L'accent - Livret des résumés Booklet of abstracts - MSH Clermont

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L'accent - Livret des résumés Booklet of abstracts - MSH Clermont
Maison des Sciences de l’Homme                                 We b i n a i r e
 4 rue Ledru, 63000 Clermont-Ferrand

                                                                            2021
                                                                   27-28
                                                                    mai

                                         \ak.sɑ̃\

\ʔɑk.ˈsɛnt\

          Livret des résumés
                  Booklet of abstracts                              \ɐkˈʦɛnt\

                                                                                   https://pixabay.com/fr/photos/de-l-homme-observateur-exposition-2944064/
              \ˌæk.ˈsɛnt\

     L’accent
        Investigations sur un phénomène
         linguistique, social et identitaire
                                       Colloque international
L'accent - Livret des résumés Booklet of abstracts - MSH Clermont
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Sommaire

Différences de genre dans les attitudes implicites à l’égard des accents non natifs
Fabio Ardolino, Silvia Calamai, Rosalba Nodari _________________________________________________ 5

Accents, modes d’expression des ruralités françaises contemporaines au cinéma et la proposition singulière
d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu dans Le Voyage aux Pyrénées (2008)
Maylis Aste _____________________________________________________________________________ 7

Glottophobie et « accent ». La construction d’un objet médiatique et politique
Philippe Blanchet ________________________________________________________________________ 9

Les accents au cinéma de la RPC (République populaire de Chine)
Raymond Delambre _____________________________________________________________________ 11

La Vallée d’Aoste, ses accents et l’aire francoprovençale : quelques pistes pour une analyse
anthropologique
Christiane Dunoyer ______________________________________________________________________ 13

Les « problèmes d’accent » en cours de langue : des problèmes pour qui ? pourquoi ?
Myriam Dupouy_________________________________________________________________________ 15

Quand l’accent standard n’est pas le plus facile à comprendre – RP et accents régionaux
Kizzi Edensor-Costille ____________________________________________________________________ 17

L’accent-identité, un facteur de hiérarchisation des variétés dominées
Fatima-Zohra Grine, Abdelouahid Khenifer ___________________________________________________ 19

Stéréotypes sur les caractéristiques d’un accent et réalité de leur perception
Gerda Haßler __________________________________________________________________________ 21

La langue standard et les accents régionaux : entre amours et désamours ou vers un changement
de culture ?
Nadejda Kriajeva _______________________________________________________________________ 23

Entre moquerie et mépris : la perception de l'accent allemand en France et en Autriche
Dana Martin, Oliver Schulz ________________________________________________________________ 25

Courbes de continuation majeure et accent régional
Philippe Martin _________________________________________________________________________ 29

Identité linguistique en Wallonie / Belgique
Elizaveta A. Nevezhina ___________________________________________________________________ 31

Dialectes et accents dans le théâtre populaire viennois de Ferdinand Raimund
Fanny Platelle __________________________________________________________________________ 33

Being immersion : Identité de groupe et accent d’élèves en 10e année (seconde) dans l'Ouest du Canada
Livia Poljak, Cécile Bullock ________________________________________________________________ 35

Ces accents qui dérangent : les « micro-agressions linguistiques »
Elatiana Razafimandimbimanana ___________________________________________________________ 37
L'accent - Livret des résumés Booklet of abstracts - MSH Clermont
Représenter l’accent allemand en littérature : une dyade hétérolinguisme – épilinguisme ?
Louise Sampagnay ______________________________________________________________________ 39

Quel italien est parlé à Montréal ?
Fabio Scetti ____________________________________________________________________________ 41

L’« accent français » dans la poésie de l’Âge d’argent russe
Oxana Timacheva_______________________________________________________________________ 43

Libérer l’accent
Claudia Torres Castillo ___________________________________________________________________ 45

L’accent du pays selon La Rochefoucauld
Eric Tourrette __________________________________________________________________________ 47

Locuteur idéal ? : accent et idéologies langagières dans l’enseignement de l’anglais en France
Adam Wilson___________________________________________________________________________ 49

Les accents régionaux en Algérie : présentation de soi et représentation. Étude socio-anthropologique
Kheira Yahiaoui ________________________________________________________________________ 51

Explorer les facteurs intervenant dans l’imitation de l’accent américain chez des étudiants français
Kossi-Seto Yibokou _____________________________________________________________________ 53

                                                   4
L'accent - Livret des résumés Booklet of abstracts - MSH Clermont
► L’accent – Investigations sur un phénomène linguistique, social et identitaire

                                                Différences de genre dans les attitudes implicites
                                                                  à l’égard des accents non natifs

                                                            Fabio Ardolino*, Silvia Calamai**, Rosalba Nodari**

                                                                                                          *Université de Pise
                                                                                                  **Université de Siene, Italie

         Les accents non natifs sont souvent objets d’attitudes négatives [1, 2], dont la nature dépend des
         caractéristiques à la fois contextuelles (normes et rangs linguistiques) et personnelles (des locuteurs
         ainsi que des auditeurs) [3]. Pour ce qui concerne ce dernier aspect, l’attention des chercheurs semble
         être concentrée en particulier sur les locuteurs, dont les spécificités ont été explorées en profondeur à
         l’égard des attitudes montrées par les auditeurs natifs. La variable du genre, en particulier, semble avoir
         une valeur prédictive dans l’activation des attitudes, vu que les locuteurs femmes tendent à recevoir
         des meilleures évaluations également dans différents contextes sociolinguistiques [4, 5].

         Quant aux caractéristiques des auditeurs, elles apparaissent au contraire insuffisamment étudiées,
         également dans des contextes où la présence de constructions attitudinales provoque des sérieuses
         conséquences sociales et éducatives (par ex., écoles et universités). Le travail exposé ici entend
         précisément explorer les effets du genre des auditeurs dans deux échantillons reliés à des cadres
         éducatifs. Plus précisément, l’étude examine les attitudes implicites des enseignants des écoles
         supérieures (17 hommes, 61 femmes) et des professeurs universitaires (11 hommes, 9 femmes) qui
         travaillent dans une région italienne – la Toscane – concernée par une présence croissante d’étudiants
         non natifs, spécialement d’origine chinoise [6].

         Un protocole spécifique (Implicit Association Test, IAT [7]) contenant des stimuli de l’italien parlé avec
         un accent chinois a été conçu afin de confirmer deux hypothèses principales, à savoir : a) le genre de
         l’auditeur peut agir comme un prédicteur pour les attitudes implicites dans les contextes éducatifs et b)
         cette valeur prédictive dépend du contexte analysé.

         Dans un scénario caractérisé par des attitudes généralement négatives envers l’accent chinois, les
         scores du IAT montrent que les hommes dépassent de manière significative les femmes pour ce qui
         concerne la mensuration d’attitudes négatives (0.63 vs. 0.35, t(24.28) = 1.46, p = 0.01) ; de même après
         l’application de méthodes de balancement de l’échantillon (0.63 vs. 0.42, t(29.02) = 1.85, p = 0.04). Des
         résultats similaires ne peuvent pas être étendus aux professeurs universitaires, pour lesquels n’existent
         pas des différences significatives entre les genres (0.49 vs. 0.42, t(15.44) = 0.38, p = 0.35; TOST p >
         0.001).

         En conclusion, l’étude permet de dégager trois conclusions générales : a) l’accent chinois reçoit une
         évaluation implicite négative dans tous les contextes analysés ; b) dans le cas des enseignants d’école,
         le genre constitue un prédicteur de l’entité de l’attitude négative, puisque les hommes tendent à avoir
         des attitudes implicites plus négatives ; c) le caractère prédictif du genre à l’égard de l’entité des
         attitudes ne peut pas être généralisé : aucun effet du genre n’est détecté dans l’échantillons des
         professeurs universitaires.

         English Version

         Gender differences in implicit attitudes towards non-native accents

         Non-native accents are often object of negative attitudes [1, 2], the nature of which depends from both contextual
         (linguistic norms and status) and personal characteristics of both speakers and listeners [3]. As regards the latter
         aspect, scholars’ attention seems to be mainly focused on speakers, whose specificities have been extensively
         explored in relation to the attitudes aroused in native listeners. The gender variable, in particular, seems to have a
predictive value in attitudes activation, since female speakers tend to receive better evaluations in different
sociolinguistic contexts [4, 5].
Listeners’ characteristics, instead, appears to be underinvestigated in attitudes research, even in contexts in which
attitudinal constructs entails serious social and educative outcomes (i.e., schools and universities). This work aims
precisely at exploring the effect of listeners’ gender on determining language attitudes in two educational settings.
More specifically, the study examines the implicit attitudes of high school teachers (17 males, 61 females) and of
university professors (11 males, 9 females) working in an Italian region – the Tuscany – characterized by a growing
presence of non-native students, especially from China [6].
A specific implicit protocol (Implicit Association Test, IAT [7]) containing Chinese-accented Italian speech as stimuli
has been designed in order to confirm two main hypothesis, namely: a) listeners’ gender can act as predictor for
implicit attitudes in educative settings and b) such predictive value is independent from the observed context.
In a general scenario of negative implicit attitudes towards the Chinese-accented speech, IAT scores reveal that
male significantly outweigh female participants in showing negative attitudes (0.63 vs. 0.35, t(24.28) = 1.46, p =
0.01), even after the application of under-sampling methods (0.63 vs. 0.42, t(29.02) = 1.85, p = 0.04). Similar results
cannot be extended to university professors, for which no significant differences are detected between genders'
(0.49 vs. 0.42, t(15.44) = 0.38, p = 0.35; TOST p > 0.001).
In conclusion, the study consents to single out three main conclusions: a) the Chinese-accented Italian speech
receive negative implicit evaluations in all the analyzed contexts; b) the gender constitutes a predictor for negative
attitude entity, since male participants tend to have more negative implicit attitudes; and c) gender predictivity in
attitudes’ entity measurement cannot be generalized, since no effect is detected within the academic sample.

Bio-bibliographies

Silvia Calamai is associate professor in Linguistics and Sociolinguistics at the University of Siena. At present, she
is coordinating the project on social evaluation of non-native accents (Fregati dall’accento!, Fondazione ALSOS
2018-2020); the project on the cataloguing of Caterina Bueno’s oral archive (“Archivio Vivo”, Regione Toscana
2019-2021); the project Chinese Culture and Languages in Italy (Wenzhou University & Siena University) and the
scientific committee of the Historical Archive of the Arezzo psychiatric hospital. List of publications:
https://docenti.unisi.it/it/calamai.

Fabio Ardolino is PhD student at the University of Pisa, in co-supervision with the Aix-Marseille Université. His
research interests focus on migrant communities’ sociolinguistics, language attitudes, identities, and stereotypes.
His PhD dissertation explores the link between psycho-social factors and second language acquisition. List of
publications: https://laboratorio-fonetica.fileli.unipi.it/membri/fabio-ardolino/.

Rosalba Nodari is postdoctoral researcher in Linguistics and Sociolinguistics at the University of Siena. Her main
research interests regard social evaluation of non-native accents, oral archives as a source for sociolinguistic
analysis, and sociophonetic variation. List of publications: https://www.researchgate.net/profile/Rosalba_Nodari.

Notes

[1] Gluszek, A., Newheiser, A.K. & Dovidio, J.F. (2011). Social psychological orientations and accent strength.
Journal of Language and Social Psychology, 30: 28-45.
[2] Rakić, T., Steffens, M.C., Mummendey, A. (2011). Blinded by the accent! The minor role of looks in ethnic
categorization. Journal of Personality and Social Psychology, 100: 16-29.
[3] Garrett, P. (2010). Attitudes to Language. Cambridge: Cambridge University Press.
[4] Maegaard, M. (2005). Language attitudes, norm and gender a presentation of the method and results from a
language attitude study. Acta Linguistica Hafniensia, 37(1): 55-80.
[5] Nelson, L.R., Signorella, M.L. & Botti, K.G. (2016). Accent, Gender, and Perceived Competence. Hispanic
Journal of Behavioral Sciences, 38(2): 166-185.
[6] https://www.tuttitalia.it/toscana/statistiche/cittadini-stranieri/repubblica-popolare-cinese/
[7] Greenwald, A.G., McGhee, D.E., Schwartz, J.L.K. (1998). Measuring individual differences in implicit cognition:
The Implicit Association Test. Journal of Personality and Social Psychology, 74, 1464-1480.

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► L’accent – Investigations sur un phénomène linguistique, social et identitaire

                                Accents, modes d’expression des ruralités françaises
                               contemporaines au cinéma et la proposition singulière
                                               d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu dans
                                                     Le Voyage aux Pyrénées (2008)
                                                                                                               Maylis Aste*
                                                             * Université Jean Jaurès - Toulouse II / École Nationale Supérieure
                                                                   d’AudioVisuel (ENSAV), Laboratoire LARA – SEPPIA, France

    L'accent participe dans les films ruraux français de l'orchestration d'identités socio-spatiales. Les voix
    disent un lieu et de ce fait impliquent des tensions et luttes symboliques. En étudiant les productions
    des trois dernières décennies, il est possible de percevoir trois grandes tendances dans les modes
    d'expression des milieux ruraux dans le cinéma national (Asté, 2018).

    Certains réalisateurs font le choix de la voix de l'exotisme avec un accent appuyé, associé à un champ
    lexical et à des ambiances sonores stéréotypées (cloches, cigales, chants d'oiseaux...). Ces
    productions cultivent un « pittoresque sonore » qui peut s'apparenter à un argument touristique, mais
    renvoie également à une forme de « colonialisme intérieur » (De la Bretèque, 1992).

    L'autre grande tendance vise à soi-disant « neutraliser » l'accent des lieux où se déroule l'action. Au
    risque de l'uniformisation et en appuyant ce choix par de multiples arguments (production, cohérence
    du récit, permettre à un maximum de spectateurs de s'identifier aux personnages), certains cinéastes
    font un casting exclusivement parisien et écartent tout acteur porteur d'un accent régional.

    Enfin, outre la bipolarité « neutralité » et « exotisme », certains metteurs en scène permettent aux
    oreilles attentives de découvrir des espaces ruraux polyphoniques. Ce choix de l’hybridation par la
    rencontre de multiples accents, nationaux et internationaux, donne à entendre des milieux traversés,
    habités, des milieux vivants. En effet, les partis pris des cinéastes en termes de casting de voix
    caractérisent tout à la fois les personnages et le territoire habité.

    Cette communication se propose de présenter ces diverses tendances, en s’appuyant sur l’analyse de
    séquences (voix, diction, accentuation) et sur les témoignages des cinéastes en matière de phonation.
    Enfin, nous aborderons le cas particulier du film Le Voyage aux Pyrénées (2008) d'Arnaud et Jean-
    Marie Larrieu. Avec cette œuvre, les cinéastes offrent un cas d'hybridation singulière entre accent du
    Sud-Ouest, accent parisien et « accents des pays de montagnes » (Larrieu, in Asté 2018). Par un
    casting à la fois régional et international (Suisse, Tibet, Espagne), ils évitent la réification d'une identité
    socio-spatiale et dessinent un lieu d’accueil, de mouvements et d'échanges. Ils suggèrent une identité
    montagnarde plurielle.

    Bibliographie

    Amy de la Bretèque François, « Images of Provence, Ethnotypes and Stereotypes of the South in French Cinéma »,
             in Richard Dyer, Ginette Vincendeau (dir.), Popular European Cinema, London & New York,
             Routledge,1992. p.58- 71.
    Amy de la Bretèque François (dir.), Le « local » dans l'histoire du cinéma, Montpellier, Presses Universitaires de
             La Méditerranée (PULM), 2007.
    Asté Maylis, Les représentations de la ruralité dans les films de fiction français du début des années 1990 au début
             des années 2010: permanences et changements, Toulouse, Université Jean Jaurès, Thèse de doctorat,
             2018.
    Boulangé Guillaume, Michel Cadé, « Entretien avec Arnaud et Jean-Marie Larrieu », in Michel CADÉ (dir.), Filmer
             les Pyrénées, La montagne au fil des saisons, Canet, Editions Trabucaire, 2017. p.113-127.
    Barthes Roland, « La lumière du Sud-Ouest », Communications, n°36, 1982, Seuil, p.125-129.
    Calvet Louis Jean, La sociolinguistique, Paris, PUF, 1993.
    Chion Michel, La parole au cinéma, La toile trouée, Paris, Cahiers du Cinéma, 1988.

                                                                         7
Chion Michel, La voix au cinéma, Paris, Cahiers du cinéma, 1982.
Le Breton David, Éclats de voix : une anthropologie des voix, Paris, Métailie, 2011.
Mevel Quentin, Le cinéma d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Paris, Independencia Éditions, 2015.
Morin Yves Charles, « Le Français de référence et les normes de prononciation », Cahiers de l'Institut linguistique
        de Louvain, 26/1, 2001. p.91-135.
Woehrling Cécile, Philippe Boula de Mareuil, « Identification d'accents régionaux en français : perception et analyse
        », Revue Parole, n°37, 2006. p.25-65.

                                                          8
► L’accent – Investigations sur un phénomène linguistique, social et identitaire

                                                             Glottophobie et « accent ».
                                       La construction d’un objet médiatique et politique
                                                                                           Philippe Blanchet*

                                                                                     *PREFICS, Université Rennes 2

 La parution de mon livre sur la glottophobie au début 2016 a suscité une forte médiatisation et une prise
 en compte politique qui a conduit à une sorte de « prise de conscience » et à plusieurs projets de lois,
 dont un adopté en novembre 2016 et un déposé en janvier 2020 à propos des « accents ». Dans cette
 communication, je reviendrai sur ce parcours d’un objet scientifique qui, devenant médiatique et
 politique, a attiré une focalisation paradoxale sur la question de « l’accent ». Je proposerai une analyse
 sociolinguistique de cette focalisation sur la base d’un corpus de discours médiatiques et politiques
 français recueillis entre 2016 et 2020.

 English Version

 Glottophobia and 'accent'. The construction of a media and political object

 When I published my book about glottophobia in 2016, medias intensively covered the subject and some politicians
 realized that there was an issue. It raised a sort of an « awareness » and lead to several draft laws, among which
 one adopted in november 2016 and another one proposed in january 2020 about « accents ». I will, in this paper,
 reconsider this transformation of a scientific object into a media and political object paradoxically focussed at as a
 problem of « accent ». Il will propose a sociolinguistic analysis of this focus, on the basis of a corpus of media and
 political speeches gathered between 2016 and 2020.

 Bio-bibliographie

 Né en 1961 à Marseille, professeur des universités, domaines de recherche : sociolinguistique, didactique,
 plurilinguisme, glottophobie, variations du français, langues minoritaires. Cf. http://perso.univ-
 rennes2.fr/philippe.blanchet

 Publications liées au thème du colloque

 Blanchet, Ph., 2016, Discriminations : combattre la glottophobie, Paris, Textuel, 192 p. Réédition complétée 2019
       chez Lambert-Lucas.
 Blanchet, Ph. et Clerc Conan, S., 2018, Je n’ai plus osé ouvrir la bouche... Témoignages de glottophobie vécue et
       moyens de se défendre, Limoges, Lambert-Lucas, 128 p.
 Blanchet, Ph., 2018, Éléments de sociolinguistique générale, Limoges, Lambert-Lucas, 296 p.

                                                                       9
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► L’accent – Investigations sur un phénomène linguistique, social et identitaire

                                                                        Les accents au cinéma de la RPC
                                                                         (République populaire de Chine)

                                                                                        Raymond Delambre*
                                                                                     * Université Paris-Saclay, France

 Ma communication porte sur l'évolution de la prise en compte, sinon exhibition des accents au cinéma
 de RPC. Le sujet est d'autant intéressant, révélateur, que pendant toute une époque le PCC occultait
 les accents, surtout, plus largement, les langues qui ne ressortissent pas de la langue Han. D'ailleurs,
 cette occultation se trouvait de fait en correspondance avec la population elle-même ultramajoritaire-
 ment Han.

 En RPC - comme en vérité ailleurs -, tout est politique : c'est dire si la linguistique est télescopée par le
 sociétal. Cependant, indiquons déjà une spécificité forte du monde chinois : nous ne recourrons pas
 aux gimmicks identitaires, ne serait-ce que parce les Han, mais aussi les minorités, quand bien même
 elles sont persécutées, déportées, ne se posent pas de question d'identité en tant que telle.

 D'un point de vue pratique, les accents en RPC induisent non seulement des difficultés de
 compréhension, mais même des impossibilités. Formulons une caractéristique majeure : l'oralisation de
 la langue Han, pourtant bien enseignée partout dans ce qui reste un empire, varie considérablement
 selon les locuteurs, ces variations étant essentiellement causées par leurs origines géographiques,
 familiales ou sociales le cas échéant. Énonçons un principe fondamental : le chinois, dans sa pureté,
 i.e. les caractères ne constituent pas une langue parlée, en tout cas pas directement.

 On étudiera les usages de l'accent à travers le cinéma de différentes époques, s'agissant tant du cinéma
 mainstream, officiel, que de l'auteurisme - certes pas plus indépendant en RPC qu'en France.
 Déjà, livrons un Leitmotiv chez Jia Zhang Ke. Le chef de file de l'auteurisme, de ce que nous baptisons
 également documentarisme, laisse volontiers dire à ses acteurs amateurs, exhibés en tant que tels : je
 ne comprends pas ton accent.

 Notre travail s'inscrit au cadre du cinéma ethnique, caractérisant volontiers le cinéma de RPC.

 Bio-bibliographie

 Raymond Delambre, former student of Michel Serres, graduated from Sciences Po, lives between Europe and
 Asia. Longstanding specialist in Asian cinema, civilization, contemporary art, Zhou Xuan, Paul Claudel, and Jules
 Verne. By closely examining how the movies function, Raymond Delambre sheds new light, thinks the
 ties. Raymond Delambre is also playwright (Satoshi Miyagi, Daniel Mesguich for stage), screen writer, adapter,
 worked with Golden Lion Su-Mei Tse, Golden Bear Tsai Ming Liang, Golden Leopards Wang Bing, Xiaolu Guo,
 Mami Kiyoshi, Li Yang. Prizes including: Fondation franco-japonaise Sasakawa, aide à la création (ministère de la
 culture), prix Cinéma (Bal de Paris). Raymond Delambre writes on topics ranging from the legal system to the
 media, in order to unpack the rise as a global power. His books include: Invention (de l’invention) des cinémas,
 Beijing, Paris: You Feng, 2019; (Dé)Construction (de la déconstruction) des cinémas, Beijing, Paris: You Feng,
 2019; Fabrique (de la fabrique) des cinémas, Beijing, Paris: You Feng, 2019; Le cinéma sur les cimaises, Paris: 7°
 art, 2013; Ombres électriques: les cinémas chinois, Paris: Les Éditions du Cerf; Corlet: Condé, 2008; Neige d’été,
 Paris: Théâtre des cinq continents, 2008. His most recent other publications include: “Mythologie du féminisme et
 du socialisme accoquinés sur les écrans en République populaire de Chine”, The Lincoln Humanities Journal 6
 (2018): 91-108; and “Entretien avec Jean-François Mary, président de la Commission de classification des œuvres
 cinématographiques”, CinémAction 167 (2018): 136-145.

                                                                     11
Bibliographie

Ying Xiong, Héros. Zhang Yimou (Chen Dao Ming, Tony Leung Chiu Wai, Maggie Cheung, Jet Li). Beijing, 2002.
Shi Mian Mai Fu, Le Secret des poignards volants, mieux traduit par Embuscades dans les dix directions, ou encore
       Embuscades tous-azimuts. Zhang Yimou (Zhang Ziyi, Liu Dehua, Takeshi Kaneshiro, Andy Lau). Beijing,
       2004.
Jin Ling Shi San Chai, Les Treize Fleurs de Nankin. Zhang Yimou (Christian Bale, Ni Ni, Zhang Xinyi, Huang
       Tianyuan, Tong Dawai, Atsuro Watabe, Cao Kefan, Bai Xue, Shigeo Kobayashi, Takashi Yamanaka, Paul
       Schneider). Beijing, 2011.

                                                       12
► L’accent – Investigations sur un phénomène linguistique, social et identitaire

                       La Vallée d’Aoste, ses accents et l’aire francoprovençale :
                              quelques pistes pour une analyse anthropologique

                                                                                               Christiane Dunoyer*
                                     *Centre d’études francoprovençales René Willien Saint-Nicolas, Vallée d’Aoste, Italie

  Cette contribution est centrée sur quelques phénomènes langagiers liés à l’accent observés dans une
  région de l’aire francoprovençale, la Vallée d’Aoste. Cette réalité, aux dimensions contenues et
  plurilingues, est un terrain privilégié pour étudier de très près les relations complexes et mouvantes
  qu’entretient l’expression orale des différentes catégories de locuteurs avec leurs propres
  représentations linguistiques et identitaires, en soulignant qu’il n’y a pas d’accent en dehors de la
  perception de l’altérité.

  Les interactions inhérentes à la pratique du francoprovençal seront analysées en premier. Les variations
  phonétiques, révélatrices des représentations identitaires des locuteurs (et obéissant à une fonction de
  classement de ces derniers et non pas de la langue elle-même), seront soumises à deux différents types de
  focales afin d’illustrer un phénomène de micro-différenciation villageoise et une pratique observable à une
  échelle régionale. Deux exemples éclaireront cette partie : les résultats d’une activité proposée dans le cadre
  d’un laboratoire linguistique pour enseignants et les réactions rencontrées sur le terrain lors d’une enquête
  portant sur les représentations et les pratiques linguistiques contemporaines.

  D’autres exemples, relatifs ceux-ci à la pratique bi-plurilingue, seront présentés dans la deuxième
  partie à travers les nombreuses situations de contact linguistique et les représentations de l’accent
  auprès des locuteurs des différentes langues. Dans ce cadre, l’accent francoprovençal sera analysé en
  relation avec les accents français ou italien : le prestige de la langue, son statut d’officialité, ainsi que
  les représentations identitaires sont des facteurs décisifs et le même accent, selon les contextes, peut
  jouer un rôle stigmatisant ou devenir un élément crucial de la communication avec une fonction
  d’inclusion sociale.

  La conclusion montrera combien ces pratiques et ces représentations linguistiques sont mouvantes,
  notamment dans le cas d’un élément subtil comme l’accent, souvent imperceptible à une oreille trop
  proche ou trop éloignée, en insistant sur le rôle des chercheurs de terrain dans cette évolution constante
  et sur celui, souvent négligé, des différentes catégories de locuteurs.

  Références bibliographiques

  Dunoyer, C., Bichurina, N. (à paraître), « Linguistic practices, cultural representations and non-formal language
       transmission: the case of Francoprovençal ». Život y škola/Life and school. Didactic Challenges. Faculty of
       Education, University of Osijek (Croatie). 16-17 mai 2019. ISSN 1849-0972
  Dunoyer, C. (2019a), « Des besoins différents autour d’une forme standardisée », in Actes de la Conférence
       annuelle sur l’activité scientifique du Centre d’Etudes francoprovençales « René Willien » - Regards croisés
       sur la standardisation du francoprovençal, Saint-Nicolas, le 11 novembre 2017, Dunoyer Christiane éds.
       Aoste : Duc, p.63-73.
  Dunoyer, C. (2019b), « A propó de la revitalisachon du francoprovençal : mecanismos de comunicachon é
       transmichon de la lenga foura d’eun cadro formel » (On the revitalisation of Francoprovençal:
       communication mechanisms and non-formal language transmission), Primer Congreso Internacional sobre
       revitalizacion de lenguas indigenas y minorizadas, Universitat de Barcelona, Universitat de Vic – Universitat
       Central de Catalunya, Indiana University – Bloomington, Barcelone, 19-20 avril 2017. Transmissions.
       Estudis sobre la transmissió lingüística. Eds. Mònica Barrieras i Carla Ferrerós. Barcelona : EUMO, p.101-
       114
  Dunoyer, C. (2018a), « Vers l’émergence d’une nouvelle conscience linguistique à partir de la redécouverte de
       l’intercompréhension ». Bichurina Natalia, Christiane Dunoyer, Marinette Matthey, Manuel Meune &
       Bénédicte Pivot « Le francoprovençal : entre standardisation et intercompréhension spontanée », panel
       proposé par le Centre d’Etudes Francoprovençales. Identités, conflits et interventions sociolinguistiques,

                                                                      13
Congrès du Réseau francophone de sociolinguistique Montpellier, 14-16 juin 2017. Limoges : Lambert-
     Lucas, p.109-144
Dunoyer, C. (2018b), « Pratiques linguistiques et représentations autour de l’intercompréhension ».
     Francoprovençal: documenting a contact variety in Europe and North America. Spec. issue of International
     Journal of Sociology of Language. 249. Eds.Jonathan R. Kasstan & Naomi Nagy. De Gruyter Mouton, p.183-
     197
Dunoyer, C. (2014), «Strategie di affermazione identitaria e rappresentazioni della lingua dei nuovi locutori
     francoprovenzali », in Diémoz, F., Porcellana, V., Minoranze in mutamento. Etnicità, lingue e processi
     demografici nelle valli alpine italiane. Alessandria: Edizioni dell’Orso, p.93-104.
Dunoyer, C. (2010), Les nouveaux patoisants en Vallée d’Aoste, Aoste, Musumeci.

                                                     14
► L’accent – Investigations sur un phénomène linguistique, social et identitaire

                                          Les « problèmes d’accent » en cours de langue :
                                                     des problèmes pour qui ? pourquoi ?
                                                                                                  Myriam Dupouy*
                                                                                   *CREN-EA 2661 et au CRBC-EA 4451

  Si le sujet des accents est très présent dans les discours ordinaires, c’est encore plus vrai en situation
  d’apprentissage d’une langue : « avoir », « prendre », « perdre », « aimer » un/son accent sont autant
  d’éléments de discours qui sont familiers et a priori transposables d’une situation de classe (de langue)
  à une autre. L’enseignement/apprentissage d’une langue, ici le français pour adultes en situation de
  migration (Français langue d’intégration/d’insertion), est un domaine où les « problèmes d’accents »
  (problèmes de compréhension, de perception, de production…) sont prégnants et récurrents dans les
  discours épilinguistiques des formateurs et des apprenants aux répertoires plurilingues.

  Je propose pour cette communication de questionner le discours associant les accents à des « problèmes »
  dans la situation didactique particulière du FLI avec une approche qualitative et compréhensive. Pour ce
  faire, je m’appuierai sur ma recherche doctorale (Dupouy, 2018) et mes expériences professionnelles et
  expliciterai pourquoi les accents sont des notions protéiformes qui débordent du cadre linguistique et qui,
  étudiés et analysés en tant que concepts socio-linguistiques (Gasquet-Cyrus, 2010) peuvent participer à la
  compréhension des enjeux d’une démarche d’apprentissage du françai. Dans un contexte de migration, la
  reconfiguration des répertoires plurilingues convoque les notions d’identité, de légitimité, d’authenticité
  (autant de thématiques présentées comme étant elles aussi des « problèmes de …»).

  J’aborderai les thématiques liées à ces discours présentant les accents comme des « problèmes » en
  les catégorisant et en les rapportant à des analyses croisant sociolinguistique et didactique du FLE/S :
  vision soustractive des accents, acceptation de l’hétérogénéité, rapport à la/aux norme/s du français
  (données fondamentales et fondatrices d’un système de représentations et de fantasmes concernant
  un niveau « natif ») et mythe du non-accent (Dupouy, 2018, 2019).

  English Version

  Accents as “problems” in language classes. Why are they problems? For whom?

  Accents are frequently mentioned in ordinary discourse, something which is even more true in a language-learning
  context. “Having”, “taking up”, “losing” or “loving” an/one’s accent are really familiar elements of discourse that could
  be used and transposed from one (language) class context to another. Teaching/learning a language is a context
  in which “accent problems” (i.e. problems relating to understanding, perception, expression, etc.) are significant and
  recurrent in trainers’ and learners’ epilinguistic discourses.
  In this presentation, I will examine the case of French courses for migrant adults (labelled FLII, i.e. French as a
  Language for Social Insertion/Integration). I will question discourses that position accents as “problems” in the
  particular language-teaching context of FLII classes through a qualitative and comprehensive approach. For this
  purpose, I will develop the analysis of my doctoral research (Dupouy, 2018) and the analysis of my teaching
  experience in order to elucidate how and why accents are shape-shifting notions that go beyond language. These
  notions can be studied and analysed as sociolinguistic concepts (Gasquet-Cyrus, 2010) for a better understanding
  of the stakes in the French learning process in the context of migration. In this particular context, the reshaping of
  the multilingual repertoire deals with the notions of identity, legitimacy, and authenticity (these topics being
  themselves frequently present in everyday speech as “problems”).
  The presentation deals with the different issues linked to discourses that present accets as “problems” by categorizing
  them and linking them to analyses that bring together tools from sociolinguistics and the field of teaching French as a
  foreign language (FLE/S). Of particular interest are ideas relating to the subtractive understanding of accents, the
  acceptation of diversity/heterogeneity, relations with regard to (the) norm(s) of the French language (fundamental aspects
  that underpin the social representation – and fantasy – about reaching a “native” level in French) and the absence of
  accent as a myth (Dupouy 2018, 2019).

                                                                       15
Bio-bibliographie

Myriam Dupouy est enseignante en Didactique du FLE/S à l’Université du Mans. Elle est docteure en sciences du
langage / sociolinguistique et chercheure associée aux CREN et CRBC. Sa thèse (2018), intitulée « Dire (avec)
l'accent, représentations et attitudes liées aux accents en formation linguistique obligatoire pour adultes migrants
allophones » ainsi que ses recherches plus récentes portent sur les enjeux liés aux accents, à leurs représentations
en contexte de formation linguistique et aux constructions sociales.

Références

Dupouy, Myriam (2019), « Dire (avec) l’accent en formation linguistique obligatoire pour adultes allophones :
     l’accent comme indicateur d'identité linguistique assignée, subie ou choisie », Glottopol n° 31, Accents du
     français : approches critiques, ISSN : 1769-7425.
Dupouy, M., (2018) « Dire (avec) l'accent : représentations et attitudes liées aux accents en formation linguistique
     obligatoire pour adultes migrants allophones », Thèse de doctorat soutenue le 06 février 2018 à l’université
     de Bretagne Occidentale.

                                                         16
► L’accent – Investigations sur un phénomène linguistique, social et identitaire

                                              Quand l’accent standard n’est pas le plus facile
                                                   à comprendre – RP et accents régionaux
                                                                                              Kizzi Edensor-Costille*
                                                                    *Université de Caen Normandie, CRISCO, (EA 4255), France

   Certains accents sont plus faciles à comprendre que d'autres (Major et al., 2005). Les apprenants
   d'anglais qui se rendent dans un pays anglophone sont inévitablement confrontés à des accents autres
   que l’accent standard (Received Pronunciation – RP) qu'ils ont généralement appris dans leur pays.
   Cependant, il semble toujours normal pour la plupart des linguistes de supposer que les apprenants
   comprendront plus facilement l’accent standard que les autres accents régionaux, ethniques ou même
   internationaux. Cette hypothèse est de plus en plus remise en question, tout comme le statut de l'accent
   RP. Certains linguistes suggèrent que ce dernier est encore plus difficile à comprendre et à acquérir
   que les autres accents (Wells, 1982 ; Foulkes, P. et Docherty, G., 1999 ; Jenkins, 1998). Mais il a fallu
   attendre les années 2000 pour que l’intelligibilité de l’accent RP commencent à être testé de manière
   empirique.

   Les expériences de compréhension ont conclu que la RP n'est pas la plus facile à comprendre (Hanson
   et Ikeno, 2007, Fraser Gupta 2005, Edensor, 2010). L'étude de Hanson et Ikeno (2007) et d'Edensor
   (2010) a montré que l'accent de Cardiff était plus facile à comprendre que l'accent RP proche
   (Cambridge). Afin de tester ces résultats, une expérience de compréhension a été mise en place à l’aide
   de Lancelot (dans PERCEVAL - logiciels d'évaluation perceptive développés au Laboratoire Parole et
   Langage). L’expérience consistait à demander à un groupe d’apprenants d’anglais francophones à
   écrire orthographiquement 27 phrases extraites du corpus IViE (Intonational Variation in English). Le
   passage lu du corpus IViE a été utilisé dans cette étude, avec un total de neuf échantillons provenant
   de Cambridge (proche RP), Londres (Jamaïcain), Liverpool, Leeds, Bradford (Pendjabi), Cardiff,
   Newcastle, Belfast et Malahide.

   Les résultats montrent que le nombre d’erreurs étaient le plus bas dans l’accent de Cardiff, et ensuite
   dans l’accent de Cambridge (proche RP). Ces résultats confirment ceux des autres études, mais est-
   ce que pour autant ils remettent en question la place de l’accent RP comme modèle et standard dans
   l’enseignement ?

   English Version

   When the standard accent is not the easiest to understand - RP and regional accents

   Some accents are easier to understand than others (Major et al., 2005). English language learners travelling to an
   English-speaking country inevitably encounter accents other than the standard accent (RP) they have generally
   learned in their home country. However, it still seems normal for most linguists to assume that learners will
   understand the standard accent more easily than other regional, ethnic or even international accents. This
   assumption is increasingly being questioned, as is the status of the RP accent. Some linguists suggest that the
   latter is even more difficult to understand and acquire than other accents (Wells, 1982; Foulkes, P. & Docherty, G.,
   1999; Jenkins, 1998). However, it was not until the 2000s that the intelligibility of the RP accent began to be tested
   empirically.
   Comprehension experiments have concluded that RP is not the easiest to understand (Hanson and Ikeno 2007,
   Fraser Gupta 2005, Edensor 2010). The study by Hanson and Ikeno (2007) and Edensor (2010) showed that the
   Cardiff accent was easier to understand than the near RP accent (Cambridge). To test these results further, a
   comprehension experiment was set up using Lancelot (in Perceval Package: a Computer-Driven System for
   Experimentation on Auditory and Visual Perception developed by Laboratoire Parole et Langage). The experiment
   consisted in asking a group of French-speaking English learners to write down 27 sentences from the IViE corpus
   (Intonational Variation in English). The read passage from the IViE corpus was used in this study, with a total of
   nine samples from Cambridge (near RP), London (Jamaican), Liverpool, Leeds, Bradford (Punjabi), Cardiff,
   Newcastle, Belfast and Malahide.

                                                                        17
The results show that the number of errors was lowest in the Cardiff accent, and then in the Cambridge (near RP)
accent. These results confirm those of the other studies, but do they call into question the place of the RP accent
as a model and standard in teaching?

Bio-bibliographie

Kizzi Edensor-Costille est Maitre de Conférence à l’université de Caen, Normandie où elle enseigne au
département de l’Anglais et Sciences du Langage. Elle a fait sa thèse au Laboratoire Parole et Langage à Aix en
Provence et s’est spécialisée dans les accents régionaux au Royaume-Uni et en Irlande. De sa thèse est également
né un intérêt pour l’apprentissage de l’anglais L2, notamment au niveau de la perception et la prononciation.

Bibliographie (non-exhaustive)

Edensor, K. (2010) L’influence des accents régionaux sur la compréhension de l’anglais britannique contemporain
       chez les sujets francophones. Doctoral Dissertation Université de Provence - Aix-Marseille I.
Fraser Gupta, A. (2005) Inter-accent and inter-cultural intelligibility: a study of listeners in Singapore and Britain. In
       Deterding, D. Brown, A. & Low, E.L. (eds). English in Singapore: Phonetic research on a corpus. Singapore:
       McGraw-Hill Education, 138-152.
Floccia, C., Goslin, J., Girard, F., & Konopczynski, G. (2006) Does a regional accent perturb speech processing?
       Human Perception and Performance. Journal of Experimental Psychology: Human Perception, 32, 1276-
       1293.
Foulkes, P., Docherty, G. (1999) Urban Voices: Accent Studies in the British Isles, Londres: Arnold, 328 pp.
JENKINS, J. (1998) Which pronunciation norms and models for English as an International Language? ELT Journal,
       52(2), 119-126.
Ikeno, A., Hansen, J. (2006) Perceptual recognition cues in native English accent variation: listener accent,
       perceived accent, and comprehension, in Proceedings of the IEEE International Conference on Acoustics,
       Speech and Signal Processing (ICASSP ’06), 1, 401–404.
Ikeno, A., Hansen, J. (2007) The Effect of Listener Accent Background on Accent Perception and Comprehension.
       EURASIP        Journal     on    Audio,    Speech,     and       Music     Processing,      Article  ID   76030.
       http://www.hindawi.com/GetArticle.aspx?doi=10.1155/2007/76030
Major, R.C., Fitzmaurice, S. M., Bunta, F., Balasubramanian, C. (2005) Testing the effects of regional, ethnic, and
       international dialects of English on listening comprehension. Language Learning 55 (1), 37-69.
Perceval, Laboratoire Parole et Langage, CNRS. Université de Provence, UMR6057, Aix-en-Provence, France,
       URL http://aune.lpl.univ-aix.fr/~lpldev/perceval/index.hml
Pisoni, D.B., Remez, R.E. (eds). (2007) The Handbook of Speech Perception. Malden, Blackwell Publications.
Shaw, J., Best, C., Docherty, G.J., Evans, B., Foulkes, P., Hay, J. & Mulak, K. (2019) An information theoretic
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Wells, J.C., (1982) Accents of English, 1&2. Cambridge, Cambridge University Press.

                                                           18
► L’accent – Investigations sur un phénomène linguistique, social et identitaire

                                               L’accent-identité, un facteur de hiérarchisation
                                                                         des variétés dominées
                                                                Fatima-Zohra Grine*, Abdelouahid Khenifer**
                                                                                           *Université Sétif 2, Algérie
                                                                                    **Université de Laghouat, Algérie

   Introduction

   Au-delà de leur fonction fondamentale, les concepts de diglossies enchâssées (Calvet) et de complexus
   diglossique (Canut) attestent de l’insuffisance de la notion de diglossie (Fergusson) à décrire le
   phénomène de contact des langues. En effet, les rapports de forces qui existent dans un marché
   linguistique ne peuvent se résumer à la configuration langue dominante (High) vs langues dominées
   (Low) ; les relations conflictuelles inter-langues ne se limitent pas à l’opposition langue valorisée vs
   langue dévalorisée. Une description plus minutieuse de la réalité des rapports de force entre les
   différentes langues en contact rendrait compte plutôt : 1- des rapports de force verticaux marqués par
   des interactions langue dominante/langues dominées ; 2- des rapports de force horizontaux marqués
   par des interactions langue dominée/langue dominée.

   Développement

   L’idée que nous comptons développer dans ce cadre se fonde sur une hypothèse de hiérarchisation
   des variétés dominées qui serait perceptible à travers les attitudes linguistiques des locuteurs. En fait,
   nous avançons que les rapports de force horizontaux donnent lieu à une situation conflictuelle propice
   à l’émergence, chez le locuteur de la variété dominée, d’une propension à (auto-)valoriser/(auto-)
   dévaloriser sa propre variété et/ou la variété de l’autre. Les facteurs responsables de la hiérarchisation
   des langues dominées seraient le capitale symbolique (Bourdieu) dont jouissent certaines variétés
   dominées par rapports à d’autres ; les représentations des locuteurs des variétés dominées vis-à-vis de
   leur variété et/ou de la variété de l’autre. Les notions d’accent (dans son acception sociolinguistique) et
   d’identité pourraient très bien constituer un matériau conceptuel approprié à faire la lumière sur la
   question de la hiérarchisation des variétés dominées. Dans ce cadre d’hypothèse, nous proposerons
   d’observer l’exemple de la variété laghouatie (variété de l’arabe classique (la langue dominante)) qui se
   distingue par la variante /‫غ‬/ (gh - /R/) vélaire sonore en /‫ق‬/ (q) palatale emphatique (coup de glotte).
   Nous pensons en fait que cette variante, considérée comme un accent-identité de toute une région,
   serait à l’origine d’une attitude d’auto-dévalorisation de la variété laghouatie par ses propres locuteurs.
   Cette attitude d’auto-dévalorisation de la variété laghouatie serait accompagnée d’une attitude de
   valorisation d’une autre variété en contact (la variété algéroise). Autrement dit, les attitudes linguistiques
   des locuteurs laghouatis, vis-à-vis de leur accent-identité, seraient responsables de l’enclenchement de
   tout un processus de hiérarchisation des variétés dominées en contact.

   Pour réaliser cette réflexion et mettre la lumière sur les hypothèses qu’elle implique, nous comptons
   adopter une approche purement sociolinguistique (comparative aussi) qui s’illustrera dans deux activités
   de terrain qui s’effectueront auprès de la société estudiantine de Laghouat. La première activité
   consistera à enregistrer des locuteurs de la variété laghouatie afin de mettre en exergue et/ou de donner
   une idée sur ce que nous qualifions dans notre réflexion d’accent-identité. La seconde activité sera une
   enquête par questionnaire qui aura pour objectif d’interroger les représentations des locuteurs de la
   variété laghouatie sur les supposées auto-dévalorisations de leur accent-identité/valorisation de
   l’accent-identité algérois et hiérarchisation des deux variétés.

   Conclusion

   Les résultats auxquels aboutira cette étude nous permettront d’apporter un petit éclairage sur la question
   des rapports de force entre les langues dominées. Ces résultats sont très importants dans la mesure où ils
   peuvent ouvrir la voie sur de nouvelles perspectives très prometteuses qui pourraient se solder par la

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proposition d’un nouveau schéma descriptif de la configuration des rapports de force entre les langues en
contact (autre que ceux de diglossie, de diglossies enchâssées et de complexus diglossique).

English Version

Accent-identity as a factor in the hierarchy of dominated varieties

Introduction
Beyond their fundamental function, the concepts of embedded diglossia (Calvet) and diglostic complexus (Canut) affirm
the inadequacy of the notion of diglossia (Fergusson) to describe the phenomenon of language contact. Indeed, the
power relationships that exist in a linguistic marketplace cannot be summed up in the configuration of High language vs.
Low languages; i.e. the conflictual inter-language relationships are not restricted to the opposition of valued language vs.
devalued language. A thorough description of the reality of power relationships between the different languages in contact
would rather give an account of: 1- Vertical power relationships marked by dominant language/dominated languages
interactions; 2- Horizontal power relationships marked by dominated language / dominated language interactions.

Body
The idea that we intend to develop in this framework is based on the hypothesis of a hierarchy of dominated varieties
that would be perceptible through the speakers’ linguistic attitudes. In fact, we argue that horizontal power
relationships are a fertile ground for the emergence of a conflictual situation within the speaker in the sense that
speakers of the dominated variety will have a tendency to (self) appreciation/(self-)deprecation their own variety
and/or the variety of the other. Besides, the symbolic capital (Bourdieu) that some dominated varieties enjoy more
than others would be the responsible factors for the hierarchisation of the dominated languages i.e. the speakers’
representations of the dominated varieties vis-à-vis their own variety and/or the variety of the other.
The notions of accent (in its sociolinguistic sense) and identity could constitute a suitable conceptual material to
shed light on the question of the hierarchisation of dominated varieties. Within this framework, we suggest to
observe the example of the Laghouatie variety (a variety of classical Arabic (the dominant language)) which is
distinguished by the voiced palatal /‫غ‬/ (gh - /R/) in /‫ق‬/ (q) emphatic palatal (glottal stop) variant. In fact, we believe
that this variant, taken as an accent-identity of a whole region, would be at the origin of an attitude of self-
depreciation of the Laghouatie variety by its own speakers. This attitude of self-deprecation of the Laghouatie
variety would be accompanied by an attitude of appreciation of another variety in contact (the Algerois variety). In
other words, the linguistic attitudes of Laghouatis speakers towards their accent-identity would be at the onset of
any process of prioritizing the dominated varieties in contact.
To carry out this reflection, we intend to adopt a purely sociolinguistic approach (also comparative) which will be
illustrated in two field activities that would be carried out with students from Laghouat. The first activity will consist
in recording speakers of the Laghouatie variety in order to highlight and/or give an idea of what we refer to as
accent-identity. The second activity will be questionnaire surveys asking the speakers of the laghouatie variety
about the supposed self-depreciation of their accent-identity / appreciation of the Algerois accent-identity and
hierarchization of the two varieties.

Conclusion
The results of this study will shed some light on the question of power relationships between the dominated
languages. These results are very important insofar as they may pave the way to new and promising perspectives
which could end up with a proposal of a new descriptive schemata of the configuration of power relationships
between languages in contact (other than those of diglossia, embedded diglossia and diglostic complexus).

Bio-bibliographies

Abdelouahid KHENIFER est Maître de conférences en linguistique générale au département de langue française
de l'Université de Laghouat (Algérie) et membre du laboratoire « Environnement linguistique et usages de la langue
française en Algérie : une observation quantitative ». Publications : Scripturalité et responsabilité dans le discours
rapporté : pour une exploitation des notions d’écart et de norme, 2ème colloque international sur « la sémiotique, la
didactique et la communication ». - La présupposition dans les questions totales : pour une nouvelle méthode de
caractérisation, Synergies Algérie n° 17, 2012. - Masquer le sens : un besoin ou une stratégie, Agora n° 5, 2019.

Fatima-Zohra GRINE est doctorante en sciences du langage au département de langue française de l’Université
Sétif 2 (Algérie) et membre du laboratoire « Approches pragmatiques et stratégies de discours », elle s’intéresse à
la sociolinguistique, à l’analyse du discours et travaille sur le parler Laghouati.

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