IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole
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Dossier pédagogique : secondaire II IL N’AURA QU’À DIRE QUE TU L’AS POUSSÉ DANS L’ESCALIER... © Dorothée Thébert Filliger Compagnie RA de MA ré 1
Table des matières Synopsis .................................................................................................................... 4 Lien vers la captation ................................................................................................. 5 Revue de presse ......................................................................................................... 6 Présentation de la pièce............................................................................................ 10 Pourquoi ce spectacle ? ................................................................................... 11 Matériaux pour faire la pièce ............................................................................ 12 Projet de médiation pour les classes ........................................................................ 15 Note d’intention ................................................................................................ 16 Ateliers autour du spectacle ............................................................................. 17 Proposition de planning sur une semaine ........................................................ 20 Pour aller plus loin ................................................................................................... 21 Renseignements et prévention ........................................................................ 22 Idées de lectures ............................................................................................. 25 Activité : rédaction d’une critique journalistique ............................................... 26 Informations générales ............................................................................................. 28 La compagnie et les intervenant-e-s ................................................................. 28 Contacts .......................................................................................................... 31 3
Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier... Sept frères et sœurs. Une procédure pénale ouverte en 2015 pour mal- Conception et textes Raphaële Teicher traitance. Le passé ressurgit, éclairant une atmosphère familiale de vio- lence quotidienne, en tension permanente. Assistante à la création Marthe Krummenacher Le projet autobiographique Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans Chorégraphie l’escalier s’inspire de ce vécu bouleversant. Mêlant danse et parole, la Raphaële Teicher avec la collaboration des chorégraphe et danseuse Raphaële Teicher choisit d’aborder de front le interprètes sujet tabou des violences au sein de la famille, en passant par le prisme Interprétation du corps et de la musique. Shlomo Balexert, Marthe Krummenacher, Raphaële Apparaît alors la parole sans censure, dans toute sa crudité et son cy- Teicher nisme une parole teintée d’humour cependant, qui libère et qui dit, les Scénographie manipulations, la perversion, les violences et les abus. Apparaissent Yann Marussich aussi la force nécessaire pour s’en émanciper et la volonté d’exploser Création sonore un cadre intolérable. Un spectacle certainement coup de poing, une Shlomo Balexert proposition subtile et intelligente pour un thème trop peu abordé sur les Création lumière plateaux de théâtres. Jean-Marc Serre Coach interprétation et regard extérieur Justine Ruchat Administration Anna Ladeira – Le Voisin Médiation et communication Julie Dubois Crédits photos Olivier Jaquet, Dorothée Thébert Filligert et cie RA de MA ré Coproduction Cie RA de MA ré, Le Grütli –Centre de production et de diffusion des Arts vivants Soutiens Loterie romande, Fondation privée genevoise, Fondation Leenaards, Fondation Suisse des artistes interprètes SIS, Fondation Ernst Göhner Répétition de Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier © Olivier Jaquet Durée 53 minutes 4
Les premières représentations ont eu lieu au Théâtre du Grütli du 8 au 19 mai 2019. www.grutli.ch/spectacles/il_n_aura_qu_a_dire_que_tu_l_as_pousse_dans_l_escalier Lien vers la captation vimeo.com/337094471 Mot de passe: GRUTLI 5
Revue de presse Katia Berger, Tribune de Genève, 11.05.2019 Chorégraphie parlée Entre théâtre et danse, Raphaële Teicher donne le tiraillement à voir et entendre Trois bâches suspendues dessinent un apparaît dans tout son maléfice sous les traits espace de guingois. Posées sur un cube, de Raphaële Teicher – conceptrice du deux figures muettes et immobiles fixent le spectacle au nom de la compagnie RA de MA public de leurs yeux écarquillés. Bibelots ? ré qu’elle a cofondée en 2010 avec Animaux de compagnie ? Humains pétrifiés ? Krummenacher, mais aussi plaignante à la Amplifiée par un concerto pour violon de ville, avec ses six frères et sœurs, dans le Mendelssohn, l’émotion est palpable cadre d’un procès pour maltraitance intenté d’emblée. Elle noue les gorges de part et contre ses parents. d’autre du bord de scène. Oui, c’est bien cela, Écartèlements, donc, où que l’on porte le « Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans regard: d’une victime qui guérit en interprétant l’escalier » met en présence des corps son bourreau. D’une pièce à mi-chemin des tétanisés par la peur. Le torse, chosifié, de arts dramatique et chorégraphique, qui, par le l’artiste transdisciplinaire Sam O., alias texte, tient de la comédie popu, mais, par le Shlomo Balexert, qui ne regimbera que lors sous-texte, du drame avisé. Comme si la d’un rageur solo de batterie final ; et les violence, dans ses manifestations membres, déliés, de Marthe Krummenacher, indifféremment physique, verbale, l’une des danseuses les plus douées de psychologique, sexuelle ou autre, engendrait Genève, qui battront l’air dans un processus ce supplice ultime qu’est le déchirement de résilience. La voix d’une tierce instance, intérieur. Pour les dualités ainsi évoquées, on abusive celle-là, troue le silence des enfants adhère à cet OVNI scénique objectivement sacrifiés. Accent liégeois, tendresse feinte, bancal. jérémiades assorties d’humiliations, la mère Katia Berger 7
Revue de presse Cécile Dalla Torre, Le Courrier, 10.05.2019 Le geste de trop Au Grütli, Raphaële Teicher danse la maltraitance avec Il n’aura qu’à dire que tu l’as pous- sé dans l’escalier. Un spectacle tragi-comique qui amuse autant qu’il bouleverse. Eux se tiennent, mutiques, Mendelssohn parce que « c’est ecchymoses et faire porter à sa comme des figures hiératiques. bon pour le système nerveux et fille la responsabilité des coups Eux, ce sont deux personnages ça calme ». assénés. Avec distance, d’enfants, Arthur et Pimprenelle. Raphaële Teicher s’empare de Raphaële Teicher incarne cette Ils sont postés à l’avant-scène sa propre histoire pour livrer au marâtre contemporaine et installe comme des statues de marbre final une tragi-comédie sans progressivement la cassure du ou spectateurs immobiles, le pathos ni voyeurisme. lien filial avec la normalité. Car la regard perdu dans le lointain. On maltraitance se cache parfois Les coups ne retentissent pas n’entendra presque jamais le son derrière des élans d’amour sur le plateau de théâtre. Le de leur voix, sauf le jour de trompeurs qui la rendent mouvement, avorté, est stoppé l’anniversaire d’Arthur. Leur mère difficilement identifiable. La puis figé dans l’instant. Le a fait d’eux d’étranges créatures, danseuse genevoise d’origine moindre geste de tendresse dénuées d’affects. Se protègent- belge, passée par le Ballet Junior déployé vers la mère, qui coupe ils d’une génitrice dont le ton de Genève, en sait quelque court à toute effusion de parfois exagérément douçâtre chose. Sa fratrie de sept frères et sentiments, est lui aussi castré. cache le drame à venir ? Ont-ils sœurs a entamé en 2015 une Cet habile maniement du définitivement perdu le goût de procédure pénale pour langage du corps contraste avec vivre sous l’emprise d’une mère maltraitance contre ses deux celui du langage verbal capté par violente et castratrice ? parents. « J’ai choisi d’exposer la chorégraphe et metteure en Chiens obéissants ici ma situation personnelle car je scène. C’est elle qui porte la désire mettre en lumière ce parole, son arme destructrice. Sur la scène du Grütli, dans la phénomène complexe qu’est la pièce Il n’aura qu’à dire que tu Fan des Deschiens, Raphaële maltraitance dans ce qu’il l’as poussé dans l’escalier, cette Teicher appuie avec humour son comporte de violences, de mère toute-puissante règne, franc-parler belge, sans lésiner manipulations, d’abus impitoyable, sur son territoire. sur l’accent liégeois. Au fil des psychologiques et physiques qui Elle a fait de ses enfants des différents tableaux de la pièce, peuvent se retrouver jusque dans chiens obéissants, dressés et elle instaure des rapports de les plus petites choses du récompensés de caresses force verbaux avec ses danseurs quotidien », écrit-elle dans sa lorsqu’ils s’exécutent sans faute. pour mieux montrer l’ampleur de note d’intention. Mais au moindre faux pas à ses l’emprise psychologique yeux, dans des situations C’est elle qui orchestre le trio maternelle. Rarement abordée pourtant banales propres à leur scénique familial, entre danse et dans le milieu chorégraphique, la âge, sa parole vire au délire et le théâtre. Marthe Krummenacher, thématique de l’enfance abusée geste de trop, brutal, transforme silhouette de jeune fille, danse rejoint la démarche de la la fratrie en victimes. autant l’innocence de l’enfance danseuse française Andréa que l’effroi sur une bande-son Bescond, victime de pédophilie Humiliations répétées, colères techno lorsque son frère est mis par un ami de ses parents. De sa noires où les enfants sont traités KO à terre. Toutes deux ont pièce Les Chatouilles ou la de bons à riens, les mots fondé la Compagnie RA de MA danse de la colère, créée il y a frappent parfois plus violemment ré en 2010, dont elles produisent quatre ans avec Eric Métayer, que les coups. L’apparence ici la quatrième pièce. Shlomo est né un film, Les Chatouilles. physique est capable de Balexert rejoint la compagnie et Quand le corps lui-même devient déclencher le dégoût maternel, la greffe aux jeux et pas complices instrument pour briser les tabous couleur naturelle des cheveux avec Marthe Krummenacher un autour des violations qui lui sont jugée inadéquate, ni vraiment solo de batterie comme exutoire faites. blonde, ni vraiment brune, tout final à l’enfance battue. simplement « pas jolie ». L’enfant est jugé coupable d’office. Bouc Justifier des ecchymoses Cécile Dalla Torre émissaire systématique, son sort «Il n’aura qu’à dire que tu l’as est entre les mains d’une femme poussé dans l’escalier», c’est pourtant éduquée, diplômée en précisément le discours tenu par droit, qui leur fait écouter du la mère pour justifier des 9
Présentation de la pièce Ce spectacle pluridisciplinaire, qui allie danse, musique et théâtralité, traite des vio- lences au sein de la famille. Sur scène, trois interprètes incarnent une mère et ses deux enfants. Ceux-ci pourraient également être ses chiens ou de simples objets faisant partie du mobilier. Plongé dans le quotidien de ce noyau familial, le public assiste aux différentes scènes de maltraitance subies par les enfants. La parole sans censure dit, dans toute sa crudité et son cynisme, la perversion et les vio- lences. Toutefois, cette dénonciation est dépourvue de sensationnalisme et évite le ton dramatique. L’humour permet de dire subtilement l’inaudible. D’origine belge, la chorégraphe s’appuie sur un accent qu’elle connait bien pour apporter de la dérision dans le personnage de la mère. Par ailleurs, les enfants trouvent la force néces- saire pour tenter de s’émanciper de ce cadre intolérable à travers le mouvement et la musique. Parfois immobiles, le corps tendu, le regard figé, ils se fondent dans le décor afin d’échapper à une réalité trop dure. D’autres fois, les corps reprennent vie et les mouvements émancipateurs, décousus, désordonnés, expient les tensions accumulées et leur permettent de retrouver leur innocence et insouciance d’enfants. La pièce est donc structurée en alternance entre des moments d’échappées où le corps reprend vie et des retours à une réalité faite de violence et de manipulation. Le titre Ce spectacle s’intitule « Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier ». Cette phrase, directement tirée du spectacle, laisse sous- entendre l’atmosphère de vio- lence, de mensonge et de ma- nipulation mise en œuvre par les parents maltraitants. © Dorothée Thébert Filliger 10
Pourquoi ce spectacle ? Ce projet puise son origine dans un événement de la vie personnelle de la choré- graphe. En 2015, Raphaële Teicher et ses frères et sœurs portent plainte contre leurs parents pour maltraitance. Le passé ressurgit éclairant une atmosphère fami- liale de violence quotidienne, en tension permanente. A partir de ces souvenirs, la chorégraphe souhaite mettre en lumière le phénomène complexe qu’est la maltraitance dans ce qu’il comporte de violences, de manipula- tions, d’abus psychologiques et physiques qui peuvent se retrouver jusque dans les plus petites choses du quotidien. Ces phénomènes passent souvent inaperçus car les individus qui les subissent n’en portent pas forcément les stigmates visibles. Il est souvent difficile de nommer et de discerner clairement ces violences car il faut d’abord être capable de les distinguer des réalités dites «normales» et pour cela une prise de recul est nécessaire. C’est donc à travers la danse, la parole et la musique live que la chorégraphe sou- haite mettre en forme l’impact invisible mais indélébile sur les corps et les esprits qu’engendrent les violences au sein du noyau familial. Par cette démarche artis- tique, elle escompte lever le voile d’un sujet tabou et mettre en évidence les straté- gies de survie et d’évitement développées par les enfants victimes de ces abus. En abordant ce sujet si peu présent des plateaux de théâtre, ce spectacle met en lu- mière des violences trop souvent tapies dans l’ombre des foyers ou cachées der- rière l’indifférence ou la gêne. 11
Matériau pour faire la pièce Le texte Un monologue se développe tout au long de la Image tirée de lla série Les Deschiens pièce. Son ton humoristico-dramatique est tout droit inspiré des Deschiens. Les personnages de cette série de sketchs courts (diffusée sur Canal+ de 1993 à 2002) tiennent des propos généralement grotesques, sujets à la parodie, à la surenchère et au contrepoint. Ils mettent sys- tématiquement en scène un personnage plus faible, plus silencieux qui reçoit tout sans rien dire, mais qui exprime ce qu’il ressent par une atti- tude corporelle ou des mimiques faciales. Leurs personnages usent des accents régionaux pour produire un effet comique. Pour cette pièce, Raphaële Teicher a choisi l’accent liégeois comme arme pour aborder cette thématique sérieuse de manière parfois humoristique sans pour autant lui enlever sa gravité. Comme Benoit Poelvoorde l’a dit, « cet accent permet plus de liberté dans la cruauté de par l’incrédibilité et la drôlerie qui s’en dégage aux yeux de tous. ». La danse Plusieurs typologies de mouvements sont développées afin de représenter divers états psy- chiques. Corps figés Lorsqu’il y a maltraitance, le corps se protège et devient, la plupart du temps, imperméable aux agressions. Réduit à un objet, le corps n’est plus capable de penser par lui-même. On a tous connu des moments où l’on a envie de se cacher, par honte ou timidité, s’effondrant ainsi de l’intérieur sans que l’extérieur ne s’en rende forcément compte. Cet état pourra affecter aussi les expressions du visage. Corps fusionnels Lorsqu’il y a emprise, très souvent, la différence entre soi et l’autre ne se fait plus clairement. Pour illustrer ce rapport, les corps s’imbriqueront parfois pour ne former plus qu’un. Corps errants Les corps errants correspondent à un début de sortie de cet enfermement invisible. Les pieds ne sont plus sur terre. Trop longtemps resté figé, à l’état d’objet, il s’agit d’expérimenter différentes manières de sortir de cet état. Ce corps ne sait pas encore où aller. Il cherche le contact de l’autre pour reprendre confiance en se laissant aller à l’interaction. 12
Matériau pour faire la pièce Corps criants Pour exprimer le trop plein de colère refoulée, le cri. Analyser ce qui se passe dans le corps lors- que le cri implose ou explose. Un cri étouffé, un cri qui ne sort pas, un cri explosif. Le corps tout entier devient un cri. Corps en marche Certaines démarches maladroites, d’autres plus agiles font ressembler les personnages à des animaux. Ils s’emboitent et tentent d’avancer ensemble, se soutiennent, comme certains animaux blessés. Mouvements du quotidien La répétition de mouvements du quotidien saccadés et rigides, répétés jusqu’à l’éreintement évo- quent la folie du personnage de la mère. Frotter, ranger, déplacer, couper, plier, ramasser, en mettant l’accent sur l’incohérence de certains mouvements. Musique — batterie La recherche musicale pour la batterie est partie du Be-Bop, une forme de jazz qui peut se caractériser par un tempo ra- pide, un phrasé asymétrique, des mélodies tortueuses et complexes. Le solo de batterie de Art Blackey dans le mor- ceau Justice, qui date des années 40, a aussi été une source d’inspiration pour la musique. Le morceau commence lentement et évolue doucement jus- qu’à s’emballer dans une rythmique folle pour déverser son flot de rage dans un roulement infernal libérateur. © Dorothée Thébert Filliger 13
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PROJET DE MÉDIATION AUTOUR DE IL N’AURA QU’À DIRE QUE TU L’AS POUSSÉ DANS L’ESCALIER 15
Note d’intention pour un projet de médiation Les pages qui suivent ont pour but de définir la manière dont pourrait être réalisé un projet d’établissement autour du spectacle Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier. Le déroulé de ce projet a été pensé pour six classes, durant une semaine. Nous sommes, toutefois, prêtes à le repenser en fonction des besoins de chaque éta- blissement. Il pourrait se dédoubler si plus de classes étaient intéressées par ce projet. A l’inverse, on pourrait réduire le projet à trois classes. En-dessous de 50 spectateur-rice-s, nous avons remarqué que la dynamique de la salle était moins intéressante pour le public. A l’inverse, lorsqu’il y a trop de monde, l’attention est souvent plus dispersée. En somme, nous souhaitons privilégier le qualitatif au quantitatif et ménager un accueil général proportionné. La planification des différentes étapes du projet est également négociable. QUAND ? QUOI ? QUI ? DURÉE OÙ ? Présentation de la Equipe artistique + En amont du pièce et de la enseignant-e + 20 minutes En classe spectacle thématique 1 classe 53 minutes Il n’aura qu’à dire Equipe artistique + (adaptable que tu l’as poussé Dans l’aula / Spectacle enseignant-e-s + en fonction dans l’escalier de scène 3 classes des Raphaële Teicher besoins) Equipe artistique + En classe (év. experte des questions Après le Echange autour de dans l’aula / salle de genre et violences 45 minutes spectacle la pièce de gym / salle de + enseignant-e + rythmique) 1 classe Un espace qui se prête au Equipe artistique + Après le Atelier de danse mouvement : enseignant-e + 45 minutes spectacle autour de la pièce dans l’aula / salle 1 classe de gym / salle de rythmique 16
Avant le spectacle Présentation de la pièce et de sa thématique Il s’agit de préparer les élèves à venir voir la pièce en les mettant en condition à tra- vers une discussion en plénum autour du fait-même d’aller voir un spectacle, mais également autour de la pièce en abordant la thématique principale des violences au sein du noyau familial et les moyens artistiques employés pour traiter de celle-là. Raphaële Teicher — chorégraphe de la pièce, et Julie Dubois — médiatrice culturelle et chargée de communication pour la cie RA de MA ré, prendront en charge cette pré- paration au spectacle. Durée 20 minutes Lieu en classe Pour une classe à la fois Accompagnant-e-s Raphaële Teicher, Julie Dubois, l’enseignant-e Après le spectacle A. Echange autour de la pièce Suite au spectacle, nous aborderons sous forme d’échanges, avec les élèves, les questions tant artistiques que sociales que la pièce Il n’y aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier met en scène. Ainsi, nous aborderons la délicate question, à la fois taboue et douloureuse, de la vio- lence au sein de la famille. Nous chercherons à la définir, à l’identifier dans la mise en scène artistique mais aussi à reconnaitre les impacts sur nos corps et nos émotions en tant que spectateur-trice. Nous nous poserons enfin la question des issues possibles aux violences telles que nous les avons vues sur scène. Durée 45 minutes Lieu en classe Pour une classe à la fois Accompagnant-e-s Hélène Upjohn, Raphaële Teicher ou Julie Dubois, l’enseignant-e 17
Après le spectacle B. Atelier de danse Les 15 premières minutes seront consacrées à la respiration et à la prise de conscience du corps et de ses articulations afin de gentiment le mettre en mouvement. Commencer allongé au sol les yeux fermés et petit à petit arriver à la verticalité et ouvrir sur l’extérieur. Tout au long de la pièce, plusieurs typologies de mouvements sont développées afin de repré- senter divers états physiques et psychiques. Nous allons, pendant la demi-heure restante, Marthe Krummenacher et moi-même (Raphaële Teicher), partir de ces typologies de mouvements pour amener l’élève à se connecter à son corps ainsi que rentrer en interaction avec l’autre. Corps figés Lorsqu’il y a maltraitance, le corps se protège et devient, la plupart du temps, imperméable aux agressions. Réduit à un objet, le corps n’est plus capable de penser par lui-même. On a tous con- nu des moments où l’on a envie de se cacher, par honte ou timidité, s’effondrant ainsi de l’inté- rieur sans que l’extérieur ne s’en rende forcé- ment compte. Cet état pourra affecter aussi les expressions du visage. Sur la musique du concerto pour violon de Félix Mendelhson, nous allons expérimenter l’immobi- lité du corps tout entier, y compris le regard et © Dorothée Thébert Filliger comment laisser l’émotion monter et la traduire sur le visage. Corps fusionnels et corps solidaires Lorsqu’il y a emprise, très souvent, la différence entre soi et l’autre ne se fait plus clairement. Pour illustrer ce rapport, les corps s’imbriqueront parfois pour ne former plus qu’un. Certaines démarches maladroites, d’autres plus agiles font ressembler les personnages à des animaux. Ils s’emboitent et tentent d’avancer en- semble, se soutiennent, comme certains ani- maux blessés. Nous allons reprendre un bout de la chorégra- phie pour expérimenter la dualité. Deux par © Dorothée Thébert Filliger deux, les élèves seront amenés à découvrir le contre poids sous forme de jeux. Ainsi que diffé- rentes démarches où l’écoute de l’autre est es- sentiel pour pouvoir avancer ensemble. 18
Après le spectacle — Atelier de danse Corps criants Pour exprimer le trop plein de colère refoulée, le cri. Analyser ce qui se passe dans le corps lors- que le cri implose ou explose. Un cri étouffé, un cri qui ne sort pas, un cri explosif. Le corps tout entier devient un cri. Sur la musique du spectacle (techno dogs) les élèves seront amenés à bouger et se libérer comme ils veulent, chacun pour soi, sans jugement. Laisser le son de la techno les traverser et laisser sortir les mouvements qu’ils leurs viennent. © Dorothée Thébert Filliger © Dorothée Thébert Filliger Durée 45 minutes Lieu aula ou salle de gym Pour une classe à la fois Accompagnant-e-s Marthe Krummenacher, Raphaële Teicher, l’enseignant-e 19
Proposition de planning sur une semaine (à titre indicatif) LUNDI : Présentation de la pièce aux 6 classes (une par une) M1: classe 1 et classe 2 M2 : classe 3 et classe 4 M3 : classe 5 et classe 6 MARDI : Matin: Spectacle pour 3 classes Après-midi: Spectacle pour 3 classes MERCREDI: Echange + atelier danse M1 + M2 : classe 1 M3 + M4 : classe 2 JEUDI : Echange + atelier danse M1 + M2 : classe 3 M3 + M4 : classe 4 A1 + A2 : classe 5 VENDREDI :Echange + atelier danse M1 + M2 : classe 6 20
Pour aller plus loin... Les pages qui suivent comportent des informations autour de la thématique de la maltraitance et des organismes de prévention, mais également des idées d’activités et de lec- tures autour de la pièce. Ces propositions ne sont pas in- clues dans le projet de médiation mais permettent aux en- seignant-e-s qui le désirent d’introduire la thématique ou de poursuivre sur celle-ci après les ateliers. 21
Renseignements et prévention Qu’est-ce que la maltraitance ? La maltraitance peut prendre plusieurs formes. Les définitions suivantes sont tirées de l’étude fédérale « Enfance maltraitée en Suisse» (Département fédéral de l’Intérieur, 1992) qui a distin- gué quatre types de mauvais traitements. La négligence Le terme de négligence décrit le fait que les enfants, qui doivent être nourris, qui ont besoin de soins, d'hygiène, de surveillance et de protection de la part des adultes, ne reçoivent pas, ou pas suffisamment, les soins indispensables à leur survie et à leur bien-être, qui en sont alors com- promis ou gravement atteints. Les mauvais traitements psychiques Les mauvais traitements psychiques désignent des actes et attitudes qui terrorisent l'enfant, l'hu- milient, l'offensent, le surmènent, et lui donnent l'impression d'être rejeté, d'être sans valeur. En font également partie : les menaces de suicide, les menaces de quitter l'enfant ou sa famille. Il importe pour évaluer les mauvais traitements psychologiques d'observer les interactions entre adultes et les enfants concernés. Les mauvais traitements sexuels Le terme "mauvais traitements sexuels" désigne l'abus d'en- fants et d'adolescents dépendants qui n'ont pas atteint leur ma- turité et qui sont incapables de consentir de façon responsable à des invitations d'ordre sexuel dont ils ne comprennent pas la Données statistiques portée. L'adulte abuse de son pouvoir et de son autorité au dé- Une étude, publiée en juin 2018 et triment de l'enfant. Le non-respect de la pudeur de l’enfant menée par l’Université de Lausanne dans le cadre familial ou social peut également être considéré et la Haute Ecole spécialisée de comme un abus. Il s'agit d'actes tels que mise à nu ou l'attou- Lucerne, s’est penchée sur la mal- traitance envers les enfants en chement génitaux, la pénétration vaginale, anale ou orale, la Suisse. Elle a recensé entre 30’000 pornographie, l'incitation à la prostitution, l’exhibition, l’exposi- à 50’000 enfants victimes de mau- tion non désirée à la pornographie, l’inceste, etc. vais traitements. Ces chiffres repré- sentent uniquement celles et ceux Les mauvais traitements physiques qui ont été adressés à une organi- Par mauvais traitements physiques, on entend des actes de sation de soutien pour violence phy- sique ou psychique, négligence, violence tels que les coups, les heurts, les secousses, les brû- maltraitance sexuelle ou pour avoir lures par des solides ou des liquides, les empoisonnements, été témoins de violence conjugale. l’exposition non désirée au froid, le maintien dans des locaux insalubres, etc. La gravité des lésions physiques ne dépend pas seulement de la violence des actes commis par les pa- rents, mais est fortement reliée à l'âge de l'enfant. […] Les mauvais traitements physiques peuvent causer des dommages physiques et psychiques. 22
Organismes d’aide et de prévention Aide directe au sein des établissements scolaires - Conseillers et conseillères sociaux des établissements scolaires - Service santé de la jeunesse (infirmiers, infirmières scolaires) - Psychologues des établissements scolaires Prévention, information et aide pour les jeunes - Le numéro 147 de ProJuventute Conseils et aide, 365 jours par an, 24 heures sur 24, par téléphone, SMS, chat ou e-mail. - Ciao.ch Un site destiné aux jeunes de 11 à 20 ans. Permettre aux jeunes de poser des questions anonymement et gratuitement, 24h/24 et 7 jours sur 7, à des spécialistes adultes qui leur répondent dans un délai de 2 jours (sans compter les week-ends ou jours fériés). Ce n’est pas un service d’urgence. - Juris conseil junior - jcj.ch Permanence juridique pour mineurs. Des avocats se mettent à disposition de Juris Conseil Junior et y dispensent leurs services aux enfants et adolescent-e-s. Un problème, une question en rapport avec vos droits? relations avec vos parents? un problème de droit du travail? victime d'une infraction? allocations d'études? et toute autre question? - HUG (Hôpitaux universitaire de Genève) Service de pédiatrie des HUG (jusqu’à 16 ans) Prise en charge des enfants et adolescent-e-s de moins de 16 ans, victimes de maltraitance et négligence ou à risque de l’être. Consultation santé jeunes – HUG Adolescent-e-s et jeunes adultes, de 12 à 25 ans, seul-e-s ou accompagné-e-s, ou toute personne en souci pour un-e jeune. Les motifs d’une consultation sont nombreux et variés : troubles du comportement alimentaire, consommation de psychotropes (tabac, alcool, drogue), symptômes gynécologiques, questions relatives à la sexualité, à la vie relationnelle (parents, école, copains) ou sentimentale, souffrance psychique (stress, déprime, violences physiques ou sexuelles), difficultés d’adaptation (migration récente, déménagement, changements). - Lebiceps.ch Lieu d’information et de soutien psychologique pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes confrontés à la souffrance psychique d’un parent - Travailleuses et travailleurs sociaux hors murs du quartier Pour une écoute et des conseils, redirection vers d’autres organismes adaptés aux besoins de la personne. 23
Organismes d’aide et de prévention Prévention, information et aide pour tout le monde (et plus spécifique aux agressions sexuelles) - Ctas.ch - Centre Thérapeutique pour Traumatismes dont les Agressions Sexuelles Conseils et orientation pour toute personne ou famille concernée personnellement ou indi- rectement par la thématique des agressions sexuelles sur mineurs. - Centrelavi-ge.ch Informations, conseils, démarches et adresses utiles aux personnes ayant subi une infrac- tion pénale portant directement atteinte à leur intégrité. Ce site s’adresse également à l’en- tourage des personnes victimes ainsi qu’aux professionnel-le-s concerné-e-s. - Solidaritefemmes-ge.org Apporte une aide psychosociale et thérapeutique aux femmes victimes de violence conju- gale et à leurs enfants. Et dans tous les cas, en parler à une personne bienveillante et de confiance ... 24
Idées de lectures sur les conseils du site interroGE.ch Livres de fiction "Bonne nuit, sucre d’orge" de Heidi Hassenmüller "Je suis en Chine" de Christine Feret-Fleury Pour des adolescent-e-s à partir de 13 ans Pour des enfants à partir de 10 ans Sur le thème des violences sexuelles Sur le thème de la violence psychologique et physique « Dans l’Allemagne d’après-guerre, Gaby, sa mère et son « Dans la journée, la jeune narratrice va à l'école. Le frère Achim, survivent difficilement. L’hiver est là, le père soir, la peur l'attend chez elle à cause des cris de sa est mort. Dès le premier chapitre, toute l’ambiance du mère, victime de violences conjugales. Pour ne plus les roman est installée : on frappe à la porte, la nourriture est entendre, elle s'évade dans une Chine imaginaire. Elle y spartiate, un ami du père disparu débarque dans le foyer. contemple la beauté et y apprend la patience et le cou- Très vite, "oncle Malsch" s’installe définitivement et de- rage. Mais, un jour, elle se dresse devant celui qui fait vient le beau-père de Gaby. C’est Achim qui d’abord de- souffrir sa mère. » vient le souffre douleur : on lui coupe les cheveux, il doit prendre des douches froides. Gaby, en revanche est un peu gâtée. Son nouveau beau-père, alcoolique, est atten- "Mes chaussures couleur caca" de Réchana Oum tionné, presque tendre. Mais très vite, cette attention, Pour des enfants à partir de 10 ans dont elle est l’objet se précise. […] » Sur le thème de la violence psychologique "La porte de la salle de bain" de Sandrine Beau Pour des adolescent-e-s à partir de 14 ans « La narratrice, une collégienne, fait partie de ces gens que personne ne remarque et qui n'ont pas d'amis. Sur le thème des violences sexuelles Quant à ses parents, elle doit supporter leurs disputes, et surtout les échecs et la colère de son père. Un jour, « Mia, adolescente, se réjouit de la métamorphose de sa mère lui offre des chaussures dont la couleur lui rap- son corps. Mais lorsqu'elle s'aperçoit que son beau-père pelle une journée noire. Toutes deux finiront par partir... entre régulièrement dans la salle de bain pendant qu'elle » prend sa douche, la jeune fille met en place des strata- gèmes pour le piéger. » "L’arbre et le fruit" de Jean-François Chabas Pour des adolescent-e-s à partir de 13 ans Livres documentaires Sur le thème de la violence psychologique et physique "Touche pas à mon corps : il est à moi, j’ai des droits « 1980, Portland. Jewel confie ses peurs et ses inquié- et j’ose en parler" de Marie-France Botte et Pascal tudes face au comportement violent et pervers de son Lemaître père qui a réussi à faire interner leur mère dans un hôpi- Pour des enfants à partir de 11 ans tal psychiatrique et terrorise ses enfants. L'adolescente Sur le thème des abus sexuels et de l’inceste tente de protéger Esther, sa petite sœur. » "Je me défends du harcèlement" d'Emmanuelle Pi- "Blood family" d'Anne Fine quet Pour des adolescent-e-s à partir de 14 ans Pour des enfants à partir de 10 ans Sur le thème de la violence psychologique et physique Sur le thème de la violence et du harcèlement en général « Pendant sept ans, un homme brutal et alcoolique a « L'ouvrage présente quinze situations d'enfants victimes séquestré Edward et sa mère dans un appartement. Une de harcèlement trouvant des solutions pour réagir et s'en fois libéré de son emprise, le jeune garçon passe entre sortir. Partant du constat que le harcèlement a plusieurs les mains des services sociaux et tente, malgré ses al- formes, prend plusieurs visages et que les profils des lées et venues entre les familles d'accueil, de laisser le harceleurs et des harcelés sont multiples, l'auteure met passé derrière lui. Mais les souvenirs ne s'estompent au point une stratégie de parade dite effet boomerang ou pas et Edward a besoin de toute sa volonté pour ne pas flèche de résistance, adaptable à toutes les situations. » sombrer. » 25
Activité : rédaction d’une critique journalistique NB : cet exercice pratique pourrait servir de préparation à la discussion en classe avec l’équipe artistique et Hélène Upjohn. Une sortie au théâtre peut être l’occasion d’exercer le registre journalistique. Cette activité pro- pose aux enseignant-e-s d’aborder l’expression argumentative par le biais de la rédaction d’une critique. A partir de l’analyse de plusieurs critiques journalistiques, les élèves sont amené-e-s à pointer les différents éléments constitutifs d’une critique et d’en faire une grille d’observation (voir exemple ci- après). Il s’agit de mettre en évidence les différents éléments à observer durant la pièce pour pou- voir ensuite en rendre compte dans leur propre critique qu’ils-elles auront à rédiger après coup. Ensuite, les élèves sont invité-e-s à prendre des notes pendant ou juste après la pièce afin de garder une trace de leurs observations mais également des émotions ressenties pendant. La leçon suivante, un partage des émotions / observations / remarques peut être fait en classe afin de faciliter ensuite la rédaction de la critique. C’est l’occasion de résoudre ensemble certaines incompréhensions en partageant les différentes interprétations. Il est important à ce moment de valoriser la diversité et l’opinion de chaque personne afin que les critiques finales représentent au mieux la pensée de chacun-e. A partir de ces remarques, des notes prises au sujet de la pièce et muni-e-s de leur grille constitu- tive des éléments d’une critique, les élèves procèdent alors à la rédaction de leur propre critique. L’étape finale pourrait consister à comparer les différentes critiques et éventuellement de les con- fronter à une critique publiée dans un journal. Cet exercice, en plus d’entrainer l’argumentation et les capacités de rédaction, valorise l’expres- sion des émotions ressenties et permet de les accueillir dans un cadre adéquat. 26
GRILLE DES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS D’UNE CRITIQUE Pour ce spec- Effets sur les Effets sur moi tacle / cette cri- spectateurs-trices -même tique ELEMENTS D’UN SPECTACLE Informations générales Titre Création ou reprise Chorégraphe et son parcours Nombre de danseurs/euses Autres artistes (musicien-ne-s, comé- dien-ne-s, peintres…) Jeu Description des gestes et déplace- ments Voix, intonation, débit, volume… Expressions du visage Danse Description des mouvements Musique Bande enregistrée ou live Genre Composée ou improvisée Textes (langue(s) + autres informa- tions sur ce qu’ils apportent au spec- tacle) Structure Construction de la pièce / parties Narratif, abstrait, conceptuel Ouverture et fermeture de la pièce Détails sur la représentation vécue Réactions du public Incidents / problèmes sur scène Lecture critique Liens avec d’autres pièces Emotions ressenties Enjeux principaux de la pièce Avis personnel LANGUE Quels temps verbaux j’emploie ? Quels pronoms ? Quel vocabulaire ? 27
Informations générales La compagnie Ra de Ma ré La compagnie RA de MA ré a été fondée en 2010 par Marthe Krummenacher et Raphaële Teicher. Inti- mement liées par une dynamique de travail et une envie d’explorer, de découvrir, de comprendre, les deux chorégraphes et danseuses cherchent à s’exprimer via différentes créations sans s’ancrer dans un genre précis. Elles travaillent parfois ensemble, parfois séparément, que ce soit sur scène ou dans le tra- vail de création. Pour chaque pièce, pour chaque thématique abordée, la compagnie RA de MA ré cherche à créer un langage scénique spécifique, fondamentalement lié au propos. Leur recherche s’est axée, jusqu’à présent, sur l’émancipation d’une situation de contrainte physique et/ou scénographique. Dans leur première pièce intitulée RA de MA ré (2010), il s’agissait d’explorer la dualité qui se trouve dans une seule et même personne. Ce travail en duo avait débouché sur une pièce où l’écoute corporelle de l’autre était au cœur de la création. La deuxième création s’intitulait Pousser les Bords du Monde (2012). Ici, la contrainte résidait principalement dans la scénographie, pensée de sorte à ce que les corps ne puis- sent être verticaux. Une toile blanche tendue en diagonale depuis le fond de la scène jusqu’au plafond maintenait les interprètes dans une situation d’oppression du décor qui faisait office de cadre duquel elles cherchaient à s’émanciper. La troisième création présentée dans ce dossier s’inscrit dans la continuité de ces deux pièces. Elle em- ploie à nouveau la thématique de l’enfermement / de la contrainte, mais cette fois d’une manière bien moins abstraite. L’enfermement est cette fois invisible mais clairement identifié. Biographies Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier est un spectacle mené par Raphaële Teicher qui s’en- toure d’une équipe artistique composite. La danseuse Marthe Krummenacher et l’artiste musical Sam re- joignent la chorégraphe sur le plateau. Dans la préparation du spectacle, Justine Ruchat aide pour le tra- vail sur la théâtralité et prend la place d’œil extérieur. Enfin, Jean-Marc Serre s’occupe de la création lu- mière. Raphaële Teicher Raphaële Teicher commence la danse aux Humanités Cho- régraphiques du Lycée Martin 5 en Belgique. En 2003, elle arrive à Genève pour poursuivre sa formation au Ballet Ju- nior jusqu’en 2006. Elle danse depuis en free-lance pour plu- sieurs chorégraphes et mène un travail chorégraphique avec la compagnie RA de MA ré en collaboration avec Marthe Krummenacher. Depuis peu, elle chante dans le groupe d’électro punk genevois Ghetto Blaster. © Olivier Jaquet 28
Marthe Krummenacher Marthe Krummenacher se forme à l’Ecole de danse de Genève Ballet Junior sous la direction de Béatriz Consuelo de 1992 à 2000. Après l’obtention de sa maturité fédérale, elle rejoint la troupe de NDT2 Jiri Kylian à la Haye de 2000 à 2003. Les quatre années qui suivent, elle danse dans la compagnie de William Forsythe à Frankfort. De retour à Genève, elle tra- vaille comme interprète avec plusieurs chorégraphes. Dans le cadre de sa compagnie RA de MA ré ou en tant que danseuse indépendante, elle participe à de nombreux événements de la scène locale. Parallèle- ment elle poursuit aussi l’apprentissage du Budo (art © Olivier Jaquet martial japonais) et du tango argentin. Elle obtient le prix de la danseuse exceptionnelle 2017. Sam O. Sam O. alias Shlomo Balexert est un artiste transdis- ciplinaire issu de la scène punk et des squats gene- vois. Entre 2006 et 2016, il multiplie les projets dans différents domaines : l’art plastique avec une exposi- tion à Art Basel sur le stand de John Armleder, la mu- sique avec ses deux projets musicaux Faute De Frappe (punk rock) et Ghetto Blaster (electro punk) et la composition de morceaux pour le cinéma. En © Olivier Jaquet 2016, il co-écrit et présente à la Cave 12 le spectacle Genèse sous forme de concert/conférence avec la comédienne Julie Cloux. Depuis 2017, il collabore sur des performances de danse avec Raphaële Teicher. Justine Ruchat Justine Ruchat fait partie des ateliers de la compa- gnie le Théâtre Spirale, à Genève, de 1999 à 2010. Elle part ensuite faire ses études de théâtre en Bel- gique. Justine Ruchat travaille comme comédienne, met- teuse en scène, assistante à la mise en scène, adap- tatrice avec de nombreuses personnalités de la scène genevoise mais également belge. Elle dirige également depuis 2016 sa propre compagnie, le © cie RA de MA ré Théâtre EnQuête. Jean-Marc Serre Jean-Marc Serre est éclairagiste. Intéressé tout d’abord par la photographie et la peinture, il se dirige vers la scène en 1985. Il débute alors une riche car- rière de régisseur / électricien / éclairagiste en par- courant plusieurs arts comme le théâtre ou la mu- sique. Depuis 1990, il découvre plus spécifiquement la danse et collabore depuis avec de nombreuses et nombreux chorégraphes. 29
Hélène Upjohn Julie Dubois Philosophe de formation, Hélène Upjohn Julie Dubois a suivi un parcours académique a travaillé pendant de nombreuses années au- en lettres à l’Université de Genève et à celle tour des questions de violences. de Lausanne tout en étant déjà active dans le domaine artistique et culturel. Depuis plusieurs Aujourd’hui formatrice auprès de jeunes et années, elle cherche à développer une pra- d’adultes, elle s’efforce d’amener à la réflexion tique de la médiation culturelle qui lui est les différents aspects de la violence. propre à travers différents stages dans des Etre à l’écoute des dissonances qui suintent institutions genevoises mais également auprès aux abords de la fixité, de l’immuable et du de la Haute école pédagogique du canton de centre, interroger les constructions sociales et Vaud et de l’Université de Lausanne à travers leur normativité mises en échec par le minori- le programme de spécialisation en pédagogie taire, voilà ce qui, pour le moment, lui semble et médiation culturelle. du plus grand intérêt et voilà ce qu’elle partage Ses sujets de recherches se basent sur la avec enthousiasme. Questionner, articuler, question de l’émancipation des publics par mettre en perspective, autant de façons d’éla- rapport à l’élitisme d’une certaine culture et à borer ensemble une pensée complexe, vivante l’opacité potentielle de certains objets artis- et en prise avec le réel. tiques. Elle s’intéresse également à l’articula- tion qu’il peut y avoir entre les arts et des thé- matiques sociétales. © cie RA de MA ré 30
Contacts de la compagnie RA de MA ré Raphaële Teicher - teicherraph@gmail.com - 076 348 85 45 instagram.com/cie_rademare/ facebook.com/cie.rademare Contact médiation culturelle Julie Dubois - dubois.julie2@gmail.com - 078 878 64 45 31
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