IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole

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IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole
Dossier pédagogique : secondaire II

IL N’AURA QU’À DIRE QUE TU L’AS
   POUSSÉ DANS L’ESCALIER...

© Dorothée Thébert Filliger

                              Compagnie RA de MA ré

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IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole
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Table des matières

Synopsis .................................................................................................................... 4
Lien vers la captation ................................................................................................. 5
Revue de presse ......................................................................................................... 6
Présentation de la pièce............................................................................................ 10
       Pourquoi ce spectacle ? ................................................................................... 11
       Matériaux pour faire la pièce ............................................................................ 12
Projet de médiation pour les classes ........................................................................ 15
       Note d’intention ................................................................................................ 16
       Ateliers autour du spectacle ............................................................................. 17
       Proposition de planning sur une semaine ........................................................ 20
Pour aller plus loin ................................................................................................... 21
       Renseignements et prévention ........................................................................ 22
       Idées de lectures ............................................................................................. 25
       Activité : rédaction d’une critique journalistique ............................................... 26
Informations générales ............................................................................................. 28
       La compagnie et les intervenant-e-s ................................................................. 28
       Contacts .......................................................................................................... 31

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IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole
Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier...

Sept frères et sœurs. Une procédure pénale ouverte en 2015 pour mal-                           Conception et textes
                                                                                               Raphaële Teicher
traitance. Le passé ressurgit, éclairant une atmosphère familiale de vio-
lence quotidienne, en tension permanente.                                                      Assistante à la création
                                                                                               Marthe Krummenacher
Le projet autobiographique Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans                         Chorégraphie
l’escalier s’inspire de ce vécu bouleversant. Mêlant danse et parole, la                       Raphaële Teicher avec la
                                                                                               collaboration des
chorégraphe et danseuse Raphaële Teicher choisit d’aborder de front le                         interprètes
sujet tabou des violences au sein de la famille, en passant par le prisme
                                                                                               Interprétation
du corps et de la musique.                                                                     Shlomo Balexert, Marthe
                                                                                               Krummenacher, Raphaële
Apparaît alors la parole sans censure, dans toute sa crudité et son cy-                        Teicher
nisme une parole teintée d’humour cependant, qui libère et qui dit, les                        Scénographie
manipulations, la perversion, les violences et les abus. Apparaissent                          Yann Marussich
aussi la force nécessaire pour s’en émanciper et la volonté d’exploser                         Création sonore
un cadre intolérable. Un spectacle certainement coup de poing, une                             Shlomo Balexert
proposition subtile et intelligente pour un thème trop peu abordé sur les                      Création lumière
plateaux de théâtres.                                                                          Jean-Marc Serre
                                                                                               Coach interprétation et
                                                                                               regard extérieur
                                                                                               Justine Ruchat
                                                                                               Administration
                                                                                               Anna Ladeira – Le Voisin
                                                                                               Médiation et
                                                                                               communication
                                                                                               Julie Dubois
                                                                                               Crédits photos
                                                                                               Olivier Jaquet, Dorothée
                                                                                               Thébert Filligert et cie RA
                                                                                               de MA ré
                                                                                               Coproduction
                                                                                               Cie RA de MA ré, Le Grütli
                                                                                               –Centre de production et
                                                                                               de diffusion des Arts
                                                                                               vivants
                                                                                               Soutiens
                                                                                               Loterie romande,
                                                                                               Fondation privée
                                                                                               genevoise, Fondation
                                                                                               Leenaards, Fondation
                                                                                               Suisse des artistes
                                                                                               interprètes SIS, Fondation
                                                                                               Ernst Göhner
     Répétition de Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier   © Olivier Jaquet

                                                                                               Durée 53 minutes

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IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole
Les premières représentations ont eu lieu au Théâtre du Grütli du 8 au 19 mai 2019.
www.grutli.ch/spectacles/il_n_aura_qu_a_dire_que_tu_l_as_pousse_dans_l_escalier

                        Lien vers la captation
                       vimeo.com/337094471

                       Mot de passe: GRUTLI

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Revue de presse

Katja Baud-Lavigne, Journal 360°, n°186, mai 2019

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Revue de presse

Katia Berger, Tribune de Genève, 11.05.2019

Chorégraphie parlée
Entre théâtre et danse, Raphaële Teicher donne le tiraillement à voir et entendre

Trois bâches suspendues dessinent un              apparaît dans tout son maléfice sous les traits
espace de guingois. Posées sur un cube,           de Raphaële Teicher – conceptrice du
deux figures muettes et immobiles fixent le       spectacle au nom de la compagnie RA de MA
public de leurs yeux écarquillés. Bibelots ?      ré qu’elle a cofondée en 2010 avec
Animaux de compagnie ? Humains pétrifiés ?        Krummenacher, mais aussi plaignante à la
Amplifiée par un concerto pour violon de          ville, avec ses six frères et sœurs, dans le
Mendelssohn, l’émotion est palpable               cadre d’un procès pour maltraitance intenté
d’emblée. Elle noue les gorges de part et         contre ses parents.
d’autre du bord de scène. Oui, c’est bien cela,   Écartèlements, donc, où que l’on porte le
« Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans     regard: d’une victime qui guérit en interprétant
l’escalier » met en présence des corps            son bourreau. D’une pièce à mi-chemin des
tétanisés par la peur. Le torse, chosifié, de     arts dramatique et chorégraphique, qui, par le
l’artiste transdisciplinaire Sam O., alias        texte, tient de la comédie popu, mais, par le
Shlomo Balexert, qui ne regimbera que lors        sous-texte, du drame avisé. Comme si la
d’un rageur solo de batterie final ; et les       violence, dans ses manifestations
membres, déliés, de Marthe Krummenacher,          indifféremment physique, verbale,
l’une des danseuses les plus douées de            psychologique, sexuelle ou autre, engendrait
Genève, qui battront l’air dans un processus
                                                  ce supplice ultime qu’est le déchirement
de résilience. La voix d’une tierce instance,     intérieur. Pour les dualités ainsi évoquées, on
abusive celle-là, troue le silence des enfants    adhère à cet OVNI scénique objectivement
sacrifiés. Accent liégeois, tendresse feinte,     bancal.
jérémiades assorties d’humiliations, la mère
                                                                                    Katia Berger
                                                                                                  7
IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole
Revue de presse

Cécile Dalla Torre, Le Courrier, 10.05.2019

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IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole
Revue de presse
Cécile Dalla Torre, Le Courrier, 10.05.2019

Le geste de trop
Au Grütli, Raphaële Teicher danse la maltraitance avec Il n’aura qu’à dire que tu l’as pous-
sé dans l’escalier. Un spectacle tragi-comique qui amuse autant qu’il bouleverse.

Eux se tiennent, mutiques,            Mendelssohn parce que « c’est           ecchymoses et faire porter à sa
comme des figures hiératiques.        bon pour le système nerveux et          fille la responsabilité des coups
Eux, ce sont deux personnages         ça calme ».                             assénés. Avec distance,
d’enfants, Arthur et Pimprenelle.                                             Raphaële Teicher s’empare de
                                      Raphaële Teicher incarne cette
Ils sont postés à l’avant-scène                                               sa propre histoire pour livrer au
                                      marâtre contemporaine et installe
comme des statues de marbre                                                   final une tragi-comédie sans
                                      progressivement la cassure du
ou spectateurs immobiles, le                                                  pathos ni voyeurisme.
                                      lien filial avec la normalité. Car la
regard perdu dans le lointain. On
                                      maltraitance se cache parfois           Les coups ne retentissent pas
n’entendra presque jamais le son
                                      derrière des élans d’amour              sur le plateau de théâtre. Le
de leur voix, sauf le jour de
                                      trompeurs qui la rendent                mouvement, avorté, est stoppé
l’anniversaire d’Arthur. Leur mère
                                      difficilement identifiable. La          puis figé dans l’instant. Le
a fait d’eux d’étranges créatures,
                                      danseuse genevoise d’origine            moindre geste de tendresse
dénuées d’affects. Se protègent-
                                      belge, passée par le Ballet Junior      déployé vers la mère, qui coupe
ils d’une génitrice dont le ton
                                      de Genève, en sait quelque              court à toute effusion de
parfois exagérément douçâtre
                                      chose. Sa fratrie de sept frères et     sentiments, est lui aussi castré.
cache le drame à venir ? Ont-ils
                                      sœurs a entamé en 2015 une              Cet habile maniement du
définitivement perdu le goût de
                                      procédure pénale pour                   langage du corps contraste avec
vivre sous l’emprise d’une mère
                                      maltraitance contre ses deux            celui du langage verbal capté par
violente et castratrice ?
                                      parents. « J’ai choisi d’exposer        la chorégraphe et metteure en
Chiens obéissants                     ici ma situation personnelle car je     scène. C’est elle qui porte la
                                      désire mettre en lumière ce             parole, son arme destructrice.
Sur la scène du Grütli, dans la
                                      phénomène complexe qu’est la
pièce Il n’aura qu’à dire que tu                                              Fan des Deschiens, Raphaële
                                      maltraitance dans ce qu’il
l’as poussé dans l’escalier, cette                                            Teicher appuie avec humour son
                                      comporte de violences, de
mère toute-puissante règne,                                                   franc-parler belge, sans lésiner
                                      manipulations, d’abus
impitoyable, sur son territoire.                                              sur l’accent liégeois. Au fil des
                                      psychologiques et physiques qui
Elle a fait de ses enfants des                                                différents tableaux de la pièce,
                                      peuvent se retrouver jusque dans
chiens obéissants, dressés et                                                 elle instaure des rapports de
                                      les plus petites choses du
récompensés de caresses                                                       force verbaux avec ses danseurs
                                      quotidien », écrit-elle dans sa
lorsqu’ils s’exécutent sans faute.                                            pour mieux montrer l’ampleur de
                                      note d’intention.
Mais au moindre faux pas à ses                                                l’emprise psychologique
yeux, dans des situations             C’est elle qui orchestre le trio        maternelle. Rarement abordée
pourtant banales propres à leur       scénique familial, entre danse et       dans le milieu chorégraphique, la
âge, sa parole vire au délire et le   théâtre. Marthe Krummenacher,           thématique de l’enfance abusée
geste de trop, brutal, transforme     silhouette de jeune fille, danse        rejoint la démarche de la
la fratrie en victimes.               autant l’innocence de l’enfance         danseuse française Andréa
                                      que l’effroi sur une bande-son          Bescond, victime de pédophilie
Humiliations répétées, colères
                                      techno lorsque son frère est mis        par un ami de ses parents. De sa
noires où les enfants sont traités
                                      KO à terre. Toutes deux ont             pièce Les Chatouilles ou la
de bons à riens, les mots
                                      fondé la Compagnie RA de MA             danse de la colère, créée il y a
frappent parfois plus violemment
                                      ré en 2010, dont elles produisent       quatre ans avec Eric Métayer,
que les coups. L’apparence
                                      ici la quatrième pièce. Shlomo          est né un film, Les Chatouilles.
physique est capable de
                                      Balexert rejoint la compagnie et        Quand le corps lui-même devient
déclencher le dégoût maternel, la
                                      greffe aux jeux et pas complices        instrument pour briser les tabous
couleur naturelle des cheveux
                                      avec Marthe Krummenacher un             autour des violations qui lui sont
jugée inadéquate, ni vraiment
                                      solo de batterie comme exutoire         faites.
blonde, ni vraiment brune, tout
                                      final à l’enfance battue.
simplement « pas jolie ». L’enfant
est jugé coupable d’office. Bouc      Justifier des ecchymoses
                                                                                             Cécile Dalla Torre
émissaire systématique, son sort
                                      «Il n’aura qu’à dire que tu l’as
est entre les mains d’une femme
                                      poussé dans l’escalier», c’est
pourtant éduquée, diplômée en
                                      précisément le discours tenu par
droit, qui leur fait écouter du
                                      la mère pour justifier des

                                                                                                                  9
IL N'AURA QU'À DIRE QUE TU L'AS POUSSÉ DANS L'ESCALIER - Dossier pédagogique : secondaire II - Compagnie RA de MA ré - Espace Ecole
Présentation de la pièce
Ce spectacle pluridisciplinaire, qui allie danse, musique et théâtralité, traite des vio-
lences au sein de la famille. Sur scène, trois interprètes incarnent une mère et ses
deux enfants. Ceux-ci pourraient également être ses chiens ou de simples objets
faisant partie du mobilier. Plongé dans le quotidien de ce noyau familial, le public
assiste aux différentes scènes de maltraitance subies par les enfants. La parole
sans censure dit, dans toute sa crudité et son cynisme, la perversion et les vio-
lences. Toutefois, cette dénonciation est dépourvue de sensationnalisme et évite le
ton dramatique. L’humour permet de dire subtilement l’inaudible. D’origine belge, la
chorégraphe s’appuie sur un accent qu’elle connait bien pour apporter de la dérision
dans le personnage de la mère. Par ailleurs, les enfants trouvent la force néces-
saire pour tenter de s’émanciper de ce cadre intolérable à travers le mouvement et
la musique. Parfois immobiles, le corps tendu, le regard figé, ils se fondent dans le
décor afin d’échapper à une réalité trop dure. D’autres fois, les corps reprennent vie
et les mouvements émancipateurs, décousus, désordonnés, expient les tensions
accumulées et leur permettent de retrouver leur innocence et insouciance d’enfants.
La pièce est donc structurée en alternance entre des moments d’échappées où le
corps reprend vie et des retours à une réalité faite de violence et de manipulation.

Le titre
Ce spectacle s’intitule « Il
n’aura qu’à dire que tu l’as
poussé dans l’escalier ». Cette
phrase, directement tirée du
spectacle, laisse sous-
entendre l’atmosphère de vio-
lence, de mensonge et de ma-
nipulation mise en œuvre par
les parents maltraitants.

                                                    © Dorothée Thébert Filliger

                                                                                            10
Pourquoi ce spectacle ?

Ce projet puise son origine dans un événement de la vie personnelle de la choré-
graphe. En 2015, Raphaële Teicher et ses frères et sœurs portent plainte contre
leurs parents pour maltraitance. Le passé ressurgit éclairant une atmosphère fami-
liale de violence quotidienne, en tension permanente.

A partir de ces souvenirs, la chorégraphe souhaite mettre en lumière le phénomène
complexe qu’est la maltraitance dans ce qu’il comporte de violences, de manipula-
tions, d’abus psychologiques et physiques qui peuvent se retrouver jusque dans les
plus petites choses du quotidien.

Ces phénomènes passent souvent inaperçus car les individus qui les subissent n’en
portent pas forcément les stigmates visibles. Il est souvent difficile de nommer et de
discerner clairement ces violences car il faut d’abord être capable de les distinguer
des réalités dites «normales» et pour cela une prise de recul est nécessaire.

C’est donc à travers la danse, la parole et la musique live que la chorégraphe sou-
haite mettre en forme l’impact invisible mais indélébile sur les corps et les esprits
qu’engendrent les violences au sein du noyau familial. Par cette démarche artis-
tique, elle escompte lever le voile d’un sujet tabou et mettre en évidence les straté-
gies de survie et d’évitement développées par les enfants victimes de ces abus. En
abordant ce sujet si peu présent des plateaux de théâtre, ce spectacle met en lu-
mière des violences trop souvent tapies dans l’ombre des foyers ou cachées der-
rière l’indifférence ou la gêne.

                                                                                         11
Matériau pour faire la pièce

Le texte

Un monologue se développe tout au long de la

                                                                                                    Image tirée de lla série Les Deschiens
pièce. Son ton humoristico-dramatique est tout
droit inspiré des Deschiens. Les personnages
de cette série de sketchs courts (diffusée sur
Canal+ de 1993 à 2002) tiennent des propos
généralement grotesques, sujets à la parodie, à
la surenchère et au contrepoint. Ils mettent sys-
tématiquement en scène un personnage plus

faible, plus silencieux qui reçoit tout sans rien dire, mais qui exprime ce qu’il ressent par une atti-
tude corporelle ou des mimiques faciales. Leurs personnages usent des accents régionaux pour
produire un effet comique. Pour cette pièce, Raphaële Teicher a choisi l’accent liégeois comme
arme pour aborder cette thématique sérieuse de manière parfois humoristique sans pour autant
lui enlever sa gravité. Comme Benoit Poelvoorde l’a dit, « cet accent permet plus de liberté dans
la cruauté de par l’incrédibilité et la drôlerie qui s’en dégage aux yeux de tous. ».

La danse

Plusieurs typologies de mouvements sont développées afin de représenter divers états psy-
chiques.

Corps figés
Lorsqu’il y a maltraitance, le corps se protège et devient, la plupart du temps, imperméable aux
agressions. Réduit à un objet, le corps n’est plus capable de penser par lui-même. On a tous
connu des moments où l’on a envie de se cacher, par honte ou timidité, s’effondrant ainsi de
l’intérieur sans que l’extérieur ne s’en rende forcément compte. Cet état pourra affecter aussi les
expressions du visage.
Corps fusionnels
Lorsqu’il y a emprise, très souvent, la différence entre soi et l’autre ne se fait plus clairement.
Pour illustrer ce rapport, les corps s’imbriqueront parfois pour ne former plus qu’un.
Corps errants
Les corps errants correspondent à un début de sortie de cet enfermement invisible. Les pieds ne
sont plus sur terre. Trop longtemps resté figé, à l’état d’objet, il s’agit d’expérimenter différentes
manières de sortir de cet état. Ce corps ne sait pas encore où aller. Il cherche le contact de
l’autre pour reprendre confiance en se laissant aller à l’interaction.

                                                                                                    12
Matériau pour faire la pièce

Corps criants
Pour exprimer le trop plein de colère refoulée, le cri. Analyser ce qui se passe dans le corps lors-
que le cri implose ou explose. Un cri étouffé, un cri qui ne sort pas, un cri explosif. Le corps tout
entier devient un cri.
Corps en marche
Certaines démarches maladroites, d’autres plus agiles font ressembler les personnages à des
animaux. Ils s’emboitent et tentent d’avancer ensemble, se soutiennent, comme certains animaux
blessés.
Mouvements du quotidien
La répétition de mouvements du quotidien saccadés et rigides, répétés jusqu’à l’éreintement évo-
quent la folie du personnage de la mère. Frotter, ranger, déplacer, couper, plier, ramasser, en
mettant l’accent sur l’incohérence de certains mouvements.

Musique — batterie

La recherche musicale pour la batterie est partie du Be-Bop,
une forme de jazz qui peut se caractériser par un tempo ra-
pide, un phrasé asymétrique, des mélodies tortueuses et
complexes. Le solo de batterie de Art Blackey dans le mor-
ceau Justice, qui date des années 40, a aussi été une
source d’inspiration pour la musique.
Le morceau commence lentement et évolue doucement jus-
qu’à s’emballer dans une rythmique folle pour déverser son
flot de rage dans un roulement infernal libérateur.

                                                                  © Dorothée Thébert Filliger

                                                                                                  13
14
PROJET DE MÉDIATION
     AUTOUR DE
IL N’AURA QU’À DIRE QUE TU L’AS
    POUSSÉ DANS L’ESCALIER

                              15
Note d’intention pour un projet de médiation

   Les pages qui suivent ont pour but de définir la manière dont pourrait être réalisé un
   projet d’établissement autour du spectacle Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans
   l’escalier. Le déroulé de ce projet a été pensé pour six classes, durant une semaine.
   Nous sommes, toutefois, prêtes à le repenser en fonction des besoins de chaque éta-
   blissement.
   Il pourrait se dédoubler si plus de classes étaient intéressées par ce projet. A l’inverse,
   on pourrait réduire le projet à trois classes. En-dessous de 50 spectateur-rice-s, nous
   avons remarqué que la dynamique de la salle était moins intéressante pour le public.
   A l’inverse, lorsqu’il y a trop de monde, l’attention est souvent plus dispersée. En
   somme, nous souhaitons privilégier le qualitatif au quantitatif et ménager un accueil
   général proportionné. La planification des différentes étapes du projet est également
   négociable.

 QUAND ?             QUOI ?                    QUI ?               DURÉE               OÙ ?
               Présentation de la       Equipe artistique +
En amont du
               pièce et de la            enseignant-e +          20 minutes     En classe
 spectacle
               thématique                    1 classe
                                                                 53 minutes
               Il n’aura qu’à dire
                                        Equipe artistique +      (adaptable
               que tu l’as poussé                                               Dans l’aula /
 Spectacle                               enseignant-e-s +        en fonction
               dans l’escalier de                                               scène
                                            3 classes                des
               Raphaële Teicher
                                                                  besoins)
                                        Equipe artistique +
                                                                                En classe (év.
                                       experte des questions
  Après le     Echange autour de                                                dans l’aula / salle
                                       de genre et violences     45 minutes
 spectacle     la pièce                                                         de gym / salle de
                                         + enseignant-e +
                                                                                rythmique)
                                             1 classe
                                                                                Un espace qui se
                                                                                prête au
                                        Equipe artistique +
  Après le     Atelier de danse                                                 mouvement :
                                         enseignant-e +          45 minutes
 spectacle     autour de la pièce                                               dans l’aula / salle
                                             1 classe
                                                                                de gym / salle de
                                                                                rythmique

                                                                                                  16
Avant le spectacle
       Présentation de la pièce et de sa thématique

Il s’agit de préparer les élèves à venir voir la pièce en les mettant en condition à tra-
vers une discussion en plénum autour du fait-même d’aller voir un spectacle, mais
également autour de la pièce en abordant la thématique principale des violences au
sein du noyau familial et les moyens artistiques employés pour traiter de celle-là.
Raphaële Teicher — chorégraphe de la pièce, et Julie Dubois — médiatrice culturelle
et chargée de communication pour la cie RA de MA ré, prendront en charge cette pré-
paration au spectacle.

Durée 20 minutes
Lieu en classe
Pour une classe à la fois
Accompagnant-e-s Raphaële Teicher, Julie Dubois, l’enseignant-e

                        Après le spectacle
                   A. Echange autour de la pièce

Suite au spectacle, nous aborderons sous forme d’échanges, avec les élèves, les
questions tant artistiques que sociales que la pièce Il n’y aura qu’à dire que tu l’as
poussé dans l’escalier met en scène.
Ainsi, nous aborderons la délicate question, à la fois taboue et douloureuse, de la vio-
lence au sein de la famille.
Nous chercherons à la définir, à l’identifier dans la mise en scène artistique mais aussi
à reconnaitre les impacts sur nos corps et nos émotions en tant que spectateur-trice.
Nous nous poserons enfin la question des issues possibles aux violences telles que
nous les avons vues sur scène.

Durée 45 minutes
Lieu en classe
Pour une classe à la fois
Accompagnant-e-s Hélène Upjohn, Raphaële Teicher ou Julie Dubois, l’enseignant-e

                                                                                            17
Après le spectacle
                                  B. Atelier de danse
Les 15 premières minutes seront consacrées à la respiration et à la prise de conscience du corps
et de ses articulations afin de gentiment le mettre en mouvement. Commencer allongé au sol les
yeux fermés et petit à petit arriver à la verticalité et ouvrir sur l’extérieur.
Tout au long de la pièce, plusieurs typologies de mouvements sont développées afin de repré-
senter divers états physiques et psychiques.

Nous allons, pendant la demi-heure restante, Marthe Krummenacher et moi-même (Raphaële
Teicher), partir de ces typologies de mouvements pour amener l’élève à se connecter à son
corps ainsi que rentrer en interaction avec l’autre.

Corps figés
Lorsqu’il y a maltraitance, le corps se protège et
devient, la plupart du temps, imperméable aux
agressions. Réduit à un objet, le corps n’est plus
capable de penser par lui-même. On a tous con-
nu des moments où l’on a envie de se cacher,
par honte ou timidité, s’effondrant ainsi de l’inté-
rieur sans que l’extérieur ne s’en rende forcé-
ment compte. Cet état pourra affecter aussi les
expressions du visage.
Sur la musique du concerto pour violon de Félix
Mendelhson, nous allons expérimenter l’immobi-
lité du corps tout entier, y compris le regard et      © Dorothée Thébert Filliger
comment laisser l’émotion monter et la traduire
sur le visage.

                                                   Corps fusionnels et corps solidaires
                                                   Lorsqu’il y a emprise, très souvent, la différence
                                                   entre soi et l’autre ne se fait plus clairement.
                                                   Pour illustrer ce rapport, les corps s’imbriqueront
                                                   parfois pour ne former plus qu’un.
                                                   Certaines démarches maladroites, d’autres plus
                                                   agiles font ressembler les personnages à des
                                                   animaux. Ils s’emboitent et tentent d’avancer en-
                                                   semble, se soutiennent, comme certains ani-
                                                   maux blessés.
                                                   Nous allons reprendre un bout de la chorégra-
                                                   phie pour expérimenter la dualité. Deux par
© Dorothée Thébert Filliger                        deux, les élèves seront amenés à découvrir le
                                                   contre poids sous forme de jeux. Ainsi que diffé-
                                                   rentes démarches où l’écoute de l’autre est es-
                                                   sentiel pour pouvoir avancer ensemble.

                                                                                                   18
Après le spectacle — Atelier de danse

Corps criants
Pour exprimer le trop plein de colère refoulée, le cri. Analyser ce qui se passe dans le corps lors-
que le cri implose ou explose. Un cri étouffé, un cri qui ne sort pas, un cri explosif. Le corps tout
entier devient un cri.
Sur la musique du spectacle (techno dogs) les élèves seront amenés à bouger et se libérer
comme ils veulent, chacun pour soi, sans jugement. Laisser le son de la techno les traverser et
laisser sortir les mouvements qu’ils leurs viennent.

© Dorothée Thébert Filliger                                  © Dorothée Thébert Filliger

Durée 45 minutes
Lieu aula ou salle de gym
Pour une classe à la fois
Accompagnant-e-s Marthe Krummenacher, Raphaële Teicher, l’enseignant-e

                                                                                                  19
Proposition de planning sur une semaine (à titre indicatif)

  LUNDI :   Présentation de la pièce aux 6 classes (une par une)
            M1: classe 1 et classe 2
            M2 : classe 3 et classe 4
            M3 : classe 5 et classe 6

  MARDI : Matin: Spectacle pour 3 classes
            Après-midi: Spectacle pour 3 classes

  MERCREDI: Echange + atelier danse
            M1 + M2 : classe 1
            M3 + M4 : classe 2

  JEUDI : Echange + atelier danse
            M1 + M2 : classe 3
            M3 + M4 : classe 4
            A1 + A2 : classe 5

  VENDREDI :Echange + atelier danse
         M1 + M2 : classe 6

                                                                   20
Pour aller plus loin...
Les pages qui suivent comportent des informations autour
de la thématique de la maltraitance et des organismes de
prévention, mais également des idées d’activités et de lec-
tures autour de la pièce. Ces propositions ne sont pas in-
clues dans le projet de médiation mais permettent aux en-
seignant-e-s qui le désirent d’introduire la thématique ou
de poursuivre sur celle-ci après les ateliers.

                                                         21
Renseignements et prévention

Qu’est-ce que la maltraitance ?
La maltraitance peut prendre plusieurs formes. Les définitions suivantes sont tirées de l’étude
fédérale « Enfance maltraitée en Suisse» (Département fédéral de l’Intérieur, 1992) qui a distin-
gué quatre types de mauvais traitements.

La négligence
Le terme de négligence décrit le fait que les enfants, qui doivent être nourris, qui ont besoin de
soins, d'hygiène, de surveillance et de protection de la part des adultes, ne reçoivent pas, ou pas
suffisamment, les soins indispensables à leur survie et à leur bien-être, qui en sont alors com-
promis ou gravement atteints.
Les mauvais traitements psychiques
Les mauvais traitements psychiques désignent des actes et attitudes qui terrorisent l'enfant, l'hu-
milient, l'offensent, le surmènent, et lui donnent l'impression d'être rejeté, d'être sans valeur. En
font également partie : les menaces de suicide, les menaces de quitter l'enfant ou sa famille. Il
importe pour évaluer les mauvais traitements psychologiques d'observer les interactions entre
adultes et les enfants concernés.

Les mauvais traitements sexuels
Le terme "mauvais traitements sexuels" désigne l'abus d'en-
fants et d'adolescents dépendants qui n'ont pas atteint leur ma-
turité et qui sont incapables de consentir de façon responsable
à des invitations d'ordre sexuel dont ils ne comprennent pas la         Données statistiques
portée. L'adulte abuse de son pouvoir et de son autorité au dé-         Une étude, publiée en juin 2018 et
triment de l'enfant. Le non-respect de la pudeur de l’enfant            menée par l’Université de Lausanne
dans le cadre familial ou social peut également être considéré          et la Haute Ecole spécialisée de
comme un abus. Il s'agit d'actes tels que mise à nu ou l'attou-         Lucerne, s’est penchée sur la mal-
                                                                        traitance envers les enfants en
chement génitaux, la pénétration vaginale, anale ou orale, la           Suisse. Elle a recensé entre 30’000
pornographie, l'incitation à la prostitution, l’exhibition, l’exposi-   à 50’000 enfants victimes de mau-
tion non désirée à la pornographie, l’inceste, etc.                     vais traitements. Ces chiffres repré-
                                                                        sentent uniquement celles et ceux
Les mauvais traitements physiques                                       qui ont été adressés à une organi-
Par mauvais traitements physiques, on entend des actes de               sation de soutien pour violence phy-
                                                                        sique ou psychique, négligence,
violence tels que les coups, les heurts, les secousses, les brû-
                                                                        maltraitance sexuelle ou pour avoir
lures par des solides ou des liquides, les empoisonnements,             été témoins de violence conjugale.
l’exposition non désirée au froid, le maintien dans des locaux
insalubres, etc. La gravité des lésions physiques ne dépend
pas seulement de la violence des actes commis par les pa-
rents, mais est fortement reliée à l'âge de l'enfant. […] Les
mauvais traitements physiques peuvent causer des dommages
physiques et psychiques.

                                                                                                          22
Organismes d’aide et de prévention

Aide directe au sein des établissements scolaires
- Conseillers et conseillères sociaux des établissements scolaires
- Service santé de la jeunesse (infirmiers, infirmières scolaires)
- Psychologues des établissements scolaires

Prévention, information et aide pour les jeunes
- Le numéro 147 de ProJuventute
      Conseils et aide, 365 jours par an, 24 heures sur 24, par téléphone, SMS, chat ou e-mail.
- Ciao.ch
      Un site destiné aux jeunes de 11 à 20 ans. Permettre aux jeunes de poser des questions
      anonymement et gratuitement, 24h/24 et 7 jours sur 7, à des spécialistes adultes qui leur
      répondent dans un délai de 2 jours (sans compter les week-ends ou jours fériés). Ce n’est
      pas un service d’urgence.
- Juris conseil junior - jcj.ch
      Permanence juridique pour mineurs. Des avocats se mettent à disposition de Juris Conseil
      Junior et y dispensent leurs services aux enfants et adolescent-e-s. Un problème, une
      question en rapport avec vos droits? relations avec vos parents? un problème de droit du
      travail? victime d'une infraction? allocations d'études? et toute autre question?
- HUG (Hôpitaux universitaire de Genève)
      Service de pédiatrie des HUG (jusqu’à 16 ans)
      Prise en charge des enfants et adolescent-e-s de moins de 16 ans, victimes de maltraitance
      et négligence ou à risque de l’être.
      Consultation santé jeunes – HUG
      Adolescent-e-s et jeunes adultes, de 12 à 25 ans, seul-e-s ou accompagné-e-s, ou toute
      personne en souci pour un-e jeune.
      Les motifs d’une consultation sont nombreux et variés : troubles du comportement
      alimentaire, consommation de psychotropes (tabac, alcool, drogue), symptômes
      gynécologiques, questions relatives à la sexualité, à la vie relationnelle (parents, école,
      copains) ou sentimentale, souffrance psychique (stress, déprime, violences physiques ou
      sexuelles), difficultés d’adaptation (migration récente, déménagement, changements).
- Lebiceps.ch
     Lieu d’information et de soutien psychologique pour les enfants, les adolescents et les
     jeunes adultes confrontés à la souffrance psychique d’un parent

- Travailleuses et travailleurs sociaux hors murs du quartier
      Pour une écoute et des conseils, redirection vers d’autres organismes adaptés aux besoins
      de la personne.

                                                                                                    23
Organismes d’aide et de prévention

Prévention, information et aide pour tout le monde (et plus spécifique aux agressions
sexuelles)

- Ctas.ch - Centre Thérapeutique pour Traumatismes dont les Agressions Sexuelles
     Conseils et orientation pour toute personne ou famille concernée personnellement ou indi-
     rectement par la thématique des agressions sexuelles sur mineurs.

- Centrelavi-ge.ch
     Informations, conseils, démarches et adresses utiles aux personnes ayant subi une infrac-
     tion pénale portant directement atteinte à leur intégrité. Ce site s’adresse également à l’en-
     tourage des personnes victimes ainsi qu’aux professionnel-le-s concerné-e-s.

- Solidaritefemmes-ge.org
     Apporte une aide psychosociale et thérapeutique aux femmes victimes de violence conju-
     gale et à leurs enfants.

Et dans tous les cas, en parler à une personne bienveillante et de confiance ...

                                                                                                  24
Idées de lectures
                                      sur les conseils du site interroGE.ch

                  Livres de fiction
                                                              "Bonne nuit, sucre d’orge" de Heidi Hassenmüller
"Je suis en Chine" de Christine Feret-Fleury                  Pour des adolescent-e-s à partir de 13 ans
Pour des enfants à partir de 10 ans                           Sur le thème des violences sexuelles
Sur le thème de la violence psychologique et physique
                                                              « Dans l’Allemagne d’après-guerre, Gaby, sa mère et son
« Dans la journée, la jeune narratrice va à l'école. Le       frère Achim, survivent difficilement. L’hiver est là, le père
soir, la peur l'attend chez elle à cause des cris de sa       est mort. Dès le premier chapitre, toute l’ambiance du
mère, victime de violences conjugales. Pour ne plus les       roman est installée : on frappe à la porte, la nourriture est
entendre, elle s'évade dans une Chine imaginaire. Elle y      spartiate, un ami du père disparu débarque dans le foyer.
contemple la beauté et y apprend la patience et le cou-       Très vite, "oncle Malsch" s’installe définitivement et de-
rage. Mais, un jour, elle se dresse devant celui qui fait     vient le beau-père de Gaby. C’est Achim qui d’abord de-
souffrir sa mère. »                                           vient le souffre douleur : on lui coupe les cheveux, il doit
                                                              prendre des douches froides. Gaby, en revanche est un
                                                              peu gâtée. Son nouveau beau-père, alcoolique, est atten-
"Mes chaussures couleur caca" de Réchana Oum                  tionné, presque tendre. Mais très vite, cette attention,
Pour des enfants à partir de 10 ans                           dont elle est l’objet se précise. […] »
Sur le thème de la violence psychologique
                                                              "La porte de la salle de bain" de Sandrine Beau
                                                              Pour des adolescent-e-s à partir de 14 ans
« La narratrice, une collégienne, fait partie de ces gens
que personne ne remarque et qui n'ont pas d'amis.             Sur le thème des violences sexuelles
Quant à ses parents, elle doit supporter leurs disputes,
et surtout les échecs et la colère de son père. Un jour,      « Mia, adolescente, se réjouit de la métamorphose de
sa mère lui offre des chaussures dont la couleur lui rap-     son corps. Mais lorsqu'elle s'aperçoit que son beau-père
pelle une journée noire. Toutes deux finiront par partir...   entre régulièrement dans la salle de bain pendant qu'elle
»                                                             prend sa douche, la jeune fille met en place des strata-
                                                              gèmes pour le piéger. »
"L’arbre et le fruit" de Jean-François Chabas
Pour des adolescent-e-s à partir de 13 ans                                   Livres documentaires
Sur le thème de la violence psychologique et physique

                                                              "Touche pas à mon corps : il est à moi, j’ai des droits
« 1980, Portland. Jewel confie ses peurs et ses inquié-       et j’ose en parler" de Marie-France Botte et Pascal
tudes face au comportement violent et pervers de son          Lemaître
père qui a réussi à faire interner leur mère dans un hôpi-    Pour des enfants à partir de 11 ans
tal psychiatrique et terrorise ses enfants. L'adolescente     Sur le thème des abus sexuels et de l’inceste
tente de protéger Esther, sa petite sœur. »
                                                              "Je me défends du harcèlement" d'Emmanuelle Pi-
"Blood family" d'Anne Fine
                                                              quet
Pour des adolescent-e-s à partir de 14 ans
                                                              Pour des enfants à partir de 10 ans
Sur le thème de la violence psychologique et physique
                                                              Sur le thème de la violence et du harcèlement en général

« Pendant sept ans, un homme brutal et alcoolique a           « L'ouvrage présente quinze situations d'enfants victimes
séquestré Edward et sa mère dans un appartement. Une          de harcèlement trouvant des solutions pour réagir et s'en
fois libéré de son emprise, le jeune garçon passe entre       sortir. Partant du constat que le harcèlement a plusieurs
les mains des services sociaux et tente, malgré ses al-       formes, prend plusieurs visages et que les profils des
lées et venues entre les familles d'accueil, de laisser le    harceleurs et des harcelés sont multiples, l'auteure met
passé derrière lui. Mais les souvenirs ne s'estompent         au point une stratégie de parade dite effet boomerang ou
pas et Edward a besoin de toute sa volonté pour ne pas        flèche de résistance, adaptable à toutes les situations. »
sombrer. »

                                                                                                                       25
Activité : rédaction d’une critique journalistique

NB : cet exercice pratique pourrait servir de préparation à la discussion en classe avec l’équipe
artistique et Hélène Upjohn.

Une sortie au théâtre peut être l’occasion d’exercer le registre journalistique. Cette activité pro-
pose aux enseignant-e-s d’aborder l’expression argumentative par le biais de la rédaction d’une
critique.
A partir de l’analyse de plusieurs critiques journalistiques, les élèves sont amené-e-s à pointer les
différents éléments constitutifs d’une critique et d’en faire une grille d’observation (voir exemple ci-
après). Il s’agit de mettre en évidence les différents éléments à observer durant la pièce pour pou-
voir ensuite en rendre compte dans leur propre critique qu’ils-elles auront à rédiger après coup.
Ensuite, les élèves sont invité-e-s à prendre des notes pendant ou juste après la pièce afin de
garder une trace de leurs observations mais également des émotions ressenties pendant.
La leçon suivante, un partage des émotions / observations / remarques peut être fait en classe
afin de faciliter ensuite la rédaction de la critique. C’est l’occasion de résoudre ensemble certaines
incompréhensions en partageant les différentes interprétations. Il est important à ce moment de
valoriser la diversité et l’opinion de chaque personne afin que les critiques finales représentent au
mieux la pensée de chacun-e.
A partir de ces remarques, des notes prises au sujet de la pièce et muni-e-s de leur grille constitu-
tive des éléments d’une critique, les élèves procèdent alors à la rédaction de leur propre critique.
L’étape finale pourrait consister à comparer les différentes critiques et éventuellement de les con-
fronter à une critique publiée dans un journal.
Cet exercice, en plus d’entrainer l’argumentation et les capacités de rédaction, valorise l’expres-
sion des émotions ressenties et permet de les accueillir dans un cadre adéquat.

                                                                                                       26
GRILLE DES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS D’UNE CRITIQUE

                                         Pour ce spec-        Effets sur les       Effets sur moi
                                         tacle / cette cri-   spectateurs-trices   -même
                                         tique
ELEMENTS D’UN SPECTACLE
Informations générales
Titre
Création ou reprise
Chorégraphe et son parcours
Nombre de danseurs/euses
Autres artistes (musicien-ne-s, comé-
dien-ne-s, peintres…)

Jeu
Description des gestes et déplace-
ments
Voix, intonation, débit, volume…
Expressions du visage

Danse
Description des mouvements

Musique
Bande enregistrée ou live
Genre
Composée ou improvisée
Textes (langue(s) + autres informa-
tions sur ce qu’ils apportent au spec-
tacle)

Structure
Construction de la pièce / parties
Narratif, abstrait, conceptuel
Ouverture et fermeture de la pièce

Détails sur la représentation vécue
Réactions du public
Incidents / problèmes sur scène

Lecture critique
Liens avec d’autres pièces
Emotions ressenties
Enjeux principaux de la pièce
Avis personnel

LANGUE
Quels temps verbaux j’emploie ?
Quels pronoms ?
Quel vocabulaire ?
                                                                                               27
Informations générales

La compagnie Ra de Ma ré

La compagnie RA de MA ré a été fondée en 2010 par Marthe Krummenacher et Raphaële Teicher. Inti-
mement liées par une dynamique de travail et une envie d’explorer, de découvrir, de comprendre, les
deux chorégraphes et danseuses cherchent à s’exprimer via différentes créations sans s’ancrer dans un
genre précis. Elles travaillent parfois ensemble, parfois séparément, que ce soit sur scène ou dans le tra-
vail de création. Pour chaque pièce, pour chaque thématique abordée, la compagnie RA de MA ré
cherche à créer un langage scénique spécifique, fondamentalement lié au propos. Leur recherche s’est
axée, jusqu’à présent, sur l’émancipation d’une situation de contrainte physique et/ou scénographique.
Dans leur première pièce intitulée RA de MA ré (2010), il s’agissait d’explorer la dualité qui se trouve dans
une seule et même personne. Ce travail en duo avait débouché sur une pièce où l’écoute corporelle de
l’autre était au cœur de la création. La deuxième création s’intitulait Pousser les Bords du Monde (2012).
Ici, la contrainte résidait principalement dans la scénographie, pensée de sorte à ce que les corps ne puis-
sent être verticaux. Une toile blanche tendue en diagonale depuis le fond de la scène jusqu’au plafond
maintenait les interprètes dans une situation d’oppression du décor qui faisait office de cadre duquel elles
cherchaient à s’émanciper.
La troisième création présentée dans ce dossier s’inscrit dans la continuité de ces deux pièces. Elle em-
ploie à nouveau la thématique de l’enfermement / de la contrainte, mais cette fois d’une manière bien
moins abstraite. L’enfermement est cette fois invisible mais clairement identifié.

Biographies
Il n’aura qu’à dire que tu l’as poussé dans l’escalier est un spectacle mené par Raphaële Teicher qui s’en-
toure d’une équipe artistique composite. La danseuse Marthe Krummenacher et l’artiste musical Sam re-
joignent la chorégraphe sur le plateau. Dans la préparation du spectacle, Justine Ruchat aide pour le tra-
vail sur la théâtralité et prend la place d’œil extérieur. Enfin, Jean-Marc Serre s’occupe de la création lu-
mière.

                                                          Raphaële Teicher
                                                          Raphaële Teicher commence la danse aux Humanités Cho-
                                                          régraphiques du Lycée Martin 5 en Belgique. En 2003, elle
                                                          arrive à Genève pour poursuivre sa formation au Ballet Ju-
                                                          nior jusqu’en 2006. Elle danse depuis en free-lance pour plu-
                                                          sieurs chorégraphes et mène un travail chorégraphique avec
                                                          la compagnie RA de MA ré en collaboration avec Marthe
                                                          Krummenacher. Depuis peu, elle chante dans le groupe
                                                          d’électro punk genevois Ghetto Blaster.
                                       © Olivier Jaquet

                                                                                                                    28
Marthe Krummenacher
                                                           Marthe Krummenacher se forme à l’Ecole de danse
                                                           de Genève Ballet Junior sous la direction de Béatriz
                                                           Consuelo de 1992 à 2000. Après l’obtention de sa
                                                           maturité fédérale, elle rejoint la troupe de NDT2 Jiri
                                                           Kylian à la Haye de 2000 à 2003. Les quatre années
                                                           qui suivent, elle danse dans la compagnie de William
                                                           Forsythe à Frankfort. De retour à Genève, elle tra-
                                                           vaille comme interprète avec plusieurs chorégraphes.
                                                           Dans le cadre de sa compagnie RA de MA ré ou en
                                                           tant que danseuse indépendante, elle participe à de
                                                           nombreux événements de la scène locale. Parallèle-
                                                           ment elle poursuit aussi l’apprentissage du Budo (art
© Olivier Jaquet
                                                           martial japonais) et du tango argentin. Elle obtient le
                                                           prix de la danseuse exceptionnelle 2017.

                                                           Sam O.
                                                           Sam O. alias Shlomo Balexert est un artiste transdis-
                                                           ciplinaire issu de la scène punk et des squats gene-
                                                           vois. Entre 2006 et 2016, il multiplie les projets dans
                                                           différents domaines : l’art plastique avec une exposi-
                                                           tion à Art Basel sur le stand de John Armleder, la mu-
                                                           sique avec ses deux projets musicaux Faute De
                                                           Frappe (punk rock) et Ghetto Blaster (electro punk) et
                                                           la composition de morceaux pour le cinéma. En
                                        © Olivier Jaquet

                                                           2016, il co-écrit et présente à la Cave 12 le spectacle
                                                           Genèse sous forme de concert/conférence avec la
                                                           comédienne Julie Cloux. Depuis 2017, il collabore sur
                                                           des performances de danse avec Raphaële Teicher.
Justine Ruchat
Justine Ruchat fait partie des ateliers de la compa-
gnie le Théâtre Spirale, à Genève, de 1999 à 2010.
Elle part ensuite faire ses études de théâtre en Bel-
gique.
Justine Ruchat travaille comme comédienne, met-
teuse en scène, assistante à la mise en scène, adap-
tatrice avec de nombreuses personnalités de la
scène genevoise mais également belge. Elle dirige
également depuis 2016 sa propre compagnie, le
                                                                                                           © cie RA de MA ré

Théâtre EnQuête.
Jean-Marc Serre
Jean-Marc Serre est éclairagiste. Intéressé tout
d’abord par la photographie et la peinture, il se dirige
vers la scène en 1985. Il débute alors une riche car-
rière de régisseur / électricien / éclairagiste en par-
courant plusieurs arts comme le théâtre ou la mu-
sique. Depuis 1990, il découvre plus spécifiquement
la danse et collabore depuis avec de nombreuses et
nombreux chorégraphes.

                                                                                                                               29
Hélène Upjohn                                       Julie Dubois
Philosophe de formation, Hélène Upjohn              Julie Dubois a suivi un parcours académique
a travaillé pendant de nombreuses années au-        en lettres à l’Université de Genève et à celle
tour des questions de violences.                    de Lausanne tout en étant déjà active dans le
                                                    domaine artistique et culturel. Depuis plusieurs
Aujourd’hui formatrice auprès de jeunes et
                                                    années, elle cherche à développer une pra-
d’adultes, elle s’efforce d’amener à la réflexion
                                                    tique de la médiation culturelle qui lui est
les différents aspects de la violence.
                                                    propre à travers différents stages dans des
Etre à l’écoute des dissonances qui suintent        institutions genevoises mais également auprès
aux abords de la fixité, de l’immuable et du        de la Haute école pédagogique du canton de
centre, interroger les constructions sociales et    Vaud et de l’Université de Lausanne à travers
leur normativité mises en échec par le minori-      le programme de spécialisation en pédagogie
taire, voilà ce qui, pour le moment, lui semble     et médiation culturelle.
du plus grand intérêt et voilà ce qu’elle partage
                                                    Ses sujets de recherches se basent sur la
avec enthousiasme. Questionner, articuler,
                                                    question de l’émancipation des publics par
mettre en perspective, autant de façons d’éla-
                                                    rapport à l’élitisme d’une certaine culture et à
borer ensemble une pensée complexe, vivante
                                                    l’opacité potentielle de certains objets artis-
et en prise avec le réel.
                                                    tiques. Elle s’intéresse également à l’articula-
                                                    tion qu’il peut y avoir entre les arts et des thé-
                                                    matiques sociétales.

                              © cie RA de MA ré

                                                                                                   30
Contacts de la compagnie RA de MA ré
Raphaële Teicher - teicherraph@gmail.com - 076 348 85 45
instagram.com/cie_rademare/
facebook.com/cie.rademare

Contact médiation culturelle
Julie Dubois - dubois.julie2@gmail.com - 078 878 64 45

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