HELVETIE en TOURAINE - Institut suisse de Rome - Journal de l'Amicale Helvétique Tourangelle - Swiss de touraine
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J o u r n a l d e l ’ A m i c a l e H e l v é t i q u e To u r a n g e l l e N° 61 octobre 2021 HELVETIE en TOURAINE Institut suisse de Rome Parution gratuite réservée aux adhérents des associations suisses de France. Ne peut être vendue.
La VIE de L’AMICALE Sortie d’automne dans la vallée de la Brenne SOMMAIRE Notre sortie d’automne s’est déroulée dans la vallée de la Brenne, près de Vou- vray. Nous avons commencé cette journée par une promenade découverte de la flore sauvage. Aloïs Gabrielle La vie de l’amicale Page 2 Les explications de Jean-Baptiste nous ont passionnés, il nous a beaucoup ap- pris. Nous savons désormais comment soulager une piqûre d’ortie ou d’insecte et nous n’ignorons plus rien des plantes à cueillir pour nos baumes et tisanes ! Le défi de la neutralité Page 3,4,5,6 Ensuite nous avons été accueillis au château de Valmer à Chançay, où nous avons pique-niqué. Les propriétaires, M. et Mme de Saint-Venant nous avaient exceptionnellement ouvert les portes à l’heure du déjeuner et avaient mis à notre disposition tables et chaises pour notre confort. Puis Maureen nous a guidés tout l’après-midi afin de découvrir le domaine, jardins, terrasses, chapelle troglodytique, caves. Cette visite très complète s’est terminée par une dégustation commentée des vins de la propriété. Institut suisse de Rome Page 7,8,9,10 Jean Bernard Vuillème Le coin littéraire Page 11 Pour la petite histoire, l’AHT était déjà venue à Valmer en 1979, voici 42 ans, et nous avons pris rendez-vous pour 2063... Retrouvez les photos de cette jour- née sur le site www.swissdetouraine.com Divertissements Page 12 2
Le défi de la neutralité Le fonctionnement des services secrets helvétiques et le rôle de leur chef, le Colonel-Brigadier Henri Masson furent un sujet de polémique en Suisse, voire à l’étranger dans l’immédiat après-guerre. Nous nous proposons, dans le cadre de ce modeste article, d’esquisser une synthèse de ce sujet complexe et, peut-être, d’en dégager une philosophie. A- Les services de renseignements suisses Quand, en 1937, consciente des menaces que fait peser sur la paix le réarmement allemand, la Suisse décide de renforcer et de moderniser sa défense, c’est au Colonel Masson qu’incombe la lourde tâche d’organiser les ser- vices de renseignements de l’armée et ce, avec un budget longtemps dérisoire. Masson, à partir de sa prise de fonction, va pratiquement partir de zéro. Lui revient le mérite d’avoir organisé en peu de temps une structure efficace et un réseau d’agents susceptibles d’alimenter le service en informations fiables. A cette fin, il étoffera habilement ce qui apparaît de prime abord comme un réseau personnel de connais- sances ; il fallait bien partir de quelque chose. A la déclaration des hostilités, en août 1939, le renseignement s’articule comme le montre le document en an- nexe. Masson comprend aussi très tôt, à la lumière des annexions effectuées en cascade par le Reich, que le renseigne- ment purement militaire ne suffit pas, et que l’appréciation des intentions des belligérants, et en l’occurrence de l’ennemi potentiel que représente le Reich, est au moins aussi importante. A cet effet, Masson aura très tôt à cœur de nouer des contacts avec des personnalités introduites dans les sphères décisionnelles du régime nazi. De cette volonté va surgir l’affaire Schellenberg. B- Nouvelle donne L’effondrement militaire de la France n’est pas une bonne nouvelle pourRemise de l’Oscar d’honneur la Confédération. 1972 la Dès l’été 1940, Suisse se retrouve cernée de tous côtés par les puissances de l’Axe, hormis le long d’une étroite portion de sa frontière en contact avec la zone dite « libre », et ce jusqu’en novembre 1942 seulement. D’autre part, un épisode malencontreux vient compromettre la réputation de neutralité du pays. Il s’agit de l’af- faire dite « de la Charité ». Entendez par là La Charité-sur-Loire, où la Wehrmacht intercepte le 16 juin 1940 un camion d’archives françaises. Les Allemands découvrent des documents faisant état d’un accord secret entre Français et Suisses. Cet accord résultait de contacts menés par le Général Guisant (et l’armée française) sans l’aval préalable du Conseil Fédéral. Colonel-Brigadier HENRI MASSON Général GUISAN _1 Budget annuel : CHF 10 000 en 1934, puis CHF 50 000 à partir de mars 1938, puis CHF 250 000 à partir du temps de guerre. 3
Le défi de la neutralité C- L’affaire Schellenberg Afin de mieux comprendre ce qui suit, il faut intégrer la pression colossale qui pèse sur le Général Guisan, le Co- lonel Masson et ses services dans un temps ou les Alliés, comme les Allemands, soupçonnent systématiquement la Suisse de manquer à son engagement de neutralité. Pour Masson il s’agit d’abord de dissiper le malentendu consécutif à « l’affaire de la Charité ». Dès lors il n’aura de cesse de tenter d’établir un contact avec un personnage influent de l’organigramme décisionnel du Reich. L’occasion va se présenter grâce aux contacts commerciaux qui perdurent tout au long de cette période. En effet lesLa Allemands bataille deont approché la filière suisse de l’industrie du bois afin de se procurer des baraquements démon- Sempach tables. Le 17 novembre 1942 une rencontre a lieu à l’hôtel Schweizerhof de Zürich. La négociation côté allemand est menée par Hans W. Heggen de la SS sous les ordres directs du général SS Walter Schellenberg, chef du bureau VI du RSHA. À ce titre ce personnage, assez louche, a carte blanche et dispose de fonds illimités pour négocier les achats à l’étranger. Le capitaine Meyer-Schwertenbach, proche collaborateur du Colonel Masson, a initié la rencontre, secrète, avec Eggen, chez lui, au château de Wolfsberg (Thurgovie). Il saisit à cette occasion qu’Eggen constitue le chaînon qui mène au cœur de l’appareil d’état nazi. Soucieux de sonder les intentions du Reich à l’égard de la Suisse à un moment où la position stratégique du pays est précaire, Masson donne son feu vert pour développer ce contact initial. La Suisse fait l’objet, au même mo- ment, d’une campagne virulente de dénigrement systématique dans la presse du régime nazi. Masson marche sur des œufs car le propre fils du Général Guisan, est impliqué dans le marché des baraquements en sa qualité de membre du conseil d’administration d’Extroc S.A., société partie prenante dans la négociation commerciale. De fil en aiguille, une rencontre est organisée sur le sol allemand entre Masson et Schellenberg, rencontre qui préfigure la visite en Suisse du général SS du 02 au 07 mars 1943. Guisan s’est dit disposé à rencontrer Schellen- berg de manière informelle. La rencontre a lieu en présence du Colonel Masson, du Capitaine Meyer- Schwertenbach, de Eggen et d’Albert Wiesendanger, un gradé de la police de Zürich, à l’auberge Bären de Biglen, non loin de Berne. Pour les officiers suisses il s’agit principalement de faire entendre aux Allemands que la nouvelle donne straté- gique (défaite allemande de Stalingrad, débarquement allié en Afrique du Nord, invasion par les Allemands de la zone libre) ne modifie en rien la résolution inébranlable de la Suisse de défendre l’intégrité de son territoire et ce d’où que vienne la menace. Il est absolument hors de question que la Suisse fasse des facilités aux Anglo- américains au cas où ceux-ci viendraient à menacer l’Allemagne sur son flanc sud. Il s’agit conjointement de faire entendre aux Allemands que le sabotage par les Suisses de l’axe ferroviaire du Gothard (pour lequel tout a été anti- cipé) en cas d’attaque par la Wehrmacht serait très préjudiciable à leurs intérêts. Le lendemain, les mêmes person- nages moins le Colonel Masson se retrouvent à Arosa pour corroborer les échanges de la veille. Alors que Masson et Guisan se félicitent de leur démarche, le Conseil Fédéral, qui n’a été informé qu’après coup, est beaucoup moins enthousiaste, voire carrément embarrassé. Les Américains, mis au courant, le font savoir par l’entremise d’Allen Dulles, représentant officiel à Berne du Président Roosevelt et chargé d’une mission de rensei- gnement en Suisse depuis novembre 1942. Le Conseil Fédéral signifie alors l’interdiction formelle aux officiers de haut rang de sortir du pays et de rencon- trer des officiers nazis. _________________________ 3) Le marché initial du 22/11/1942 porte sur 2000 baraquements. Il sera suivi d’une commande supplémentaire de 500 unités, et d’un reliquat de 70 baraquements livrés en janvier / février 1944. 4
Le défi de la neutralité D- Info ou intox Or entre temps sont parvenues aux oreilles des services de renseignements suisses par le biais du réseau « Viking » plusieurs alertes (03/12/1942, 06/12/1942) laissant croire à une attaque allemande imminente sur la Suisse. Les archives allemandes, notamment celles de l’OKW, n’ont toutefois gardé aucune trace de plans, de prépara- tifs attestant de ce projet d’invasion de la Suisse à ce stade de la guerre. Le chiffre de 1 million d’hommes mobi- lisés à cette fin semble disproportionné rapporté aux ressources humaines limitées de la Wehrmacht à cette pé- riode. Certains historiens avancent aujourd’hui qu’il s’est agit d’une intox montée par les Allemands afin de faire pression sur les Suisses, au moment où de délicates négociations commerciales se trouvaient dans une impasse. Toujours est-il que, tant le Colonel Masson que le Général Guisan prirent ces menaces très au sérieux. Meyer- Schwertenbach s’employa à activer son contact à Berlin. Eggen lui rendit à nouveau visite en son château de Wolfsberg. Eggen saisit alors tout le parti que les Allemands pouvaient tirer de l’angoisse des Suisses. Il prétendit que le sort de la Confédération n’avait alors tenu qu’à un fil et que son patron, Walter Schellenberg, avait dû batailler ferme avec Himmler et Ribbentrop pour éviter à la Suisse un sort funeste. Meyer et Masson gobèrent le men- songe et l’on peut les comprendre vu le contexte. Schellenberg avait bien tourné la situation à son avantage, se présentant en sauveur de la Suisse, comme lui ayant épargné une invasion qui à ce stade du conflit n’avait même pas été envisagée. Conclusion Dans cette affaire, la sincérité du Colonel-Brigadier Masson n’est pas en cause. Il a toujours agi animé du souci de servir au mieux les intérêts de la Suisse et, avant tout, de garantir sa sécurité. Le Capitaine Meyer- Schwertenbach était sans doute dans le même état d’esprit que son patron. Toutefois son penchant naturel pour l’intrigue et les scénarios compliqués a pu l’entraîner sur des sentiers hasardeux. Masson, dont la santé avait pâti d’une activité débordante, du stress inhérent à la lourde responsabilité qui lui incombait, passera les dernières années de sa vie à justifier son action et ses choix. Mis à la retraite en 1948, il s’éteindra en 1967 à 73 ans. La leçon de cette histoire est que les services secrets de la Confédération se sont égarés sur le chemin semé d’embûches d’une diplomatie parallèle, très au-delà de leur vocation intrinsèque. La relative disgrâce de Masson après la guerre n’a pas d’autre cause. Les services secrets d’un état démocratique poursuivent un but presque impossible. Par définition ils ne peuvent être transparents… Philippe BACLE Source principale : Secret Channel to Berlin, the Masson-Schellenberg Connection and Swiss Intelligence in WW II by Pierre Th Braunschweig, Casemate éditeur, Philadelphie. ______________________________________________ 4) Réseau mis sur pied par le Colonel Max Weibel, chef du bureau collecte du renseignement en provenance des pays de l’Axe. « Viking » disposait d’un informateur au plus haut niveau de l’OKW ( Oberkommando der Wehrmacht ). 5) Pierre Th Braunschweig PhD est un historien américain membre de l’Institut des Hautes Études Stratégiques de Londres, auquel l’Association Suisse d’Histoire et de Science Militaires a décerné son premier prix. 5
Le défi de la neutralité ***** Date à retenir : Dimanche 5 décembre 2021, fête de Noël aux ’Laurieres’ Les dates concernant l’Assemblée générale et sortie de printemps vous seront communi- quées ultérieurement. 6
L’Institut Suisse de Rome En 2011, Evelyne THOMAS eu le plaisir de visiter l’Institut Suisse de Rome, à l’invitation d’une amie qui y séjournait. Je vous propose de le découvrir. Cette institution contribue au rayonnement culturel et académique de la Suisse à l’extérieur de ses fron- tières, depuis 1947, en proposant des expositions, des conférences, des concerts des rencontres et con- grès, des présentations de livres à Rome et à Milan. Il accueille aussi en résidence une douzaine de jeunes chercheurs et artistes, leur permettant d’y vivre et d’y poursuivre leurs travaux, souvent pour la durée d’un an. Il est installé dans une villa construite en 1905 pour Emilio Maraini, un riche industriel du sucre origi- naire du Tessin décédé en 1916, et son épouse Carolina Mairani-Somaruga. Dans la villa, on peut encore admirer leurs portraits. La demeure est magnifiquement située, entourée de jardins, en position domi- nante sur une colline et au cœur du centre historique de Rome, près de la place d’Espagne. Le couple Mairani accueillait généreusement de jeunes chercheurs qui souhaitaient venir travailler à Rome et, en 1947, Carolina Mairani légua sa propriété à la Confédération. La Villa Maraini devint alors le siège d’une véritable fondation au service des arts et de la science, au même titre que la Villa Médicis ou l’Ecole française de Rome par exemple, rejoignant ainsi le réseau international des académies et instituts d’art et de recherche installés à Rome. Les jeunes artistes et chercheurs qui viennent poursuivre leurs travaux scientifiques bénéficient d’une bibliothèque de plus de 45.000 ouvrages qui s’est enrichie au fil du temps grâce aux dons des principales maisons d’édition suisses et de donations (professeurs, académiciens, artistes etc.). A la pointe de la mo- dernité, la bibliothèque propose un catalogue en ligne avec des liens vers d’autres bibliothèques (http:// koha-urbs.reteurbs.org). Pour en savoir plus, ne manquez pas de visiter le site internet de l’Institut avec un design graphique plein de créativité (https://www.istitutosvizzero.it/fr/). 7
L’Institut Suisse de Rome Emilio MARAINI Né le 27 novembre 1853 à Lugano, troisième d'une famille de dix enfants, Emilio Maraini fréquente une école de commerce à Zofingue, dans le canton d'Argovie. En 1873 il émigre en Hollande pour travailler dans une entreprise d'importation de produits coloniaux. Après un séjour à Prague pour y étudier la fabrication du sucre de betterave en Bohème, le Tessinois s'installe en 1886 à Rieti (Italie centrale) où il ouvre sa première usine de sucre. En 1889, il épouse la Luganaise Carolina Sommaruga de 16 ans sa cadette et en 1905 il s'établit à Rome pour mieux se consacrer à sa nouvelle activité de député du parlement italien. Il meurt à Rome le 5 décembre 1916. 8
L’Institut Suisse de Rome saints Carolina Sommaruga Maraini était une comtesse italo-suisse (15/6/1869—22/01/1959) Fille aînée de Giacomo et Maria Fumagalli, elle épousa Emilio Maraini en octobre 1889. Lorsque son mari a été élu député du Royaume d'Italie, le couple a déménagé à Rome dans le bâtiment aujourd'hui connu sous le nom de Villa Maraini . En 1946 , Carolina fait don de la villa à la Confédération suisse : depuis 1947, le siège de la Fondation Institut Suisse de Rome se trouve ici Le titre de comtesse lui a été donné par le roi Vittorio Emanuele III . 9
L’Institut Suisse de Rome Véritable joyau architectural, la Villa Maraini de Rome est aujourd'hui un lieu de promotion et d'échange entre les cultures suisse et italienne. On doit sa construction à l'extraordinaire esprit d'entreprise d'Emilio Maraini, devenu à la fin du 19ème siècle le roi du sucre en Italie. Superbe demeure de maître et centre culturel sis au coeur de Rome, la Villa Maraini est aussi le point d'observation le plus haut de la terrasse de la tour qui culmine à 26 mètres au-dessus du toit, la vue est à 360 de- grés. « Travailler ici est un privilège. Nulle part ailleurs dans le monde, la Suisse ne dispose d'un édifice comme celui-ci », ajoute Christoph Ried- weg. La villa a été offerte en 1946 à la Confédération par la comtesse Carolina Maraini-Sommaruga, afin qu’elle soit « constamment au ser- vice de la culture, sous le signe de la collaboration entre la Suisse et l'Italie.» Depuis lors, elle abrite l'Institut suisse chargé de remplir ce mandat. La construction de Villa Maraini n’a toutefois rien à voir avec la culture de l'esprit mais avec l'introduction d'une autre culture, celle de la betterave et de la production du sucre en Italie, initiatives dues au Luganais Emilio Maraini. L'industriel tessinois a écrit une page importante de l'histoire du développement économique et industriel de la jeune Italie, vers la fin du 19ème siècle. Un lieu d'inspiration idéal Influencé par l'architecture de la Renaissance et du Baroque, Otto Maraini réalise entre 1903 et 1905 une imposante demeure de maître de style éclectique qui se détache des rangées de maisons sorties de terre ces années-là dans le quartier Ludovisi, habité par la nouvelle classe bourgeoise de fonctionnaires. Le résultat est une oeuvre monumentale sur trois étages – un véritable mastodonte si l'on tient compte des dimensions du terrain – aux façades flanquées de colonnes, reliefs et autres formes destinés à confé- rer un aspect élégant et seigneurial à la demeure; peut-être excessive pour ses premiers propriétaires qui n'avaient pas d'enfants. L'intérieur de la villa dénote davantage encore cette volonté d'offrir un cadre aristocratique au nouveau roi du sucre. Les parois, les plafonds, les escaliers abondent en effet de décorations, plâtres, colonnes, fresques et tapisseries. La volumétrie de l'édifice, la recherche de style, les références historiques, la ri- chesse des ornements et des matériaux dont de précieux marbres, impressionnent le visiteur aujourd'hui encore. « Dans un tel endroit, on se sent encore plus motivé à bien travailler pour encourager la connaissance et les échanges culturels et scientifiques entre la Suisse et l’Italie » nous dit l'actuel locataire de Villa Ma- raini, Christoph Riedweg. En février 2013, il à cédé sa place à la tête de l'Institut à Michele Luminati, professeur de l'histoire du droit à l'Université de Lucerne. Evelyne THOMAS & Robert SCHOR 10
Le coin littéraire La Mort en gondole – Jean-Bernard Vuillème (Zoé éditeur) Retour à Venise qui n’a rien de calculé mais est le fruit du hasard de lectures vaga- bondes. Nous avions visité une Venise un peu glauque loin de la représentation idéali- sée que nous aimons nous en faire en compagnie de Bruno Pellegrino – Dans la Ville provisoire (Zoé). Nous la visitons de nouveau en compagnie de Jean-Bernard Vuillème dans La Mort en Gondole. Venise toute différente cette fois. Venise d’aujourd’hui y compris celle des touristes mais aussi Venise d’hier, rendez-vous des poètes, des romanciers, des peintres du XIXᵉ siècle. Le narrateur nous y entraîne dans le sillage de l’insaisissable Sylvia dont nous devinons autant la jeunesse, relative, que la beauté. Elle-même est sur les traces du peintre suisse Léopold Robert, célébré en son temps et injustement oublié aujourd’hui. La vie de Léopold Robert, sa quête jamais satisfaite de la perfection, ses amours déçus, son exil vénitien résonnent comme autant d’échos douloureux du passé mystérieux du narrateur, passé qu’il est résolu à fuir dans cette ultime escapade. Venise et son dédale mystificateur de ruelles, de méandres, de passages voûtés qui vous ramènent tou- jours au Canal Grande comme les détours de nos existences nous ramènent invariablement à nous-même et à nos interrogations. Sylvia est le mirage de l’amour comme la perfection est l’illusion de l’artiste. Venise, dont Léopold Robert semble avoir été davantage le prisonnier que le résident, serait la métaphore de notre prison inté- rieure où nous ne cessons de tourner en rond jusqu’à notre fin. Le narrateur rencontre la sienne fortuite- ment suite à une chute stupide mais ce sera une fin apaisée, la main de la femme aimée dans la sienne. En ce sens le narrateur est plus heureux que Léopold Robert dont le suicide, s’il mit fin à ses propres tourments, plongea dans la peine son frère dévoué et dans le regret les femmes qui l’avaient aimé. Un beau livre écrit dans une langue aussi sobre que sensible et émaillée de saillies spirituelles que seule la maturité sait souffler à l’oreille : « Avec le temps, on finit par voir des jeunes partout. » mais aussi ins- pirées : « Le vertige qu’elle sent se creuser en elle n’a pas de rapport avec les quatre mètres de surplomb d’où elle observe un trafic déjà intense. Il tient à quelque chose de plus intime et de plus universel, à l’amour qui veut, à la mort qui rôde. À l’infatigable roulement des générations et à l’éphémère espérance des individus. » Bonne lecture… Philippe BACLE —————————————————————————- 1) Lire P.9, Journal de l’Amicale Helvétique Tourangelle N° 60 mai 2021 2 ) 1794 – 1835 – Grand prêtre de la peinture régionaliste et du passé idéalisé, son tableau L’Arrivée des Moissonneurs dans les marais Pontins, qui influença tant Albert Anker, est exposé au Louvre. 11
DIVERTISSEMENT Maxime Levêque n°51 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Horizontalement: 1)Elles ne sont pas arrêtées des choses sans intérêt. 11) Observation des 11 règles prônées par une société de gens de lettres. 12) Héros marin. 13) Symptôme neurologique. 12 13 14) Il a un doctorat. 15) Boisson de cinq heures. 16) Bordée d’un ruban.) 18) C’est avant midi. 19) Conifère. 20) Sans guenilles. 21) Pas encore 14 15 passé à la machine. 23) Instrument de musique. 26) Soldat. 27) Espace d’Europe. 28) Ils provien- 16 17 18 nent des conifères. 30) Concerne un organe fil- trant. 32) Ecole. 33) Contenus des auges. 19 20 21 22 Verticalement: 1) Vulgarisera. 2) Elles ont été converties en vinaigre. 3) Elles servent à se faire 23 24 25 26 mener en bateau. 4) Vénèrent. 5) Dans les règles. 6) Fait la grimace. 7) Elles sont des ana- 27 28 29 grammes des chiens et elles les hébergent. 8) Estonien. 9) Pleure de joie. 10) Mot secret. 17) Bucolique. 18) Il peut être enfermé. 22) Accepté. 30 31 32 24) L’anosmie fait enlever celui de l’odorat. 25) Envoie sur les ondes. 29) Pièce étanche. 31) 33 Cousin de l’unau. Recette: RIZZOTTO TICINESE (Pour 4 personnes) de Françoise GOUDENEGE 25Og de riz rond ‘arborio’ ou spécial rizotto, 1OOg lardons fumés, 1 oignon, Un bouquet garni, 75 cl de bouillon de poule, 200 g de gruyère râpé, 0.3 ou .04 g de safran, Un peu d’huile d’olive, Une tasse à café de vin blanc légèrement chauffé Poivre, pas de sel car le bouillon de poule est déjà salé en rajouter à la fin suivant convenance. 1)Faire rissoler les lardons dans un peu d’huile, lorsqu’ils commencent légèrement à dorer ajouter l’oignon coupé en petits morceaux et le bouquet garni, faire dorer quelques minutes. 2)Ajouter le riz, faire cuire quelques minutes en mélangeant bien jusqu’à ce que les grains deviennent transpa- rents, à ce moment là, mouiller d’un coup avec le vin blanc, faire cuire jusqu’à évaporation du vin (quelques mi- nutes) continuer de mélanger. Puis ajouter des louches de bouillon chaud dans lequel aura été dissout le safran, au fur et à mesure de l’évaporation, sans cesser de mélanger, Laisser cuire au total une vingtaine de minutes 3)Transvaser le rizotto dans un plat ovale, ajouter un peu de gruyère et bien mélanger dans le riz, mettre le restant du gruyère en une couche sur toute la surface du plat, Mettre le plat dans le four chauffé à 100 ° afin que le fromage fonde (5 bonnes minutes) Servir sans attendre. Bon appétit. Rédaction & Réalisation : Evelyne THOMAS & Robert SCHOR 12 rue Voltaire 37 REUGNY Tél: 06.65.957704 Site : www.swissdetouraine.com E-mail : contact@swissdetouraine.com ont participé à la rédaction : Philippe BACLE, Françoise GOUDENEGE, Lectrice: Maryse VERNA Infos= SwissInfos, Le Matin, l’illustré Imprimé par nos soins sur papier recyclé certifié ISO 9002 et ISO 14001 Les articles qui nous sont confiés sont publiés dans leur intégralité. Ceux-ci peuvent de temps à autre refléter les convictions personnelles de leurs auteurs qui en assument entièrement la responsabilité. 12
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