L'EMI adaptée aux réseaux sociaux pour former aux valeurs de la république - ANR TRANSLIT Divina Frau-Meigs Directrice scien1fique CLEMI Chaire ...
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L’EMI adaptée aux réseaux sociaux pour former aux valeurs de la république Divina Frau-‐Meigs Directrice scien1fique CLEMI ANR TRANSLIT Chaire UNESCO « savoir devenir »
introduction: après Charlie EMI et réseaux sociaux: une augmentation du périmètre Réseaux sociaux et radicalisation Réseaux sociaux et usages des jeunes Des usages des jeunes à la médiation numérique et pédagogique Les valeurs de la république?? Prendre cela sous l’angle de la théorie de l’information-communication mais aussi de la sociologie de l’action, sous l’angle des pratiques professionnelles et des politiques publiques. Quels modes de communication? Quelles postures pédagoqiues? Quels modes d’accès et de formation? Avec quelles communautés ?
Penser les usages du numérique λ Quel sens pour les acteurs ? λ Quelle ar1cula1on entre les différents λ ou1ls, supports, espaces ? Quelles compétences ? λ Quels besoins de forma1on ? λ
Situa2on écran-‐nave7e 1.0 Video/DVD K7 et jeux vidéo Écran broadcast Clés USB CD et DVD Revues TIC Écran broadband Téléphone mobile Joys2ck … caméra ordinateur numérique… Source: Verniers 2007
II les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Défini1ons: 1/ radicalisa1on: développement de croyances extrêmes qui remeTent en cause le statu quo et rejeTent le compromis 2/ radicalisme: poursuite de changements poli1ques pour 1rer des bénéfices d’une alterna1ve 3/extrémisme: rejet de toute forme de pluralisme, aucune tolérance envers la diversité et adop1on de la violence comme moyen légi1me
II les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Facteurs de risque: 1/ contexte: ségréga1on, chômage, inégalités (processus poli1que qui échappe à l’individu) 2/ facteurs psychologiques: injus1ces perçues, sensibilisa1on à situa1ons, insécurité, émo1ons (frustra1on, dégoût, peur) 3/facteurs externes: présence de groupes radicaux qui jouent sur quête d’iden1té, ami1é, sécurité idéologie? Rarement facteur central même si
II les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Pré-‐condi1ons: 1/catalyseurs: événement déclencheur (effet recrutant), violence par des 1ers (raison d’adhésion) et rôle de modélisa1on par les pairs ou les proches 2/ offre construite des mouvements extrémistes (réponse à des ques1ons existen1elles, proposi1on de poli1que ac1ve contre l’injus1ce, lieu d’accueil et d’appartenance) en cohérence avec besoins cogni1fs des ados (sens, injus1ce et besoin d’inclusion sociale) 3/ présence et accessibilité des points de vue extrémistes et des réseaux sociaux qui les portent
II les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Lien entre radicalisa1on et caractéris1ques des réseaux sociaux: 1/ interac1vité et ubiquité 2/ interac1on et lien entre vraie vie et cyberespace 3/ contenu en changement permanent (pas linéaire, pas top-‐down) 4/ contenu généré par les acteurs et les jeunes 5/viralité et sérendipité èpoten1el d’appui aux pré-‐condi1ons: Les discours radicaux sont accessibles à tout moment
II les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Lien entre radicalisa1on et caractéris1ques des réseaux sociaux: èpoten1el d’appui aux pré-‐condi1ons: 1/ les discours radicaux sont accessibles à tout moment 2/Les liens sociaux sont accessibles à tout moment 3/les réseaux sociaux se branchent sur besoins cogni1fs (dont la part de propension subjec1ve à l’extrémisme)
II les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on FObserver les pra1ques des jeunes (15-‐18 ans) •Repérer des situa1ons •Décrire des pra1ques et stratégies •Iden1fier des usages imbriqués •Méthodologie : une enquête papier (16-‐18 ans); une enquête en ligne (jeunes adultes) Source: Schils, N. &J. Laffineur (2013) université de Gent et université Catholique de Louvain
II. les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Quelques résultats : •Il se confirme que les possibilités d’engager une communication active avec d’autres extrémistes via les réseaux sociaux augmente le facteur de risque car il y a un gros effet de l’information extrémiste (propagande) délibérément recherchée par les jeunes •Les associations hors ligne avec les pairs et les proches sont très liées à la violence politique •Le monde hors ligne et les expériences individuelles (et leur ressenti) restent cruciaux
II. les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Quelques résultats : • pas de réponse linéaire èl’effet des réseaux sociaux n’est pas problématique jusqu’à un certain niveau de propension et d’exposition èaprès un certain « point de rupture », cet effet augmente de manière forte Donc il faut distinguer entre : intensité, fréquence et auto-sélection Un groupe très réduit de personnes est en danger de radicalisation L’auto-sélection détermine le genre de sites et d’espaces virtuels visités
II. les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Quelques résultats : • Les sites passifs ciblent une certaine population où les groupes radicaux publient des vidéos et participent à des discussions : peu d’effet • Les sites actifs sont souvent sécurisés et pas accessibles librement. Il faut être pro-actif, en auto-sélection: effet plus grand • Les sites à contre discours et l’exposition au contre discours changent peu les choses
II. les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Quelques conclusions : èexposition active implique un individu en recherche active d’information et d’échanges d’idées èémergence de convictions radicales est préalable à la recherche plus avancée d’infos : resserrement de la recherche èréseaux sociaux: pas un point de départ mais facilitateur et amplificateur. Une limite : confidentialité et fiabilité des échanges.
II. les réseaux sociaux comme con2nent noir: l’hypothèse de la radicalisa2on Quelques conclusions : è rôle de l’inconfort moral: écart trop important entre un équilibre satisfaisant (intégration, reconnaissance, respect des libertés, justice sociale,..) et la vie réelle (ou ressentie) èlégitimité des autorités : si faibles, perte, désillusion, déception, rupture de confiance et du contrat social èapprentissage aux barrière morales : si apprentissage n’a pas lieu, impératif moral ne freine pas le recours à la violence ; si apprentissage est fait, il peut y avoir résignation à la violence (acceptée sous conditions extrêmes) è Se concentrer sur les problèmes structurels, les processus de groupe et rétablir la confiance
III. Les réseaux sociaux comme le con2nent bleu Hybrida2on des usages hors ligne/Enligne FMais la grande majorité des jeunes n’est pas sur le continent noir, elle est sur le continent bleu (la couleur des réseaux sociaux), qui est beaucoup moins secret, beaucoup plus exposé, fondé sur les émotions de l’amitié, l’amour (voire la rébellion et le malaise adolescent) FL’observation des hit parades des réseaux sociaux (les plus fréquentés) montre qu’ils sont intéressés par la chanson d’amour, les stars du football… F Ils participent d’une culture jeune mondialisée, marquée par les valeurs consuméristes et individualistes américaines. Source: Social Life Magazine 11 (février-avril 2015)
III. Les réseaux sociaux comme le con2nent bleu Hybrida2on des usages hors ligne/Enligne Le con2nent Facebook (dec 2014) 1. Facebook for every home 542, 6 ( millions de fans) 2. Facebook 168,2 3. Shakira 106,2 4. Ronaldo 104,2 5. Eminem 97,8 16. Harry Po7er 76, 05 6. Coca cola 92,4 17. Bob Marley 75, 2 7. Rihanna 90,03 18 Simpson 75,01 8. Vim Diesel 88,9 19 Will Smith 74,9 9. Youtube 86,02 20 Taylor Swif 72,9 10. Barca 80,7 11. Michael Jackson 79,9 12. Real madrid 79,8 13. Jus2n Bieber 76,9 14. Lionel Messi 76,9 15. Kate Perry 76,6
III. Les réseaux sociaux comme le con2nent bleu Hybrida2on des usages hors ligne/Enligne Le con2nent Twi7er (dec 2014) 1. Kate Perry 62,2 2.Jus2n Bieber 58,4 3.Barack Obama 52 4.Taylor Swif 49,3 5.Youtube 49,3 6.Lady Gaga 43,2 7.Britney Spears 40 8.Jus2n Timberlake 39,4 9.Rihanna 38,5 10. Instagram 36,7 11.Ellen de Generes 36,7 12.Twi7er 34,1 13.Cris2ano Ronaldo 32,2 14.Jennifer Lopez 30,2 15.Shakira 28,4 16.Kim Kardashian 26,9
III. Les réseaux sociaux comme le con2nent bleu Hybrida2on des usages hors ligne/Enligne FObserver les pra1ques d es jeunes (15-‐17 ans) •Repérer des situa1ons •Décrire des pra1ques et stratégies •Iden1fier des usages imbriqués •Méthodologie : une enquête massive en ligne; une observa1on de terrain (formel et informel) Source: Frau-‐Meigs et al, ANR TRANSLIT (www.translit.fr)
III. Les réseaux sociaux comme le con2nent bleu Hybrida2on des usages hors ligne/Enligne Quelques résultats : •les outils numériques utilisés varient énormément, et diffèrent selon l’usage formel et non formel (en liaison partielle aux contraintes de l’institution) •les observations en contexte de projet montrent que les compétences se transforment largement dans le cadre du groupe. •la distribution des compétences et de la connaissance dans le cadre du groupe s’observe autour de trois axes : la collecte de l’information, l’écriture et la synthèse, la communication. •Les modalités de travail observées montrent que la fracture la plus large est celle qui sépare la culture scolaire des pratiques culturelles individuelles, particulièrement dans les modes de représentation et de légitimation de l’information.
III Les réseaux sociaux comme le con2nent bleu Hybrida2on des usages hors ligne/Enligne Construc1on d'une trans-‐liTéra1e à travers les λ média1ons techniques Processus de socialisa1on et d'individua1on en λ s'appuyant sur l'ensemble des disposi1fs (y compris média1ques, réseaux sociaux inclus) De nouveaux espaces d’écriture, de lecture et de λ publica1on (de consomma1on des médias à produc1on de médias)
IV. Quelles implica2ons pour l’école? La nécessité d’une médiation pédagogique •média1on entre le non scolaire et le travail scolaire •Nécessité de disposi1fs avec condi1ons minimales d’appren1ssage : un projet explicité, des consignes, la levée de blocages techniques éventuels, l’accompagnement par des enseignants qui eux-‐mêmes sont mobilisés sur les ques1ons de liTéra1es et pas seulement sur les contenus de programmes. •La proposi1on assumée et mise en visibilité de l’étayage cogni1f et des formats d’appren1ssage è grammaire des usages •Trois facteurs d’intégra1on: 1/ les stratégies individuelles et collec1ves, 2/les compétences instrumentales mises en place autour d’ou1ls et de disposi1fs et 3/ l’accompagnement pédagogique proposé.
IV. Quelles implica2ons pour l’école? La nécessité d’une médiation numérique : le répertoire des e- stratégies (communication interactive) avec médiatisation et pédagogie * Jeu (résolution de problèmes) * Simulation et visualisation des données (modélisation dynamique) * Agrégation de contenus (alternatives, découverte de soi) * Echantillonnage (remix) * Multi-taches (interactions avec outils) * Pooling (intelligence distribuée) * Navigation transmedia (contrôle du savoir) * Réseautage (collaboration) * Coordination pair-à-pair (négociation entre communautés) (adapté de Jenkins 2009).
IV . Quelles implica2ons pour l’école? La nécessité d’une médiation numérique: le lien avec les humanités numériques •Humanités numériques: disciplines/domaines de recherche existants (littérature, histoire, sciences de la vie…) mais avec outils ou matériaux informatiques augmentés •Articulation de structures cognitives, de modes de représentation, et de cadres d’action socialisés •Impact sur les communautés de pratiques, les interfaces homme- machine, les productions/réalisations en sortie •Gains exponentiels en termes d’engagement et motivation •A terme, modification de la façon de percevoir le savoir et de construire la connaissance (modèles ouverts, co-construction, …)
III . Quelles implica2ons pour l’école? 4/ La nécessité d’une médiation numérique: des outils pour usages non experts mais critiques et réflexifs • Traitement Nature des langages (corpora, referencement, traduction) •Systèmes d’information spatio-temporels (analyse spatio-temporelle) ex: Neatline •Analyse des réseaux sociaux ex: Gephi Source: scholar’s lab Source: wikipedia
V . Quelles implica2ons pour les poli2ques publiques? Les politiques publiques doivent évoluer en cohérence → vers des humanités créa1ves → vers un parcours citoyen, en lien avec droits de l’homme incorporés via l’éthique du quo1dien (ar1cles 19, 12, 26 et 27) → par le faire et la recherche ac1ve d’informa1on (créer journaux, blogs, …) → par la transliTéra1e, et une réorganisa1on des connaissances et compétences autour des cultures de l’informa1on
V . Quelles implica2ons pour les poli2ques publiques? PRINCIPES : •Un curriculum, pas des programmes (voir le socle commun des connaissances, compétences et culture+ droits de l’homme) •Un cadre conceptuel autour des compétences transliTéraciques (opératoires, éditoriales, organisa1onnelles) •Dans les disciplines, avec un disposi1f socio-‐technique, sans rupture entre informa1que et informa1on (cultures de l’informa1on) •Une pédagogie du projet, avec étayage cogni1f et répertoire de e-‐stratégies (jeu, simula1on, naviga1on, cura1on, programma1on…)
V . Quelles implica2ons pour les poli2ques publiques? MISE EN OEUVRE : une en2té qui « donne corps » Un socle commun avec infomédia, infodoc et infodata, avec des sous-‐sec1ons par secteurs • Une équipe pédagogique (avec un référent designer/ usages) -‐-‐ •Un 1ers lieu, hors la classe (CDI, fablab, médiathèque) • ET un quart lieu en ligne (plateformes d’échange…) •Des évalua1ons spécifiques projet et con1nuité pédagogique •Forma1on tout au long de la vie (MOOC, forma1ons par VAE…) (Voir le projet européen ECO France « fondamentaux du numérique » sur www.ecolearning.eu)
Pour en lire plus • Schils, N. &J. Laffineur (2013). Comprendre et expliquer le rôle des réseaux sociaux dans la formation de l’extrémisme violent. U. Gent et U. Catholique Louvain, BELSPO. • Thompson, R. (2011). «Radicalization and the use of Social Media » Journal of Strategic Security 4(4): 167-190. • Frau-Meigs, E. Bruillard et E. Delamotte (dir.) (2012) E-dossiers del’audiovisuel. L’éducation aux cultures de l’information. http://www.ina-sup.com/ressources/dossiers-de-laudiovisuel/les-e-dossiers- delaudiovisuel/e-dossier-leducation-aux-cultures • Liquète V., Delamotte E. & Chapron F. (dir.) (2012) « L’éducation à l’information, aux TIC et aux médias : le temps de la convergence ? », Études de Communication, 38 • Delamotte E., Liquète V. et Frau-Meigs D. (2014), « La translittératie, ou la convergence des cultures de l’information : supports, contextes et modalités », Spirale, 53, p. 145-156
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