L'Empereur Charles et l'Impératrice Zita, exemples pour notre temps

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L’Empereur Charles et l’Impératrice Zita,
                exemples pour notre temps
                        par S.A.I.R. Archiduc Rudolf d’Autriche

La vie de l’Empereur est absolument indissociable de sa foi. Peu de temps avant sa mort, il disait
à son épouse, l’Impératrice Zita : « toujours et en toute chose, je m’applique à reconnaître aussi
clairement que possible la volonté de Dieu et ensuite à la suivre aussi complètement que
possible » et c’est cela justement qui fait de lui un chef d’Etat exceptionnel malgré l’un des
règnes les plus courts de l’histoire. C’est aussi cela qui a amené l’introduction de la cause de
béatification.

Né à Persenbeug le 17 août 1887, l’Archiduc Charles n’aurait normalement jamais dû régner.
C’est suite à une succession d’événements incroyables que le petit‐neveu de l’Empereur
François‐Joseph doit assumer cette lourde tâche.

Enfant, il fut élevé de façon stricte, mais dès l’âge de 4 ans, il se rendit compte des souffrances
de personnes moins fortunées que lui et essaya de les aider en vendant des fruits et légumes
pour en donner le prix de vente à ceux‐ci, en organisant des loteries à leurs bénéfices et, même,
en donnant la plupart de ses habits.

Il avait une très forte dévotion à la Sainte Vierge et aimait faire des pèlerinages aux différents
centres mariaux de l’Empire.

A 15 ans, il connaissait déjà beaucoup de poésies et d’extraits d’auteurs classiques de son
époque, en 6 langues, dont le latin. Ensuite, Charles a appris et parlé quasiment toutes les
langues de l’Empire sur lequel il devrait un jour régner. Il se distinguait comme étant un très bon
étudiant, ayant une mémoire exceptionnelle.

La Princesse Zita de Bourbon‐Parme, 17ème enfant du dernier Duc régnant de Parme, est née le 9
mai 1892 à Pianore en Toscane. Elle eut une enfance heureuse, entourée de ses 23 frères et
sœurs. En été, durant ses vacances en Toscane, elle cousait des habits pour les pauvres, qu’elle
allait alors distribuer avec sa mère et ses sœurs.
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Après des études dans deux internats, elle rencontra chez sa tante, près de Prague, un jeune
officier qui était 2ème en succession sur le trône d’Autriche. Rapidement, la complicité entre
l’Archiduc Charles et la Princesse Zita se transforma en amour et ils se fiancèrent le 13 mai 1911
à Pianore.

Le mariage fut célébré le 21 octobre 1911 en présence de l’Empereur François‐Joseph, après que
les jeunes fiancés eussent fait une retraite à Mariazell. La veille de son mariage, Charles donna à
sa future épouse la ligne de conduite de leur vie : « maintenant, il faut que nous nous épaulions
mutuellement pour arriver au ciel ».

L’Archiduc Charles commença sa carrière militaire à l’âge de 16 ans, passant de régiment en
régiment dans différents pays de l’Empire austro‐hongrois, en gravissant tous les grades jusqu’à
celui de Feldmarschall et fut nommé par l’Empereur François‐Joseph, le 16 août 1916,
commandant du corps d’armée.

L’Archiduc Charles ne fut pas impliqué politiquement dans le début de la guerre. L’Empereur lui
avait dit : « je vais devoir faire des choses pour lesquelles tu ne porteras pas la responsabilité ».

Au décès de l’Empereur François‐Joseph, en novembre 1916, Charles devint Empereur. Il fut
couronné roi et oint en Hongrie, le 30.12.1916. Ce sacre l’investit d’une mission par l’Eglise au
nom de Dieu. Durant cette cérémonie, et par son serment, tout le peuple lui est confié et il
devait ainsi vivre pour lui, se sacrifier, prier et souffrir pour lui. Ce serment était sacré pour le roi
Charles.

Dès son accession au trône, l’Empereur Charles prit immédiatement des mesures pour protéger
la vie de ses hommes et améliorer leurs conditions de vie. Il interdit l’emploi du gaz dans les
tranchées, ainsi que le bombardement des populations civiles et des villes. Son sens de la
stratégie a été un élément essentiel dans les victoires autrichiennes en Roumanie, ainsi que lors
d’offensives austro‐hongroises sur le front italien.

Durant la guerre, Zita inspecta systématiquement les maisons de repos et les hôpitaux, d’abord à
Vienne, puis derrière les lignes du front et continua son activité vis‐à‐vis des plus pauvres, tout
en soutenant l’Empereur. Malgré toutes ces activités, Zita était aussi mère. Elle eut 8 enfants de
1912, date à laquelle naquit l’Archiduc Otto à 1922, année de naissance de l’Archiduchesse
Elisabeth, née 2 mois après la mort de l’Empereur. Avec son mari, ils donnèrent à leurs enfants
une éducation où tout s’enracinait dans la foi : « les princes ne sont pas nés pour eux‐mêmes,
mais pour servir ».
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Profitant de ses succès militaires, le jeune Empereur prit toutes les mesures possibles pour
terminer la guerre le plus rapidement. Il soutint l’initiative pour la paix prise par le Pape Benoît
XV. Il tenta également de convaincre le Haut Etat Major allemand et l’Empereur Guillaume II de
faire la paix en position de force et, finalement, il prit des initiatives bilatérales secrètes avec la
France, l’Angleterre et même avec le Président Wilson aux USA.

Il envoya ses 2 beaux‐frères, les Princes Sixte et Xavier de Bourbon‐Parme pour discuter avec le
gouvernement français et anglais et leur remit une lettre expliquant sa position. Cette lettre ne
devait pas être donnée, mais uniquement montrée. Malheureusement, un haut‐fonctionnaire
français la publia, ce qui créa l’arrêt des négociations et des difficultés énormes avec le Haut‐
Commandement allemand.

Travaillant jusqu’à 18 heures par jour, l’Empereur s’associa aux malheurs de ses peuples en
diminuant son train de vie. Il visita très souvent ses soldats directement au front, en faisant en
tout, durant ses 2 ans de règne, 56 voyages dans l’Empire, représentant 120'000 km.

Outre sa tâche comme chef de l’armée, Charles déploya durant 2 ans une activité sociale
impressionnante guidée par l’encyclique « Rerum Novarum » du Pape Léon XIII. Il créa, entre
autres, le premier ministère des affaires sociales et de la santé au monde et prit des mesures en
faveur de la classe ouvrière, comme par exemple le contrôle des prix. Il créa une assurance
sociale et des fonds de pension pour les soldats blessés et les veuves. L’Empereur lutta aussi
contre la corruption, réduisit le train de vie des fonctionnaires et créa des œuvres pour aider les
plus pauvres. Charles élabora des lois en faveur de la protection de la jeunesse et, finalement,
ordonna une amnistie générale pour réparer les multiples injustices occasionnées par les
condamnations infligées par les tribunaux militaires.

A la fin de la guerre, l’Empereur Charles renonça momentanément à l’exercice du pouvoir, sans
abdiquer. Il ne voulait pas, que plus de sang soit versé à cause de sa personne. Le 23 mars 1919,
le couple fut exilé de l’Autriche vers la Suisse, sous la pression de Karl Renner, un marxiste, qui
craignait sa popularité, mais sans que l’Empereur n’abdiqua.

Durant ces 2 ans en Suisse, l’Empereur tenta deux fois une restauration en Hongrie, parce qu’il
était lié par son serment et par son onction royale. Deux fois, il fut trahi par le Régent, l’Amiral
Horthy.

Lors de son second voyage, Zita l’accompagna et ils furent faits prisonniers, puis exilés à Madère
par les alliés. Les difficultés du couple continuèrent à Funchal. Ils étaient séparés de leurs enfants
et n’avaient pas d’argent pour leur vie quotidienne. Finalement, un banquier de l’île leur prêta
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une maison dans la montagne, sans chauffage, où ils purent s’installer, lorsque leurs enfants
arrivèrent enfin à Madère, en février 1922.

L’Empereur Charles, déjà affaibli, contracta une pneumonie et ne put être soigné
convenablement faute de moyens. Il mourut dans les bras de Zita, le 1er avril 1922, en
prononçant le doux nom de « Jésus » et en regardant le Saint‐Sacrement. Il n’avait que 34 ans.

Le Pape Jean‐Paul II le béatifia le 3 octobre 2004 à Rome en citant sa recherche de la volonté de
Dieu en toute chose, sa grande activité sociale qu’il avait comprise comme Amour du Prochain et
son service saint à ses peuples. Il termina son allocution par l’exhortation suivante : « Qu’il soit
pour nous tous un exemple, surtout pour ceux qui, aujourd’hui en Europe, ont une responsabilité
politique ».

Après la mort de l’Empereur, l’Impératrice n’avait plus rien à faire à Madère. Le Roi Alphonse XIII
d’Espagne lui offrit alors l’asile, d’abord au Pardo près de Madrid, puis elle s’installa dans le Pays
Basque à Lequeitio, où elle continua à éduquer ses enfants. Toujours sans argent, elle vécut de la
charité de sujets hongrois, tchèques et autrichiens. Il fallut alors aussi, après quelques années,
songer aux études universitaires de ses enfants et elle déménagea en Belgique, car l’Université
catholique de Louvain lui semblait être la solution la meilleure pour les études. Ce séjour belge
dura un peu plus de 10 ans. Durant cette période‐là, elle prit fermement position contre Hitler et
le nazisme, ainsi que contre l’Anschluß de l’Autriche à l’Allemagne. Cela lui valut une
condamnation à mort par contumace de la part des nazis et, lors de l’invasion de la Belgique, en
mai 1940, elle dut fuir avec sa famille, pour éviter d’être pris et condamnés par les Allemands.
Elle traversa la Suisse, l’Espagne, puis, via le Portugal, arriva à New York et, enfin au Québec, où
certains de ses enfants finirent l’université à Laval.

Le Président Roosevelt avait un grand respect et estime pour ma grand‐mère et elle obtint, avec
l’Archiduc Otto, qu’à la fin de la guerre, l’Autriche soit à nouveau séparée de l’Allemagne. Durant
la guerre et jusqu’en 1947, elle développa une activité sociale et caritative impressionnante, afin
de récolter des fonds et des dons pour l’Autriche et les autres pays de la monarchie. Elle entama
même une série d’une cinquantaine de conférences au Canada et aux Etats‐Unis pour récolter
de l’argent et des dons qu’elle envoya à différents diocèses en Autriche.
En 1953, après un séjour de 5 ans aux Etats‐Unis, elle s’installa au Luxembourg pour soigner, la
Duchesse de Parme, sa mère, jusqu’au décès de celle‐ci, en 1959. Ensuite, elle déménagea à
nouveau pour vivre dans un petit couvent à Zizers, dans les Grisons, en Suisse, où elle vécut 27
ans, jusqu’à sa mort, en 1989. Elle y habita dans un petit appartement de 3 pièces, très modeste,
car elle avait très peu d’objets personnels. Elle assistait quotidiennement à la messe.
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Le centre spirituel de sa vie était à Solesmes. Elle eut trois sœurs religieuses à l’Abbaye de Ste‐
Cécile et fut elle‐même oblate de St‐Benoît. Les archives de Solesmes montrèrent quelle y fit sa
première visite, comme enfant, en 1899, et son dernier contact fut un appel téléphonique avec
la Révérende Mère Supérieure, début 1989, soit une période de 90 ans. Quand elle était en
Europe, elle passait volontiers un à trois mois à Solesmes, vivant avec et comme les religieuses.
Le 10 mars 1989, elle commença son agonie, reçut les derniers sacrements et décéda le 14 mars
1989, entourée de certains de ses enfants et belles‐filles. Elle fut enterrée à Vienne le 1er avril,
date anniversaire de la mort de l’Empereur Charles, comme impératrice et reine apostolique.
Plus de 250'000 personnes assistèrent aux cérémonies, sans compter les radios et télévisions du
monde entier. Selon son souhait, après avoir été embaumée, son cœur rejoignit celui de son
mari au caveau familial de Muri en Suisse et elle fut inhumée à la Crypte des Capucins.
Le 10 décembre 2009, fut ouvert officiellement au Mans (le diocèse de Solesmes) le procès de
béatification (www.beatification‐imperatrice‐zita.org) de celle que l’historien Jean Sévillia appela
si justement : « Zita, impératrice courage ».
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