In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand

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In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
In-Natura
une exposition d’Artaïs-art contemporain

du 9 au 17 septembre 2017

DOC, 26 rue du docteur Potain, Paris 19è

                                           Tatiana Wolska, Sans titre,
                                           2012, bouteilles Orezza-PdT.

                                                                     Tatiana Wolska, Badoit expansée,
                                                                    bouteilles de Badoit thermosoudées,
                                                                                  mousse polyuréthane.
In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
Artaïs et l’art contemporain
                                              L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art
                                                                                      (Robert Filliou)

Découvrir, questionner, partager
L’art contemporain : des surprises, des émotions, du rêve, des expériences

Grâce à ses visites d’ateliers d’artistes, de galeries, de centres d’art, de lieux alternatifs à Paris
et en Île-de-France, en région et à l’étranger, Artaïs fait le lien entre le public et les artistes,
commissaires d’expositions, galeristes ou critiques d’art avec qui elle facilite les rencontres.

Chaque année, plus de cinq cents participants partagent ces moments privilégiés.
Et depuis 2012, des lecteurs de plus en plus nombreux prennent connaissance de l’actualité
artistique contemporaine et de ses coulisses grâce à la revue gratuite Artaïssime.

Artaïs est une association créée en 2007 par Dominique Chauchat, née de sa volonté de partager
sa passion pour l’art contemporain avec un large public réunissant aussi bien amateurs néophytes
que collectionneurs avertis.

« Nous voulons essentiellement apporter des clés pour entrer dans le monde des artistes, agir en
passeurs, en faveur de tous les publics, sans restriction, notamment d’âge ou de culture. Dans
un esprit de rencontre qui privilégie la convivialité et le partage.

Nous pensons sincèrement que l’art contemporain est accessible à tous, si l’on veut bien
comprendre que c’est une nébuleuse, dont les éléments sont tous uniques et différents. Nous
désirons casser le préjugé d’intellectualisme qui lui est souvent accolé. Les oeuvres sont encore
plus belles quand elles donnent à penser... et la beauté est pour tout le monde. C’est une question
d’ouverture d’esprit. »

Rapidement rejointe par la conseillère artistique Sylvie Fontaine, l’équipe ne cesse de se
développer avec l’implication de plusieurs chargées de mission.

« La création contemporaine n’a jamais été aussi riche et les lieux de monstration aussi nombreux
et variés. Passionnée et impliquée depuis longtemps, je partage avec joie mes coups de cœur et
mes découvertes avec tous, en France comme à l’étranger ! »

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In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
DOC                                                                                                                                                         Sommaire
DOC a été fondé en mars 2015 par de jeunes diplômés d’école d’art en recherche d’espace de
travail.

DOC est situé au 26 rue du docteur Potain dans le 19e arrondissement de Paris, dans l’ancien lycée
technique Jean Quarré. L’ensemble de ses résidents a mutualisé ses forces et moyens pour mener
des travaux de restauration du bâtiment durant 6 mois avant l’ouverture au public en septembre             Page 6....................................................................................Avant-propos par Marie Gayet
2015.
                                                                                                           Page 7 ...................................................................................Par Marie Cantos
Soucieux de retrouver les meilleures conditions de travail techniques, matérielles et sociales, la
forme du projet s’inspire des modèles de partage et de diffusion du savoir propres aux écoles d’arts.
                                                                                                           Pages 8 - 11...................................................................... Cécile Beau
DOC est aussi une réponse concrète à la difficulté des jeunes artistes à trouver un espace de travail
à un prix abordable.                                                                                       Pages 12 - 15................................................................... Sylvie Bonnot
Aujourd’hui ce sont 80 résidents, artistes et artisans, toutes disciplines confondues, qui y travaillent
quotidiennement.
                                                                                                           Pages 16 - 19................................................................... Caroline Corbasson

La volonté de DOC est de compter sur ses propres forces : le bénévolat et l’entraide comme source          Pages 20 - 23................................................................... Dominique Ghesquière
de liberté, l’idée d’un lien et d’une nouvelle façon d’être dans le monde.
                                                                                                           Pages 24 - 27................................................................... Fabien Léaustic
DOC se compose de 28 ateliers privés ou partagés, de deux ateliers de résidences artistiques
temporaires ouvertes sur appel à candidature public, de cinq ateliers techniques ouverts aux résidents
mais aussi aux artistes extérieurs et aux habitants du quartier (ateliers bois, métal, post-production     Pages 28 - 31................................................................... Julie Legrand
vidéo, sérigraphie, labo photo argentique), d’un espace d’exposition, d’une salle de spectacle et de
résidence de théâtre, d’un jardin partagé. Chacun de ces espaces est supervisé par une équipe de           Pages 32 - 35................................................................... Emmanuel Régent
responsables de pôle en charge de transmettre leurs savoirs techniques.

DOC mène aussi des actions pédagogiques et sociales en accueillant des publics scolaires, en               Pages 36 - 39................................................................... Lionel Sabatté
collaborant avec plusieurs associations et collectifs de quartier, en organisant des ateliers créatifs
pour les enfants ainsi qu’au travers de son programme d’Université Libre.                                  Pages 40 - 43................................................................... Thomas Tronel-Gauthier
http://doc.work
contact@doc.work
                                                                                                           Pages 44 - 47................................................................... Tatiana Wolska

                                                   4                                                                                                                      5
In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
Avant-propos                                    « C’est face au monde et à la nature que l’homme peut vraiment penser »*

In-Natura, l’exposition des 10 ans d’Artais, met en scène              fossiles pour l’environnement. Néanmoins, le mouvement
les œuvres de dix artistes qui explorent, dans une grande              ininterrompu de la glaise devenant sous l’effet de l’eau
diversité de pratiques, le registre polymorphe et singulier            une surface soyeuse et vibrante exerce une séduction
de la nature, considérée à la fois comme une source de                 indéniable.
création foisonnante et un répertoire de formes nouvelles              Si engagement écologique il y a, il est davantage dans
et inédites.                                                           le recours à des matériaux pauvres ou symboliquement
                                                                       forts, tels les aiguilles de pin noir brodées d’Herbes rares
L’expression latine sous-entend qu’au-delà de la nature                de Dominique Ghesquière, les clous du Nid de Tatiana
même - celle souvent glorifiée, louée, pour sa beauté et               Wolksa, modelé in situ sur le mur, ou encore les fines
son ordre naturel, ou au contraire crainte car menaçante,              pellicules de thé séché des Théinographies de F. Léaustic.
envahissante et indomptable - il existe un état de nature              Seul le vol arrêté d’un oiseau naturalisé (D. Ghesquière)
encore plus profonde, qui serait restée intacte, non altérée.          est littéral d’une mort annoncée.
Plus brute, plus complexe, plus fascinante encore. Un
espace voué à l’investigation des artistes.                            En bonne place des hybridations et des mutations, toutes
                                                                       des hypothèses de transformations en devenir, on trouve
Il sera donc question ici de confrontation à cette notion              celle touffeteuse de Lionel Sabatté et celles, vénéneuses,
de pure nature. De se placer au plus près de la terre, des             d’Emmanuel Régent. Quant à La Souche de Cécile Beau,
éléments, des pierres, des végétaux, des animaux, des                  réalisée en collaboration avec Anna Prugne, elle fusionne
micro-organismes et même des étoiles. D’aller chercher                 l’animal et le végétal. Le bois semble se soulever par la
la nature là où elle peut être saisie. D’être dans un regard           propulsion de longues pattes ajoutées en prolongement
et une posture où l’observation, la sensation mais aussi le            des racines.
savoir prennent part au processus. La démarche implique
un positionnement physique et intellectuel, d’où découle               C’est souvent par le paysage que naît la relation sensible
la mise en œuvre. Cette dernière se déploie sur un large               à la nature. Sur la Pointe Sèche de Sylvie Bonnot, il est
prisme qui va de l’organique à l’hybridation, de la science            un paysage mirage à plusieurs strates, relief dessiné à
à la mutation, du matériau naturel à l’artefact, du geste              la pointe sèche sur le tirage photographique. Issue d’un
minimal à la sophistication, de la fragilité à la résistance, de       geste à l’opposé, la migration gélatinée de Mue dessine
la critique à la conciliation. A la croisée de ces langages et         aussi un paysage d’entre-deux. Les dessins à l’encre ou
des ces pratiques, l’artiste compose, réinterprète, fabrique           au fusain de Caroline Corbasson et Emmanuel Régent
des expériences, crée de l’artificiel - qui est le produit de          donnent également l’impression d’approcher une nature
l’habileté humaine – « transforme la matière « nature »                à part, de même que The Last Piece of Wasteland#10 de
pour en révéler des propriétés insoupçonnées. »                        T. Tronel-Gauthier conserve la trace unique de l’éphémère
                                                                       beauté du passage des marées sur le sable.
A première vue, la pièce Récif d’Eponges de Thomas                     Observer le milieu naturel et plus loin encore, celui du ciel.
Tronel-Gauthier semble être le résultat d’un phénomène                 Si For Avoid de C. Corbasson invite à regarder l’univers,
naturel de sédimentation ou volcanique. Elle est en                    sa structure évidée laisse la connaissance ouverte et
réalité une œuvre en porcelaine, qui ne peut exister                   rend dérisoire la volonté de comprendre les origines
sans l’intervention humaine. De même, l’arbre calciné de               de la création. Naît-elle de l’impressionnant chaos
Julie Legrand « renaît » de ses cendres grâce aux fines                d’énergies peint de L. Sabatté ? Afflue-t-elle, concentrée
flammèches de verre qu’elle greffe une par une, opérant                à l’extrême, dans chaque point rouge des Arborescences
une symbiose bois-verre plus vraie que nature.                         de J. Legrand ?

Dans l’ensemble, les couleurs sombres prédominent,                     Résonnant les uns avec les autres, les phénomènes
comme pour signifier une dégradation ou une maltraitance               de In-Natura mettent en lumière une nature dans ses
de la matière naturelle. Les œuvres ne sont pourtant                   changements d’états et, avec la subjectivité de chacun,
pas velléitaires, encore moins morales. Ambivalente,                   donnent à la penser en « vision augmentée ».
La Cariatide version noire, de Fabien Léaustic, l’est
assurément. Synthèse d’un objet décoratif et d’un                      Marie Gayet, commissaire associée
mécanisme industriel, aussi absurde qu’effrayante dans                 * Emanuele Coccia, La vie des plantes - Une métaphysique du
son flux en continu et ses éclaboussures, elle attire autant           mélange - Bibliothèque Rivages - 2016
qu’elle repousse, si l’on songe à la toxicité des énergies

                                                                   6                                                                    7
In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
Cécile Beau                                            Née en 1978
                                                                                                                De tout temps, Cécile Beau a été fascinée par la
                                                                                                                nature. Habituée à de longues promenades dans
                                                                                                                                                                          « Les paysages », comme les nomme l’artiste,
                                                                                                                                                                          toujours dénués de présence humaine, se situent
                                                       Vit et travaille à Paris
                                                                                                                les Pyrénées de son enfance, elle développe               souvent à la frontière entre réel et fictionnel,
                                                       Représentée par la galerie 22,48m2
                                                                                                                rapidement un sens aigu de l’observation et de            avec des changements d’échelle parfois
                                                       Expositions personnelles (sélection)                     l’écoute qui jouera un rôle primordial dans la            déroutants telle la pièce « Suma » représentant,
                                                       2017 : « Lithique », Galerie 22,48m2, Paris ;
                                                                                                                conception de ses œuvres. Ce goût exacerbé                de manière illusionniste, l’écosystème d’une
                                                       « Mécanique des milieux continus », Centre d’art
                                                       Bastille, Grenoble                                       pour la beauté des phénomènes naturels et la              forêt à taille réduite et aux bruits distordus. Les
                                                       2016 : « Orbis », Atelier Vortex, Dijon                  découverte de l’inexploré prendra corps pendant           titres des œuvres, en langue étrangère, sont
                                                       2015 : « C=1/√ρχ », Zebra3, Bordeaux
                                                                                                                ses études aux Beaux-arts de Tarbes et Marseille          également choisis pour leur musicalité et restent
                                                       2014 : « Substrat », Galerie 22,48 m2, Paris
                                                       2013 : « Sillage », Orangerie du Thabor, Rennes          puis au Fresnoy, grâce à une technologie parfois          énigmatiques de façon à permettre au regardeur
                                                       2012 : « Continuum », Espace d’art contemporain          sophistiquée mais néanmoins discrète.                     de construire sa propre narration. Cécile Beau
                                                       Rurart, Poitiers ; « Subfaciem », Module Prix
                                                                                                                                                                          aime à mélanger les temporalités et n’hésite pas
                                                       Découverte, Palais de Tokyo, Paris
                                                                                                                Qu’il    s’agisse      de    ses   photographies          à rallier infiniment petit et infiniment grand. Elle
                                                       Expositions collectives (sélection)                      panoramiques de paysages enneigés au son                  explore également l’univers, comme dans sa
                                                       2017 : « Genesis, la invencion del futuro »,
                                                                                                                mystérieux et enveloppant ou du bruissement               dernière exposition à la galerie 22,48m2 où le
                                                       Centre culturel Kirchner, Buenos Aires, Argentine ;
                                                       Présélection prix AWARE femme 2017, vitrines du          d’une flaque d’eau suite à la chute d’une goutte          visiteur était projeté dans le cosmos, au centre
                                                       péristyle du Palais Royal, Paris                         invisible, d’une grotte étrange aménagée dans             d’une myriade de planètes laissant entendre le
                                                       2016 : Festival 100 %, Grande Halle de La Villette,
                                                                                                                les profondeurs du Palais de Tokyo où un                  carambolage des roches comme un écho de
                                                       Paris ; « La timidité des cimes », Centre d’art le
                                                       Parvis, Tarbes                                           arbre poussait par son milieu ou de mousses               l’agrégation de matière à l’origine des temps.
                                                       2015 : « Renaissance », Lille 3000, Tripostal, Lille ;   envahissant le sol de l’espace d’exposition, tout
                                                       WRO, Media Art Biennale, Wroclaw, Pologne ;
                                                                                                                est prétexte à jouer avec la matière minérale,            Dans le cadre de l’exposition In-Natura, une
                                                       Zabriskie, espace d’art contemporain, Genève,
                                                       Suisse                                                   végétale ou liquide. De façon récurrente, l’artiste       inquiétante souche (produite en collaboration
                                                       2014 : « Feito por Brasileiros », Cidade Matarazzo,      donne à voir ce qui est à peine visible en usant          avec Anna Prugne) s’extrait du sol et s’étire
                                                       Sao Paulo, Brasil ; «Double Jeu », Turbulences,
                                                                                                                de subterfuges, et réalise des installations où           sur ses pattes suite à une possible mutation.
                                                       Frac Centre, Orléans ; « Etrange Nature », Pavillon
                                                       Blanc, Colomiers ; « Eau solide », FEW, Wattwiller       son et objet entretiennent des rapports étroits           En équilibre précaire, cet être hybride semble
                                                       2013 : « Chroniques des mondes possibles»,               afin de mettre le spectateur en situation d’une           prêt à se mettre en marche alors que survient
                                                       Fondation Vasarely, Aix en Provence ;
                                                                                                                perception accrue de son environnement et lui             brutalement l’orage « Zibben ».
                                                       « L’arbre qui ne meurt jamais », Théâtre des
                                                       Sablons, Neuilly                                         suggérer une temporalité ralentie propice à la
                                                       2011 : « 56è édition du Salon d’art contemporain »,      méditation. Dans l’installation « Sporophore »,           Cette plongée dans des atmosphères irréelles et
                                                       Montrouge
                                                                                                                des troncs d’arbre en apparence inertes, se               étranges, nous invite à développer de nouvelles
                                                       2010 : « Panorama de la jeune création »,
                                                       5è biennale d’art contemporain, Bourges                  révèlent être le lieu de transformations internes,        empathies avec le monde végétal et minéral en
                                                                                                                laissant s’échapper une sonorité ténue due                jouant avec des questionnements sans fin sur
                                                       Prix                                                     au déplacement de microorganismes. Par ce                 la nature du réel. Laissons nous entraîner dans
                                                       2012 : Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo
                                                       2011 : Prix du Crédit Agricole, 56è édition du Salon     décalage sonore, une scène anodine bascule                ces expériences sensorielles où les œuvres
                                                       d’art contemporain de Montrouge                          dans une atmosphère de science-fiction. Le                sont toujours empruntes d’une grande poésie.
                                                                                                                son, outil invisible, génère le temps et l’espace
                                                       Formation
                                                       2006-2008 : Le Fresnoy, studio national des arts         hors-champs.                                              Sylvie Fontaine
                                                       contemporain, Tourcoing
                                                       2003 : DNSEP, Ecole des Beaux-Arts, Marseille
Cécile Beau, l’envers, 2010-2012,
Vue de l’exposition Subfaciem,
Module Palais de Tokyo, Paris.
Crédit : Aurélien Mole. Courtesy galerie 22,48m2

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In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
Cécile Beau, Accrétion, 2017,
                                                     Vue de l’exposition Lithique,
                                                     Bétonnière, sable, charbon, roches volcaniques.
                                                     Courtesy galerie 22,48m2

Cécile Beau, Suma, 2010,
Vue d’exposition L’arbre qui ne meurt jamais,
Théâtre des Sablons, Neuilly.
Courtesy galerie 22,48m2

                                                                       Cécile Beau, Albedo, 2017,
                                                                       Vue de l’exposition Lithique.
                                                                         Courtesy galerie 22,48m2

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In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
Quand la nature s’impose
Sylvie Bonnot                                                                                                        Au salon YIA en 2015, j’ai été frappée par la
                                                                                                                     puissance de la nature qui se dégageait du
                                                                                                                                                                              seconde phase en atelier elle les met en forme,
                                                                                                                                                                              retravaille, dessine, redessine à la pointe sèche
                                                                                                                     travail de Sylvie Bonnot.                                ou au cutter, repeint, plie ou froisse, procédés qui
                                                                                                                                                                              tendent à frôler l’abstraction. La couleur s’invite
                                                           Née en 1982                                               La pratique photographique, dont elle a acquis           parfois, venant teinter la glace ou les vagues,
                                                           Vit et travaille à St Léger sous la Bussière              la maîtrise au contact d’artistes confirmés,             sur de grandes surfaces de papier, à la mesure
                                                           Représentée par la galerie Ségolène Brossette             notamment dans l’atelier de Balthasar Burkhard           des paysages parcourus.
                                                           Expositions oersinnelles                                  à Berne, prédomine et son travail suit un
                                                           2017-2018 : Contre-Courants, Musée de la Roche-           processus en deux étapes.                                Ces aplats de couleur surperposés se trouvent
                                                           sur-Yon, en partenariat avec le Forum Vies Mobiles                                                                 aussi projetés sur des éléments architecturaux
                                                           (SNCF) et le Musée des Ursulines (Mâcon)
                                                           Captation, installation photographique (commande          La première consiste à photographier le paysage          comme la cage de verre de l’ascenseur du
                                                           de la Fondation Facim & EDF (Hautes Vallées de            souvent extrême - grands espaces, sommets                Beffroi de Montrouge. De la 58è édition du salon
                                                           Savoie)                                                   escarpés, glaciers, falaises, de l’Australie au          de la ville en 2013, où le travail de l’artiste a été
                                                           2017 : Making Things Happen, avec Zhu Hong ; et
                                                           Soloshow, Unseen Art Fair, The Merchant House             Spitzberg en passant par l’Ile de La Réunion             remarqué, à sa dernière exposition au musée
                                                           (Amsterdam) Soloshow Forever, Art Fair (Paris)            ou encore le Japon - dans lequel l’artiste aime          des Ursulines (Mâcon), sa première grosse
                                                           2016-2017 : Contre-Courants, Musée des Ursulines          déambuler : « J’ai toujours voulu enregistrer            commande, le processus reste le même. L’artiste
                                                           (Mâcon) (partenariat)
                                                           Surimpressions, Quai des Arts de Cugnaux                  les images de ce que je trouvais singulier dans          détourne ce qui est devenu un matériau tout en
                                                           (Toulouse)                                                le monde. J’éprouve une certaine jubilation à            gardant l’esprit et l’essence de la prise, comme
                                                           2013 : Hors Champs, Esox Lucius (La Clayette,             arpenter les lieux insolites et méconnus ». Ses          le formule Julie Crenn : « Par le voyage, la
                                                           Bourgogne)
                                                           2012 : Mazarine, Galerie Arnaud Lefebvre (Paris)          recherches artistiques reposent notamment                traversée, l’errance, elle (S. Bonnot) recherche
                                                                                                                     sur le cheminement des lignes et l’étendue               un rapport à la fois physique et poétique
                                                           Expositions collectives                                   du paysage qu’elle s’approprie en composant              avec le paysage. L’ensemble du processus
                                                           2017 : Transition, Nuit Blanche, Observatoire de
                                                           l’espace du CNES (Paris)                                  d’ores et déjà in-situ, tel un peintre ou un             photographique lui permet de restituer ce
                                                           Tableaux fantômes #6, MUba Eugène Leroy -                 sculpteur. Cette première phase essentielle              dialogue entre l’œil, le corps et la matière. Elle
                                                           Tourcoing                                                 relève d’une double performance : le geste               capte ainsi les lumières, les mouvements, la
                                                           2016 : Revoir Franz Adzemar, Espace des Arts sans
                                                           Frontières (Paris)                                        artistique et l’exploit physique. Cette rencontre        substance et présence du paysage ».
                                                           Équilibre instable, exposition de la Collection Colette   avec la nature éprouve le corps et l’esprit, les
                                                           et Michel Poitevin, Le Carmel (Libourne)                  forces humaines se confrontant à celles de la            Les œuvres présentées à l’exposition In-Natura,
                                                           2015 : Intimenta, proposition de Paul Armand Gette,
                                                           Galerie Porte avion (Marseille) & Galerie La Belle        nature, et réveille les sensations.                      une « Mue Volante » et une « Pointe sèche »
                                                           Epoque (Villeneuve d’Ascq)                                                                                         en sont une fidèle illustration.
                                                           Urban Explorations, National Design Center,               Tels les initiateurs du Land Art et des artistes
                                                           Singapour
                                                                                                                     conceptuels, l’artiste répertorie les prises             Céline Maillard
                                                           Formation                                                 de vue de ces vastes territoires. Lors de la
                                                           2001-2006 : DNSEP, Ecole Nationale Supérieure
                                                           d’Art, Dijon
                                                           2004-2005 : Visiting scholar, Curtin University, Perth,
                                                           Australie
                                                           Résidences et voyages de recherche à l’étranger

Sylvie Bonnot, Vue de l’exposition Contre-Courants,
musée des Ursulines, Mâcon, 2016-2017.

                                                      12                                                                                                                 13
In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
Sylvie Bonnot, Pointe Sèche XIII - 30x34,5 cm 2017

                                                                              Sylvie Bonnot, Pointe Sèche VII,
                                                               dessin à la pointe sèche sur tirage photographie
                                                                  couleur, papier RC, contrecollage aluminium,
                                                                         75 x 95 cm, Spitzberg - St Léger, 2014

                                                     14   15
In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
Capturer l’invisible
Caroline Corbasson                                            Caroline Corbasson
                                                                                                                     Diplômée des Beaux Arts de Paris où je l’avais
                                                                                                                     rencontrée et de la Central Saint Martins de
                                                                                                                                                                                Elle s’est aussi penchée récemment sur la
                                                                                                                                                                                nébuleuse de la tête de Cheval observée par
                                                              Née en 1989
                                                              Vit et travaille à Paris
                                                                                                                     Londres, Caroline Corbasson, passionnée                    le télescope VLT au Chili. Sa silhouette en
                                                              Représentée par MONTEVERITA, Paris et Laurence         par l’analyse scientifique, se livre à une                 forme d’hippocampe, qualifiée de « nébuleuse
                                                              Bernard, Genève                                        expérimentation décisive pour la suite avec                obscure » par les scientifiques, est une sorte de
                                                              Expositions personnelles (sélection) :
                                                                                                                     Dust to dust : des empreintes de poussières                monstre en puissance, qu’elle tente d’apprivoiser
                                                              2017 : Sidereal, MONTEVERITA, Paris (en octobre)       déposées sur papier comme pour nous dire ce                en le sérigraphiant sur aluminium « Collapse ».
                                                              2015 : Empty Pixels, Galerie Laurence Bernard,         firmament qui nous dépasse et nous échappe.                Ses prochains projets : défier des formes
                                                              Geneva
                                                              2015 : Les Cieux-Cavernes, galerie l’inlassable,
                                                                                                                     L’invisible devenu accessible : c’est une                  d’astronomie souterraine, comme au Japon avec
                                                              Paris                                                  intuition qui ne cessera de l’habiter au fil de ses        le Super Kamiokande, ou traquer la poussière
                                                                                                                     expériences. Fixer le vertigineux, s’approprier            du désert d’Atacama avec des chercheurs du
                                                              Expositions collectives (sélection) :                  l’inimaginable et percer l’énigme de cette quête           Museum d’histoire naturelle.
                                                              2017 : Explore, CAC, Nîmes.
                                                              2017 : Pierres de Vision, CAIRN Centre d’Art,          métaphysique qui habite l’homme et le renvoie à
                                                              Digne-les-Bains.                                       sa propre finitude.                                        Mais pour l’heure, l’exposition des 10 ans
                                                              2017 : Infiniment le Pays des Etoiles, Centre d’Art
                                                              du Pavillon Blanc, Colomiers.
                                                                                                                                                                                d’Artaïs lui donne l’occasion de révéler à Paris
                                                              2017 : Athanor, CRAC, Sète.                            A rebours des images scientifiques souvent                 For a Void, pièce de 4,60 m de haut, réalisée
                                                              2016 : Sous le Soleil Exactement, Centre d’Art         esthétisantes, elle puise dans des matériaux               à l’occasion de sa résidence au Pouliguen, villa
                                                              Bastille, Grenoble.
                                                              2015 : New Cartographers, SongWon Art Center,
                                                                                                                     pauvres (charbon, métal) de quoi traduire des              Boesch. Une mappemonde dont l’enveloppe
                                                              Seoul                                                  concepts abstraits et mêler ainsi les approches            aurait disparu ! On peut la traverser, la contourner
                                                              2015 : Art-o-rama, Galerie Laurence Bernard,           macroscopique et microscopique. S’entourant                et pour autant rester face au vide, à l’absence.
                                                              Marseille
                                                              2015 : Iris Time, L’Inlassable Museum, New-York.
                                                                                                                     de chercheurs, d’astrophysiciens, elle sillonne            A nouveau il s’agit de court-circuiter les codes
                                                              2014 : Biennale du Dessin, Cité Internationale des     le globe, visitant laboratoires et observatoires           de représentation scientifique et notre propre
                                                              Arts, Paris.                                           célestes. De retour du Chili, elle a réalisé grâce         perception du réel.
                                                              2014 : They Used To Call It the Moon Part II, Baltic
                                                              Center for Contemporary Art, Newcastle (UK)
                                                                                                                     à la Bourse Henry, son premier court métrage
                                                              2014 : La Recherche, Boiler Room Gallery, Oslo.        sur l’observatoire du Cerro Paranal constitué de           De l’infiniment grand à l’infiniment petit, des
                                                              2014 : Possibles d’un monde fragmenté, Palais des      huit télescopes astronomiques dont quatre avec             poussières d’étoiles aux poudroiements de la
                                                              Beaux-arts, Paris.
                                                                                                                     un miroir de 8,2 m, qui l’ont fascinée.                    matière, du sublime à l’intime, le vertige proposé
                                                              Prix / Résidences / Bourses :                                                                                     par Caroline Corbasson entre poésie romantique
                                                              2016 : Finaliste Prix Découverte Palais de Tokyo       Autre télescope : le James Webb Space qui                  et vérité scientifique nous invite à un voyage
                                                              2011 : Lauréate Prix de Dessin Diamond
                                                                                                                     sera propulsé dans l’espace par la NASA en                 immobile aussi troublant qu’impermanent.
                                                              Formation :                                            2018 pour restituer les étoiles et galaxies issues
                                                              2008 - 2013 : DNSAP (Félicités), Ecole Nationale       du Big Bang. Elle reproduit ces étoiles, nées              Marie-Elisabeth de La Fresnaye
                                                              Supérieure des Beaux-Arts, Paris.
                                                              2011 : BA Fine Art, Central Saint Martins, Londres.
                                                                                                                     à des températures très élevées, à partir de
                                                                                                                     cuivre chauffé laissant apparaître des couleurs
Caroline Corbasson, Collapse, 2017                                                                                   insoupçonnées qu’elle transpose sur des miroirs,
Sérigraphie à l’encre chrome sur aluminium dibond noir
350 x 260 cm                                                                                                         à l’image de ceux qui forment le télescope.

                                                         16                                                                                                                17
In-Natura une exposition d'Artaïs-art contemporain - Julie Legrand
Caroline Corbasson, Echo, 2015        Caroline Corbasson, Blank III, 2015
Bois et cuivre, 40x55cm,              Sérigraphie sur miroir de télescope,
courtesy MONTEVERITA.                 béton 36 x 45 x 30 cm.
                                      Courtesy Galerie Laurence Bernard

                                 18                                          19
Composer avec la nature
Dominique Ghesquière                                                                                          Dominique Ghesquière se nourrit de ses
                                                                                                              expériences d’exploration de paysage. Elle
                                                                                                                                                                       Dominique Ghesquière tire parti de son
                                                                                                                                                                       observation de la nature. Elle travaille de façon
                                                       Née en 1953
                                                       Vit et travaille à Rueil-Malmaison                     apprend au contact de la nature. En se                   méticuleuse. Avec une extrême patience, telle
                                                       Représentée par la galerie Chez Valentin

                                                                                                              connectant avec les végétaux, elle dit se                une brodeuse, elle prend le temps de voir son
                                                       Expositions personnelles (sélection)                   développer, grandir, se ressourcer. Elle prend le        ouvrage évoluer. Elle imite ainsi le processus
                                                       2016 : Mémoire d’eau, La Vitrine, Le Plateau, Frac     temps d’observer les plantes, fascinée par leur          de croissance, la beauté de la nature qui se
                                                       Ile-de-France                                          capacité mystérieuse à produire de l’énergie.            transforme et dont chaque stade est source
                                                       Tenir compte de la lune, Parc culturel de Rentilly
                                                       2014 : Grande tapisserie, Galerie Chez Valentin,       Lors de ses promenades, elle fait attention aux          d’émerveillement. Tout en créant au fur et à
                                                       Paris                                                  moindres petits éléments de la nature, arbres,           mesure avec la matière végétale, elle développe
                                                       2013 : Terre de profondeur, CIAP, Ile de Vassivière    écailles de pommes de pin, galets, les collecte,         le plaisir de voir, comme le jardinier, son œuvre
                                                       2012 : Bois dormant, Mülheim an der Rhur,
                                                       Allemagne                                              le regard ouvert, aiguisé, son âme d’enfant              grandir, pousser.
                                                       2011 : Invitation d’un soir, La BF15, Lyon             retrouvée.
                                                       Entre chien et loup, Aspex Gallery, Portsmouth, UK                                                              Dominique Ghesquière, toujours en quête de
                                                       2010 : Pièce aveugle, La Station, Nice
                                                                                                              Après s’être imprégnée de l’atmosphère et de             cette nature ingénieuse et artiste, poursuit son
                                                       Expositions collectives (sélection)                    l’esprit des lieux qu’elle traverse, où elle est         apprentissage créatif. Au fond, ses œuvres
                                                       2015 : Là où commence le jour, avec M Donnadieu,       invitée en résidence, cette artiste réagence et          invitent à ressentir notre besoin des plantes.
                                                       LAM, Lille
                                                       Un été dans la Sierra, avec S Faucon et X              compose des espaces imaginaires. Telle une               Subtilement posé sur le mur, son étourneau
                                                       Franceschi, Parc culturel de Rentilly                  archéologue, elle révèle des traces de paysages          semble à la fois figé et prêt à s’envoler.
                                                       Rideaux/Blinds, IAC, avec M de Brugerolle,             enfouis.
                                                       Villeurbanne
                                                       2014 : All that falls, Palais de Tokyo,                                                                         Au sol, sa sculpture, sorte d’îlot d’herbes
                                                       avec M de Brugerolle et G Wajcman, Paris               Ces œuvres nous invitent à revivre des                   fait songer à un animal, possible hérisson.
                                                       Rumeurs du météore, Frac Lorraine, Metz                sensations, à éprouver physiquement des                  Délicatement, avec la patience d’un oiseau
                                                       2013 : Géométrie Variable, avec Baron Osuna, Les
                                                       Crayères, Reims                                        milieux naturels.                                        qui construit son nid, Dominique Ghesquière a
                                                       Found in translation, Thalie Art Foundation, avec E                                                             tissé, une par une, des aiguilles de pin. Cette
                                                       Lambion, Bruxelles, Belgique                           D’autre part, ses interventions minimales                œuvre a suscité de nombreuses promenades,
                                                       Reframing the ordinary, Lothringer-13 Halle, Munich,
                                                       Allemagne                                              paraissent être à la limite entre une composition        le regard affûté, puis la collecte, et l’expérience
                                                       2012 : Les détours de l’abstraction, MUDAM,            naturelle, une création d’un animal, et l’œuvre          de composer avec ces éléments si fragiles. Elle
                                                       Luxembourg                                             d’un artiste. Dominique Ghesquière s’est                 rappelle par là les jeux de notre enfance.
                                                       2010 : Am Anfang war ich am Ende, Museum
                                                       Abteiberg, Mönchengladbach, Allemagne                  approprié les techniques de croissance et
                                                       2009 : Sauvagerie domestique, galerie Edouard          de construction des plantes et des animaux.              Pauline Lisowski
                                                       Manet, Gennevilliers                                   Parfois fragiles, comme en suspens, à la limite
                                                       Formation                                              de la fixation, celles-ci suggèrent des moments
                                                       2002-2003 : Rijksakademie van Beeldende Kunsten,       de croissance du végétal.
                                                       Amsterdam, Pays-Bas
                                                       2001 : DNSEP, Ecole nationale des beaux-arts de
                                                       Lyon.

Dominique Ghesquière, Conférence des oiseaux.
Brindilles de bouleau. Photographie Marc Domage

                                                  20                                                                                                              21
Dominique Ghesquière, Pierres roulées
                                                             Dominique Ghesquière, Rideau d’arbres,
Galets. Photographie Sylvie Chan-Liat
                                                             2016, bois de placage sycomore, peinture
                                                                 Mémoire d’eau, 2016, aiguilles de pin
                                                                         photographie Martin Argyroglo

                 Dominique Ghesquière, Oiseau
                           Etourneau naturalisé
                   Photographie Sylvie Chan-Liat

                                                   22   23
Art et science, territoires partagés
Fabien Léaustic                                                                                                 Fabien Léaustic a créé un univers scientifique
                                                                                                                et artistique singulier et propose de nouvelles
                                                                                                                                                                             deux matières récurrentes dans les œuvres de
                                                                                                                                                                             Fabien Léaustic. Avec Eau de Paris – Cyprès
                                                                                                                formes de narration où se confondent                         2016, installation sculpturale savamment mise
                                                          Né en 1985 à Besançon (25)                            expérience et poésie. Il continue de puiser dans             en scène, il s’intéresse à nouveau au végétal
                                                          Vit et travaille à Paris et à Lons-le-Saunier (39)    les sciences la matière première qu’il exprimera             et notamment à la sémiologie rattachée aux
                                                          Expositions personnelles (Sélection)                  dans son écriture plastique, ainsi que la manière            plantes. Comme le Cyprès, symbole de vie
                                                          2017 : Les riens font des mondes.                     d’expérimenter. La genèse de son travail prend               éternelle dans la mythologie grecque, informe
                                                          Le 87 - Art Exprim Paris                              sa source dans l’invisible, et il nous amène                 sur l’hospitalité du lieu où il s’implante, l’œuvre a
                                                          2016 : D’un Monde à l’Autre - CSC Madeleine
                                                          Réberioux - Créteil (94)
                                                                                                                à ressentir des mondes insoupçonnés. Sa                      trouvé sa place dans le Hall d’accueil du Centre
                                                          2016 : Cognition - Musée Claude-Bernard               collaboration avec les chercheurs de différentes             des Arts d’Enghien. Mais ce qui fascine c’est
                                                          Saint-Julien (69)                                     disciplines lui a appris que le hasard et l’aléatoire        tout le dispositif d’excroissance autour de ces
                                                          Expositions Collectives (Sélection)                   sont plus riches que le but recherché, d’où le               3 arbres, qui permet leur survie. grâce à l’eau
                                                          2017 : Révélation EMERIGE - Villa Emerige - Paris     vagabondage de l’imagination et la notion de                 générée par condensation, et à l’électricité,
                                                          2017 : Echo Chamber ​- 3 expositions simultanées      sérendipité. Ces œuvres, par le biais de ses                 nécessaire à la survie du système. La science
                                                          en France - Espace Multimédia Gantner (Bourogne),
                                                          en Lettonie - Lūznava Manor Rēzeknes (Lūznava)
                                                                                                                installations, vidéos, machines électroniques et             ici se substitue à la nature comme palliatif pour
                                                          RUA RED (Dublin).                                     optiques, donnent vie à des dispositifs hybridant            secourir la planète.
                                                          2017 : Appareiller - Palais de Tokyo - Paris          création et recherche scientifique.
                                                          2017 : Flux virtuels et réels contemporains
                                                          Institut Français : La nuit des idées.
                                                                                                                                                                             La recherche suggère de nouvelles formes à l’art,
                                                          2016 : Irisation - Fondation Vasarely - Seconde       Avec son œuvre Monolithe nous sommes                         les œuvres de Fabien Léaustic décloisonnent les
                                                          Nature - Aix-en-Provence (13)                         dans le domaine du bio-art, forme d’art                      disciplines et nous interpellent par la complexité
                                                          2016 : Bains numériques - Biennale d’art numérique
                                                          - CDA - Centre des Arts - Écritures numériques
                                                                                                                contemporain qui qui utilise le vivant. Fabien               de sa technique comme par leur traduction
                                                          Enghien-les-bains (95)                                Léaustic y manipule le végétal comme médium,                 plastique.
                                                                                                                le phytoplancton qui joue un rôle essentiel sur
                                                          2015 : Apparitions Révélations - Espace Multimédia
                                                          Gantner - Bourogne (90)
                                                                                                                le climat, notamment en consommant du CO2.                   La puissance de la nature est pour lui une source
                                                          2014 : Jeune Création - Le CENTQUATRE - Paris         Ce projet a vu le jour après plusieurs mois de               de créativité et le plasticien cherche à l’égaler ou
                                                                                                                résidence et d’échanges au sein du laboratoire               la surpasser dans ses recherches scientifiques,
                                                          Prix
                                                          2016 : Lauréat du Prix Pierre Gautier-Delaye
                                                                                                                de biotechnologie et de botanique de l’université            en nous révélant une autre réalité, et en nous
                                                           Paris (75)                                           polytechnique de Madrid.                                     donnant à voir une œuvre poétique et esthétique
                                                                                                                                                                             qui aiguise notre curiosité.
                                                          Formation
                                                          2009 - 2014 : ENSAD, École Nationale Supérieure
                                                                                                                Monolithe, ce bloc vert, irisé de lumière,
                                                          des Arts Décoratifs de Paris. Diplômé de la section   objet de contemplation esthétique, présenté                  Pour In-Natura, Fabien Léaustic reprend sous
                                                          « Art Espace » - mention très bien.                   dans l’exposition « Appareiller » en janvier                 une forme différente sa pièce Cariatide, qui mêle
                                                          2003-2008 : EISTI (École Internationale des
                                                          Sciences du Traitement de l’Information). Diplôme
                                                                                                                2017 au Palais de Tokyo, est une sculpture                   l’eau et la terre la plus précieuse, et il présente
                                                          d’Ingénieur - spécialité Mathématiques.               intrigante, futuriste et vivante. Evolutive, elle            des Théinographies, dessins faits avec la peau
                                                                                                                se métamorphose constamment jusqu’à                          qui se forme sur le thé, à partir desquels il crée
                                                                                                                devenir d’une grande richesse picturale, via                 des cartographies mystérieuses.
                                                                                                                la vibration chromatique de la chlorophylle qui
                                                                                                                peut se comparer aux plus belles peintures                   Véronique Terme
                                                                                                                des maîtres abstraits. L’eau et la lumière sont
Fabien Léaustic, Monolithe, 2015-2017.
Phytoplanctons, eau, lumière et techniques mixtes.
200 X 200 X 300 cm.

                                                     24                                                                                                                 25
Fabien Léaustic, Théinographie,                         Fabien Léaustic, Abri, 2016.
2017. Thé, papier velin Arches 230gr, impression        Faïence crue. 600 X 400 cm
jet d’encre et caisse américaine en chêne               Photographie de Juan Cruz Ibanez

                                                   26                                      27
Julie Legrand                                                                                  Nature augmentée
                                                                                                                                                           plafond. Parfois le fil est à l’honneur, lorsqu’il
                                         Née en 1973 à Suresnes                                Écoulements, flux, envols, empilements
                                         Vit et travaille à Paris
                                         Représentée par la galerie Céline Moine, Lyon         improbables, arborescences, pierres germées,                se déverse à grands flots du garde-corps d’un
                                                                                               résurgences de l’enfoui… les installations et               escalier ; parfois ce sont des pousses de verre
                                         Expositions personnelles (sélection)                  sculptures de Julie Legrand surgissent çà et                qui se mêlent à la végétation, ou d’énormes
                                         2018 : Centre culturel Jean Cocteau, Les Lilas
                                         (à venir)                                             là, d’un mur, d’un plafond, s’élèvent en bulles,            bulles de savon qui sortent des fenêtres, des
                                         2017 : Les Nourritures affectives, Ecole d’Art        bulbes et fleurs, s’érigent en tiges, essaiment,            bouches d’égout, des poubelles…
                                         de Fresnes                                            se lient et se délient, lévitent.                           Julie Legrand s’est formée à la pratique du verre
                                         2016 : Une petite pluie, Hôpital de Villejuif,
                                         Jeanne Gatard                                         Julie Legrand interroge le biologique, la                   soufflé au chalumeau et à la canne.
                                         2015 : Germinations minérales, exposition             structure infime de la matière, les phénomènes              « J’apprécie la malléabilité de ce matériau,
                                         personnelle, MCL de Gauchy                            organiques et leur fonctionnement.                          son dynamisme et les multiples possibilités
                                         La Chair et l’Esprit, Chapelle Sainte Radegonde,
                                         Chinon.                                               Les objets qu’elle collecte sont des éléments               d’associations qu’il offre ». Elle ne délègue pas
                                         2014 : La Convergence des atomes, Fondation           naturels – cailloux, roches, branches et                    la fabrication de ses pièces, préférant apprendre
                                         Bullukian, Lyon                                       troncs, plumes…, ou des artefacts artisanaux et             les techniques artisanales et industrielles pour
                                         2011 : Le Granit et la Savoureuse, Centre d’art
                                         contemporain Le Granit,                               industriels – filets de pêche, verre à vitre, pneus,        mieux les détourner et les faire à sa main.
                                         2010 : Fourmillement, Galerie Anton Weller, Paris     tuyaux… Elle les explore, les sonde, fouille                Qu’elles soient hautes en couleurs, translucides,
                                         2009 : Sens dessus dessous, Centre culturel de
                                         Gentilly
                                                                                               et outrepasse le champ de leur signification                en larmes perlant des murs ou sombres
                                         2007 : Les Liens Coupés, La Maison Rouge,             première pour évoquer ses émotions, ses                     comme dans Noires les ronces, noir mon
                                         Fondation Antoine de Galbert, Paris                   rêveries, les pensées qui la traversent et ses              cœur, les œuvres de Julie Legrand témoignent
                                         Tendre, Carte Blanche à Julie Legrand.
                                         Château de Saint-Ouen                                 réflexions sur le passage du temps, l’amour, le             d’allégresse, d’enthousiasme, d’intensité et de
                                                                                               désir, la colère, le lien…                                  curiosité pour la richesse et la fragilité de l’être
                                         Expositions collectives (sélection)                   « Chaque œuvre est la cristallisation à un instant          au monde.
                                         2017 : Carte Blanche au 1111. Galerie Céline Moine.
                                         Lyon (à venir)                                        donné de la convergence entre matière et                    Arborescences, racines traçantes, rhizomes,
                                         Les Jardins synthétiques, Musée des Augustins,        matériaux, technique, théorie, vécu, lieu, objets           communication végétale, les œuvres qu’elle
                                         Toulouse                                                                                                          expose au DOC pour In-Natura, témoignent
                                         n-Natura, DOC, Paris. Pour les 10 ans d’Artaïs        et rencontres ».
                                         (septembre)                                                                                                       de la force de la matière et du vivant. Elle
                                         Pierres de vision, Centre d’art contemporain          Plusieurs milliers de feuillards en plastique,              capture et rend visible l’énergie à éclore et à se
                                         de Dignes                                                                                                         développer. L’artificiel se fond avec les éléments
                                         2016 : CRAC Sète, Exposition collective               Les liens coupés, s’agrègent en une large
                                         2015 : Exposition des Lauréats de l’Artothèque        boule compacte qui a pour socle un lit deux                 naturels pour donner des formes hybrides où
                                         de l’Aisne, MAL de Laon                                                                                           le verre fusionne avec le bois en créant de
                                         Parcours Saint Germain                                places. C’est le Bouquet ! Érotisme et humour
                                         A l’ombre d’Eros, Domaine Royal de Brou,              se côtoient lorsque les nœuds d’un parquet                  nouveaux possibles. Ainsi, Demain est un autre
                                         Bourg en Bresse,                                      reprennent vie, tels des graines germées qui                jour, pourvu d’une nature augmentée : sur un
                                         2014 : Festival ICASTICA, Rebirth, Arezzo, Italie.                                                                tronc d’arbre, de plus de deux mètres, des rejets
                                         Musée du verre de Charleroi, Belgique. 16 Jeunes      montent, des tiges phalliques qui se dressent.
                                         maîtres verriers européens                            Dix ans plus tard, le verre filé a remplacé le bois         de verre filé poussent en bouquets ; un bloc
                                         All that falls, Palais de Tokyo, Paris                avec Ithyphallique mandragore.                              de charbon pleure ; deux pierres suspendues
                                         2013 : Tisser des liens, Musée d’Aix en Provence                                                                  vont Prendre racine, chacune développant une
                                         Fils, Exposition collective, centre culturel Saint    Dans le hall d’entrée d’une grande maison, des
                                         Exupéry, Reims                                        lacets de silicone coulent des anfractuosités               arborescence qui tend vers l’autre. Tandis que
                                         2011 : Prenez des couleurs, Galerie municipale        d’un pilier de béton, comme si le sable et                  des Œufs de verre, dont la vésicule germinative
                                         de Chinon                                                                                                         transperce la membrane, brûlent la tablette sur
                                                                                               le gravier prélevés régurgitaient des algues
                                         Formation                                             entéromorphes. D’une installation clin d’œil à un           laquelle ils reposent.
                                         2014 : Master Création et Technologies                Dégâts des eaux où des vases baroques servent               Ces jeux de cache-cache entre réel et fantastique
                                         Contemporaines. Félicitations du jury                                                                             donnent toute une poétique à l’œuvre de Julie
                                         ENSCI, les Ateliers Saint Sabin, Paris                de déversoir à l’humidité qui suinte du plafond,
Julie Legrand,                           1999 : Dnsep avec les félicitations, ENSACP de        naît une nouvelle installation : Sens dessus                Legrand.
Noires les ronces, noir mon cœur,        Cergy Pontoise
50x50x50 cm, 2016 - détail               1997 - 98 : Maîtrise de Lettres modernes option
                                                                                               dessous ; les moisissures ont muté en tâches
                                         philo et esthétique, Paris VIII                       de couleurs, les vases empilés soutiennent le               Françoise Perrachon

                                    28                                                                                                                29
Julie Legrand, Et quand je l’ai arraché,
                                                                  c’est toute la vie qui est venue avec.
                                                                   Verre filé, 5 m. de long, détail, 2011

Julie Legrand, Mangrove HLM,
silicone teinté dans la masse, in situ, 2004

                                                    Julie Legrand, Rose à l’enfant,
                                                    double gisant, 220 x 150 x 300, fil à coudre
                                                    débobiné en masse sur blocs miroir, 2015,
                                                    Monastère Royal de Brou

                                               30                                                           31
Dessiner la soustraction
Emmanuel Régent
                                                                                                                  Tout d’abord, feutres noirs et feuilles de papier           nouvelles technologies ? Unissant ainsi un
                                                         Né à Nice en 1973
                                                         Vit et travaille à Paris et Villefranche-sur-mer         blanc. Outils basiques sublimés par les dessins             monde à l’autre, un temps à l’autre, aux limites
                                                         Représenté par les galeries Espace à VENDRE              d’Emmanuel Régent, lesquels sont, dit-il, comme             de l’un et de l’autre, toujours dans l’ambivalence.
                                                         (Nice), Caroline Smulders (Paris) et Analix Forever
                                                         (Genève).                                                des électrocardiogrammes de son humeur du                   Ambivalence des sculptures, où s’entremêlent au
                                                                                                                  moment. Il utilise aussi cette jolie expression             travers de pierres d’inox, puissance évocatrice
                                                         Expositions personnelles (sélection) :                   « dessiner la soustraction ». Tout est là.                  du passé et avènement de la modernité, où est
                                                         2016 : L’entre Monde, trois expositions (1 solo show,
                                                         1 commissariat, 1 invitation) - Espace à VENDRE                                                                      magnifiée par l’or fin une pathétique grappe de
                                                         2015 : Les nuits de Meltem - Galerie Alix Forever
                                                         2014 : L’aube incertaine - FRAC PACA                     Routine quasi quotidienne des hachures posées               raisin dépecée, avec, sous-jacente et subtile,
                                                         2014 : Pendant qu’il fait encore jour – Galerie          sur la feuille pour dire ou retenir la lenteur et le        l’idée de « recouvrir et découvrir, faire briller ces
                                                         Steinek, Vienne, Autriche
                                                         2013 : Sortir de son lit en parlant d’une rivière        labeur, la disparition et l’absence. Car du vide            espaces manquants »…
                                                         (dernière définition) - MAMAC Nice                       dessiné en noir surgissent les formes, narrations
                                                         2012 : Sortir de son lit en parlant d’une rivière, CAC
                                                         du château des Adhémar, Montélimar                       ambiguës, en permanence sur la corde raide : le             Brouillage des pistes encore avec la peinture,
                                                         2011 : Le temps du territoire - Villa Arson, Nice        spectateur regarde des foules, unes et multiples,           matière couchée sur une toile suggérant les
                                                         2010 : Mes plans sur la comète / Drifting away -
                                                         Palais de Tokyo                                          universelles et spécifiques, qui attendent … un             pixels du numérique puis poncée pour mettre
                                                         2008 : La parabole silencieuse, chapelle des             ciné ou la route vers la mort, on ne sait, tout             au jour la lumière, entre approche classique et
                                                         Calvairiennes, Mayenne
                                                                                                                  est possible, vrai selon l’instant, en oscillation          référence aux technologies de pointe.
                                                         Expositions collectives (sélection) :                    constante. De même, les bateaux ou les rochers,
                                                         2017- 2018 : exposition à la Payne Whitney               les murs ou les ruines appellent le doute : vision          Tout cela nous mène aujourd’hui à une plante
                                                         Mansion - French Cultural Services New York ​
                                                         2017 : 14 secondes - Le 116, centre d’art                optimiste ou pessimiste du monde ? Beauté de                toxique blanche définie par le noir et une mâchoire
                                                         contemporain de Montreuil                                la simplicité ou esthétisation du sordide ?                 de poisson d’un bel argent sur monochrome
                                                         2017 : Là où je suis - Group show hors les murs
                                                         du FRAC PACA, Château-Mairie                                                                                         bleu, ouvrant sur d’autres références, d’autres
                                                         2016 : Le précieux pouvoir des pierres – MAMAC           Des titres d’exposition à rallonge, des fragments           divagations.
                                                         Nice
                                                         2016 : Beyrouth Mon amour – Galerie Analix Forever       de lettres sur un mur suggèrent des mondes à
                                                         2015 : Art nomad, exposition itinérante,                 petites touches, une histoire mystérieuse dans              Nadine Poureyron
                                                         commissariat Paul Ardenne – du Palais de Tokyo
                                                         à la 56è Biennale de Venise                              laquelle on est pressé de se plonger.
                                                         2015 : L’effet Vertigo/ Œuvres de la collection du
                                                         MAC VAL
                                                         2014 : 3è Biennale de Belleville – Pavillon Carré        De là aux divagations et égarements divers, le
                                                         de Baudoin                                               pas se franchit sans peine, que l’artiste d’ailleurs
                                                         Prix :                                                   pose comme un principe de travail : laisser couler
                                                         2015 : Commande publique du Mémorial du Camp             et se perdre la pensée et le regard, enregistrer
                                                         de Rivesaltes
                                                         2013 : finaliste des prix Canson et Mastercard           la banalité du quotidien, s’imprégner des
                                                         2009 : Lauréat du prix découverte des Amis               lectures, capter des scènes ici et là, déambuler
                                                         du Palais de Tokyo
                                                                                                                  pour laisser parler le hasard… Et comment ne
                                                         Formation :                                              pas évoquer l’astronomie, l’archéologie, les
                                                         Diplômé de l’ENSBA Paris en 2001

Emmanuel Régent, 2010, Détail de la réalisation
de Nébuleuse (Giulia) peinture acrylique poncée
sur toile, 168 x 300 cm, collection permanente du
Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de
Nice Photographe Jean-Marc Nobile.

                                                    32                                                                                                                   33
Emmanuel Regent, Valles Marineris, 2012, inox
                                                         (soutien d’Aperam), 10x1,50m, 1 tonne-chateau
                                                         des adhemar, photo Blaise Adilon, courtesy galeries
                                                         Espace A Vendre. Le Cabinet Nice, Paris et I Love
                                                         My Job Paris.

Emmanuel Régent, Le grand chemin de
mes rondes, 2010, dessin encre pigmentaire,
400X460cm, vue expo palais tokyo, courtesy
galeries Bertrand Baraudou Nice/Paris et Caroline
Smulders/ Love My Job Paris.

                                                    34                                                         35
L’alchimiste de l’Inconnu
Lionel Sabatté
                                                                                                    S’il n’est pas retourné à La Réunion depuis son            pariétal et à la bande dessinée, deux arts
                                                                                                    enfance, Lionel Sabatté conserve les images                revenant souvent dans son propos. Comme
                                                                                                    et les sensations des paysages, des diverses               aussi ses proximités avec la chair morte de La
                                                                                                    coutumes de cette île. Les souvenirs de ce                 Raie de Chardin devenant lumière ou les noirs
                                                                                                    paradis perdu restent gravés dans l’inconscient            mystérieux des dessins d’Odilon Redon. Ou le
                                                                                                    de sa pratique. Certaines de ses sculptures                sfumato impalpable et évanescent du paysage
                                               Né à Toulouse en 1974
                                               vit et travaille à Paris & à Los Angeles             actuelles en béton - Licorne de mai, 2015 -                léonardesque.
                                               représenté par Galerie C, Neuchâtel, Suisse          n’incluent-elles pas du curcuma pour le pouvoir
                                               et Galerie Ceysson & Bénétière, Paris
                                                                                                    colorant de cette épice, prenant le descriptif de          Adieu l’acrylique, cette peinture dérivée du
                                               Expositions personnelles (sélection)                 « béton épicé » pour désigner leur matière !               pétrole, lui permettant de dire qu’il peignait avec
                                               2018 : Patio de la maison rouge, Paris, France.
                                               2017 : Mirabilia – Lionel Sabatté, Musée Joseph                                                                 des « organismes marins morts il y a des millions
                                               Denais, Beaufort-en-Anjou ; La sélection de          Il ne cesse de nous prendre dans les rêts                  d’années ». Avec l’apparition des rehauts, il
                                               parentèle, musée de la Chasse et de la Nature,
                                               Paris ; Physical attraction, Galerie C, Neuchâtel,   des alchimies de ses sculptures faites de                  passa peu à peu à la peinture à l’huile. Comme
                                               Suisse.                                              poussières, de rognures d’ongles, de peaux                 dans l’évolution de l’humanité, il a quitté l’océan
                                               2016 : Tectonique des mutations, Beaux-arts
                                               de Grenoble ; La désobéissance, Le Parvis,           mortes, de monnaies, de métal ou de béton,                 pour un autre univers.
                                               Tarbes ; Lune Grise, Sade Gallery, Los Angeles ;     dans ses dessins de fer, de bronze oxydé ou de
                                               Échafaudages d’une éclosion, Chapelle des
                                               Calvairiennes, Mayenne ; Marellomorpha, Galerie      poussière, dans les abysses de ses tableaux.               Par son osmose avec Joseph Beuys employant
                                               Eva Hober, Paris.                                                                                               le feutre ou avec Christian Boltanski travaillant
                                               Expositions collectives (sélection)
                                                                                                    Dans sa peinture, se perçoivent un monde                   sur des images ou recueillant des battements de
                                               2017 : Zoocryptage, crypte Ste-Eugénie, Biarritz ;   aquatique, l’imaginaire de ces grandes fosses de           cœur, il se sent très proche de l’humain. Dans
                                               Chassé-croisé, Château de Champlitte,                l’Océan Indien et de ses mystérieux mais réels             ses sculptures en ongles, l’homme était présent
                                               Haute-Saône ; Drawing now – Focus Lionel Sabatté,
                                               Galerie C, Paris ; Golem ! Avatars d’une légende     poissons, caulophrynidaes et cœlacanthes. Tel              mais minuscule. Le voici maintenant apparaître
                                               d’argile, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme,     un scaphandrier, il descend vers les profondeurs,          immense, bâti de ciment, de béton et de ferraille,
                                               Paris ; Vies d’ordures, MUCEM, Marseille ;
                                               En toute modestie – archipel Di Rosa, MIAM, Sète.    y cherchant des vies surgissant comme des                  ces matériaux de construction avec lesquels les
                                                                                                    éruptions des fonds marins. Ces formes de vie              cités s’édifient.
                                               Prix
                                               2017 : Prix Drawing Now, Paris.                      inconnues se devinent dans ses peintures. Mais
                                               2011 : Lauréat du Prix Yishu 8, Pékin, Chine.        avant, il a posé sur le sol ses toiles vierges, « y        La sculpture qu’il présente pour cette exposition
                                               Formation                                            répandant de la peinture comme une mer, un lac             célébrant les 10 ans d’Artaïs ? Concrete volatile :
                                               2003 : DNSAP, École Nationale Supérieure             ou un magma à l’état pur » jusqu’à l’apparition            un oiseau étrange, en béton teinté pour des effets
                                               des Beaux-Arts de Paris
                                                                                                    d’une profondeur, d’un espace, de formes. Le               de couleurs, surprenant avec ses deux têtes,
                                                                                                    hasard est premier, avant un travail de la lumière,        une créature mutante qui eût pu être un ibis.
                                                                                                    des plans, des amorces légères de figurations.             Une sculpture marquée par ses séjours états-
                                                                                                    Des rehauts par lesquels il se sent très proche de         uniens, par ces échassiers vus dans une rivière
                                                                                                    la peinture de nature morte, adepte de touches             canalisée de ciment. Un oiseau de béton comme
                                                                                                    brillantes, dorées, chaudes ou froides, toutes             les berges de cette rivière. L’eau, toujours l’eau,
                                                                                                    ces variations offertes par la peinture à l’huile.         cet élément si présent chez Lionel, l’alchimiste
                                                                                                    Un monde bercé de mystérieuses et imaginaires              de l’Inconnu.
Lionel Sabatté. Infusion du 5 décembre,                                                             histoires qu’il s’invente, dans sa sensibilité à
2014. Acrylique et huile sur toile.
Courtoisie Lionel Sabatté.                                                                          la biologie, à l’évolution des espèces, à l’art            Gilles Kraemer

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