L'ACCES A LA NATURE DANS LA REGION DU BALATON

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L'ACCES A LA NATURE DANS LA REGION DU BALATON
L’ACCES A LA NATURE DANS LA REGION DU BALATON
         Etat des lieux et perspectives de partenariat

                          RESUME

         « Mission réalisée par les élèves de l’ENGREF
avec l’appui de la fondation d’entreprise Gaz de France et de la
        Fédération Française de Randonnée Pédestre »

                                              Rapport de mission
                                                  18-26 juin 2002
L'ACCES A LA NATURE DANS LA REGION DU BALATON
Note de synthèse

L’objet de notre mission consistait à faire une première identification des actions de
partenariat que la fondation d’entreprise « gaz de France » d’une part, et « la fédération
française de randonnée pédestre » d’autre part pouvaient amorcer ou développer en Hongrie,
et plus particulièrement autour du Lac Balaton.

Nos analyses et conclusions s’appuient sur le fruit des entretiens réalisés à Budapest et auprès
d’acteurs présents sur le site lui-même. Elles s’appuient également sur les observations ou
relevés de terrain qui ont pu être réalisés, et, chaque fois qu’elle a pu être dépouillée, sur une
bibliographie spécialisée.

Avant de formuler des recommandations d’actions relatives au partenariat, il nous paraît
essentiel de dessiner le paysage dans lequel ces actions pourront voir le jour. Et dans ce cadre,
quatre éclairages nous paraissent déterminants, au niveau national et régional :
- en premier lieu, nous souhaitons donner un aperçu de l’organisation institutionnelle
    hongroise et des effets de sa recomposition actuelle sur la manière dont sont prises en
    charge les questions relatives au développement local et à l’environnement
- Ensuite, il nous paraît important de revenir sur ce qui fait la caractéristique des milieux
    naturels de la région du Balaton, sur les enjeux qui les affectent actuellement et sur l’état
    et les moyens de leur gestion.
- Le tourisme étant l’activité structurante de la région, notre travail se propose d’en analyser
    la dynamique de développement, en relation en particulier avec les enjeux
    d’environnement et les pratiques de nature.
- L’ensemble de ces contributions, nous permet enfin de repositionner l’activité de
    randonnée pédestre, dans son contexte institutionnel, dans la situation actuelle de l’offre
    touristique, et dans son organisation au niveau des différents espaces naturels de la région
    du Balaton.

C’est chacun de ces points que nous reprenons dans la suite de la présente note. Le lecteur
pourra se reporter pour plus de détail au rapport complet.

1. Une organisation institutionnelle complexe et encore confuse.

Superposition de niveaux de collectivités, concurrence dans les attributions et jeunesse des
institutions caractérisent la situation hongroise.

Jusqu’en 1990, la Hongrie est dotée d’un dispositif institutionnel fortement centralisé. Deux
niveaux de collectivité existent : les communes (au nombre de 3200) et les comtés
(l’équivalent de nos « départements », au nombre de 19). Le poids de l’administration
nationale reste déterminant dans les décisions qui concernent les domaines auxquels nous
nous intéressons ici (développement économique, tourisme, environnement). L’administration
d’Etat présente des niveaux déconcentrés, localisés en général au niveau des
« départements ». Mais cette structuration territoriale souffre de nombreuses exceptions, ce
qui n’est pas sans créer des cloisonnements et des problèmes de coordination. Ainsi les
compétences de protection de la nature sont exercées à l’échelle de 9 régions de protection de
la nature (structurées autour des parcs nationaux), alors que les autres compétences
d’environnement sont gérées sur 12 régions, définies en fonction des bassins versants.

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A partir de 1990, le changement de régime va avoir pour effet de transférer une grande part
des compétences et des moyens nécessaires à leur exercice (au travers d’une fiscalité propre)
aux communes (et aux assemblées municipales). L’Etat et les départements perdent une partie
de leurs prérogatives.

L’engagement de la Hongrie dans les démarches de pré adhésion va l’entraîner à partir de
1996 dans un processus de reconfiguration territoriale par voie législative. Cette
réorganisation, anticipant sur la reprise de l’acquis communautaire, obéit simultanément à un
souci de plus grande efficacité des politiques de développement régional. Le niveau
communal n’est effectivement pas le plus adapté.
Ce processus présente un double aspect. En premier lieu, la délimitation de nouveaux
échelons territoriaux. Vont être définies ainsi à un extrême 200 micro-régions, base des
programmes de développement financés par l’Etat, et à l’autre extrême, 7 régions de
développement (regroupant chacune 2 à 3 départements). En second lieu, la mise en place à
chaque niveau territorial d’une nouvelle forme de gouvernance, « le conseil de
développement », constitué d’élus et de représentants de l’administration. Les conseils de
développement ont en charge l’attribution des crédits qui leur sont transférés par l’Union et
par l’Etat.

A la multiplication des niveaux de décision, s’ajoutent les problèmes de recouvrement de
compétences. Ainsi, par exemple, à côté de l’action de l’assemblée départementale, se
superpose celle du conseil de département. De même, aux 7 régions de programme se
surajoutent deux régions de programmation spéciales dites d’intérêt national : Budapest et la
région du Lac Balaton. Enfin au flou des compétences des niveaux territoriaux, s’ajoutent les
a coups d’une intense et permanente restructuration des niveaux ministériels (par exemple,
dans les domaines de l’aménagement du territoire ou de l’environnement).

Complexité des circuits de financement public, généralisation des procédures « d’appels à
projets » dans le cadre de l’attribution des subventions européennes ou des soutiens d’Etat
créent un climat favorable à la forte politisation de l’attribution des crédits.

2. Un patrimoine naturel riche, mais soumis à de fortes pressions

A l’image de la Hongrie, soumise à l’influence des climats continental, océanique, et
subtropical, la région du Balaton présente des milieux naturels et paysagers divers et riches :
Roselières, chênaies pubescentes de versants, chênaies sessiles mésophiles à fougère de
Trieste, prairies et vignes. [cf. cartes n° 1a p. 4 et 1b p. 5] Cinq sites naturels exceptionnels
structurent d’ouest en est la région. (Il s’agit du Kis Balaton, de la montagne de Keszthely,
des collines de Badacsony et Tapolca, du Bassin de Kali et de la presqu’île de Tihany – cette
dernière faisant l’objet d’un projet d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco)

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Roselière. On aperçoit un bouquet de saules caractéristiques de ces milieux humides et la
péninsule de Tihany en arrière-plan.

Paysage de vigne, typique des coteaux Nord du Lac.

Cette prairie, situé au cœur du Parc National du Haut Balaton, dans le bassin de Kali,
présente une richesse floristique remarquable. Celle-ci est entretenue grâce à des fauches
régulières.

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Les milieux naturels subissent actuellement un processus de dégradation rapide.

Les menaces qui pèsent sur les roselières sont assez nombreuses : destruction pour la
construction, aménagement de plages, morcellement pour la création de chemins d’accès,
assèchement, drainage pour l’agriculture. La bordure Sud du Lac a vu d’ores et déjà
disparaître la quasi-totalité de cette zone humide.

Destruction d’une roselière. Un ponton a été aménagé pour accéder à la rive, puis une partie
de la roselière a été arrachée pour installer un petit embarcadère.

Cohabitation des diverses activités pratiquées sur le lac : pêche, voile, pédalo, baignade…
On remarque une fois de plus que la roselière a été fortement endommagée.

Les pelouses sont soumises également à de fortes dégradations : surfréquentation touristique
générant de l’érosion dans certains sites ; mais aussi, après abandon de l’agriculture, évolution
vers des formations arborescentes (forêts de chênes sèches) voire plantations de pins noirs.
La Presqu’île de Tihany est particulièrement touchée.

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Envahissement d’une pelouse sèche par des buissons (Presqu’île de Tihany).

Cette tendance régressive a plusieurs origines.

En premier lieu, aux yeux des acteurs nationaux et locaux, les enjeux sur les milieux naturels
s’effacent devant la priorité que constitue le maintien de la qualité de l’eau du Lac. Le
tourisme dépend principalement de la baignade et des activités nautiques (il y a 22 terminaux
de croisière, 1000 ports de plaisance et 30 ports de compétitions nautiques sur les rives du
Balaton), et il dicte donc ses priorités.

En second lieu, la Hongrie privilégie encore, en matière de protection de la nature, une vision
de type « sanctuarisation ». Les Parcs nationaux, dont les Parcs du Kis Balaton et le Parc du
Haut Balaton, constituent le « cœur » du dispositif de préservation des espèces et habitats.
Avec une double conséquence : des rapports très conflictuels avec les populations vivant à
l’intérieur des périmètres de Parcs d’une part ; et une action qui se limite à ces seuls
périmètres.

Tableau 1/ Sites protégés dans la région du Balaton.

    NATURE DU SITE              NOM – LOCALISATION          DIMENSION – CARACTERISTIQUES
Parc National               Balaton-felvidéki               56 682 ha, plusieurs entités
Zones de protection         NEANT                           NEANT
du paysage
Zones de préservation
de la nature
                            Balatonkenese          Crambe   3 ha
                            Association
                            Balatonfüred                    761 ha - Forêts
                            Tapolca                         3 ha, grottes
                            Lac d’Hévíz                     28 ha, lac d'eau thermale chaude
                            Parc du château de Kesthely     8 ha
                            Prairie de Látrány              207 ha, prairies sur loess
                            Nagyberek Fehérevíz             1 537 ha, ancienne baie du Balaton,
                                                            maintenant zone humide

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Enfin, héritage sans doute de la période communiste et des modes de gestion pratiqués à
l’époque, le « concernement » et la mobilisation des acteurs restent ténus. Soutenu dans le
cadre d’une action de mécénat privé (Tétrapak), les propositions formulées dans le cadre d’un
projet de plan de gestion pour les zones naturelles n’ont eu à ce jour aucun écho.

3. Un tourisme qui doit s’interroger sur sa durabilité.

Si Budapest en est sans doute le cœur, le Lac Balaton quant à lui est sûrement le poumon de
l’activité touristique hongroise. Avec près d’un million de touristes recensés chaque année
dans les multiples structures d’accueil implantées sur les rives et l’arrière pays, et une capacité
d’hébergement de 104000 lits, la région du Balaton représente 32% des nuitées, 36% de la
capacité d’hébergement du pays et contribue à la seconde activité économique excédentaire
du pays. [carte n°2, p. 10].

Terre ancienne de tourisme (le thermalisme d’Héviz se développe avec l’arrivée du chemin de
fer en 1861), la région du Balaton valorise aujourd’hui à la fois sa spécificité balnéaire [carte
n°3, p. 11] et la qualité naturelle et culturelle de son site [carte n°4, p. 12].

La région du Balaton est inscrite dans une trajectoire continue de croissance de l’offre
touristique. Le Plan gouvernemental Szécheny (programme décennal de développement et de
relance économique) confirme cette tendance, et lui attribue 40% des moyens destinés au
tourisme (404 millions de HUF)

Les actions inscrites au plan Széchenyi sont à la fois ambitieuses et diverses.

Les accès au Lac Balaton [carte n°5, p. 13] doivent être améliorés. L’autoroute M7 qui relie
Budapest à Zamardi, au sud est du Lac, doit être prolongée au Nord et au sud, de manière à
proposer une liaison directe avec l’Autriche. Le plan prévoit la construction de deux
aérodromes supplémentaires (qui s’ajouteront aux plates-formes de Siofok et Zalavar).

Les équipements touristiques doivent être également considérablement renforcés :
développement d’un centre de conférences à Keszthely, agrandissement des équipements
thermaux à Heviz, Tapolca et Balatonszemes, rénovation du patrimoine culturel et de
plusieurs monuments historiques, réalisation d’une piste cyclable autour du lac,
réaménagement de plages et de ports de plaisance.

Le plan prend en charge certaines préoccupations relatives à l’environnement : soutien à
l’amélioration de la qualité de l’eau, et actions ponctuelles de protection sur le presqu’île de
Tihany.

Ce développement attendu du tourisme n’est pas sans interroger sur sa durabilité. Il paraît
manifeste que les acteurs locaux ont encore de la peine à sortir des schémas de pensée
traditionnels, fondés sur un tourisme de masse, valorisant la périphérie du lac et négligeant
l’arrière pays.

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Les berges du lac ont bien souvent été totalement artificialisées pour permettre d’accueillir
des touristes plus nombreux. La photo a été prise sur une plage d’accès libre.

4. Une pratique de la randonnée ancrée culturellement, mais en crise.

La randonnée pédestre a été une activité fortement pratiquée et fortement soutenue sous le
régime communiste. Chaque région, mais également chaque entreprise abritait en son sein une
section de l’association MSTZ (association des amis de la Nature).

En dépit d’un capital de sympathie intact dans la population, la pratique de la randonnée
pédestre diminue fortement. Elle semble connaître à ce titre une évolution inverse de la
randonnée cycliste qui, quoique peu soutenue, se développe

La randonnée pédestre recule, faute de moyens.

la disparition des soutiens réguliers et automatiques de l’Etat, après 1990, constitue une
rupture majeure, dont les effets sont triples :

Exsangue sur le plan financier, le milieu associatif n’assure plus le même niveau de service
que par le passé. Moins moteur, il est donc moins attractif. De 120.000 adhérents, la
fédération nationale des « amis de la Nature » n’en compte aujourd’hui plus que 40.000. Au
niveau du Comté de Veszprem, l’érosion est davantage accentuée : il y a 1.500 licenciés, là
où, 12 ans auparavant, on en comptait 6.000. De plus, au travers du croisement de plusieurs
témoignages, il ressort que les associations locales au mieux s’ignorent, au pire se mènent une
concurrence pour l’obtention des subventions régionales, dans le cadre des appels à projets.
Ainsi le Comté de Veszprem ne compte pas moins de 14 associations affiliées à la fédération
des « amis de la nature » sans qu’aucun partage territorial n’ait été effectué entre elles. La
Fédération nationale semble relativement impuissante à ce niveau.

Deuxième effet du retrait de l’Etat, la dégradation de la signalétique. Le dispositif de
marquage, harmonisé au plan national, est largement défaillant. Au niveau des sentiers de
petite randonnée, seuls les itinéraires les plus courts (marquage bleu) font aujourd’hui l’objet
d’un entretien à peu près régulier par les associations locales. Le précédent gouvernement a
toutefois rétabli le principe d’un soutien à ce type de travaux (là aussi sous forme de
procédures d’appels à projets)
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Ce panneau est l’un des rares qui balise les chemins de
            randonnées autour du lac Balaton. Il met en évidence les
            codes utilisés : la couleur (bleu, rouge, vert, jaune) et le
            signe (croix, triangle…).]

On trouve beaucoup de chemins de randonnée au nord du lac (ici près de
Balatonalmadi)celui-ci, ils ne sont pas toujours balisés.

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Troisième effet du retrait financier de l’Etat : la désorganisation du système de « maisons à
clés ». Véritable réseau de gîtes d’étapes, dont le coût d’accès pour les adhérents des « amis
de la Nature » était modique, il a été totalement démembré depuis 1990. Les bâtiments ont été
vendus. Certaines associations locales (comme c’est le cas de l’association du comté de
Veszprem) se sont portées acquéreurs de quelques lieux seulement, et les frais d’entretien
grèvent lourdement leurs budgets.

A côté des maisons à clé, il existe bien sûr un dispositif de gîtes ruraux. Une fédération
nationale veille à structurer et labelliser l’offre de ce type d’hébergement (il existe un système
de qualification des prestations, identifié par l’attribution de « tournesols » équivalent des
« épis » français – du reste, le système français semble avoir largement inspiré les acteurs
hongrois).

Dans le cadre du plan Széchenyi, un appui substantiel est apporté à la création de lits dans les
gîtes – ou à l’amélioration de la qualité de l’offre - (subventions d’équipement jusqu’à hauteur
de 5 mio de HUF, résultat non imposable tant que le CA n’excède pas 400 000 HUF).
Toutefois, l’offre reste réduite (30.000 lits au niveau national) et le nombre d’établissement
est stable dans la région du Balaton depuis plusieurs années. On en recense aujourd’hui
environ 300 dans le comté de Veszprem. Par ailleurs, des initiatives du type « rando-plume »,
bien que connues des partenaires hongrois, n’existent absolument pas.

Le retrait de l’Etat (qui n’est pas un abandon, puisque des financements pour des projets sont
toujours possibles) a incité les associations à diversifier leurs partenariats. Dans la région du
Balaton, quelques entreprises locales (chimie, en particulier) apportent parfois des soutiens
aux actions des « amis de la Nature ».

                         Structure des recettes de l'association MTSZ
                                    du Comté de Veszprem
                                                                       Total : 3 Mio HUF

                                                                       soutiens publics (état, région,
                                                                       comtés, communes)

                                                                       Soutiens privés

                                                                       cotisations / contributions
                                                                       d'hébergement

Source : Laszlo Szilagyi, - MTSZ Veszprém – com. Pers.

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La régression de la randonnée pédestre tient également aux bouleversements du régime de
propriété, qui conditionne l’accès aux espaces naturels.

D’une manière générale, d’abord, la privatisation des terres, engagées rapidement à partir de
1990, a entraîné une fragmentation des sentiers entre plusieurs propriétaires. Bien que les lois
agricoles obligent les nouveaux titulaires à maintenir le passage sur les chemins existants,
nombre d’entre eux font preuve de réticences.

Dans le cas du Balaton, cette situation restrictive est amplifiée du fait, d’une part de la
présence d’un Parc National (Propriétaire de la majeure partie des terres dans les Parcs, l’Etat
y définit des règles strictes : les visites sont ainsi rigoureusement interdites sur les parties
centrales du Kis Balaton, et très rigoureusement encadrées sur un grand nombre d’autres
sites), et d’autre part d’une appropriation privative totale des bordures du Lac.

Le plan de développement du Balaton a inscrit dans ses objectifs l’obligation de constituer des
aires de promenade dans chaque commune, et a fixé à l’Etat de reprendre en propriété propre
une frange côtière sur une profondeur de 100 mètres. Dans l’état actuel, et compte tenu de nos
observations, rien n’assure que ces objectifs seront atteints.

Ces panneaux interdisent l’accès à la propriété privée située en arrière-plan. L’ancien
chemin de randonnée est désormais inaccessible.

L’accès au lac est souvent interdit par la présence de propriétés privées clôturées.
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Cette photo très cocasse résume à elle seule les
                    problèmes d’accès au lac générés par la multiplication
                    des propriétés privées. Ici, le propriétaire a interdit
                    l’accès au lac en plaçant son siège au milieu du chemin
                    avec une pancarte interdisant l’accès.

Enfin le redémarrage d’une pratique de la randonnée pédestre ne peut plus se contenter du
caractère confidentiel de ses supports promotionnels. L’accès aux topo-guides reste en règle
générale réservé aux seuls adhérents des amis de la nature, l’association assurant l’édition et
la diffusion interne des informations. Il est donc difficile de « toucher » des non adhérents.

5. Trois axes possibles de partenariat.

Dans le contexte que nous venons de décrire, trois axes de partenariats nous paraissent
intéressants à développer

Premier axe : développer des partenariats en vue de préserver les milieux naturels.

Protéger et surveiller les milieux naturels sensibles

Les roselières constituent un écosystème riche et sensible. Menacées par l'urbanisation, elles
méritent la mise en place de mesures de protection, car elles véhiculent d'une part une image
symbolique, et d'autre part jouent un rôle écologique important d'épuration naturelle des eaux.

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Ces mesures sont d’autant plus nécessaires que la roselière du Kis Balaton est actuellement en
voie d’extinction, pour une raison inconnue.

Un plan de protection des roselières du Balaton pourrait donc être engagé.

Plus largement, la mise en place d'un système de suivi et d'évaluation des impacts des
activités sur la qualité environnementale de la région du lac Balaton (eau du lac, forêts,
roselières …) pourrait s'avérer très utile.

Sensibiliser le public aux espaces naturels

Bien que de nombreux offices du tourisme diffusent de l'information sur les éléments
remarquables de la région à visiter, il n'existe pas de centre d'information situé près du lac
permettant de sensibiliser le public aux spécificités des milieux naturels existants.

Pour exemple, la réserve ornithologique du Kis Balaton de renommée mondiale, inscrite au
titre de la convention de RAMSAR est relativement peu connue du public: très peu de
visiteurs étrangers ou hongrois se rendent sur le site. Cela s'explique partiellement par la
faible promotion touristique du site et l'accès strictement réglementé à la réserve.

L'aménagement d'un centre d'information sur les milieux naturels (Kis Balaton, prairies
sèches …) ouvert à tous, permettrait de pallier ce manque. On pourrait imaginer une "maison
du Lac". L'objectif de ce centre étant de sensibiliser les touristes venus profiter des plages du
Balaton et de leur faire découvrir des activités diversifiées.

Un programme de sensibilisation et d’éducation aux milieux naturels et à leurs différentes
caractéristiques pourrait être mené dans les écoles par exemple.

En terme d'équipements, il pourrait se concrétiser par une projection en direct sur écran, et/ou
sur Internet, de la vie de la réserve de Kis Balaton (ou autres milieux), à l’aide de différentes
caméras disposées en plusieurs points stratégiques (étendues d'eau, nids, etc.)

Inciter à la réalisation d’une charte paysagère.

Le développement du lac Balaton ne peut se faire sans une approche paysagère permettant de
gérer, valoriser voire réhabiliter les paysages qui en font son caractère. Les diverses industries
et infrastructures existantes pourraient ainsi faire l’objet d’un programme d’intégration
paysagère. La juxtaposition des rails, de la piste cyclable goudronnée et de la route en est un
exemple. Le bâti « traditionnel », notamment dans l’arrière-pays, devrait lui aussi attirer
l’attention dans ce domaine.

Ce premier axe, et les actions qui lui sont liées, amènerait sans doute à privilégier un
partenariat avec les Parcs Nationaux, et avec les scientifiques (Académie des sciences,
Universités régionales de Veszprem ou Keszthely)

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Deuxième axe : soutenir des actions visant à diversifier et rééquilibrer géographiquement
l’offre touristique.

Il apparaît intéressant de développer des formes touristiques autres que la baignade, la pêche
et la voile, afin de prolonger la saison touristique, actuellement limitée à six - huit semaines.
A cet égard, la randonnée, le tourisme de « nature » au sens large mais aussi le tourisme
culturel (patrimoine architectural…) semblent présenter des potentiels de développement
intéressants.

Dans cette optique, une structuration de cette offre touristique variée apporterait une
importante plus-value en terme de développement. Par exemple, une "route des édifices
bénédictins" pourrait constituer le fil rouge de la découverte de l'arrière pays par les touristes,
tout en leur faisant découvrir les richesses naturelles de ces territoires (espaces remarquables,
vignes…) et l'accueil dans des gîtes ruraux.

En outre, ce genre de démarches permettrait de rééquilibrer géographiquement la promotion
touristique. A l’heure actuelle, les activités balnéaires sont dominantes, principalement
regroupées à l'est du lac. En dehors d'une bande de cinq à sept kilomètres, très peu d'activités
sont proposées à l'extérieur du lac, ce qui contribue à la concentration de la fréquentation près
des berges et à une dispersion des hébergements progressivement vers l'arrière pays.

Un tel axe pourrait privilégier des partenariats avec quelques collectivités locales, et la
fédération nationale des gîtes ruraux.

Troisième axe : contribuer à redonner un souffle nouveau à la randonnée pédestre.

Adapter l'offre de chemins de randonnée

Les chemins de randonnée sont assez nombreux mais pour la plupart dirigés
perpendiculairement au rivage, particulièrement sur la rive sud. Des circuits en boucle, plus
attractifs pour les marcheurs, pourraient être systématiquement développés. Ils permettraient
aussi d'accroître les cheminements autour du lac pour une clientèle familiale, préférant des
circuits courts pour la promenade.

Les chemins de randonnée devraient éviter au maximum les routes goudronnées.
Un aménagement doux représente la solution la plus acceptable du point de vue paysager et
environnemental, d’autant plus que le pourtour du lac est déjà très largement goudronné avec
la piste cyclable et les différentes infrastructures routières existantes.

Entretien des aménagements touristiques existants

Un entretien des chemins et panneaux de signalisation existants devrait être envisagé afin
d'améliorer la qualité des prestations et la lisibilité des accès. De même, il n'existe pas d'unité
dans les équipements signalétiques, notamment sur les rivages du lac.

Un tel axe repose évidemment sur un partenariat privilégié avec les trois fédérations
départementales des « amis de la Nature ».

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