Krach Malone/Alaoui - dossier pédagogique - Théâtre Poche Gve

La page est créée Yannick Blin
 
CONTINUER À LIRE
Krach Malone/Alaoui - dossier pédagogique - Théâtre Poche Gve
Krach
  Malone/Alaoui

                                          dossier
                                          pédagogique

POCHE /GVE               Rue du Cheval-Blanc 7   +41 22 310 37 59   POCHEGVE #pochegve
Théâtre /Vieille-Ville   1204 Genève             poche---gve.ch     #pochegve
saison__répertoire

__Edith (Le journal d’Edith)                 __Tokyo Bar
Patricia Highsmith                           Tennessee Williams
mAthieu Bertholet                            Manon Krüttli

__La maison sur Monkey Island                __femme disparaît (versions)
Rebekka Kricheldorf                          Julia Haenni
Guillaume Béguin                             Selma Alaoui

__Au Bord                                    __Qui a peur de Virginia Woolf ?
Claudine Galea                               Edward Albee
Michèle Pralong                              Anne Bisang

__Krach                                      __Gouttes d’eau sur pierres
Philippe Malone                              brûlantes
Selma Alaoui                                 Rainer Werner Fassbinder
                                             mAthieu Bertholet

au féminin total

Parmi ses convictions il y en avait une qui concernait le genre :
// A gender line...helps to keep women not on a pedestal, but in a
cage // disait la juge américaine iconique Ruth Bader Ginsburg. Au
POCHE /GVE, depuis longtemps, il a été décidé que le genre qui
seul l’emporterait serait le féminin et qu’on n’écrirait plus
// Marie et Pierre sont mariés // mais
// Marie et Pierre sont mariées //. Cela change tout. Cela oblige
à relire, à réaliser l’impact invisible mais constant qu’a l’usage
dominant du genre masculin sur nos esprits. Et lorsqu’on
demandait à Ruth combien de femmes elle souhaitait voir
                                                                                                    Pablo Lavalley — oficio / (logo : BCVa / Manolo Michelucci)
nommées à la Cour suprême elle répondait : neuf. Soit la totalité.
Il y a eu neuf hommes durant des siècles, et cela ne choquait
personne.

Au POCHE /GVE le genre féminin a été élu.
Non pour choquer, mais pour rééquilibrer un peu.
                                                                                identité visuelle

contact écoles              POCHE /GVE             administration
Iris Meierhans              +41 22 310 42 21       4, rue de la Boulangerie
imeierhans@pochegve.ch      www.poche---gve.ch     1204 Genève
__Krach
texte_Philippe Malone
mise en scène_Selma Alaoui

âge conseillé dès 14 ans
durée approximative 50 minutes
forme slam politique
disciplines français, philosophie, sciences humaines, photographie
thématiques aliénation au travail, capitalisme, competition, hiérarchie,
ambition, réussite/échec, injonctions sociales, individu vs. société,
effondrement du système néo-libéral, mythe d’Icare, langue poétique
activités pédagogiques introduction au spectacle en classe ou au
théâtre, debriefing après-spectacle à l’aide de carte-questions (20’)
atelier d’écriture autour du masque social, exprimé notamment au
travers des réseaux sociaux, sur 2 ou 4 périodes, donné en classe par
une auteure du POCHE /GVE
Krach est publié aux Editions Quartett

Krach n’est pas une pièce de théâtre, c’est une plongée en poésie, en apnée, en
déchirure, une chute sans limite, à la chair d’une époque où les êtres tombent
parce qu’on les pousse, où les corps se jettent dans le vide comme on relève
le poing, où la honte fait naître la rage, qui s’écrase au sol avant d’être repue.
Krach est une entrée sans issue en un tourbillon, un labyrinthe carnassier où les
MASQUES sociaux brûlent d’un feu que nul ne sait éteindre. Krach n’est pas une
pièce de théâtre. C’est une brisure. Et un appel.

Inspiré des nombreux suicides qui ont eu lieu dans des entreprises françaises au
cours des dernières années, Krach est un pamphlet contre l’aliénation du travail.
Un cadre supérieur, que l’on suppose victime d’un burnout, se jette du sommet
de la tour où il travaille. Une dégringolade vertigineuse, où les étages défilent
entre les débris cristallins, un chaos de feu et de glace, rythmé par la scansion
cadencée des nouvelles à la radio, les injonctions des patrons et des publicitaires.

jeu Fred Jacot-Guillarmod avec la participation de Wave Bonardi
scénographie Anna Popek son Fred Jarabo lumière Jonas Bühler costumes Eléonore
Cassaigneau maquillage & coiffure Katrine Zingg
production POCHE /GVE (création octobre 2017)
coproduction Mariedl (Bruxelles)

                                   3
__extrait
tu cours
à l’usine plus d’usine, au bureau plus de
bureau, dans l’entreprise quelle entreprise au
ministère plus d’état, au boulot QUEL BOULOT,
tu fonces, jambes fermes taillées pour la
mêlée, petits pas petits pas grand bond - en
avant - t’agites, t’excites, plus vite, plus fort,
état critique, l’air vicié incise tes poumons,
presque à vifs, presque à sec, t’es plus jeune
moins leste plus si con, tu brûles, dans tes
veines de l’acide, 40 ans 50 ans n’oublie pas,
tu es vieux, l’as toujours été, tu angoisses,
t’agites, t’agites puis forcément t’épuises, du
calcaire dans les cuisses, du silex dans le
coeur, t’es foutu t’es fossile, tu ralentis,
cherches ton souffle, // stop //, // stop //, comment
ça // stop //, TU TE CROIS où ? EN
VACANCES ? ALLEZ RETOURNE DANS LE RANG
FONCE, ON REPREND tu reprends, traînes des
pieds, ta carcasse une douleur, tes désirs une
débâcle, tu t’élances, cours voles puis t’affales,
tentes puis échoues, recommences puis
échoues encore, ALLEZ ÉCHOUE MIEUX, le muscle
gourd, asphyxié, pantin désarticulé, ta
volonté un souvenir tu
dérives,
sans force alluvion social rejeté sur la berge tu
flottes puis t’écartes un DÉCHET en marge du
flot radieux tu vois ta vie défiler tu
bascules
30ème étage, par la grande baie teintée de la
tour de cristal, chutes de ton bureau plein sud
aux stores électroniques TON SI CONFORTABLE
BUREAU moquette Hartley’s laine anglaise tartan
crème & blanc TON SI GRAND BUREAU mobilier
Stark lignes sèches & dures, table de
verre feuilleté - transparence & franchise –
TON SI BEAU BUREAU sous-main impala pure-peau-
pâle Dupont or 18 carats exhibé comme
un trophée évidence ordre sérieux confiance &
réussite tu chutes sans fin en suivant ton reflet
dans les vitres de l’immeuble ta vie s’accélère
elle défile comme on coule tu
chavires

                                         4
_entretien avec l’auteur
Philippe Malone

Pour commencer, pourriez-vous nous parler de la genèse de Krach ?

Krach est né à l’initiative d’une demande de la chorégraphe Rita Ciotti et du musicien
Franck Vigroux, pour un spectacle intitulé Nous autres autour du roman dystopique de
Eugène Zamiatine. La première partie était déjà en cours d’écriture et les préoccupations
du romancier, concernant un monde totalitaire entièrement régi par des tables précises
des heures, ont ainsi rejoint les miennes, concernant le travail. Le texte court, utilisé
pour le spectacle fut ensuite étoffé et développé.

Le texte est composé de deux parties. Pour ma part, j’ai lu le début comme une prémisse,
un état intérieur, où le // tu // apparaît comme un fauve en cage, cloisonné au sein de
son corps. Une colère et une rage intériorisée, qui jailliront ensuite vers le dehors : on
ne comprend qu’au début de la seconde partie que la violence est avant tout sociétale.
En tant qu’auteur, quel statut donnez-vous à cette première partie ?

La première partie est effectivement celle de la rage, de l’élan, du heurt, pour tenter
de faire bouger les murs. C’est aussi le constat de l’échec individuel, de la violence
retournée contre soi. Cette première partie enfle au rythme d’une phrase qui s’emplit
d’elle-même pour se jeter contre le mur. Les mots eux-mêmes peinent à parvenir
à l’ébranler. Les consonnes prédominent et marquent les coups, vécus comme des
échecs. Les mots de l’individu, seul, ne parviennent pas à grand-chose.

La chute dépeinte dans Krach fait fortement penser à la chute d’Icare. Elle revêt en
même temps une dimension quasi biblique, avec la présence d’un vocabulaire évoquant
l’assomption. Mais la rédemption échoue, la chute semble inexorable. Comment ces
motifs mythologiques ont-ils imprégné votre travail d’écriture ?

L’homme commence d’abord par la chute, puis s’élève. Le motif mythologique ne
précédait pas l’écriture, il l’a rattrapé. L’homme est brûlé par la tour, par le travail. Il
tombe dans un premier temps, il est destitué par le travail, mais une fois la croyance
perdue, la tour ne signifie plus rien. Elle perd son autorité. C’est ce qu’il découvre en
prenant de la hauteur… Il fait le chemin inverse d’Icare.

Notre intériorisation du ronronnement médiatique, politique, économique ressort de
façon particulièrement percutante. Pensez-vous que la poésie est à même de répondre
à la violence de ce langage qu’on nous impose quotidiennement ?

Nous avons oublié que la poésie est une offre plausible et tout aussi légitime

                               5
d’interprétation du réel, au même titre que les langues médiatiques, économiques,
historiques... Bonnes ou mauvaises, ces dernières sont des formes produites par tout
pouvoir en place pour façonner le monde à son image, le justifier et le diriger. S’attaquer
à ces langues, en produire d’autres, est nécessaire pour éclairer différemment son
époque, offrir un autre rapport au réel. On ne combat pas le capitalisme avec les mots
du capitalisme. Ce n’est pas évident, juste nécessaire.

Où se noue, selon vous, le lien entre poétique et politique ? Par-delà la thématique choisie,
comment l’écriture peut-elle porter une puissance politique ?

La question peut se reformuler d’une autre manière, à savoir, non pas tenter d’avoir une
écriture politique mais tenter d’écrire politiquement. Cela renvoie alors à la question
de la forme, à une esthétique possible. Ecrire politiquement pourrait ainsi signifier
déconditionner la langue de sa gangue d’évidences, de ses partis pris idéologiques,
la mettre à terre pour la réarticuler différemment, la reconstruire de façon singulière.
Dépasser l’opposition, évacuer tout discours et tenter, modestement, d’inventer des
formes. Cela peut être une définition de la poésie.

Krach a été écrit après les vagues de suicides dans des entreprises telles que France
Télécom, suivies d’immolations devant les Pôle Emploi en France… Le seul recours qui
reste à celles qui subissent la violence sociale est-il de la retourner contre elles-mêmes ?

Krach fut écrit pendant ces évènements mais n’en fut que peu influencé. Le texte vient
de plus loin, d’une longue réflexion sur la langue économique et sur les effets de la
violence sociale inscrite dans le libéralisme. Mais Krach, s’il tente de produire un constat,
n’est pas négatif. Contre le mythe de l’homo economicus, l’individu libéral qui serait
porteur d’une rationalité économique (et l’impossibilité de fait de détruire seul le mur),
Krach propose, à la fin du texte, la possibilité du //nous//, l’irrésolution et le soulèvement.
Krach, malgré sa violence, ne me semble pas défaitiste. Le texte tente de déconstruire
une croyance, mais veut croire à la possibilité de s’en affranchir, de s’en émanciper.

Aujourd’hui, pensez-vous que le travail peut-il encore être porteur d’une promesse
d’émancipation, comme le peignait Marx?

Le travail est constamment attaqué par le libéralisme qui n’y voit qu’une possibilité de
plus-value à court terme. La finance et la spéculation n’ont que faire du travail, réduit à sa
simple valeur d’échange. La valeur d’usage s’étiole. Le terme //métier//, autre symptôme,
à presque disparu du langage courant. Ce faisant, en attaquant si violemment le travail,
le libéralisme défait toutes les croyances qui y étaient attachées. Y compris sa promesse
d’émancipation. Les valeurs attachées au travail sont en train de fléchir, voire disparaître.
Est-ce un mal ? Je l’ignore.
                                                      propos recueillis par Marina Skalova

                                  6
_note d’intention de la
metteure en scène
Selma Alaoui
Krach raconte l’effondrement d’un homme, individu sans nom issu de la masse des
travailleurs, qui chute du trentième étage d’une tour vitrée.
Krach évoque par-là l’effondrement d’une civilisation à l’agonie et la douleur d’une
humanité broyée par les lois inflexibles du système néolibéral.
Krach dessine l’effondrement en guise d’horizon - mais aussi le début d’un avenir.

À la première lecture, Krach frappe par la singularité de sa langue : poème dramatique,
prose poétique expérimentale, épopée théâtrale... on ne sait où classer l’œuvre. C’est
justement là que réside sa force. Dès qu’on aborde ce texte, un rempart cède en nous :
celui de la maîtrise, du raisonnable et raisonné, du tout-intelligible. La langue de la pièce
avance par flots et logorrhées. Elle enfle et se brise ; tour à tour heurte et caresse. Elle
est faite de répétitions jusqu’à l’obsession, allitérations, tumulte d’images, combinaisons
sonores, mélange de prosaïsme et d’exaltation, d’un jargon économico-journalistico-
financier démembré... Et parfois, surgit le calme, la concision du mot juste, l’économie de
la tranquillité.

L’écriture de Malone propose une redécouverte de notre langage et de sa matérialité.
Elle cherche à se défaire de notre façon quotidienne de catégoriser les mots ou de
banaliser les concepts. Elle traduit combien les médias, la politique, l’administration, la
publicité pétrissent au quotidien notre langage pour l’amoindrir. Combien ils ne cessent
de créer des formes linguistiques qui nous habitent au point de faire autorité sur notre
pensée. Mais Malone ne s’avoue pas vaincu. Il tente de redonner de la puissance à la
langue. Il déconstruit et agence nos mots affaiblis pour rebâtir un langage neuf.

À mon sens, Krach n’invite pas l’acteur qui s’en empare à la déclamation. Cette langue
n’a que faire d’une virtuosité propre, d’un phrasé lisse, d’une joliesse de ton qui ordonne
les mots en petits objets bien rangés. Elle est organique et charnelle. Pour la jouer, il faut
s’en imprégner physiquement, la digérer et la livrer au spectateur par le corps tout entier.
Il faut aussi faire appel à ses zones les plus intuitives. Porter ce texte implique d’accepter
de se laisser traverser autant que de se laisser guider avant tout par sa sensibilité et son
imagination. De la même façon, le recevoir demande au spectateur une certaine forme
d’abandon au pouvoir incantatoire des mots.

Le personnage central de Krach est parfois parlé plus qu’il ne parle. Il est tantôt envahi
par un flot tumultueux, tantôt en lutte pour dompter la confusion. La parole le dépasse.
On assiste alors à un phénomène étrange. La langue devient cette espèce de //sorcellerie
évocatoire// chère à Baudelaire pour emmener celui qui la profère vers une expérience
de (dé)possession. Comme dans un rituel de transe, la parole entraîne vers d’autres états
de conscience, voire mène au dédoublement. Dans le spectacle, ce sera matérialisé par
un décuplement de la voix de l’acteur. Par un jeu sonore d’écho et de distorsion, la voix

                                  7
comédien sera démultipliée. On le verra ainsi porter le texte, en être dépossédé, chercher
à se le réapproprier, pour finalement s’y couler et se laisser prendre par sa musicalité.

Ce que véhicule Krach ne se fonde pas sur une abstraction. La pièce s’ancre dans le
réel. Elle est chargée, concrète, politique. Loin du jugement ou de la sentence, le texte
offre de regarder la réalité en face : un monde qui fonce dans le mur à grande vitesse
en toute conscience et sans que personne ne soit épargné. Cette noirceur-là, cette
déflagration-là sont peut-être paradoxalement davantage génératrice de renouveau
que l’aveuglement d’un //business as usual//. Elle me fait imaginer que si notre système
se consume dans un avenir proche, c’est pour faire jaillir autre chose - une chose peut-
être branlante, à coup sûr déroutante - mais en tout cas radicalement différente d’une
société moribonde. L’énergie du spectacle doit répondre à ce point de vue : trouver de
la brutalité et une certaine crudité, sans pour autant laisser le spectateur sur une note
sombre qui le renvoie à son impuissance. Krach peut donner de l’essor ; c’est en tout cas
ce que j’essaierai de mettre en place, puisque c’est ce dont j’ai besoin aujourd’hui quand
je vais au théâtre.

Dans la pièce, le héros est anonyme. Loin de lui ôter de la consistance, cet anonymat
en fait une figure sur laquelle on peut se projeter. D’ailleurs l’identité du personnage
ne cesse de se transformer au cours du récit. D’abord évocation du cadre supérieur
(possédant pouvoir, assurance, argent), l’image d’Epinal se défait jusqu’à devenir celle de
l’ouvrier misérable. J’aimerais ainsi que l’apparence du comédien mute, que son costume
et sa corporalité se délabrent jusqu’à évoquer l’idée du dénuement. Des dépouilles de
son port initial naîtrait alors l’image d’un autre être, portant les stigmates de ce qu’il a
traversé : un être mi ange-mi bête, une créature laissée pour morte et ranimée par une
pulsion tribale, sorte de nouveau guerrier accouché d’un vieux monde malade, paré pour
affronter ce qui suit avec des armes de fortune et une dignité en passe d’être retrouvée.

C’est que, ne l’oublions pas, la puissance incantatoire de Krach peut lui conférer des
allures de rituel. Un rituel païen où l’on frôlerait la mort pour devenir pleinement vivant.

                                 8
Date: 28.09.2017

Genève

Le Courrier         Genre de média: Médias imprimés
1211 Genève 8       Type de média: Presse journ./hebd.
022/ 809 55 66      Tirage: 7'396                        Page: 11              Ordre: 3007230         Référence: 66887353
www.lecourrier.ch   Parution: 5x/semaine                 Surface: 51'420 mm²   N° de thème: 833.022   Coupure Page: 1/2

                                                 9
__biographies

                                                     © Marie-Hélène Tercafs
Philippe Malone                                                               Selma Alaoui
Philippe Malone est un écrivain, dramaturge et                                Selma Alaoui est une actrice et metteure en
photographe français né en 1968. Il a écrit une                               scène qui vit à Bruxelles, où elle obtient un
vingtaine de textes dont Pasaran, Titsa, Morituri,                            diplôme de l’INSAS en 2006. Elle a notamment
Blast, III, L’entretien, Septembres, Krach ou                                 joué sous la direction de Nicolas Luçon, Anne-
Sweetie. Ses textes sont traduits et publiés en                               Cécile Vandalem et Armel Roussel. Au cinéma,
allemand, polonais, italien et espagnol et sont                               elle tourne pour Vincent Lannoo, Bruno Tracq
régulièrement lus, joués ou mis en ondes, tant en                             ou encore les frères Dardenne. Depuis 2007, elle
France (Comédie française, Festival d’Avignon,                                est codirectrice artistique du collectif théâtral
Rencontres de la Chartreuse…) qu’à l’étranger                                 Mariedl. Son travail de mise en scène explore
(Schaubühne, Deutsches Theater, Rideau de                                     les thèmes de l’identité, la vie en société ou
Bruxelles…). Il collabore avec les musiciens                                  la famille, de manière poétique et organique,
Franck Vigroux et Franco Mannara, le metteur                                  comme dans Anticlimax de Werner Schwab
en scène Laurent Vacher et la chorégraphe Rita                                (2007), ou dans les spectacles qu’elle écrit
Cioffi. Depuis 2005, il coécrit dans le groupe                                et met en scène comme I would prefer not to
d’écrivains   Petrol   avec   Lancelot    Hamelin,                            (2010), ou encore L’amour, la guerre (2013).
Sylvain Levey et Michel Simonot. Il a enseigné                                Depuis quelques années, son travail s’articule
plusieurs années à l’ESAD de Paris et à l’ENSATT                              autour de la question des nouveaux récits et
de Lyon et suit les travaux en cours d’écriture                               de la résistance. En 2016, elle adapte le roman
d’écrivaines, de compagnies de théâtre et                                     Apocalypse    bébé,   de   Virginie   Despentes.
d’étudiantes en qualité de dramaturge. Son                                    Actuellement, elle prépare Science-fictions,
texte Krach, créé au POCHE /GVE lors de la                                    un spectacle sur l’avenir et la fabulation. Elle
saison_drüüü, mis en scène par Selma Aloui et                                 enseigne également régulièrement à l’INSAS.
interprété avec brio par Fred Jacot-Guillarmod                                Au POCHE /GVE, elle met en scène Krach de
est recréé cette saison.                                                      Philippe Malone, lors de la saison_drüüü, repris
                                                                              cette année et signe également la mise en scène
                                                                              de Femme disparaît (versions) cette saison.

                                     10
© Samuel Rubio

                 Fred Jacot-Guillarmod
                 Fred Jacot-Guillarmod a obtenu son diplôme
                 du Conservatoire d’art dramatique de Lausanne
                 (SPAD) en 2000. Acteur expérimental et
                 politique, ancré dans une pratique exigeante
                 des textes et de la parole, il cherche à faire
                 advenir le sens - ou les sens - d’une langue, son
                 rythme, sa brutalité à travers la singularité de
                 son corps. Depuis plus de quinze ans, il participe
                 à des projets collectifs et transdisciplinaires
                 et collabore notamment avec Maya Bösch,
                 Marc   Liebens,    mAthieu     Bertholet,   Anna
                 Van Brée, Joseph Szeiler, Guillaume Béguin,
                 Noemi Lapsezon, Christophe Perton, Pascal
                 Rambert, Gilles Tschudi et Philippe Bischoff. Au
                 printemps 2018, il fait partie de la distribution
                 de Luxe, Calme écrit et mis en scène par
                 mAthieu Bertholet, puis il intègre le premier
                 ensemble du POCHE /GVE, avec lequel il
                 joue sous la direction de Jean-Daniel Piguet,
                 Manon Krüttli, Lucile Carré, Florence Minder et
                 Nathalie Cuenet.

                                                      11
POCHE /GVE
Depuis sa naissance en 1948 dans ce qui était alors un appartement dans la vieille ville de
Genève, le théâtre de Poche se distingue pour ses pièces d’avant-garde et ses créations
audacieuses.

Aujourd’hui, POCHE /GVE est un théâtre entièrement consacré à l’écriture contemporaine,
dans toute sa diversité. Les auteures et leurs textes sont à l’origine de la programmation
et du travail de création. Un comité de lecture sélectionne ainsi une vingtaine de textes
d’auteures vivantes inédits en Suisse romande (sur la base de plus de deux cents
propositions) à partir de laquelle se construisent les saisons et les équipes artistiques
qui seront prêtes à se mettre au service de ces écritures.

POCHE /GVE est aussi un théâtre engagé, sur la crête des préoccupations d’aujourd’hui,
que ce soit sur la place des femmes, la représentation des minorités ou l’ouverture de
la société à l’art et à la scène. Il est politiquement, socialement et géographiquement
au cœur de la Cité : au service de la création locale et travaille avec des ensembles de
comédiennes et de créatrices artistiques, permettant ainsi aux artistes un engagement
sur le long terme.

Accessible et radicalement ancré dans le monde actuel, il est un lieu de remise en
question et de réflexion. Sa priorité est d’être un terrain de partage, il s’adresse à toutes
en permettant un dialogue entre le public et les artistes : introductions aux thématiques
abordées, discussion autour des spectacles, ateliers d’écriture, critiques, billets
suspendus, accueil de groupes ayant moins facilement accès au théâtre… Une multitude
de propositions sont au programme pour que chacune se sente bienvenue dans ce lieu
convivial.

Et parce que le théâtre n’est rien sans celles qui l’expérimentent depuis leur fauteuil ou
leur strapontin, POCHE /GVE propose toujours à son comité de spectatrices composé
d’une trentaine de personnes curieuses, passionnées et engagées de donner leur avis
sur ces expérimentations. Les membres de ce comité sont invitées aux Générales
et partagent avec les équipes de création leurs impressions et leurs critiques. Les
enseignantes, étudiantes et élèves intéressées par le théâtre sont les bienvenues au
sein de ce Comité!

                                 12
Vous pouvez aussi lire