident de positionner les clients au cœur de
                                                         l’organisme du futur, mais c’est encore mieux de commencer par cela. Il ne
                                                         s’agit pas simplement d’être conforme à des objectifs statistiques (loi SRU
                                                         pour les maires, ELAN pour les organismes…) mais de développer des offres
                                                         qui apportent de la valeur aux locataires.

                                                         Collaborateurs

                                                         Chez tous les prestataires de services la valeur est coproduite par les
                                                         collaborateurs au contact des clients. Certains opérateurs de services placent
                                                         même les collaborateurs avant les clients dans leur projet stratégique, tant il
                                                         est crucial d’avoir des collaborateurs mobilisés dans le même sens (De « client
                                                         first à People first »).

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Collectivités territoriales

Les organismes sont en concurrence sur leurs territoires (OPH, ESH, SEM, promoteurs, autres acteurs publics…).
Par leurs compétences, les organismes doivent convaincre d’être l’opérateur de prédilection, qui réalise les projets
rapidement, qui a une approche en coût complet pour la collectivité, qui va au-delà du simple logement, mais qui
fabrique la ville de demain en combinant la mobilité, la connectivité, la sécurité, les offres de services, le lien social et
les espaces de travail…
Il y a déjà de nombreux acteurs qui font la ville (services de la collectivité, services de l’Etat, SEM, SPL, EPA, EPF), mais
l’avantage déterminant des organismes est d’être au plus près des utilisateurs finaux : les locataires.

Co-opérateurs et co-financeurs

Le quatrième C est constitué par les acteurs qui veulent intervenir sur le marché, soit comme co-opérateurs, soit
comme co-financeurs. Il est possible d’innover sur les tours de table. Cependant il faut déjà être attractif pour ces
nouveaux acteurs. Les financeurs ou co-opérateurs historiques connaissent déjà bien les enjeux de l’immobilier
social. Mais il s’agit dans un premier temps de convaincre de nouveaux acteurs, type mutuelles qui ont des valeurs
proches, des fonds de retraite publics, puis dans un second temps le privé qui cherche des actifs de long terme, tels
que des foncières qui diversifient leurs portefeuilles. Cependant il reste un changement d’image à poursuivre pour les
organismes afin d’apparaitre comme des partenaires dynamiques et innovants.

L’organisme du futur sera le référent des innovations sociales et territoriales

Source: Modèle EY – Règle des 4 C des Observatoires du Logement Social

                                                                                  Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social |   5
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Rappel des constats de l’édition précédente : un
mouvement de transformation majoritairement engagé
Des bailleurs qui ont déjà engagé leur réflexion de rapprochement …
Lorsque nous les avions interrogés en fin d’année 2018, plus de trois quarts des bailleurs avaient entamé une réflexion
ou initié un rapprochement.

… avec une volonté de porter en direct ces démarches à une échelle territoriale ...
Les projets portés souhaitent répondre à une logique territoriale dans deux tiers des cas, et sont portés par les
bailleurs et les institutions locales.

… et d’être ainsi moteur dans l’aboutissement de ces projets complexes
En fin d’année 2018, les projets de transformation étaient déjà perçus comme complexes par les bailleurs interrogés.
Ils doivent notamment faire face à des enjeux de stratégie territoriale, d’organisation et de structure financière.

Ces projets doivent anticiper 7 défis majeurs :

            1. Démographie                                                5. Fabrique de la ville
Pour les organismes, il s’agit d’anticiper les évolutions       Les organismes ont une place particulière à prendre au
démographiques (vieillissement, taille des ménages...).         sein des territoires pour anticiper la prochaine vague de
Toutes les expérimentations sont possibles, y compris des       décentralisation. L’organisme peut devenir l’ensemblier
tests de co-living et d’espaces partagés.                       opérationnel associant logement, mobilité, connectivité,
                                                                santé, sécurité, offre de services...

            2. Digital
Villes connectées, bâtiments connectés, transports                        6. Experience client
connectés, objets connectés, l’enjeu pour les
                                                                Y compris dans les organismes, la définition des nouveaux
organismes est de trouver le bon dosage entre avancées
                                                                services doit se faire en tenant compte de la satisfaction
technologiques et besoins réels des habitants.
                                                                des habitants. L’enjeu est souvent de connecter les
                                                                différents canaux de contacts avec les habitants et
                                                                d’améliorer la réactivité.
            3. Mobilité urbaine
La crise des gilets jaunes a notamment montré qu’il ne
suffit pas de proposer des habitations, mais qu’il faut que
les logements soient connectés aux autres fonctions de la                 7. Transition écologique
ville, en commençant par les lieux d’emplois.
                                                                Elle est désormais au coeur de tous les projets d’entreprise
                                                                des organismes. Elle se matérialise par le montant des
                                                                investissements en réhabilitation du parc, mais également
            4. Innovation
                                                                par les expérimentations sur les déchets ou l’optimisation
La filière doit continuer à innover, pas simplement             des consommations (eau, energie...).
technologiquement, mais également sur son organisation
managériale, sur le social, sur le territorial et sur les
modes de financement.

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Après le lancement des réflexions vient la difficile étape de
la concrétisation
Les projets de rapprochement sont bel et bien engagés pour les bailleurs sociaux contraints par la loi ELAN. Parmi les
bailleurs tenus de se rapprocher, près de 4 sur 5 se sont en effet lancés dans ces démarches.
Cependant, la concrétisation de ces rapprochements nécessite du temps et ne s’opère pas sans difficultés. Les sujets
de gouvernance et de structuration juridique sont indéniablement des enjeux importants, mais l’accompagnement
des équipes et la construction de mutualisation ou la fusion des modes de fonctionnement sont également des
composantes essentielles de ces projets. Ces sujets sont parfois vecteurs d’écueils quand ils ne sont pas suffisamment
anticipés.
C’est ainsi que les travaux s’enlisent. Certains acteurs expriment leur incompatibilité avec les projets lancés, quand
d’autres mettent tout simplement en suspend les réflexions initiées, comme l’ont fait récemment Actis et Grenoble
Habitat dans leur projet de rapprochement.

              Source : AEF Info 2019

                                                                               Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social |   7
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L’organisme du futur

    Point de vue de la Directrice générale de l’Union sociale
    pour l’habitat
                                                  « La loi ELAN qui est le fruit d’une conférence de consensus menée à l’hiver 2017-
                                                  2018 porte en elle plusieurs types d’évolutions. Certaines sont le prolongement
                                                  des lois ALUR et Egalité Citoyenneté, notamment en matière de compétences des
                                                  organismes, de politique d’attribution, d’autres sont venu « corriger » la loi CAP en
                                                  clarifiant le statut des organismes HLM vis-à-vis de la loi MOP et des modalités de
                                                  désignation de la maîtrise d’œuvre. Le temps permettra de mesurer le travail réalisé
                                                  par les acteurs du logement social à travers cette conférence de consensus.

Marianne LOUIS
Directrice générale de                            Mais naturellement celles qui ont le plus attiré l’attention et qui sont aujourd’hui la
l’Union sociale pour l’habitat                    préoccupation majeure du secteur HLM sont celles relatives à la recomposition du
                                                  tissu. En effet, en définissant trois types de « groupes de logement social » et en
                                                  fixant un seuil minimal d’existence « autonome » pour les organismes HLM (12
                                                  000 logements) elle a conduit de très nombreux organismes à se placer dans des
                                                  dynamiques de regroupements. Partaient-ils d’une page blanche ? Il faut bien mal
                                                  connaitre le mouvement HLM pour le croire.

                                                  En effet, depuis de longues années les organismes HLM ont développé des outils
                                                  de coopération, sur des territoires, à travers des GIE de métiers et plus récemment
                                                  en exploitant au maximum les potentialités des coopérations horizontales « public-
                                                  public » permises dès 2016 par les nouvelles dispositions de la Directive marchés
                                                  publics. Depuis quelques années déjà nous observons à travers l’activité de la
                                                  commission de réorganisation de la CGLLS des mouvements de regroupement.

8    | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social
C’est d’ailleurs grâce à ces expériences communes que le secteur, moins d’un an après la promulgation de la loi ELAN,
alors même que les textes d’application relatifs au regroupement sont en cours de publication, a pu montrer au cours
de son 80ème congrès à Paris, à travers 6 exemples concrets la diversité des formes de regroupement et de
coopération. Des regroupements nationaux ou régionaux sous l’impulsion d’un ou plusieurs actionnaires communs,
des projets de sociétés de coordination conduits par des organismes porteurs d’un projet pour un territoire ou d’une
ambition telle que la constitution d’un OFS… il n’y a pas de modèle unique. Et, l’histoire le dira, mais j’ai tendance à
penser que cette diversité est et sera une force.

Dans la période s’il y a bien une qualité des dirigeants HLM c’est de construire leur stratégie à partir de leurs réalités
et non pas « moutonnièrement » de ce que fait le voisin. La loi a fixé un cadre, l’USH a participé activement à la
concertation pour qu’il soit clair, mais aussi assez large pour permettre à chaque organisme de se poser les bonnes
questions: Quels besoins d’investissements ? Quelle surface financière ? Quelle intensité d’articulation avec des
politiques locales de l’habitat ? Quels nouveaux services aux habitants ? Quelle stratégie foncière ? …et bien d’autres …

Au fond, en abordant la question de la loi ELAN, la plupart des organismes sont ainsi amenés à formaliser ou
reformaliser leur projet d’entreprise. Il ne faut pas nier les inquiétudes que cela peut susciter dans les équipes, pour
des dirigeants, mais c’est aussi l’occasion d’un échange de points de vues fort entre les dirigeants et leur gouvernance,
qu’elle soit actionnariale ou publique.

C’est un « remue-méninges » à tous les étages qui doit ainsi s’engager. Evidemment, une des difficultés de l’exercice
pour les DG aujourd’hui est que le temps ne se suspend pas et qu’ils doivent réussir à mener de front ces réflexions
de fond et une actualité forte. D’abord à travers les différents prélèvements qui pèsent sur le secteur, notamment
par la RLS, mais aussi les nombreux sujets sur lesquels ils sont attendus: renouvellement urbain, renouveau des cœurs
de ville, mixité sociale, lutte contre le changement climatique, vieillissement, etc …

Pris individuellement et juxtaposés ces différents sujets peuvent sembler constituer une rude falaise à gravir, mais
ils sont porteurs d’un sens, celui d’un mouvement, d’organismes au service des politiques publiques et d’une société
qui évolue. Avec plus de 100 ans d’histoire, les organismes, les différentes générations de dirigeants, ont largement
démontré leurs capacités à s’adapter. »

                                                                                 Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social |   9
Point de vue du Président de l’Association Nationale des
Directeurs des ESH

                                               Près d’un an après la promulgation de la loi ELAN et les restrictions imposées par le
                                               gouvernement sur les loyers des logements sociaux, où en sont les ESH ? Quels sont
                                               les changements ? Quelles directions prennent-elles ?

                                               Le monde des ESH change vite, très vite, poussé d’une part par la réglementation
                                               qui impose un regroupement aux organismes n’atteignant pas le seuil de 12 000
                                               logements, d’autre part par la ponction sur les loyers dictée par la loi de finances

Alain BENOISTON                                2018.

Président de Association
Nationale des Directeurs                       Dans ce contexte, les ESH organisent leur regroupement : soit autour de leurs
des ESH (A.N.D. ESH)                           actionnaires majoritaires, soit en s’adossant à d’autres ESH qui partagent leurs
                                               valeurs, soit en créant de nouvelles sociétés que sont les sociétés de coordination.

                                               En l’espace de quelques mois, ces contraintes sont devenues des opportunités pour
                                               poursuivre, voire amplifier, nos transformations :

                                               •    En termes d’activité : en mutualisant les ressources intra-groupes ou en créant
                                                    des GIE, des coopératives, des sociétés dans des domaines très variés comme
                                                    le foncier, l’informatique, les fonctions support, les bourses d’échange, les
                                                    logements intermédiaires…

                                               •    En termes de financement : en poursuivant la diversification de nos
                                                    financements en dehors de nos prêts traditionnels en recourant à des prêts
                                                    bonifiés, à des titres participatifs, à des financements par des investisseurs.

                                               •    En termes de développement des territoires : en passant des accords avec
                                                    les EPCI pour soutenir leur développement dans le cadre de leur politique
                                                    de l’habitat, en rénovant nos bâtiments, en produisant une offre nouvelle, en
                                                    animant le bien vivre ensemble…

10 | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social
Les ESH n’ont pas attendu cette réforme pour se transformer, pour innover afin de servir au mieux l’intérêt général
tout en restant fidèles à leurs valeurs et leur finalité. Alors, tout en restant vigilants aux évolutions sociétales,
financières et politiques, cultivons cette créativité et notre capacité à rebondir pour nous adapter aux nouvelles
donnes de notre métier tout en préservant notre mission : celle de permettre aux territoires de se développer en
offrant à leurs habitants des logements adaptés à leurs besoins.

                                                                                Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social | 11
Point de vue du Président de la FNDOPH

                                               Un an après la loi Élan : Quel bilan ?

                                               « Bien qu’il soit prématuré de tirer des enseignements définitifs notamment
                                               lorsque l’on aborde l’état actuel des regroupements, pouvons-nous, pour l’heure,
                                               dégager un premier degré d’analyse un an après cette loi Élan, qui a bouleversé le
                                               monde du logement social.

Christophe BOUSCAUD                            La problématique de l’émiettement des organismes est bien réelle
Président de la FNDOPH                         Le processus de rapprochement institutionnel et organisationnel est véritablement
                                               lancé que ce soit sous la forme de création de SAC ou de fusion. Si environ 357
                                               organismes n’atteignaient pas le seuil des 12 000 logements défini par la loi,
                                               au 1er août sur les 607 organismes HLM, 329 sont engagés dans un projet de
                                               rapprochement mais peu ont déjà abouti. Ainsi nous n’en connaissons pas encore les
                                               effets précis.

                                               Toutefois, la loi fixe l’obligation de regroupement au 1er janvier 2021 et il est
                                               fort probable que bon nombre d’organismes doivent accélérer le mouvement pour
                                               répondre à cette obligation qui sera cependant difficile à atteindre dans le calendrier
                                               voulu et compte tenu du développement conjoint de nouveaux services.

                                               La proximité temporelle des échéances électorales locales va assurément contrarier
                                               le souhait du législateur et nous espérons de la part des services de l’Etat quelques
                                               souplesses pour tenir compte des conséquences importantes pour les Offices de ces
                                               échéances démocratiques qui décident de notre gouvernance pour 6 ans.

                                               La pertinence territoriale de l’organisme
                                               Les transformations engagées ont confirmé une chose : la performance d’un
                                               organisme n’est pas directement liée au nombre de logements qu’il gère. Sans
                                               pour autant faire de généralisation, certains organismes sont extrêmement
                                               performants bien qu’ils aient une taille faible. Notre analyse est que plus

12 | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social
l’organisme est proche de son territoire, plus il est en symbiose avec lui, plus il sera en mesure d’apporter une
réelle réponse aux attentes en matière de logements. Au-delà de la performance, il répond à sa véritable vocation
sociale et apporte, par sa pertinence territoriale, une réelle valeur ajoutée.

Le logement social est ainsi devenu un facteur d’équilibre économique et financier: moteur dans le bâtiment,
moteur économique de la construction de la ville. La loi ÉLAN, en favorisant le regroupement des organismes,
renforce ainsi leur influence locale sur le territoire mais peut aussi avoir pour conséquence de les en éloigner.

Les caractéristiques propres de chacun des territoires déterminent très largement la manière dont les organismes
peuvent remplir leur mission. 40 % des organismes se trouvent en zone détendue, là où en moyenne 25% de
fonds propres sont nécessaires pour financer des logements neufs, soit presque 2 fois plus que dans une zone
très tendue. Il devient alors difficile pour l’organisme de répondre à l’attente du gouvernement concernant la
construction de logements ou la restructuration nécessaire du parc dans ces territoires qui doivent malgré tout assurer
une capacité d’accueil de qualité suffisante.

De l‘auto portage du logement social vers une financiarisation
Le moteur majeur d’un organisme reste sa capacité à financer ses opérations. Si la loi ELAN, en poussant les
organismes à se regrouper, permet de mutualiser certaines actions, et donc de trouver de nouvelles marges de
manœuvre, on constate que l’enjeu principal devient la recherche de financements complémentaires.

Le gouvernement a récemment commandé une étude afin d’analyser dans quelle mesure il serait possible de trouver
des alternatives au financement actuel du logement social. Soyons toutefois vigilants pour que la loi Élan ne soit pas le
prélude d’une financiarisation totale du système et par conséquent d’une privatisation des actifs par la vente partielle
du parc HLM. C’est ainsi que certains secteurs, et notamment les investisseurs institutionnels, peuvent être intéressés
d’acquérir des actifs à la rentabilité faible mais durable dans le temps. Il est primordial de préserver la mission
d’intérêt général de nos organismes fixé par leur statut en tant que SIEG, tout en les aidant à trouver les financements
permettant « d’auto porter » leurs opérations.

Notre modèle français ne doit pas dériver vers une financiarisation extrême qui risque de transformer le parc HLM en
parc privé. Une bonne solution peut être le recours aux titres participatifs, rendu possible grâce à la loi ELAN qui
offre la possibilité de pérenniser le développement de certains offices. Devant le retrait financier inéluctable de
l’État, les deux systèmes peuvent ainsi coexister en fonction du profil territorial.

                                                                                 Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social | 13
Le développement territorial, équilibre de la Nation
Le défi majeur aujourd’hui est de savoir comment assurer la pérennité du parc HLM par son renouvellement.
Construction de nouveaux programmes, réhabilitation des logements inadaptés, sont 2 priorités à mettre en regard
des enjeux environnementaux: transition écologique, énergétique, climatique…

Mais n’oublions pas la transition générationnelle: au début du mouvement HLM, les logements étaient destinés à
aider les jeunes, les familles modestes entrant dans la vie active principalement, il en est tout autrement aujourd’hui; la
précarisation du travail, l’évolution des structures familiales, le vieillissement de la population sont autant de facteurs
qui pérennisent le recours au logement social. Il est donc essentiel d’assurer également la pérennité du parc HLM par
sa qualité d’usage et sa capacité à favoriser la mixité sociale. Et tout ceci doit être spécifique au territoire adressé.

Ce développement territorial pose donc la question à laquelle la loi ÉLAN n’a pas répondu : quelle est la meilleure
échelle de gouvernance pour la politique du logement ? »

14 | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social
Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social | 15
Retours croisés sur deux projets de fusion

EY a récemment pu bénéficier du retour de 2 acteurs ayant conduit des fusions de grande ampleur dans deux secteurs
différents. Ces retours permettent d’apporter une vision externe au logement social sur les grands enjeux des projets
de fusion.

 Extraits des interviews de Benoit Quignon, Directeur général de SNCF Immobilier, pilote de la fusion du Grand Lyon
 et du département du Rhône ; et du Général Patrice Paulet, Président et Directeur général d’AGPM, pilote de la
 fusion de l’Association générale de prévoyance militaire (AGPM) avec le Groupement militaire de prévoyance des
 armées (GMPA)

                                Benoit QUIGNON                                            Patrice PAULET
                                Directeur Général de                                      Président directeur général du
                                SNCF Immobilier,                                          groupe AGPM
                                Président d’ICF Habitat,                                  Ancien officier de l’armée de terre
                                Président d’Espaces Ferroviaires

Pourquoi la fusion ? Quel a été le fait déclencheur ?
Benoit Quignon: Il y a eu plusieurs faits déclencheurs : « une évolution de long terme de la construction de
l’intercommunalité au niveau du bassin lyonnais », une intervention des corps de contrôle pour « aller au bout » de
la réflexion et une volonté politique (rapport Balladur sur l’évolution de l’intercommunalité en France). Ces différents
éléments ont entrainé la mise en place de la métropole du Grand Lyon pour une meilleure coopération entre les
collectivités, ce qui représente une « vraie force ».
Patrice Paulet: Les deux associations historiquement concurrentes se sont rapprochées pour faire face à une
concurrence nouvelle sur ce marché de niche. L’idée d’un rapprochement a pu prendre forme du fait du partage « des
mêmes valeurs, des mêmes modes de fonctionnement, et par certains côtés des mêmes objectifs ». Le passage de
concurrents à alliés a été possible par l’écriture « d’une histoire commune ».
Ce qu’il faut retenir: Réussir un tel projet, nécessite d’oser bouger les lignes et d’inventer de nouvelles configurations.
Ce qui hier semblait impossible du fait des statuts, de la localisation … est désormais envisageable et les coopérations /
regroupements sont désormais facilités.
Si la notion de concurrence n’est généralement que peu souvent associée à des missions de service public, il convient
néanmoins de comprendre et accepter que la recomposition du secteur va remettre en cause les rapports de force.
Les « frères ennemis d’hier » doivent passer d’un statut de concurrents à un statut d’alliés pour faire face à une
nouvelle concurrence: il est essentiel de surmonter l’historique de chacun des organismes, les oppositions
politiques éventuelles, au profit de l’intérêt général et des citoyens.

16 | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social
Quelle est votre vision de ces projets ?
Benoit Quignon: « Il y avait un vrai sens à tout ça et c’est ce qui fait la réussite d’un projet de fusion ou de
transformation ». Derrière ce projet, il y avait une logique « d’associer des compétences qui sont éminemment
complémentaires » autour de quelques « grandes idées : habiter, se cultiver, se déplacer et vivre ensemble ».
« C’est cette très forte ambition, cette envie finalement de progresser et de se dépasser les uns et les autres qui a fait
la réussite ».
Patrice Paulet: Le projet s’est appuyé sur plusieurs facteurs clés du succès: « partager la même vision stratégique,
les mêmes buts à atteindre, mais aussi partager les mêmes ambitions, bien s’entendre et avoir l’humilité de se faire
accompagner » par un tiers de confiance qui vient « nous guider et nous challenger ». La principale difficulté reste
d’arriver à se faire confiance.

Comment mobiliser les équipes ?
Benoit Quignon: La mobilisation des équipes passe par la « fierté de participer à une aventure qui était sans précédent
en France ». Il faut montrer à tous qu’il y avait une « volonté de faire ensemble », pour oublier qui vient de quelle
entité à l’origine. Il faut rappeler le sens du projet : « ce n’est pas une construction institutionnelle, c’est nécessaire au
territoire, c’est utile et bénéfique à ses habitants ».
Patrice Paulet: Il y a eu un « choc des cultures ». Il faut mettre au courant très vite les équipes pour « favoriser
l’appropriation », « raconter une histoire », pour leur « donner du sens » et « leur donner leur place, un rôle » dans
ce projet. Il faut être transparent avec les IRP pour « régulièrement donner le sentiment qu’ils sont associés à
l’information, associer à la mobilisation » afin qu’ils ne soient « pas un frein auprès des collaborateurs »
Ce qu’il faut retenir: Pour les premiers à avoir enclenché une telle réflexion, cet esprit « pionnier » a été très
fédérateur et mobilisateur pour les équipes.
Le sens et l’envie sont les piliers de ces collaborations et de ces regroupements. La guerre de tranchées entre les
équipes n’est jamais constructive et conduit inévitablement à une destruction de valeur, alors qu’une démarche
fédératrice et mobilisatrice favorisera la création de valeur.
La communication, la sensibilisation, l’adhésion des salariés sont essentielles tout au long du projet. Cela
nécessite une grande énergie et cela représente un temps important auquel il faut associer les IRP si l’on souhaite qu’ils
constituent un relais efficace.

17 | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social                       Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social | 17
Comment dessiner l’OLS du futur?
Benoit Quignon: « Je pense qu’il faut repartir des bénéficiaires, ceux qui sont logés dans ces logements mais aussi
ceux qui n’y sont pas ou pas encore ». Cette transformation doit être fait « en lien étroit avec ceux et celles qui
portent les politiques publiques ». Il est important de se demander et redemander « ce qu’attendent les clients, et
les commanditaires. » La finalité est de transformer la contrainte de la loi ELAN « en véritable opportunité en
essayant de dépasser cette dimension réglementaire » dépasser cette contrainte en se focalisant sur la cause de
la création de ces offices: « répondre à des besoins d’entreprises, de territoire, d’habitant. » « C’est un savoir-faire
particulier que vous avez dans les mains et qu’il faut faire fructifier, qu’il faut transformer avec vos équipes. »
Il faut aussi prendre en compte le digital qui permet de mettre en place « des services nouveaux, des offres nouvelles »
mais aussi « d’avoir plus de réactivité, d’avoir plus d’informations. » Et cela permet aussi de « gagner en
productivité, et donc en structure de coût ».
Patrice Paulet: « Si vous regroupez des forces, vous devez montrer au client qu’il tire un avantage. » « Un plus un
doit faire trois pour le client, sinon il n’y croit pas. » Dans le secteur du logement social, on cherche comme dans
l’assurance à « apporter un service à une population » . Cette notion de service rendu est ce qui doit rester la
priorité, être au centre du projet. « Il faut se fédérer autour de ce service » à apporter aux clients, quitte à ce que
chacune des parties prenantes fassent des concessions.
Ce qu’il faut retenir: Le salarié est au centre des réflexions ; le perdre de vue serait une erreur et conduirait à prendre
de mauvaises décisions stratégiques. De même, ces projets doivent être portés en collaboration avec les pouvoirs
publics afin d’assurer une cohérence entre les moyens mobilisés et mis en œuvre avec les finalités politiques et
territoriales.
Enfin, le levier technologique que représente la transformation digitale est à intégrer au plus tôt dans la réflexion.
Par sa capacité à traiter de nombreuses et volumineuses données, sa capacité à accroître la productivité et l’efficience
de l’organisme, ce levier contribuera à une plus grande innovation et à la création et la valorisation des offres à
destination des citoyens.

18 | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social
Nos experts EY Immobilier Social

                   Fabrice Reynaud                           Thierry Descoudard                               Florent Renimel
                   Ernst & Young Advisory                    Ernst & Young Advisory                           Ernst & Young Advisory
                   Associate Partner                         Associate Partner                                Chef de mission

                   Julie Demaille                            Claire Dilger                                    Loïs Nief
                   Ernst & Young Advisory                    Ernst & Young Advisory                           Ernst & Young Advisory
                   Directrice                                Senior Manager                                   Chef de mission

                   Christophe Lasnier                        Alexandre Clément                                Omar Alaoui
                   Ernst & Young Advisory                    Ernst & Young Advisory                           Ernst & Young Advisory
                   Senior Manager                            Senior Manager                                   Chef de mission

                    Nathalie Cordebar                        Philippe Rambal                                  Jean-Philippe Bertin
                    EY & Associés                            EY & Associés                                    EY & Associés
                    Partner                                  Partner                                          Partner

                    Carole Dessaint                          Corine Corantin                                  Christophe Barthet
                    EY & Associés                            EY & Associés                                    Ernst & Young Advisory
                    Partner                                  Associate Partner                                Partner

                   Jacky Galvez                              Frédéric Reliquet                                Julie André
                   Ernst & Young Société                     Ernst & Young Société                            Ernst & Young Société
                   d’Avocats                                 d’Avocats                                        d’Avocats
                   Associate Partner                         Partner                                          Associate Partner

                   Didier Laresche                           Marie-Pascale Piot                               Clotilde Carecchio
                   Ernst & Young Société                     Ernst & Young Société                            Ernst & Young Société
                   d’Avocats                                 d’Avocats                                        d’Avocats
                   Partner                                   Associate Partner                                Associate Partner

19 | Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social                           Baromètre de la Transformation de l’Immobilier Social | 19
EY | Audit | Conseil | Fiscalité & Droit | Transactions
                                                                                                   Vos contacts
EY est un des leaders mondiaux de l’audit, du conseil, de la fiscalité et
du droit, des transactions. Partout dans le monde, notre expertise et la                           Fabrice REYNAUD
qualité de nos services contribuent à créer les conditions de la confiance
dans l’économie et les marchés financiers. Nous faisons grandir les
                                                                                                   Ernst & Young Advisory
talents afin qu’ensemble, ils accompagnent les organisations vers une
                                                                                                   Associate Partner
croissance pérenne. C’est ainsi que nous jouons un rôle actif dans la
construction d’un monde plus juste et plus équilibré pour nos équipes,                             Responsable Immobilier Social
nos clients et la société dans son ensemble.                                                       fabrice.reynaud@fr.ey.com
EY désigne l’organisation mondiale et peut faire référence à l’un ou                               06 72 84 30 24
plusieurs des membres d’Ernst & Young Global Limited, dont chacun
est une entité juridique distincte. Ernst & Young Global Limited,
société britannique à responsabilité limitée par garantie, ne fournit
pas de prestations aux clients. Retrouvez plus d’informations sur notre                            Thierry DESCOUDARD
organisation sur www.ey.com.
                                                                                                   Ernst & Young Advisory
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