DOSSIER PÉDAGOGIQUE - À l'Institu t d - Institut des Cultures d ...

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE - À l'Institu t d - Institut des Cultures d ...
néral d’Africa2020
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                                                DOSSIER
                                            PÉDAGOGIQUE
           art ltures d’Islam et en ligne
         qu Cu er
           es au 1 août 2021
À l’Institu t

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Expositio

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SOMMAIRE

4                 Mode d’emploi

5                 À propos de l’Institut des Cultures d’Islam

6                 Préparer la visite

8                 Découvrir l’exposition Zone Franche
11                     Axe 1 – Ce(ux) qui traverse(nt) les frontières, focus sur l'œuvre de :
                  		Mansour Ciss
                  		           Fatiha Zemmouri
                  		           focus sur les cultures d'Islam : Malala Andrialavidrazana
                  		Mohamed Arejdal
                  		           focus sur les cultures d'Islam : Saïdou Dicko
21                     Axe 2 – Dans les interstices de la mondialisation, focus sur l'œuvre de :
                  		Sabrina Belouaar
                  		           Mariam Abouzid Souali
27                     Axe 3 – Connexions immatérielles, focus sur l'œuvre de :
                  		           focus sur les cultures d'Islam : Salifou Lindou
                  		Chourouk Hriech
34                     Lexique

36                Points d’entrée dans les programmes scolaires

40                Prolonger la visite

44                Offres de médiation

46                Réservation

47                Cinq raisons de venir à l’ICI

48                Informations pratiques

page de couverture                                           à gauche

Les fables du calao, sculpture, 2021                         Figures 1937, Lignes télégraphiques et sous-marines (détail)
production : Institut des Cultures d'Islam et collectif MU   © Malala Andrialavidrazana
© Le Cercle Kapsiki
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MODE D'EMPLOI

Ce dossier conçu par l'équipe des publics de l'Institut des Cultures d'Islam est destiné aux
enseignants de toutes les disciplines, de la maternelle au cycle 4. L’intention est de vous
familiariser avec l’ICI et de vous proposer des outils pour préparer une visite de l'exposition et
la prolonger en classe.

Afin de préparer la visite, nous vous proposons des définitions ainsi qu’une approche
méthodique pour interpréter les œuvres d’art contemporain présentées dans cette exposition.
Nous vous recommandons de les présenter en classe, préalablement à la visite.

Pour découvrir l’exposition Zone Franche, un parcours pédagogique a été dégagé et privilégié
afin de vous aider à développer les thématiques de chaque axe de l'exposition avec vos élèves
à travers une sélection d’œuvres. Ce parcours regroupe les œuvres de sept artistes sur les
quinze que compte l’exposition.

Chaque axe thématique propose :
- Un texte de présentation
- Des pistes de réflexion
- Une sélection de thèmes-clés

Les œuvres des artistes sont présentées de la manière suivante :
- Biographie de l'artiste
- Texte de présentation et d’analyse de l'œuvre
- Pistes de réflexion : autour de l’œuvre et autour d’un thème du programme scolaire

Cette partie vous offre un aperçu des sujets mobilisés qui guideront les discussions lors d’une
visite à l’ICI. De plus, des compléments d'information sur les cultures d’Islam ponctuent ici
et là ce dossier. Vous trouverez également un lexique thématique et un tableau de synthèse
regroupant les liens vers les programmes scolaires de chacun des niveaux.

À la fin de ce dossier, une sélection d’ouvrages disponibles à la Bibliothèque Fleury Goutte
d’Or vous permet de développer et prolonger les sujets de la visite en classe.

Le service des publics de l'ICI se tient à votre disposition pour vous accompagner dans la
préparation de votre venue avec vos classes.
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À PROPOS DE
L'INSTITUT DES CULTURES D'ISLAM
                                                 Établissement artistique de la Ville de P     ­ aris
                                                 ­situé dans le quartier de la Goutte d’Or, l’ICI
                                                  fait connaître la d
                                                                    ­ iversité des cultures d’Islam
                                                  et leur dynamisme dans la c  ­ réation contempo-
                                                  raine en proposant des ­expositions, concerts,
                                                  conférences, projections-débats et ateliers,
                                                  ainsi qu’une offre dédiée au jeune public.

                                                 De l’Afrique à l’Asie en passant par l’Europe
                                                 et le Moyen-Orient, les cultures d’Islam sont
                                                 multiples et inspirent les artistes, quelles
                                                 que soient leurs ­   origines, leurs ­
                                                                                      attaches,
                                                 leurs croyances ou leur ­nationalité. À ­travers
                                                 leur regard, l’ICI bouscule les préjugés et
                                                 ­présente ­l’actualité de ces cultures ­partout
                                                  dans le monde.

                                                 L’ICI propose également une offre de cours de
                                                 ­langues et de pratiques artistiques, ainsi que
                                                  des visites ­thématiques du quartier de de la
                                                  Goutte d’Or.

                                                 Toutes les ­activités se répartissent sur deux
                                                 bâtiments, qui comportent ­         chacun des
                                                 ­espaces d’exposition et des salles de cours.
                                                  Le site de la rue Léon dispose é      ­galement
                                                  d’un patio, d’une scène à ciel ouvert et d’un
                                                  restaurant (La Table Ouverte) tandis que
                                                  ­
                                                  l’on trouve un hammam dans c     ­ elui de la rue
                                                  Stephenson. Une salle de prière, gérée par
                                                  ­
                                                  une association cultuelle, occupe le premier
                                                  étage de ce bâtiment, dans une configuration
                                                  inédite et ­respectueuse de la loi de 1905.

Musée ou centre d’art ?
En plus des expositions temporaires, un ­musée met en avant une collection d’œuvre d’art qui y
est installée de manière p
                         ­ ermanente et qui appartient à ­l’institution.

L’Institut des Cultures d’Islam propose deux expositions temporaires par an mais ne met pas en
place de collection permanente ­ouverte au public : c’est un centre d’art. Le but est de­­promouvoir
la création ­ contemporaine et l’expérimentation artistique. C’est dans cette démarche que
­certains artistes sont invités à produire une œuvre spécialement pour une exposition.
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PRÉPARER LA VISITE

Afin de préparer la visite de l’exposition, nous vous proposons des définitions pour décrypter
le vocabulaire de l’art contemporain ainsi qu’une approche méthodique pour interpréter les
œuvres présentées dans cette exposition. Nous vous recommandons de présenter ces mots-
clés et cette approche en classe, préalablement à la visite.

Une fois sur place, et pour favoriser de bonnes conditions de visite à l’ICI, la médiatrice ou
le médiateur rappelleront au groupe quelques consignes indispensables pour une bonne
appréciation des œuvres dans le respect des autres visiteurs et équipes de l’ICI.

Les mots-clés de l’art contemporain

L'art contemporain dispose d’un vocabulaire spécifique. Les définitions qui vous sont
proposées dans ce dossier offrent un cadre permettant d’appréhender au mieux votre visite à
l’ICI. Cette sélection n’est pas limitative pour autant.

Artiste : Être artiste est un métier qui consiste à créer des œuvres. Il existe des artistes dans
tous les pays et à toutes époques. L’art est universel. Aujourd’hui plus que jamais, les artistes
expérimentent et posent des questions qui visent à engager une réflexion. Être artiste, c’est
partager des idées et des émotions autant que réfléchir à l'esthétique de l’œuvre.

Œuvre d’art : Une création qui existe pour elle-même et se présente sous différentes formes
(peinture, dessin, sculpture, photographie, installation, performance, vidéo, numérique, etc.).
Elle est une expression originale et une manifestation de la vision du monde d’un artiste.

Art contemporain : « Contemporain » signifie ce qui est de notre temps. L'expression « art
contemporain » désigne de façon générale et globale les œuvres produites de nos jours au
21e siècle, l'art qui se pratique aujourd'hui.

Commissaire d’exposition : Désigne la personne qui choisit le thème d’une exposition,
sélectionne les œuvres, établit des relations entre celle-ci et définit leur positionnement
dans l’espace. Elle supervise chaque étape de l'exposition (transport, montage, écriture des
textes...).

Médium : Désigne le matériau ou tout autre moyen de production employés par l’artiste – la
peinture ou la vidéo, par exemple – qu'utilise un artiste pour réaliser son œuvre.

Démarche : La démarche d’un artiste est le processus créatif qui guide la réalisation de ses
œuvres, comme des lignes directrices. Sa démarche artistique est ce qui caractérise son
engagement global et le distingue des autres artistes.
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Comment analyser une œuvre d’art contemporain ?

Apprécier l’art, ça s’apprend. Plus on voit des choses, plus on peut comparer et élargir ses
goûts, afin de développer une curiosité pour l’art. Pour entraîner vos élèves, voici une approche
méthodique répartie selon trois niveaux de lecture – pouvant se chevaucher – à adopter
lorsque ceux-ci se trouvent devant une œuvre d’art contemporain.

Observer
Prendre son temps. Ne pas chercher le jugement esthétique.
• Qu'est-ce qui attire l'œil en premier ? Pourquoi ?
• Détailler l’œuvre. Quels éléments la composent ? Comment s’inscrit-elle dans l’espace (2D,
3D, les deux) ?
• Analyser le processus de fabrication (médium, techniques, gestes de l’artiste, etc.) et les
caractéristiques de l’œuvre (couleurs, lignes, textures, composition, taille, etc.).

Ressentir
L’art suscite des émotions. Chacun doit pouvoir se sentir libre d’aimer ou non une œuvre. Il
s’agit de s’autoriser à sentir et exprimer les effets qu’une œuvre procure sur soi.
- Convoquer le souvenir d'une première impression au contact d’une œuvre. Est-ce que cette
perception a changé ? Et après avoir pris connaissance du propos de l’artiste ?
- Quelles émotions et sensations ressentez-vous en présence de l’œuvre (joie, émerveillement,
curiosité, amusement, étonnement, malaise, indignation, etc.) ?
- Est-il possible de faire des associations à des expériences vécues, des idées, des émotions
déjà éprouvées, des ambiances ?

Comprendre
Chercher à comprendre le ou les sens de l’œuvre.
Il est possible de consulter le « cartel » qui est comme la carte d’identité de l’œuvre et se situe
près d'elle. Il indique en général le nom de l’artiste, le titre de l’œuvre, la date de sa création et
offre une description de l’œuvre en quelques lignes.
- Quel est le titre de l’œuvre ? Quel est le sujet et comment est-il représenté ? Quels sont les propos
de l’artiste ? Tracer des liens entre ces informations avec ce que l’on voit et ce que l’on ressent.
- Analyser comment la présentation de l’œuvre (position dans l’espace, présence d’autres
œuvres autour) a une influence sur notre interprétation de l'œuvre.
- Chercher ailleurs. À quoi cela fait-il penser ? Puiser dans ses connaissances et faire des
associations avec d’autres œuvres ou images (publicité, actualité, internet, etc.).
- Solliciter l’éclairage de l’équipe de médiation de l’ICI au sujet de l’artiste, d’une notion
artistique, d’une technique, du contexte historique, culturel, social, scientifique, etc.
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DÉCOUVRIR L’EXPOSITION
ZONE FRANCHE
ZONE FRANCHE
Exposition et quartier général d’Africa2020
À l’Institut des Cultures d’Islam et en ligne
Du 3 février au 1er août 2021
En partenariat avec doual'art et Think Tanger
--
Commissariat
DOUAL’ART [Douala, Cameroun]
Princesse Marilyn Douala Manga Bell, présidente
INSTITUT DES CULTURES D’ISLAM [Paris, France]
Bérénice Saliou, directrice artistique
THINK TANGER [Tanger, Maroc]
Hicham Bouzid, directeur artistique
Amina Mourid, project manager
--
Initiée dans le cadre de la Saison Africa2020, Zone Franche est une aventure collective,
fruit d’une rencontre entre trois structures artistiques situées au Cameroun, au Maroc et
en France, animées par un même désir d’interagir avec le territoire qui les accueille. C’est à
partir de ces contextes locaux et des témoignages d’une centaine d’acteurs de proximité –
artistes, intellectuels, commerçants, associations – que Doual’art, Think Tanger et l’Institut
des Cultures d’Islam ont co-créé une exposition prenant la forme d’un espace poétique et
symbolique autonome.
À rebours de l’enclave qu’elle désigne habituellement, cette Zone Franche explore le
mouvement des voyageurs, des marchandises et des imaginaires, par-delà les frontières et
dans les interstices de la mondialisation. Les œuvres de quinze artistes du continent africain
et de la diaspora bouleversent les cartes et la géographie, racontent les destinées, parcourent
les chemins de la pensée vers un ailleurs bien réel ou rêvé. Elles observent les pratiques
informelles, entre résistance et résilience face aux règles d’un « jeu » par trop inéquitable
et, à compter de la fin du mois de mars, elles investissent les rues de la Goutte d’Or dans un
parcours visuel et sonore sur les liens qu’entretient le quartier avec l’Afrique et le monde. La
dernière partie de la visite donne un aperçu de la méthode de travail immersive qui a conduit
l’équipe curatoriale à Tanger, Paris et Douala, en restituant les atmosphères, les rencontres et
les échanges à l’origine de l’exposition.
Nomadisme, utopie monétaire, contrebande, mémoire collective, itinéraires intimes : vous
entrez dans une Zone Franche…
Stéphanie Chazalon
directrice générale - Institut des Cultures d’Islam

à gauche

U vé Nkêh ? (es tu purifié ?) (détail), installation, 2021
© Salifou Lindou
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Carte montrant l'origine des artistes

                    MAROC

                                  ALGÉRIE

     SÉNÉGAL
                              MALI

                               BURKINA-FASO

                                            CAMEROUN

                                                       MADAGASCAR
AXE 1 - CE(UX) QUI TRAVERSE(NT) LES FRONTIÈRES
AXE 1 - CE(UX) QUI TRAVERSE(NT)
LES FRONTIÈRES
En pénétrant dans la Zone Franche de l’ICI, le visiteur est invité à changer ses euros contre des
afros. Utopie artistique imaginée par Mansour Ciss, cette monnaie panafricaine circule aussi
librement que les citoyens au sein d’un continent devenu les États Unis d’Afrique.
Les frontières s’effacent aussi pour les peuples nomades du Sahel auxquels Saïdou Dicko et
Mohamed Arejdal rendent hommage tout en interpelant sur la disparition des modes de vie
traditionnels. Un phénomène en grande partie lié à l’exode massif vers les centres urbains
à l’intérieur même du continent, et plus encore en Afrique de l’Ouest comme le soulignent
les portraits de travailleurs de Jean David Nkot. Bien que majoritaires, ces migrations sont
souvent ignorées dans une Europe préoccupée par l’arrivée de jeunes générations africaines
en quête d'une vie meilleure et fantasmée. Les rebondissements de leur long et dangereux
périple sont ironiquement mis en scène dans le jeu vidéo proposé par Salim Bayri.
Face aux lignes qui divisent, séparent et engendrent des destinées tragiques, Malala
Andrialavidrazana et Fatiha Zemmouri désordonnent l’outil cartographique pour proposer de
nouvelles lectures du monde.

Pistes de réflexion
S'interroger sur le rôle des frontières.
Les frontières ne sont pas qu’un trait sur une carte. Il s'agit des limites de l’espace au sein
duquel un État exerce son pouvoir. Ainsi, les frontières délimitent un territoire sur la terre, la
mer et l’air. Les frontières sont franchies sans cesse par les humains, les marchandises, les
matières premières, les informations, etc., mais selon les critères de chacun des États.
- Pourquoi les frontières existent-elles (lois, impôts, circulation...) ?
- Comment la géographie influence le tracé des frontières (barrière naturelle...) ?
- Qu’est-ce qui a un impact sur la modification ou l’évolution des frontières (conflits entre les
États, colonisation, volonté d’indépendance...) ?
- Quelles questions d’actualité permettent de relever l’importance des frontières (crises
migratoires, crises sanitaires) ?

Thèmes clés

Frontières, migration, flux, utopie, illusion, histoire coloniale, cartographie, nomadisme,
mutation, modes de vie, héritage culturel.
MANSOUR CISS

Afro notre Monnaie, 2001-2021
Installation présentant affiches, billets de banque, vidéo
© Mansour Ciss, ADAGP, Paris, 2021

Analyse
En 1884-1885, lors de la conférence de Berlin, les puissances européennes collaborent en
vue de se partager l’Afrique et édictent les règles officielles de la colonisation. En réponse
à cet acte dont les répercussions se mesurent encore aujourd’hui, Mansour Ciss crée en
2001 le Laboratoire de Déberlinisation. Son objectif est de fédérer la jeunesse et les arts
autour de réflexions centrées sur le développement et l’unification de l’Afrique sur les plans
économiques, politiques et culturels. L’afro, utopie monétaire panafricaine, voit alors le jour et
circule dans le paysage artistique international. En pénétrant dans l’exposition Zone Franche,
le visiteur peut changer ses euros contre cette monnaie utopique qui introduit une alternative
au franc CFA (dont l’appellation signifiait initialement, de 1945 à 1958, « Colonies françaises
d'Afrique »), ainsi qu’à l’eco, monnaie unique ouest-africaine destinée à le remplacer.
L’afro circule à l’Institut des Cultures d’Islam dans le cadre de l’exposition Zone Franche
comme une devise permettant l’achat du catalogue de l’exposition ou d'une consommation
au restaurant de l’Institut.

Biographie
Né en 1957 au Sénégal, Mansour Ciss vit et travaille à Berlin. Après des études à l’Institut
National des Arts du Sénégal, il s’oriente vers la sculpture. Sa pratique artistique prend une
nouvelle tournure après son déménagement à Berlin où il mène depuis plusieurs années un
travail éminemment politique pour repenser l’histoire coloniale en s’appuyant sur la conférence
de Berlin et ses conséquences pour le continent africain. Son travail a notamment été exposé à
SAVVY à Berlin, à la Biennale Dak’Art et à la Biennale Internationale d'Art de Beijing en Chine.
Pistes de réflexion

Autour de l'œuvre
- Est-ce que l’argent a toujours existé ? Sous quelle forme ?
- La fabrication des billets a-t-elle toujours existé ?
- Quel type d’éléments visuels sont représentés sur les billets de banque ? Pourquoi ?
- Comment l’argent permet d’unir les gens (monnaie unique vs nationale, sentiment
d’appartenance, circulation...) ?
- Qu’est-ce qu’une utopie ? Pourquoi créer une monnaie utopique panafricaine ?
- Quelle est la fonction de l’artiste face à l’histoire et en regard de l’actualité ?
- Que signifie s’engager pour un artiste ?

Autour d’un thème du programme scolaire
CYCLE 3 ET 4
    Histoire (CM2) : Le temps de la République
    Histoire (3e) : Le monde depuis 1945

Comprendre le partage colonial de l’Afrique.
Certaines régions du monde ont été conquises par la force, puis exploitées, on les appelle des
« colonies ». La colonisation de l’Afrique par l’Occident est un long processus qui commence
dans la seconde moitié du XIXe siècle. Chaque nation européenne voulait posséder un territoire
du continent africain pour développer son économie et montrer sa puissance. À la sortie de
la Seconde Guerre mondiale, la colonisation est contestée. Les nations européennes sont
affaiblies et les mouvements anticolonialistes réclament l’autonomie ou l’indépendance
des populations colonisées. L'ONU soutient la décolonisation en proclamant le droit des
peuples à disposer d'eux-mêmes.

- Les colonies se sont vu imposer les cultures présentes en Europe (religions, langues, coutumes,
etc.). Comment la création d’une monnaie permet-elle de maintenir et transmettre la culture
d’un pays (le choix des éléments visuels…) ?
- Comment la décolonisation a-t-elle une incidence sur le nombre d’États dans le monde
(multiplication...) ?
- Comment les conquêtes coloniales ont-elles encore aujourd’hui une incidence sur la
délimitation des territoires en Afrique (tracé des frontières par les Européens...) ?
- Pourquoi le partage de l’Afrique est-il un symbole du déséquilibre des relations
internationales (absences des acteurs africains dans les négociations...) ?
- Malgré les indépendances, les anciennes colonies sont confrontées au maintien de
l’influence des anciennes métropoles coloniales, comment la création d’une monnaie
africaine permet d’agir à ce niveau ?
FATIHA ZEMMOURI

Concrete Borders, 2020
Métal peint
52 x 106 x 87 cm | 59 x 88 x 77 cm | 52 x 87 x 97 cm | 36 x 90 x 91 cm
© Fatiha Zemmouri, courtesy Comptoir des Mines Galerie

Analyse
Interpellée dans les rues de Casablanca par la situation de jeunes cherchant à financer une
hypothétique traversée de la Méditerranée en mendiant, Fatiha Zemmouri a réalisé ces
cartographies sculpturales en métal froissé, comme jetées au sol par la main d’un géant
nonchalant. Ce geste simple efface derrière un pli les mers ou les frontières pour esquisser
de nouvelles possibilités géographiques et géopolitiques. Après la série Paper Borders
qui soulignait le caractère arbitraire de l’outil cartographique et renvoyait à la fragilité du
papier sur lesquelles sont tracées des limites infranchissables, cette nouvelle série dénonce
les murs érigés en différents points du globe pour séparer artificiellement les territoires et
les personnes.

Biographie
Née en 1966 au Maroc, Fatiha Zemmouri vit et travaille entre Marrakech et Casablanca. Après
des études aux Beaux-Arts de Casablanca, elle s’intéresse très vite aux matériaux bruts comme
le charbon, le bois calciné, la céramique ou la porcelaine. En alliant différentes techniques, elle
explore et transforme les matériaux pour donner corps à des œuvres qui interpellent le public
sur l’évolution humaine et les concepts de construction, de déconstruction, de régénération et
de transformation. Ses travaux ont été présentés notamment au MACAAL de Marrakech, à la
Fondation CDG de Rabat, à la Galerie Françoise Livinec et à l’Institut du Monde Arabe à Paris.
Pistes de réflexion

Autour de l'œuvre
- Quelle est la fonction d’une carte (représenter, repérer les espaces...) ?
- L’œuvre est posée directement au sol, quel effet cela produit-il ?
- L’artiste utilise des feuilles de tôle en fer pour représenter un objet habituellement en papier,
qu’est-ce qui oppose ces deux matières ?
- Quel effet produit le froissement d'une carte de cette manière ? Quel sentiment provoque-
t-il ? Est-ce un geste de rejet ? Qu’est-ce qui peut, sur une carte être contesté ?
- Quel est l’effet de ce geste si on tente de lire la carte de cette manière (sur les distances, les
localisations...) ?
- À partir d’un geste simple – le froissement de la carte – peut-on faire une lecture différente
des contraintes liées aux frontières ? Quelles sont les nouvelles possibilités qui émergent ?

Autour d’un thème du programme scolaire
CYCLE 2 ET 3
    Questionner le monde : Questionner l’espace et le temps
    Géographie (CM2) : Se déplacer

Montrer comment la cartographie influence notre vision du monde.
Les cartes ne sont pas neutres, elles expriment une vision du monde et le cartographe fait
des choix dans ce qu'il veut représenter.
- Est-ce que l’Europe est toujours au centre d’une carte, peu importe le pays dans lequel on
se trouve ? Existe-t-il plusieurs représentations spatiales du monde (place du Nord et du
Sud, place de l’océan) ?
- Quel effet produit la représentation d’un pays plus grand que les autres et en haut de la
carte ?
- La terre étant une sphère, quelles sont les données que les cartographes ne peuvent respecter
parfaitement lorsqu'ils la dessinent à plat sur une carte (superficies, distances, angles) ?
- Comment tracer une carte lorsque des pays se disputent des frontières (prise de position
politique...) ?
focus sur les cultures d'islam
MALALA ANDRIALAVIDRAZANA

Eslam or the Countries which have professed the Faith of Mohamet © Malala Andrialavidrazana

Analyse
La série photographique Figures mêle depuis 2015 des fragments d’atlas, cartes postales, billets de
banque, pochettes d’albums, timbres, drapeaux et images diverses issues de documents d’archive
ou de livres historiques. En abolissant la fonction initiale de ces éléments à travers une série de
processus numériques (déconstruction, reconstruction, détourage, collage), et en articulant sur
un même plan différents registres, périodes et civilisations, Malala Andrialavidrazana propose un
autre point de vue sur l’Histoire et la façon dont elle s’écrit et se transmet.

Dans l'œuvre Figures 1817, Eslam or the Countries which have professed the Faith of
Mohamet (“Islam ou les pays qui ont adhéré à la foi de Mahomet”), plusieurs éléments font
référence à l’histoire et à la pratique de l’islam. Au centre, on aperçoit l’Arabie, le lieu de
naissance de l’islam en 622 et le lieu où se trouve la Mecque. À droite, la femme rappelle la
figure de Dihya, connue sous le nom de Kahina, une reine guerrière berbère qui a combattu
les Omeyyades lors de l’expansion de l’islam en Afrique du Nord au VIIe siècle. En bas, une
ornementation en étoile à cinq branches fait référence aux cinq piliers de l’islam. Les cinq
piliers de l’islam sont l’aumône, le jeûne, la prière, le pèlerinage à la Mecque et la profession
de foi (la chahada, une phrase à prononcer).

Biographie
Née en 1971 à Madagascar, Malala Andrialavidrazana vit et travaille à Paris. Après des
études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette, elle s’oriente vers la
photographie. Basées sur de vastes recherches in situ, bibliographiques et archivistiques, ses
œuvres sondent les liens entre histoire et identité culturelle et interrogent l’héritage visuel de
l’époque coloniale et son impact sur notre perception du monde. Son œuvre a en particulier
été montrée au MAIIAM Contemporary Art Museum en Thaïlande, au Centre Pompidou à Paris
et à la Somerset house à Londres.
MOHAMED AREJDAL

De Gueïra à Saïdia, 2019
Installation murale : résine, fil de cuivre et fixateur d’Hoffmann, 85 x 500 cm
© Mohamed Arejdal, courtesy Comptoir des Mines Galerie
Série Gestes Nomades, 2019
Huile de cade sur papier, 32 x 48 cm © Mohamed Arejdal, courtesy Comptoir des Mines Galerie

Analyse
L'artiste interroge dans l'installation De Gueïra à Saïdia l'impact de la globalisation et du
contrôle des frontières sur les cultures nomades au sud du Sahel. Motif récurrent dans son
œuvre, les pattes de dromadaires réalisées en résine, illustrent la lente traversée des espaces
et des pays par les caravanes d’hommes et d’animaux transportant des marchandises. Son
installation, en allusion aux villes éponymes de Mauritanie et du Maroc, est parcourue par un
fil de cuivre reprenant le tracé de la frontière ouest du Maroc et du Sahara occidental. Les
oscillations de la ligne évoquent les secousses géopolitiques qui agitent cette zone frontalière
autant que les pulsations de plus en plus faibles des modes de vie traditionnels.
La série Gestes Nomades, consigne sur le papier les empreintes de sabots de dromadaires,
trempés par l’artiste dans de l’huile de cade lors d’une étape sur la route des caravanes, au sud
du Maroc. Les motifs de pas ainsi imprimés évoquent les itinéraires des jeunes générations,
souvent séduites et désorientées par une modernité en rupture avec leurs traditions.

Biographie
Né en 1984 au Maroc, Mohammed Arejdal vit et travaille à Taroudant. Après des études à
l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, il pose les bases d’une pratique pluridisciplinaire
qui explore les relations à l’altérité. Ses œuvres récentes évoquent des histoires de rencontres
fortuites, soulignant ce qui sépare et rassemble les individus. Son travail a fait l’objet
d’expositions au Maroc et à l’étranger, notamment au Cube - Independent art room à Rabat,
à la 5e Biennale de Marrakech ou encore à l’Institut du Monde Arabe à Paris.
Pistes de réflexion

Autour de l'œuvre
De Gueïra à Saïdia, 2019
- À quel mode de voyage cette œuvre fait-elle référence ?
- Quels éléments souligne la perte de repères, l’héritage disloqué ?
- Quelles sont les conséquences des frontières et de l’industrialisation sur les modes de vie
nomades (sur les échanges culturels, la liberté de déplacements...) ?
- Les dromadaires transportent des personnes, mais aussi des marchandises, les hommes et
les marchandises ont-ils la même liberté de circulation ?
Série Gestes Nomades, 2019
- En quoi la technique de l‘empreinte est-elle pertinente pour le sujet de l’œuvre ?
- Comment la fragilité se matérialise/est évoqué dans cette œuvre ?

Autour d’un thème du programme scolaire
CYCLE 2 ET 3
    Questionner le monde : Questionner l’espace et le temps
    Histoire (CM2) : L’âge industriel en France

S'interroger sur les modes de vie traditionnels.
Nous n’avons pas toutes et tous la même façon de vivre. Les paysages, les climats, les
richesses naturelles, les histoires, les traditions, les façons de gouverner ont une influence
sur notre vie. Dans un même pays aussi, nous avons aussi chacun nos modes de vie. Les
peuples nomades sont des éleveurs, ils se déplacent continuellement avec leurs troupeaux
pour trouver de la nourriture, de l’eau et des matériaux.
- Quelles sont les traditions culturelles transmises de génération en génération (langue,
conte, légende, danse, chant, spectacle traditionnel, architecture, artisanat, technique...) ?
- Pourquoi des traditions culturelles disparaissent-elles ? (évolution, remplacement...) ?
- Pourquoi faut-il préserver ces traditions culturelles (sentiment d’appartenance, diversité
des cultures...) ?
- Avec la mondialisation, une uniformité culturelle est apparue, quels aspects de la culture
sont touchés (langues, industrie du cinéma, marques...) ?
focus sur les cultures d'islam
SAÏDOU DICKO

The waves / Le chevreau / Tapis Peulh bleu, 2020
Le champ de mars / Le banc du chevreau / La chance, 2020
© Saïdou Dicko, courtesy Comptoir des Mines Galerie

Analyse
Saïdou Dicko devient berger dès l’âge de quatre ans dans le Nord du Sahel. Les ombres de son
bétail sur le sol stimulent son imaginaire et c’est en les reproduisant qu’il apprend à dessiner.
Hommage au mode de vie traditionnel des Peuls – peuple nomade et majoritairement
musulman établi dans toute l’Afrique de l’Ouest – cette série d’aquarelles illustre notamment
l’évolution du port du voile dans les cultures d’Islam, passé au fil du temps d’attribut culturel
à cultuel, ainsi que l’adaptation des méthodes utilisées pour le transport et la conservation
de l’eau dans les zones désertiques, grâce au réemploi de jerricanes, de bouteilles d’eau et de
soda d’où fleurit une végétation luxuriante.

Biographie
Née en 1979 au Burkina Faso, Saïdou Dicko vit et travaille à Paris. Objet de fascination depuis
son enfance passée à garder le troupeau familial dans la région du Sahel, l’ombre est au cœur
de son travail. A travers la peinture, la photographie, la vidéo et l’installation, cet artiste
autodidacte rend hommage à la culture Peule, au mode de vie et traditions d’un peuple
nomade confronté à l’exode rurale. Ses œuvres ont été plusieurs fois primées notamment
par le prix Blachère en 2006 et le prix de la Francophonie aux Rencontres de la Photographie
Africaine de Bamako en 2007.
AXE 2 - DANS LES INTERSTICES DE LA MONDIALISATION
AXE 2 - DANS LES INTERSTICES DE
LA MONDIALISATION
En Afrique comme ailleurs, les pratiques informelles peuvent s’envisager comme autant de
mécanismes de survie qui se glissent dans les failles du système.
Sabrina Belouaar et Randa Maroufi mettent en lumière la résilience des femmes qui vendent
à la sauvette des bijoux dans les rues d’Alger ou transportent d’énormes ballots de produits
de contrebande, entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta. Non loin de là, Hicham
Gardaf archive l’urbanisation à marche forcée de la ville de Tanger et plus particulièrement
les mutations des zones périurbaines, transformées par la multiplication d’habitats auto-
construits. Dans la peinture grand format de Mariam Abouzid Souali, un jeu de l’oie composé
de containers fait allusion aux marchandises qui transitent par le port de Tanger Med et au
hiatus entre l’exportation des richesses du continent et le niveau de vie des habitants, dont
l’immense majorité reste contrainte à la « débrouille ».

Pistes de réflexion
Décrire les effets de la mondialisation sur les migrations.
La mondialisation est un processus qui n’est pas réellement mondial. Elle se concentre dans
certains espaces bien reliés entre eux. L’inégale répartition des richesses dans le monde
pousse certains habitants à partir de chez eux.
- Quels sont les types d’inégalités entre les groupes de population à l'intérieur d’un pays
(revenus, logement, emploi, soin, instruction...) ?
- Pourquoi certaines personnes quittent-elles leur pays natal volontairement ou
involontairement (pauvreté, chômage, conflits, catastrophes naturelles, désir d’un ailleurs et
d’une confrontation à d’autres cultures...) ?
- Les mouvements de migrations sont-ils uniquement centrés sur l’Europe ou du « Sud » vers
le « Nord » (migration de proximité) ?

Thèmes clés

Mondialisation, résilience, marginalité, inégalités, droits de la personne, légalité, justice,
conditions des femmes.
SABRINA BELOUAAR

The Gold Sellers, 2018
Tirage couleur sur papier contrecollé sur dibond, 150 x 112 cm
© Sabrine Balouaar, ADAGP, Paris, 2021

Analyse
Des femmes vendent des bijoux à la sauvette dans certaines rues d’Alger... Derrière ces
marchandes souvent conspuées se cachent des travailleuses aux parcours difficiles, pour la
plupart veuves ou divorcées, en charge de familles nombreuses, et qui n’ont souvent pas
eu d’autre choix que de vendre leur dot pour subvenir à leurs besoins. En capturant l’image
de leurs mains et des bijoux clinquants qu’elles proposent aux passants, Sabrina Belouaar
cherche à mettre en lumière leurs histoires. Passant d’une démarche de survie à un état d’esprit
« entrepreneurial », ces femmes ont avec le temps, contribué à la structuration d’un véritable
marché informel de refonte d’or et de fabrication de bijoux de contrefaçon s’appropriant les
logos des marques de luxe occidentales.

Biographie
Née en 1986 en France, Sabrina Belouaar est diplômée de l’École Supérieure d'Art et de
Design Marseille-Méditerranée. Son œuvre symbolique et poétique, empreinte d’une réflexion
sur les inégalités sociales et le statut des femmes, transpose des références personnelles,
multiculturelles, sociales et historiques. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions
notamment au Centre Pompidou, à la Cité Internationale des arts et à la Villa Belleville.
Pistes de réflexion

Autour de l'œuvre
- Qu’est-ce que le cadrage nous dit sur le sujet de ces images ? Notre interprétation serait-
elle différente si l’artiste avait inclus le visage de ces femmes dans les photographies ?
- Ceux qui n’ont pas de travail légal cessent-ils de faire partie de la société ? Faut-il faire la
différence entre une personne et ses actions ?
- Le but d’une entreprise est généralement de faire le plus de bénéfice possible, mais est-ce
le cas pour ces femmes qui ont développé un marché parallèle ?
- Est-ce que le travail est une façon d’être responsable de sa vie, de défendre sa propre liberté ?
- Quelles sont les inégalités entre les hommes et les femmes concernant le travail et l’argent ?

Autour d’un thème du programme scolaire
CYCLE 1
    Enseignement moral et civique : Construire une culture civique

Réfléchir sur les préjugés et les stéréotypes.
Les stéréotypes sont des idées toutes faites. Les préjugés sont des opinions souvent basées
sur les stéréotypes. Il s'agit de juger avant de connaitre.

- Quels sont les impacts négatifs de ces a priori ?
- Est-ce que les stéréotypes et les préjugés peuvent limiter les gens dans leurs choix ?
- Les femmes et les hommes ont-ils les mêmes droits ?
- Peut-on être à la fois différents et égaux ?
- Est-ce que toutes les personnes sur la planète sont en mesure de faire des choix librement ?
MARIAM ABOUZID SOUALI

Quand c’est gratuit, c’est qui le produit ? , 2019
Acrylique sur toile contrecollée sur panneau, 162 x 295 cm
© Mariam Abouzid Souali, courtesy Comptoir des Mines Galerie

Analyse
Autour d’un jeu de l’oie formé de containers emmenés par une locomotive, des enfants qui
représentent l’Asie, l’Afrique et l’Europe se disputent la victoire dans un tir à la corde acharné.
Cette peinture monumentale interroge les intérêts étrangers sur le continent africain, entre
l’exploitation de ses ressources par de grands groupes européens héritiers d’un passé
colonial et l’inondation des commerces par des produits d’importation chinoise. Au sein
d’une économie mondialisée où les parts de marchés valent plus que les vies humaines :
quand c’est gratuit, c’est qui le produit ?

Biographie
Née en 1989 au Maroc, Mariam Abouzid Souali vit et travaille entre Tétouan et Philadelphie. Après
des études à l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan et à l’Université Abdelmalek Essaâdi
de Martil, elle poursuit un doctorat au Bryn Mawr College de Pennsylvanie, aux États-Unis. Ses
peintures associent des représentations du jeu avec des symboles forts de la modernité, invitant
le spectateur à repenser la notion de progrès et de mobilité. Ses œuvres ont notamment été
exposées à la Galerie Comptoir des Mines de Marrakech, à la Biennale des jeunes artistes de la
Méditerranée à Tirana et à la Villa des Arts de Rabat.
Pistes de réflexion

Autour de l'œuvre

- Quelle est la particularité du format de cette œuvre (grande dimension, contour défini par
le sujet...) ?
- Les containers sont disposés de manière à évoquer la forme d’un jeu de société bien connu,
lequel (jeu de l’oie...) ?
- Dans le jeu de l’oie, la victoire ne dépend pas du talent ni de l'effort, mais de la chance. Quels
sentiments peut-on ressentir lorsque l’on joue à un jeu basé sur la chance (prise de risque,
conflit, plaisir...) ?
- Dans le jeu sportif du tir à la corde, quelle est la façon de gagner (par la force...) ? Quels
détails de l'œuvre nous aident à distinguer parmi ces enfants de différentes nationalités
les gagnants des perdants, tels qu’ils sont imaginés par l’artiste (déséquilibre, vêtements,
positionnement sur la locomotive...) ?
- Est-ce que ce déséquilibre présent dans l’univers du jeu est aussi présent dans les relations
entre les pays dits du « nord » et les pays dits du « sud » (épanouissement économique...) ?
- Existe-t-il des jeux où la victoire des uns n’implique pas la défaite des autres (jeux
collaboratifs...) ? Quelle est l’attitude à adopter dans ce type de jeux (respect, entraide,
coopération, solidarité...) ?

Autour d’un thème du programme scolaire
CYCLE 3 ET 4
    Géographie (CM1) : Consommer en France
    Géographie (5e) : La question démographique et l’inégal développement

Reconnaître les inégalités.
L’économie mondiale est lancée dans une course à l’enrichissement, mais les richesses de la
planète ne sont pas réparties à parts égales entre les humains. Il y a des inégalités entre les
pays, mais aussi à l'intérieur d'un pays.

- Par quelle voie les ressources ou les produits provenant d'ailleurs dans le monde sont-ils
principalement acheminés (voies maritimes, par navires porte-conteneurs...) ?
- Comment développer sans compromettre les besoins du futur (développement durable...) ?
- La richesse est liée aux revenus, mais pas seulement. Quels sont les éléments qui améliorent
la qualité de vie (faim, soin, éducation, sécurité, travail…) ?
AXE 3 - CONNEXIONS IMMATÉRIELLES
AXE 3 - CONNEXIONS
IMMATÉRIELLES
Ici, l’environnement immédiat se dissout au profit d’autres mondes, lointains ou rêvés, qui
attestent de l’infinie capacité de l’homme à se réinventer.
Chez Salifou Lindou, les objets de culte et les mélodies voyagent, changeant de registres,
d’usages et de sens. Loin des contingences du réel, il esquisse de nouvelles possibilités et
emporte le spectateur vers d’autres horizons, tout comme Smaïl Kanouté qui réalise une
constellation graphique matérialisant les liens entre les membres du village de ses parents,
au Mali, sur trois générations, ou encore Chourouk Hriech dont le paysage poétique entremêle
des références à Tanger, Douala et Paris en mettant en scène la figure de l’oiseau.
Ce symbole de liberté se retrouve également dans le parcours visuel et sonore du Cercle
Kapsiki : des calaos colorés perchés ici et là font déborder l’exposition dans les rues de Barbès
et de la Goutte d’Or, guidant le promeneur sur la piste des innombrables langues qui façonnent
le quartier et mettant à l’honneur leurs musicalités.

Pistes de réflexion
Découvrir l’installation en art contemporain.
L'installation est une œuvre en trois dimensions créée et/ou adaptée pour un lieu donné
et conçue pour modifier la perception de l'espace. Ses divers éléments constituent un
environnement qui procure au public une expérience spatio-temporelle. Elle peut être
qualifiée d’œuvre in situ lorsqu’elle est conçue en fonction du lieu dans lequel elle s’inscrit.
Dans certains cas, le public est amené à interagir avec l’installation, ce qui abolit partiellement
la distance entre le public et l’œuvre.
- Quelles sont les différentes caractéristiques d’une installation ?
- Qu’est-ce qui permet de distinguer une installation d’une œuvre simplement accrochée
(l'espace de l’installation peut être fermé ou ouvert, mobile, permanent, éphémère...) ?
- Comment une installation sollicite le corps du visiteur autrement qu’un objet à regarder
(tourner autour, traverser...) ?
- Quelle différence peut-on faire entre une installation et une sculpture, et une architecture ?
- Une même installation peut-elle exister dans des lieux différents sans perdre en intensité et
en signification ?
- L’installation est-elle toujours interactive ?

Thèmes clés

Imaginaire, identité, hybridité, réseaux, quotidien, différence, utopie.
SALIFOU LINDOU

U vé nkêh? (Es-tu purifié ?), installation, 2021 © Salifou Lindou

Analyse
Les visiteurs sont invités à déambuler sur les nattes colorées disposées au sol, entre les bouilloires
suspendues qui diffusent des chants traditionnels de pays musulmans d’Afrique comme les
Comores, le Mali, le Soudan ou le Sénégal. Ces objets en plastique, résistants et peu onéreux,
sont très répandus sur le continent africain. Ils font office de tapis de prière et de récipient
servant aux ablutions, notamment dans les régions du Sud sahélien où l’accès à l’eau claire
est souvent difficile. À travers cette installation, Salifou Lindou témoigne de l’adaptation des
fidèles aux réalités locales pour pratiquer leurs rituels religieux (ici, afin de suivre les préceptes
de purification du Coran avant la prière). Il souligne aussi la façon dont ces objets circulent
entre les usagers, les pays et les contextes : souvent produits en Chine, on les trouve dans les
mosquées du Sahel, les échoppes de la Goutte d’Or et jusqu’aux magasins design du Marais.

Biographie
Né en 1965 à Foumban au Cameroun, Salifou Lindou vit et travaille à Douala. Après des études en
scénographie théâtrale à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg, il expérimente de nouveaux
matériaux comme la tôle, le cuir, le verre ou la toile de jute et s'exprime notamment par la sculpture,
l'installation et le dessin. Salifou Lindou est membre fondateur du Cercle Kapsiki. Il a participé à
des expositions telles qu'à la foire AKAA à Paris ou à la Galerie Foderkoje en Allemagne.

  Focus sur les cultures d'Islam
  Dans l’islam, la prière exprime la foi à travers la communication personnelle avec Allah.
  La prière peut s’effectuer dans l’intimité ou en public. Les musulmans se réunissent pour
  prier dans les mosquées mais ils peuvent aussi le faire sur un tapis, là où ils le souhaitent,
  mais toujours en direction de la Mecque. Dans la mosquée se trouvent des bassins pour
  se purifier avant la prière. Lorsqu'ils les utilisent, ils réalisent des ablutions. Ensuite,
  quand on entre dans la salle de prière, on se déchausse pour marquer le passage du
  profane, c'est-à-dire la vie courante, au sacré. (Source Lumi)
Pistes de réflexion

Autour de l'œuvre

- À quels domaines artistiques appartient cette œuvre ?
- Quels sens sont convoqués ?
- Cette œuvre est-elle faite pour être regardée ou expérimentée ?
- Qu’ont ces objets en commun ?
- De quelle façon l’artiste détourne-t-il la fonction d’origine des objets ?
- Les objets acquièrent-ils un nouvel usage, un nouveau sens ?
- L’utilisation d’objets non précieux, conçus en plastique, rend-elle cette œuvre moins belle,
moins intéressante ?
- Est-ce que la façon dont l’artiste a réemployé ces objets est surprenante, déstabilisante,
permet-elle d’imaginer d'autres interprétations ?
- Pourquoi cette œuvre peut-elle sembler poétique (les couleurs, les sons, le concept,
l’attention qu’on y porte...) ?

Autour d’un thème du programme scolaire
CYCLE 3 ET 4
     Histoire des arts : Relier des caractéristiques d’une œuvre d’art à des usages, ainsi qu’au
contexte historique et culturel et sa création
     Histoire des arts : Les arts à l’ère de la consommation de masse (de 1945 à nos jours)

Montrer comment s’opère le détournement en art contemporain.
Le détournement consiste à donner aux objets une nouvelle chance en les modifiant ou les
changeant de contexte afin de s’interroger sur le sens des objets. Les objets utilitaires ont
une valeur marchande et entrent dans les échanges économiques, mais vite hors d’usage,
démodés, cassés, ils deviennent des déchets. Les artistes peuvent s’emparer de ces objets
afin de les mettre en scène autrement ou de poser un nouveau regard sur l’objet.

- Les artistes peuvent-ils faire usage des objets industriels ?
- Au-delà de leur utilité ou de leur valeur marchande, les objets industriels en plus de leur
fonctionnalité revêtent un caractère esthétique (design). Le rôle de l’artiste est-il de produire
de la beauté ?
- Le fait d’utiliser des objets du quotidien permet de ramener l’œuvre à notre réalité et de
penser l’objet autrement. Comment l’intégration d’objets industriels peut-elle participer à la
désacralisation de l’œuvre d’art ?
- Quels sont les genres ou les mouvements artistiques à avoir mis de l’avant l’objet (nature
morte, ready-made, surréalisme, pop art...) ?
- Face à la production massive d’objets industriels, comment adopter un comportement
écocitoyen (trier, modifier, transformer...) ?
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