DOSSIER PÉDAGOGIQUE - À l'Institu t d - Institut des Cultures d ...
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néral d’Africa2020 ier gé DOSSIER PÉDAGOGIQUE art ltures d’Islam et en ligne qu Cu er es au 1 août 2021 À l’Institu t er ne Du 3 fév t d Expositio ri
SOMMAIRE 4 Mode d’emploi 5 À propos de l’Institut des Cultures d’Islam 6 Préparer la visite 8 Découvrir l’exposition Zone Franche 11 Axe 1 – Ce(ux) qui traverse(nt) les frontières, focus sur l'œuvre de : Mansour Ciss Fatiha Zemmouri focus sur les cultures d'Islam : Malala Andrialavidrazana Mohamed Arejdal focus sur les cultures d'Islam : Saïdou Dicko 21 Axe 2 – Dans les interstices de la mondialisation, focus sur l'œuvre de : Sabrina Belouaar Mariam Abouzid Souali 27 Axe 3 – Connexions immatérielles, focus sur l'œuvre de : focus sur les cultures d'Islam : Salifou Lindou Chourouk Hriech 34 Lexique 36 Points d’entrée dans les programmes scolaires 40 Prolonger la visite 44 Offres de médiation 46 Réservation 47 Cinq raisons de venir à l’ICI 48 Informations pratiques page de couverture à gauche Les fables du calao, sculpture, 2021 Figures 1937, Lignes télégraphiques et sous-marines (détail) production : Institut des Cultures d'Islam et collectif MU © Malala Andrialavidrazana © Le Cercle Kapsiki
MODE D'EMPLOI Ce dossier conçu par l'équipe des publics de l'Institut des Cultures d'Islam est destiné aux enseignants de toutes les disciplines, de la maternelle au cycle 4. L’intention est de vous familiariser avec l’ICI et de vous proposer des outils pour préparer une visite de l'exposition et la prolonger en classe. Afin de préparer la visite, nous vous proposons des définitions ainsi qu’une approche méthodique pour interpréter les œuvres d’art contemporain présentées dans cette exposition. Nous vous recommandons de les présenter en classe, préalablement à la visite. Pour découvrir l’exposition Zone Franche, un parcours pédagogique a été dégagé et privilégié afin de vous aider à développer les thématiques de chaque axe de l'exposition avec vos élèves à travers une sélection d’œuvres. Ce parcours regroupe les œuvres de sept artistes sur les quinze que compte l’exposition. Chaque axe thématique propose : - Un texte de présentation - Des pistes de réflexion - Une sélection de thèmes-clés Les œuvres des artistes sont présentées de la manière suivante : - Biographie de l'artiste - Texte de présentation et d’analyse de l'œuvre - Pistes de réflexion : autour de l’œuvre et autour d’un thème du programme scolaire Cette partie vous offre un aperçu des sujets mobilisés qui guideront les discussions lors d’une visite à l’ICI. De plus, des compléments d'information sur les cultures d’Islam ponctuent ici et là ce dossier. Vous trouverez également un lexique thématique et un tableau de synthèse regroupant les liens vers les programmes scolaires de chacun des niveaux. À la fin de ce dossier, une sélection d’ouvrages disponibles à la Bibliothèque Fleury Goutte d’Or vous permet de développer et prolonger les sujets de la visite en classe. Le service des publics de l'ICI se tient à votre disposition pour vous accompagner dans la préparation de votre venue avec vos classes.
À PROPOS DE L'INSTITUT DES CULTURES D'ISLAM Établissement artistique de la Ville de P aris situé dans le quartier de la Goutte d’Or, l’ICI fait connaître la d iversité des cultures d’Islam et leur dynamisme dans la c réation contempo- raine en proposant des expositions, concerts, conférences, projections-débats et ateliers, ainsi qu’une offre dédiée au jeune public. De l’Afrique à l’Asie en passant par l’Europe et le Moyen-Orient, les cultures d’Islam sont multiples et inspirent les artistes, quelles que soient leurs origines, leurs attaches, leurs croyances ou leur nationalité. À travers leur regard, l’ICI bouscule les préjugés et présente l’actualité de ces cultures partout dans le monde. L’ICI propose également une offre de cours de langues et de pratiques artistiques, ainsi que des visites thématiques du quartier de de la Goutte d’Or. Toutes les activités se répartissent sur deux bâtiments, qui comportent chacun des espaces d’exposition et des salles de cours. Le site de la rue Léon dispose é galement d’un patio, d’une scène à ciel ouvert et d’un restaurant (La Table Ouverte) tandis que l’on trouve un hammam dans c elui de la rue Stephenson. Une salle de prière, gérée par une association cultuelle, occupe le premier étage de ce bâtiment, dans une configuration inédite et respectueuse de la loi de 1905. Musée ou centre d’art ? En plus des expositions temporaires, un musée met en avant une collection d’œuvre d’art qui y est installée de manière p ermanente et qui appartient à l’institution. L’Institut des Cultures d’Islam propose deux expositions temporaires par an mais ne met pas en place de collection permanente ouverte au public : c’est un centre d’art. Le but est depromouvoir la création contemporaine et l’expérimentation artistique. C’est dans cette démarche que certains artistes sont invités à produire une œuvre spécialement pour une exposition.
PRÉPARER LA VISITE Afin de préparer la visite de l’exposition, nous vous proposons des définitions pour décrypter le vocabulaire de l’art contemporain ainsi qu’une approche méthodique pour interpréter les œuvres présentées dans cette exposition. Nous vous recommandons de présenter ces mots- clés et cette approche en classe, préalablement à la visite. Une fois sur place, et pour favoriser de bonnes conditions de visite à l’ICI, la médiatrice ou le médiateur rappelleront au groupe quelques consignes indispensables pour une bonne appréciation des œuvres dans le respect des autres visiteurs et équipes de l’ICI. Les mots-clés de l’art contemporain L'art contemporain dispose d’un vocabulaire spécifique. Les définitions qui vous sont proposées dans ce dossier offrent un cadre permettant d’appréhender au mieux votre visite à l’ICI. Cette sélection n’est pas limitative pour autant. Artiste : Être artiste est un métier qui consiste à créer des œuvres. Il existe des artistes dans tous les pays et à toutes époques. L’art est universel. Aujourd’hui plus que jamais, les artistes expérimentent et posent des questions qui visent à engager une réflexion. Être artiste, c’est partager des idées et des émotions autant que réfléchir à l'esthétique de l’œuvre. Œuvre d’art : Une création qui existe pour elle-même et se présente sous différentes formes (peinture, dessin, sculpture, photographie, installation, performance, vidéo, numérique, etc.). Elle est une expression originale et une manifestation de la vision du monde d’un artiste. Art contemporain : « Contemporain » signifie ce qui est de notre temps. L'expression « art contemporain » désigne de façon générale et globale les œuvres produites de nos jours au 21e siècle, l'art qui se pratique aujourd'hui. Commissaire d’exposition : Désigne la personne qui choisit le thème d’une exposition, sélectionne les œuvres, établit des relations entre celle-ci et définit leur positionnement dans l’espace. Elle supervise chaque étape de l'exposition (transport, montage, écriture des textes...). Médium : Désigne le matériau ou tout autre moyen de production employés par l’artiste – la peinture ou la vidéo, par exemple – qu'utilise un artiste pour réaliser son œuvre. Démarche : La démarche d’un artiste est le processus créatif qui guide la réalisation de ses œuvres, comme des lignes directrices. Sa démarche artistique est ce qui caractérise son engagement global et le distingue des autres artistes.
Comment analyser une œuvre d’art contemporain ? Apprécier l’art, ça s’apprend. Plus on voit des choses, plus on peut comparer et élargir ses goûts, afin de développer une curiosité pour l’art. Pour entraîner vos élèves, voici une approche méthodique répartie selon trois niveaux de lecture – pouvant se chevaucher – à adopter lorsque ceux-ci se trouvent devant une œuvre d’art contemporain. Observer Prendre son temps. Ne pas chercher le jugement esthétique. • Qu'est-ce qui attire l'œil en premier ? Pourquoi ? • Détailler l’œuvre. Quels éléments la composent ? Comment s’inscrit-elle dans l’espace (2D, 3D, les deux) ? • Analyser le processus de fabrication (médium, techniques, gestes de l’artiste, etc.) et les caractéristiques de l’œuvre (couleurs, lignes, textures, composition, taille, etc.). Ressentir L’art suscite des émotions. Chacun doit pouvoir se sentir libre d’aimer ou non une œuvre. Il s’agit de s’autoriser à sentir et exprimer les effets qu’une œuvre procure sur soi. - Convoquer le souvenir d'une première impression au contact d’une œuvre. Est-ce que cette perception a changé ? Et après avoir pris connaissance du propos de l’artiste ? - Quelles émotions et sensations ressentez-vous en présence de l’œuvre (joie, émerveillement, curiosité, amusement, étonnement, malaise, indignation, etc.) ? - Est-il possible de faire des associations à des expériences vécues, des idées, des émotions déjà éprouvées, des ambiances ? Comprendre Chercher à comprendre le ou les sens de l’œuvre. Il est possible de consulter le « cartel » qui est comme la carte d’identité de l’œuvre et se situe près d'elle. Il indique en général le nom de l’artiste, le titre de l’œuvre, la date de sa création et offre une description de l’œuvre en quelques lignes. - Quel est le titre de l’œuvre ? Quel est le sujet et comment est-il représenté ? Quels sont les propos de l’artiste ? Tracer des liens entre ces informations avec ce que l’on voit et ce que l’on ressent. - Analyser comment la présentation de l’œuvre (position dans l’espace, présence d’autres œuvres autour) a une influence sur notre interprétation de l'œuvre. - Chercher ailleurs. À quoi cela fait-il penser ? Puiser dans ses connaissances et faire des associations avec d’autres œuvres ou images (publicité, actualité, internet, etc.). - Solliciter l’éclairage de l’équipe de médiation de l’ICI au sujet de l’artiste, d’une notion artistique, d’une technique, du contexte historique, culturel, social, scientifique, etc.
DÉCOUVRIR L’EXPOSITION ZONE FRANCHE ZONE FRANCHE Exposition et quartier général d’Africa2020 À l’Institut des Cultures d’Islam et en ligne Du 3 février au 1er août 2021 En partenariat avec doual'art et Think Tanger -- Commissariat DOUAL’ART [Douala, Cameroun] Princesse Marilyn Douala Manga Bell, présidente INSTITUT DES CULTURES D’ISLAM [Paris, France] Bérénice Saliou, directrice artistique THINK TANGER [Tanger, Maroc] Hicham Bouzid, directeur artistique Amina Mourid, project manager -- Initiée dans le cadre de la Saison Africa2020, Zone Franche est une aventure collective, fruit d’une rencontre entre trois structures artistiques situées au Cameroun, au Maroc et en France, animées par un même désir d’interagir avec le territoire qui les accueille. C’est à partir de ces contextes locaux et des témoignages d’une centaine d’acteurs de proximité – artistes, intellectuels, commerçants, associations – que Doual’art, Think Tanger et l’Institut des Cultures d’Islam ont co-créé une exposition prenant la forme d’un espace poétique et symbolique autonome. À rebours de l’enclave qu’elle désigne habituellement, cette Zone Franche explore le mouvement des voyageurs, des marchandises et des imaginaires, par-delà les frontières et dans les interstices de la mondialisation. Les œuvres de quinze artistes du continent africain et de la diaspora bouleversent les cartes et la géographie, racontent les destinées, parcourent les chemins de la pensée vers un ailleurs bien réel ou rêvé. Elles observent les pratiques informelles, entre résistance et résilience face aux règles d’un « jeu » par trop inéquitable et, à compter de la fin du mois de mars, elles investissent les rues de la Goutte d’Or dans un parcours visuel et sonore sur les liens qu’entretient le quartier avec l’Afrique et le monde. La dernière partie de la visite donne un aperçu de la méthode de travail immersive qui a conduit l’équipe curatoriale à Tanger, Paris et Douala, en restituant les atmosphères, les rencontres et les échanges à l’origine de l’exposition. Nomadisme, utopie monétaire, contrebande, mémoire collective, itinéraires intimes : vous entrez dans une Zone Franche… Stéphanie Chazalon directrice générale - Institut des Cultures d’Islam à gauche U vé Nkêh ? (es tu purifié ?) (détail), installation, 2021 © Salifou Lindou
AXE 1 - CE(UX) QUI TRAVERSE(NT) LES FRONTIÈRES
AXE 1 - CE(UX) QUI TRAVERSE(NT) LES FRONTIÈRES En pénétrant dans la Zone Franche de l’ICI, le visiteur est invité à changer ses euros contre des afros. Utopie artistique imaginée par Mansour Ciss, cette monnaie panafricaine circule aussi librement que les citoyens au sein d’un continent devenu les États Unis d’Afrique. Les frontières s’effacent aussi pour les peuples nomades du Sahel auxquels Saïdou Dicko et Mohamed Arejdal rendent hommage tout en interpelant sur la disparition des modes de vie traditionnels. Un phénomène en grande partie lié à l’exode massif vers les centres urbains à l’intérieur même du continent, et plus encore en Afrique de l’Ouest comme le soulignent les portraits de travailleurs de Jean David Nkot. Bien que majoritaires, ces migrations sont souvent ignorées dans une Europe préoccupée par l’arrivée de jeunes générations africaines en quête d'une vie meilleure et fantasmée. Les rebondissements de leur long et dangereux périple sont ironiquement mis en scène dans le jeu vidéo proposé par Salim Bayri. Face aux lignes qui divisent, séparent et engendrent des destinées tragiques, Malala Andrialavidrazana et Fatiha Zemmouri désordonnent l’outil cartographique pour proposer de nouvelles lectures du monde. Pistes de réflexion S'interroger sur le rôle des frontières. Les frontières ne sont pas qu’un trait sur une carte. Il s'agit des limites de l’espace au sein duquel un État exerce son pouvoir. Ainsi, les frontières délimitent un territoire sur la terre, la mer et l’air. Les frontières sont franchies sans cesse par les humains, les marchandises, les matières premières, les informations, etc., mais selon les critères de chacun des États. - Pourquoi les frontières existent-elles (lois, impôts, circulation...) ? - Comment la géographie influence le tracé des frontières (barrière naturelle...) ? - Qu’est-ce qui a un impact sur la modification ou l’évolution des frontières (conflits entre les États, colonisation, volonté d’indépendance...) ? - Quelles questions d’actualité permettent de relever l’importance des frontières (crises migratoires, crises sanitaires) ? Thèmes clés Frontières, migration, flux, utopie, illusion, histoire coloniale, cartographie, nomadisme, mutation, modes de vie, héritage culturel.
MANSOUR CISS Afro notre Monnaie, 2001-2021 Installation présentant affiches, billets de banque, vidéo © Mansour Ciss, ADAGP, Paris, 2021 Analyse En 1884-1885, lors de la conférence de Berlin, les puissances européennes collaborent en vue de se partager l’Afrique et édictent les règles officielles de la colonisation. En réponse à cet acte dont les répercussions se mesurent encore aujourd’hui, Mansour Ciss crée en 2001 le Laboratoire de Déberlinisation. Son objectif est de fédérer la jeunesse et les arts autour de réflexions centrées sur le développement et l’unification de l’Afrique sur les plans économiques, politiques et culturels. L’afro, utopie monétaire panafricaine, voit alors le jour et circule dans le paysage artistique international. En pénétrant dans l’exposition Zone Franche, le visiteur peut changer ses euros contre cette monnaie utopique qui introduit une alternative au franc CFA (dont l’appellation signifiait initialement, de 1945 à 1958, « Colonies françaises d'Afrique »), ainsi qu’à l’eco, monnaie unique ouest-africaine destinée à le remplacer. L’afro circule à l’Institut des Cultures d’Islam dans le cadre de l’exposition Zone Franche comme une devise permettant l’achat du catalogue de l’exposition ou d'une consommation au restaurant de l’Institut. Biographie Né en 1957 au Sénégal, Mansour Ciss vit et travaille à Berlin. Après des études à l’Institut National des Arts du Sénégal, il s’oriente vers la sculpture. Sa pratique artistique prend une nouvelle tournure après son déménagement à Berlin où il mène depuis plusieurs années un travail éminemment politique pour repenser l’histoire coloniale en s’appuyant sur la conférence de Berlin et ses conséquences pour le continent africain. Son travail a notamment été exposé à SAVVY à Berlin, à la Biennale Dak’Art et à la Biennale Internationale d'Art de Beijing en Chine.
Pistes de réflexion Autour de l'œuvre - Est-ce que l’argent a toujours existé ? Sous quelle forme ? - La fabrication des billets a-t-elle toujours existé ? - Quel type d’éléments visuels sont représentés sur les billets de banque ? Pourquoi ? - Comment l’argent permet d’unir les gens (monnaie unique vs nationale, sentiment d’appartenance, circulation...) ? - Qu’est-ce qu’une utopie ? Pourquoi créer une monnaie utopique panafricaine ? - Quelle est la fonction de l’artiste face à l’histoire et en regard de l’actualité ? - Que signifie s’engager pour un artiste ? Autour d’un thème du programme scolaire CYCLE 3 ET 4 Histoire (CM2) : Le temps de la République Histoire (3e) : Le monde depuis 1945 Comprendre le partage colonial de l’Afrique. Certaines régions du monde ont été conquises par la force, puis exploitées, on les appelle des « colonies ». La colonisation de l’Afrique par l’Occident est un long processus qui commence dans la seconde moitié du XIXe siècle. Chaque nation européenne voulait posséder un territoire du continent africain pour développer son économie et montrer sa puissance. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la colonisation est contestée. Les nations européennes sont affaiblies et les mouvements anticolonialistes réclament l’autonomie ou l’indépendance des populations colonisées. L'ONU soutient la décolonisation en proclamant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. - Les colonies se sont vu imposer les cultures présentes en Europe (religions, langues, coutumes, etc.). Comment la création d’une monnaie permet-elle de maintenir et transmettre la culture d’un pays (le choix des éléments visuels…) ? - Comment la décolonisation a-t-elle une incidence sur le nombre d’États dans le monde (multiplication...) ? - Comment les conquêtes coloniales ont-elles encore aujourd’hui une incidence sur la délimitation des territoires en Afrique (tracé des frontières par les Européens...) ? - Pourquoi le partage de l’Afrique est-il un symbole du déséquilibre des relations internationales (absences des acteurs africains dans les négociations...) ? - Malgré les indépendances, les anciennes colonies sont confrontées au maintien de l’influence des anciennes métropoles coloniales, comment la création d’une monnaie africaine permet d’agir à ce niveau ?
FATIHA ZEMMOURI Concrete Borders, 2020 Métal peint 52 x 106 x 87 cm | 59 x 88 x 77 cm | 52 x 87 x 97 cm | 36 x 90 x 91 cm © Fatiha Zemmouri, courtesy Comptoir des Mines Galerie Analyse Interpellée dans les rues de Casablanca par la situation de jeunes cherchant à financer une hypothétique traversée de la Méditerranée en mendiant, Fatiha Zemmouri a réalisé ces cartographies sculpturales en métal froissé, comme jetées au sol par la main d’un géant nonchalant. Ce geste simple efface derrière un pli les mers ou les frontières pour esquisser de nouvelles possibilités géographiques et géopolitiques. Après la série Paper Borders qui soulignait le caractère arbitraire de l’outil cartographique et renvoyait à la fragilité du papier sur lesquelles sont tracées des limites infranchissables, cette nouvelle série dénonce les murs érigés en différents points du globe pour séparer artificiellement les territoires et les personnes. Biographie Née en 1966 au Maroc, Fatiha Zemmouri vit et travaille entre Marrakech et Casablanca. Après des études aux Beaux-Arts de Casablanca, elle s’intéresse très vite aux matériaux bruts comme le charbon, le bois calciné, la céramique ou la porcelaine. En alliant différentes techniques, elle explore et transforme les matériaux pour donner corps à des œuvres qui interpellent le public sur l’évolution humaine et les concepts de construction, de déconstruction, de régénération et de transformation. Ses travaux ont été présentés notamment au MACAAL de Marrakech, à la Fondation CDG de Rabat, à la Galerie Françoise Livinec et à l’Institut du Monde Arabe à Paris.
Pistes de réflexion Autour de l'œuvre - Quelle est la fonction d’une carte (représenter, repérer les espaces...) ? - L’œuvre est posée directement au sol, quel effet cela produit-il ? - L’artiste utilise des feuilles de tôle en fer pour représenter un objet habituellement en papier, qu’est-ce qui oppose ces deux matières ? - Quel effet produit le froissement d'une carte de cette manière ? Quel sentiment provoque- t-il ? Est-ce un geste de rejet ? Qu’est-ce qui peut, sur une carte être contesté ? - Quel est l’effet de ce geste si on tente de lire la carte de cette manière (sur les distances, les localisations...) ? - À partir d’un geste simple – le froissement de la carte – peut-on faire une lecture différente des contraintes liées aux frontières ? Quelles sont les nouvelles possibilités qui émergent ? Autour d’un thème du programme scolaire CYCLE 2 ET 3 Questionner le monde : Questionner l’espace et le temps Géographie (CM2) : Se déplacer Montrer comment la cartographie influence notre vision du monde. Les cartes ne sont pas neutres, elles expriment une vision du monde et le cartographe fait des choix dans ce qu'il veut représenter. - Est-ce que l’Europe est toujours au centre d’une carte, peu importe le pays dans lequel on se trouve ? Existe-t-il plusieurs représentations spatiales du monde (place du Nord et du Sud, place de l’océan) ? - Quel effet produit la représentation d’un pays plus grand que les autres et en haut de la carte ? - La terre étant une sphère, quelles sont les données que les cartographes ne peuvent respecter parfaitement lorsqu'ils la dessinent à plat sur une carte (superficies, distances, angles) ? - Comment tracer une carte lorsque des pays se disputent des frontières (prise de position politique...) ?
focus sur les cultures d'islam MALALA ANDRIALAVIDRAZANA Eslam or the Countries which have professed the Faith of Mohamet © Malala Andrialavidrazana Analyse La série photographique Figures mêle depuis 2015 des fragments d’atlas, cartes postales, billets de banque, pochettes d’albums, timbres, drapeaux et images diverses issues de documents d’archive ou de livres historiques. En abolissant la fonction initiale de ces éléments à travers une série de processus numériques (déconstruction, reconstruction, détourage, collage), et en articulant sur un même plan différents registres, périodes et civilisations, Malala Andrialavidrazana propose un autre point de vue sur l’Histoire et la façon dont elle s’écrit et se transmet. Dans l'œuvre Figures 1817, Eslam or the Countries which have professed the Faith of Mohamet (“Islam ou les pays qui ont adhéré à la foi de Mahomet”), plusieurs éléments font référence à l’histoire et à la pratique de l’islam. Au centre, on aperçoit l’Arabie, le lieu de naissance de l’islam en 622 et le lieu où se trouve la Mecque. À droite, la femme rappelle la figure de Dihya, connue sous le nom de Kahina, une reine guerrière berbère qui a combattu les Omeyyades lors de l’expansion de l’islam en Afrique du Nord au VIIe siècle. En bas, une ornementation en étoile à cinq branches fait référence aux cinq piliers de l’islam. Les cinq piliers de l’islam sont l’aumône, le jeûne, la prière, le pèlerinage à la Mecque et la profession de foi (la chahada, une phrase à prononcer). Biographie Née en 1971 à Madagascar, Malala Andrialavidrazana vit et travaille à Paris. Après des études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette, elle s’oriente vers la photographie. Basées sur de vastes recherches in situ, bibliographiques et archivistiques, ses œuvres sondent les liens entre histoire et identité culturelle et interrogent l’héritage visuel de l’époque coloniale et son impact sur notre perception du monde. Son œuvre a en particulier été montrée au MAIIAM Contemporary Art Museum en Thaïlande, au Centre Pompidou à Paris et à la Somerset house à Londres.
MOHAMED AREJDAL De Gueïra à Saïdia, 2019 Installation murale : résine, fil de cuivre et fixateur d’Hoffmann, 85 x 500 cm © Mohamed Arejdal, courtesy Comptoir des Mines Galerie Série Gestes Nomades, 2019 Huile de cade sur papier, 32 x 48 cm © Mohamed Arejdal, courtesy Comptoir des Mines Galerie Analyse L'artiste interroge dans l'installation De Gueïra à Saïdia l'impact de la globalisation et du contrôle des frontières sur les cultures nomades au sud du Sahel. Motif récurrent dans son œuvre, les pattes de dromadaires réalisées en résine, illustrent la lente traversée des espaces et des pays par les caravanes d’hommes et d’animaux transportant des marchandises. Son installation, en allusion aux villes éponymes de Mauritanie et du Maroc, est parcourue par un fil de cuivre reprenant le tracé de la frontière ouest du Maroc et du Sahara occidental. Les oscillations de la ligne évoquent les secousses géopolitiques qui agitent cette zone frontalière autant que les pulsations de plus en plus faibles des modes de vie traditionnels. La série Gestes Nomades, consigne sur le papier les empreintes de sabots de dromadaires, trempés par l’artiste dans de l’huile de cade lors d’une étape sur la route des caravanes, au sud du Maroc. Les motifs de pas ainsi imprimés évoquent les itinéraires des jeunes générations, souvent séduites et désorientées par une modernité en rupture avec leurs traditions. Biographie Né en 1984 au Maroc, Mohammed Arejdal vit et travaille à Taroudant. Après des études à l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, il pose les bases d’une pratique pluridisciplinaire qui explore les relations à l’altérité. Ses œuvres récentes évoquent des histoires de rencontres fortuites, soulignant ce qui sépare et rassemble les individus. Son travail a fait l’objet d’expositions au Maroc et à l’étranger, notamment au Cube - Independent art room à Rabat, à la 5e Biennale de Marrakech ou encore à l’Institut du Monde Arabe à Paris.
Pistes de réflexion Autour de l'œuvre De Gueïra à Saïdia, 2019 - À quel mode de voyage cette œuvre fait-elle référence ? - Quels éléments souligne la perte de repères, l’héritage disloqué ? - Quelles sont les conséquences des frontières et de l’industrialisation sur les modes de vie nomades (sur les échanges culturels, la liberté de déplacements...) ? - Les dromadaires transportent des personnes, mais aussi des marchandises, les hommes et les marchandises ont-ils la même liberté de circulation ? Série Gestes Nomades, 2019 - En quoi la technique de l‘empreinte est-elle pertinente pour le sujet de l’œuvre ? - Comment la fragilité se matérialise/est évoqué dans cette œuvre ? Autour d’un thème du programme scolaire CYCLE 2 ET 3 Questionner le monde : Questionner l’espace et le temps Histoire (CM2) : L’âge industriel en France S'interroger sur les modes de vie traditionnels. Nous n’avons pas toutes et tous la même façon de vivre. Les paysages, les climats, les richesses naturelles, les histoires, les traditions, les façons de gouverner ont une influence sur notre vie. Dans un même pays aussi, nous avons aussi chacun nos modes de vie. Les peuples nomades sont des éleveurs, ils se déplacent continuellement avec leurs troupeaux pour trouver de la nourriture, de l’eau et des matériaux. - Quelles sont les traditions culturelles transmises de génération en génération (langue, conte, légende, danse, chant, spectacle traditionnel, architecture, artisanat, technique...) ? - Pourquoi des traditions culturelles disparaissent-elles ? (évolution, remplacement...) ? - Pourquoi faut-il préserver ces traditions culturelles (sentiment d’appartenance, diversité des cultures...) ? - Avec la mondialisation, une uniformité culturelle est apparue, quels aspects de la culture sont touchés (langues, industrie du cinéma, marques...) ?
focus sur les cultures d'islam SAÏDOU DICKO The waves / Le chevreau / Tapis Peulh bleu, 2020 Le champ de mars / Le banc du chevreau / La chance, 2020 © Saïdou Dicko, courtesy Comptoir des Mines Galerie Analyse Saïdou Dicko devient berger dès l’âge de quatre ans dans le Nord du Sahel. Les ombres de son bétail sur le sol stimulent son imaginaire et c’est en les reproduisant qu’il apprend à dessiner. Hommage au mode de vie traditionnel des Peuls – peuple nomade et majoritairement musulman établi dans toute l’Afrique de l’Ouest – cette série d’aquarelles illustre notamment l’évolution du port du voile dans les cultures d’Islam, passé au fil du temps d’attribut culturel à cultuel, ainsi que l’adaptation des méthodes utilisées pour le transport et la conservation de l’eau dans les zones désertiques, grâce au réemploi de jerricanes, de bouteilles d’eau et de soda d’où fleurit une végétation luxuriante. Biographie Née en 1979 au Burkina Faso, Saïdou Dicko vit et travaille à Paris. Objet de fascination depuis son enfance passée à garder le troupeau familial dans la région du Sahel, l’ombre est au cœur de son travail. A travers la peinture, la photographie, la vidéo et l’installation, cet artiste autodidacte rend hommage à la culture Peule, au mode de vie et traditions d’un peuple nomade confronté à l’exode rurale. Ses œuvres ont été plusieurs fois primées notamment par le prix Blachère en 2006 et le prix de la Francophonie aux Rencontres de la Photographie Africaine de Bamako en 2007.
AXE 2 - DANS LES INTERSTICES DE LA MONDIALISATION
AXE 2 - DANS LES INTERSTICES DE LA MONDIALISATION En Afrique comme ailleurs, les pratiques informelles peuvent s’envisager comme autant de mécanismes de survie qui se glissent dans les failles du système. Sabrina Belouaar et Randa Maroufi mettent en lumière la résilience des femmes qui vendent à la sauvette des bijoux dans les rues d’Alger ou transportent d’énormes ballots de produits de contrebande, entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta. Non loin de là, Hicham Gardaf archive l’urbanisation à marche forcée de la ville de Tanger et plus particulièrement les mutations des zones périurbaines, transformées par la multiplication d’habitats auto- construits. Dans la peinture grand format de Mariam Abouzid Souali, un jeu de l’oie composé de containers fait allusion aux marchandises qui transitent par le port de Tanger Med et au hiatus entre l’exportation des richesses du continent et le niveau de vie des habitants, dont l’immense majorité reste contrainte à la « débrouille ». Pistes de réflexion Décrire les effets de la mondialisation sur les migrations. La mondialisation est un processus qui n’est pas réellement mondial. Elle se concentre dans certains espaces bien reliés entre eux. L’inégale répartition des richesses dans le monde pousse certains habitants à partir de chez eux. - Quels sont les types d’inégalités entre les groupes de population à l'intérieur d’un pays (revenus, logement, emploi, soin, instruction...) ? - Pourquoi certaines personnes quittent-elles leur pays natal volontairement ou involontairement (pauvreté, chômage, conflits, catastrophes naturelles, désir d’un ailleurs et d’une confrontation à d’autres cultures...) ? - Les mouvements de migrations sont-ils uniquement centrés sur l’Europe ou du « Sud » vers le « Nord » (migration de proximité) ? Thèmes clés Mondialisation, résilience, marginalité, inégalités, droits de la personne, légalité, justice, conditions des femmes.
SABRINA BELOUAAR The Gold Sellers, 2018 Tirage couleur sur papier contrecollé sur dibond, 150 x 112 cm © Sabrine Balouaar, ADAGP, Paris, 2021 Analyse Des femmes vendent des bijoux à la sauvette dans certaines rues d’Alger... Derrière ces marchandes souvent conspuées se cachent des travailleuses aux parcours difficiles, pour la plupart veuves ou divorcées, en charge de familles nombreuses, et qui n’ont souvent pas eu d’autre choix que de vendre leur dot pour subvenir à leurs besoins. En capturant l’image de leurs mains et des bijoux clinquants qu’elles proposent aux passants, Sabrina Belouaar cherche à mettre en lumière leurs histoires. Passant d’une démarche de survie à un état d’esprit « entrepreneurial », ces femmes ont avec le temps, contribué à la structuration d’un véritable marché informel de refonte d’or et de fabrication de bijoux de contrefaçon s’appropriant les logos des marques de luxe occidentales. Biographie Née en 1986 en France, Sabrina Belouaar est diplômée de l’École Supérieure d'Art et de Design Marseille-Méditerranée. Son œuvre symbolique et poétique, empreinte d’une réflexion sur les inégalités sociales et le statut des femmes, transpose des références personnelles, multiculturelles, sociales et historiques. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions notamment au Centre Pompidou, à la Cité Internationale des arts et à la Villa Belleville.
Pistes de réflexion Autour de l'œuvre - Qu’est-ce que le cadrage nous dit sur le sujet de ces images ? Notre interprétation serait- elle différente si l’artiste avait inclus le visage de ces femmes dans les photographies ? - Ceux qui n’ont pas de travail légal cessent-ils de faire partie de la société ? Faut-il faire la différence entre une personne et ses actions ? - Le but d’une entreprise est généralement de faire le plus de bénéfice possible, mais est-ce le cas pour ces femmes qui ont développé un marché parallèle ? - Est-ce que le travail est une façon d’être responsable de sa vie, de défendre sa propre liberté ? - Quelles sont les inégalités entre les hommes et les femmes concernant le travail et l’argent ? Autour d’un thème du programme scolaire CYCLE 1 Enseignement moral et civique : Construire une culture civique Réfléchir sur les préjugés et les stéréotypes. Les stéréotypes sont des idées toutes faites. Les préjugés sont des opinions souvent basées sur les stéréotypes. Il s'agit de juger avant de connaitre. - Quels sont les impacts négatifs de ces a priori ? - Est-ce que les stéréotypes et les préjugés peuvent limiter les gens dans leurs choix ? - Les femmes et les hommes ont-ils les mêmes droits ? - Peut-on être à la fois différents et égaux ? - Est-ce que toutes les personnes sur la planète sont en mesure de faire des choix librement ?
MARIAM ABOUZID SOUALI Quand c’est gratuit, c’est qui le produit ? , 2019 Acrylique sur toile contrecollée sur panneau, 162 x 295 cm © Mariam Abouzid Souali, courtesy Comptoir des Mines Galerie Analyse Autour d’un jeu de l’oie formé de containers emmenés par une locomotive, des enfants qui représentent l’Asie, l’Afrique et l’Europe se disputent la victoire dans un tir à la corde acharné. Cette peinture monumentale interroge les intérêts étrangers sur le continent africain, entre l’exploitation de ses ressources par de grands groupes européens héritiers d’un passé colonial et l’inondation des commerces par des produits d’importation chinoise. Au sein d’une économie mondialisée où les parts de marchés valent plus que les vies humaines : quand c’est gratuit, c’est qui le produit ? Biographie Née en 1989 au Maroc, Mariam Abouzid Souali vit et travaille entre Tétouan et Philadelphie. Après des études à l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan et à l’Université Abdelmalek Essaâdi de Martil, elle poursuit un doctorat au Bryn Mawr College de Pennsylvanie, aux États-Unis. Ses peintures associent des représentations du jeu avec des symboles forts de la modernité, invitant le spectateur à repenser la notion de progrès et de mobilité. Ses œuvres ont notamment été exposées à la Galerie Comptoir des Mines de Marrakech, à la Biennale des jeunes artistes de la Méditerranée à Tirana et à la Villa des Arts de Rabat.
Pistes de réflexion Autour de l'œuvre - Quelle est la particularité du format de cette œuvre (grande dimension, contour défini par le sujet...) ? - Les containers sont disposés de manière à évoquer la forme d’un jeu de société bien connu, lequel (jeu de l’oie...) ? - Dans le jeu de l’oie, la victoire ne dépend pas du talent ni de l'effort, mais de la chance. Quels sentiments peut-on ressentir lorsque l’on joue à un jeu basé sur la chance (prise de risque, conflit, plaisir...) ? - Dans le jeu sportif du tir à la corde, quelle est la façon de gagner (par la force...) ? Quels détails de l'œuvre nous aident à distinguer parmi ces enfants de différentes nationalités les gagnants des perdants, tels qu’ils sont imaginés par l’artiste (déséquilibre, vêtements, positionnement sur la locomotive...) ? - Est-ce que ce déséquilibre présent dans l’univers du jeu est aussi présent dans les relations entre les pays dits du « nord » et les pays dits du « sud » (épanouissement économique...) ? - Existe-t-il des jeux où la victoire des uns n’implique pas la défaite des autres (jeux collaboratifs...) ? Quelle est l’attitude à adopter dans ce type de jeux (respect, entraide, coopération, solidarité...) ? Autour d’un thème du programme scolaire CYCLE 3 ET 4 Géographie (CM1) : Consommer en France Géographie (5e) : La question démographique et l’inégal développement Reconnaître les inégalités. L’économie mondiale est lancée dans une course à l’enrichissement, mais les richesses de la planète ne sont pas réparties à parts égales entre les humains. Il y a des inégalités entre les pays, mais aussi à l'intérieur d'un pays. - Par quelle voie les ressources ou les produits provenant d'ailleurs dans le monde sont-ils principalement acheminés (voies maritimes, par navires porte-conteneurs...) ? - Comment développer sans compromettre les besoins du futur (développement durable...) ? - La richesse est liée aux revenus, mais pas seulement. Quels sont les éléments qui améliorent la qualité de vie (faim, soin, éducation, sécurité, travail…) ?
AXE 3 - CONNEXIONS IMMATÉRIELLES
AXE 3 - CONNEXIONS IMMATÉRIELLES Ici, l’environnement immédiat se dissout au profit d’autres mondes, lointains ou rêvés, qui attestent de l’infinie capacité de l’homme à se réinventer. Chez Salifou Lindou, les objets de culte et les mélodies voyagent, changeant de registres, d’usages et de sens. Loin des contingences du réel, il esquisse de nouvelles possibilités et emporte le spectateur vers d’autres horizons, tout comme Smaïl Kanouté qui réalise une constellation graphique matérialisant les liens entre les membres du village de ses parents, au Mali, sur trois générations, ou encore Chourouk Hriech dont le paysage poétique entremêle des références à Tanger, Douala et Paris en mettant en scène la figure de l’oiseau. Ce symbole de liberté se retrouve également dans le parcours visuel et sonore du Cercle Kapsiki : des calaos colorés perchés ici et là font déborder l’exposition dans les rues de Barbès et de la Goutte d’Or, guidant le promeneur sur la piste des innombrables langues qui façonnent le quartier et mettant à l’honneur leurs musicalités. Pistes de réflexion Découvrir l’installation en art contemporain. L'installation est une œuvre en trois dimensions créée et/ou adaptée pour un lieu donné et conçue pour modifier la perception de l'espace. Ses divers éléments constituent un environnement qui procure au public une expérience spatio-temporelle. Elle peut être qualifiée d’œuvre in situ lorsqu’elle est conçue en fonction du lieu dans lequel elle s’inscrit. Dans certains cas, le public est amené à interagir avec l’installation, ce qui abolit partiellement la distance entre le public et l’œuvre. - Quelles sont les différentes caractéristiques d’une installation ? - Qu’est-ce qui permet de distinguer une installation d’une œuvre simplement accrochée (l'espace de l’installation peut être fermé ou ouvert, mobile, permanent, éphémère...) ? - Comment une installation sollicite le corps du visiteur autrement qu’un objet à regarder (tourner autour, traverser...) ? - Quelle différence peut-on faire entre une installation et une sculpture, et une architecture ? - Une même installation peut-elle exister dans des lieux différents sans perdre en intensité et en signification ? - L’installation est-elle toujours interactive ? Thèmes clés Imaginaire, identité, hybridité, réseaux, quotidien, différence, utopie.
SALIFOU LINDOU U vé nkêh? (Es-tu purifié ?), installation, 2021 © Salifou Lindou Analyse Les visiteurs sont invités à déambuler sur les nattes colorées disposées au sol, entre les bouilloires suspendues qui diffusent des chants traditionnels de pays musulmans d’Afrique comme les Comores, le Mali, le Soudan ou le Sénégal. Ces objets en plastique, résistants et peu onéreux, sont très répandus sur le continent africain. Ils font office de tapis de prière et de récipient servant aux ablutions, notamment dans les régions du Sud sahélien où l’accès à l’eau claire est souvent difficile. À travers cette installation, Salifou Lindou témoigne de l’adaptation des fidèles aux réalités locales pour pratiquer leurs rituels religieux (ici, afin de suivre les préceptes de purification du Coran avant la prière). Il souligne aussi la façon dont ces objets circulent entre les usagers, les pays et les contextes : souvent produits en Chine, on les trouve dans les mosquées du Sahel, les échoppes de la Goutte d’Or et jusqu’aux magasins design du Marais. Biographie Né en 1965 à Foumban au Cameroun, Salifou Lindou vit et travaille à Douala. Après des études en scénographie théâtrale à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg, il expérimente de nouveaux matériaux comme la tôle, le cuir, le verre ou la toile de jute et s'exprime notamment par la sculpture, l'installation et le dessin. Salifou Lindou est membre fondateur du Cercle Kapsiki. Il a participé à des expositions telles qu'à la foire AKAA à Paris ou à la Galerie Foderkoje en Allemagne. Focus sur les cultures d'Islam Dans l’islam, la prière exprime la foi à travers la communication personnelle avec Allah. La prière peut s’effectuer dans l’intimité ou en public. Les musulmans se réunissent pour prier dans les mosquées mais ils peuvent aussi le faire sur un tapis, là où ils le souhaitent, mais toujours en direction de la Mecque. Dans la mosquée se trouvent des bassins pour se purifier avant la prière. Lorsqu'ils les utilisent, ils réalisent des ablutions. Ensuite, quand on entre dans la salle de prière, on se déchausse pour marquer le passage du profane, c'est-à-dire la vie courante, au sacré. (Source Lumi)
Pistes de réflexion Autour de l'œuvre - À quels domaines artistiques appartient cette œuvre ? - Quels sens sont convoqués ? - Cette œuvre est-elle faite pour être regardée ou expérimentée ? - Qu’ont ces objets en commun ? - De quelle façon l’artiste détourne-t-il la fonction d’origine des objets ? - Les objets acquièrent-ils un nouvel usage, un nouveau sens ? - L’utilisation d’objets non précieux, conçus en plastique, rend-elle cette œuvre moins belle, moins intéressante ? - Est-ce que la façon dont l’artiste a réemployé ces objets est surprenante, déstabilisante, permet-elle d’imaginer d'autres interprétations ? - Pourquoi cette œuvre peut-elle sembler poétique (les couleurs, les sons, le concept, l’attention qu’on y porte...) ? Autour d’un thème du programme scolaire CYCLE 3 ET 4 Histoire des arts : Relier des caractéristiques d’une œuvre d’art à des usages, ainsi qu’au contexte historique et culturel et sa création Histoire des arts : Les arts à l’ère de la consommation de masse (de 1945 à nos jours) Montrer comment s’opère le détournement en art contemporain. Le détournement consiste à donner aux objets une nouvelle chance en les modifiant ou les changeant de contexte afin de s’interroger sur le sens des objets. Les objets utilitaires ont une valeur marchande et entrent dans les échanges économiques, mais vite hors d’usage, démodés, cassés, ils deviennent des déchets. Les artistes peuvent s’emparer de ces objets afin de les mettre en scène autrement ou de poser un nouveau regard sur l’objet. - Les artistes peuvent-ils faire usage des objets industriels ? - Au-delà de leur utilité ou de leur valeur marchande, les objets industriels en plus de leur fonctionnalité revêtent un caractère esthétique (design). Le rôle de l’artiste est-il de produire de la beauté ? - Le fait d’utiliser des objets du quotidien permet de ramener l’œuvre à notre réalité et de penser l’objet autrement. Comment l’intégration d’objets industriels peut-elle participer à la désacralisation de l’œuvre d’art ? - Quels sont les genres ou les mouvements artistiques à avoir mis de l’avant l’objet (nature morte, ready-made, surréalisme, pop art...) ? - Face à la production massive d’objets industriels, comment adopter un comportement écocitoyen (trier, modifier, transformer...) ?
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