Analyse conceptuelle du commerce électronique

 
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Analyse conceptuelle du commerce électronique

     Conceptual analysis of electronic commerce

                      DEFOUAD RHIZLANE
                       Enseignante chercheuse
Faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Mohammedia
                   Université Hassan II Casablanca
           Performances Économiques et Logistiques PEL
                               Maroc
                       r.defouad@gmail.com

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Résumé

   Le commerce électronique est un concept assez complexe et difficile à cerner puisqu’il a
donné lieu à plusieurs débats qui ont abouti à une multitude de définitions reflétant des visions
différentes. Toutefois, elles convergent vers une vision globale du commerce électronique
selon laquelle celui-ci est conçu comme un processus finalisé par la création de valeur.
   Pour ce faire, un déploiement optimal des TIC s’avère nécessaire donnant ainsi, naissance
à de nouvelles formes commerciales structurant ses différentes typologies.
    Mots clefs : commerce électronique, infrastructure technologique, concept complexe.

Abstract
   Electronic commerce is a rather complex and difficult concept to define. It has a multitude
of definitions to reflect different visions. However, they converge towards a global vision of
electronic commerce according to which it is conceived as a process finalized by the creation
of value.
   Keywords : Electronic commerce, technological infrastructure, complex concept.

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Analyse conceptuelle du commerce électronique

   Le commerce électronique comprend tout échange de biens, de services ou d’information,
à finalité commerciale déployant les technologies de l’information et de la communication. Il
couvre aussi bien les relations interentreprises que les relations entre entreprises et
administrations et celles entre entreprises et particuliers ainsi que les échanges grand public.
   Précisons qu’entre ces lignes, réside un ensemble de réalités et de notions reflétant sa
véritable conception, à savoir un concept assez complexe et varié.
   En effet, le commerce électronique a donné lieu à plusieurs débats qui ont abouti à une
multitude de définitions exprimant des visions différentes.
   Alors, d’où vient cette complexité ? n’est-il pas tout simplement une extension du
commerce traditionnel ?
   Pour répondre à ces questions le plan est structuré comme suit :
   I- Infrastructure technologique du commerce électronique
   II- Définitions du commerce électronique.
   III- Caractéristiques du commerce électronique.
       I.      Infrastructure technologique du commerce électronique

   Le commerce électronique repose principalement sur deux moyens de communication
notamment, l’échange de données informatisé (l’EDI) qui constitue un réseau fermé et
coûteux, et le réseau des réseaux : Internet vers lequel l’EDI migre, puisque ce réseau ouvert
et d’envergure mondiale dispose d’atouts qui révolutionnent tout, et par conséquent, s’impose
dans un environnement devenu de plus en plus concurrentiel et dynamique qui exige
l’efficacité et l’efficience pour être compétitif et pouvoir donc survivre.
   L’EDI constitue certes un moyen de communication fiable et performant qui s’est
généralisé pour un très grand nombre de transactions usuelles, telles que la gestion des stocks,
les commandes, la facturation et les paiements.
   En revanche, il ne s'est pas diffusé, de manière aussi large, à l’ensemble des firmes du fait
qu’il requiert des investissements lourds que les petites et moyennes entreprises ne sont pas en
mesure de réaliser.
   Il était exclusif aux grosses structures ayant des relations bien établies et régulières. Et
pour résoudre ce problème, le Web-EDI est apparu comme une alternative ou plutôt comme

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prolongement de l'EDI conventionnel dans la mesure où il est plus accessible pour les
entreprises même de petite taille.

    Précisons que L’EDI consiste en la transmission sous forme électronique de données
structurées selon un langage normalisé dans le but de réaliser des transactions de commerce
électronique d’entreprise à entreprise (B to B).
    C’est un mode de communication indissociable du caractère structuré des messages
puisque c’est la machine qui doit les interpréter et leur donner suite (Wéry, 2003, P. 25).
    Par ailleurs, « l’EDI exige des accords détaillés et pérennes entre les partenaires »
(Degoulet, Kleinebreil, 2003, P.22).
    En effet, l’EDI se caractérise par le fait que les données sont échangées sur des réseaux
fermés dont l’accès est réservé à des utilisateurs qui, en principe, se connaissent déjà et sont
liés par des rapports de confiance réciproques matérialisés par un contrat (Langlois, Gasch,
1999, PP.107-108).
    En l’occurrence, un contrat EDI bien fondé doit contenir trois parties à savoir, une partie
juridique, une partie technique et une partie sécurité (Bensoussan, 1991, pp. 59-64). De plus,
ces parties interagissent entre elles. Ce qui prouve que l’EDI est une solution fiable et
sécurisée.

    Il est à noter, en effet, que les réseaux à valeur ajoutée (RVA), via desquels la
dématérialisation de l’échange s’effectue, sont des réseaux privés agissant comme une boîte
aux lettres électronique pour l’envoi et la réception de documents électroniques, en plus de la
gestion du stockage de ces fichiers transmis. Ils sont basés sur un service de messagerie1
(Hénocque, 2002, pp. 31-32) utilisant généralement le protocole de messagerie X4002
(Hénocque, 2002, pp. 31-32) grâce auquel les prestataires des RVA sont qualifiés de tiers de
confiance puisqu’en cas de litige lié aux conditions de l’échange3(Laudon, 2006, p.119), ils
garantissent l’authentification, l’intégrité des messages EDI ainsi que le principe de non
répudiation et vérifient l’identification des partenaires commerciaux.
    Par conséquent, ils apportent la preuve de la transaction dans la relation commerciale
dématérialisée (Isaac, Volle, 2008, p. 129).
1
   La messagerie X400, lancée dans les années 80, permet l’interconnexion des systèmes de messageries
électroniques et un accès au réseau public via Atlas 400. Elle est utilisée pour des transactions commerciales et
fait communiquer entre eux des matériels hétérogènes.
2
  Les recommandations X400 décrivent un modèle composé de services et de protocoles de communication qui
présente une similarité de structure avec le courrier postal.
3
  « Date et heure d’envoi ou de dépôt dans la boîte EDI de tel partenaire, etc. ».
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Certes, les RVA offrent un service très sécurisé, fiable et performant, cependant, ils sont
coûteux, ce qui pénalise les petites et moyennes entreprises (PME) qui n’ont pas les moyens
d’y accéder.
   Ainsi, l’EDI via un RVA reste essentiellement un système fermé puisque seules les
grandes entreprises peuvent investir dans cette technologie présentant plusieurs limitations et
inconvénients (Deyrieux, 2003, pp. 88-89). Étant donné qu’il fonctionne en mode différé, il
empêche les entreprises de produire, de s’approvisionner et de fixer le prix en temps réel, le
rendant moins approprié pour les applications en temps réel et le qualifie donc, de rigide par
rapport au marché actuel qui est dynamique (Schmitt, 2008, p. 87).
   À cet égard, l’internet s’est imposé en tant qu’infrastructure de transport pour l’échange
puisqu’il constitue un système ouvert, flexible, moins coûteux pour établir des liens entre les
entreprises, et surtout accessible pour n’importe quelle entreprise qui souhaite faire du
commerce électronique.
   Ces propriétés de l’Internet émanent de ses différents langages, notamment le XML, et de
ses protocoles dont le plus important réside dans la pile TCP/IP qui, surtout, garantit la
fiabilité du transfert des informations lesquelles sont au cœur de tout échange.
   Par conséquent, la migration de l’EDI vers l’Internet ne pouvait qu’être chaleureusement
accueillie compte tenu des caractéristiques illimitées du réseau public Internet qui est en
perpétuelle évolution, afin de répondre, grâce à ses langages et ses protocoles sophistiqués,
aux besoins de l’environnement dans lequel véhicule le commerce électronique…
       II.     Définitions du commerce électronique
  Il n’existe pas, à proprement parler de définition unique du commerce électronique mais
plutôt une multitude de définitions qui sont utilisées pour aborder différents aspects.
   Cette diversité reflète d’une part la complexité de mise en œuvre du commerce
électronique, d’autre part elle met en exergue sa variété puisque l’analyse de la valeur créée
par l’échange contribue forcément à converger toutes ses définitions vers une vision globale
du commerce électronique.
   Certes, ce qui attire l’attention dans le commerce électronique, c’est l’aspect électronique,
virtuel, vu qu’il repose sur les TIC. Cependant, avant d’être électronique, c’est un commerce
comme tous les autres qui signifie la rencontre d’un marchand et d’un acheteur (Jean-
Baptiste, 1998, p. 14).
   Selon l’OCDE l’expression commerce électronique "signifie avoir une activité économique
sur internet, vendre des biens et des services qui sont livrés par les canaux traditionnels aussi
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bien que des produits pouvant être numérisés et diffusés en ligne, comme les logiciels
informatiques. Les échanges peuvent s’opérer entre entreprises ou entre entreprises et
consommateurs. Mais internet rend également possible un éventail beaucoup plus large
d’activités commerciales et d’échanges d’informations potentiels" (L’OCDE, 2000, p. 214).
    Cette définition est étroite vu qu’elle ne traite que des transactions sur internet, or l’OCDE,
pour des raisons de mesure du commerce électronique, a donné une autre définition large qui
comprend la vente ou l’achat sur des réseaux électroniques et non pas seulement sur internet.
    Les définitions données par L’OCDE sont fondées sur la base de l’infrastructure de
communication, le paiement et la livraison ne sont pas déterminants dans la mesure où ils
peuvent s’effectuer en ligne ou hors ligne alors que la commande l’est puisqu’elle est d’office
reçue ou passée en ligne4 (L’OCDE, 2002, p. 145).
    Dans le même sens, la définition restreinte de l’AFTEL5 fonde le commerce électronique
sur l’achat en ligne puisqu’elle considère le commerce électronique comme étant « l’ensemble
des échanges commerciaux dans lesquels l’achat s’effectue sur un réseau de
télécommunications » (L’AFTEL, 1998, p. 85).
    Cela signifie que toutes les transactions au cours desquelles l’acte d’achat s’effectue en
ligne relèvent du commerce électronique et la vente en ligne qui se limite à la présentation de
produits sur un site vitrine ne constitue pas à proprement parler du commerce électronique.
    Il en va de même pour Baptiste puisqu’il fonde le commerce électronique sur la commande
électronique quoiqu’il distingue              « le commerce électronique indirect qui couvre la
commande électronique de biens tangibles qui doivent être livrés physiquement par le
truchement de canaux traditionnels comme les services postaux ou les courriers commerciaux
et le commerce électronique direct qui couvre : la commande en ligne, le paiement et la
livraison de biens et services intangibles comme les logiciels informatiques, des produits de
loisirs ou des services d’information à l’échelle mondiale » (Jean-Baptiste, 1998, p. 15).
    On voit donc clairement que le point commun entre commerce électronique direct et
indirect réside dans la commande électronique comme pour L’US Census « le commerce
électronique représente toute transaction effectuée sur un réseau d’ordinateurs et impliquant
le transfert du droit de propriété ou d’usage de biens ou de services » ( Rallet, 2001, pp. 22-

4
  « C’est la méthode suivie pour passer ou recevoir la commande, et non le paiement ou le mode de livraison, qui
détermine si la transaction est une transaction internet ou une transaction électronique effectuée sur des réseaux
informatiques ».
5
  L’Association française de la télématique multimédia, devenu en 2000 après sa fusion avec l’AFCEE,
l’ACSEL, Association pour le commerce et les services en ligne.
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26). Cela veut dire qu’il n’y a commerce électronique que lorsque l’acheteur et le vendeur
réalisent en ligne le transfert du droit de propriété (Rallet, 2001, p. 17-72).
    Il suffit donc de pouvoir se représenter un acheteur commandant en ligne pour appartenir
au champ du commerce électronique. Par conséquent, l’unique condition réside dans la
fonction de la commande.
    Qu’en est-il alors des autres fonctions du commerce ? Faut-il les ignorer ? Réduisant et
limitant ainsi le commerce électronique à la simple vente à distance, vielle pratique qui ne
constitue qu’une niche dans le commerce. Dans ce cas à quoi bon chercher à développer le
commerce électronique puisque dès le départ on lui a « collé » une vue réductrice,
« cloisonnée » ?
    À cet égard, on a élargi le champ d’application du commerce électronique à l’ensemble des
pratiques commerciales. En effet, la définition large de Kaplan « le commerce électronique
désigne les activités ayant pour objet l’achat ou la vente de biens et de services au travers de
réseaux électroniques » (Kaplan, Alvergnat, 2000, p. 45) va dans le sens de l’AFTEL qui
étend le champ d’application du commerce électronique à « l’ensemble des usages
commerciaux y compris ceux dans lesquels une entreprise ne fait que présenter ses produits,
la commande s’effectuant hors ligne » (L’AFTEL, 1998, p. 85).
    Cela signifie que tous les échanges en ligne font partie du commerce électronique, qu’il
s’agisse de négociation, de recherche et de partage d’information, de commande ou de
paiement.
    Cette définition est particulièrement ouverte car la notion d’usage ne se limite pas aux
échanges mais inclut toutes les pratiques commerciales existantes ainsi que celles qui
pourraient être amenées à se développer sur le réseau (Bitouzet, 1999, p. 114).
    Dans le même sens, Lorentz dans le rapport effectué en janvier 1998, fait référence à une
définition extensive du commerce électronique6 dans laquelle il précise l’objet du commerce
électronique, ses formes et les moyens mis en place pour réaliser des transactions
électroniques. Le commerce électronique englobe alors, toutes les relations d’affaires des

6
 Le commerce électronique s’étend à « l’ensemble des échanges électroniques liés aux activités commerciales. Il
s’agit donc aussi bien de relations interentreprises que de relations entre entreprises et administrations et des
échanges entre entreprises et consommateurs. Le commerce électronique couvre, à la fois, les échanges
d’information et les transactions concernant des produits, équipements ou biens de consommation courante, et
des services. Services d’information, financiers, juridiques…Les moyens ou modes de transmission utilisés
peuvent être divers : téléphone, télévision, Minitel, réseaux informatiques, Internet... Leur caractéristique
commune est de traiter de l’information numérisée incluant données, texte, son et images ».
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entreprises, des administrations et des particuliers : des relations qui portent sur la négociation
d’intérêts partagés (Bitouzet, 1999, p. 115).
    Par ailleurs, Lorentz met l’accent sur la dimension globale du commerce électronique au
niveau de l’entreprise et l’intégration des processus de gestion7 dans le système d’information.
    Donc, le commerce électronique n’est pas conçu comme une fonction indépendante de
l’existant de l’entreprise, au contraire, il s’insère dans la stratégie globale de l’entreprise.
       Cette définition large est développée par Pélissolo à l’AFCEE8 qui décrit le commerce
électronique comme étant « l’ensemble des échanges et des transactions qui préfigurent ou
accompagnent la conclusion d’une affaire, au travers d’un média électronique ou d’un
réseau » (Bitouzet, 1999, p. 116).
    Les activités commerciales sont précisément les négociations et les relations qui préparent
la réalisation, quant au moyen de communication, le commerce électronique emprunte tous
types de réseau (Bitouzet, 1999, p. 116).
    De plus, selon Kaplan, tout ce qui permet de vendre plus, d’acheter dans les meilleures
conditions, de fidéliser un client au travers du réseau, relève du commerce électronique
(Kaplan, Alvergnat, 2000, p. 45).
    On peut finalement déduire que la seule distinction entre commerce électronique et
commerce « traditionnel » réside dans le non utilisation d’un média électronique ou d’un
réseau.
    Il suffit qu’une seule étape d’une transaction commerciale ou plus précisément, qu’une
seule fonction de l’activité commerciale soit électronisée pour qu’elle soit exclut du champ
d’application du commerce traditionnel.
    Donc, Si on élargit notre vision, nous constaterons que le vrai problème de la complexité
de la notion du commerce électronique réside en fait dans l’expression du « commerce
électronique » elle-même.
    Il s’agit plutôt d’une extension du commerce traditionnel c’est pourquoi le commerce
électronique doit céder la place à l’expression « électronisation du commerce » qui selon
Rallet, cette dernière touche l’ensemble des fonctions qui composent l’activité commerciale,
certaines sont électronisées, d’autres continuent d’impliquer un support physique.
    Le commerce devient par conséquent, un ensemble hybride de fonctions virtuelles et de
fonctions physiques (Rallet, 2001, p. 36) ce qui soutient le fait que « le commerce
7
  Intégration de système gérant les relations avec le client et pilotant les systèmes logistiques indépendants, et les
relations avec les fabricants ; le système assure en outre la collecte des paiements.
8
  Association Française pour le Commerce et les Echanges Electroniques
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électronique est par nature dématérialisé, partiellement si l’opération suppose une exécution
dans le monde réel, totalement lorsque tout peut être réalisé en ligne » (Vier, 2001, p. 369).
   Précisons que le commerce électronique est un phénomène qui ne se déroule pas
uniquement via l’Internet, d’autres médias sont aussi concernés, or, sur l’Internet toutes les
phases constituant la transaction commerciale peuvent être réalisées via le réseau, sinon seules
certaines phases sont accomplies électroniquement et pour les autres un contact physique ou
matériel est nécessaire.
  L’Internet est donc le seul média grâce auquel toutes les étapes d’une transaction
commerciale peuvent être intégralement réalisées électroniquement. C’est pourquoi d’ailleurs,
il est le réseau de référence pour le commerce électronique.
  Précisons également que le commerce électronique fait partie de l’e-business, qui désigne
toutes les utilisations stratégiques de l’internet et des réseaux par les entreprises (Kaplan,
Alvergnat, 2000, p. 46).
  À cet effet, comme le souligne la commission économique des Nations Unies pour
l’Afrique, le commerce électronique constitue un processus complexe de gestion des
transactions : « Il intègre la production, la publicité, la vente et la distribution de produits et
services à travers des moyens électroniques » (Commission économique des Nations Unies
pour l’Afrique, 2001).
  Il ne s’agit pas seulement de l’utilisation conjointe et combinée de tous les supports mis à la
disposition par les télécommunications (HAAS, 1998) mais d’un usage stratégique des TIC
dans la perspective d’accroître l’efficacité des pratiques commerciales (Bégin, 2001, p. 22).
   Dans le même sens, Algore définit le commerce électronique comme étant « l’utilisation
combinée et optimale de toutes les technologies de la communication disponibles pour
développer le commerce de l’entreprise » (Jean-Baptiste, 1998, p. 13).
   Cela sous tend qu’en appliquant aux activités commerciales un déploiement optimal des
TIC, on va forcément générer une efficacité dans les décisions et une efficience dans les
opérations et les stratégies, ce qui va permettre de concevoir le commerce électronique
comme un processus finalisé par la création de valeur (Bitouzet, 1999, p. 94).
   Cette définition valorise le commerce électronique puisqu’elle met en exergue le bien-
fondé de l’échange. Elle lui donne une dimension de création de valeur.
  Le commerce électronique se veut donc comme un ensemble de fonctions qui créent de la
valeur, et ces fonctions sont intégrées au système d’information d’une entreprise.

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Sachant que l’internet est le réseau de référence pour le commerce électronique, alors, si
nous voulons centrer la réflexion sur le commerce électronique sur internet, nous proposons la
définition de Mokhtar Amami et Frantz Rowe qui le considèrent comme « un ensemble de
pratiques réelles ou virtuelles utilisées dans le processus d’achat et de vente à travers les
canaux internes et externes à l’entreprise reposant sur une interface internet assurant la
participation du client ».
   À travers cette définition, nous touchons les caractéristiques du commerce électronique et
l’importance des technologies Internet grâce auxquelles la qualité du service ne peut que
s’améliorer permettant ainsi d’attirer une clientèle plus importante.
        III.    Caractéristiques du commerce électronique
   Dans le commerce électronique l’acheteur et le vendeur se trouvent tous les deux satisfaits
étant donné qu’il ne permet pas seulement de vendre plus, mais aussi à acheter mieux, plus
vite et pour moins cher. En effet, le commerce électronique n’a pas de frontières et ouvre aux
entreprises de nouvelles possibilités d’expansion internationale (Kaplan, 2000, p. 80) tout en
renforçant la concurrence et accélérant la globalisation des marchés bénéficiant ainsi aux
consommateurs.
   Précisons également que le commerce électronique renforce la demande (L’OCDE, 1999,
p. 57), les ventes aux enchères en ligne utilisées notamment par les lignes aériennes en vue de
vendre les sièges invendus à la dernière minute sont un bon exemple.
   La valeur du commerce électronique provient de la richesse des informations disponibles et
pertinentes pour le client qu’il soit une entreprise ou un consommateur.
   La recherche d’informations sur le web est grandement facilitée grâce aux moteurs de
recherche performants conçus expressément dans le but de répondre aux besoins spécifiques
des utilisateurs.
   De ce fait, un client peut rapidement et facilement identifier en fonction des
caractéristiques voulues le produit qu’il demande.
   La notion d’espace perd alors son caractère contraignant et la disparition des frontières
devient une réalité dans la mesure où les marchés électroniques permettent d’accéder à la
totalité de l’offre disponible dans le monde, les systèmes peuvent s’interconnecter facilement,
les produits sont très variés et la comparaison des prix devient possible grâce aux agents
intelligents.
   Donc, la large diffusion des technologies de l’information et des communications ainsi que
leur progrès rapide permettent au commerce électronique de réduire considérablement les
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coûts de transaction, de faire disparaître les obstacles à l’entrée sur les marchés et de tendre à
rétablir l’équilibre du marché.
    De plus, la vente directe via internet entre producteur et consommateur élimine l’existence
d’intermédiaires.
    Cette réduction des coûts de production encourage l’arrivée de nouvelles entreprises et, par
conséquent, stimule la concurrence ainsi que la pression de faire bénéficier les
consommateurs de ces coûts plus faibles sous forme de prix plus intéressants.
    Par ailleurs, le fait de doter l’entreprise d’une existence virtuelle, lui permet d’élargir
l’éventail des produits en y incluant les produits qui ne se trouvent pas en magasin, et
l’internaute qui est conscient de cette réalité commande de son ordinateur sans se déplacer, il
sait que tout est disponible dans l’immédiat ou à commander chez un fournisseur puisque tout
est virtuel.
    Certes, il existe des internautes qui visitent le site sans commander, toutefois, ils localisent
le produit qu’ils désirent et lorsqu’ils comptent l’acheter, ils ne perdent pas de temps pour le
faire.
    De plus, en ayant un site web, un commerçant peut s’attendre à une plus importante
affluence de clients, ce qui va positivement se répercuter sur la productivité dans le magasin
traditionnel (Lafrance, Brouillards, 2002, p.158) dans la mesure où c’est le site qui informe
les clients et fait la promotion des produits réduisant ainsi les besoins en personnel.
    Par ailleurs, le commerce électronique répond aussi bien à l’évolution du marketing qu’à
celle de la relation clientèle (Kaplan, 2000, p. 52).
    En effet, il ne permet pas seulement d’accroître la proposition de valeur (Bégin, Boisvert,
2002, pp. 18-20) aux clients mais aussi d’étendre les relations avec eux puisqu’il permet de
répondre plus complètement aux besoins du client en lui proposant à la vente sur le site des
produits complémentaires d’autres fournisseurs9(Kaplan, 2000, pp. 52-69).
    De plus, la relation électronique favorise l’interactivité permettant à l’entreprise d’affiner
et de cibler les attentes de ses clients tout en personnalisant les produits qu’elle leur offre, et
au client de se servir lui-même pour passer une nouvelle commande, acheter ce dont il a
besoin, accéder à l’état des stocks, etc.

9
  « A titre d’exemple, les sites immobiliers proposeront également le financement et l’assurance du logement,
des services de déménagement, des meubles…parce que la différentiation concurrentielle repose désormais sur
la qualité de la relation avec les clients et du service de la clientèle ».
                                                     11
Ainsi, le client y gagne en souplesse et en disponibilité, et l’entreprise est dégagée de ces
tâches sans valeur ajoutée tout en fidélisant ses clients, condition sine qua non pour sa
pérennité.
   Par conséquent, on ne peut que confirmer que « le rôle du commerce électronique dans les
processus d’affaires d’une entreprise n’est pas seulement vital pour son succès concurrentiel
mais aussi pour sa survie » (Bégin, Boisvert, 2002, p. 18).
   Par ailleurs, le commerce électronique se caractérise par une typologie assez variée
puisqu’il couvre aussi bien les relations interentreprises (B2B) que les relations entre
entreprises et administrations (B2G) et celles entre entreprises et particuliers (B2C) ainsi que
les échanges grand public (C2C).
   Précisons que le classement des transactions du commerce électronique consiste à
considérer la nature des participants aux transactions. En effet, pour les relations
électroniques B to B, elles se définissent comme étant des transactions (De Waseige, 2007, p.
62) professionnelles menées par le biais de réseaux publics ou privés, le client est une autre
entreprise. Ces échanges commerciaux interentreprises se caractérisent par des relations
stables et de longue durée, ce qui justifie l’emploi de systèmes de traitement coûteux. Le
commerce électronique de détail B to C est la vente de biens et services destinée aux
particuliers en leur permettant d’agir à distance par l’intermédiaire d’un réseau de
télécommunications. Ce commerce renvoie aux sites web marchands, il a entraîné la création
des versions électroniques (Ritzman, 2010, p. 117) des librairies, des disquaires, des agences
de voyage, des banques et des agences de courtages. Le commerce électronique inter
consommateurs C to C est la vente par système électronique de produits ou de services de
particulier à particulier, c’est un commerce sans intermédiaire. Le commerce électronique
d’entreprise à administration B to G correspond aux ventes aux administrations, il s’agit de
l’échange électronique entre les entreprises privées et le gouvernement qui a réalisé un
important effort pour diffuser un nombre croissant d’informations et d’opérations tels que, les
déclarations fiscales et sociales, les appels d’offres, etc.
   À cet égard, le gouvernement joue le rôle de catalyseur dans la promotion du commerce
électronique puisqu’en demandant à tous ses fournisseurs de procéder à des échanges de
documents électroniques dans les appels d’offres publics, il contribue à l’essor du commerce
électronique : « commerce d’aujourd’hui et de demain », et « extension du commerce
traditionnel ».
BIBLIOGRAPHIE
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