FAPE 2021 HAZ'ART Dossier Ressources - Béatrice Audino CPD Arts Visuels - Pédagogie de l ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
SOMMAIRE QUELQUES CITATIONS ............................................................................................................. 4 INTRODUCTION ....................................................................................................................... 5 AUTOUR DU MOT..................................................................................................................... 6 EN FAMILLE ...................................................................................................................... 6 EN LIEN ............................................................................................................................ 6 ANTONYMES .................................................................................................................... 6 EXPRESSIONS ................................................................................................................... 6 ETYMOLOGIE .................................................................................................................... 6 DÉFINITIONS ............................................................................................................................7 LE CONCEPT DE SERENDIPITÉ ................................................................................................... 8 DÉFINITION GÉNÉRALE ..................................................................................................... 8 LES TYPES DE SÉRENPIDITÉ .............................................................................................. 8 LA SERENDIPITÉ EN ART ................................................................................................... 8 LA CONNAISSANCE.................................................................................................................. 9 LE HASARD DANS L’ART CONTEMPORAIN ......................................................................... 9 LE DADAÏSME ................................................................................................................... 9 LE SURREALISME ............................................................................................................. 11 L’ ART INFORMEL à partir de 1945 ..................................................................................... 12 ACTION PAINTING............................................................................................................ 13 LE TACHISME ................................................................................................................... 14 L’ART ALEATOIRE DE JOHN CAGE ..................................................................................... 15 L’ART GÉNÉRATIF ............................................................................................................ 16 EXEMPLES DE HASARD DANS DES ŒUVRES PLASTIQUES ............................................... 17 LE HASARD EN PHOTOGRAHIE ......................................................................................... 18 LA RENCONTRE ...................................................................................................................... 20 VISITE VIRTUELLE DE L’EXPOSITION SOULAGES. ............................................................. 20 AU MAMAC ...................................................................................................................... 20 OUVRIR LES YEUX AU QUOTIDIEN ................................................................................... 21 Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 2
DES PISTES POUR UNE MISE EN RESEAU ................................................................................... 22 PRODUCTION ORALE ET ÉCRITE : IMPROVISATION NARRATIVE ........................................ 22 ORALITÉ : IMPROVISATION THÉÂTRALE. .......................................................................... 23 MUSIQUE ......................................................................................................................... 24 LA DANSE ........................................................................................................................ 24 LES CONSTITUANTS PLASTIQUES ............................................................................................ 25 LES NOTIONS .................................................................................................................. 25 LES VARIABLES ................................................................................................................ 26 LES OPÉRATIONS PLASTIQUES ........................................................................................ 28 SEQUENCE de PRATIQUES ARTISTIQUES ..................................................................................29 CONCEVOIR UNE SÉQUENCE AUTOUR DU HASARD .......................................................... 29 PROGRAMMER UN APPORT DE CONNAISSANCE .............................................................. 30 LA BOÎTE À IDÉES ................................................................................................................... 31 SOURCES ET RECHERCHES ...................................................................................................... 34 Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 3
QUELQUES CITATIONS Le hasard est le chemin qu’emprunte Dieu quand il veut rester anonyme. Albert Einstein Lorsque ma peinture devient bonne, je sens toujours atrocement une grande part de hasard, comme un vertige, une chance. Nicolas De Stael Le hasard bavarde et le génie écoute. Victor Hugo "Commencer un tableau est une aventure dont on ne sait où elle vous conduira. L’intérêt pour l’artiste serait faible s’il le savait par avance. L’artiste est attelé avec le hasard(...) Il tire à hue et à dia, cependant qu’il dirige comme il peut, mais avec souplesse, s’employant à tirer parti de tout le fortuit à mesure qu’il se présente. » Jean Dubuffet "Pour moi, un tableau n’est jamais une fin ni un aboutissement, mais plutôt un heureux hasard et une expérience." Pablo Picasso "La peinture est pour moi comme un accident. Je la conçois, mais je n’arrive presque jamais à ce que j’avais prévu. Elle se transforme elle-même. En fait, je sais rarement ce que sera la toile et beaucoup de choses se produisent par accident, parce que cela devient un procédé de savoir quel élément de l’accident je vais choisir de préserver." Francis Bacon "Les dessins qui m’intéressent le plus sont faits les yeux fermés. Les yeux fermés, je sens ma main glisser sur le papier. J’ai une image en tête mais les résultats me surprennent." Willem De Kooning "Toi peintre (...) regarde tes palettes et tes chiffons, les clefs que tu cherches y sont." Jean Dubuffet "Combien de fois, au moment de mettre du bleu, j’ai constaté que j’en manquais. Alors, j’ai pris du rouge et je l’ai mis à la place du bleu. Vanité des choses de l’esprit." Pablo Picasso Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 4
INTRODUCTION Le Festival d’Arts Plastiques Enfants est un projet départemental proposé par la DSDEN et certaines municipalités des Alpes Maritimes. Le FAPE s’inscrit dans le Parcours d’Éducation Artistique et Culturelle permettant ainsi aux élèves d’avoir une expérience esthétique, artistique, culturelle et réflexive. Ce document propose un accompagnement des enseignants inscrits au projet fédérateur en Arts Plastiques FAPE 2021, avec pour thème Haz’Art Ce projet ne prendra toute son ampleur, tout son intérêt que si les trois piliers de l’Éducation Artistique et Culturelle y sont explorés : La rencontre sensible d’œuvres d’art La connaissance de quelques jalons en Histoire des Arts La production plastique en peinture, photographie, sculpture, installation, maquette… Des dimensions pluridisciplinaires sont à explorer au fil de l’année : Dimension langagière : étymologie, vocabulaire, expressions, poèmes… Dimension graphique : couleurs, matières, supports, aspects visuels… Dimension historique : l’évolution de l’art, les artistes, les différences culturelles… Dimension artistique : arts du visuels, arts du son, arts de l’espace, arts du spectacle vivant… Bien que développant une approche culturelle, historique et pédagogique dans le domaine des Arts Visuels, ce document ouvre de nombreuses pistes dans d’autres domaines des programmes de l’école. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 5
AUTOUR DU MOT EN FAMILLE HASARDER HASARDEUR HASARDEUX REHASARDER EN LIEN ACCIDENT EVENTUALITE COÏNCIDENCE DEVEINE INCERTITUDE OCCURRENCE SORT ALEA AVENTURE CONJONCTURE DESTIN INDETERMINATION PERIL TEMPS TOMBOLA PIEGE LOTERIE DESTINEE CONTINGENCE CAS ETOILE AUBAINE CHANCE COUP FORTUNE MALCHANCE RENCONTRE TRIBULATION EVENEMENT CIRCONSTANCE DANGER IMPREVU OCCASION RISQUE VEINE FORTUIT IMPREVISIBILITE IMPREDICTIBILITE PROVIDENCE SÉRENDIPITÉ ANTONYMES AUTOMATISME CALCUL DETERMINISME FINALITÉ GUIGNE MÉTHODE NÉCESSITÉ EXPRESSIONS A TOUT HASARD AU HASARD COMME PAR HASARD CORRIGER LE HASARD. FRUIT DU HASARD. HASARD DU CALENDRIER JEU DE HASARD ETYMOLOGIE On attribue l'origine du mot hasard à l'arabe « az-zahr, » اﻟزھرsignifiant à l'origine « dés » et ayant pris la signification de « chance », car il désigna jusqu'au XIIe siècle un jeu de dés mais aussi par métaphore tous les domaines relevant de la « science de la Chance » (Averroès) Cependant, le CNRTL signale que le terme « al- zahr » dans le sens de « dé à jouer » est relativement moderne et propose l'étymologie « yasara » (« jouer aux dés ») dont l'existence est attestée en arabe classique4. Le mot se charge de nouvelles significations, et notamment de celle de « danger ». Déjà perceptible dans le mot « hasardeux », ce nouveau sens est devenu le noyau sémantique de l'anglais « hazard » Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 6
DÉFINITIONS Sens 1 Sorte de jeu de dés (sens propre et ancien, aujourd'hui inusité) : À quelques jeux de dés, les hasards, certains points fixes qui sont toujours favorables à celui qui tient le dé. Fig. Corriger le hasard, tricher au jeu. Sens 2 Par extension du sens de jeu de dés aux chances de la vie. Événement non lié à une cause, imprévu. Coup de hasard, événement tout à fait fortuit. Quel heureux hasard vous amène ici ? phrase qui se dit à quelqu'un qu'on n’ attendait pas. Sens 3 Le hasard, l'ensemble des événements non liés à des causes, par opposition au destin, qui est l'ensemble des événements prédestinés. Sens 4 Marchandise de hasard, marchandise qui n'est pas de première main, et qu'on trouve à acheter ou à vendre d'occasion. Sens 5 Risque. Courir hasard, être en péril. Mettre au hasard, mettre en hasard, faire courir péril. Poétiquement, et dans le style relevé, les hasards, les périls, comme ceux des combats. Sens 6 Au hasard. À l'aventure, sans réflexion, inconsidérément. Au hasard de, au risque de. Au hasard de la fourchette, se dit de certaines cuisines en plein vent, où, pour un prix, on piquait au fond d'une marmite ce qui se trouvait sous la fourchette. Fig. et trivialement. Au hasard de la fourchette, advienne que pourra. Sens 7 Par hasard, de hasard, loc. adv. Fortuitement. Sens 8 À tout hasard, loc. adv. À tout événement, quoi qu'il puisse arriver. Dire quelque chose au hasard, à tout hasard, le dire sans être sûr de la vérité de ce qu'on dit ou sans y attacher de l'importance. Jeter des propos au hasard, à tout hasard, mettre des propos en avant pour voir comment ils seront reçus. Il faut donner, ou il faut laisser quelque chose au hasard, c'est-à-dire on ne peut tout prévoir. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 7
LE CONCEPT DE SERENDIPITÉ DÉFINITION GÉNÉRALE La sérendipité est, au sens strict original, la conjonction du hasard heureux qui permet au chercheur de faire une découverte inattendue d'importance ou d'intérêt supérieurs à l'objet de sa recherche initiale, et de l'aptitude de ce même chercheur à saisir et à exploiter cette « chance ». Il s'agit toutefois d'une notion polysémique dont le sens varie selon la période, le contexte et la langue utilisés. Ainsi, en 2014, une définition plus générale en a été donnée en langue française par Sylvie Catellin, chercheuse en sciences de l'information et de la communication : « l'art de découvrir ou d'inventer en prêtant attention à ce qui surprend et en imaginant une interprétation pertinente. LES TYPES DE SÉRENPIDITÉ 1. Trouver (découvrir, inventer) par hasard, par chance ou par accident, autre chose et, parfois tout autre chose, et même, parfois, le contraire de ce que l'on cherchait (et de trouver en l'état) ; et de se rendre compte de son intérêt et de son importance. Ceci se produit souvent à la suite d'une erreur, ou d'une maladresse ou d'un dysfonctionnement. 2. Trouver (découvrir, inventer) quelque chose que l'on cherchait (objet, solution, etc.) mais, à la suite d'un accident plus ou moins malheureux ou d'une erreur, par un moyen imprévu ; et de s'en rendre compte. 3. Découvrir par hasard, par accident, par chance ou par malchance, une application imprévue à quelque chose, une autre application que celle à laquelle on pensait ; et de s'en rendre compte. 4. Trouver par accident, hasard ou chance l'idée d'une innovation. Ceci se produit à la suite d'une transposition. La sérendipité n'est pas livrée en l'état mais nécessite une opération cognitive : sagacité, imagination, etc. LA SERENDIPITÉ EN ART Des artistes trouvent par hasard au sein de leur expérience perceptive une solution à un problème de réalisation artistique en un moment imprévu, en un lieu inattendu, à la suite d’un temps devenu vacant par un retard ou une circonstance involontaires. Ils saisissent une sollicitation imprévue pour l’intégrer à leur démarche artistique. Ainsi un retard, une attente imprévus peuvent donner l’occasion d’une observation, d’une prise de conscience qui détermine, oriente, façonne l’intention artistique. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 8
LA CONNAISSANCE LE HASARD DANS L’ART CONTEMPORAIN L'expression "art contemporain", comme on l'entend aujourd'hui, est utilisée pour désigner les pratiques esthétiques et les réalisations d'artistes revendiquant l'avant-gardisme et une transgression des frontières des arts telle que le conçoivent l'art moderne et l'art classique. L'art contemporain a donc ouvert ses portes aux effets de l'aléa. Théoriquement l'art et le hasard sont incompatibles et contradictoires, cependant on pourrait qualifié le hasard dans l'art contemporain comme étant une introduction "volontaire" d'effets "involontaires". On peut donc en conclure que le hasard dans l'art contemporain est en fait un accident qui se révèle stimulateur de la créativité. Il est aussi dit que ce sont les artistes ayant la volonté de se détacher de tout élément rationnel qui se sont mis à introduire volontairement les effets du hasard dans l'art. LE DADAÏSME Vidéo : https://video.link/w/nX0kb Le célèbre mouvement intellectuel connu sous le nom de Dadaïsme, traite différents domaines tels que la littérature mais aussi l’artistique. Le dadaïsme apparait lors de la 1ère guerre mondiale, et les fondateurs sont tout simplement un groupe d'artistes anticonformistes reconnus. C'est un mouvement qui vise à changer la conception traditionnelle de l'art grâce à la provocation et à la dérision. « Plus d’inspiration, d’intention créatrice, d’esquisse préparatoire et de plan, le hasard devient la source même de la création. » En recourant consciemment au hasard, en l’invitant dans l’acte créatif, l’artiste cherche une forme de détachement, de non maîtrise et de spontanéité vis à vis du résultat. Le hasard devient alors l’outil qui va permettre la réalisation de la critique radicale qu’envisage le Dadaïsme, permettant le rejet de la rationalité, qui par son application industrielle a doté l’humanité d’un pouvoir de destruction dont toute l’horreur s’est manifestée dans la guerre de 1914- 1918. Le hasard est alors érigé en premier principe d’un anti-art, ou bien alors d’art de l’absurde et du non-sens. Du côté littéraire le Dadaïsme réunit de nombreux écrivains engagés dans le mouvement tel que Louis Aragon (1897-1982), André Breton (1896- 1952), Paul Éluard (1895-1952) ou encore Philippe Soupault (1897-1990) Le mouvement Dada se différencie surtout par un recours systématique au hasard dans ses productions, il est le véritable pionnier de l’expérience de l’aléa dans l’art en l’érigeant en tant que critère de composition. Tristan Tzara, est un donc lui aussi un créateur du hasard dans le Dadaïsme. En effet il compose des poèmes en prenant au hasard des mots découpés dans un article de journal. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 9
En voici la recette : « Pour faire un poème dadaïste prenez un journal, prenez des ciseaux, choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème. Découpez l'article. Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac. Agitez doucement. Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre dans l'ordre où elles ont quitté le sac. Copiez consciencieusement. Le poème vous ressemblera. Et vous voici un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore qu'incomprise du vulgaire » . Tristan Tzara. Cette recette est appliquée par exemple par André Breton dans le poème « Relève » ci-contre. L’intrusion du hasard dans la réalisation d’une œuvre est au cœur de l’esthétique dadaïste. « Il nous faut des œuvres fortes, droites, précises et à jamais incomprises », clame Tzara dans son Manifeste, soulignant le sens nouveau et la liberté de l’acte créateur. Si Tzara compose des poèmes en prenant au hasard les mots découpés d’un article, Jean Arp compose des tableaux sur le même principe Rectangles selon les lois du hasard, 1916 Collage de papier sur carton jauni sur Pavatex, 25,30 x 12,50 cm Kunstsmusem Basel, Kupferstichkabinett Schenkung Marguerite Arp-Hagenbach 1968 © Adagp, Paris Seul ou en collaboration avec d’autres artistes, selon le principe de l’impersonnalité du geste créateur cher aux dadaïstes, Arp va réaliser, dans les années 1916-17, une série de collages où la composition et l’emplacement des formes sont laissés au rôle du hasard. Ainsi dans Rectangles selon les lois du hasard, chaque morceau de papier déchiré est tiré au sort et placé au hasard dans la surface rectangulaire. Les formes géométriques - carrés et rectangles - se chevauchent et semblent tenir ensemble selon l’équilibre précaire d’un château de cartes que seule la colle empêche de tomber. La palette sobre des papiers collés semble refuser tout effet de séduction venant de la couleur. Comme le déclare Arp : « Ces tableaux sont des réalités en soi, sans signification ni intention cérébrale. Nous rejetions tout ce qui était copie ou description pour laisser l’Élémentaire et le spontané réagir en pleine liberté ». En 1920, il produit « La Trousse du naufragé », composée de fragments de bois flottés, façonnés par l’eau, ramassés avec sa future femme Sophie Taeuber, sur une plage de la Mer du Nord, au hasard d’une promenade. C’est là, parmi d’autres, un manche, un poids et une cale, objets à peine reconnaissables. À partir de ces trouvailles, Arp réalise un assemblage. Au lieu de peindre et de sculpter, il fixe les objets contre deux vieilles planches et leur donne un titre. Avec la Trousse du naufragé, il laisse au hasard la détermination même des formes. Ainsi ces objets ( fragments Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 10
d’épaves, gouvernail, flotteur ) modelés par la nature et le hasard, suggèrent des formes abstraites qui portent toutefois leur propre histoire, qui est aussi celle, tragique, du naufrage de l’humanité. Cette œuvre s’inscrit dans un long processus artistique visant à trouver une harmonie entre l’homme et la nature. Marcel Duchamp (1887-1968) a eu un impact non négligeable sur le mouvement Dadaïste. Dans la chronologie de son œuvre, 3 Stoppages-étalon marque le passage entre peinture et readymade, affranchissement radical à l’égard des normes, tant matérielles que conceptuelles, de l’art de son temps. Lors d’une conférence en 1964, il s’explique sur les 3 Stoppages-étalon : « Cette expérience fut faite en 1913 pour emprisonner et conserver des formes obtenues par le hasard, par mon hasard ». En effet, l’artiste a laissé tomber sur des panneaux peints en bleu de Prusse, depuis une hauteur d’un mètre, trois fils d’un mètre chacun. Ensuite, trois règles en bois ont été réalisées d’après le dessin formé par ces fils, qui servent à Duchamp de « gabarit du hasard ». Le Grand Verre aussi appelé « La Mariée mise à nue par ses célibataires, même » (1912-1923), sera en cela considéré comme son œuvre la plus importante. Œuvre dans laquelle Duchamp revendique pleinement l’utilisation du hasard comme outil de composition de certains des éléments. Dans ce système mécanique complexe que représente le Grand Verre, il est explicite que de nombreux éléments du tableau prennent en compte le hasard et le recours à l’aléa dans leur composition. Vidéo : https://video.link/w/jY0kb LE SURREALISME Vidéo : https://video.link/w/iZ0kb Digne héritier du mouvement dadaïste, un nouveau mouvement basé que le hasard fait son apparition : le surréalisme. C’est un mouvement littéraire, culturel et artistique du XXème siècle. Il contient tous les procédés d’expression et de création utilisant toutes les forces psychiques : automatisme, rêve, inconscient… Le hasard n’intervient donc pas dans l’œuvre comme un simple accident ou aléa de la création, il est encouragé, provoqué et revendiqué par l’artiste lui-même. Le surréalisme voit le jour en 1924 quand André Breton le définit dans le premier Manifeste du Surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale [...] ».Une des parties les plus importante de ce mouvement est le «hasard objectif », terme initialement utilisé par André Breton qui avait été dans un premier temps nommé « pétrifiantes coïncidences », « faits glissades », ou encore « faits précipices ». Il le définit comme étant une « forme de manifestation de la nécessité extérieure qui se fraie un chemin dans l’inconscient humain » Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 11
Le Cadavre Exquis, jeu collectif inventé par les surréalistes vers 1925 est un « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, ou un collage par plusieurs personnes sans qu'aucune d'entre elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. » (Définition d’après le dictionnaire abrégé du surréalisme). Ce jeu a été créé à Paris dans une maison ou vivaient Marcel Duchamp, Jacques Prévert et Yves Tanguy. Ces trois artistes en sont donc en grande partie les initiateurs et la toute première phrase qui résultat de cette expérience fut « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau » Ce jeu est directement rattaché à la thématique du hasard car la phrase ou le dessin obtenu à la fin de ce jeu révèle que l’inconscient ne peut être choisi ou deviner avant. Mais qui dit surréalisme dit aussi écriture automatique qui est un mode d’écriture dans lequel n’intervient ni la conscience ni la volonté (et donc une part de hasard). On peut en décrire ainsi l’alternative plastique : L’artiste prend une feuille de papier. Il ferme les yeux ou met un bandeau. Il dessine librement guidé par son inconscient. Il trace des traits de droite à gauche et de haut en bas, des ovales des ronds. Il rouvre les yeux et en observant le résultat, il verra apparaître l’ébauche d’une forme d’un sujet qu’il finalisera en le complétant, en y appliquant des couleurs. Vidéo : https://video.link/w/DZ0kb Une autre alternative artistique à l’écriture automatique est la technique du frottage inventée par Max Ernst en 1925. Elle consiste à laisser courir une mine de crayon à papier sur une feuille posée sur une surface quelconque (parquet ou autre texture), ce qui fait apparaître des figures plus ou moins imaginaires. L’idée lui est venue en faisant des recherches sur le surréalisme en lien avec l’inconscient. La vidéo qui suit vous montre l’artiste dans son atelier manipulant les papiers et les supports d’empreinte. Il frottait une mine de plomb sur une feuille de papier appliquée sur une surface comportant des aspérités, des reliefs. Vidéo : https://youtu.be/CHdU4JfY-bU L’ ART INFORMEL à partir de 1945 Art qui regroupe toutes les tendances abstraites et gestuelles qui se sont manifestées à Paris dans la période de l’après-guerre à partir de 1945 (l’abstraction lyrique, le matiérisme, l’art brut, la calligraphie, le tachisme.) Dans cette peinture, l’artiste privilégie l’imprévu des matières (goût pour la tâche et l’accident) et l’aléatoire du geste refusant la maîtrise du dessin. L’art informel s’épanouit en Espagne avec Antoni Tapies et en Allemagne avec Wols dans les années 50 et 60. En 1951, lors une exposition à Paris , l’art informel est qualifié « d’ improvisation psychique », n’ayant pas de forme déterminée. Réaliser une toile revenait à laisser surgir une forme de la matière. Le trait devient convulsif. Les couleurs coulent. La matière donne une vie à la couleur. ← Jean Dubuffet peint des graffitis incisés dans l’épaisseur d’une pâte informelle , dit Jean Pierre Greff, historien d’art. Georges Mathieu écrit directement sur la toile avec les couleurs pures de ses tubes. Fondateur de l’Abstraction lyrique, inventeur des performances et du tubisme, pionnier de l’Action Painting, de la vitesse et du dripping, inspirateur du street art. → Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 12
Pierre Soulages aligne et enchevêtre des larges traces noires et aplats comme principal moyen d’expression. Pierre Soulages Brou de noix sur papier 32.5 x 24.5 cm, 1949 brou de noix sur papier 32.5 x 24.5 cm. (12 ¾ x 9 5/8 in.) Réalisé en 1949. Antoni Tàpies (1923-2012) Arquitectura (1963) mixed media on canvas Antoni Tapiès réalise des recherches de matière avec les empâtements et les grattages, mêlant du sable à la couleur ACTION PAINTING Le mouvement américain Action Painting se traduit littéralement par « Peinture d’action » ou « Peinture gestuelle » en 1952. Le sujet de l’œuvre résulte de l’action du corps. Pour Jackson Pollock, le corps se déplace dans la peinture. Le temps, la rapidité́ d’exécution domine la matière. Pour Franz Kline, ce sont de dynamiques mouvements de brosse qui composent les toiles. Tous deux choisissent des couleurs à dominante noire, blanche, bleu. Avec Jackson Pollock, le tableau devient un champ d'action où s'exprime un processus graphique dynamique sans accorder une préférence à une partie du tableau plutôt qu'une autre, à une orientation. Taches, coulures, traces, lignes envahissent la totalité́ de l'espace au rythme des gestes et mouvements de l'artiste. Pollock ne croit pas au hasard à proprement parler cependant il dit: « Quand je suis dans mon tableau, je ne suis pas conscient de ce que je fais. C'est seulement après une espèce de temps de prise de connaissance que je vois ce que j'ai voulu faire. Je n'ai pas peur d'effectuer des changements, de détruire l'image, etc., parce qu'un tableau a sa vie propre. J'essaie de la laisser émerger. C'est seulement quand je perds le contact avec le tableau que le résultat est chaotique. Autrement, il y a harmonie totale, échange facile, et le tableau est réussi." Pollock, Composition, 1950 Kline, Sans titre, 1947 Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 13
Pollock créait donc ses œuvres avec un mélange de gestes hasardeux et de gestes totalement pensés. On peut donc dire qu'il se situait entre les deux. Assurément la peinture de Pollock est très différente de la peinture surréaliste, qui optait pour un "choix" inconscient et intuitif, et de la peinture classique, qui, elle s'appuyait plutôt sur un "choix" réfléchi. Le hasard ne règne donc pas en maître dans les œuvres de cet artiste mais il reste cependant présent. À vrai dire, rares sont les œuvres qui revendiquent entièrement le hasard mais pourtant l'aléa est rigoureusement mis à contribution dans le processus de création dans année 1960. LE TACHISME Le tachisme est un style de peinture abstraite répandu en France dans les années 1940 et 1950. Ce mouvement est souvent considéré́ comme l'équivalent européen de la tendance de l’expressionnisme abstrait américain, représentée par l’action painting. Il désigne l'un des aspects de l’art informel, au sein de l'une de ses composantes dénommée Abstraction lyrique. Le tachisme se caractérise par l'exécution de taches de couleur résultant de projections, d'éclaboussures au pinceau ou de jets spontanés de peinture sur la toile posée verticalement ou horizontalement, par des coulures, réalisées éventuellement à l'aide de récipients troués comme Jackson Pollock. Le tachisme prétend s'exprimer par la matière picturale seule et s'oppose ainsi également à la peinture abstraite européenne des années 1940-50 qui, tout en répudiant le contenu figuratif, reste fidèle en général à des valeurs classiques de composition. Les taches et les éclaboussures restent les principales opérations plastiques de création. Henri Michaux, artiste peintre, calligraphe et poète est un maitre du tachisme : « ... Aux taches maintenant. Donc je me bats avec elles, je les fouette, je voudrais tout de suite être débarrassé́ de leur bêtise effondrée, et les galvaniser, les rendre éperdues, exaspérées, les allier monstrueusement malgré́ elles à tout ce qui bouge, à l’innombrable foule d’êtres, de non- êtres, de fureurs d’être, à tout ce qui d’ici ou d’ailleurs, insatiables désirs ou nœuds de force, est destiné́ à n’être jamais concrétisé́. Avec leur troupe, je m’emploie à guérir les taches. Les taches, c’est une provocation. J’y réponds. Vite. Il faut faire vite, avec ces grandes molles, capables de se vautrer partout. C’est tout de suite la minute de vérité́. » Henri Michaux, encres sur papier (années 70) Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 14
L’ART ALEATOIRE DE JOHN CAGE Compositeur, philosophe, poète et artiste américain, John Cage (1912-1992) a constamment cherché à élargir la notion d'art. Si son œuvre musicale est bien connue, son œuvre visuelle méritait d'être mise en lumière : il a produit de nombreux tableaux, gravures, dessins, aquarelles. Pour Cage, laisser œuvrer le hasard, cela signifie créer comme le monde, avec le monde ou pour reprendre ses termes « comme la nature, avec la nature ». C’est montrer en cela que rien ne repose sur la responsabilité de l’homme. Le monde tient tout seul. L’artiste ne porte pas l’univers sur ses épaules, pas plus qu’il n’a en lui un univers. Cage considère qu’il est urgent de contrer le volontarisme occidental qui impartit à l’homme le devoir de maîtriser la nature. « Il est d’une importance capitale non pas de faire une chose mais plutôt de ne faire rien.» Par l’utilisation du Yi-King (art divinatoire chinois), Cage emprunte au Bouddhisme Zen le principe du non-agir. « C’est l’irresponsabilité qu’il nous faut. » En tant que liée à la conscience de la position de l’homme dans le monde, cette recherche d’irresponsabilité est une marque de connaissance qui le conduit tout naturellement à confier ses compositions au Yi-King. En 1969, John Cage réalise Not Wanting to Say About Marcel[49], une production plastique en cent vingt-cinq exemplaires, chacun présentant une superposition de huit plaques de plexiglas imprimées de mots et de motifs issus du dictionnaire, choisis de manière aléatoire comme le fut le nom légendaire de Dada. Mots et images sont plus ou moins tronqués, leur position variant sur les plaques, leur inclinaison également… L’ensemble de ces données détermine la composition. Or, cette composition n’a pas été prise en charge par l’artiste : il s’en est remis à un tirage au sort. À partir d’une liste de questions afférentes aux décisions à prendre, John Cage consulte le Yi-King. John Cage, Where R = Ryoanji R/7, février 1988 Crayon sur papier japon, 25,7 x 48,5 cm Suivant le modèle de composition aléatoire qu’il perçoit dans le célèbre Ryōan-ji, jardin de pierre du temple bouddhiste Zen de Kyoto, John Cage entreprend en 1983 la réalisation des « Where R = Ryōan-ji », séries « d’expérimentations plastiques » sur papier, consistant à cerner au moyen d’une plume d’oie, de pinceaux, de pointes sèches ou de crayons, quinze pierres polies, choisies parmi les soixante-quatre qu’il ramasse sur les bords de la New River et qu’il numérote pour correspondre aux soixante-quatre hexagrammes du Yi-King. Les quinze pierres sont choisies et réparties sur ses feuilles en fonction de paramètres également obtenus au moyen du Yi-King. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 15
John Cage, New River Rocks and Smoke, 1990 Aquarelle sur papier enfumé En 1988, ces expériences l’amènent à entreprendre un travail en résidence au Mountain Lake Workshop, en Virginie, où cette même démarche le conduit à réaliser la série d’aquarelles intitulée les New River Watercolors. Vient ensuite la série des New River Rocks and Smoke en 1989-90, pour laquelle Cage fait intervenir l’élément gazeux en plus des éléments rocheux et liquide, enfumant ses toiles avant de les peindre, utilisant en cela un matériau absolument insaisissable et soumis à des aléas non paramétrables. Enfin, les New River Rocks and Washes de 1990 mêleront les diverses techniques éprouvées au cours de ses recherches. Là encore il utilise le Yi King pour déterminer les paramètres de la composition, après avoir minutieusement numéroté les outils, les formats, les couleurs d’encre, les pierres ramassées au hasard dans la rivière… L’ART GÉNÉRATIF L’art génératif fait référence à l’art qui a été créé en totalité ou en partie avec l’utilisation d’un système autonome. Dans ce contexte, un système autonome est généralement un système non humain et peut déterminer de façon indépendante les caractéristiques d’une œuvre qui, autrement, nécessiterait des décisions prises directement par l’artiste. Dans certains cas, le créateur humain peut prétendre que le système génératif représente sa propre idée artistique et, dans d’autres, que le système assume le rôle de créateur. L’art génératif sert souvent les artistes comme moyen d’éviter l’intentionnalité. Le traitement s’effectue de manière auto-organisée, sous la forme d’un processus relativement autonome, tel que des actions qui – comme dans la partition d’un événement – sont faites selon les instructions, par un programme informatique exécutant des instructions. Dans différentes conditions de production, le processus fonctionne différemment. Le résultat se déplace dans des limites plus ou moins données, mais il est imprévisible. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 16
Véra Molnar est une artiste d’origine hongroise, née à Budapest en 1924. Elle vit encore et travaille à Paris. Elle est considérée comme un précurseur de l'art numérique et de l'art algorithmique C’est une artiste contemporaine française dont la pratique englobe peinture, dessin, encre, tracé d’ordinateur sur papier… Sa production artistique se déploie en formes, lignes, entrelacs, motifs colorés… Combinant rigueur géométrique et impression de sauts, rompant toute monotonie. Véra Molnar est pionnière dans le domaine des arts numériques. Elle fait partie des premiers artistes à avoir créé des œuvres à l’aide d’un ordinateur En 1957, elle rencontre le peintre François Morellet. À partir de 1959, elle utilise la méthode de la « machine imaginaire ». Soit l’idée de travailler comme un ordinateur : en appliquant pas à pas une méthode sérialisée (un algorithme). En 1960, Véra et François Molnar cofondent le Centre de Recherche d’Art Visuel (CRAV). Formellement géométrique, la peinture de Véra Molnar conjugue séries et combinatoires. À l’aide de règles simples, les motifs sériés se répètent, se décalent, s’altèrent. Elle introduit dans la rigueur minimale de ses œuvres une certaine quantité de hasard, un « soupçon de désordre » venant troubler imperceptiblement ses constructions formelles. EXEMPLES DE HASARD DANS DES ŒUVRES PLASTIQUES D’un point de vue historique, il est possible de dire que la fin des années 1950 marque l’ancrage du hasard dans la création artistique : il constitue alors une préoccupation majeure pour de nombreux artistes. Il devient alors un véritable partenaire créatif Les éléments des compositions répétitives de l’artiste contemporain Herman de Vries ne sont semblables qu’à peu près, et son intérêt pour l’accident le pousse à en choisir des naturels (feuilles, coquillages…). Ce même goût du hasard se retrouve dans ses poésies visuelles, ses photographies et ses envois postaux. Par son usage du blanc, l’acceptation du hasard et la valorisation du vide, Herman De Vries rejoint certaines préoccupations du Zen. Relief, 1966-1967, fait partie de ce vaste ensemble d’œuvres « matérialisant le hasard », dans lesquelles l’artiste poursuit à sa manière les expériences inaugurées par Jean Arp et ses papiers déchirés en 1917, fixés dans la position où ils se trouvaient après leur chute sur une feuille de papier. François Morellet, un artiste contemporain français, peintre, graveur et sculpteur né en 1926. Il utilise aussi son imagination pour effectuer ses créations en 1961, il repartit de façon aléatoire 40 000 carrés, 50% gris clair, 50% orange selon les chiffres pairs et impairs d’un annuaire de téléphone. Ce qui donne une œuvre avec une composition 100% aléatoire dû aux placements par hasard, des carrés sur la toile. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 17
Willem de Kooning laisse intervenir le hasard, en découpant et recollant son travail de façon aléatoire et en laissant faire les coups de pinceaux. Il oppose le hasard à la maîtrise picturale. De Kooning prône le lâcher prise sur la création. Willem de Kooning, Landscape, Abstract, 1949, Robert Motherwell part de dessins réalisés au hasard pour composer ses toiles. Ces dessins sont appelés par l’artiste « gribouillis ». Tony Cragg ramasse au hasard des morceaux de plastiques qu’il recycle dans ses œuvres murales. LE HASARD EN PHOTOGRAHIE Photographies de rue : Quand les sujets ne posent pas, les photographes saisissent le hasard de l’instant. Sophie Calle joue avec le hasard de rencontres qui n’aboutissent pas. Elle décide suite à un long moment de dépression de suivre des inconnus dans la rue à Paris et à Venise. Ces passants lui font découvrir les villes en imposant leur trajet. « il fallait trouver quelque chose à faire. J’ai commencé par suivre des gens dans la rue. Je me suis aperçue que cela donnait une direction à mes promenades. C’était une manière de me laisser porter par l’énergie des autres, de les laisser décider les trajets pour moi. Et de ne pas avoir à prendre de décisions, sans pour autant rester cloîtrée chez moi. […] Circuler, découvrir ma ville. Et aussi errer, comme je l’avais fait durant mes voyages. » Willy Ronis comme d’autres photographes célèbres français ont su capter les émotions et les hommes au quotidien. et créer un style de photo qu’on appellera photographie humaniste. Prise de vue, cadrage, sensibilité, ces photographes du XXème siècle En 1980, il publie un ouvrage, « Sur le fil du hasard », une rétrospective de ses clichés et de son approche de la photographie qu’il définissait en cinq mots clés : patience, réflexion, hasard, forme et temps. Diaporama : https://video.link/w/oh1kb Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 18
Raymond Depardon, un photographe subjectif créé un pont entre les codes journalistiques de la photo et le questionnement de soi dans ses œuvres. La photographie subjective permet à l’auteur de retranscrire ses émotions et pas seulement des faits journalistiques. Il s’agit d’une véritable vision d’auteur et d’artiste par laquelle le photographe transmet sa vision du monde. Vivian Maier photographe de rue inconnue de son vivant arpente les rues avec un appareil photo en bandoulière. Diaporama : https://video.link/w/xn1kb Pau Buscató se définit lui-même comme un “photographe de rue”. Cet artiste parcourt en effet depuis 8 ans les villes du monde avec un objectif bien particulier : celui de photographier les coïncidences et les hasards créatifs qui donnent lieu à des illusions d’optique fascinantes. Ce projet insolite l’a ainsi mené à explorer des villes comme Londres, Barcelone et New York, mais c’est majoritairement à Oslo que ses différentes photos ont été prises. L’art contemporain a introduit le hasard dans le champ des investigations plastiques. Celui-ci renouvelle les formes artistiques. Les œuvres ne sont plus dominées par la toute-puissance de l’artiste qui laisse entrer les chemins du possible impossible dans ses productions. Mais n’est-ce pas la volonté de vouloir maîtriser l’inconnu, qui se manifeste dans l’art contemporain ? Blaise Pascal disait « Le hasard donne la pensée et le hasard les ôte ». Ce sont bien ces deux mouvements qui sont mis en scène dans l’art contemporain. Le hasard figurant dans Élevage de poussière de Marcel Duchamp n’a rien à voir avec celui mis en scène avec les tirs de Saint-Phalle. Chez Duchamp le hasard est le créateur de l’œuvre sans l’intervention de l’artiste tandis que chez Niki, l’artiste le provoque et cherche à le maîtriser. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 19
LA RENCONTRE Quelques ressources plus locales… VISITE VIRTUELLE DE L’EXPOSITION SOULAGES. https://www.hdmedia.fr/visite-virtuelle/hd/cbp2jp305-soulages-galerie-lympia-departement-des-alpes- maritimes.html https://www.departement06.fr/documents/A-votre-service/Sante/covid/loisir/dpt06_lympia-soulages- dossier-pedagogique.pdf AU MAMAC Ben Dans cette vidéo, Ben fait une performance dans la rue. Il ne sait pas ce qui va se passer. Il s’en remet au hasard de la vie. https://vimeo.com/64391695 Niki de Saint Phalle Elle tire sur des tableaux où des poches de peinture de couleur ont été installées. Lors du tir, les poches éclatent et déversent leur pigment sur la toile dessinant des coulures aléatoires. La relation à l’art est violente et passionnée. Robert Filiou Le spectateur peut faire tourner les roues et s’en remettre au hasard pour créer un poème. Arman Arman ne choisit pas ce qu’il met dans cette « sculpture ». Il s’en remet à la vie de Warhol. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 20
OUVRIR LES YEUX AU QUOTIDIEN S’émerveiller et regarder autrement, saisir les accidents et l’inattendu pour en garder une trace artistique. Un volcan qui apparaît avec deux Un éclat de couleur avec de la Une palette de peintre à la fin peintures qui se mélangent. peinture versée dans un évier d’une séance. Guetter les Paréidolies ! Une paréidolie (du grec ancien para-, « à côté de », et eidôlon, diminutif d’eidos, « apparence, forme ») est un phénomène psychologique, impliquant un stimulus (visuel ou auditif) vague et indéterminé, plus ou moins perçu comme reconnaissable. Ce phénomène consiste, par exemple, à identifier une forme familière dans un paysage, un nuage, de la fumée ou encore une tache d'encre, mais tout aussi bien une voix humaine dans un bruit, ou des paroles (généralement dans sa langue) dans une chanson dont on ne comprend pas les paroles. Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 21
DES PISTES POUR UNE MISE EN RESEAU PRODUCTION ORALE ET ÉCRITE : IMPROVISATION NARRATIVE Des Jeux Il s’agit de laisser le hasard décider des contraintes du récit. Plusieurs jeux proposent de tirer parti du hasard avec des cartes ou avec des dés pour construire une histoire : Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 22
Le cadavre exquis Le jeu du cadavre exquis est assez simple. Le but ultime est de faire une courte histoire (appelée un cadavre) qui soit cocasse, plaisante, ou encore intéressante tout en restant cohérente. L'intérêt est que la personne écrivant une partie du cadavre ne puisse savoir ce qui a été écrit dans le reste de l'histoire, mis-à-part la phrase précédente. Ainsi on peut passer du coq à l'âne en quelques phrases tout en gardant une histoire qui tient la route. Lors de l'écriture de chaque phrase, il est conseillé de penser systématiquement à une suite fictive qui serait dans la continuité de votre phrase. Il faut également faire attention aux temps utilisés pour que votre phrase puisse se fondre dans l'histoire. Il est possible que les pronoms sujets ou les temps soient modifiés lors de la modération. Un cadavre se termine une fois que 10 phrases ont été complétées. Même principe avec une phrase en imposant la structure de la phrase. La poésie surréaliste Commencer à faire l'écriture automatique. La technique la plus centrale dans la poésie surréaliste et dans le mouvement surréaliste en général, est l'écriture automatique. Asseyez-vous avec un stylo et du papier (ou votre programme de traitement de texte) et commencer à écrire tout apparaît dans votre tête. Écrire ne importe quoi et tout sans avoir peur ou préoccupés par la structure ou le contenu. Finir par un nettoyage du texte pour le rendre fluide. Aléatoire la poésie. Pour continuer dans le sens des mots et des phrases désordonnées, placez quelques dizaines de mots écrits sur des bouts de papier dans un chapeau. Tirez les mots du chapeau afin d'assembler le poème. Faire des ajustements à la collection résultant de mots pour qu'il prenne la forme d'un poème fluide, même si le contenu est inintelligible. Créez un poème de collage. Un poème de collage, aussi appelé poème de cento, est fait de phrases qui ont été tirées d’autres textes. Vous pouvez utiliser un seul texte source ou plusieurs textes sources, tels que des magazines, des publicités, des manuels, des dictionnaires, des blogues ou des journaux. Vous pouvez ensuite tirer une ligne de chaque source pour créer un poème de collage. ORALITÉ : IMPROVISATION THÉÂTRALE. On peut voir l’improvisation comme la science du hasard. Les improvisateurs créent des histoires dont le point de départ est aléatoire, dont le cheminement est imprévu et dont la fin est incertaine. Ils travaillent sur le hasard, avec le hasard et pour le hasard. Le point de départ peut être un mot demandé au public. Le jeu à plusieurs empêche la maîtrise des rebondissements de l’histoire. La seule règle est de s’écouter et d’écouter les autres, de savoir tirer parti de ce qui arrive, de multiplier les points de vue en s’affranchissant du jugement. Découvrir les matchs d’impro en vidéo : https://video.link/w/Yo1kb Béatrice Audino - CPD Arts Visuels - DSDEN-06 23
Vous pouvez aussi lire