FÉDÉRATION DE RUSSIE - EBRD
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FÉDÉRATION DE RUSSIE AM056f-X 1
Déclaration du Gouverneur représentant la Fédération de Russie auprès de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement M.G. Rechetnikov Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs 1 er-2 juillet 2021 Cher Monsieur Donohoe, Président du Conseil des gouverneurs, Messieurs et Mesdames les gouverneurs et gouverneurs suppléants, Chers membres du Conseil d’administration de la Banque, chers collègues ! C’est pour moi un grand honneur de vous saluer au nom de la Fédération de Russie. Aujourd’hui, alors que tous les pays sans exception sont aux prises avec les conséquences économiques et sociales de la pandémie de COVID-19, le rôle de la BERD prend une importance accrue. La direction et les actionnaires doivent assurer une répartition équitable du soutien et consolider la position de la Banque en tant qu’institution « verte » et durable, tout en préservant son potentiel opérationnel. 1. Les mesures prises par la BERD pour lutter contre la crise l’ont été dans les temps et, globalement, elles ont eu des effets positifs. Je note cependant le caractère sélectif de la répartition des financements accordés dans le cadre du Fonds de solidarité. Souvent, les principaux bénéficiaires des ressources n’ont pas été les pays et les entreprises qui avaient le plus souffert de la pandémie. J’estime qu’il est extrêmement important que la Banque continue de s’acquitter de sa mission en tenant compte, avant tout, de l’acuité de la crise et de ses conséquences. La position de la direction et des actionnaires de la Banque consistant à refuser aux clients russes toute participation au Fonds de solidarité est restée inchangée au cours de l’année qui vient de s’écouler. À ce propos, j’aimerais préciser que l’économie russe a traversé la crise mieux qu’on ne s’y attendait. Selon les chiffres de l’an dernier, le PIB de la Russie a reculé de 3 %, une baisse moins forte que dans bon nombre de pays de premier plan. Ceci est en grande partie le résultat de mesures de soutien mises en place dans le cadre de notre politique budgétaire et monétaire. L’économie de la Russie poursuit son rétablissement, qui plus est selon une trajectoire légèrement plus favorable que ce à quoi nous nous attendions. Le niveau d’activités d’avant la crise a été nettement dépassé dans un certain nombre de secteurs, tels que l’industrie manufacturière, le commerce de détail, le transport routier ou le bâtiment. La situation en matière d’investissements dans le capital fixe est positive. Dès le quatrième trimestre de l’année dernière, les indicateurs sont passés AM056f-X 2
dans le vert en termes annuels (plus 1,2 % par rapport à l’année précédente), et cette croissance s’est poursuivie au premier trimestre 2021 (plus 2,0 %). 2. La Russie salue l’engagement de la BERD en faveur des objectifs climatiques mondiaux et elle se tient prête, en tant qu’acteur majeur du commerce mondial et qu’État partie aux principaux accords concernant le climat, à engager un dialogue d’experts substantiel avec la BERD. Nous avons adopté en 2019 un plan national d’adaptation au changement climatique. Conformément à l’Accord de Paris, la Fédération de Russie a soumis en 2020 son premier rapport national au titre de la Convention-cadre des Nations Unies. Un projet de stratégie de développement faiblement carboné à l’horizon 2050 est en cours de préparation. La Douma d'État de l'Assemblée fédérale de Russie a adopté un projet de loi sur « la limitation des émissions de gaz à effet de serre ». Ce texte permettra d’établir le principe d’un bilan carbone obligatoire pour les gros émetteurs et de mettre en place un système de réalisation de projets climatiques volontaires et de conversion des crédits-carbone. Un projet pilote visant à créer un marché des quotas d’émissions de gaz à effet de serre a été mis en place sur l’île de Sakhaline. Celui-ci devrait permettre à la région d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2025. Compte tenu des différences d’approches des pays vis-à-vis des mécanismes de mise en œuvre de politiques climatiques, nous tenons à souligner l’importance d’un respect strict des principes figurant dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et dans l’Accord de Paris. Il est notamment inacceptable que des mesures climatiques soient prises unilatéralement à des fins de concurrence déloyale. La question de la fixation d’un prix des émissions de carbone, dont l’influence sur l’économie doit être attentivement étudiée, fait également débat. Le développement du financement « vert » doit être complémentaire des instruments existants et s’accomplir grâce à des mesures d’incitation et par l’évaluation rigoureuse de la contribution réelle de l’ensemble des technologies faiblement carbonées à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Lors de la planification des délais et des instruments de la transition vers une économie plus « verte », il convient de prendre en compte les coûts potentiels en termes de croissance, d’activité et d’investissement à moyen et long terme. Il faut prendre en considération l’influence du changement climatique et des tendances planétaires en matière de « décarbonisation » de l’économie. Nous estimons que, pour parvenir à une baisse des émissions de gaz à effet de serre, l’ensemble des technologies permettant de réduire ces émissions doit être mis en œuvre, dans le cadre de démarches communes, en donnant aux États parties la possibilité de prendre les décisions technologiques les plus adaptées aux conditions prévalant au niveau national. AM056f-X 3
3. Concernant un élargissement du champ d’action géographique de la Banque à des pays d’« Afrique subsaharienne », nous considérons que le volume d’activités potentiel de la BERD et les effets systémiques de son action dans la région seraient extrêmement limités. En s’écartant ainsi que son mandat et des compétences qu’elle a acquises, la Banque s’expose à une baisse du volume de ses investissements et à une dégradation de la qualité de ses projets dans ses pays d’opérations actuels. Le profil de risques présenté par les pays de la région entraînera fatalement une détérioration des indicateurs financiers du portefeuille de projets de la Banque et de sa situation capitalistique. Quant à la proposition d’analyse préliminaire d’un éventuel élargissement à des pays d’Afrique subsaharienne, il n’existe pas à nos yeux de raison justifiant que la BERD consacre pendant un an des moyens considérables à une entreprise d’une telle ampleur, dont la finalité et les objectifs sont, à notre avis, extrêmement discutables. Nous sommes opposés à toute prise de contacts anticipés avec des contreparties situées dans des pays d’Afrique subsaharienne, y compris dans le cadre d’une coopération exploratoire, ainsi qu’à toute sélection officielle d’un échantillon de pays en vue d’une collaboration future. À notre avis, une telle entreprise, même réduite à une étude, peut avoir une influence sur la décision que prendront les gouverneurs en 2022. C’est pourquoi nous préférons nous abstenir lors du vote de la proposition de résolution présentée aujourd’hui. 4. Rappelons que, en se joignant en juillet 2014 aux sanctions nationales contre la Russie, la BERD a jeté un doute sur son statut d’institution financière internationale, censée ne relever d’aucun régime de sanctions. Ce qu’on a appelé l’« orientation politique », qui portait sur l’interruption de toutes nouvelles opérations en Russie, est en contradiction directe avec un certain nombre d’articles du principal document statutaire de la BERD : l’Accord portant création de la Banque. Les clients de la Fédération de Russie ont été exclus en 2020 du Fonds de solidarité mis en place par la Banque pour lutter contre la crise. La Russie entend cependant continuer de se comporter en actionnaire responsable de la BERD et reste prête à un dialogue ouvert avec celle-ci. Nous continuons de soutenir la présence et le fonctionnement d’un bureau local de la BERD à Moscou, dont l’action est actuellement tournée pour l’essentiel vers les pays d’Asie centrale et un certain nombre d’autres pays d’opérations de la Banque. Nous comprenons bien que, du point de vue des conditions matérielles, de la sécurité et de l’efficacité, Moscou constitue un important centre opérationnel pour la Banque, et nous sommes prêts à maintenir le régime particulier dont bénéficie la représentation de la BERD et à envisager son éventuel élargissement. AM056f-X 4
Comme je l’ai déjà indiqué, la Fédération de Russie se conforme scrupuleusement à l’ordre du jour climatique mondial et mène sur le plan intérieur une action systémique visant à se doter d’une économie durable. Étant donné l’expertise particulière de la BERD en matière d’investissements climatiques, nous souhaitons la mise en place avec celle-ci d’une collaboration bilatérale d’experts, permettant un échange de connaissances et de technologies dans ce domaine. On assiste depuis quelque temps à un intérêt croissant, de la part autant des spécialistes russes que des institutions financières multilatérales, pour un élargissement du dialogue entre experts concernant d’autres domaines de développement économique (approvisionnements internationaux, questions juridiques et contractuelles, partenariats public-privé). Nous estimons que l’ouverture de telles discussions avec la Banque serait porteuse de perspectives considérables et nous restons donc, pour notre part, toujours ouverts à une collaboration. AM056f-X 5
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