Fabriquer les villes de demain - HES-SO ...
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Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 | Ce supplément ne peut être vendu séparément Supplément réalisé en partenariat avec la HES-SO Genève Le média genevois. Depuis 1879 | www.tdg.ch | Fabriquer les villes de demain HEPIA, HEG, HEAD, HEM, HEdS, HETS: tous les palmarès 2018 Genève, vue par Camille Vallotton, diplômée HEAD, Communication visuelle 2016. CAMILLE VALLOTTON
2 HES-SO Genève Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 HES-SO Genève 3 Le mot du directeur François Abbé-Decarroux «Trop longtemps, on a fait de l’urbanisme de bureau» La modélisation 3D, un outil au-delà du visuel Directeur général HES-SO Genève A ntonio Hodgers, président nisme de bureau. d u Co n s e i l d ’ É t at e t Aujourd’hui, l’ur- Des outils au service du Grand Genève conseiller d’État en charge banisme se fait du département du territoire, livre dans le contact, Avec près d’un million d’habi- premier permet de répondre no- les clefs de la collaboration entre la dans la discussion tants, l’agglomération franco-val- tamment aux enjeux de la mixité HES-SO Genève et son départe- entre profession- Cette technique informatique pourrait, à terme, s’avérer d’une grande aide pour la collectivité do-genevoise doit faire face aux sociale et de la participation des ment. nels mais surtout enjeux des métropoles et des zo- populations, dans lequel s’inscrit avec les usagers. publique. Explications et ambitions nes transfrontalières. Deuxième la formation continue Projets ur- Quelle est l’importance de la Cette convention permet de déve- après Zurich pour la Suisse et bains et pouvoir d’agir. L’étude question du développement ur- lopper et de partager une culture après Lyon du côté de Rhône-Al- sur l’habitat des seniors pour leur bain dans le Grand Genève? de la ville, terreau indispensable pes, le «Grand Genève» ne cesse maintien à domicile permet d’il- Elle est fondamentale. La coopéra- aux démarches de concertation. de croître et de se transformer. lustrer le deuxième axe qui tou- tion transfrontalière est d’ailleurs Ce type de convention permet à Les défis sont nombreux et de na- che surtout aux questions de du- née de la nécessité de prendre soin chacun de garder le point de vue ture diverse, qu’il s’agisse d’amé- rabilité en milieu urbain. Quant à de notre territoire. Son développe- de l’autre en tête: pour la HES-SO nagement du territoire, de mobi- la recherche The Anthropocene ment doit se faire de manière soli- Genève, les impératifs de l’admi- lité, de cohésion sociale, de santé Atlas of Geneva qui étudie la fa- daire et responsable. J’entends nistration dans la concrétisation publique, d’environnement, de çon dont les acteurs de la ville par là que les collectivités ne doi- des projets urbains et pour nous, la marché du travail, ou encore de répondent aux changements en- vent pas faire porter sur d’autres nécessaire souplesse pour déve- politique culturelle. vironnementaux globaux, elle ce qui n’est de leur ressort. lopper des projets de qualité. Pour y répondre de la meilleure correspond au domaine Design, des façons possibles, il est sou- espace public et santé. Enfin, le Le département du territoire, an- Quels sont les premiers résultats vent indispensable de bénéficier quatrième champ d’investigation ciennement le DALE, a signé en de cette collaboration entre le Dé- de regards croisés et d’adopter Numérisation et territoires cher- 2016 une convention cadre en ma- partement et la HES-SO Genève? des approches interdisciplinaires. che à repenser les manières de tière de développement urbain Tout d’abord c’est une culture de la C’est la raison pour laquelle, les construire et de vivre la ville avec avec la HES-SO Genève. Pourquoi? collaboration que cette conven- six écoles de la HES-SO Genève le soutien du numérique, comme Il s’agissait pour le département tion a lancé. Elle a ensuite donné (HEPIA, HEG, HEAD, HEM, HEdS, les projets de modélisation infor- de consolider ses relations avec les lieu à des cycles de conférences et et HETS) ont décidé de créer, il y a matique du paysage. Ce ne sont Hautes écoles, mais surtout de sui- de débats, elle a permis la structu- bientôt trois ans, une plateforme là que quelques exemples parmi vre le Master en développement ration d’un réseau d’acteurs, le dé- Visualisations 3D de la voie verte et du tracé du CEVA. MIP-HEPIA de développement urbain, offrant tant d’autres à découvrir dans ce territorial (lire page 7). Grâce à ce veloppement de plusieurs recher- ainsi leurs compétences plurielles supplément et sur le site de notre partenariat, nous pouvons accom- ches et études ou encore la publi- au service des villes de demain, et plateforme HES de développe- pagner l’enseignement et la for- cation d’une plaquette conjointe Amélie Jamar La modélisation informatique ser le résultat final de la construc- un environnement et c’est là plus particulièrement de notre ment urbain (hesge.ch/develop- mation continue en proposant des recensant les multiples formations du paysage permet une excel- tion, mais aussi et surtout de gé- qu’intervient le MIP. Le but est de H métropole transfrontalière. pement-urbain). cas d’études grandeur nature, des liées au territoire dispensées tant aute école du pay- lente visualisation du territoire nérer les plans, coupes, éléva- pouvoir visualiser et donner la Cette plateforme HES de «fabri- Avec cette démarche collective ateliers et des masterclasses et à par l’Université de Genève que la sage d’ingénierie et que ce soit pour reconstituer le tions, données techniques néces- même qualité d’informations que de la ville», qui collabore no- et en explorant les différentes l’inverse, inscrire nos projets ur- HES SO Genève. Plus récemment, d’architecture (HE- passé, faire un état des lieux du saires à la construction. Il s’agit pour le territoire que pour la tamment avec le Département du strates du tissu urbain, les six éco- bains dans de la recherche acadé- un appel à projet conjoint HES SO PIA), un midi au mois présent ou pour imaginer le futur. d’une méthode centralisée et col- construction d’un bâtiment. Pas territoire et l’Université de Ge- les de la HES-SO Genève espè- mique. Genève/Office de l’urbanisme a de septembre. Un Cela va de pair avec une évolution laborative de travail réunissant si simple car il faut regrouper une nève, offre des formations et réa- rent contribuer au mieux vivre en- été lancé pour la mise en place auditoire rempli, avec un public dans le monde de l’architecture tous les corps de métiers qui rem- somme de données dormantes lise des mandats de recherche, semble de notre agglomération Cette attention aux domaines de d’un observatoire du territoire, in- non pas constitué majoritairement intitulée le Building information place la somme des plans 2D, des dans des archives et difficilement ainsi que des expertises, dans transfrontalière et de ses habi- l’enseignement semble vous tenir tégrant les questions de paysage d’étudiants mais plutôt de profes- modeling (BIM). De plus en plus coupes, des documents techni- parlantes prises individuelle- quatre domaines différents. Le tants. à cœur. (lire page 9). Propos recueillis par sionnels issus entre autres des do- de grands projets publics sont ques papiers qui constituent jus- ment. Trop longtemps, on a fait de l’urba- Amélie Jamar maines de l’architecture, de l’urba- conçus avec cette technologie. Et qu’à présent les dossiers d’archi- nisme ou de l’architecture du pay- cela arrive à Genève. Il s’agit d’une tectes. Un exemple? sage. représentation géométrique en Et quel est le lien avec la mo- Un projet a été mené avec la Ville S’ils sont présents ce jour-là, 3D du projet architectural. Elle délisation du paysage? Simple- de Genève et plus particulière- c’est pour assister à un Open Lab permet non seulement de visuali- ment, un bâtiment prend vie dans ment le Service des espaces verts Les quatre axes de la plateforme de développement organisé par le Geneva Creativity Center. Le but: présenter le groupe de recherche Modélisation Meinier: une collaboration fructueuse avec le MIP (SEV). Le but: visualiser l’évolu- tion historique des aménage- ments du parc La Grange et sa urbain déployée dans le Grand Genève Informatique du Paysage (MIP) rattaché à l’Institut du Paysage, «En tant que commune, nous avons de grands projets pour lesquels nous devons communiquer avec la population» affirme projection future dans le contexte de l’évolution du territoire. Réali- d’Architecture, de la Construction Coranda Pierrehumbert, adjointe au Maire de Meinier. La révision ser ce type de travail pour les col- vice des villes et de leur gestion. glomération uniquement en ter- ville en intégrant les mutations so- et du Territoire (InPACT) de HE- du plan directeur communal en fait partie. Il s’agit de projeter le lectivités publiques, c’est non Interdisciplinaire, au service Toutes ces prestations s’articu- mes de bâti. Le développement ciétales et professionnelles ame- PIA. À la tête de ce laboratoire, le développement de la commune pour les 15 ans à venir. L’avis des seulement montrer l’évolution des villes, la plateforme lent autour de quatre thèmes urbain, c’est répondre aux défis nées par le numérique est égale- professeur Olivier Donzé. Son ob- habitants compte, c’est pourquoi, la mairie de Meinier a décidé de mais c’est aussi,comme le souli- de développement urbain principaux impliquant les six démocratiques, économiques et ment un autre axe primordial. Et jectif: allier le monde des systè- faire appel au groupe de recherche de Modélisation Informatique gne Olivier Donzé, une aide à la de la HES-SO Genève est hautes écoles et leurs filières: sociaux tels que la croissance enfin, dernier aspect mais non des mes d’informations géographi- du Paysage (MIP). «Le plan directeur, c’est plus de 350 pages, peu décision et à la conception. Il peut carrénée pour l’avenir. cohésion territoriale et partici- des inégalités, la participation moindres, puisqu’il remet l’indi- ques (SIG) et la représentation digestes, avec des fiches, des plans, etc., explique l’adjointe, même aussi s’agir d’un outil de concerta- pation, aménagements et dura- des populations ou les enjeux de vidu au centre, c’est tenir compte graphique en trois dimensions s’il est mis en consultation à la Mairie, peu de personnes vont le tion citoyenne. F ormations, recherches et bilité, numérisation et territoi- mixité. Mais c’est aussi se préoc- des besoins et des fragilités des (3D). regarder. D’où l’idée qui nous est venue de modéliser en 3D les Côté perspectives d’avenir, des prestations de services en res, et enfin design, espaces pu- cuper de la durabilité environne- personnes et favoriser l’appro- Pour Olivier Donzé, «les deux futurs aménagements dans une vidéo courte.» Une façon de projets sont en cours de réflexion partenariat avec les admi- blics et santé. mentale: économie du sol, biodi- priation des espaces publics par disciplines sont complémentaires. susciter l’échange et de rendre accessible des dossiers complexes. pour compiler toutes les données nistrations et les entreprises, la versité urbaine, ou encore effi- les usagers et les habitants. Les systèmes d’informations géo- «Des points intéressants auxquels nous n’avions pas pensé peu- à Genève et réaliser une modélisa- plateforme de développement Répondre aux défis démocrati- cacité énergétique des bâti- Quatre axes qui sont donc graphiques procurent des don- vent être soulevés par les habitants» souligne Coranda Pierrehum- tion du canton dans son ensem- urbain de la HES-SO Genève of- ques, économiques et sociaux ments. complémentaires et permettent nées très structurées concernant bert. Cette présentation en 3D a d’ailleurs reçu un accueil très ble. Un travail colossal mais qui fre un centre de compétences Fini en effet aujourd’hui de pen- S’interroger sur de nouvelles d’approcher sous tous les angles le territoire et servent ensuite à positif. A.J. pourrait être d’une grande aide interdisciplinaire unique au ser- ser le développement de l’ag- façons de construire et de vivre la la ville de demain. A.J. produire des images en 3D.» pour la collectivité publique.
4 HES-SO Genève Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 HES-SO Genève 5 Construire ensemble un futur souhaitable Faire quartier dans Imaginer la ville avec ses habitants une ville en mutation S i les compétences des archi- mettent de développer la participa- tectes et des urbanistes sont tion et favorisent le vivre-ensemble. E n 2050, la région genevoise publié en juin 2018, a permis de essentielles, les enjeux de la C’est aussi l’objectif de Caroline Si- devra vraisemblablement construire les bases d’une vision transformation urbaine imposent mond, qui travaille dans l’une des faire face, à l’instar des mé- de futur souhaitable ainsi qu’une de travailler avec tous ceux qui in- quatre antennes sociales de proxi- tropoles du monde entier, à plu- liste préliminaire de pistes d’ac- terviennent au quotidien dans les mité de la Ville de Genève: «Nous sieurs défis: climatiques, écologi- tions à l’attention des décideurs et quartiers. La formation postgrade soutenons les habitants dans leurs ques, énergétiques, sociétaux et de l’administration publique. CAS «Projets urbains et pouvoir projets, les mettons en lien avec les économiques. Pour répondre à ces «L’idée est de faire émerger au d’agir», portée par la Haute école personnes adéquates, les accom- enjeux, le Conseil d’Etat a lancé en sein de l’administration cantonale de travail social et vingt partenai- pagnons dans les démarches admi- 2017 une démarche de prospec- une attitude prospective qui con- res, vise cette complémentarité de Des habitants écrivent leurs idées nistratives. Rien que d’organiser tive inédite: «Genève 2050». Le siste à systématiquement interro- compétences. Rassembler archi- sur une montgolfière. IRENE GIL LOPEZ une fête de fin d’année fait vivre le but? Renforcer la capacité du Can- ger les conséquences au long tectes, artistes, policiers, tra- quartier, et c’est le début d’une vraie ton à anticiper et à agir dans un cours des actions engagées et des vailleurs sociaux, sur un même pro- à la Ville et la promotion d’une ci- cohésion.» Construire la ville va au- environnement complexe et incer- décisions prises aujourd’hui», jet implique de comprendre le tra- toyenneté inclusive sur le territoire delà de la planification ou de la tain. ajoute Thomas Gauthier. vail de l’autre et d’intégrer des vi- du Grand Genève. Parmi ses pro- construction. Irène Gil Lopez est ar- Pour accompagner cette dé- La poursuite de la démarche de sions différentes pour tirer profit jets, la réalisation prochaine d’un chitecte, et elle a fait évoluer sa pra- marche, l’équipe d’enseignement prospective «Genève 2050» est d’une culture partagée. L’interdis- glossaire, objet commun transfron- tique professionnelle avec le CAS et de recherche en prospective de inscrite dans le programme de lé- ciplinarité s’apprend. talier, dédié aux acteurs (profes- en lui donnant une teinte artistique la Haute école de gestion (HEG) a gislature 2018-2023. Au cours des Après avoir suivi le CAS, Laure sionnels et habitants) pour faciliter qui lui permet de se rapprocher des été mandatée. «La prospective prochains mois, le Conseil d’État Danielian a co-fondé l’association la compréhension mutuelle de part habitants. Le développement d’un consiste, pour une organisation, à souhaite associer d’autres acteurs GENius Loci avec une équipe de et d’autre de la frontière. Des ac- quartier, c’est sur le terrain que cela explorer les transformations pos- comme les communes, les écoles professionnels engagés sur le Droit tions locales, à petite échelle per- se passe. Rachel Mondego sibles dans son environnement et les partenaires du Grand Ge- afin de prendre de meilleures déci- nève autour d’ateliers de travail. La sions», explique Thomas Gauthier, population sera aussi invitée à par- professeur à la HEG et responsa- ble de l’équipe mandatée par le Canton. Il ajoute: «pour Genève ticiper à cette démarche. Une con- sultation et des animations seront organisées dans le courant de l’hi- Créer l’agglomération de demain 2050, nous avons commencé par ver 2019, via une plateforme nu- «I élaborer quatre scénarios de fu- mérique et un espace de concerta- nventer la ville de de- à développer leur créativité, ainsi Tisser des liens, créer un réseau, turs possibles qui explorent les en- tion dédié à la ville de demain et main», c’est l’injonction de qu’une culture partagée sur des travailler ensemble, l’apprentis- jeux politiques, écologiques, éco- aux démarches participatives. l’atelier créagir*, qui pro- enjeux communs. Les collectivités sage par projet enseigne surtout nomiques et sociétaux auxquels Côté formation, une spécialité pose à ses étudiants un apprentis- publiques sont aussi très impli- que rien ne peut être mené seul, il Genève pourrait être confrontée à en prospective au niveau Master, sage par projet pour accompagner quées, et très intéressées par les faut viser la complémentarité des l’avenir.» unique en Suisse, a été lancée en les transformations d’un quartier. idées nouvelles qu’apportent les expertises de chacun. «Il faut aller Pour récolter ces données septembre dernier à la HEG. «De Travaillant en petits groupes inter- étudiants: «Le rôle de créagir* est vers les gens, comprendre les be- l’équipe a effectué une étude sur le plus en plus d’entreprises se sou- disciplinaires, les étudiants élabo- aussi de favoriser des liens avec les soins sur le terrain, et les compé- terrain. «Nous avons mené plus de cient de développer leur capacité rent des projets concrets en ma- administrations publiques, les col- tences des collègues, un projet qui cinquante entretiens avec des ca- à anticiper et à agir dans un envi- tière de développement urbain lectivités, les associations de quar- n’intéresse personne ne verra ja- dres de l’État et des experts exter- ronnement turbulent, explique Un défi de taille pour le quartier de Grosselin: transformer durable, potentiellement réalisa- tier dans l’idée que leurs projets mais le jour. On se projette mieux nes afin de recueillir leurs intui- Thomas Gauthier. Devant les défis cette zone majoritairement industrielle en un espace bles à l’échelle d’un quartier de la soient ancrés dans la réalité du ter- dans la réalité professionnelle. tions, leurs craintes et leurs espoirs que représentent la transforma- résidentiel et fonctionnel. NASSER TAFFERANT région. Grâce aux ateliers prati- rain et puissent aboutir par la suite. Avec notre projet de toits mou- vis-à-vis d’un horizon lointain, tion numérique, les nouveaux mo- ques, aux savoirs et aux compé- Les étudiants continuent souvent vants «Les Halles de Grosselin», on 2050, détaille le professeur. Il dèles d’affaires et l’innovation de tences différentes, les groupes à travailler sur leurs projets au-delà reste motivés, on veut le voir abou- s’agit d’une démarche innovante rupture, il est essentiel de former Une étude initiée fonctionnel en étant composé tiens semi-directifs ont été effec- d’étudiants des six écoles de la de la fin de l’atelier», explique Si- tir» explique Antonio Schuhmann, car elle a été pensée de manière les professionnels de demain, qui d’industries, d’artisans et de socié- tués. «Le but était de favoriser les HES-SO Genève expérimentent mon Gaberell, coordinateur de lauréat avec son groupe du prix transverse afin d’inclure tous les devront sans cesse réinventer par la Haute école de tés de services, expliquent Monica échanges avec les travailleurs lo- l’interdisciplinarité, et sont amenés créagir*. créagir 2018. R.M. départements de l’administration leurs métiers et leurs organisa- travail social repense Battaglini et Nasser Tafferant, res- caux et de récolter leurs représen- cantonale». Le premier rapport, tions». S.J. pectivement professeure HES et tations du futur réaménagement, un quartier entier, adjoint scientifique chargés du ajoute la chargée d’étude. Nous tout en impliquant ses habitants projet. Le défi sera de réaménager cette zone en un espace résiden- tiel, notamment avec la construc- avons aussi arpenté la zone rési- dentielle et observé les animations de quartier impulsées par l’asso- Genève, cité d’architecture et de design tion de 3’700 logements». ciation Forum Grosselin». A Sarah Jelassi Pour effectuer cette recherche, Les résultats de cette étude ef- quoi ressemblera Genève des Hautes écoles de transférer des citoyens un intérêt dans la fa- la HETS a été mandatée par le Dé- fectuée entre janvier et juin 2017 en 2035? C’est la question leurs compétences et de soutenir brication de la ville et de leur impli- I nitiée par la Haute école de partement du territoire (ancienne- seront bientôt disponibles. Des qui sera posée de manière le développement économique et cation.» Le programme 2019 pro- travail social (HETS), la re- ment DALE). «L’objectif est dou- discussions avec le mandant sont récurrente ces prochaines années durable d’une région, explique met une année riche en événe- cherche «Faire quartier dans ble: il s’agit d’explorer le quartier en cours afin d’organiser une au pavillon Sicli. L’association, Yves Leuzinger, directeur d’HEPIA. ments avec l’organisation de con- une ville en mutation» fournit dans sa dimension fonctionnelle et séance d’information sur les con- créée en février 2017, a pour but de Le pavillon Sicli se veut comme ac- férences, d’expositions et d’ateliers une étude en sociologie ur- résidentielle afin de décrire l’ins- clusions de la recherche. Mais le faire rayonner les projets et la re- célérateur d’idées innovantes pour de travail. Début 2019, les archives baine autour du futur réaménage- cription spatiale des processus so- projet ne s’arrête pas là: la HETS cherche dans les domaines de l’ar- la construction de la ville.» d’architecture d’HEPIA seront ment du quartier de Grosselin à ciaux, détaillent Monica Battaglini poursuit sa réflexion dans le cadre chitecture, de la construction, de Mais aussi de sensibiliser les pu- transférées dans le bâtiment et dis- Carouge. Elle s’inscrit dans le ca- et Nasser Tafferant. Mais aussi d’une autre étude. «Nous nous in- l’urbanisme, du paysage et du de- blics aux enjeux urbanistiques et ponibles en consultation publique. dre du projet urbain Praille Acacias d’observer la manière dont les ha- téressons à la requalification d’une sign. territoriaux. «Le design et l’archi- «Notre plus grand souhait serait Vernets (PAV), qui vise à transfor- bitants et les acteurs du territoire zone urbaine et aux représenta- Parmi ses cinq membres fonda- tecture occupent une place cen- que la population du grand Genève mer la zone industrielle en un se projettent dans cette future tions différentielles que les acteurs teurs, la Haute école du paysage, trale dans le champ esthétique s’approprie ce lieu en ayant le ré- quartier mixte. zone d’habitation». impliqués ont de la qualité de vie d’ingénierie et architecture (HE- contemporain, ajoute Jean-Pierre flexe de s’informer sur le dévelop- Au cours des prochains mois, la population sera invitée à participer à Pourquoi avoir choisi Grosselin? Pour ce faire, des observations dans une zone villa », conclut Mo- PIA) et la Haute école d’art et de Greff, directeur de la HEAD. Nous pement urbain et territorial du can- la démarche de prospective «Genève 2050». HEG. «Le quartier est majoritairement sur le terrain ainsi que des entre- nica Battaglini. design (HEAD). «C’est la mission voulions un lieu qui évoque auprès ton», conclut Yves Leuzinger. S.J.
6 HES-SO Genève Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 HES-SO Genève 7 Formation: l’interdisciplinarité au service du territoire D epuis 2014, un cursus en par- diants sont placés en situation con- «C’est un échange, les cantons ou regard frais des groupes de projet, tenariat entre la HES-SO Ge- crète, avec des projets directement les communes romandes qui nous tandis que les étudiants dévelop- nève et de l’université de Ge- utiles aux collectivités. Laurent Mat- proposent des terrains de réflexion pent leurs compétences pratiques nève permet aux étudiants de se they, responsable du MDT, explique: ont accès à des idées nouvelles, au sur le terrain, avec des contraintes spécialiser en développement terri- réelles.» Cette démarche motive les torial dans trois champs: l’urba- étudiants, qui cherchent à élargir nisme, l’architecture du paysage et Témoignage leurs angles de vue, comme leur ré- le développement territorial des seau. Diplômé, Tommaso Piazza ex- Suds. La particularité, c’est son in- plique: «Via ce cursus, approcher les Du diplôme d’horticulteur au doctorat terdisciplinarité et sa pratique de acteurs du monde professionnel est «Dans mon parcours de formation, je privilégie l’équilibre entre terrain. facilité. Comme toute formation, le la pratique professionnelle et les apports théoriques. En effet, Ce Master en Développement MDT n’est qu’un point de départ. Il mes compétences pratiques viennent enrichir mes approches territorial (MDT) est ouvert à une pa- faut pouvoir se projeter dans l’après, réflexives et inversement. Je pense aussi qu’une dimension lette de disciplines – architecture, aller à des conférences, aller plus interdisciplinaire dans les hautes écoles ainsi que dans le monde géographie, sociologie, architecture loin sur les aspects théoriques, gar- professionnel est fondamentale pour répondre aux enjeux de du paysage, histoire, sciences politi- der le contact avec les personnes notre société, notamment dans le contexte du développement urbain». C’est ques, droit, anthropologie, etc. La rencontrées en atelier, échanger pour ces raisons que Hugo Campi s’est naturellement tourné vers le Master en formation prépare au monde pro- avec d’autres disciplines. En somme, Développement territorial : après un diplôme d’horticulteur, puis un Bachelor fessionnel en favorisant l’interdisci- construire son projet professionnel d’ingénieur en Architecture du paysage à HEPIA, le MDT lui a permis d’intégrer plinarité: le but n’est pas de transfor- à partir de la formation académi- des outils de réflexion critique et de s’ouvrir à d’autres domaines de compétence. mer un géographe en un architecte, que». Il a rapidement intégré le mar- Il poursuit sur cette voie en étant candidat au doctorat en Sciences de la société, mais bien de renforcer la culture du ché du travail, et est aujourd’hui mention Aménagement et urbanisme, parallèlement à son activité d’architecte dialogue entre les disciplines au tra- géographe-urbaniste au sein de bu- paysagiste et d’urbaniste. Propos recueillis par Rachel Mondego vers d’ateliers de projets. Les étu- reau Urbaplan. R.M. Quartier Etoile à Annemasse, un des sept quartiers pilotes qui sera rénové sous l’angle du développement durable. DEVILLERS & ASSOCIÉS Une alliance franco-suisse La Haute école de musique enchantera le quartier des Nations en 2022 pour rénover nos quartiers U ne Cité de la musique au cœur des Nations. En 2022, la Genève internationale, verra son quartier aujourd’hui prin- mise en place permettra d’amener des publics éclectiques. Des liens seront tissés avec les quartiers pro- ches des Nations, ce qui permettra liens avec les institutions culturel- les du cœur de Genève. Ses différents départements ont en effet tissé des liens dans la apprentissage pour les étudiants. Changer de lieu, d’architecture im- plique une modification fonda- mentale du comportement artisti- cipalement fait de bureaux et de de faire vivre cet endroit aussi en ville à l’image du département Vo- que et une capacité d’adaptation, Initié par HEPIA teur du projet. Pourtant, la majorité quartier possède peu de parkings Experts hors frontières quelques lieux académiques tels dehors des horaires de bureau. cal. Des collaborations avec le d’adéquation et de compréhen- de la population vit dans d’ancien- souterrains. L’emprise des véhicu- que l’Institut de hautes études in- Est-ce pour autant que la musi- Grand Théâtre bien sûr, mais aussi sion». Des capacités essentielles à à Genève, le projet nes constructions, qui mériteraient les en surface est problématique, Interreg promeut la coopération ternationales et du développe- que à Genève va voir son centre se des alliances plus surprenantes acquérir pour ces futurs chanteurs. REQUEST vise des rénovations sur le plan énergé- détaille Annick Hmidan. Une solu- entre les régions dans le do- ment (IHEID), ou encore le campus déplacer sur la rive droite? Certai- avec, par exemple, le théâtre du Faire converger deux milieux tique et architectural afin d’amélio- tion serait de libérer la voirie en maine du développement urbain. Biotech devenir aussi un lieu cultu- nement pas. La Cité de la musique Galpon. Cela a notamment donné artistiques différents est égale- à réhabiliter rer les conditions de vie de leurs construisant un silo à véhicules, les Le projet REQUEST s’appuie sur rel important. En effet, l’arrivée du sera complémentaire au centre naissance en 2017 à une version ment bénéfique pour le public. Les les quartiers urbains habitants». espaces ainsi rendus libres pour- une équipe d’experts pluridisci- bâtiment construit par l’architecte historique culturel genevois autour revisitée et moderne de la comédie habitués du Galpon et des con- existants vers Face à ce constat, l’équipe a mis raient être réappropriés par les ha- plinaire et transfrontalière qui genevois Pierre-Alain Dupraz et de la Place de Neuve. Et bien que musicale Kiss me Kate de Cole Por- certs de la HEM se rencontrent et en place une cellule d’aide à la pla- bitants». Pour Annemasse, le pro- collaborent sur l’ensemble des son confrère portugais Gonçalo ce nouveau bâtiment offrira de ter. Pour Marcin Habela, responsa- découvrent des univers et des lieux le développement nification autour de l’évaluation, le jet porte sur l’intégration de nou- quartiers pilotes selon leur Byrne accueillera non seulement la multiples et nouvelles possibilités ble du département vocal «ce type auxquels ils sont moins familiers. durable suivi et la valorisation dans le cadre velles constructions autour du domaine d’expertise: l’agence Haute école de musique (HEM) pour la Haute école de musique de collaboration provoque une Toujours dans ce même esprit, de sept «quartiers pilotes» en quartier de la future Gare Léman d’urbanisme de l’agglomération mais aussi l’Orchestre de suisse ro- avec des salles de concert d’une rencontre encore peu habituelle d’autres collaborations avec les Sarah Jelassi France et Suisse. Du côté du Grand Express, dans le cadre du projet de Besançon, l’Institut national mande (OSR). Quelle influence haute qualité, elle continuera entre le milieu du théâtre et le HUG, des EMS, la cité Bleue ou en- Genève, la cellule s’est penchée sur d’urbanisme Etoile. «Il s’agit de dé- d’énergie solaire en Savoie, la cela aura-t-il sur le quartier ? Il est comme elle le fait déjà aujourd’hui monde lyrique. Sortir des salles dé- core le temple Saint-Gervais sont R énover les quartiers les cas d’Onex-Cité et Etoile Anne- finir les services et infrastructures Maison d’économie et du encore tôt pour le dire, mais ce qui son ancrage dans le canton et ses diées à ce dernier est un véritable mises en place. Du côté du dépar- suisses et français sous masse. «Nous analysons ces quar- nécessaires au développement, développement à Annemasse, la est certain c’est que ce lieu de cul- tement Musique et mouvement, l’angle du développe- tiers et proposons notre expertise comme les logements étudiants, Haute école du paysage, ture et de pédagogie, sera aussi un même dynamique avec des liens ment durable. C’est la dans plusieurs domaines: urba- les animations culturelles ou les ac- d’ingénierie et d’architecture de lieu de vie destiné à toutes et tous. avec le Musée d’art et d’histoire mission innovante que nisme, rénovation énergétique, tivités économiques de proximité, Genève, l’Institut des Hautes «Le bâtiment devra être investi par (MAH) et le Musée d’ethnographie s’est donné le projet «REQUEST», gouvernance participative ou mo- précise Gilles Desthieux. Et de ré- Etudes en Administration le public, il sera notamment ouvert de Genève (MEG). Un projet avec lancé en 2016 par une équipe inter- bilité, explique Annick Hmidan, fléchir à la manière dont ces nou- Publique de l’Université de aux milieux associatifs musicaux ce dernier aura lieu pour la pro- disciplinaire et transfrontalière membre du projet. Puis, nous éta- velles constructions contribuent à Lausanne, l’Association Ecoparc de Genève» affirme Xavier Bouvier, chaine grande exposition tempo- dans le cadre du programme euro- blissons une liste de recommanda- la transition énergétique et la dura- pour le développement durable chargé de mission pour ce projet et raire en 2019, «un travail stimulant péen Interreg. Porteur du projet tions afin d’améliorer ces aspects». bilité des quartiers environnants à Neuchâtel et le Centre de coordinateur de la filière Ethnomu- lors duquel les étudiants ont dû pour la Suisse, la Haute école du Le rapport est ensuite envoyé aux existants.» Ressources Energétiques et sicologie à la HEM. tenir compte du contexte culturel paysage, d’ingénierie et d’architec- collectivités publiques, qui se char- Si le projet se termine à la fin de Municipales à Martigny. Le projet Le territoire genevois devrait et de l’architecture du lieu pour ture de Genève (HEPIA), souligne gent de déclencher ces initiatives l’année, l’équipe souhaite apporter de réhabilitation s’est concentré donc voir des publics divers et va- leur création» explique Sylvie Mor- la nécessité de rénover les quar- de réhabilitation si elles le souhai- son expertise sur d’autres projets sur sept quartiers pilotes dans les riés converger vers le quartier des genegg, responsable du départe- tiers déjà existants. «La notion de tent. de réhabilitation. «Il reste beau- communes suivantes: Onex Cité, Nations. Non seulement, son em- ment Musique et mouvement. La quartier durable renvoie souvent Pour les experts, Onex-Cité né- coup de travail à faire en matière de Besançon, Maîche, le Locle, placement permettra d’atteindre présence dans la ville de la HEM et aux nouveaux bâtiments, explique cessite une rénovation énergéti- développement durable et de tran- Montreux, Le Mont-sur-Lau- plus facilement la Genève interna- sa façon de la façonner culturelle- Gilles Desthieux, professeur en pla- que et architecturale, tout en redy- sition énergétique dans le Grand sanne et Annemasse Etoile. S.J. tionale, mais les concerts et la mé- Une vue de la future Cité de la musique. ment n’est pas prête de s’arrêter. nification énergétique et coordina- namisant les espaces publics. «Le Genève», conclut Gilles Desthieux. diation envers le public qui sera PROJET DE PIERRE -ALAIN DUPRAZ ET GONÇALO BYRNE. Amélie Jamar
8 HES-SO Genève Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 Tribune de Genève | Jeudi 13 décembre 2018 HES-SO Genève 9 Permettre aux seniors Renouveler la ville depuis l’intérieur Appel à projets au bénéfice du Grand Genève de garder leur autonomie P ilotée par la Haute école d’art et de design, l’étude «Renouveler la ville» part du constat qu’il existe une relation en- meubles de logements issus des trois grandes périodes du déve- loppement urbain à Genève. «Le but est d’identifier trois logements U n appel à projets inédit a été lancé par la HES-SO Genève en partenariat avec l’office de l’urbanisme de la non pas en silo mais en parta- geant les connaissances des diffé- rents domaines. Développer l’ag- glomération doit se penser de tre la forme de l’habitat et les mo- considérés comme exemplaires, République et Canton de Genève. manière globale, en incluant l’ur- Une étude en cours nerf de la guerre reste l’aspect finan- des de vie d’une société donnée. ajoute Line Fontana. Pour ensuite 3 à 5 recherches d’une durée de 2 banisme, le social, ou encore la cier de ces aménagements. «Avec ce projet, nous souhaitons développer des scénarios pros- ans seront sélectionnées en dé- culture. Autre critère important montre qu’il est L’équipe de recherche a pour but de révéler les potentielles adapta- pectifs visant à les adapter aux cembre. Elles seront financées en pour ces projets: le lien avec le possible de maintenir trouver des solutions à moindre tions et mutations des logements modes de vie conviviaux et mixtes, partie par les initiateurs de l’appel terrain, qui se trouve dans l’ADN coût, en respectant les moyens de genevois aux évolutions des mo- fondés sur des principes de solida- à projet et en partie par des fonds des Hautes écoles spécialisées. les personnes âgées chacun, et elle y arrive… des de vie de la société suisse, ex- rité, d’hospitalité et de partage.» tiers amenés par les porteurs de la L’équipe de recherche doit être à domicile grâce plique Line Fontana, professeure L’étude réunit plusieurs disci- recherche. composée d’un ou plusieurs par- à des aménagements Des premiers résultats positifs d’architecture d’intérieur chargée plines comme le design, la philoso- Le but: accroître les liens entre tenaires non académiques basés Les premiers résultats de cette re- de l’étude. Et de proposer des phie et l’ingénierie, et collabore les différentes hautes écoles ge- sur le territoire du Grand Genève. adaptés cherche sont encourageants. Non perspectives de renouvellement notamment avec le laboratoire de nevoises et l’agglomération L’étude doit produire, en outre, seulement, les personnes retrou- de la ville depuis l’intérieur du lo- sociologie urbaine de l’EPFL. «La franco - valdo - genevoise par le des résultats visibles dans cette Amélie Jamar vent une autonomie mais la pers- gement, en l’adaptant aux nouvel- recherche se terminera en sep- soutien à des projets de recherche agglomération et valorisables pective de rester chez eux leur les formes de relations qu’entre- tembre 2019 et se soldera par une interdisciplinaires. En mettant auprès de la communauté scienti- E n 2045, la population donne un certain entrain et une en- tient l’individu avec son environ- exposition, conclut Line Fontana. cette notion d’interdisciplinarité fique et des milieux profession- des plus de 80 ans aura vie d’entreprendre. nement social, économique et cul- L’objectif est de présenter nos ré- comme obligatoire pour les pro- nels. Elle doit aussi permettre de doublé par rapport à Le rapport final sera déposé en turel». sultats à un large public et de dé- jets soumis, cela donne un signal mettr en avant les compétences 2015 selon l’Office fédé- 2020. Mais concrètement quelles Pour ce faire, les chercheurs ont clencher un débat autour de la fort dans la volonté de travailler métiers, d’être en lien avec les réa- ral de la statistique. L’es- seront les mesures mises en place? analysé un échantillon de 150 im- question.» Sarah Jelassi sur la question du développement lités professionnelles. A.J. pérance de vie a augmenté de près Un bandeau lumineux permet de prévenir les chutes au moment de «Il est encore trop tôt pour le dire, de 20 ans depuis les années 70. se lever du lit. LUCIEN FORTUNATI mais il s’agira sans doute d’un outil le C’est une bonne nouvelle mais der- plus convivial possible pour orienter rière ce vieillissement de la popula- tion se cache la question de la qua- lité de vie pour les personnes encore leur motivation de bouger?» Cette recherche est soutenue par la Fondation Leenaards et par la rend sur place, on doit avoir un œil critique par rapport à la production architecturale en fonction des usa- les personnes âgées dans les amé- nagements à apporter à leur loge- ment» déclare Frédéric Wüest. Répondre aux enjeux d’une planète en mutation âgées. Trois professeurs de la HES-SO Genève. Concrètement, ce ges. On pourrait apparenter cela à Cette recherche permet aussi sur- S’ HES-SO Genève, Lara Allet, Cathe- sont 15 cas d’aménagement qui sont de l’architecture de l’urgence, si l’on tout d’impulser une prise de cons- entretenir avec des ex- rine Ludwig et Fréderic Wüest, se étudiés: 5 dans chaque canton: Ge- n’opère pas rapidement les change- cience de la nécessaire prise en p e r t s d a n s to u s l e s sont penchés sur la question. nève, Vaud et Valais. Le travail a ments, la personne perdra son auto- charge de la part de tous les acteurs champs touchés par les Une énième étude théorique sur commencé en 2017 à Genève. Une nomie». Les aménagements propo- y compris politiques de cette ques- transformations environnementa- le sujet? Pas vraiment. L’approche se fois les volontaires trouvés, l’équipe sés sont personnalisés en fonction tion du maintien à domicile des per- les, voilà un objectif ambitieux. Le veut non seulement plus pratique de recherche analyse leurs loge- des besoins, du plus simple au plus sonnes âgées. Pour Lara Allet, «tout projet de recherche TAAG, pour que théorique, mais aussi et surtout ments et évalue la qualité de vie complexe. «Placer un détecteur de le monde est conscient de la problé- The Anthropocene Atlas of Ge- interdisciplinaire. Lara Allet et Ca- ainsi que les difficultés rencontrées mouvement pour éclairer un couloir matique, mais personne ne se sent neva, constitue un atlas genevois therine Ludwig sont respective- au quotidien liées à la perte d’auto- la nuit est un dispositif simple qui vraiment responsable. L’aide à do- de l’anthropocène. ment professeure en physiothérapie nomie. Dans cette réflexion, les pro- diminue le risque de chutes de 50%» micile, peut être facturée à la caisse- Ce dernier terme est utilisé et en soins infirmiers à la Haute école ches aidants, les aides à domicile, ou explique Lara Allet. D’autres aména- maladie, mais pas l’adaptation du pour désigner l’ère des sociétés de santé (HEdS), Fréderic Wüest, tout autre professionnel de la santé gements vont de la surélévation logement alors qu’elle a un impact humaines et son impact sur la pla- professeur récemment retraité de la gravitant autour de la personne sont d’un frigo, à la création d’une rampe important sur la santé.» La question nète comme par exemple les Haute école du paysage, d’ingénie- également inclus. Côté analyse du pour entrer avec un déambulateur va devoir être abordée si l’on sait changements climatiques, la ré- rie et d’architecture (HEPIA). Elles logement «ce n’est pas un travail dans une maison, en passant par que dans quelques années, il n’y duction de la biodiversité animale s’intéressaient au risque de chute et d’architecte classique», précise Fré- l’aménagement d’une salle de bain aura pas de places pour tout le et végétale, les pollutions, etc. au retour des personnes à domicile déric Wüest, «lorsque que l’on se ou une suppression d’un seuil. Le monde dans les EMS. La dimension est négative, après leur rééducation en milieu mais les acteurs ne sont pas défai- hospitalier, lui à l’architecture pour tistes pour autant. La conscience personnes âgées. Leurs intérêts se Une expérience qui peut changer une vie collective est celle qui fera avan- sont donc naturellement croisés. Laetitia Ritzuto fête ses 87 ans ce mois-ci. Pianiste et ancienne directrice d’une cer les choses. Issus du domaine école de musique à Genève, elle s’est portée avec enthousiasme candidate pour la de l’art et de la philosophie, les 15 études de cas recherche. «Je savais depuis quelques années que je devais faire des aménage- chercheurs de TAAG question- «Nous avons commencé par de- ments chez moi, mais j’ignorais vers qui me tourner. Je regardais des solutions nent la façon qu’ont les gens de mander à nos étudiants respectifs dans des grandes enseignes, mais cela me semblait compliqué» explique-t-elle. Et répondre à ces évolutions dans de se pencher sur le thème de l’amé- puis est arrivée la chute et le séjour à l’hôpital qui s’en est suivi. Elle observe alors leur pratique professionnelle, et nagement du logement pour les les salles de bain en milieu hospitalier et de retour chez elle, contacte un profes- comment ces savoirs se tradui- personnes âgées» explique Lara Al- sionnel des aménagements sanitaires pour les personnes à mobilité réduite. Il lui sent dans leur vie quotidienne. let. «Nous avons ensuite décidé de laisse alors le flyer relatif à la recherche d’HEPIA et de la HEdS. Et là, c’est le déclic! Un climatologue, une militante faire cette recherche pour mesurer Elle rencontre l’équipe et depuis lors ce n’est pas que la salle de bain qui été écologiste, un paysan qui ouvre l’impact des aménagements effec- aménagée… Électrification des stores, seuil raboté, surélévation de frigo, sécurisation de l’électricité, un supermarché participatif… tou- tués sur la qualité de vie. Nous vou- juda digital dernier cri, bref, une somme de petites améliorations qui lui rendent la vie plus facile et lui tes ces personnes vivent et réflé- TAAG recense les pratiques locales en réponse aux enjeux des transformations climatiques. HEAD – GENÈVE/TAAG lions savoir s’ils garantissent vrai- redonnent le sentiment de sécurité «Au quotidien, je sens des améliorations, même physiquement, j’ai chissent sur notre époque avec un ment l’autonomie des personnes.» plus d’énergie, je suis de bonne humeur, j’ai changé mes fauteuils, fait de la place dans ma bibliothèque. angle différent, mais tous ces sa- transforme, intègre les enjeux en- notre monde de paradoxes. Un comprendre les relations qui dé- continue-t-elle avant d’ajouter «l’en- Des choses pour lesquelles je ne trouvais pas l’énergie avant, explique-t-elle le sourire aux lèvres. Avant voirs forment un tout. Libre à cha- vironnementaux dans sa planifi- exemple parmi d’autres : Genève passent l’échelle locale. Le pre- trée en EMS représente bien sou- d’ajouter, en tant que personne âgée, dire que l’on a besoin de quelque chose est perçu comme un cun de se frayer un chemin parmi cation urbaine, et les initiatives ci- bénéficie largement des impôts mier pas est la constitution de ces vent un déracinement. Les gens sa- aveu de dépendance. Ce qu’il faut faire, c’est prendre les choses en mains et les contrôler.» Elle espère les entretiens réalisés et disponi- toyennes se multiplient: la partici- du négoce des matières premiè- savoirs locaux en une plateforme vent que c’est la dernière étape de avant tout que les résultats de cette recherche rendront service à d’autres personnes. A.J. bles sur le site internet du projet. pation est le maître mot. Cepen- res. Des articulations complexes libre d’accès: head.hesge.ch/taag. leur vie. Une fois là-bas, quelle est La région du Grand Genève se dant, les chercheurs se heurtent à sont à prendre en compte pour Rachel Mondego
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