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Eclairage du mois : Les enjeux de sécurité alimentaire liés au changement climatique Le réchauffement climatique est déjà en marche. Certains pays sont déjà concernés par la multipli- Les concentrations actuelles de gaz à effet de serre cation des phénomènes météorologiques extrêmes (380 ppm d’équivalent de dioxyde de carbone) (inondations, ouragans, sécheresses) ; tel est le cas pourraient franchir très rapidement le seuil de des pays du Sahel. D’après les chiffres, l’Afrique danger des 450 ppm, signifiant une hausse de la de l’Ouest est la région où le régime pluviométri- température d’environ 2°C. Le franchissement de que a été le plus perturbé depuis un siècle. ce seuil pourrait entraîner des effets irréversibles sur les écosystèmes, les ressources en eau, Encadré No. 1 : Les phénomènes climatiques en l’alimentation ou encore la santé. Les pays en Afrique de l’Ouest développement seront les premiers touchés en Depuis une trentaine d’années, on constate dans raison de leur situation géographique et de la forte les pays du Sahel une sécheresse persistante mal- dépendance de leurs activités économiques vis-à- gré la mousson (juin-septembre) qui est le seul vis des conditions climatiques, ainsi que des fai- épisode de pluie pour ces pays et donc assure la bles capacités humaines, institutionnelles et finan- subsistance à de nombreuses populations. Le défi- cières dont ils disposent pour y faire face. Les cit pluviométrique est de l’ordre de 30% ; le débit effets du changement climatique risquent de certains fleuves chute drastiquement comme d’aggraver les vulnérabilités existantes (pressions celui du fleuve du Niger qui a baissé de 60%. démographiques, déforestation, dégradation des Plusieurs pays tels que le Mali, le Bénin et le terres). Compte tenu de l’ampleur du phénomène, Niger doivent affronter un dérèglement de la des réponses à la fois institutionnelles, techniques, mousson. Cela nécessite d’améliorer les prévi- économiques et juridiques doivent être mises en sions et les impacts de ce phénomène sur les po- place pour réduire les émissions de gaz à effet de pulations et l’environnement. serre et aider les populations les plus vulnérables à Source : Revue La recherche sur le développe- faire face aux impacts déjà observés et à venir. ment (mars 2007) Cet article présente les principaux enjeux pour les pays en développement, notamment en termes de sécurité alimentaire et les réponses à apporter pour EuropeAid réduire la vulnérabilité des populations et amélio- rer leur résilience face aux effets négatifs des ROSA est une initiative de : changements climatiques. Les pays en développement, les plus exposés au changement climatique Les menaces liées au changement climatique va- rient selon les régions. Les pays situés dans les régions tropicales ou subtropicales ainsi que dans les régions désertiques seront davantage affectés que ceux situés dans les latitudes plus au nord. Les pays côtiers, et en particulier, les pays insulaires N° 11 Novembre 2008 FR seront très vulnérables. N° 11 – Novembre 2008 Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
Le changement climatique : Un ampli- De plus, les PED ne disposent que de peu ficateur de vulnérabilités d’informations climatiques précises. Leur capacité à observer et à comprendre les phénomènes clima- Le changement climatique va être un facteur ag- tiques nationaux est relativement faible. gravant des vulnérabilités auxquelles les pays font déjà face, qu’elles soient d’ordre économique, Selon le rapport du GIEC, la capacité d’adaptation environnemental, social et institutionnel (cf. enca- aux changements climatiques varie fortement dre No. 2). De plus, la combinaison d’une faible d’une région à une autre. En Afrique par exemple, croissance économique et de fortes inégalités elle reste limitée en raison du faible PIB par habi- rendent une grande partie de la population vulné- tant, d’une pauvreté généralisée, d’une répartition rable aux chocs économiques et naturels. des terres inéquitable et du faible niveau L’augmentation globale de la température et la d’éducation. A cela s’ajoute l’absence de filets de modification du régime des pluies vont avoir des protection sociale, surtout après les mauvaises impacts socio-économiques majeurs. Dans les récoltes. Les stratégies individuelles mises en zones côtières basses, la montée des eaux va sali- œuvre pour faire face à la désertification montrent niser les sols et pourraient rendre la plupart des actuellement certaines limites. La dépendance à terres cultivables improductives. Selon le rapport l’égard de l’agriculture pluviale reste élevée. En du Groupe intergouvernemental d’experts sur ce qui concerne l’Asie, la capacité d’adaptation l’évolution du climat (GIEC) publié en 2007, les s’améliore dans certains pays, mais elle est encore rendements agricoles vont diminuer dans les zones entravée par des ressources limitées, des infras- arides et tropicales. L’insécurité alimentaire, no- tructures peu développées, les inégalités de reve- tamment en Afrique, pourrait ainsi augmenter en nus, des institutions faibles et une technologie raison de la réduction des zones disponibles pour désuète. l’agriculture et la baisse des rendements en parti- Quelles réponses face au changement culier dans les zones arides. Dans certains pays, les rendements des productions non-irriguées climatique ? pourraient en effet être réduits de plus de 50% en Il existe deux types de réponses pour éviter ou 2020. limiter les dommages liés au changement climati- que. L’atténuation regroupe l’ensemble des acti- Encadré No. 2 : Des vulnérabilités structurelles vités visant à limiter les concentrations à gaz à Vulnérabilité économique : Les économies des effet de serre qui vont déterminer l’ampleur et le pays en développement (PED) sont généralement rythme des changements climatiques. Les efforts peu diversifiées et tournées vers le secteur pri- d’atténuation doivent venir en premier lieu des maire. Ce secteur, basé sur l’exploitation des res- pays développés, qui sont les plus grands émet- sources naturelles et l’utilisation des terres, est teurs. Ce constat est reconnu dans la Convention donc très dépendant des conditions climatiques. sur le changement climatique et le Protocole de Vulnérabilité environnementale : Les PED sont Kyoto (cf. plus bas). Pour les PED, et en particu- exposés à des pressions environnementales (dé- lier les pays émergents, il s’agit de suivre une gradation des sols, surexploitation des ressources) trajectoire de développement sobre en carbone et en raison notamment de leur forte croissance dé- en énergie. Cette transition suppose néanmoins un mographique, de faibles moyens humains et tech- appui financier et des transferts de technologie. niques en matière de gestion des ressources natu- Ces questions occupent une place centrale dans les relles, et des conditions climatiques actuelles. négociations internationales sur le changement Vulnérabilité sociale : Les populations des PED climatique, mais aussi dans les relations entre les souffrent de mauvaises conditions d’hygiène, de la pays développés et leurs partenaires du Sud. propagation de certaines maladies et leurs infras- L’adaptation consiste à diminuer l’impact de la tructures sanitaires sont déficientes. De plus, le variabilité climatique actuelle et future sur les faible niveau d’éducation des populations les plus écosystèmes et sur les hommes. Il s’agit de mettre pauvres peut parmi d’autres facteurs, limiter leur en place des mesures préventives ou ex post, afin capacité à développer de nouvelles pratiques de d’améliorer la résilience des populations face aux production ou diversifier leurs sources de revenus effets négatifs des changements climatiques. Un en cas de choc climatique. des principaux enjeux repose sur la capacité Vulnérabilité institutionnelle : Les PED dispo- d’anticipation de ces phénomènes afin d’ajuster sent de peu d’institutions en mesure de répondre à les politiques, les choix techniques, les infrastruc- des bouleversements économiques, sociaux ou tures et l’aménagement du territoire pour les adap- environnementaux qui pourraient avoir lieu avec ter aux risques climatiques accrus. La question de le changement climatique. Des réglementations l’adaptation prend une place de plus en plus im- environnementales et des mesures d’adaptation portante dans les discussions internationales. Elle seront plus difficiles à mettre en place. revêt une importance majeure pour les PED, no- N° 11 – Novembre 2008 Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
tamment les PMA. L’adaptation est étroitement toujours de prendre tout engagement de réduction liée au niveau de développement des pays (exis- d’émissions. Le régime multilatéral doit donc tence et application de politiques publiques en évoluer de façon à prendre en compte ce nouveau termes de santé, d’eau, l’existence contexte. d’infrastructures de base,...). D’où la difficulté de Dans cette perspective, les pays développés et les séparer l’adaptation du développement. PED ont accepté lors de la 13e Conférence des De la nécessité d’adapter et de consoli- Parties à la Convention sur le changement clima- der le régime multilatéral tique (Bali, décembre 2007), de négocier un nou- vel accord sur le régime multilatéral après 2012. Il Limiter le réchauffement climatique implique des devra être signé d’ici la fin 2009. Du 1er au 12 efforts considérables pour réduire les émissions décembre prochains, la Communauté internatio- tout en augmentant les moyens pour l’adaptation nale se retrouve à Poznan (Pologne) pour la 14e des pays et populations les plus vulnérables. Des Conférence des Parties. Il s’agit d’un rendez-vous instruments ont été mis progressivement en place clé, non seulement pour faire le point sur la mise à travers la Convention-cadre des Nations Unies et en œuvre de la Convention et du Protocole, mais le Protocole de Kyoto (cf. encadré No. 3). Cer- également pour poser les jalons du futur accord tains de ces instruments concernent spécifique- sur le climat après 2012. ment les PED, notamment le mécanisme de déve- loppement propre, ou les différents fonds pour Une approche à plusieurs niveaux financer des projets de réduction des émissions, de La prise en compte du changement climatique transfert de technologies, ou d’adaptation. nécessite une approche à plusieurs niveaux en raison des liens qui existent entre l’atténuation, Encadré No. 3 : Le cadre multilatéral de lutte l’adaptation et le développement. Les mesures contre le changement climatique d’atténuation et d’adaptation ont des impacts sur La Convention-cadre des Nations Unies sur les les activités de développement et inversement. En changements climatiques est entrée en vigueur effet, des actions de développement qui ne sont en 1994. La Convention a pour objectif de stabili- pas directement liées au climat peuvent avoir des ser la concentration des gaz à effet de serre afin conséquences (positives ou négatives) sur la ré- d’éviter d’importants bouleversements climatiques duction des émissions et sur l’adaptation. En ce dans un « délai suffisant pour que les écosystèmes qui concerne l’adaptation, des politiques de réduc- puissent s’adapter naturellement aux changements tion de la pauvreté axées sur l’éducation, la santé, climatiques, que la production alimentaire ne soit la nutrition permettront indirectement de réduire la pas menacée et que le développement économique vulnérabilité des populations et d’augmenter leur puisse se poursuivre de manière durable ». Elle résilience au changement climatique. Bien que reconnaît le principe de « responsabilités commu- l’adaptation des populations aux conditions clima- nes mais différenciées » entre les pays développés tiques ne soit pas nouvelle, l’intégration du risque et les PED. Cette Convention a posé les bases d’une variabilité climatique accrue doit être prise d’un régime multilatéral de lutte contre le chan- en compte dans les stratégies, les politiques et les gement climatique, mais ne contient aucun objec- projets de développement. tif chiffré. En outre, alors que l’atténuation revêt une dimen- Le Protocole de Kyoto a été adopté en décembre sion globale, les impacts du changement climati- 1997, après plus de deux ans de négociations. Il que seront ressentis fortement au niveau local, est adossé à la Convention. A travers ce Protocole, dans les zones rurales et urbaines. Les institutions les pays industrialisés ont accepté de réduire leurs locales ont par conséquent un rôle fort à jouer en émissions de gaz à effet de serre avec des enga- matière d’adaptation. D’où la nécessité de mener gements chiffrés, entre 2008 et 2012. Le Protocole un travail de compréhension des mécanismes de de Kyoto est entré en vigueur en février 2005. réduction des vulnérabilités et d’adaptation au Parmi les pays développés, seuls les Etats-Unis changement climatique. (responsables d’un quart des émissions de CO2 dans le monde) ne sont pas Parties du Protocole. Cet article a été rédigé avec la collaboration d’Anne Chetaille, chargée d’études au Gret Depuis l’adoption de la Convention sur le chan- gement climatique et du Protocole de Kyoto, le Pour en savoir plus : contexte a changé. Certains pays émergents –tels GIEC, Climate change. Synthesis report, 4th assessment que la Chine, l’Inde et le Brésil– sont devenus report 2007. d’importants émetteurs de gaz à effet de serre au Stéphanie Margot et Anne Chetaille, Le développement niveau mondial. La participation accrue de ces à l’épreuve du changement climatique, avril 2007. pays dans le régime multilatéral devient un enjeu Anne Chetaille, De l’urgence climatique à une réponse majeur. Parallèlement, les Etats-Unis refusent politique forte, une route sinueuse, janvier 2008. N° 11 – Novembre 2008 Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
Point sur la situation Afrique Australe - Mozambique alimentaire et nutritionnelle Des progrès remarquables depuis la fin de La production agricole se concentre dans le Nord. la guerre civile L’insuffisance des moyens de transport et leur Depuis 1992, le Mozambique a réalisé coût élevé constituent néanmoins un obstacle d’importants progrès en matière de développe- pour l’acheminement des produits vers les zones ment économique et de réduction de la pauvreté. déficitaires. Les liaisons Sud-Nord, nécessaires à Le pays a enregistré une croissance de 8% en une véritable intégration du pays, restent insuffi- moyenne entre 2000 et 2006, une des meilleures santes. Les surplus de productions du Nord sont performances d’Afrique Subsaharienne. Cette généralement exportés dans les pays voisins tan- évolution s’explique principalement par la forte dis que le Sud importe une partie de ses denrées expansion des investissements étrangers et le alimentaires de l'Afrique du Sud. soutien massif des bailleurs de fonds internatio- Les taux de malnutrition sont très élevés. En naux1. Le taux de croissance s’est légèrement effet, plus de 40% des enfants souffrent de mal- ralenti depuis 2007, en raison de l’augmentation nutrition chronique. Un rapport établi récemment des cours du pétrole et d’un repli des exportations par la Banque Mondiale4 fait apparaître un « pa- non traditionnelles. radoxe nutritionnel » : tandis que la consomma- tion a gagné en volume dans l’ensemble du pays, Le Mozambique reste encore un des pays les plus la malnutrition chronique ne s’est pas atténuée et pauvres du monde. Mais la pauvreté a considéra- s’est même aggravée dans certaines zones (pro- blement diminué lors de la dernière décennie. Le vinces de Zambèze, Sofala, Inhambane, Gaza et taux de pauvreté absolue est passé de 69% en Maputo). Les taux de malnutrition aiguë restent 1996/97 à 54% en 2002/03. Les données issues cependant à un niveau relativement faible dans d’enquêtes auprès des ménages qui permettraient l'ensemble du pays. une mise à jour des taux de pauvreté depuis 2003 ne sont pas disponibles. Cependant, selon une Ces problèmes sont exacerbés par la forte inci- étude menée par l’université Eduardo Mondlane dence du VIH/SIDA, les mauvaises habitudes en 2006, le rythme du recul de la pauvreté serait alimentaires et le faible accès aux services de en train de ralentir, avec des disparités importan- base (santé, eau potable et assainissement). En tes selon les régions2. 2004, le taux de prévalence du VIH/SIDA était évalué à 16% de la population adulte, un niveau Des obstacles majeurs subsistent très élevé que le Ministère de la Santé estime En dépit de progrès substantiels en termes de presque inchangé depuis. réduction de la pauvreté, le pays est confronté à des obstacles majeurs. La population principale- Encadré No. 1 : Interface entre VIH/SIDA et ment rurale (à raison de 80%) et l’économie, qui sécurité alimentaire est essentiellement agricole (le secteur représente Les relations entre le VIH/SIDA et la sécurité 30% du PIB et 80% des exportations), sont parti- alimentaire sont à double sens : le VIH/SIDA est culièrement vulnérables aux catastrophes natu- à la fois un facteur déterminant et une consé- relles (cyclones, inondations et sécheresses) qui quence de l’insécurité alimentaire. frappent régulièrement le pays. Le retentissement du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire se fait sentir à court et à long terme. Depuis 1992, la production céréalière a plus que L’épidémie entraîne l’appauvrissement des mé- doublé. Mais le Mozambique reste dépendant des nages par : la perte de main-d'œuvre pour importations pour satisfaire les besoins de l’agriculture et d’autres activités rémunératrices ; consommation, surtout dans les régions du Centre l’augmentation des dépenses de santé ; une moin- et du Sud du pays3. dre capacité à s’occuper des enfants et des autres personnes vulnérables ; l’érosion des actifs. 1 En 2008, l’aide publique au développement a financé plus de 50% des dépenses de l’Etat. Le volume des dons devrait se comprimer à moyen terme, d’où l’urgence de mobiliser des recettes fiscales supplémentaires (BAfD/OCDE, 2008). 2 Les taux de pauvreté se sont accrus dans la ville et la pro- des importations/exportations en provenance des pays voisins vince de Maputo. Ils sont exacerbés par la récente crise des (circuit informel) qui ont considérablement augmenté au cours prix des denrées alimentaires. des dernières années. 3 4 Les importations représentent encore environ 20% de la Banque Mondiale, Beating the odds: Sustaining inclusion in consommation nationale. Ces chiffres ne tiennent pas compte a growing economy, 2007. N° 11 – Novembre 2008 Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
Le SIDA exacerbe aussi la vulnérabilité à long En ce qui concerne la province du Zambèze, la terme du fait de son impact systémique sur les problématique demeure complexe. Cette province structures et les institutions sociales et économi- a été moins touchée par des chocs climatiques ques des pays gravement touchés. (malgré des inondations dans quelques districts Le VIH/SIDA vient s’ajouter aux multiples fac- de la vallée du Zambèze). Le niveau de produc- teurs déterminant la sécurité alimentaire. Il est tion est relativement élevé avec un fort potentiel essentiel donc de réagir en favorisant la sécurité agricole. Néanmoins, les indicateurs sociaux alimentaire et en associant des actions à court et à demeurent faibles avec une prévalence de la pau- long terme. vreté de 45%, un taux de malnutrition chronique Source : Texte adapté de la FAO (2003 de 41% et une prévalence du VIH/SIDA de 19%. Dans la province de Maputo, environ la moitié de Evaluation de la situation alimentaire et la population se trouve dans une situation nutritionnelle en 2007/2008 d’insécurité alimentaire. Les principaux facteurs sont les pluies irrégulières qui ont affecté la pro- Depuis fin 2007, le Mozambique a été frappé par duction agricole lors des cinq dernières années, plusieurs catastrophes naturelles : la crue du l’absence de sources alternatives de revenu et les fleuve Zambèze et des rivières Pongue, Buzi et prix relativement hauts de produits alimentaires. Save ; le cyclone Favio qui a affecté les zones côtières des provinces de Nampula et Zambèze ; Graphique No. 1 : Les niveaux d’insécurité et, des déficits pluviométriques dans la région du alimentaire par province Centre et du Sud. La hausse des prix alimentaires et la pénurie d’eau, particulièrement dans la partie Sud du pays, ont aggravé la situation d’insécurité alimentaire. Une étude effectuée par la Banque Mondiale (mai 2008) montre que les zones agri- coles du Nord ont été moins affectées par la mon- tée des prix car l’autoconsommation reste prédo- minante pour les aliments de base. En avril-mai 2008, le SETSAN (Secrétariat Tech- nique pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition) a réalisé une évaluation de la vulnérabilité ali- mentaire et nutritionnelle. Ainsi, près d’un tiers des ménages mozambicains se trouvent en situa- Source : SETSAN, mai 2008 tion d’insécurité alimentaire chronique. Cela Malgré des avancées significatives, la situation reflète, dans une large mesure, les niveaux de demeure précaire. Dans son dernier rapport, le pauvreté et les problèmes structurels SETSAN a formulé plusieurs recommandations d’accessibilité aux aliments5. Les régions les plus pour la mise en œuvre de mesures destinées à touchées sont le Zambèze (35,6%), Tete (34,6%), réduire efficacement l’insécurité alimentaire Maputo (34,4%) et Inhambane (29,5%), comme chronique. Parmi elles, on note le renforcement l’illustre le graphique No. 1. des mécanismes de protection sociale visant les Les provinces d'Inhambane et de Tete ont été groupes cibles (femmes cheffes de familles, les touchées par plusieurs catastrophes naturelles lors personnes âgées, les familles vulnérables et les des dix dernières années. Cela a considérable- malades du SIDA) et la diversification des sour- ment réduit la capacité des ménages à faire face ces de revenu. aux chocs externes. A cela s’ajoute les problèmes de pauvreté, la faible production agro-pastorale, Cet article a été rédigé avec l’appui de la Délé- et la forte prévalence du VIH/SIDA6. gation de la CE au Mozambique Pour en savoir plus: 5 L’insécurité alimentaire chronique reflète une incapacité Fews Net/USAID, Mozambique food security persistant à accéder à de la nourriture adéquate et nutritive. update, octobre 2008. L’insécurité alimentaire aiguë est liée à un manque temporaire SETSAN, Relatorio da Monitoria da Segurança d’aliments ; elle est associée à des chocs tels que les sécheres- Alimentar e Nutricional em Moçambique, mai ses, les inondations, la hausse des prix alimentai- res,…(SETSAN). 2008. 6 La forte prévalence du VIH/SIDA est en grande partie liée à ODI, Food security options in Mozambique: one la migration de la main d’œuvre vers les mines en Afrique du country, two words?, novembre 2004. Sud et au Zimbabwe. N° 11 – Novembre 2008 Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
Brèves internationales 24ème réunion annuelle du Réseau La politique agricole régionale de de Prévention des Crises Alimen- l’Afrique de l’Ouest taires (RPCA) La Présidence de la Commission de la CEDEAO et la Présidence française de l’Union Européenne, La 24ème Réunion annuelle du RPCA, accueillie en concertation avec la CE et la Banque Mon- par les autorités sénégalaises, s’est déroulée du 25 diale, organisent un séminaire à Paris, le 9 dé- au 28 novembre derniers. Le Réseau s’est réunit cembre prochain. une fois par an en séance plénière, afin de préve- nir d’éventuelles crises alimentaires dans le Sahel Cette réunion doit permettre de partager une notamment en tirant la sonnette d'alarme assez tôt vision commune entre la région et la communauté pour la mise en place d'une réponse appropriée et internationale sur les enjeux agricoles et alimen- en temps opportun. Il permet à des experts et des taire en Afrique de l’Ouest et sur la façon de les cadres d'organisations régionales ou internationa- traiter, de discuter de la mise en œuvre de les, des ONG, des représentants des bailleurs de l’ECOWAP et de proposer un calendrier et une fonds de dresser le bilan de la campagne agricole méthode de travail permettant aux bailleurs de en cours et de débattre, en fonction de l’actualité, concrétiser leur appui à la mise en œuvre de de certains sujets d’intérêt commun, notamment l’ECOWAP. Plus précisément, il s’agira de : politiques et stratégiques. Cette année le thème central a été « le rôle et l'importance du marché questionner la convergence des politiques dans la sécurité alimentaire au Sahel et en Afri- des Etats membres de la CEDEAO avec les que de l’Ouest ». orientations de l’ECOWAP, en écho aux me- sures d'urgence prises par certains des Etats Des discussions sur la situation pour la campagne au niveau des échanges, du stockage et de la 2008/2009, il ressort que pour le moment la dis- relance de la production ; ponibilité alimentaire est globalement satisfai- engager une réflexion entre la région et la sante dans toute la région. Les marchés sont bien communauté internationale sur un nombre approvisionnés (à l’exception de quelques po- limité d'instruments d’intervention au niveau ches). Toutefois, les prix des céréales locales bien régional ; qu’en baisse depuis le début des récoltes, sont interroger l’expérience d’organisations éco- encore à un niveau supérieur à la moyenne sai- nomiques régionales qui ont une certaine an- sonnière notamment pour le riz, malgré une ten- tériorité dans la mise en œuvre pratique de dance à la baisse au niveau mondial. Ce niveau politiques agricoles, comme l'Europe ; élevé des prix, peut être considéré comme une assurer que la cohérence de l’appui aux diffé- opportunité pour les producteurs, mais faute de rentes initiatives régionales : programmes mesures adéquates, il est probable qu’à ce stade, d’investissements nationaux et régionaux, ce soient les commerçants qui en bénéficient le programmes de relance de la production plus (car disposant d’infrastructures de stockage, agricole, offensive régionale, programmes à la différence des producteurs qui en outre ont économiques régionaux, mesures des besoins de liquidités immédiats). Néanmoins, d’accompagnement des APE, offre d’accès il constitue une contrainte pour les consomma- aux marchés et Tarif extérieur commun. teurs pauvres aussi bien en milieux urbain que rural. Ce bulletin a été rédigé par l’équipe du GRET chargée de l’animation du ROSA (Réseau opéra- tionnel de sécurité alimentaire). C’est une initiative de EuropeAid E6 (appui thématique sécurité alimentaire, développement rural et environnement) en collaboration avec EuropeAid G4 (forma- tion et gestion des connaissances). Les points de vue exposés ne représentent en aucun cas le point de vue officiel de la Commission européenne. N° 11 – Novembre 2008 Contact : Dominique Blariaux, EuropeAid/E6
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