Eclairage du mois : Les enjeux de sécurité alimentaire liés au - europa.eu

 
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Eclairage du mois :
 Les enjeux de sécurité alimentaire liés au
         changement climatique
Le réchauffement climatique est déjà en marche.         Certains pays sont déjà concernés par la multipli-
Les concentrations actuelles de gaz à effet de serre    cation des phénomènes météorologiques extrêmes
(380 ppm d’équivalent de dioxyde de carbone)            (inondations, ouragans, sécheresses) ; tel est le cas
pourraient franchir très rapidement le seuil de         des pays du Sahel. D’après les chiffres, l’Afrique
danger des 450 ppm, signifiant une hausse de la         de l’Ouest est la région où le régime pluviométri-
température d’environ 2°C. Le franchissement de         que a été le plus perturbé depuis un siècle.
ce seuil pourrait entraîner des effets irréversibles
sur les écosystèmes, les ressources en eau,             Encadré No. 1 : Les phénomènes climatiques en
l’alimentation ou encore la santé. Les pays en          Afrique de l’Ouest
développement seront les premiers touchés en            Depuis une trentaine d’années, on constate dans
raison de leur situation géographique et de la forte    les pays du Sahel une sécheresse persistante mal-
dépendance de leurs activités économiques vis-à-        gré la mousson (juin-septembre) qui est le seul
vis des conditions climatiques, ainsi que des fai-      épisode de pluie pour ces pays et donc assure la
bles capacités humaines, institutionnelles et finan-    subsistance à de nombreuses populations. Le défi-
cières dont ils disposent pour y faire face. Les        cit pluviométrique est de l’ordre de 30% ; le débit
effets du changement climatique risquent                de certains fleuves chute drastiquement comme
d’aggraver les vulnérabilités existantes (pressions     celui du fleuve du Niger qui a baissé de 60%.
démographiques, déforestation, dégradation des          Plusieurs pays tels que le Mali, le Bénin et le
terres). Compte tenu de l’ampleur du phénomène,         Niger doivent affronter un dérèglement de la
des réponses à la fois institutionnelles, techniques,   mousson. Cela nécessite d’améliorer les prévi-
économiques et juridiques doivent être mises en         sions et les impacts de ce phénomène sur les po-
place pour réduire les émissions de gaz à effet de      pulations et l’environnement.
serre et aider les populations les plus vulnérables à
                                                        Source : Revue La recherche sur le développe-
faire face aux impacts déjà observés et à venir.
                                                        ment (mars 2007)
Cet article présente les principaux enjeux pour les
pays en développement, notamment en termes de
sécurité alimentaire et les réponses à apporter pour                                      EuropeAid
réduire la vulnérabilité des populations et amélio-
rer leur résilience face aux effets négatifs des         ROSA est une initiative de :
changements climatiques.
Les pays en développement, les plus
exposés au changement climatique
Les menaces liées au changement climatique va-
rient selon les régions. Les pays situés dans les
régions tropicales ou subtropicales ainsi que dans
les régions désertiques seront davantage affectés
que ceux situés dans les latitudes plus au nord. Les
pays côtiers, et en particulier, les pays insulaires         N° 11 Novembre 2008                      FR
seront très vulnérables.

N° 11 – Novembre 2008
Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
Le changement climatique : Un ampli-                   De plus, les PED ne disposent que de peu
ficateur de vulnérabilités                             d’informations climatiques précises. Leur capacité
                                                       à observer et à comprendre les phénomènes clima-
Le changement climatique va être un facteur ag-
                                                       tiques nationaux est relativement faible.
gravant des vulnérabilités auxquelles les pays font
déjà face, qu’elles soient d’ordre économique,         Selon le rapport du GIEC, la capacité d’adaptation
environnemental, social et institutionnel (cf. enca-   aux changements climatiques varie fortement
dre No. 2). De plus, la combinaison d’une faible       d’une région à une autre. En Afrique par exemple,
croissance économique et de fortes inégalités          elle reste limitée en raison du faible PIB par habi-
rendent une grande partie de la population vulné-      tant, d’une pauvreté généralisée, d’une répartition
rable aux chocs économiques et naturels.               des terres inéquitable et du faible niveau
L’augmentation globale de la température et la         d’éducation. A cela s’ajoute l’absence de filets de
modification du régime des pluies vont avoir des       protection sociale, surtout après les mauvaises
impacts socio-économiques majeurs. Dans les            récoltes. Les stratégies individuelles mises en
zones côtières basses, la montée des eaux va sali-     œuvre pour faire face à la désertification montrent
niser les sols et pourraient rendre la plupart des     actuellement certaines limites. La dépendance à
terres cultivables improductives. Selon le rapport     l’égard de l’agriculture pluviale reste élevée. En
du Groupe intergouvernemental d’experts sur            ce qui concerne l’Asie, la capacité d’adaptation
l’évolution du climat (GIEC) publié en 2007, les       s’améliore dans certains pays, mais elle est encore
rendements agricoles vont diminuer dans les zones      entravée par des ressources limitées, des infras-
arides et tropicales. L’insécurité alimentaire, no-    tructures peu développées, les inégalités de reve-
tamment en Afrique, pourrait ainsi augmenter en        nus, des institutions faibles et une technologie
raison de la réduction des zones disponibles pour      désuète.
l’agriculture et la baisse des rendements en parti-    Quelles réponses face au changement
culier dans les zones arides. Dans certains pays,
les rendements des productions non-irriguées
                                                       climatique ?
pourraient en effet être réduits de plus de 50% en     Il existe deux types de réponses pour éviter ou
2020.                                                  limiter les dommages liés au changement climati-
                                                       que. L’atténuation regroupe l’ensemble des acti-
Encadré No. 2 : Des vulnérabilités structurelles       vités visant à limiter les concentrations à gaz à
Vulnérabilité économique : Les économies des           effet de serre qui vont déterminer l’ampleur et le
pays en développement (PED) sont généralement          rythme des changements climatiques. Les efforts
peu diversifiées et tournées vers le secteur pri-      d’atténuation doivent venir en premier lieu des
maire. Ce secteur, basé sur l’exploitation des res-    pays développés, qui sont les plus grands émet-
sources naturelles et l’utilisation des terres, est    teurs. Ce constat est reconnu dans la Convention
donc très dépendant des conditions climatiques.        sur le changement climatique et le Protocole de
Vulnérabilité environnementale : Les PED sont          Kyoto (cf. plus bas). Pour les PED, et en particu-
exposés à des pressions environnementales (dé-         lier les pays émergents, il s’agit de suivre une
gradation des sols, surexploitation des ressources)    trajectoire de développement sobre en carbone et
en raison notamment de leur forte croissance dé-       en énergie. Cette transition suppose néanmoins un
mographique, de faibles moyens humains et tech-        appui financier et des transferts de technologie.
niques en matière de gestion des ressources natu-      Ces questions occupent une place centrale dans les
relles, et des conditions climatiques actuelles.       négociations internationales sur le changement
Vulnérabilité sociale : Les populations des PED        climatique, mais aussi dans les relations entre les
souffrent de mauvaises conditions d’hygiène, de la     pays développés et leurs partenaires du Sud.
propagation de certaines maladies et leurs infras-     L’adaptation consiste à diminuer l’impact de la
tructures sanitaires sont déficientes. De plus, le     variabilité climatique actuelle et future sur les
faible niveau d’éducation des populations les plus     écosystèmes et sur les hommes. Il s’agit de mettre
pauvres peut parmi d’autres facteurs, limiter leur     en place des mesures préventives ou ex post, afin
capacité à développer de nouvelles pratiques de        d’améliorer la résilience des populations face aux
production ou diversifier leurs sources de revenus     effets négatifs des changements climatiques. Un
en cas de choc climatique.                             des principaux enjeux repose sur la capacité
Vulnérabilité institutionnelle : Les PED dispo-        d’anticipation de ces phénomènes afin d’ajuster
sent de peu d’institutions en mesure de répondre à     les politiques, les choix techniques, les infrastruc-
des bouleversements économiques, sociaux ou            tures et l’aménagement du territoire pour les adap-
environnementaux qui pourraient avoir lieu avec        ter aux risques climatiques accrus. La question de
le changement climatique. Des réglementations          l’adaptation prend une place de plus en plus im-
environnementales et des mesures d’adaptation          portante dans les discussions internationales. Elle
seront plus difficiles à mettre en place.              revêt une importance majeure pour les PED, no-

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tamment les PMA. L’adaptation est étroitement           toujours de prendre tout engagement de réduction
liée au niveau de développement des pays (exis-         d’émissions. Le régime multilatéral doit donc
tence et application de politiques publiques en         évoluer de façon à prendre en compte ce nouveau
termes      de     santé,      d’eau,    l’existence    contexte.
d’infrastructures de base,...). D’où la difficulté de   Dans cette perspective, les pays développés et les
séparer l’adaptation du développement.                  PED ont accepté lors de la 13e Conférence des
De la nécessité d’adapter et de consoli-                Parties à la Convention sur le changement clima-
der le régime multilatéral                              tique (Bali, décembre 2007), de négocier un nou-
                                                        vel accord sur le régime multilatéral après 2012. Il
Limiter le réchauffement climatique implique des        devra être signé d’ici la fin 2009. Du 1er au 12
efforts considérables pour réduire les émissions        décembre prochains, la Communauté internatio-
tout en augmentant les moyens pour l’adaptation         nale se retrouve à Poznan (Pologne) pour la 14e
des pays et populations les plus vulnérables. Des       Conférence des Parties. Il s’agit d’un rendez-vous
instruments ont été mis progressivement en place        clé, non seulement pour faire le point sur la mise
à travers la Convention-cadre des Nations Unies et      en œuvre de la Convention et du Protocole, mais
le Protocole de Kyoto (cf. encadré No. 3). Cer-         également pour poser les jalons du futur accord
tains de ces instruments concernent spécifique-         sur le climat après 2012.
ment les PED, notamment le mécanisme de déve-
loppement propre, ou les différents fonds pour          Une approche à plusieurs niveaux
financer des projets de réduction des émissions, de     La prise en compte du changement climatique
transfert de technologies, ou d’adaptation.             nécessite une approche à plusieurs niveaux en
                                                        raison des liens qui existent entre l’atténuation,
Encadré No. 3 : Le cadre multilatéral de lutte          l’adaptation et le développement. Les mesures
contre le changement climatique                         d’atténuation et d’adaptation ont des impacts sur
La Convention-cadre des Nations Unies sur les           les activités de développement et inversement. En
changements climatiques est entrée en vigueur           effet, des actions de développement qui ne sont
en 1994. La Convention a pour objectif de stabili-      pas directement liées au climat peuvent avoir des
ser la concentration des gaz à effet de serre afin      conséquences (positives ou négatives) sur la ré-
d’éviter d’importants bouleversements climatiques       duction des émissions et sur l’adaptation. En ce
dans un « délai suffisant pour que les écosystèmes      qui concerne l’adaptation, des politiques de réduc-
puissent s’adapter naturellement aux changements        tion de la pauvreté axées sur l’éducation, la santé,
climatiques, que la production alimentaire ne soit      la nutrition permettront indirectement de réduire la
pas menacée et que le développement économique          vulnérabilité des populations et d’augmenter leur
puisse se poursuivre de manière durable ». Elle         résilience au changement climatique. Bien que
reconnaît le principe de « responsabilités commu-       l’adaptation des populations aux conditions clima-
nes mais différenciées » entre les pays développés      tiques ne soit pas nouvelle, l’intégration du risque
et les PED. Cette Convention a posé les bases           d’une variabilité climatique accrue doit être prise
d’un régime multilatéral de lutte contre le chan-       en compte dans les stratégies, les politiques et les
gement climatique, mais ne contient aucun objec-        projets de développement.
tif chiffré.
                                                        En outre, alors que l’atténuation revêt une dimen-
Le Protocole de Kyoto a été adopté en décembre
                                                        sion globale, les impacts du changement climati-
1997, après plus de deux ans de négociations. Il
                                                        que seront ressentis fortement au niveau local,
est adossé à la Convention. A travers ce Protocole,
                                                        dans les zones rurales et urbaines. Les institutions
les pays industrialisés ont accepté de réduire leurs
                                                        locales ont par conséquent un rôle fort à jouer en
émissions de gaz à effet de serre avec des enga-
                                                        matière d’adaptation. D’où la nécessité de mener
gements chiffrés, entre 2008 et 2012. Le Protocole
                                                        un travail de compréhension des mécanismes de
de Kyoto est entré en vigueur en février 2005.
                                                        réduction des vulnérabilités et d’adaptation au
Parmi les pays développés, seuls les Etats-Unis
                                                        changement climatique.
(responsables d’un quart des émissions de CO2
dans le monde) ne sont pas Parties du Protocole.        Cet article a été rédigé avec la collaboration d’Anne
                                                        Chetaille, chargée d’études au Gret
Depuis l’adoption de la Convention sur le chan-
gement climatique et du Protocole de Kyoto, le          Pour en savoir plus :
contexte a changé. Certains pays émergents –tels        GIEC, Climate change. Synthesis report, 4th assessment
que la Chine, l’Inde et le Brésil– sont devenus         report 2007.
d’importants émetteurs de gaz à effet de serre au       Stéphanie Margot et Anne Chetaille, Le développement
niveau mondial. La participation accrue de ces          à l’épreuve du changement climatique, avril 2007.
pays dans le régime multilatéral devient un enjeu       Anne Chetaille, De l’urgence climatique à une réponse
majeur. Parallèlement, les Etats-Unis refusent          politique forte, une route sinueuse, janvier 2008.

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Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
Point sur la situation                                                              Afrique Australe -
                                                                                          Mozambique
alimentaire et nutritionnelle
 Des progrès remarquables depuis la fin de                        La production agricole se concentre dans le Nord.
 la guerre civile                                                 L’insuffisance des moyens de transport et leur
 Depuis 1992, le Mozambique a réalisé                             coût élevé constituent néanmoins un obstacle
 d’importants progrès en matière de développe-                    pour l’acheminement des produits vers les zones
 ment économique et de réduction de la pauvreté.                  déficitaires. Les liaisons Sud-Nord, nécessaires à
 Le pays a enregistré une croissance de 8% en                     une véritable intégration du pays, restent insuffi-
 moyenne entre 2000 et 2006, une des meilleures                   santes. Les surplus de productions du Nord sont
 performances d’Afrique Subsaharienne. Cette                      généralement exportés dans les pays voisins tan-
 évolution s’explique principalement par la forte                 dis que le Sud importe une partie de ses denrées
 expansion des investissements étrangers et le                    alimentaires de l'Afrique du Sud.
 soutien massif des bailleurs de fonds internatio-                Les taux de malnutrition sont très élevés. En
 naux1. Le taux de croissance s’est légèrement                    effet, plus de 40% des enfants souffrent de mal-
 ralenti depuis 2007, en raison de l’augmentation                 nutrition chronique. Un rapport établi récemment
 des cours du pétrole et d’un repli des exportations              par la Banque Mondiale4 fait apparaître un « pa-
 non traditionnelles.                                             radoxe nutritionnel » : tandis que la consomma-
                                                                  tion a gagné en volume dans l’ensemble du pays,
 Le Mozambique reste encore un des pays les plus                  la malnutrition chronique ne s’est pas atténuée et
 pauvres du monde. Mais la pauvreté a considéra-                  s’est même aggravée dans certaines zones (pro-
 blement diminué lors de la dernière décennie. Le                 vinces de Zambèze, Sofala, Inhambane, Gaza et
 taux de pauvreté absolue est passé de 69% en                     Maputo). Les taux de malnutrition aiguë restent
 1996/97 à 54% en 2002/03. Les données issues                     cependant à un niveau relativement faible dans
 d’enquêtes auprès des ménages qui permettraient                  l'ensemble du pays.
 une mise à jour des taux de pauvreté depuis 2003
 ne sont pas disponibles. Cependant, selon une                    Ces problèmes sont exacerbés par la forte inci-
 étude menée par l’université Eduardo Mondlane                    dence du VIH/SIDA, les mauvaises habitudes
 en 2006, le rythme du recul de la pauvreté serait                alimentaires et le faible accès aux services de
 en train de ralentir, avec des disparités importan-              base (santé, eau potable et assainissement). En
 tes selon les régions2.                                          2004, le taux de prévalence du VIH/SIDA était
                                                                  évalué à 16% de la population adulte, un niveau
 Des obstacles majeurs subsistent                                 très élevé que le Ministère de la Santé estime
 En dépit de progrès substantiels en termes de                    presque inchangé depuis.
 réduction de la pauvreté, le pays est confronté à
 des obstacles majeurs. La population principale-                 Encadré No. 1 : Interface entre VIH/SIDA et
 ment rurale (à raison de 80%) et l’économie, qui                 sécurité alimentaire
 est essentiellement agricole (le secteur représente              Les relations entre le VIH/SIDA et la sécurité
 30% du PIB et 80% des exportations), sont parti-                 alimentaire sont à double sens : le VIH/SIDA est
 culièrement vulnérables aux catastrophes natu-                   à la fois un facteur déterminant et une consé-
 relles (cyclones, inondations et sécheresses) qui                quence de l’insécurité alimentaire.
 frappent régulièrement le pays.                                  Le retentissement du VIH/SIDA sur la sécurité
                                                                  alimentaire se fait sentir à court et à long terme.
 Depuis 1992, la production céréalière a plus que
                                                                  L’épidémie entraîne l’appauvrissement des mé-
 doublé. Mais le Mozambique reste dépendant des
                                                                  nages par : la perte de main-d'œuvre pour
 importations pour satisfaire les besoins de
                                                                  l’agriculture et d’autres activités rémunératrices ;
 consommation, surtout dans les régions du Centre
                                                                  l’augmentation des dépenses de santé ; une moin-
 et du Sud du pays3.
                                                                  dre capacité à s’occuper des enfants et des autres
                                                                  personnes vulnérables ; l’érosion des actifs.
 1
   En 2008, l’aide publique au développement a financé plus de
 50% des dépenses de l’Etat. Le volume des dons devrait se
 comprimer à moyen terme, d’où l’urgence de mobiliser des
 recettes fiscales supplémentaires (BAfD/OCDE, 2008).
 2
   Les taux de pauvreté se sont accrus dans la ville et la pro-   des importations/exportations en provenance des pays voisins
 vince de Maputo. Ils sont exacerbés par la récente crise des     (circuit informel) qui ont considérablement augmenté au cours
 prix des denrées alimentaires.                                   des dernières années.
 3                                                                4
   Les importations représentent encore environ 20% de la           Banque Mondiale, Beating the odds: Sustaining inclusion in
 consommation nationale. Ces chiffres ne tiennent pas compte      a growing economy, 2007.

 N° 11 – Novembre 2008
 Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
Le SIDA exacerbe aussi la vulnérabilité à long                      En ce qui concerne la province du Zambèze, la
terme du fait de son impact systémique sur les                      problématique demeure complexe. Cette province
structures et les institutions sociales et économi-                 a été moins touchée par des chocs climatiques
ques des pays gravement touchés.                                    (malgré des inondations dans quelques districts
Le VIH/SIDA vient s’ajouter aux multiples fac-                      de la vallée du Zambèze). Le niveau de produc-
teurs déterminant la sécurité alimentaire. Il est                   tion est relativement élevé avec un fort potentiel
essentiel donc de réagir en favorisant la sécurité                  agricole. Néanmoins, les indicateurs sociaux
alimentaire et en associant des actions à court et à                demeurent faibles avec une prévalence de la pau-
long terme.                                                         vreté de 45%, un taux de malnutrition chronique
Source : Texte adapté de la FAO (2003                               de 41% et une prévalence du VIH/SIDA de 19%.
                                                                    Dans la province de Maputo, environ la moitié de
Evaluation de la situation alimentaire et                           la population se trouve dans une situation
nutritionnelle en 2007/2008                                         d’insécurité alimentaire. Les principaux facteurs
                                                                    sont les pluies irrégulières qui ont affecté la pro-
Depuis fin 2007, le Mozambique a été frappé par                     duction agricole lors des cinq dernières années,
plusieurs catastrophes naturelles : la crue du                      l’absence de sources alternatives de revenu et les
fleuve Zambèze et des rivières Pongue, Buzi et                      prix relativement hauts de produits alimentaires.
Save ; le cyclone Favio qui a affecté les zones
côtières des provinces de Nampula et Zambèze ;                        Graphique No. 1 : Les niveaux d’insécurité
et, des déficits pluviométriques dans la région du                           alimentaire par province
Centre et du Sud. La hausse des prix alimentaires
et la pénurie d’eau, particulièrement dans la partie
Sud du pays, ont aggravé la situation d’insécurité
alimentaire. Une étude effectuée par la Banque
Mondiale (mai 2008) montre que les zones agri-
coles du Nord ont été moins affectées par la mon-
tée des prix car l’autoconsommation reste prédo-
minante pour les aliments de base.
En avril-mai 2008, le SETSAN (Secrétariat Tech-
nique pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition)
a réalisé une évaluation de la vulnérabilité ali-
mentaire et nutritionnelle. Ainsi, près d’un tiers
des ménages mozambicains se trouvent en situa-                      Source : SETSAN, mai 2008
tion d’insécurité alimentaire chronique. Cela
                                                                    Malgré des avancées significatives, la situation
reflète, dans une large mesure, les niveaux de
                                                                    demeure précaire. Dans son dernier rapport, le
pauvreté       et   les    problèmes    structurels
                                                                    SETSAN a formulé plusieurs recommandations
d’accessibilité aux aliments5. Les régions les plus
                                                                    pour la mise en œuvre de mesures destinées à
touchées sont le Zambèze (35,6%), Tete (34,6%),
                                                                    réduire efficacement l’insécurité alimentaire
Maputo (34,4%) et Inhambane (29,5%), comme
                                                                    chronique. Parmi elles, on note le renforcement
l’illustre le graphique No. 1.
                                                                    des mécanismes de protection sociale visant les
Les provinces d'Inhambane et de Tete ont été                        groupes cibles (femmes cheffes de familles, les
touchées par plusieurs catastrophes naturelles lors                 personnes âgées, les familles vulnérables et les
des dix dernières années. Cela a considérable-                      malades du SIDA) et la diversification des sour-
ment réduit la capacité des ménages à faire face                    ces de revenu.
aux chocs externes. A cela s’ajoute les problèmes
de pauvreté, la faible production agro-pastorale,                   Cet article a été rédigé avec l’appui de la Délé-
et la forte prévalence du VIH/SIDA6.                                gation de la CE au Mozambique
                                                                    Pour en savoir plus:
5
   L’insécurité alimentaire chronique reflète une incapacité
                                                                    Fews Net/USAID, Mozambique food security
persistant à accéder à de la nourriture adéquate et nutritive.      update, octobre 2008.
L’insécurité alimentaire aiguë est liée à un manque temporaire      SETSAN, Relatorio da Monitoria da Segurança
d’aliments ; elle est associée à des chocs tels que les sécheres-   Alimentar e Nutricional em Moçambique, mai
ses, les inondations, la hausse des prix alimentai-
res,…(SETSAN).                                                      2008.
6
  La forte prévalence du VIH/SIDA est en grande partie liée à       ODI, Food security options in Mozambique: one
la migration de la main d’œuvre vers les mines en Afrique du        country, two words?, novembre 2004.
Sud et au Zimbabwe.

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Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
Brèves internationales

24ème réunion annuelle du Réseau                       La politique agricole régionale de
de Prévention des Crises Alimen-                       l’Afrique de l’Ouest
taires (RPCA)                                          La Présidence de la Commission de la CEDEAO
                                                       et la Présidence française de l’Union Européenne,
La 24ème Réunion annuelle du RPCA, accueillie
                                                       en concertation avec la CE et la Banque Mon-
par les autorités sénégalaises, s’est déroulée du 25
                                                       diale, organisent un séminaire à Paris, le 9 dé-
au 28 novembre derniers. Le Réseau s’est réunit
                                                       cembre prochain.
une fois par an en séance plénière, afin de préve-
nir d’éventuelles crises alimentaires dans le Sahel    Cette réunion doit permettre de partager une
notamment en tirant la sonnette d'alarme assez tôt     vision commune entre la région et la communauté
pour la mise en place d'une réponse appropriée et      internationale sur les enjeux agricoles et alimen-
en temps opportun. Il permet à des experts et des      taire en Afrique de l’Ouest et sur la façon de les
cadres d'organisations régionales ou internationa-     traiter, de discuter de la mise en œuvre de
les, des ONG, des représentants des bailleurs de       l’ECOWAP et de proposer un calendrier et une
fonds de dresser le bilan de la campagne agricole      méthode de travail permettant aux bailleurs de
en cours et de débattre, en fonction de l’actualité,   concrétiser leur appui à la mise en œuvre de
de certains sujets d’intérêt commun, notamment         l’ECOWAP. Plus précisément, il s’agira de :
politiques et stratégiques. Cette année le thème
central a été « le rôle et l'importance du marché         questionner la convergence des politiques
dans la sécurité alimentaire au Sahel et en Afri-          des Etats membres de la CEDEAO avec les
que de l’Ouest ».                                          orientations de l’ECOWAP, en écho aux me-
                                                           sures d'urgence prises par certains des Etats
Des discussions sur la situation pour la campagne          au niveau des échanges, du stockage et de la
2008/2009, il ressort que pour le moment la dis-           relance de la production ;
ponibilité alimentaire est globalement satisfai-          engager une réflexion entre la région et la
sante dans toute la région. Les marchés sont bien          communauté internationale sur un nombre
approvisionnés (à l’exception de quelques po-              limité d'instruments d’intervention au niveau
ches). Toutefois, les prix des céréales locales bien       régional ;
qu’en baisse depuis le début des récoltes, sont           interroger l’expérience d’organisations éco-
encore à un niveau supérieur à la moyenne sai-             nomiques régionales qui ont une certaine an-
sonnière notamment pour le riz, malgré une ten-            tériorité dans la mise en œuvre pratique de
dance à la baisse au niveau mondial. Ce niveau             politiques agricoles, comme l'Europe ;
élevé des prix, peut être considéré comme une             assurer que la cohérence de l’appui aux diffé-
opportunité pour les producteurs, mais faute de            rentes initiatives régionales : programmes
mesures adéquates, il est probable qu’à ce stade,          d’investissements nationaux et régionaux,
ce soient les commerçants qui en bénéficient le            programmes de relance de la production
plus (car disposant d’infrastructures de stockage,         agricole, offensive régionale, programmes
à la différence des producteurs qui en outre ont           économiques          régionaux,      mesures
des besoins de liquidités immédiats). Néanmoins,           d’accompagnement des APE, offre d’accès
il constitue une contrainte pour les consomma-             aux marchés et Tarif extérieur commun.
teurs pauvres aussi bien en milieux urbain que
rural.

  Ce bulletin a été rédigé par l’équipe du GRET chargée de l’animation du ROSA (Réseau opéra-
  tionnel de sécurité alimentaire). C’est une initiative de EuropeAid E6 (appui thématique sécurité
  alimentaire, développement rural et environnement) en collaboration avec EuropeAid G4 (forma-
  tion et gestion des connaissances). Les points de vue exposés ne représentent en aucun cas le
  point de vue officiel de la Commission européenne.

N° 11 – Novembre 2008
Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
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