INTERLIGNES - 2020 CONCOURS DE NOUVELLES - DOSSIER D'ACCOMPAGNEMENT - Par sons et ...

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INTERLIGNES - 2020 CONCOURS DE NOUVELLES - DOSSIER D'ACCOMPAGNEMENT - Par sons et ...
I NTERLIGNES – 2020
            DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT

   CONCOURS DE NOUVELLES
INTERLIGNES - 2020 CONCOURS DE NOUVELLES - DOSSIER D'ACCOMPAGNEMENT - Par sons et ...
A PROPOS

Le concours d’écriture organisé par l’association Par sons et par mots s'inscrit dans le projet
INTERLIGNES construit autour de l’écrivain Emmanuel Ruben.
Ouvert à tous les publics des départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes, ce
concours s’adresse aux jeunes à partir de 10 ans. Le Labo des histoires Provence-Alpes-Côte
d’Azur s’est associé à l’événement pour accompagner les jeunes de moins de 25 ans qui
souhaiteraient s’engager dans cette belle expérience littéraire.

Ce dossier d’accompagnement s’adresse en priorité aux enseignants, éducateurs et animateurs
qui, sur le temps scolaire, périscolaire ou hors temps scolaire, proposent des activités éducatives
en lien avec l’écriture. Ils trouveront notamment dans les pages qui suivent, outre le règlement du
concours, trois thématiques inspirées de l’œuvre d’Emmanuel Ruben, des extraits d’œuvres et des
documents iconographiques accompagnés d’activités d’écriture.

Vous souhaitez inscrire votre classe ou votre groupe de jeunes de moins de 25 ans au concours ?
Le Labo des histoires peut vous aider à mettre toutes les chances de leur côté en rendant
l’aventure encore plus enrichissante. En effet, il est possible de solliciter notre structure pour
bénéficier d’ateliers d’écriture créative animés par des auteurs.

Pour les questions relatives à cet accompagnement, contactez notre antenne régionale :

                                     Laurie Thinot, directrice
                                    paca@labodeshistoires.com
                                          06.83.25.46.76

Pour les questions relatives au concours en lui-même, contactez l’association Par sons et par mots :

                                  Evelyne Sagnes, présidente
                            concoursinterlignes@parsonsetparmots.fr

              «     Remémore-toi ce pays que tu avais inventé
                                                                   Emmanuel Ruben
                                                                                  »
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INTERLIGNES - 2020 CONCOURS DE NOUVELLES - DOSSIER D'ACCOMPAGNEMENT - Par sons et ...
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        mmanuel Ruben vit dans la région angevine. C’est un écrivain et dessinateur né le 16
        novembre 1980 à Lyon. Il grandit à la campagne et écrit depuis l’âge de neuf ans : bandes
        dessinées, romans policiers, nouvelles, poèmes, pièces de théâtre. Ancien élève de l’École
Normale Supérieure, agrégé de géographie, il passe plusieurs années à l’étranger avant d’entamer
une carrière universitaire qu’il abandonne avec la publication de son premier roman de manière
à consacrer tout son temps libre à l’écriture et au dessin. Placé actuellement en disponibilité de
l’Éducation nationale, il a enseigné l’histoire et la géographie en banlieue parisienne.

Parallèlement à la publication de ses livres, il a signé une chronique mensuelle sur le site Sens
Public et collaboré à différentes revues littéraires : Ravages, Edwarda, Possession immédiate,
remue.net. Par ailleurs, il expose ses dessins et ses aquarelles dans des galeries et des lieux
publics. Enfin, il a un site internet personnel (L’araignée givrée, www.emmanuelruben.com) où
il dévoile de nombreux dessins et des textes inédits. En 2017, il a été nommé directeur de la
Maison Julien Gracq. Il est à l’initiative du festival Les Préférences, sur les bords de Loire, festival
littéraire et géographique.

La question du déplacement dans l’espace est en effet au cœur de ses textes. Il se trouve que
l’auteur privilégie un moyen de locomotion : le vélo. Il est en effet un cycliste passionné par ce
sport qu’il pratique assidûment et qu’il associe intimement avec la littérature. D’autres explorent
l’espace grâce aux cartes de géographie, ou par le rêve.

Emmanuel Ruben sera présent le 20 juin à la grande journée organisée par l’association Par sons
et par mots et le musée départemental de Salagon (04 - Mane).

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SOMMAIRE

Présentation d’Emmanuel Ruben ..................................................................................................... p.3

Règlement du concours ...................................................................................................................... p.5

LES CARACTERISTIQUES DE LA NOUVELLE .......................................................................... p.7

THEME #1 : IMAGINER UN PAYS OU UNE VILLE .................................................................. p.8

Activité #1 : ton utopie ....................................................................................................................... p.10

Activité #2 : ta ville imaginaire .......................................................................................................... p.12

Activité #3 : ta carte imaginaire ......................................................................................................... p.15

Activité #4 : imagine-toi ..................................................................................................................... p.17

THEME #2 : (DE)PASSER LES FRONTIERES .............................................................................. p.18

Activité #5 : voyage en musique ........................................................................................................ p.20

Activité #6 : traverse le continent ...................................................................................................... p.22

Activité #7 : les étiquettes ................................................................................................................... p.24

THEME #3 : ECRIRE, LIRE, PEDALER !........................................................................................ p.25

Activité #8 : sport et écriture .............................................................................................................. p.27

RESSOURCES DOCUMENTAIRES ................................................................................................ p.28

A PROPOS - CONTACTS ................................................................................................................. p.30

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REGLEMENT DU CONCOURS INTERLIGNES 2020
Article 1 – Objet du concours

L’association PAR SONS ET PAR MOTS organise un concours d’écriture de nouvelles.

Les nouvelles devront répondre aux contraintes fixées par les organisateurs. Ainsi devront-elles
poursuivre la situation initiale rédigée par le jury. Celle-ci sera dévoilée le 7 janvier 2020. Le
concours se déroulera jusqu’au 15 avril 2020 à minuit.

Article 2 – Conditions de participation

Le concours est ouvert à tous les adolescents, jeunes adultes et adultes résidant dans les
départements du 04 (Alpes de Haute-Provence) et du 05 (Hautes-Alpes), ou scolarisés dans un
établissement scolaire ou encadrés par une structure située sur ce territoire. Les organisateurs ou
membres du jury ne sont pas autorisés à participer. Pour les participants mineurs, une
autorisation parentale sera à envoyer en même temps que la nouvelle.

Article 3 – Inscription

La participation au concours est gratuite. Les inscriptions collectives devront être effectuées du
15 décembre 2019 au 30 janvier 2020 auprès de l’association Par sons et par mots, à l’adresse
suivante : concoursinterlignes@parsonsetparmots.fr

Article 4 – Conditions de présentation

Les nouvelles seront transmises par mail à la même adresse jusqu’au 15 avril à minuit. Les
fichiers ne seront pas rendus.

Les nouvelles devront être inédites et répondre aux critères formels suivants :

•   Être au format numérique
•   Commencer par la situation initiale qui sera dévoilée le 7 janvier
•   Contenir 1500 mots maximum
•   Être écrites en Times new roman ou Arial, taille 12, interligne 1,15
•   Être rédigées en langue française
•   être identifiées : nom, prénom, date de naissance, adresse postale

Article 5 – Catégories primées

-   Catégorie collective (scolaire ou structure)
       o Niveau collège
       o Niveau lycée

-   Catégorie individuelle
       o 11-15 ans
       o 16-20 ans
       o + de 20 ans

Pour les participations individuelles, la catégorie dépendra de l’âge du participant le jour de
l’envoi de sa nouvelle.
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Article 6 – Jury

Le jury est seul responsable de ses choix et n’a pas à les justifier. Ses décisions sont sans appel. Le
président d’honneur est Emmanuel Ruben et il est constitué des personnes suivantes (par ordre
alphabétique :

•   Olivier Delahaye, cofondateur de Silence on lit !
•   Frédéric Gilardot, IA-DASEN 04, ou à défaut, Benoît Faure, conseiller départemental à
    l’éducation artistique et culturelle pour le 04
•   Laetitia Fourquin ou Marie-Christine Aveline, association Éclat de lire (Manosque)
•   Isabelle Laban-Dal Canto, directrice du musée départemental de Salagon
•   Bénédicte Marre, responsable rencontres et festivals pour Actes Sud.
•   Isabelle Mercier, fabricante en édition
•   Marie-Aube Ruault, libraire (Forcalquier)
•   Evelyne Sagnes, présidente de l’association Par sons et par mots
•   Laurie Thinot, directrice du Labo des histoires pour la région PACA
•   Frédéric Vladyslav, coordination générale des Correspondances de Manosque

Article 7 – Droits d’auteurs

Les auteurs restent propriétaires de leur nouvelle. Ils autorisent néanmoins les organisateurs à la
publier sans pour autant se prévaloir de droits d’auteur. En cas de plagiat avéré, les participants
seront éliminés du concours.

Article 8 – Annonce des résultats

Une première séléction sera publiée le 8 juin 2020 sur le site www.parsonsetparmots.fr. Les
noms des 5 lauréats (2 dans la catégorie collective, 3 dans la catégorie individuelle) seront
dévoilés le 20 juin 2020 par le président du jury Emmanuel Ruben.

Aucun recours fondé sur les conditions de déroulement du concours ou ses résultats de sera
admis. La participation au concours implique de fait l’acceptation totale et sans réserve du
présent règlement. Les organisateurs se réservent le droit de modifier ou d’annuler ce présent
concours si des circonstances extérieures l’exigeaient.

Article 9 – Remise des prix

Les prix seront remis par Emmanuel Ruben le 20 juin 2020 à l’occasion de la journée Interlignes
au musée départemental de Salagon. Les lauréats devront être présents ou représentés par une
personne mandatée expressément au préalable pour voir se remettre leur prix.

Article 10. Renseignements

Pour tout renseignement, s’adresser à :
Evelyne Sagnes, présidente de l’association Par sons et par mots.
concoursinterlignes@parsonsetparmots.fr
06 01 23 23 30

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Les caractéristiques de la nouvelle

La nouvelle est un récit de fiction en prose. Contrairement au roman, c’est un récit court. Elle
raconte une histoire centrée sur un seul événement, les personnages sont peu nombreux et assez
peu développés. La fin est souvent inattendue, on appelle cela « la chute ».

LE SCHEMA ACTANTIEL

Dans la plupart des récits, le rôle des personnages et les relations qu’ils entretiennent entre eux
peuvent être représentés de façon simplifiée dans un « schéma actantiel ». Les actants sont les
personnages, mais aussi tout ce qui joue un rôle dans l’histoire : ex : un animal (un chien), un
objet (une épée), un désir profond (devenir riche), etc. Parmi les différents actants, il y a :
- Le destinateur : c’est ce qui pousse le personnage à agir. Il peut s’agir d’une personne, mais aussi
  d’un désir profond (vouloir se venger), d’un sentiment (la haine), etc.
- Le héros (ou sujet) : il s’agit du personnage qui occupe le rôle principal dans l’histoire.
- La quête : c’est la mission que le héros doit accomplir, par exemple : trouver le coupable d’un crime.
- Les adjuvants : ce sont les actants qui aident le héros à réussir sa mission : personnages ou lettre
  anonyme, outil technologique, etc.
- Les opposants : au cours de sa quête, le héros rencontre des actants qui essaient de le faire échouer.
  Il peut s’agir d’un personnage mais aussi d’une tempête, d’un retard de train, etc.
- Le destinataire : il s’agit de la personne qui reçoit le bénéfice de la quête lorsque celle-ci est
  accomplie. Il peut y avoir plusieurs destinataires, y compris le héros.

LE SCHEMA NARRATIF

De façon générale, un récit s’organise en 5 étapes, que l’on nomme le « schéma narratif ».
1 - La situation initiale : c’est le début de l’histoire et la situation est stable.
2 - L’élément perturbateur : un problème survient, causé par un événement ou une personne.
3 - Les péripéties : résoudre le problème devient la mission du héros et il doit accomplir des actions.
4 - L’élément de résolution : quelque chose (ou quelqu’un) va lui permettre de trouver la solution.
5 - La situation finale : le problème est résolu, la mission est terminée. La situation redevient stable.

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Thème #1 : Imaginer un pays ou une ville

   «      La matrice de l’écriture, c’est pour moi la chute du mur de Berlin, c’est elle qui a fait de
          moi un écrivain, puisque ce soir-là à l’âge de 9 ans, j’ai inventé ma première fiction et
          cartographié mon premier pays imaginaire, la Zyntarie.
                                                                                 Emmanuel Ruben
                                                                                                         »
         Inventer des mondes passés, présents ou futurs, plus ou moins reliés au monde réel. La frontière
est en effet parfois poreuse et quoi qu’il en soit, l’imaginaire prend source dans/contre la réalité. Imaginer
un pays, c’est un moyen, à certaines époques, de critiquer le monde réel tout en échappant à la censure (cf.
Les contes philosophiques de Voltaire, par exemple) C’est aussi construire d’autres mondes où il ferait
meilleur ou mieux vivre (les utopies). C’est le temps d’une rêverie, souvent poétique. C’est toujours une
manière de porter un regard différent sur la réalité, de s’en écarter un moment pour y revenir riche de
nouvelles visions. Parfois c’est aussi imaginer le voyage lui-même. Un nom, une carte… et le voyage
commence !

    1. Les enjeux de l’utopie

Utopie : pays de Nulle Part. Le mot vient de Thomas More qui avait nommé ainsi la République dont il
décrit l’économie, l’urbanisme, les rapports entre les citoyens, ainsi que la constitution et les détails de la
vie quotidienne de ses habitants. Dans l’esprit de Thomas More, il ne s’agissait pas d’un pays heureux,
mais d’un pays de Nulle Part, car il jugeait bien improbable l’existence d’un Etat, selon lui, si parfait. Le
mot est devenu ensuite un nom commun pour désigner tout projet irréalisable et a donné deux adjectifs
utopique pour souligner le caractère impossible d’un souhait, et utopiste pour désigner celui qui porte ce
genre de rêve. C’est dans cette acception que la thématique est proposée.
On retrouve dans les différentes utopies des thèmes communs :

    •   L’accès : voyage ou rêve
    •   La géographie: isolement, situation imprécise
    •   La topographie qui souligne l’isolement : retranchement derrière de hautes murailles, plusieurs
        enceintes concentriques, île…
    •   Le désir de retour à la pureté, de re-naissance, la tolérance, la quiétude, l’idée que la cité est seule
        capable de pourvoir à tous les besoins.

Les angoisses du présent et du réel conduisent les utopistes à imaginer des mondes, des structures qui
vont les apaiser. Ainsi leur description est en même temps une remise en cause, plus ou moins profonde,
de l’évolution de la société. Quand Voltaire décrit l’Eldorado, le récit oblige le lecteur à s’interroger par
exemple sur la valeur de l’or, sur une autre manière de concevoir les échanges. Il peut critiquer l’exercice
du pouvoir en France en mettant en scène un souverain dans un pays de « nulle part » qui s’occupe de ses
sujets d’une toute autre manière.

Certains ne se contentent pas de récits plus ou moins anecdotiques mais construisent véritablement tout
un système qui prend en compte l’urbanisme, l’économie, le droit etc. selon des règles nouvelles, d’ailleurs
souvent contraignantes mais qui se justifient par la recherche du bien commun.

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Texte 1 : Voltaire, Candide ou l'optimisme , 1759

Ils approchèrent enfin de la première maison du village ; elle était bâtie comme un palais d'Europe. Une
foule de monde s'empressait à la porte, et encore plus dans le logis. Une musique très agréable se faisait
entendre, et une odeur délicieuse de cuisine se faisait sentir. Cacambo s'approcha de la porte, et entendit
qu'on parlait péruvien ; c'était sa langue maternelle : car tout le monde sait que Cacambo était né au
Tucuman, dans un village où l'on ne connaissait que cette langue. « Je vous servirai d'interprète, dit-il à
Candide ; entrons, c'est ici un cabaret. » Aussitôt deux garçons et deux filles de l'hôtellerie, vêtus de drap
d'or, et les cheveux renoués avec des rubans, les invitent à se mettre à la table de l'hôte. On servit quatre
potages garnis chacun de deux perroquets, un contour bouilli qui pesait deux cents livres, deux singes
rôtis d'un goût excellent, trois cents colibris dans un plat, et six cents oiseaux-mouches dans un autre ; des
ragoûts exquis, des pâtisseries délicieuses ; le tout dans des plats d'une espèce de cristal de roche. Les
garçons et les filles de l'hôtellerie versaient plusieurs liqueurs faites de canne de sucre.

Les convives étaient pour la plupart des marchands et des voituriers, tous d'une politesse extrême, qui
firent quelques questions à Cacambo avec la discrétion la plus circonspecte, et qui répondirent aux
siennes d'une manière à le satisfaire.

Quand le repas fut fini, Cacambo crut, ainsi que Candide, bien payer son écot en jetant sur la table de
l'hôte deux de ces larges pièces d'or qu'il avait ramassées ; l'hôte et l'hôtesse éclatèrent de rire, et se tinrent
longtemps les côtés. Enfin ils se remirent : « Messieurs, dit l'hôte, nous voyons bien que vous êtes des
étrangers ; nous ne sommes pas accoutumés à en voir. Pardonnez-nous si nous nous sommes mis à rire
quand vous nous avez offert en payement les cailloux de nos grands chemins. Vous n'avez pas sans doute
de la monnaie du pays, mais il n'est pas nécessaire d'en avoir pour dîner ici. Toutes les hôtelleries établies
pour la commodité du commerce sont payées par le gouvernement. Vous avez fait mauvaise chère ici,
parce que c'est un pauvre village ; mais partout ailleurs vous serez reçus comme vous méritez de l'être. »
Cacambo expliquait à Candide tous les discours de l'hôte, et Candide les écoutait avec la même
admiration et le même égarement que son ami Cacambo les rendait. « Quel est donc ce pays, disaient-ils
l'un et l'autre, inconnu à tout le reste de la terre, et où toute la nature est d'une espèce si différente de la
nôtre ? C'est probablement le pays où tout va bien ; car il faut absolument qu'il y en ait de cette espèce. Et,
quoi qu'en dît maître Pangloss, je me suis souvent aperçu que tout allait assez mal en Westphalie.

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Activité #1 : ton utopie

Prénom : .........................................................................................................................

Décris un collège ou un lycée utopique.

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Texte 2 : Italo Calvino, Les Villes invisibles , 1972

Dans ce livre, Italo Calvino décrit des villes imaginaires : l'une d'entre elles est construite sur de
très hauts pilotis et les habitants ne descendent jamais. Peur ? Respect ? Une autre se trouve au-
dessus d'un profond ravin, attachée par des cordes au flanc des montagnes. Comment les
habitants vivent-ils cette situation ?

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Activité #2 : ta ville imaginaire

Prénom : .........................................................................................................................

A la manière d’Italo Calvino, décris une ville sortie de ton imagination, sans oublier d’expliquer la raison
de son architecture.

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Consulte ces albums au cdi :

    ü François PLACE, Les Derniers Géants, 1992, Atlas des géographes d’Orbae, 3 albums, 1996-2000 (Casterman)
    ü Laurent BARIDON, Un atlas imaginaire ; cartes allégoriques et satiriques, 2011 (Citadelles et Mazenod)

Emmanuel Ruben, alors qu’il avait neuf ans, a inventé un pays qu’il a situé en Europe. Il lui a donné un
nom, il en a dessiné la carte… Dans son roman, La Ligne des glaces, le narrateur, un jeune diplomate, est
envoyé dans un mystérieux pays balte, en vue de cartographier les frontières orientales de l’Europe. Cette
mission s’avère impossible…

«    Le 9 novembre 1989, le jour de la chute du mur de Berlin, j’ai inventé un pays de l’autre côté
     du Rhin, qui annexait la quasi-totalité de la plaine de Bade et une bonne partie de la Forêt-
     Noire, dont les introuvables sources du Danube, le château d’eau de l’Europe. Limitrophe de la
     France et de la Suisse, ce pays d’outre-Rhin, le royaume de Tiranis, avait la forme d’un petit
     personnage un peu monstrueux, mélange du cyclope et du moine en soutane, la tête penchée
     en avant, les mains avancées vers l’est, le bas du corps triangulaire. Le Rhin traçait les
     frontières occidentale et méridionale du royaume, tandis que la frontière orientale était une
     ligne pointillée rouge, tarabiscotée à l’extrême sauf dans sa partie sud où elle épousait plus ou
     moins la ligne de crête du Feldberg, le point culminant de la Forêt-Noire (1493 m). Le pays
     était comme étranglé en son centre – une taille de guêpe d’à peine sept kilomètres séparant la
     France de l’Allemagne – pour la simple raison que je n’avais pas osé annexer Fribourg-en-
     Brisgau, la plus grande ville de la région.
                                                                                     Emmanuel Ruben
                                                                                                         »

                                                                                                           13
Texte 3 : Emmanuel Ruben, La Ligne des glaces , Rivages, 2014

Reval se moque-t-il de moi ou me dit-il la vérité ? Et si l’on m’avait affecté dans un pays imaginaire ? Et si
je n’avais pas quitté la France ? Et si tout ça n’était qu’un mauvais rêve ? […] Et c’est à ce moment-là,
grâce à un éphémère rayon de soleil, que deux chevrons d’argent étincellent là-haut, sur une étagère, et
suspendant mon regard : ATLAS DE L’EUROPE... […] Qu’est-ce qui m’a poussé à me hisser sur la pointe
des pieds, à m’agripper à sa tranche effilochée, pour le rouvrir après tant d’années, ce vieil atlas scolaire ?
La curiosité de savoir sima foutue frontière y serait représentée ? […] Non… ce doit être autre chose… Je
pose l’épais volume sur mon bureau, et, comme dans les vieux contes d’hiver, c’est de lui-même qu’il
s’éploie, nuage de poussière, murmure de grimoire, aux pages 88-89. Planches de la Scandinavie et de la
mer Baltique. Là, surprise : en plein milieu de la mer, quelques taches bizarres, disposées en zigzag. […]
Au feutre bleu, le contour maladroit de ces îles vagabondes. Au crayon vert, les plaines. En bistre, les
plateaux. Une pointe de brun signifie les montagnes avec, en noir, deux indications : 1242, 1941. Enfin,
tracées dans la mer à l’encre rouge, des lignes pointillées – les principales liaisons maritimes qui amarrent
cet archipel de papier à l’Europe, au Monde – et, de la même encre rouge, une ligne continue ; la frontière
qui le retranche de cette Europe, de ce monde. Non, Samuel, tu n’es pas au royaume de nulle part. […] Tu
n’es pas seulement à la frontière de l’Europe, tu es à la frontière de tes rêves, au large d’une enfance
archipélagique, à quelques encablures de la Zyntarie… Fais un effort, Samuel, essaie de te souvenir…
Remémore-toi ce pays que tu avais inventé… oui, le jour de la chute du Mur.

                                                                                                            14
Activité #3 : ta carte imaginaire

Prénom : .........................................................................................................................

Dessine la carte d’un pays imaginaire.

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2. La rêverie, embarquement pour l’ailleurs

«    Ma famille s’autorisait peu le voyage, alors la dérive de mon regard à la surface des
     planisphères me tenait lieu d’exploration des contrées lointaines.
                                                                        Anthony Poireaudeau
                                                                                                         »
Différente du rêve (dans le sommeil), elle reste maîtrisée par celui qui la vit. Elle ne cherche pas vraiment
à construire un autre monde mais à s’évader du réel et à créer, momentanément, des conditions plus
agréables de vie ou tout au moins très différentes et à laisser vagabonder son imagination. C’est aussi
inventer un voyage dans des pays qui existent et dont les noms apparaissent sur les cartes de géographie,
mais où l’on n’est jamais allé et où on pense ne jamais se rendre.

«    Je m’échappais en imagination […] Après avoir posé mes yeux quelque part au milieu du rose
     strié qui colore les États-Unis sur la carte d’Amérique, je chevauchais seul, confiant et digne,
     au travers des plaines qui déroulent leurs horizons imperturbables ; et si j’avais ouvert l’atlas
     aux pages consacrées à l’Asie du Sud-Est, je me rêvais, porteur d’une mission de la plus haute
     importance pour le salut de quelque dynastie chinoise, au beau milieu d’une marche aisée et
     entrecoupée de d’épisodes heureux sur la Grande Muraille.
                                                         Anthony Poireaudeau, Churchill, Manitoba
                                                                                                         »

                                                                                                          16
Activité #4 : imagine-toi

Prénom : .........................................................................................................................

À la manière d’Anthony Poireaudeau, choisis un pays que tu ne connais pas et invente le personnage que
tu pourrais y être. Tu commenceras ton texte par « Après avoir posé mes yeux sur la carte de (le pays que
tu choisis), je me mets à rêver… »

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Thème #2 : (Dé)passer les frontières

«    Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes.
                                                                                  »     Laurent Gaudé

L’idée de frontière induit celle de l’exil, le plus souvent forcé pour des raisons économiques ou politiques.
Passer une frontière, c’est trouver un passage pour aller ailleurs, pour se réfugier, pour survivre. C’est
prendre des risques. Passer les frontières, c’est aussi découvrir d’autres manières de vivre, c’est s’enrichir
de la vie, de la pensée des autres.

    1.   Fuir son pays, s'exiler

Texte 4 : Loo Hui Phang, L’imprudence , Actes Sud, 2019

Le bateau entame sa traversée. C’est ici qu’un chapitre s’est clos et qu’une autre histoire a commencé. Une
scène invisible, échappée de la boîte à fantasmes, me saisit. Je vois une frêle embarcation filant dans la
nuit, jouant contre les courants. Des rais de lumière balaient la surface de l’eau. Ce sont les soldats qui
patrouillent sur la rive, à l’affût des fuyards. Tu as onze ans, tu as peur. Tu me serres contre toi. Le
profond sommeil dans lequel, je suis plongée t’apaise un peu. En silence, nos parents actionnent les rames.
À leurs pieds, deux énormes valises assurent la stabilité du canot. Elles contiennent des vêtements, des
photographies, des montres, des bijoux, des aiguilles à tricoter. Un condensé de nos vies. Les reliques du
monde que nous quittons, quelques biens dérisoires qui plus tard, en terre étrangère, seront fétichisés,
élevés au rang d’objets de culte. À un moment, mes paupières s’entrouvrent. Je commence à geindre.
Notre mère lève des yeux affolés et t’ordonne de me faire taire. Tu me berces un peu brutalement,
espérant m’endormir ainsi. Cela ne fait qu’exciter mes pleurs. Les lumières s’agitent sur le fleuve. Un écho
nous renvoie les cris des soldats mis en alerte. Tu regardes l’eau noire. Tu es tenté. Tu te dis : « Peut-être
faut-il sacrifier la petite pour nous sauver tous, la jeter hors du bateau pour que nous puissions continuer
à vivre ? » Le dilemme ne dure pas. Je m’assoupis soudains. Le canot est hors d’atteinte. Le Laos n’est plus
qu’une traînée de terre noyée dans l’obscurité. Tu me gardes contre toi, épiant mon prochain réveil qui
pourrait nous conduire à notre perte.
Voilà. Vingt-deux ans après, je fais le trajet inverse. C’est un retour sans joie. Le monde que nous avons
laissé derrière nous n’existe plus. L’Indochine française s’est effacée. Le Royaume du Laos a basculé. Une
république communiste s’est emparée des terres et des esprits. Nous avons rompu avec ce système-là.
Notre pays imaginaire te hante, je le sais. Par mon ignorance, je suis préservée de son emprise. Moi, je n’ai
que des hypothèses. Mes fictions claudicantes sont bien inoffensives. Elles ne génèrent aucun regret,
aucun sentiment coupable. C’est mon amnésie que tu nommes ingratitude et que tu tentes de mater par
ton « toujours une Vietnamienne ».

                                                                                                           18
Texte 5 : Lenka Hornakova-Civade, La Symphonie du Nouveau monde , Alma
éditeur, 2019

[Le récit se passe en 1938]

Désormais il n’avait qu’à se remettre en route, s’abandonner au destin, pas à « son » destin – son destin à
lui ne comptait plus. Il le savait déjà avant, il était indissociable de sa communauté et du destin de celle-ci :
tous les Juifs le savaient, mais en ce moment il le ressentait intensément. Ses pas sur la route vers la gare de
Strasbourg, c’étaient les pas de tous les siens. Pourtant il portait une telle solitude, alors même qu’il se
sentait accompagné par tous ses ancêtres et même par les autres, par les descendants à venir. Cette dualité,
cette déchirure le brûlaient, le consumaient. Il y avait une brèche dans son être inconsolable. Partir.
Comme toujours. Combien d’entre eux avaient-ils passé leur vie dans un seul et même lieu ?
[…] A faire des ronds et des lignes et des courbes et des nœuds sur la carte d’Europe, ils se sentaient d’un
peu partout et de nulle part.

                                                                                                              19
Activité #5 : voyage en musique

Prénom : .........................................................................................................................

Une musique te fait-elle rêver à une autre vie ?

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2. S’ouvrir aux autres

Texte 6 : Sébastien Ménard, Notre Est lointain , publie.net, 2017.

Alors on avait voulu rouler sur les routes de l’Europe.
Quitter nos cabanes – nos baraques et nos territoires.
Toutes ces histoires d’ours – de mecs qui prennent la route la nuit dans la neige – toutes ces histoires de
poussière de poème d’eau de vie et de feu qu’on allume – c’était quoi alors ?
On avait voulu parcourir les États – traverser les États. On avait voulu rouler – comme ça – sans savoir
autre chose que les bords de nos mondes – les bouts de nos plaines – sans chercher autre chose que le
nom des sommets – le nom des fleuves – le nom des routes – le nom des Hommes – celui des bêtes.
Voir les eaux de l’Europe s’écouler – suivre des fleuves – écouter les flottes, les embarcations les rades et
les rafiots. On voulait vérifier que tout était vrai – tout était là – vraiment là.
Alors – chacun avait fait le compte. Chacun avait retiré son argent des banques des coffres et des tiroirs.
Quelques-uns avaient préféré enterrer une partie de leurs billets dans un jardin – sous cinquante
centimètres de terre – dans un bocal – là : rien ne bouge. Chacun avait annoncé des kilomètres de route –
des altitudes – des jours de voyage. On avait pris des bouquins des carnets des chaussures et des fringues –
on était prêts. On avait entendu parler de ceux qui marchent debout sur le vent. On nous avait dit qu’il y
avait des bords des ombres et des puits immondes – on savait tout ça – on était prêts. On avait voulu aller
jusqu’au bout – dans chaque direction – casser des murs des barrières – des barbelés. ON avait voulu
montrer que tout était là – entre nous – entre nos mains – là – juste là.
Alors c’était rouler.
Quitter l’Europe.
Traverser les continents.
On ne savait pas qu’on userait nos carlingues – nos gueules et nos rêves, on ne savait pas qu’on croiserait
l’homme qui marche seul dans la nuit – celui qui s’échappe des feux de camps – celui qui traverse des
frontières – celui qui raconte des histoires. On ne savait pas qu’on écouterait les femmes de l’Est. On ne
savait pas pour les bêtes – les feux de camp – et les brumes.

Pourtant – nous étions venus pour eux.

                                                                                                          21
Activité #6 : traverse le continent

Prénom : .........................................................................................................................

Rédige un texte dans lequel tu expliqueras ce que pourrait t’apporter un voyage à travers l’Europe.

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Texte 7 : Em manuel Ruben, Sur la route du Danube , Rivages, 2019

Je voulais remonter le Danube, comme Marlow, dans le roman de Conrad, remonte le fleuve vers le cœur
des ténèbres, je voulais remonter le Danube dans le sens des invasions barbares et des grandes migrations,
je voulais caresser l’Europe à rebrousse-poil, écrire à contre-courant de la rotation terrestre, du Drang
nach Osten et des vents dominants. Refuser l’exotisme naïf du bourlingueur en Orient. Ne pas tomber
dans le piège de l’orientalisme dénoncé par Edward W. Said. Tenter de désoxyder notre regard et de voir
nos pays avec les yeux d’un Tatar, d’un Turc, d’un Ukrainien, d’un Lipovène ou d’un réfugié fuyant la
guerre en Syrie ou la misère en Afghanistan. […]
J’aime les peuples passeurs de frontières, j’aime les peuples qui se jouent des bordures. Les grands
écrivains de l’Europe danubienne sont tous des métèques et des contrebandiers de ce genre : Paul Cela,
Benjamin Fondane, Panaït Istrati, Elias Canetti, Joseph Roth, Ivo Andric, Danilo Kis, Alexandre Tisma,
Pedrag Matvejevic, Attila Jozsef, Imre Kertész, Herta Müller, Imre Seacbjesar, tous ont vécu entre les
cultures et les religions, issus d’une union mixte, à cheval entre deux nations, détenteurs de plusieurs
passeports, caméléons maniant plusieurs langues. Ce sont les plus européens de nos écrivains. Donc ce
voyage était aussi un périple initiatique : je voulais savoir si je disais vrai, si je ne délirais pas
complètement lorsque je refusais l’étiquette d’écrivain français, préférant – s’il en faut une – celle
d’écrivain européen de langue française.

                                                                                                       23
Activité #7 : les étiquettes

Prénom : .........................................................................................................................

Que représente l’Europe pour toi ?

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THEME #3 : ÉCRIRE / LIRE ET PEDALER

«        Je pédale donc je suis. Le cyclisme, comme la littérature, est un art du détour et de la
         digression, mais aussi un art du continu.                                               »
                                                                                       Emmanuel Ruben

On a souvent l’habitude de séparer le corps et l’esprit et de penser que le sport ne fait pas partie du
domaine artistique ou intellectuel. Les sportifs ne liraient-ils ou n’écriraient-ils pas ? Ces textes
démontrent le contraire !

    1.    Pédaler pour lire

Texte 8 : Jean-Acier Danès, Bicyclettres , Seuil, 2018

Prologue
Pour célébrer mes dix-huit ans et l’été qu’ils annonçaient, j’ai conduit ma bicyclette vers des lectures que
j’affectionne – ou leurs auteurs, pour l’humanité indélébile dont ils ont fait preuve. Cela m’est apparu
simplement comme un bon socle pour entrer dans l’âge adulte. Durant deux ans, au cours d’une série
d’aventures à travers le pays, pédaler a signifié rendre visite à mes écrivains, à mes œuvres préférées, à un
pays qui depuis mon enfance m’attirait. Sur des impulsions parfois sporadiques, j’ai voulu écrie ces pages
comme un carnet de voyage, riche d’un désir que la littérature avait fait naître. Voici onze chapitres,
autant que de vitesses sur causette, le surnom donné à ma bicyclette, qui racontent ces périples et leurs
nombreux apprentissages.

    2. Écrire comme on pédale

Texte 9 : Em manuel Ruben, Sur la route du Danube , Rivages, 2019

Inutile de revenir sur les liens qui unissent la littérature et le cyclisme, d’Alfred Jarry à Bernard Chambaz,
en passant par Antoine Blondin. La littérature est, tout le monde le sait, une affaire d’urgence et de
patience, de gravité et de légèreté, d’endurance et de vélocité. Au cours d’un tel voyage, on finit par faire
corps avec sa coquille. Chez le cycliste, le cadre du vélo, c’est le prolongement de son squelette ; les freins,
le dérailleur et la chaîne le prolongement de son système nerveux ; quant à la peau, elle finit par devenir
aussi tannée que le cuir de sa selle. A vélo, on ne fait qu’esquisser, on n’appuie jamais comme un
marcheur, on glisse au fil du paysage, à fleur de rivage. Mon seul dieu est celui de Spinoza, qui est partout
sur la route ; mon seul cogito celui des cyclistes : je pédale donc je suis. Si vous pédalez assez fort, assez
vite, assez longtemps, vous n’avez besoin d’aucune autre foi. Tant de choses se déroulent dans la tête d’un
cycliste : c’est un cyclone perpétuel de pensées et de sensations – angoisses, terreurs, émerveillements.
En partant d’Odessa, j’ai fait le serment de décrire les choses comme elles me viendraient à l’esprit avec la
plus grande spontanéité qui soit, sans éviter les digressions, en retranscrivant chaque coup de pédale par
une virgule, chaque arrêt par un point, au risque d’écrire des phrases trop longues : le cyclisme, comme la
littérature, est un art du détour et de la digression, mais c’est aussi un art du continu – remonter un fleuve
à vélo, c’est éprouver ce continuum, car un fleuve, c’est la continuité anarchique de la nature dans la
discontinuité ordonnée du monde, lequel est, ne l’oublions pas, tout entier l’œuvre de l’homme, ce que les
géologues ont fini par admettre en parlant d’anthropocène.
[…] On ne pense pas seulement, à bicyclette, on écrit, ça s’écrit, en continu, dans la tête.

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3.   Lire comme on court

Texte 10 : Sylvain Coher, V aincre à Rome , Actes Sud, 2019 (prologue)

Samedi 10 septembre 1960. Nous sommes à Rome, près du Capitole de Michel-Ange et des ruines du
Forum romain. C’est l’avant-dernier jour des Jeux olympiques, le dernier jour du calendrier éthiopien. On
se prépare au marathon, l’ultime épreuve de ces jeux. On fait des petits sauts presque sur place, on respire
à fond et on s’apprête au départ. Dans quelques secondes il sera dix-sept heures trente, l’heure attendue
par les soixante-neuf concurrents de ces XVIIes Olympiades. Il fait vingt-trois degrés et la nuit tombera
vite car le changement d’heure n’existe pas encore. Ceci n’a rien d’un marathon, c’est la guerre. Sous nos
yeux le dossard numéro 11 est celui d’un jeune caporal éthiopien de la garde royale du négus. Il se nomme
Abebe Bikila et il a vingt-huit ans. Il est venu à Rome pour reprendre un combat déjà gagné vingt ans plus
tôt. Et voici dans nos mains le récit du marathon d’Abebe. Quarante-deux kilomètres et cent quatre-vingt-
quinze mètres linéaires pour une idéale de deux heures quinze minutes et seize secondes. Du temps et de
l’endurance, c’est le parti pris de ce livre. Lire comme on court ; d’une seule traite en ménageant son
souffle. Un bon marathon se préparant avec rigueur, on aura pris soin de s’entraîner auparavant avec des
revues ou des livres choisis au hasard. Ni trop vite ni trop lentement. On se méfiera des pauses et des
arrêts qui selon les entraîneurs ne servent à rien, sinon à décourager les coureurs. Mais chacun sait qu’un
marathon se gagne lorsqu’il s’achève et ne se perd qu’à l’abandon. On pourra relire ce livre autant de fois
qu’on le souhaite pour un jour peut-être gagner quelques secondes sur le temps d’Abebe. Cette page que
l’on va tourner maintenant, on lui donnera l’impulsion d’un coup de revolver. Dans la foule des grands
jours les regards sont braqués sur l’homme-starter au costume de lin gris, le borsalino remonté d’un doigt
sur le front pour regarder l’hypothétique tracé d’une amorce dans le ciel. Prêts ?

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ACTIVITE #8 : sport et écriture

Prénom : .........................................................................................................................

Comme Sylvain Coher qui compare le marathon à la lecture d’un livre, rédige un texte qui mette en
relation le sport que tu pratiques avec l’écriture.

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RESSOURCES DOCUMENTAIRES
Bibliographie de littérature contemporaine INTERLIGNES

Bibliographie sélective autour des thématiques de l’édition 2020.
Les éditions données sont celles d’origine, mais plusieurs de ces ouvrages sont en poche aussi.

Les auteurs invités dans le cadre du projet Interlignes

Emmanuel Ruben

La Ligne des glaces, Rivages, 2014
Sous les serpents du ciel, Rivages, 2017
Le cœur de l’Europe, La contre allée, 2018
Terminus Schengen, Le Réalgar, 2018
Sur la route du Danube, Rivages, 2019

Sylvain Prudhomme

Publiés chez l’arbalète Gallimard
Les Grands, 2014
Légende, 2016
Par les routes, 2019

Hélène Gaudy

Si rien ne bouge, Le Rouergue, 2009
Plein hiver, Actes Sud, 2014
Une île, une forteresse (Sur Terezin), Inculte, 2016
Un monde sans rivage, Actes Sud, 2019

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AUTRES SUGGESTIONS

Lieux imaginaires, utopies, dystopies

Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, 1951
Italo Calvino, Les Villes invisibles, 1972
Darran Anderson, Les villes imaginaires, Inculte, 2019
Thomas Giraud, Le bruit des tuiles, La contre allée, 2019
Sylvain Pattieu, Forêt furieuse, Le Rouergue, 2019

(Dé)passer les frontières

Arno Bertina, Le dehors ou la migration des truites, Babel, 2001
Mahmoud Traoré et Bruno Le Dantec, Partir et raconter, Lignes Poche, 2012
Alfons Cervera, Tant de larmes ont coulé depuis, La Contre Allée 2013 (traduit de l’espagnol par Georges Tyras)
Anthony Poireaudeau, Churchill, Manitoba, Inculte, 2017
Aura Xilonen, Gabacho, Liana Levi, 2017, traduit de l’espagnol (Mexique) par Julia Chardavoine
Alexandre Civico, Atmore Alabama, Actes Sud, 2019
Laurent Gaudé, Salina, Actes Sud, 2003, Eldorado, 2006, Nous l’Europe, 2019
Loo Hui Phang, L’imprudence, Actes Sud, 2019
Lenka Hornakova-Civade, La Symphonie du Nouveau monde, Alma EDITEUR, 2019
Alain Giorgetti, La nuit nous serons semblables à nous-mêmes, Alma EDITEUR, 2020

Lire, écrire, courir, pédaler

Sylvain Coher, Vaincre à Rome, Actes Sud, 2019
Jean-Acier Danès, Bicyclettres, Seuil, 2018
Emmanuel Ruben, Sur la route du Danube, Rivages, 2019

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A PROPOS – CONTACT

Le Labo des histoires est une association à but non lucratif fondée en 2011, dédiée à l’écriture.
Quotidiennement, il propose une grande variété d’ateliers d’écriture gratuits destinés aux enfants,
adolescents et jeunes adultes de moins de 25 ans dans plusieurs territoires en métropole comme en Outre-
mer. Dans ces ateliers encadrés par des professionnels confirmés, tous les domaines artistiques où
l’écriture tient une place majeure sont représentés : autobiographie et fiction, paroles de chanson, textes et
dialogues de bande dessinées, scénarios, poésies, etc. L’association propose des ressources - comme ce
dossier d’accompagnement – et des sessions de formation ou de sensibilisation à l’écriture créative.
Chaque année, le Labo des histoires organise des projets d’écriture nationaux et internationaux : la
Huitième planète du Petit Prince (2017), l’Aérien pour relier la jeunesse (2018), le Livre bleu de la jeunesse
(2018).

En 2019, l’association a accueilli plus de 25 000 jeunes dans ses activités. Le Labo des histoires dispose
d’un réseau de 12 centres sur le territoire et ambitionne, en 2021, d’être présent dans toutes les régions
françaises. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’antenne a ouvert ses portes en septembre 2017 et se situe au
sein de la Scène nationale du Liberté à Toulon. N’hésitez pas à la contacter pour avoir un
accompagnement adapté à votre projet !

Par sons et par mots est une association à but non lucratif fondée en 2012. Elle mène ses projets en
Haute-Provence, associant la littérature à diverses formes artistiques. Elle travaille sur le territoire en
impliquant les habitants dans l'élaboration des actions et reçoit des artistes en résidence.

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