Gouverner, c'est prévoir - Georges Bovy, Pol Louis, Julien Compère - CHU Liège
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Adresse retour : Centre d’oncologie clinique du CHU de Liège • Domaine Universitaire du Sart Tilman, Bât. B 35, 4000 Liège n° 08 • mai 2014 (Editorial) Gouverner, c’est prévoir Georges Bovy, Pol Louis, Julien Compère De la D l conception pti à la réalisation d’un projet
Façade sud et liaison au CHU Ç Adresse retour : Centre d’oncologie clinique du CHU de Liège • Domaine Universitaire du Sart Tilman, Bât. B 35, 4000 Liège n° 08 • mai 2014 Le Centre Intégré d’Oncologie, une réalité en 2018 (Editorial) Gouverner, c’est prévoir Georges Bovy, Pol Louis, Julien Compère De la conception à la réalisation d’un projet 2 (Editorial) Gouverner, c'est prévoir sommaire MAGAZINE DE L’ONCOLOGIE colophon DU CHU DE LIEGE Georges Bovy : le redressement et la relance n° 08 • mai 2014 Edité par le Centre d’oncologie Pol Louis : la consolidation et le plan stratégique clinique du CHU de Liège Editeur responsable : Julien Compère : la mise en œuvre du CIO, M. Julien Compère, Administrateur délégué du CHU de Liège, l’Institut de Cancérologie et le plan CAP 2020 Avenue de l’Hôpital 1, B35- 4000 Liège Directeur de la rédaction : 5 (La conception du projet) Pr. Arthur Bodson Georges Fillet, rédacteur invité Rédaction : Pierre Demoitié Réalisation : 11 (L'aspect fonctionnel) Service Communication Le CIO : un bâtiment pour une prise Graphisme : PYM en charge globale, continue et intégrée Photos : Michel Mathys (CHU de Liège), 13 (L'architecture) Michel Houet, BAEV Un permis unique délivré sans observation Internet : www.chuliege www.chuliege ge.be ge.be 14 (Les cytostatiques) Le futur centre de production de préparations hospitalières, partenaire du CIO 16 Unilab, pôle d’excellence en diagnostic biologique 18 (Le contrat de gestion) " Nous sommes dans un modèle de social business" 19 (L'Institut de Cancérologie) A la rencontre des besoins de formation et de recherche 20 (Conclusions) Arthur Bodson, Jean Sequaris : continuité et concorde CHU DE LIEGE 1
Editorial Le redressement et la relance A la fin de l’année 1991, lorsque je devins Administrateur génique, nouveau service des inscriptions, nouvelle infor- délégué du CHU de Liège, l’attribution de cette fonction matique administrative et de facturation, dont la mise s’effectuait encore - avant la réforme décrétale de 1993 en place - évidemment vitale ! - retarda malheureuse- - exclusivement dans le contexte hospitalo-universitaire. ment l'informatisation médicale de l'hôpital. Et j'avoue C’est à l’initiative du Recteur Arthur Bodson – qui présidait, aujourd'hui avoir toujours eu une secrète tendresse pour de droit, le conseil d’administration de l’institution – que la Crèche de Valensart et la salle d'exposition de la ver- j’acceptai cette mission… non sans une véritable angoisse. rière sud. Avec un déficit réel Dans le même temps furent mises en place toute une sé- de l’ordre de 1,5 mil- rie de fonctions médicales nouvelles ou spécifiquement liard de francs belges développées, que je cite aujourd'hui de mémoire sans (pour un budget être sûr du tout d'être exhaustif : centre de la douleur, annuel de quelque clinique et centre de jour de la mémoire, centre du som- 4 milliards) accumulé meil, clinique de l'obésité, médecine sportive, pédiatrie, en 4 ans d’existence, sénologie, chirurgie de la main, médecine de l'adoles- l’hôpital était en cence, curiethérapie, etc. situation de faillite Le personnel fut aussi très fortement renforcé : quelque virtuelle; il n’inves- 600 emplois créés en 10 ans. tissait plus; il se trou- vait amputé de toute Si je ne craignais pas l'anachronisme, je dirais que, avec 20 la fonction "mère et ans d'avance, nous avons utilisé ce que notre actuel pre- enfant"; le personnel mier ministre appelle "la recette belge", à savoir l'équi- était très inquiet pour libre entre rigueur et relance. son avenir et largement démotivé. Dès lors, le CHU était Le rayonnement du CHU de Liège, seul hôpital acadé- très loin de jouer, au sein de la région, son rôle normal mique de Wallonie, fut assuré par une multitude d'ac- de pôle médical académique et, dans l’esprit de bon cords, pris avec des hôpitaux tant publics que privés, dans nombre de décideurs politiques de l’époque, il était déjà toute la province et largement au-delà, ceci avec une condamné à disparaître, sinon complètement, du moins volonté de total pluralisme. Les fusions avec les hôpi- dans sa forme, son autonomie et ses missions spécifiques. taux d'Esneux et de Notre-Dame des Bruyères - celle-ci Il fallut donc mener un très âpre combat simultanément fut conclue quelques mois avant mon départ - portèrent sur une multiplicité de terrains. D’abord sur celui du re- le nombre de lits reconnus à l'hôpital de 634 à 955, elles étendirent considérablement son champ géographique dressement financier, considéré non comme une fin en de recrutement et, surtout, elles lui rendirent la plénitude soi mais comme la condition première de la survie et de ses spécialités médicales par l'apport d'une maternité, du redressement : à la fin de mon mandat au CHU, en d'un important service de pédiatrie et d'un centre de re- décembre 2001, le déficit cumulé de 1, 5 milliard avait validation unanimement reconnu. cédé la place à un boni cumulé – de fonds propres, donc – de plus de 2 milliards (sans compter la constitution de Tous ces résultats furent le fruit d'un travail collectif : provisions au-delà même du nécessaire). Cette perfor- ils n'auraient pas été possibles sans une collaboration mance fut fondée sur trois piliers : un "contrat de ges- étroite et féconde - et unique, à ma connaissance - entre tion" négocié avec le conseil médical, qui eut pour effet le gestionnaire de l'hôpital et son conseil médical; j'ai été de responsabiliser financièrement les services médicaux aidé dans ma tâche par une exceptionnelle équipe de et de dynamiser leur activité; une gestion rigoureuse, au collaborateurs directs, dont je conserve un souvenir ému; point d’être souvent frustrante, voire cruelle, pour moi le CHU de Liège, enfin, peut compter sur un personnel dans son application; des démarches répétées auprès des d'une valeur inestimable : il constitue un gisement de autorités responsables, pour obtenir enfin un "prix de compétence, de savoir-faire, d'intelligence, d'amour du journée" équitable. métier, avec lequel aucune consultance extérieure, aussi renommée et aussi coûteuse soit-elle, ne peut même son- Parallèlement au redressement financier progressif, de ger à rivaliser. grands investissements furent réalisés : parkings, nouvelle unité de soins intensifs, hôpital de jour, refonte du service des urgences, centre de revalidation à Esneux, nouvelle Georges BOVY, unité de psychiatrie, laboratoire de thérapie cellulaire et Administrateur délégué 1992-2001 2 M A G A Z I N E D E L’ONCOLOGIE
Editorial La consolidation et le plan stratégique Lorsque, en février 2002, j’ai été appelé au poste d’admi- nistrateur délégué , le CHU de Liège était devenu une insti- tution aux fondations solides. La maison était en ordre. Ma mission était donc toute tracée : non seulement la main- tenir en l’état, mais aussi réduire ses fragilités et la faire progresser tant au niveau stratégique qu’opérationnel. Tout d’abord, l’analyse de la situation du CHU a fait ap- paraitre les principales spécificités dont il fallait tenir compte, à savoir son caractère universitaire, sa répartition géographique sur plusieurs sites hospitaliers ainsi que son Pol Louis contexte interne et externe. En effet, l’hôpital universitaire a pour mission non seulement de soigner des patients, mais également , de manière simultanée et intégrée, l’ensei- grandissante de cette discipline au regard notamment de gnement et la recherche. Ensuite, les fusions avec l’hôpital l’évolution du vieillissement de la population et des fac- d’Ourthe-Amblève (1993) et la clinique Notre-Dame des teurs environnementaux. Le Centre intégré d’oncologie Bruyères (2002), ajoutées à l’implantation de certains ser- (CIO) verra donc le jour. Il sera sans aucun doute un pôle de vices universitaires au sein d’autres hôpitaux, avaient fait référence et de visibilité pour les soins ambulatoires prodi- du CHU un hôpital « multisite ». Enfin, le contexte interne gués aux patients cancéreux par de grands professionnels. se caractérisait par des services médicaux, infirmiers et gé- néraux qui développaient leurs activités avec une grande En conclusion, le parcours et le travail accomplis ensemble expertise mais aussi avec une très grande autonomie les uns durant onze années montrent qu’une stratégie gagnante vis-à-vis des autres. Quant au contexte externe, le constat ne se décrète pas d’un seul coup et ne s’improvise pas, suivant s’imposait : l’absence de protection par l’Etat du elle se prépare, elle se prouve au quotidien en évaluant titre d’hôpital universitaire (d’autres hôpitaux peuvent donc les étapes parcourues et en faisant en sorte que l’adhésion revendiquer le titre de CHU sans devoir nécessairement res- l’emporte sur les résistances au changement. Quelques pecter le cahier des charges d’un hôpital académique) ; le données chiffrées aident à illustrer et à mieux comprendre sous-financement des missions d’enseignement et de re- l’ampleur du défi qui a été relevé par les collaborateurs cherche ; les mesures d’économie décidées dans les soins de du CHU de Liège sur la période 2002-2012 : le nombre santé ; la diminution de l’offre médicale (numerus clausus) ; des admissions en hospitalisation a augmenté de plus la concurrence accrue entre les hôpitaux de la région. Dès de 42%, celui des urgences de plus de 93% et le nombre lors, la démarche stratégique se devait d’être multidimen- de consultations et d’actes techniques de plus de 120%. sionnelle, élaborée de manière participative et interactive Cette évolution remarquable n’aurait pu avoir lieu sans en posant des choix collectifs, avec pour objectif de faire de une amélioration constante de la qualité des soins avec l’institution un pôle de référence et un lieu de créativité. pour conséquence une attractivité de plus en plus forte de l’hôpital universitaire. Le CHU de Liège était donc, au C’est ainsi qu’en 2003, le plan COS, contrat organisation- moment où j’ai décidé de mettre un terme à mes fonctions nel et stratégique, a été adopté à l’unanimité du conseil à la fin de l’année 2012, un des hôpitaux les plus solvables d’administration avec l’appui essentiel de la faculté de du pays, un des principaux employeurs de sa région et une médecine et du conseil médical ainsi qu’avec celui des or- entreprise porteuse des valeurs de rigueur, de profession- ganisations syndicales. Ce plan stratégique, conçu par le nalisme et de responsabilité au service à la fois des soins CHU lui-même et centré sur le patient, visait à "offrir des aux patients, de la recherche et de l’enseignement. soins de la plus haute qualité universitaire, accessibles à Je mesure le privilège qui fut le mien d’avoir pu contribuer, tous, tout en sauvegardant la pérennité financière de l’ins- avec l’aide de tous les collaborateurs de l’institution, à la titution". Il aura mis en œuvre sur une période de plus de bonne conduite de l’hôpital académique de Liège. Qu’ils dix ans 17 projets pour un montant de l’ordre de 130 mil- en soient profondément remerciés avec une pensée toute lions d’euros entièrement financés par le CHU sur ses fonds particulière pour celles et ceux qui m’ont accordé leur ami- propres, soit 50% des investissements totaux de l’hôpital. tié et leur soutien indéfectible tout au long du chemin qui L’importance des interactions entre les soins au patient et fut et qui demeure encore un peu le nôtre. la recherche a conduit naturellement le plan COS à intégrer dans ses projets l’avènement de certaines recherches en Pol LOUIS, oncologie (thérapie cellulaire et génique) et l’importance Administrateur délégué 2002-2012 CHU DE LIEGE 3
Editorial La mise en œuvre du CIO, l’Institut de Cancérologie et le plan CAP 2020 Lorsque j’ai été désigné Administrateur en mars 2010 puis pectueuse de sa personne. Ces préoccupations mobilisent de surtout Administrateur délégué en décembre 2012, j’ai nombreux acteurs à tous les niveaux, qu’il s’agisse de préven- découvert une institution en parfaite santé financière, bai- tion, de dépistage, d’accès aux traitements, d’encadrement gnée dans une culture de projets lui permettant de faire des patients ou de recherche clinique et translationnelle. face aux défis que lui impose son environnement. Tout le Regrouper, dans une seule et même structure transversale, mérite en revenait au travail accompli ces deux dernières l’ensemble de ces activités favorise la mise en commun des décennies par l’ensemble de ses équipes, menées avec brio compétences autour du patient, qu’elles soient cliniques, par mes deux prédécesseurs, Messieurs Georges Bovy et techniques ou de recherche. C’est dans cette optique que Pol Louis ; qu’il me soit permis, en prélude à cet éditorial, le projet de création d’un centre intégré d’oncologie a vu de les en remercier vivement. le jour. Il implique la construction d’un nouveau bâtiment, L’un des principaux défis à relever concerne le traitement représentant un coût global d’aménagement de 80 millions du cancer. En dépit des avancées réalisées dans le diagnos- d’euros, financé en totalité par les fonds propres du CHU. tic et la thérapeutique, l'incidence et la mortalité du cancer Le CIO du CHU de Liège est cependant bien plus qu’un bâti- restent majeures dans nos sociétés occidentales, puisqu’il ment. Il n’est pas "un hôpital dans l’hôpital", mais un centre représente la première cause de décès dans la tranche médical universitaire de référence ouvert sur le monde. d’âge 40-60 ans et environ un décès sur trois en Belgique. Fidèle à sa vocation universitaire, le CHU doit pouvoir déve- lopper encore cette vision holistique du patient et s’engager dès aujourd’hui sur la voie de la fondation, à terme, d’un véri- table Institut de Cancérologie. L’objectif de cet Institut de Cancérologie, au-delà de l’innova- tion thérapeutique, du développement d’une médecine tou- jours plus personnalisée et efficiente, sera d’améliorer encore la qualité et la sécurité des soins, en gardant le patient au centre de ses préoccupations, dans une approche nécessaire- ment pluridisciplinaire. Dans cette optique, en tant que centre tertiaire de référence, le CIO a la volonté de s’intégrer dans son environnement et d’être le promoteur d’un véritable réseau de soins et de prise en charge des patients atteints du cancer. Ce réseau regrou- pera non seulement les hôpitaux partenaires du CHU, mais aussi des structures de prise en charge à domicile. Le projet CIO constitue l’exemple parfait des avancées qu’am- Julien Compère bitionne le plan stratégique du CHU, intitulé CAP 2020, pour "Contrat d’Amélioration de la Performance", qui, pour rap- pel, repose sur cinq axes : Au CHU de Liège, 2780 patients ont bénéficié en 2013 AXE 1 : se centrer autour de patient d’une consultation oncologique multidisciplinaire, soit une AXE 2 : améliorer l'efficience augmentation de 49% sur les 5 dernières années. Depuis et la performance opérationnelle 2004, des médecins oncologues ont été recrutés, un service de nursing oncologique a été mis en place, ainsi qu’une AXE 3 : renforcer l’offre du CHU équipe de support psychologique. Une nouvelle unité sté- et l’intégrer davantage à son environnement rile et des plateaux d’hospitalisation oncologiques ont vu AXE 4 : approfondir la dimension universitaire le jour et le laboratoire de thérapie cellulaire et génique a obtenu son accréditation. AXE 5 : mobiliser les acteurs du CHU. La qualité des soins en ce domaine implique bien sûr la Intégrés les uns aux autres, ces piliers doivent nous permettre haute expertise de nos professionnels et le recours à des de répondre à notre aspiration : être, pour l’ensemble des technologies de pointe qui permettent d’améliorer consi- patients de notre région, l’hôpital universitaire de référence. dérablement les chances de rémission du patient. Mais il importe également que le patient bénéficie au quoti- Julien COMPERE, dien d’une prise en charge humaine, chaleureuse et res- Administrateur délégué 4 M A G A Z I N E D E L’ONCOLOGIE
Présentation du rédacteur invité Georges Fillet Georges Fillet, rédacteur invité Diplôm Diplômé Dipl ômé en médecine en 1968, Spécialiste en Médecine in- ôm terne te e en 1974, Agrégé de l’Enseignement Supérieur en 1977, Georges Geor Ge orge or ges Fillet effectue la première partie de sa carrière au FNRS. FNRS FN RS. Il intègre à temps plein le corps académique de l’ULg RS en 1 198 1981 981 et le quitte en 2009 avec le titre de Professeur Ordi- 98 naire na e Em Emérite. Sur le plan hospitalier, il sera le premier Chef de sser service ervi er vi nommé au CHU en Hématologie clinique en 1988 et aura aur ura ur a la charge de diriger simultanément le nouveau service d’Oncologie d’On d’ Onco On colo médicale à partir de 1995. Il a été pendant 12 ans (de 19 (d 1998 à 2009) représentant élu des médecins chefs de service servic se ice ice au Conseil d’administration du CHU. Depuis fin 2008, il exe exerce xerc xe rce la fonction de Chef de Projet pour la création d’un Centre Cent Ce ntre nt re Intégré I d’Oncologie (CIO) et conserve une activité mé- dicale dica di cale le p pour garder le sens des réalités cliniques. Il rrap rappelle appe ap pe ici le contexte, l’historique et la conception du CIO. Le contexte Un homme sur trois et une femme sur quatre présentent l’incidence du cancer n’a cessé d’augmenter depuis les un cancer avant l’âge de 75 ans. Dans nos sociétés occiden- années 50 (+/- 50% entre 1963 et 1997). Selon l’OMS, tales, le cancer constitue ainsi la deuxième cause de décès le nombre de nouveaux cancers augmentera encore de après les maladies cardiovasculaires et la première cause 25% d’ici 2020. dans la tranche d’âge 40-60 ans. Il représente environ Le nombre de patients cancéreux augmente et simul- 29 % des décès en Belgique. Soixante-quatre-mille nou- tanément de nouveaux traitements et des techniques veaux cancers ont été diagnostiqués en 2011 en Belgique innovantes voient le jour. Comme les chances de survie (21000 en Wallonie, 5000 en région bruxelloise, 38000 progressent également, le cancer évolue vers une mala- en Flandre). Il y a eu 27000 décès par cancer en 20091. die chronique, si bien que les patients ont de plus en plus Les chances de survie à 5 ans pour tous les cancers sont besoin d’un traitement au long cours. Dès lors, il convient de 51% chez l’homme et de 62% chez la femme. Consé- de maintenir des moyens financiers suffisants pour garan- quence du vieillissement de la population, de l’expo- tir la qualité des soins oncologiques. sition aux toxiques et de meilleures chances de survie dans da ns d d’a ’aut ’a utre ut d’autresress maladies re mala ma ladi la dies di es ((no nota no tamm ta mmen mm (notammententt ca en card rdio rd iova io vasc va scul sc ulai ul aire ai cardiovasculaires), res) re s), s) 1 Fondation Fondat Fon dation dation Registre Regis Registre gis Cancer tre du Ca Cance ncerr Ë Façades sud et ouest avec vue sur la vallée CHU DE LIEGE 5
La conception du projet CA 10/2009 : Approbation du plan institutionnel pour la création 1e présentation d'un CIO CA 10/2010 : du projet Approbation du à Durbuy cahier spécial des charges pour désigner 1e réunion du un auteur de projet groupe projet 2009 2010 2011 En plus des aspects fondamentaux de prévention et de sa position de centre médical universitaire de référence dépistage, un groupe d’experts belges a formulé en 2007 dans une structure unique. A l’avenir, il ne fait pas de un certain nombre de recommandations 2 pour les institu- doute que le financement de l’hôpital sera fonction de sa tions hospitalières. capacité à remplir certains critères. Il s’agit de : Le CIO : 10 ans de réflexion au chu • développer des programmes de soins oncologiques, En 2004, le premier contrat organisationnel et straté- • prévoir et gérer les moyens adéquats pour garantir gique (appelé aussi Plan COS) est mis en place. Parmi les l’accès rapide aux innovations, différents projets du plan figure la création d’un Centre • poursuivre les études sur les traitements existants d’Excellence en Oncologie clinique et Thérapie cellulaire. et en réévaluer la place, Il s’agissait alors d’essayer d’apporter une réponse fonc- • mieux cibler les traitements par le développement tionnelle aux défis de la cancérologie, en prenant diffé- de méthodes prédictives, rentes mesures comme : • soutenir le développement concerté • assurer le recrutement d’un nombre suffisant de centres spécialisés, de médecins oncologues, • utiliser au mieux les nouvelles technologies, • favoriser les consultations oncologiques multidiscipli- • assurer un nombre suffisant de spécialistes médicaux naires (COM), le développement du nursing oncolo- et paramédicaux, gique et le support psychologique du patient, • créer deux plateaux d’hospitalisation oncologique (ni- • assurer un meilleur encadrement des patients veaux -3 et +3) et construire une nouvelle unité stérile, grâce à une meilleure prise en charge de l’accueil, des problèmes psychologiques, de la douleur • veiller au développement des protocoles de recherche et des soins palliatifs, clinique et obtenir l’accréditation du LTCG (Laboratoire de Thérapie Cellulaire et Génique). • améliorer les connaissances et les interactions de toutes les professions concernées par l’oncologie, Ces différentes mesures mises en place en 2004-2008, bien • encourager la recherche clinique et académique. que disparates, ont eu un impact positif sur la croissance des activités oncologiques entre 2005 et 2011. Selon l’in- Au niveau national, la situation a évolué. Comme aux dicateur utilisé, la croissance observée s'est située entre 6 USA et dans d’autres pays européens, l’Hématologie cli- et 20 % par an. nique (A.M. 27/11/2002) puis l’Oncologie médicale (A.M. 26/09/2007) ont enfin été reconnues comme disciplines En 2008, le CHU entre dans une deuxième phase (Plan COS médicales. Le Plan National Cancer, lancé par la Ministre 2). L’objectif est maintenant d’apporter une réponse struc- Onkelinx en 2008, reconnaît que le cancer est devenu un turelle par la création d’un nouveau bâtiment, le Centre problème de santé publique et a dégagé des moyens sup- Intégré d’Oncologie, défini comme le Centre ambula- plémentaires. Au CHU de Liège, les spécialistes d’organes, toire de traitement des tumeurs. Dans cette perspective, les hématologues cliniciens et les oncologues médicaux la première réunion plénière du groupe Projet a lieu en n’ont pas attendu cette reconnaissance officielle pour dé- novembre 2008 et dès janvier 2009, un projet CIO est pré- velopper leurs activités, souvent de façon remarquable. senté aux Journées de Réflexion de Durbuy devant les Comme l’ont fait depuis longtemps l’Institut Bordet et le chefs de service et chefs de service associés réunis. Leuvens Kanker Instituut (KUL), il est temps de promou- En octobre 2009, le Conseil d’Administration du CHU voir la visibilité du CHU dans ce domaine et de renforcer approuve le plan institutionnel pour la création d’un CIO 2 La prise en charge du cancer en Belgique : relever les défis de demain. 6 M A G A Z I N E D E L’ONCOLOGIE Livre blanc à destination des autorités, juin 2007
La conception du projet CA 10/2011 : CA 10/2013 : Délivrance 5/2014 : Désignation Mise en adjudication du permis Début d'une auteur du gros-œuvre, d'urbanisme du chantier de projet abords et voiries CA 10/2012 : 3/2014 : Présentation Validation du projet de la pro- architectural CA 02/2013 : CA 2/2014 : grammation Approbation du Attribution détaillée plan financier du marché des travaux 2012 2013 2014 et autorise la poursuite d'une analyse d’implémentation. la biologie moléculaire, la cytométrie de flux sont, pour Il définit concrètement une structure transversale au ser- les cliniciens, à la base du diagnostic, du pronostic, de vice du patient cancéreux, favorisant l’interaction dans la définition de la cible thérapeutique, de l’appréciation une unité de lieu de toutes les compétences disponibles de la réponse tumorale, de la mesure de la maladie rési- (techniques, cliniques et de recherche). Schématique- duelle. Inversement, un CIO fort, concentrant la masse ment, le Centre comprendra des plateaux médico-tech- critique en technologies lourdes et rapidement évolu- niques, supportant le matériel lourd de la radiothérapie, tives en nombre de malades et en études cliniques, aura la médecine nucléaire et une unité de radiologie oncolo- un impact positif sur l’Unilab-Lg. gique. S'y ajouteront des plateaux cliniques regroupant Le nouveau bâtiment, d’une longueur de 100 mètres et les consultations oncologiques, l’hôpital de jour, les bu- de 30 mètres de large occupera six étages pour une sur- reaux des médecins oncologues et des data managers, et face totale de plus de 23000 mètres carrés. Il respectera aussi l’unité de recherches cliniques et translationnelles. le schéma directeur initial du CHU puisqu’il se situera à Au niveau de la pharmacie, une unité de production de l’emplacement qui était au départ prévu pour une tour cytotoxiques injectables bénéficiera d'une nouvelle im- supplémentaire dans le plan de l’architecte Charles plantation dans l'hôpital. Vandenhove. Les activités du CIO occuperont les niveaux Le cahier spécial des charges pour désigner un auteur 0, -1, -2 et -3. Les patients du CIO entreront généralement de projet est approuvé par le Conseil d’administration par la verrière, espace d’une haute valeur symbolique et d’octobre 2010. En octobre 2011, le bureau d’architec- seront dirigés vers l’accueil décentralisé du nouveau bâti- ture Emile Verhaegen est sélectionné pour la conception ment par une passerelle qui reliera l’ancien et le nouveau du nouveau bâtiment et le suivi des travaux. Le plan bâtiment au niveau 0. Pour les patients les plus fragilisés, financier reçoit l’aval des Conseils d’administration de un accès direct par la voirie sera possible et un parking de décembre 2012 et février 2013 : 80 millions d’euros (hors proximité est prévu à l’arrière du bâtiment. Les étages équipement) seront nécessaires pour la construction. En supérieurs seront attribués à l’Unilab-Lg. juin 2013, la demande de permis unique est introduite auprès de la Région Wallonne qui donne son accord le Niveau 0 : Consultations 04/02/2014. Le début du chantier et la pose de la pre- C’est au niveau 0 qu’auront lieu les différentes consul- mière pierre auront lieu en mai 2014. tations oncologiques. La capacité est prévue pour 40000 consultations par an. Après l’inscription et l’accueil décen- La conception du projet tralisés, les patients sont orientés vers 4 salles d’attente En 2011, le bureau d'architecture Emile Verhaegen à d’une capacité totale de 100 places. Bruxelles est retenu par les autorités du CHU de Liège Vingt-six box médicaux accueilleront les consultations pour concevoir le nouveau bâtiment destiné à accueillir, d'Oncologie médicale, d'Hématologie clinique, d'Onco- sur le site du Sart Tilman, le CIO ainsi que l’ensemble des logie pulmonaire, d'Oncologie digestive et de Radiothé- laboratoires d’analyses (Unilab-Lg). rapie. Huit de ces box sont conçus pour pouvoir accueillir C’est dans le souci de ne construire qu’un seul bâtiment des disciplines plus techniques (Gynécologie, Urologie, et en raison d’interactions importantes que le projet CIO Chirurgie, ORL). En plus des 26 box médicaux, 11 box a été coordonné dès le départ avec le projet Unilab-Lg polyvalents sont présents pour le support logistique (voir interview du Professeur J. Boniver, page 16). En ef- (data managers/infirmières d’études, infirmières de fet, l’anatomopathologie, la cytologie, la cytogénétique, liaison, psychologues, assistants sociaux, diététiciens). CHU DE LIEGE 7
La conception du projet EXTENSION POSSIBLE UNILAB Niveau +3 PATIO UNILAB 2 Niveau +2 OPERATOIRE PATIO BLOC CHU MEDICAL UNILAB 1 Niveau +1 PATIO PRELEVEMENTS VERRIERE CHU PATIENT Niveau 0 CONSULTATIONS PATIO BIEN-ETRE SUPPORT CLINIQUE ET GESTION ACCUEIL DECENTRALISE Niveau -1 HOPITAL DE JOUR PATIO INF/ LIAISON ET PSYCH/ RECHERCHE CLINIQUE Niveau -2 LOCAUX TECHNIQUES PATIO ET TRANSLATIONNELLE HOSPITALISATION CYCLOTRON LITS CHU Niveau -3 CYBER RMN RADIO ONC MED NUCL RADIOTHERAPIE BUNKERS PATIO RADIOPHARMACIE VESTIAIRES LOGISTIQUE LOGISTIQUE QUAI CHU PARKING LTCG + Niveau -4 COURSIER LOGISLOBBY PROXIMITE TECH PATIO BIOBANQUE BUREAU ARCHITECTURE ENGINEERING VERHAEGEN Ces consultations constituent la force vive du CIO. Elles que d’un espace de jeux pour les enfants. Les objectifs de ont pour objectifs : l’Hôpital de Jour sont multiples : • la prise en charge globale et cohérente • faire face à la demande croissante en chimiothérapie du patient cancéreux, tout en assurant la sécurité des traitements, • l’amélioration de la qualité de l’accueil • viser l’excellence dans l’accueil, la prise en charge et et de l’encadrement, l'encadrement du malade, • l’interaction des médecins de nombreuses disciplines. • favoriser l’interaction entre l’Hôpital de Jour, les consul- Sur ce plateau, de véritables consultations oncologiques tations et la pharmacie (préparation des cytostatiques). multidisciplinaires pourront être organisées, le patient profitant, lors d’un seul déplacement et dans un même La capacité prévue est de 75 patients par jour, avec possi- lieu, de l’avis de différents médecins spécialistes et des bilité d’absorber des pics de 100 traitements par jour. Sur différentes disciplines de soutien. la façade est se trouvent deux paysagers pour les infir- Au même étage se trouvent un centre de bien-être, six mières de liaison et les psychologues. box pour prélèvements sanguins pour assurer les analyses d’urgence et de routine et une salle d’attente de plus Niveau -2 : Recherche clinique longue durée pour les patients qui doivent subir diffé- et translationnelle et locaux techniques rents examens techniques le même jour. Ce niveau sera occupé principalement par une partie des locaux techniques du CIO-Unilab. Niveau -1 : Hôpital de Jour La partie sud du niveau -2, bénéficiant de la lumière na- L’Hôpital de Jour comportera 60 lits avec une majorité de turelle, est occupée par des bureaux destinés à accueil- chambres individuelles. Toutes disposeront de la lumière lir des activités de recherche clinique et de recherche naturelle. S’y ajoutent 20 fauteuils, pour un total de 80 translationnelle. En particulier, on y retrouve 6 paysagers postes de traitement. Six chambres individuelles sont pré- vues pour les enfants greffés de cellules souches héma- pouvant abriter 28 data managers, 5 locaux pour le suivi topoïétiques (en conformité avec l’accréditation JACIE 3). des patients inclus dans les études cliniques, des bureaux Deux locaux sont prévus pour des actes techniques (ponc- pour la coordination de la recherche translationnelle tion de moelle, ponction pleurale ; etc.). Plusieurs box de et le contrôle de qualité ainsi que l’archivage de docu- consultation sont également prévus. Enfin, l’Hôpital de ments. On y retrouve également de nombreux bureaux Jour disposera d’espaces d’attente avec fauteuils ainsi médicaux. 3 Joint Accreditation Committee of the ISCT & EBMT 8 M A G A Z I N E D E L’ONCOLOGIE
La conception du projet Les objectifs sont : 3. Radiologie à polarité oncologique • développer la recherche clinique et augmenter l’inclu- Le développement d’une unité de Radiologie oncolo- sion des malades dans des protocoles nationaux et in- gique devra permettre de développer une approche ternationaux et, par ce biais, avoir un accès plus rapide qui se focalise sur le patient cancéreux. En effet, pour à de nouvelles molécules tout en amélioration la qua- le clinicien oncologue, l’interaction avec l’Imagerie lité des soins aux patients, médicale est à la base : • respecter les exigences des bonnes pratiques cliniques, • du bilan d’extension, • favoriser le développement de la recherche translation- • de l’appréciation de la réponse thérapeutique, nelle et académique en oncologie. • du suivi, • du développement des études cliniques, Niveau -3 : Radiothérapie, Médecine Nucléaire • des prélèvements tissulaires. et Radiologie oncologique Au niveau de l’unité, on retrouvera 1 local pour la radio- La superficie de ce niveau est le double de celle des étages logie standard, 2 locaux pour l’échographie, 1 local pour supérieurs et on y retrouve l’équipement lourd de la Ra- le scanner et 1 local pour une IRM. diothérapie, le service de Médecine nucléaire et une unité de Radiologie oncologique. Cette nouvelle installation aura également pour objectif de répondre aux normes de qualité (critères RECIST 4), aux 1. Radiothérapie exigences de la recherche clinique et de former des radio- L’ensemble du service de Radiothérapie sera transféré logues à polarité oncologique. dans le CIO. Cette nouvelle installation ainsi que l’acqui- sition des appareillages les plus évolués au niveau tech- Niveau -4 : Laboratoire de Thérapie cellulaire nologique doivent permettre de répondre aux exigences et génique (LTCG) et biobanques du "workflow" et d’optimiser le contrôle de qualité. Un autre objectif sera également de faciliter la formation Initialement, le niveau -4 sert d'accès logistique, abrite continuée et l’apprentissage organisationnel, de susci- des locaux techniques, ainsi qu'un auditoire de 50 places ter des vocations et d’assurer les missions universitaires. pour des cours, conférences, séminaires ou autres activi- Schématiquement, on trouve sur le plateau un scanner tés académiques. Début 2014, on décide d'y redéployer le de simulation, un local de contact thérapie et 5 bunkers, LTCG pour le mettre en conformité avec les normes GMP (Good Manufacturing Practice, voir Magazine de l'onco- dont 2 sont prévus pour l’irradiation corporelle totale logie n°7, décembre 2013). On retrouve également à ce appliquée dans les transplantations de cellules souches niveau les biobanques, dont la tumorothèque. hématopoïétiques. Le CHU de Liège dispose depuis 2010 d’un Cyberknife (radiothérapie stéréotaxique). Celui-ci est situé à proximité de l’emplacement du futur bâtiment La transversalité, la coordination CIO-Unilab et sera donc en liaison avec le niveau -3. et l’Institut de Cancérologie CHU-ULg Le Centre Intégré d’Oncologie doit être coordonné. Pour 2. Médecine nucléaire relever les défis de la cancérologie, il ne suffit pas de Le service de Médecine nucléaire sera lui aussi entière- favoriser l’approche multidisciplinaire (juxtaposition des ment transféré dans le nouveau bâtiment et ses locaux compétences et des technologies), il faut y ajouter une se situeront au même niveau que la Radiothérapie. Cette dimension transdisciplinaire. Celle-ci sera assurée par la situation permettra le renforcement des interactions avec création d’un Institut de Cancérologie, lui-même géré par la Radiothérapie pour la planification du traitement, la un conseil de gouvernance. Les facteurs de succès sont un sélection et la délimitation des volumes cibles. management éclairé, des objectifs clairs, une organisation L’activité du service de Médecine nucléaire montre que adaptée, des instruments performants, un phasage perti- les examens conventionnels restent stables alors que la nent, un suivi, une communication soutenue. S’y ajoutent tomographie par émission de positons connaît un déve- l’évaluation concertée de nouvelles technologies, les es- loppement considérable (9000 examens réalisés en 2013). sais cliniques par réseaux organisés, la recherche de trans- 85 % des examens de PET-CT ont une visée oncologique. lation. En réalisant ce projet, le CHU ne fait rien d’autre D'autres part, 85 % des PET sont réalisés chez des patients qu’assumer son rôle universitaire et assurer sa survie dans ambulatoires. un environnement national et international hautement compétitif. Clairement, l’objectif est de soutenir la com- On retrouve dans le service 2 locaux pour les gamma-ca- paraison avec de bons centres européens ou américains. méras, 2 locaux pour les SPECT-CT, 2 locaux pour les PET- CT et un local est prévu pour un PET-IRM. Une nouvelle radiopharmacie (laboratoire chaud, lieu de préparation des radio-traceurs) sera aménagée. Enfin, la conception Pour en savoir + Focus sur la radiothérapie, du bâtiment prend en compte l’installation d’un cyclotron Revue Médicale de Liège, 2014; 69: Supp. 1: 1-110 autoblindé sur le site. 4 Response Evaluation Criteria In Solid Tumors CHU DE LIEGE 9
La conception du projet É Implantation et vue générale du site Ç Intégration architecturale et gestion Ë de la topographie naturelle du site Niveau +3 Æ Niveau +2 Æ Niveau +1 Æ Niveau 0 Æ Niveau -1 Æ Niveau -2 Æ Niveau -3 Æ Niveau -4 Æ Perspective des façades sud Ì et est avec vue sur la vallée 10 M A G A Z I N E D E L’ONCOLOGIE
L'aspect fonctionnel Le CIO : un bâtiment pour une prise Pr. Pierre Gillet en charge globale, continue et intégrée Le Professeur Pierre GILLET, Directeur médical Un décloisonnement est effectué entre les disciplines. du CHU, participe également au projet de Centre Inté- Cette évolution de la structure des soins transparaît dans gré d’Oncologie. Ce projet réunit les meilleures idées l’architecture du nouveau bâtiment. développées par diverses institutions étrangères, Les experts sont rassemblés en un même lieu, de manière à dont l’hôpital Gustave ROUSSY à Villejuif (Paris) et des favoriser tant la durée que la qualité de vie du patient can- centres de traitement du cancer à Londres, à Maastricht céreux. Au cœur des plateaux cliniques (0, -1, -2), des espaces ou encore à Arnhem (NL). de rencontre sont créés pour favoriser les échanges entre prestataires, dont notamment les réunions de concertation Quelle est la particularité du Centre Intégré d’Oncologie ? oncologique multidisciplinaire (COM : http://www.chu.ulg.ac.be/ jcms/c_1320516/les-com). Toutes les salles sont équipées de Il y en a trois ! La première particularité du CIO est la prise en "visioconférence" afin de permettre aux médecins référents charge globale du patient. Cela signifie que, dans un même (médecins généralistes et spécialistes d’autres hôpitaux) lieu, le patient bénéficiera, selon ses besoins, de l’intervention d’interagir "en direct" avec l’équipe ainsi que d’échanger de 9 disciplines médicales différentes (oncologie médicale, hé- des avis avec d’autres experts nationaux ou internationaux. matologie, onco-pulmonaire, onco-digestive, onco-radiothé- rapie, chirurgie, gynécologie, urologie et ORL), de 5 disciplines Comment offrir au patient un parcours de soins plus techniques (médecine nucléaire, radiologie, anatomopa- le moins pénible possible ? thologie, génétique et biologie clinique) et de 7 partenaires L’architecture de ce bâtiment imposant (100 m sur 30 m) est des dimensions psychosociales et de soins (infirmières de liai- particulièrement soignée de manière à favoriser l’accueil du son, psychologues, diététiciennes, assistantes sociales, ergo- patient et son bien-être. De nombreux espaces s’agencent thérapeutes, kinésithérapeutes et esthéticiennes sociales). autour de larges patios où la luminosité et la végétation La seconde particularité est la continuité de la prise en favorisent la détente et diminuent l’impression d’être charge, coordonnée par l’infirmière de liaison tout au long "à l’hôpital". Après son passage à l’accueil, le patient est du parcours de soins du patient. installé dans un lieu adapté au type de prise en charge qu’il Enfin, l’accent est placé sur une prise en charge intégrée, c’est- requiert et à ses besoins : salle de repos, salle où il peut tra- à-dire assurée conjointement et en relation avec les différents vailler (connexion wifi partout), salle d’attente proche des médecins spécialistes, le médecin généraliste du patient, les ilots de consultation, et ceci dans un des différents lieux de équipes de soins à domicile ainsi que le patient et sa famille. rendez-vous, en soins post-cure ou en soins palliatifs. Nos experts du Centre d'Oncologie : http://www.chuliege.be/cancer Le bâtiment CIO ne comporte aucun lit ; le patient vient NOMBRE DE MÉDECINS PAR SERVICE pour un épisode de soins qui peut durer entre un quart Radiothérapie 13 d’heure et une journée entière mais, en aucun cas, il ne Gastro-entérologie 11 passera la nuit dans ces locaux. Cette tendance se dessine Chirurgie abdominale 9 un peu partout dans les pays occidentaux et se justifie Hématologie clinique 9 par des raisons financières mais pas seulement ; les pro- Sénologie 9 grès techniques sont moins invalidants, les patients sont Urologie 9 habilités à se prendre en charge, ne fût-ce que partielle- Endocrinologie 8 ment, ce qui leur permet de rester au sein de leur famille. Oncologie médicale 8 Chirurgie cardio-vasculaire et thoracique 6 NOMBRE DE PARAMÉDICAUX PAR SERVICE Chirurgie plastique et maxillo-faciale 6 Assistants de recherche clinique 18 Neurochirurgie 6 Psychologues 11 Pneumologie 6 Diététiciens 9 Algologie-Soins palliatifs 4 Infirmiers de liaison 8 Génétique 3 Gynécologie-obstétrique 3 Assistants sociaux 7 ORL et Chirurgie cervico-faciale 3 Kinésithérapeutes 6 Chirurgie de l'appareil locomoteur 2 Attachés hospitaliers scientifiques 4 Dermatologie 2 Esthéticiens sociaux 2 Médecine nucléaire 2 Ergothérapeutes 1 Thérapie cellulaire et génique 2 Infirmiers coordinateurs de transplantation 1 Médecine de l'appareil locomoteur 1 Logopèdes 1 Total 122 Total 68 CHU DE LIEGE 11
L'aspect fonctionnel Évolution COM 2007-2013 600 2007 2008 500 2009 2010 400 201 1 2012 300 2013 200 100 0 at ffe o tif o o r RL o no e RO hi m at in ec m o es em e O Se c U o cr eu m yn H Gr ro ig rc do er Pn eu G Sa D D En N + On assiste à un véritable virage ambulatoire qui transforme Vers une recherche intégrée de A à Z les grosses structures en de plus petites entités. Je rappelle NOMBRE D'ÉTUDES CLINIQUES que l’hôpital de jour représente deux tiers des admissions EN ONCOLOGIE DE 1999 À 2012 totales ! Cela implique à la fois une plus grande concen- Compassionnelles/medical need program 6 tration de travail sur une plage horaire définie (de 7 à 22 Observationnelles 66 heures) mais aussi un allègement de la pénibilité du métier de soignant, grâce à la suppression du travail de nuit. Interventionnelles - Phase 1 38 - Phase 2 116 L’intégration du nouveau bâtiment au sein de l’architecture actuelle - Phase 3 153 permet d’éviter une stigmatisation des patients cancéreux Projets de recherche translationnelle 119 Le patient arrive par l’entrée principale du CHU, la grande Total des études cliniques verrière, puis accède à l’accueil décentralisé du CIO via une + Projets de recherche translationnelle 498 passerelle. Pas question d’une signalisation spécifique et Nombre de patients inclus dans ces études ces 6 dernières années 8801 stigmatisante ! Peut-être le nouveau bâtiment portera-t-il le nom d’un éminent savant… Les patients ne se verront pas La proximité des tours GIGA2 (+ de 500 post-doctorats), le ou peu entre eux car, devant chaque îlot de consultations développement du LTCG3 (plus de 100 greffes de cellules (7 à 8 box), se trouvera un patio. souches en 2013) et les nombreuses recherches déjà réali- Chacun des 5 îlots de consultations est constitué de trois sées dans le domaine du cancer permettront d’offrir aux types de boxes : pour médecin, pour infirmière de liaison et partenaires publics et privés une concentration de toutes pour psychologue. Il existera donc une coordination infor- les compétences, les infrastructures et les équipements melle par une proximité géographique et fonctionnelle. Par nécessaires à une recherche intégrée. Ces projets d’excel- ces interactions quotidiennes, par une simple juxtaposition lence visent à développer, dans un partenariat Ulg-CHU, de disciplines antérieurement souvent "cloisonnées", nous des synergies optimisant les liens entre recherche fonda- favorisons la prise en charge "transdisciplinaire"1. mentale, translationnelle et clinique (phases I, II, III). Par exemple : Le patient au centre • L'extension des salles blanches du LTCG en conditions de Le soutien psychosocial et de soins apporté au patient lui Good Manufacturing Practice (GMP) permet de comprendre au mieux sa prise en charge, d’inté- • Le rassemblement des biobanques (4 services CHU-Ulg) grer les différentes propositions thérapeutiques et de par- • La nouvelle unité de production pharmaceutique (capa- ticiper aux décisions qui le concerne. Plusieurs services et cité jusqu’à 60.000 préparations) en partenariat avec activités tels que des séances d’apprentissage à l’autohyp- notre institut de pharmacie (Ulg), où deux flux GMP nose, de la kinésithérapie, des services esthétiques (ongles, seront dédicacés à la fabrication des médicaments pour cheveux, …), ergothérapeutiques, de la relaxation et une des essais cliniques. salle de gymnastique "réadaptative" seront proposés dans • Une radiopharmacie pour la production des radio-iso- l’espace de bien-être. topes utilisés pour les petCT. 1 2 La transdisciplinarité se distingue de la multidisciplinarité car elle s’apparente GIGA : Groupe Interdisciplinaire de Génoprotéomique Appliquée à une connaissance par tous les intervenants du langage des autres disciplines. 3 Laboratoire de Thérapie Cellulaire et Génique Ainsi, chacun maitrise une partie de la discipline de l’autre pour offrir au malade 12 des réponses à toutes ses questions.
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