Jeux Olympiques & Paralympiques 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires en Seine-Saint-Denis - Inser'Eco 93
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Jeux Olympiques & Paralympiques 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires en Seine-Saint-Denis
Auteur Think tank Sport et Citoyenneté www.sportetcitoyennete.com Couverture et maquette intérieure Florian Uguen (www.florianuguenfreelance.com) Rédacteurs Sylvain Landa, Étienne Cassagne, Gaspard Baudry, Chadine Bensahal, Fabien Bodart, Wally Delepaule, Gautier De Stoppani, François De Bouet du Portal, Vincent Eyssartier, Thomas Faurie, Martin Guivarc’h, Bruno Hernot, Oscar Ladron de Guevara, Julien Laine, Mickaël Lukombo Mata, Diego Milla, Charles-François Mingalon, Sarah Nezri, Adonis Nogueira, Anouar Ouallal, Jérémy Paillusson, Adrien Pansu, Charlotte Parnaut, Lise-Marie Perret, Mathias Ramos, Étienne Replumaz, Célia Samson, Lise Scheffler, François Singer, Valentin Siret, Antoine Sirieix Mars 2020 Copyrights : SportetCitoyenneté Photo de couverture : «Plaine Saint-Denis» le 23 septembre 2017 by Som VOSAVANH-DEPLAGNE Modifiée par Sport et Citoyenneté sous Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International « Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproduction destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou ses ayant-cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. » JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 2
REMERCIEMENTS Cette publication n’aurait pas pu être réalisée sans les contributions des étudiants du Mastère ® Spécialisé en Management des Organisations de Sport (MS MOS) d’Audencia Business School, ainsi que l’implication de toute l’équipe du Think tank Sport et Citoyenneté, en particulier Julian Jappert, Maxime Leblanc, Dolorès Montaudon, Noémie Gingue, Antoine Panicali, Kiera Wason-Milne, Florian Uguen, Alice Blanvillain, Victor Chini, Louison Boussard-Turbet, Matteo Riva, et Hugo Rubion. Un remerciement particulier à Étienne Cassagne et toute l’équipe du MS MOS pour leur confiance renouvelée, à Mohamed Amoura, Chargé de mission à la Préfecture de Seine-Saint-Denis, Ania Mazoyer-Orkisz, Conseillère d’animation sportive à la Direction Départementale Interministérielle de la Cohésion Sociale de Seine-Saint-Denis, Christophe Divi, Directeur de la plateforme ESS 2024 et Benjamin Grizbec, Chef de Projets Insertion au Comité Départemental Olympique et Sportif de Seine-Saint-Denis, pour leur implication dans ce projet pédagogique, ainsi qu’à toutes les personnalités qui ont accepté de rencontrer les étudiants dans le cadre de ce projet. JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 3
TABLE DES MATIÈRES Avant-Propos - Sylvain Landa, Directeur éditorial, Think Tank Sport et Citoyenneté 5 Cohésion sociale 7 Développer l’éducation grâce au sport : un enjeu pour la Seine-Saint-Denis Auteurs : Vincent Eyssartier, Mathias Ramos, Étienne Replumaz Les JOP 2024 : un accélérateur pour la pratique sportive féminine en Seine-Saint-Denis ? Auteurs : Oscar Ladron de Guevara, Diego Milla, Lise Scheffler Attractivité du territoire 18 L’impact du club sportif sur son territoire Auteurs : François De Bouet Du Portal, Gautier De Stoppani, Lise-Marie Perret Paris 2024, un atout pour le tourisme en Seine-Saint-Denis ? Auteurs : Fabien Bodart, Julien Laine, Adrien Pansu Aménagement du territoire 26 Rénover et repenser les infrastructures sportives Auteurs : Gaspard Baudry, Martin Guivarc’h, Charlotte Parnaut Optimiser la reconversion du Village Olympique Auteurs : Chadine Bensahal, Sarah Nezri, Antoine Sirieix Développement durable 39 L’enjeu des mobilités actives Auteurs : Thomas Faurie, Charles-François Mingalon, Adonis Nogueira 2024 et l’enjeu du recyclage Auteurs : François Singer, Valentin Siret Économie/Emplois 47 Quels dispositifs pour favoriser l’emploi des jeunes lors des JOP 2024 ? Auteurs : Wally Delepaule, Mickaël Lukombo Mata, Célia Samson JOP 2024 : un tremplin pour les TPE/PME ? Auteurs : Anouar Ouallal, Bruno Hernot, Jérémy Paillusson ® Conclusion - Étienne Cassagne, Directeur du Mastère Spécialisé en Management 57 des Organisations de Sport (MS MOS), Audencia Business School JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 4
AVANT PROPOS SYLVAIN LANDA Directeur éditorial du Think tank Sport et Citoyenneté L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) à Paris en 2024 offre une occasion unique au mouvement sportif français, ainsi qu’à l’ensemble des acteurs associatifs, économiques, éducatifs et institutionnels dont le travail est étroitement lié au sport et à l’activité physique, de traiter les multiples enjeux dont le sport est porteur. Santé et bien-être, mobilités douces et actives, lutte contre l’exclusion, égalité entre les femmes et les hommes, éducation et transmission, accessibilité des équipements, prise en compte des impératifs écologiques, valorisation des territoires en sont quelques exemples. Si les Jeux auront leur vitrine à Paris, ils sont aussi ceux de la Seine-Saint-Denis, un département qui accueillera plusieurs épreuves et qui, surtout, concentre les plus grandes attentes en matière d’impact et d’héritage. À plus de quatre ans de l’événement, l’ambition des organisateurs et des parties prenantes est de faire de 2024 une édition spéciale, avec une attention particulière donnée à sa dimension durable, inclusive et solidaire. De fait, la Seine-Saint-Denis fourmille d’initiatives portées par des acteurs associatifs divers, que ce soit dans le champ du sport proprement dit ou dans le champ plus large de l’économie sociale et solidaire. Comment ces initiatives peuvent-elles bénéficier de l’effet JOP ? Quelles sont les attentes et les besoins exprimés par les acteurs ? Comment les JOP peuvent-ils permettre à la Seine-Saint-Denis de se transformer et de rayonner grâce aux talents qui la composent ? Ce recueil, réalisé dans le cadre d’un projet pédagogique conduit par notre Think tank avec les étudiants du Mastère Spécialisé® en Management des Organisations de Sport (MS MOS) d’Audencia Business School (promotion 2019/2020), tente d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions. Chaque groupe d’étudiants a été mobilisé sur un travail de recherche, et est allé à la rencontre d’acteurs de la Seine-Saint-Denis engagés sur ces sujets, pour comprendre leurs problématiques et
identifier les solutions mises en place. Pour ces futurs managers appelés à travailler dans le domaine du sport, se pencher sur la dimension inclusive, durable et solidaire des grands événements sportifs fait particulièrement sens, compte tenu de l’importance prise aujourd’hui par ces enjeux. Pour notre Think tank, cette démarche s’inscrit pleinement dans les actions et les valeurs portées par notre association depuis douze ans : étudier le sport dans ses multiples dimensions, l’envisager comme un laboratoire de transformation des politiques publiques, maximiser sa portée et son impact sociétal. Faire bouger les lignes. Nous remercions chaleureusement Audencia Business School pour leur confiance renouvelée, ainsi que les partenaires qui ont participé cette année à ce projet pédagogique, à savoir la Préfecture de Seine-Saint-Denis et la plateforme ESS 2024 de l’association Les Canaux. Bonne lecture ! JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 6
1 cohÉsion sociale Comment les JOP peuvent-ils accélérer les initiatives menées en matière d’éducation et d’inclusion ? JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 7
Développer l’éducation grâce au sport : un enjeu pour la Seine-Saint-Denis AUTEURS Étudiants, Mastère Spécialisé® en Management des Organisations de Sport, Audencia Business School VINCENT MATHIAS étienne EYSSARTIER RAMOS replumaz Chaque année, plus de 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme. Si les indicateurs récents montrent une diminution de ce chiffre ces dernières années, le décrochage scolaire reste une problématique majeure dans notre société. Le décrochage scolaire est évidemment défavorable aux jeunes mais fait par ailleurs peser un coût sur la collectivité estimé à 230 000 euros par jeune déscolarisé et sans diplôme1. Il est donc important d’agir en amont, en sensibilisant les élèves mais également en réalisant des actions ciblées sur les élèves présentant le plus de risque de décrochage. À ce titre, de nombreuses études mettent en avant l’utilité du sport dans la réduction du décrochage scolaire. À travers les valeurs qu’il transmet ou encore les liens sociaux qu’il contribue à renforcer, c’est aujourd’hui un outil régulièrement mobilisé. Le sport : un facteur d’inclusion sociale Le sport est un moyen de permettre aux individus de s’épanouir et contribue aux objectifs européens de solidarité et de prospérité. Défini par le Conseil de l’Europe comme « toutes formes d’activités physiques qui, à travers une participation organisée ou non, a pour objectif l’expression ou l’amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales », le sport est devenu un outil social et économique. En France, les politiques publiques mises en place au début des années 2010 ont notamment 1 Coûts associés à l’absence de diplôme (étude BCG/MENJVA, 2012) JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 8
pour objectif l’intégration des populations les plus défavorisées, dont les jeunes, en renforçant le capital social et l’estime de soi. C’est le cas des Programmes de Réussite éducative (PRE) qui accompagnent les élèves et leurs familles dans le soutien scolaire et sur les problématiques repérées afin de lutter contre le décrochage scolaire. En 2016, ces programmes ont notamment été déployés en Seine-Saint-Denis, qui regroupe 25 PRE couvrant 61 quartiers de la politique de la ville. Parce qu’il favorise la santé des individus, contribue à leur éducation et transmet les principes et valeurs de nos sociétés modernes, tels que la tolérance, la solidarité et le goût de l’effort, parce qu’il développe également les notions de citoyenneté et permet aux jeunes de développer leur confiance en eux, le sport s’intègre parfaitement dans ces dispositifs. Développer les soft skills Les soft skills, ou compétences comportementales, sont nécessaires au développement de chaque individu. Si le monde professionnel s’est longtemps attaché aux hard skills ou compétences techniques, les soft skills suscitent aujourd’hui particulièrement l’attention des recruteurs. Selon une étude menée par Les Échos en 2019, les trois principales compétences comportementales valorisées par les entreprises sont l’adaptabilité, l’autonomie et l’organisation. Néanmoins, les soft skills ne s’acquièrent pas grâce à des cours dédiés mais sont principalement acquises de manière inconsciente par l’individu durant sa vie. Il est donc aujourd’hui nécessaire de repenser l’éducation pour permettre aux jeunes de vivre des situations variées propices à la création de ces compétences et ne pas se limiter à une écoute passive et à un échange unilatéral dans une salle de classe. Face à la rigidité des système éducatifs classiques, les clubs sportifs et associations ont leur rôle à jouer pour aider les personnes à se placer dans des situations favorables au développement de leurs soft skills. Responsabiliser les individus en leur confiant la mise en place de projets sportifs est par exemple un excellent moyen de créer ces situations, stimuler la curiosité des jeunes et prouver aux entreprises les compétences acquises à travers des expériences concrètes. Développer la place du sport à l’école La pratique du sport à l’école est elle aussi une composante essentielle de l’enseignement. L’éducation physique et sportive (ou « EPS ») est aujourd’hui enseignée à près de 12,4 millions d’élèves en
France et contribue à développer la notion de citoyenneté. Ces cours obligatoires incitent les élèves aux efforts individuels et collectifs et permettent l’apprentissage du respect et des règles. Le sport a un rôle éducatif, social et est un réel facteur de santé publique (lutte contre l’obésité chez les jeunes). Néanmoins, malgré son importance et la multiplicité de ces enjeux, le sport à l’école demeure une réalité mal appréhendée, tant dans son organisation que dans son financement ou ses résultats. Proposer de nouvelles formes d’accompagnement scolaire L’État français s’est engagé dans le cadre de la stratégie Europe 2020 à limiter à 9,5% le pourcentage de jeunes en situation de décrochage scolaire. Si ce nombre diminue depuis plusieurs années, plus de 100 000 élèves (13%) se retrouvent toujours hors du système éducatif français et sans diplôme. C’est ce nombre qui conduit chaque année l’apparition de nombreux projets éducatifs sportifs dans les établissements scolaires. Une enquête réalisée par l’Agence pour l’éducation par le sport montre que les établissements ayant mis en place ce type de projets constatent une amélioration des relations élèves-enseignants mais surtout, une diminution des absences de 28%. Les élèves ayant l’opportunité de participer à ces projets développent un sentiment d’appartenance au milieu scolaire et une plus grande confiance en eux. Ces accompagnements portés très souvent par des associations sportives externes au système scolaire se multiplient grâce aux acteurs sensibilisés à la réussite scolaire à travers la relation privilégiée avec leurs jeunes adhérents. C’est le cas de l’association sportive Boxing Beats d’Aubervilliers qui organise des ateliers de soutien scolaire au profit de ses adhérents scolarisés, tout comme le club de football de la JA Drancy. Ces actions permettent aux jeunes élèves de se retrouver dans un lieu qu’ils connaissent, où ils se sentent en confiance, créant un environnement favorable au travail. Ces deux exemples soulignent deux points importants. D’abord que l’accompagnement qu’offre le système éducatif à certains élèves en situation de décrochage scolaire demeure insuffisant, notamment par manque de moyen humain et financier. Ensuite, que les associations sportives et les clubs locaux sont des acteurs essentiels qu’il faut intégrer à l’accompagnement éducatif. A l’image du projet déployé par le Paris 92 Handball avec l’association Educ’Hand, de tels projets assurent la liaison entre toutes les parties prenantes, que ce soient les clubs, les établissements scolaires et les collectivités territoriales. L’accompagnement scolaire associé à la pratique sportive mériterait donc d’être expérimenté à plus grande échelle, et les JOP 2024 peuvent constituer une opportunité à saisir dans ce domaine. JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 10
Créer des synergies entre les différents acteurs de Seine-Saint-Denis La Seine Saint-Denis regroupe de nombreuses structures, écoles, clubs de sport, associations ou entreprises. Mais si la plupart des jeunes côtoient de près ou de loin ces différents acteurs, peu de connexions existent entre chacune d’elles. L’Éducation nationale reste un système rigide et peu ouvert sur l’extérieur. Bien que les jeunes soient souvent impliqués dans des clubs ou des associations, les liens entre ces organisations et les établissements scolaires sont peu nombreux. Il semble donc utile et pertinent de développer les connexions entre ces différents acteurs. Parmi les solutions possibles, nous pourrions imaginer des projets réalisés dans un cadre scolaire en collaboration avec des organisations externes à l’Éducation nationale (associations, clubs de sport, etc.). Ce type de partenariat pourrait permettre aux jeunes de sortir des bancs de l’école et avoir une première découverte du monde professionnel, tout en ayant un impact concret sur la société. Plusieurs structures mettent déjà en place ce type de programmes. A travers son programme Red Star Lab, le club de football du Red Star FC de Saint-Ouen dépasse ainsi les frontières du club et du sport en organisant divers ateliers et sorties pédagogiques. Grâce à l’organisation, les licenciés ont pu développer leur culture et leur curiosité, mais également rencontrer, échanger et apprendre auprès de professionnels, artistes ou bénévoles. Parmi les multiples initiatives lancées, il est possible d’évoquer l’expérience du métier de commentateur sportif dans les locaux mêmes de Canal+, la découverte des ficelles du métier de DJ auprès de plusieurs artistes reconnus ou l’apprentissage de l’enregistrement d’une émission de radio. Fin 2019, les jeunes du Red Star Lab ont aussi pu participer à l’élaboration de l’exposition « BAN »2 durant un mois, en endossant le costume de commissaire d’exposition. Ils ont ainsi pu travailler sur la scénographie, rédiger les textes accompagnant les photos et présenter leur travail auprès du public. Partager les valeurs du sport dans les établissements scolaires Le sport est un outil éducatif précieux pour la jeunesse. Dès le plus jeune âge, il participe à la construction d’individus autonomes, engagés et respectueux d’eux-mêmes et des autres. C’est un vecteur privilégié d’apprentissage de la citoyenneté, de la tolérance, de l’ouverture d’esprit, mais 2 Cette exposition réunit onze photographes autour du thème « Qu’est-ce qu’être au ban, qu’est-ce qu’être à part, à côté d’un monde, à côté des autres ? ». L’exposition se déroule du 14 mars au 5 avril 2020 aux Magasins Généraux, à Pantin
aussi du goût de l’effort et de la persévérance. En mettant ces principes en pratique, les élèves se les approprient durablement. De nombreux athlètes issus du département de la Seine-Saint-Denis ont déjà participé aux Jeux Olympiques et Paralympiques. En 2016, ils étaient 15 à défendre les couleurs de la France et de leur département d’origine, tels que Laëtitia Payet (judo), Thomas Jordier (athlétisme) ou encore Sarah Ourahmoune (boxe). En prévision des Jeux de Paris, il pourrait être pertinent de réaliser une campagne de communication innovante associant le Comité Départemental Olympique et Sportif de la Seine-Saint-Denis, les écoles, les collèges, les lycées, les universités et les communes, permettant de diffuser un message aux jeunes du département. L’objectif serait de créer des vocations, susciter un engouement, faire rêver les jeunes et leur montrer que le travail et la persévérance permettent à chacun d’atteindre ses objectifs. Les jeunes pourraient ainsi prendre exemple sur des athlètes provenant de leur villes, quartiers, clubs ou écoles. Des photos ou vidéos pourraient être affichées ou diffusées dans les salles de classe, les réfectoires, les couloirs, les vestiaires, les salles d’entraînements, sur les panneaux publicitaires de la ville, dans les journaux et sites des communes ou encore au sein des infrastructures sportives. Par ailleurs, multiplier les retours d’expériences avec les sportifs de la Seine-Saint-Denis pourrait permettre de créer davantage de proximité avec les jeunes et de générer des échanges instructifs, à l’image de ce que propose chaque année la Semaine Olympique et Paralympique à l’école. Les athlètes et sportifs de haut niveau ont une part importante à jouer dans la sensibilisation des plus jeunes à la pratique sportive. Dans le cadre de la préparation aux JOP 2024, il serait par exemple pertinent de mettre en place des rencontres entre des athlètes olympiques/paralympiques ayant grandi en Seine-Saint-Denis et les licenciés des clubs où se sont développés ces sportifs. Dans sa volonté de construire des Jeux durables, inclusifs et solidaires, le Comité d’organisation Paris 2024 pourrait ainsi s’appuyer encore davantage sur les valeurs éducatives du sport. JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 12
Les JOP 2024 : un accélérateur pour la pratique sportive féminine en Seine-Saint-Denis ? AUTEURS Étudiants, Mastère Spécialisé® en Management des Organisations de Sport, Audencia Business School oscar ladron diego milla lise de guevara scheffler En 1900, 4 ans après la première Olympiade, les femmes obtenaient le droit de participer aux épreuves de tennis et de golf lors des Jeux Olympiques de Paris. Elles ne représentaient alors que 2% des athlètes. Plus d’un siècle plus tard, elles seront 49% à Tokyo, soit la plus forte participation d’athlètes féminines de l’histoire olympique. Loin d’être acquise, l’égalité dans la représentativité des sexes durant les Olympiades est pourtant une composante essentielle pour la promotion de la pratique sportive féminine à tous les niveaux. Le département de la Seine-Saint-Denis est le département d’Ile-de-France qui compte le moins de licenciés sportifs : seul 13,8% de la population est licencié dans une fédération sportive, contre 23,3% en France. Parmi eux, on compte seulement 35% de femmes ; un chiffre là encore en dessous de la moyenne nationale (37,8%). Face à cette situation, et dans la perspective des JOP 2024, le département de la Seine-Saint-Denis et les collectivités territoriales qui le composent ont ainsi fait du développement de la pratique féminine un enjeu majeur. Identifier et comprendre les freins à la pratique féminine Une étude menée par l’UFOLEP et l’université Paris Descartes en 20141 identifie cinq principaux freins à la pratique sportive féminine : • Le poids des préjugés : dans notre société, le poids des représentations qui assignent des rôles 1 TLILI, H. & DELORME, N. (2014), Pourquoi les jeunes filles ne pratiquent pas d’activités physiques ou sportives ? Une recherche-action dans les zones urbaines sensibles françaises JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 13
différenciés aux hommes et aux femmes est toujours particulièrement lourd. Dans le sport, ces représentations sont d’autant plus prégnantes car la pratique sportive engage le corps. Ainsi, les stéréotypes mènent à porter un regard péjoratif sur les femmes qui pratiquent une activité sportive, considérant que ce domaine serait réservé aux hommes. • Le manque de temps : aujourd’hui encore, en plus du temps qu’elles consacrent à leur travail, les femmes s’occupent majoritairement des tâches ménagères et de l’éducation des enfants (double ou triple journée). Elles y consacrent en moyenne deux à trois fois plus de temps que les hommes. Par conséquent, elles disposent de moins de temps qu’eux pour se consacrer à une activité sportive. • Les équipements sportifs peu adaptés : les conditions d’accueil de la pratique féminine sont déterminantes pour qu’elle puisse se développer. L’accès aux équipements, l’aménagement des espaces d’accueil et de convivialité, des vestiaires et des douches sont autant d’éléments qui comptent pour donner envie de pratiquer. Or, le parc d’équipements sportifs de Seine-Saint-Denis est ancien, peu accessible et parfois peu rassurant pour les jeunes femmes. De plus, la plupart des équipements sont saturés, les meilleurs créneaux étant déjà occupés majoritairement par les hommes. • Le rôle des médias : si les choses évoluent, les exploits sportifs féminins demeurent très souvent bien moins valorisés que ceux des hommes. Quantitativement, le nombre d’articles consacrés au sport féminin est sans commune mesure avec ce qui est rencontré chez les hommes. Les retransmissions à la télévision concernent presque exclusivement les équipes masculines. Cette situation contribue à forger les préjugés affirmant que le sport est un domaine réservé aux hommes. • Les variables socio-démographiques : les niveaux de diplôme et d’éducation des parents sont des variables pesant fortement sur la pratique sportive des jeunes filles. On observe que plus ces derniers sont bas et moins les enfants sont amenés à faire du sport. Au-delà de l’identification des freins à la pratique, il est utile de s’interroger sur les solutions possibles pour accompagner les jeunes filles dans une pratique sportive régulière. Lutter contre le décrochage sportif à l’adolescence L’adolescence est un moment charnière dans la poursuite ou non d’une activité physique régulière. Les statistiques démontrent que c’est à cette période que beaucoup de jeunes arrêtent de pratiquer un sport, notamment les jeunes filles, chez qui ce phénomène est d’autant plus marqué.
Agir précisément sur cette tranche d’âge semble donc une piste à suivre. C’est le parti pris du Club Multi-Sports de Pantin (CMS). Après avoir observé un creux dans la prise de licence chez les jeunes filles, ce club historique a mis en place plusieurs initiatives pour séduire de nouvelles pratiquantes. Avec le soutien du Centre National de Développement du Sport (CNDS), une aide à la prise de licence a été mise en place, sous forme de « chèque-sport ». Ce dispositif à destination des jeunes filles issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) a été utilisé par environ 40 jeunes, majoritairement nouvelles sur la pratique. Quelques années auparavant, une démarche similaire avait été mise en place avec l’UNSS au sein de la section « Aérobie » du CMS. Au-delà de ce coup de pouce financier, le CMS a fait évoluer sa communication pour toucher plus efficacement les jeunes adolescentes. Des partenariats ont été noués avec des structures fréquentées par ces dernières (collèges, maisons de quartiers ou encore le Lab’ de Pantin, une structure destinée aux 16-25 ans) à l’occasion d’une campagne de communication visant d’une part à lutter contre les stéréotypes et d’autre part à relayer les informations touchant au club. Une démarche qui nécessite l’implication de l’ensemble des professionnels et des bénévoles de la structure, selon Linda Tadount2, Directrice du CMS de Pantin. Cette dernière insiste également sur l’impulsion que les fédérations sportives peuvent donner à ce type de programme, afin d’accompagner les clubs dans la diversification de leur public-cible et faciliter la traduction de ces orientations sur le terrain. Favoriser l’identification à des figures féminines De nos jours, les figures féminines du sport sont moins mises en valeur que leurs homologues masculines. En effet, là où Kylian Mbappé engendre la fierté de tous les enfants passionnés de football, Marie-Antoinette Katoto est, quant à elle, bien moins médiatisée. Il semble donc nécessaire de développer la dimension « héroïque » des performances sportives réalisées par des femmes, au même titre que celles réalisées par les hommes. Les médias ainsi que les fédérations ont le pouvoir de changer la vision des gens et de promouvoir le sport féminin à sa juste valeur en s’appuyant sur des icônes du sport féminin français. L’association « Inspired by KM » est un exemple qui pourrait servir d’inspiration. Créée par Kylian Mbappé, elle a pour but de favoriser la réussite de 98 jeunes enfants du département (garçons et filles, de 9 à 16 ans, issus de tous les milieux sociaux) jusqu’à leur entrée dans la vie active. D’autres personnalités sportives du département, comme la vice-championne olympique de boxe Sarah Ourahmoune, contribuent à faire évoluer les mentalités. Engager une démarche de promotion des athlètes sportives féminines du territoire d’ici 2024 serait particulièrement utile quand on connaît la portée médiatique de ces championnes auprès des jeunes filles. 2 Entretien avec Linda Tadount, directrice du CMS de Pantin le 18/12/19 JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 15
Une mixité à favoriser dans les structures et dans l’utilisation des équipements sportifs Favoriser la pratique sportive féminine passe aussi par le fait d’assurer plus de mixité dans l’usage des équipements sportifs. En plus d’être vieillissant, le parc d’équipements de Seine-Saint-Denis est en grande partie saturé par la pratique masculine. La gestion des créneaux et des horaires constitue une difficulté d’autant plus importante que le département de la Seine-Saint-Denis est l’un des moins bien doté en la matière. En journée, les équipements sportifs sont souvent utilisés par les écoles, les collèges et les lycées. Les créneaux que l’on retrouve le plus en soirée sont ceux des sports de combat, des sports certes de plus en plus plébiscités par les femmes, mais qui restent majoritairement des créneaux fréquentés par les hommes. Par conséquent, il semble nécessaire d’agir sur la notion d’animation de ces équipements sportifs pour en permettre la mixité et l’accès à tous. Il serait notamment intéressant de favoriser l’effet de masse afin que les femmes ne soient pas en minorité et se sentent autorisées à investir ces espaces. Des études considèrent en effet qu’un taux de présence féminine de 30% est un minimum pour créer un cadre favorable à la pratique féminine. Il conviendrait également d’accompagner la création de sections sportives féminines dans les clubs, en réservant notamment des créneaux dédiés et attractifs, afin d’offrir davantage de possibilités de pratique en proximité. Le CMS de Pantin voit ainsi dans la construction d’une nouvelle halle d’ici trois ans la possibilité de mettre en place de nouveaux créneaux à destination d’un public féminin. En attendant, des initiatives sont testées avec les infrastructures actuelles, notamment pour répondre à la problématique de garde d’enfants rencontrée par les mères de famille. Le Judo Club Pantin propose ainsi des cours couplés enfants/parents (judo et gymnastique pilates), permettant d’optimiser le temps disponible des mères de famille, le tout sur le même espace sportif. A moyen terme, l’idée pourrait être de penser la construction/rénovation des équipements sportifs de façon à pouvoir proposer ce type de pratique sportive simultanée enfants/parents. La création de services de garderie et de conciergerie sont d’autres exemples de solutions proposées par des clubs sportifs pour attirer et fidéliser les pratiquantes.
Le sport pour gagner en confiance en soi et s’émanciper Au-delà de la pratique en tant que telle, le sport peut être aussi vu et promu comme un outil d’émancipation des filles et des femmes. Pousser les jeunes filles à faire du sport, les laisser pratiquer leur passion sans tabou, leur montrer qu’elles aussi peuvent devenir des championnes sont autant de messages à diffuser. Des associations comme « Tu vis tu dis » portent ces messages au quotidien. Cette jeune structure a pour but d’organiser des manifestations sportives pour les femmes afin de lutter contre les violences sexistes et sexuelles, et surtout promouvoir une société bienveillante et des rapports respectueux entre les hommes et les femmes. L’association organise notamment une course pour l’égalité (Sine Qua Non Run) dans le Parc de la Villette et sur les berges du canal de l’Ourcq, qui se tient à la tombée du jour. L’objectif est de pouvoir se réapproprier l’espace public au moment de la journée où l’on peut se sentir plus menacé(e). Si la Coupe du Monde féminine de football 2019 a donné un coup de projecteur à l’émancipation des filles/femmes à travers le sport, la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 peut servir à faire progresser encore davantage cette cause dans les années à venir. Si l’on souhaite que les JOP 2024 soient un catalyseur dans le développement de la pratique féminine sur le département de la Seine-Saint-Denis, une réflexion sur la construction d’infrastructures sportives et la mise en place de différents appels à projets visant à soutenir et mettre en avant les initiatives locales permettraient de faciliter cette démarche. Durant les Jeux, la mise en lumière des athlètes issues du département permettrait aussi de créer des références et des modèles pour toute une génération de filles et faire en sorte que chacune puisse trouver le sport dans lequel elle puisse s’épanouir et se faire plaisir dans les années à venir. JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 17
2 ATTRACTIVITé du territoire Comment les JOP peuvent-ils participer à l’amélioration du cadre de vie et de l’attractivité de la Seine-Saint-Denis ? JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 18
L’impact du club sportif sur son territoire AUTEURS Étudiants, Mastère Spécialisé® en Management des Organisations de Sport, Audencia Business School lisE-MARIE françois de GAUTIER de PERRET bouet du portal stoppani Depuis toujours, le sport et le département de la Seine-Saint-Denis font bon ménage. Ce département de 40 communes aux multiples atouts a formé et accueilli bon nombre de sportifs, participant ainsi à sa renommée. Une attractivité sportive renforcée par les futurs JOP ? Qui ne se souvient pas de la star du CA Montreuil 93 Michel Jazy, des exploits des handballeurs de Gagny, des nocturnes au Stade Bauer de Saint-Ouen pour voir jouer le Red Star ? Difficile de ne pas évoquer aussi les célèbres fratries, les Tiozzo en boxe ou les Guénot en lutte, où les souvenirs d’exploits sportifs, comme ce titre de champion du monde du relais 4x100 mètres féminin (2003) au Stade de France, symbole du chemin accompli par quatre jeunes femmes licenciées dans des clubs de Seine-Saint-Denis et qui ont atteint le toit du monde sur leur terre d’origine. Plus récemment, les performances du club de football américain du Flash de la Courneuve ont mis en avant les qualités d’un joueur, Anthony Mahoungou, repéré par une université américaine et qui fait figure aujourd’hui d’exemple pour bon nombre de jeunes. Ces champions ont tous un jour évolué sur les terrains de sport du département, faisant de la Seine-Saint-Denis une place forte du sport français. Une terre de champions La Seine-Saint-Denis est le quatrième département le plus peuplé de France métropolitaine (plus d’1,6 millions d’habitants). Avec plus d’un tiers de sa population âgée de moins de 25 ans, c’est aussi le département le plus jeune, ce qui peut expliquer l’importance du sport sur ce territoire. Les 1690 clubs et plus de 220 000 licenciés que compte le département incarnent ce dynamisme. La Seine-Saint-Denis est un haut lieu de la performance sportive. Cela se traduit par les résultats de JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 19
ses 15 équipes « Élites », que ce soit par exemple en football (Red Star FC), en rugby (l’AC Bobigny 93, plusieurs fois champion de France de rugby avec son équipe féminine, et qui accueille plusieurs membres des équipes de France), ou encore en football américain. Ses résultats et sa structuration globale assurent au département un rôle de locomotive en Ile-de-France, et au-delà. Des performances qui participent à la fierté des habitants du département. Un sentiment d’appartenance La Seine-Saint-Denis souffre encore d’un certain nombre de représentations négatives, qui peuvent être perçues comme en décalage avec la réalité du territoire. Cette situation peut contribuer à l’attachement et au sentiment de fierté et d’appartenance de ses habitants. C’est aussi le cas pour les clubs sportifs, à l’instar du Red Star. « Nous avons un projet socio-éducatif fort avec le Red Star Lab, qui a pour but d’ouvrir les jeunes à la culture ». précise ainsi Régis Pillon, Secrétaire général du club audonien1. Concrètement, le Red Star propose durant les vacances scolaires des activités culturelles et artistiques gratuites à ses licenciés, le tout dans une démarche d’égal accès à la culture. « Ce qui fait la force d’un club, c’est son ancrage territorial », rappelle Régis Pillon. Un ancrage qui permet aux clubs sportifs de jouer un rôle social central sur leur territoire. Définis juridiquement comme associations, les clubs sportifs ont vocation à participer à la vie de leur territoire. Ils jouent un rôle important en matière de cohésion sociale, en raison des principes qu’ils prônent (la liberté d’adhésion, l’accueil de tous types de personnes, etc.) ou des projets qui y sont menés. Elles peuvent aussi être un levier d’employabilité pour les jeunes sur leur territoire, ne serait-ce que pour connaître une première expérience dans le monde professionnel. C’est le cas par exemple des jeunes accueillis en service civique, qui peuvent intervenir dans les associations sportives sur deux dimensions essentielles à l’attractivité de leur structure : la dimension « Sport et Santé » et la dimension « Sociale et Solidaire », le but étant d’intégrer tous les individus du territoire en rendant la pratique du sport accessible à tous et notamment aux publics qui en sont les plus éloignés. La Seine-Saint-Denis, la formation au service de la réussite Le sport occupe une place centrale en Seine-Saint-Denis. C’est un vecteur social et un levier éducatif fort, notamment auprès des plus jeunes. De nombreuses études démontrent en effet que la pratique du sport peut être bénéfique à de multiples niveaux, favorisant des comportements sociaux responsables, une plus grande réussite scolaire et une meilleure appréciation de sa santé et de sa forme physique. Le 1 Entretien avec Régis Pillon, Secrétaire général du Red Star FC le 09/03/20
lien social qu’offre la structure « club » et le fait d’appartenir à une équipe peuvent également renforcer chez les enfants et les jeunes le sentiment d’appartenance et le travail d’équipe. Peu d’enfants auront en effet l’opportunité de pratiquer leur sport à haut niveau. Le développement des compétences générales, la promotion de l’activité physique et d’une bonne hygiène de vie, le plaisir, les compétences de vie, l’esprit sportif et la bonne santé doivent être les principaux bénéfices recherchés par les acteurs publics et sportifs. Cette vision éducative et sociale implique la présence d’infrastructures sportives sur lesquelles pratiquer et celle d’éducateurs à même d’encadrer les jeunes pratiquants. Il s’agit de deux facteurs essentiels pour amener les jeunes de Seine-Saint-Denis à développer leurs capacités et leur structure sociale. Il s’agit également de promouvoir la réussite par le sport et donc d’inspirer les jeunes par l’exemple. A ce titre, il convient de s’appuyer sur la réussite des jeunes talents sportifs du département, à l’image d’Anthony Mahoungou, passé des terrains de la Courneuve à ceux des universités américaines. Le sport a en effet la capacité de fédérer les individus autour de projets ambitieux. L’accueil des JOP 2024 est ainsi une opportunité unique pour l’ensemble des communes du département, qui auront un rôle majeur à jouer dans l’organisation et la tenue de cet évènement planétaire. Leur capacité d’implication et le rapport qu’elles entretiennent avec le sport en font des acteurs essentiels. C’est aussi une opportunité pour les clubs sportifs du territoire. « Les JOP vont permettre de rénover les équipements sportifs, tout en réfléchissant à leur héritage. On doit penser à cela dès à présent car ces équipements serviront demain au mouvement sportif, amateur ou professionnel » souligne Régis Pillon. Un territoire en Or Olympique « Plus que d’autres départements, en Seine-Saint-Denis, nous avons un objectif de réussite » assure Stéphane Troussel, président du Conseil Départemental. En effet, l’attribution des JOP 2024 à la ville de Paris a un impact direct sur le département, qui accueillera les cérémonies d’ouverture et de clôture ainsi que de nombreuses épreuves. Au-delà de cet objectif de performance lié à l’organisation de l’évènement, le département compte bien réussir sur un autre domaine : l’aspect sportif. Le département a ainsi lancé l’opération « Génération Jeux » en janvier 2018. Ce projet a pour but d’accompagner 27 espoirs sportifs du département au niveau financier, dans leur préparation sportive mais aussi dans leur parcours de formation et d’emploi. Ces jeunes athlètes ont également pu compter sur un soutien de taille, celui de Souleymane Cissokho, médaillé de bronze en boxe aux Jeux de Rio, très investi dans le club de Bagnolet et parrain de la première promotion. JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 21
En parallèle, le département prévoit de nombreuses actions complémentaires dans le domaine de la culture et de l’éducation citoyenne autour de Paris 2024. Ces actions traduisent la mobilisation du département pour tirer profit de l’accueil des Jeux sur son territoire, et ainsi le faire briller au-delà de ses frontières. Pour toutes ces raisons, les clubs sportifs de Seine-Saint-Denis ont un rôle essentiel à jouer dans le rayonnement et l’attractivité du département. Que ce soit en raison des performances sportives des athlètes qu’ils ont formés, des actions éducatives et sociales qu’ils mènent et qui pourront être renforcées à l’occasion des Jeux, ou encore de la capacité des champions à inspirer leurs concitoyens, ils seront à n’en pas douter au cœur du projet olympique d’ici la tenue de l’événement en août 2024.
Paris 2024, un atout pour le tourisme en Seine-Saint-Denis ? AUTEURS Étudiants, Mastère Spécialisé® en Management des Organisations de Sport, Audencia Business School julien laine adiren fabien pansu bodart Le département de la Seine-Saint-Denis espère faire évoluer son image en étant la terre d’accueil de 70% des épreuves des JOP 2024. Un événement qui s’inscrit dans un vaste programme de rénovation urbaine lié au Grand Paris. Situé au nord-est de la capitale, la Seine-Saint-Denis est un département appartenant à la « petite couronne » de la région Ile-de-France. Avec une population qui a augmenté de près de 3,5% au cours des trois dernières années, il est aujourd’hui, derrière Paris, le département le plus peuplé de la région francilienne. Bien que dynamique, le département de la Seine-Saint-Denis souffre d’un certain nombre de représentations négatives depuis bien des années. Insécurité, difficultés économiques et sociales, problématiques liées au transport, etc. sont des éléments négatifs notables rapportés par de nombreux riverains et autres interlocuteurs. Au-delà de ces difficultés, la Seine-Saint-Denis est aussi un territoire innovant, dont la jeunesse et la solidarité sont soulignées. Un avis que partagent les entrepreneurs. Le département attire de plus en plus les acteurs économiques, sensibles au prix de l’immobilier permettant aux entreprises qui s’y installent d’être à la fois proches de leurs clients mais également de leurs fournisseurs. Une attractivité économique qui s’accompagne d’une mutation urbaine en lien avec la construction du Grand Paris (10 sites sélectionnés dans le département dans le cadre du second appel à projets « Inventons la Métropole du Grand Paris ») et l’accueil des JOP 2024. JOP 2024 : Pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires 23
Profiter de l’effet JOP En matière de dynamisme et « d’effet JOP », Barcelone est souvent citée en exemple. La ville espagnole a su surfer sur la vague olympique et l’accueil des JOP en 1992 pour opérer un vaste programme de rénovation urbaine et doubler ainsi le nombre annuel de visiteurs en vingt ans. La ville a su profiter de la bonne image des Jeux pour étendre son offre hôtelière et attirer l’investissement de sociétés privées dans ses infrastructures de transports, principalement son port et son aéroport. Dans le même temps, la ville a choisi de travailler avec des compagnies aériennes à bas coût pour générer du trafic aérien et rendre la ville plus accessible. Du côté maritime, le port olympique de Barcelone a permis le développement des activités balnéaires de la ville et est aujourd’hui l’un des sites touristiques incontournables de la ville catalane. Pour la Seine-Saint-Denis, la problématique est assez différente, car le département est situé en périphérie de la ville la plus visitée du monde. Le département souffre également d’un déficit d’attractivité qui rend plus difficile la captation de visiteurs français et étrangers. L’activité touristique dans le département est principalement hôtelière, dans les zones limitrophes de Paris où les visiteurs viennent se loger. Paris 2024 est donc une véritable opportunité en la matière. Le territoire doit pouvoir bénéficier de l’effet JOP, pour attirer à la fois les visiteurs dans sa zone géographique mais aussi des investisseurs privés dans le but de développer l’offre hôtelière, de restauration et de loisirs. Les principaux défis pour le département sont d’étendre la zone géographique touristique et de développer ses propres activités et lieux de tourisme pour retenir les visiteurs dans le département. Un territoire en mutation Si les JOP apparaissent comme un avantage pour le tourisme en Seine-Saint-Denis, ces derniers sont également l’occasion rêvée pour mettre en place de nouveaux principes en matière de design urbain et actif. Le « design actif » vise à intégrer dès la conception et l’aménagement de l’espace public des éléments permettant de favoriser la mobilité active et les activités physiques et sportives. Cela peut prendre plusieurs formes : la création de parcours, la mise en place de signalétiques (avec indication des temps de marche/vélo) ou de revêtements (dans les escaliers, dans les cours de récréation, etc. suivant la méthode du nudge marketing, c’est-à-dire le fait de modifier les comportements sans contraindre
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