L'ÉQUIPE DERRIÈRE LES STARS
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
N O 7/2015, 20 FÉVRIER 2015 ÉDITION FR ANÇAISE Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904 FC Bâle : Ligue des Champions de l’UEFA L’ÉQUIPE ZLATAN IBRAHIMOVIC UN CLIP POUR LA BONNE CAUSE DERRIÈRE SEPP BLATTER PAS DE DEMI-MESURES DANS LA LUTTE CONTRE LE RACISME LES STARS COLOMBIE L’ATLÉTICO NACIONAL EST DE RETOUR W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL 6 L’équipe de l’ombre Amérique du Nord Amérique du Sud Dans les grands clubs, les joueurs et l’entraîneur et Centrale 10 membres de l’équipe première sont sous les feux de 35 membres www.conmebol.com la rampe. Mais que se passe-t-il dans les www.concacaf.com coulisses ? Sarah Steiner est allée passer une journée dans les coulisses du FC Bâle, huitième de finaliste de la Ligue des Champions. 18 Boubacar Barry En finale de la Coupe d’Afrique, le gardien ivoirien s’est transformé en véritable héros. “C’est un trop-plein d’émotions”, explique-t-il lors de son interview. 23 S epp Blatter Suite aux déclarations et aux incidents racistes de cette semaine, le Président de la FIFA déclare : “Il faut toujours adopter une position claire lorsqu’il s’agit de lutter contre la discrimination”. 24 Football féminin Six joueuses, six carrières hors du commun. 35 Günter Netzer Pour notre chroniqueur, l’équipe d’Autriche mérite de se qualifier pour l’Euro 2016. Dans son analyse, Netzer souligne avant tout le travail du sélectionneur Marcel Koller. 15 Colombie Aidé par Pablo Zeballos, l’Atlético Nacional est bien parti pour défendre son titre. L’équipe derrière les stars Notre image de couverture montre les joueurs de Bâle lors d’un match de Ligue Europa contre Valence. La rencontre a eu lieu le 3 avril 2014 devant des tribunes vides. Keystone / Georgios Kefalas Getty Images (2), imago, Keystone The FIFA Weekly Magazine App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues et aussi pour votre tablette. Coupe du Monde Féminine http://www.fifa.com/mobile 6 juin – 5 juillet 2015, Canada 2 T H E F I FA W E E K LY
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL Europe Afrique Asie Océanie 54 membres 54 membres 46 membres 11 membres www.uefa.com www.cafonline.com www.the-afc.com www.oceaniafootball.com 29 Zlatan Ibrahimovic L’attaquant met ses tatouages au service des personnes qui souffrent de la faim. 17 Afrique du Sud Qui arrêtera les Kaizer Chiefs en Premier Soccer League ? Blue Stars / FIFA Youth Cup Coupe du Monde U-20 Coupe du Monde de Beach Soccer Coupe du Monde U-17 13 et 14 mai 2015, Zurich (Suisse) 30 mai – 20 juin 2015, Nouvelle-Zélande 9 – 19 juillet 2015, Portugal 17 octobre – 8 novembre 2015, Chili T H E F I FA W E E K LY 3
© 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group. THERE WILL BE ATERS
À DÉCOUVERT Travail d’équipe en 1936 L’entraîneur d’Arsenal Tom Whittaker masse le joueur Wilf Copping tandis qu’à gauche, son coéquipier NW Sidey attend patiemment son tour. Dans les coulisses T out le monde a déjà vu cette scène à la télévision : le joueur fixe le journaliste de ses yeux écarquillés. Sa respiration est saccadée. Des perles de sueur dégoulinent sur son front. Il va se lancer dans une déclaration dithyram- bique et expliquer avec des expressions imagées comment il a fait pour marquer ce but incroyable de 25 mètres. Mais non, au lieu de ça, il se contente d’une citation dont l’ennui rivalise avec les commentaires d’un documentaire sur les buses variables. L’équipe a tout donné, elle a vraiment fait de l’excellent travail. Au fond de lui, le spectateur se dit : mais on s’en fiche de l’équipe. Le supporter veut voir du bon football. Ensuite, il veut qu’on lui serve des sorties piquantes, des anecdotes, des analyses impertinentes. Il a horreur de la modestie. Cette qualité est pourtant essentielle dans le football : Cristiano Ronaldo ne peut marquer sans passeur intelligent. Pour bien jouer, celui-ci doit pouvoir faire confiance à un kinésithérapeute compétent qui, lui, ne peut bien travailler que si le cuisinier du club prépare des repas complets et équi- librés. On pourrait étendre cette toile à l’infini et citer jusqu’à la dernière roue de cet engrenage bien huilé. H. Allen/Topical Press Agency/Getty Images Outre son équipe première, le FC Bâle emploie ainsi une centaine de per- sonnes. Mais seuls les joueurs professionnels, l’entraîneur, le directeur sportif et le président sont sous les feux de la rampe. Dans son reportage, Sarah Steiner met en lumière le travail de l’équipe derrière l’équipe chez ce géant du football suisse (à lire à partir de la page 6). Å Alan Schweingruber T H E F I FA W E E K LY 5
FC BÂLE ENGRENAGES PRÉNOM, NOM : Gustav Nussbaumer II DATE DE NAISSANCE : 21/12/1952 II FONCTION AU FCB : Coordinateur sportif II DEPUIS : 1968 (en équipe junior) II FORMATION : Ingénieur culturel diplômé de l’ETH II NATIONALITÉ : Suisse II SON PLUS BEAU MOMENT AU FCB : le 1e titre en championnat et en Coupe de Suisse après 22 ans de disette et le cortège dans la Steinenvorstadt de Bâle II LA STAT : Organise 70 événements par mois en dehors de l’entraînement et des matches II 6 T H E F I FA W E E K LY
FC BÂLE SOLIDAIRES Les stars d’un club se trouvent naturellement au premier rang. Mais pour bril- ler, elles dépendent du travail au quotidien d’une équipe qui ne ménage pas ses efforts. Nous avons en- quêté dans les coulisses du FC Bâle, un habitué de la Ligue des Champions. Sarah Steiner (texte), Kostas Maros (photos), à Bâle L es maillots bleus et rouges tour- noient dans la mousse, il y a dans l’air un mélange de sueur, de gazon et de lessive. Les chromes des sèche-linge reflètent la lumière crue des néons. Au milieu d’une mon- tagne de linge, Christine Castioni trie les chaussettes et les shorts. Les plus sales forment un premier tas ; les autres atterrissent sur la se- conde pile. “Évidemment, j’ai mes petites astuces pour les taches dif- ficiles”, s’amuse cette femme de 49 ans. Depuis 24 ans, elle lave les tenues des joueurs du FC Bâle, sept jours par semaine. Un curieux vacarme vient du couloir. On entend des cris, des rires. Au lieu de la nouvelle fournée de linge à laver, c’est le responsable de l’équipe Gustav Nussbaumer qui arrive dans le chariot. Il est poussé par Breel Embolo et Marc Huser, deux jeunes espoirs du FCB qui ont in- tégré l’équipe première cette année. Le véhicule fait une embardée et Huser se retrouve à plat ventre par terre. Nussbaumer est encore à moi- tié assis dans le wagon, tandis qu’Embolo se tient les côtes. Bâle n’a pas usurpé sa réputation de club familial. “Les jeunes me considèrent souvent comme un deuxième père”, explique Nussbaumer. Notre homme suit de très près le développement de chacun des pensionnaires du centre de formation. Quarante-six ans d’his- toire commune le lient à ce club. À l’époque, lui aussi fréquentait les rangs des équipes de jeunes du FCB. Depuis, beaucoup de joueurs sont arrivés et repartis. Ils repartent d’ailleurs presque toujours. Nussbaumer, lui, a choisi de rester. Il a fait de cette fidélité une philosophie. L’exception des chaussures Marcel Ammann fait lui aussi partie des Kostas Maros / 13Photo Il faut bien rire meubles. “Je suis venu au stade pour la pre- Le responsable d’équipe mière fois à l’âge de sept ans. Depuis, le FCB est Gustav Nussbaumer (au c.) en compagnie mon club”, raconte l’intéressé. L’énorme logo de ses protégés Breel Embolo (à g.) qui orne la vitre arrière ne laisse aucun doute et Robin Huser. sur l’appartenance du bus. Le poids de cette T H E F I FA W E E K LY 7
FC BÂLE “Mes objectifs ? Rester au FC Bâle !” Christine Castioni, blanchisseuse responsabilité ne lui échappe évidemment pas. “La pression est énorme. Mais sur le principe, peu importe que je conduise Messi ou des en- fants de maternelle ; mon travail reste le même. Je dois amener mes passagers à bon port.” Notre homme a déjà parcouru des milliers de kilomètres, que ce soit pour conduire l’équipe lors de ses déplacements en Suisse ou à l’occa- sion d’un stage en Espagne. Une équipe professionnelle utilise des quantités énormes de ballons, de maillots, de chaussures et d’équipements à l’entraînement. Le travail de Mauro Vivarelli à Bâle consiste, entre autres, à veiller à ce qu’il ne manque ja- mais rien. “Les joueurs s’intéressent de près au matériel. Ils l’utilisent quotidiennement et prêtent donc une grande attention au moindre détail”, souligne l’Italien de 53 ans. Chaque jour, il trie les maillots, gonfle les ballons et compte les plots. Il connaît les besoins de chacun. Lorsque les joueurs se rendent aux vestiaires, ils trouvent toujours leurs affaires parfaite- ment rangées. Seules les chaussures échappent à cette règle. “C’est leur outil de travail le plus important et par conséquent, ils en sont res- ponsables”, confirme Vivarelli. Réduire les risques de blessure De nouveaux rires se font entendre. Cette fois, ils viennent de la salle de soins. Trois joueurs sont allongés pendant qu’on leur masse les muscles du dos et des cuisses. Soulager, mas- ser, renforcer. L’équilibre est le nouveau mot d’ordre des kinésithérapeutes. “Grâce à diffé- rentes techniques de manipulation et de mo- bilité, nous essayons de rétablir l’équilibre corporel des joueurs”, explique Nico Un- ternährer. Chaque jour, les footballeurs du FCB pratiquent des exercices de prévention PRÉNOM, NOM : Christine Castioni II avant l’entraînement. L’objectif prioritaire est DATE DE NAISSANCE : 28/06/1965 II ici de minimiser les risques de blessure. Si un accident survient malgré tout, les médecins se FONCTION AU FCB : Blanchisseuse II DEPUIS : 1991 II FORMATION : Vendeuse de chaussures II retrouvent en première ligne. “Une relation NATIONALITÉ : Suisse II très intense se crée. Pendant des semaines ou SON PLUS BEAU MOMENT AU FCB : La remontée en première division en 1994 II des mois, nous sommes toujours ensemble. LA STAT : Lave 90 kg de linge par entraînement II 8 T H E F I FA W E E K LY
FC BÂLE “Nous faisons le grand écart. Nous affrontons aussi bien Aarau que le Real Madrid.” Bernhard Heusler, président Nous travaillons ensemble. Nous vivons chaque pas en avant aux côtés des patients, en essayant d’éviter toute régression. Il arrive qu’un joueur passe ses nerfs sur nous. C’est normal“, poursuit Unternährer. Santé phy- sique et mentale vont de pair. Les kinés savent aussi jouer les psychologues. Science et sport marchant main dans la main. Nacho Torreño est convaincu que le FCB tient là la combinaison gagnante. L’Espa- gnol est titulaire d’un Master de recherche scientifique en athlétisme. En tant que pre- mier adjoint, il a introduit de nombreuses in- novations depuis son arrivée au club. Pour cela, il n’a pas hésité à bousculer les habitudes des joueurs. Il analyse leurs performances jusque dans leur sommeil, à l’aide de GPS et d’appareils à mesurer la tension. “Une fois sur- monté le scepticisme initial, les joueurs ont été séduits. Ils viennent me voir pour savoir comment ils ont couru ou s’ils se sont bien reposés“, confie le technicien de 39 ans, arrivé à Bâle avec bon nombre de ses collègues l’an- née dernière. Leurs liens se sont resserrés au cours de précédentes expériences en Hongrie et en Israël. “Nous passons 12 heures par jour ensemble, sept jours par semaine. Ces gens-là sont ma deuxième famille.“ Du Brügglifeld à Bernabéu La communauté, la solidarité et le sentiment d’identité expliquent beaucoup de choses ici. Marco Streller, pensionnaire du FCB depuis 15 ans et capitaine de l’équipe première, n’étonne personne lorsqu’il dit : “Nous avons gravi les échelons ensemble. Nous sommes passés de la Nationalliga B aux huitièmes de finale de la Ligue des Champions.” Notre homme ne sait PRÉNOM, NOM : Bernhard Heusler II que trop bien que les footballeurs ne sont pas les seuls artisans de ce succès. “Sans l’équipe DATE DE NAISSANCE : 27/12/1963 II derrière l’équipe, rien de tout ça n’aurait été FONCTION AU FCB : Président II DEPUIS : 2003, directeur exécutif depuis 2009, président depuis 2012 II possible. Ils sont fabuleux.” FORMATION : Avocat II NATIONALITÉ : Suisse II L’homme qui dirige ce grand orchestre n’est SON PLUS BEAU MOMENT AU FCB : La grande finale à Berne en 2010 II LA STAT : 3 victoires à domicile contre autre que le président du club, Bernhard Manchester United, Chelsea et Liverpool sur les trois dernières participations à la Ligue des Champions II Heusler. Il lui incombe de placer chacun dans T H E F I FA W E E K LY 9
FC BÂLE “Peu importe que je conduise Messi ou des enfants de maternelle, mon travail reste le même.” Marcel Ammann, conducteur de bus les meilleures conditions pour réussir. “Nous devons veiller à ce qu’une bonne entente règne à tous les niveaux. Nos collaborateurs savent que l’intérêt du club passe avant tout car son image de marque et sa bonne santé économique sont indissociables.” La Suisse n’a que rarement l’occasion d’occuper le devant de la scène euro- péenne, ce qui rend le succès du FCB encore plus remarquable. En 1988, il a même été relé- gué en deuxième division et n’a retrouvé l’élite qu’en 1994. Mais depuis 2002, son palmarès s’est enrichi de neuf titres de champion et de six Coupes de Suisse. Les Bâlois ont également participé à cinq reprises à la Ligue des Cham- pions et, en 2013, ils se sont hissés en demi-fi- nale de la Ligue Europa. “Nous faisons réguliè- rement le grand écart“, poursuit Heusler. “Nous affrontons aussi bien Aarau que le Real Ma- drid ; nous passons du petit stade Brügglifeld à Santiago Bernabéu.” De toute évidence, le club a appris à gérer cette situation. De son côté, Streller rappelle : “Nous devons rester humbles et transmettre cette humilité aux jeunes qui nous rejoignent en chemin.” Des objectifs individualisés L’intelligence est une qualité essentielle dans le football moderne. La concurrence est rude. Les footballeurs se donnent donc les moyens de comprendre les subtilités du beau jeu, mais aus- si de leurs propres corps. C’est indispensable. “Tout le monde veut rester actif le plus long- temps possible. Pour ce faire, il faut comprendre comment son organisme fonctionne, comment s’entraîner mais aussi comment se reposer. Les joueurs doivent apprendre qu’il vaut mieux se coucher tôt que rester assis devant la télévision”, précise Torreño. La participation des athlètes est indispensable. L’entraîneur adjoint ne se PRÉNOM, NOM : Marcel Ammann II contente pas de belles théories. Lui aussi a été DATE DE NAISSANCE : 2/7/1970 II footballeur (sans grand talent, selon ses dires) ; il a donc l’expérience de la pratique du sport. FONCTION AU FCB : Chauffeur de l’équipe première II DEPUIS : 2005 II FORMATION : Chauffeur de poids-lourd II Chaque week-end, le FC Bâle est sur le pont NATIONALITÉ : Suisse II SON PLUS BEAU MOMENT AU FCB : L’invitation par le club à assister au match en championnat, en plus de la Coupe de Suisse contre Liverpool à Anfield II et des matches européens. Il faut des forces LA STAT : Parcourt 15 000 km chaque saison II 10 T H E F I FA W E E K LY
FC BÂLE “Je ne suis qu’un petit rouage au sein d’une grande machine mais, sans nous, tout irait de travers.” Mauro Vivarelli, responsable du matériel pour jouer sur deux ou trois tableaux simulta- nément. C’est la raison pour laquelle un joueur doit aussi savoir s’économiser. “Chacun se voit proposer un programme personnalisé. Il est im- portant de trouver le bon dosage”, note Un- ternährer. Le kinésithérapeute travaille depuis dix ans dans le football. Il reconnaît volontiers avoir toujours rêvé d’allier son métier à sa pas- sion. “Je savais pourtant que les places sont rares.” Malgré les obstacles, il a su réaliser son ambition. Recruté par le FC Zurich, il a pu pro- fiter des conseils avisés et de l’expérience du Néerlandais Ad van den Bergh. “La formation et l’expérience sont déterminantes. C’est essentiel sur le plan médical et pratique, mais aussi et surtout dans les rapports humains. Nous aussi, nous devons apprendre à gérer la pression.” Des journées de 15 heures Les joueurs sont partis. Mauro Vivarelli en- tame sa dernière tournée dans les vestiaires. Le temps lui est compté : il doit encore réaliser un montage vidéo de l’entraînement. En plus de ses tâches d’intendance quotidiennes, l’Ita- lien est aussi responsable de la production des vidéos. “Notre analyste doit être en mesure de jauger la performance de chaque joueur, les courses, leurs réactions… Il ne veut rien rater.” Il vient souvent à l’entraînement avec sa ca- méra, pour observer les moindres faits et gestes des joueurs. Il avoue s’être lancé dans cette activité un peu par hasard. Un jour où une caméra traînait à portée de main, l’entraî- neur de son précédent club lui a demandé de filmer le match. “C’est comme ça que mon tra- vail a évolué. Ensuite, j’ai rejoint le FC Bâle. Bien entendu, je ne suis qu’un petit rouage au sein d’une grande machine mais, sans nous, PRÉNOM, NOM : Mauro Vivarelli II tout irait de travers.” Les journées des employés du FCB sont DATE DE NAISSANCE : 21/1/1962 II longues, surtout lorsqu’un match se profile à FONCTION AU FCB : Responsable du matériel, films techniques II DEPUIS : 2011 II l’horizon. Dans ces occasions, chaque minute FORMATION : Mécanicien II NATIONALITÉ : Italienne II compte. Les jours de match à l’extérieur, le SON PLUS BEAU MOMENT AU FCB : Chaque jour II chauffeur doit se lever tôt. “Les journées de 15 LA STAT : Gonfle 40 ballons par entraînement II heures sont monnaie courante”, reconnaît T H E F I FA W E E K LY 11
FC BÂLE “Tout est une question de vécu. C’est essentiel sur le plan médical et pratique, mais aussi et surtout dans les rapports humains.” Nico Unternährer, kinésithérapeute Ammann. Il porte, il sert, il s’active, il nettoie, toujours là quand on a besoin de lui. Ça ne le dérange pas. “Je suis fier de conduire les joueurs de Bâle”, dit-il simplement. Au fil des ans, les conditions de travail ont changé : les usagers de la route sont plus agressifs, chacun veut faire la police, les téléphones et les SMS se disputent l’attention des conducteurs… Qu’à cela ne tienne, la proximité des joueurs et la camaraderie qui règne au sein du groupe suffisent au bonheur de notre interlocuteur. “Je n’ai encore jamais vécu de grosse mésaven- ture. C’est le plus important.” On a le sentiment que tous ceux qui tra- vaillent au FC Bâle ont réalisé leur rêve. “C’est une chance de côtoyer des jeunes gens motivés et qui se donnent à fond pour leur passion”, es- time Nussbaumer. Ses yeux se mettent à briller dès qu’il parle de son métier. La tâche est im- mense : il prête main-forte à l’entraîneur, il or- ganise les déplacements, les réservations d’hô- tels, les repas, les matches amicaux, les cours de langue pour les joueurs, il répond à toutes les questions et veille à ce que les demandes de billets des employés soient satisfaites. Il fait tout cela depuis un petit bureau sans fenêtre dans les entrailles du stade, éclairé par un simple néon. “On est au maximum“, s’amuse-t- il. Comme il le reconnaît lui-même, le club au- rait pu lui fournir un local plus spacieux, mais le contact avec les joueurs lui aurait manqué. Tout est dit. “Ce n’est pas qu’une question de victoires et de titres. Ce que je recherche ici, ce sont les rencontres et les expériences hu- maines. Ce sont là les vraies récompenses pour le travail que j’effectue ici au quotidien.” Une étonnante harmonie Les derniers maillots tournent dans la ma- PRÉNOM, NOM : Nico Unternährer II chine. La journée de Christine Castioni touche DATE DE NAISSANCE : 17/10/1973 II FONCTION AU FCB : Kinésithérapeute II DEPUIS : 2009 II à sa fin. Les tenues lavées sont soigneusement rassemblées pour être redistribuées. Tout est FORMATION : Kinésithérapeute et ostéopathe II NATIONALITÉ : Suisse II prêt pour le lendemain. Lorsqu’on l’interroge SON PLUS BEAU MOMENT AU FCB : Le suspense lors de la séance de tirs au but du match retour sur ses ambitions, notre interlocutrice répond contre Tottenham Hotspur, en quart de finale de l’Europa Ligue II sans détours : “Je veux voir encore plus de pen- LA STAT : Utilise 5 rouleaux de bande par jour II 12 T H E F I FA W E E K LY
FC BÂLE “Les joueurs nous demandent : Est-ce que j’ai bien couru ? Est-ce que je me suis bien reposé ?” Nacho Torreño, entraîneur adjoint sionnaires du centre de formation en équipe première et j’espère que Bâle continuera de bril- ler sur la scène internationale.” Visiblement, elle n’imaginait pas que la question puisse la concerner personnellement. “Mes objectifs à moi, vous voulez dire ? Rester au FCB !” La devise des habitués de la Muttenzerkurve (les fans les plus fidèles du FC Bâle) se re- trouve donc à tous les niveaux du club : “Rouge est notre amour, bleue notre fidélité.” Cette passion est si sincère, presque naïve, que l’on a du mal à y croire. On cherche l’erreur. On ne la trouve pas. L’équipe derrière l’équipe tra- vaille et vit en harmonie. Les rouages s’im- briquent parfaitement pour que la machine fonctionne, jour après jour. Å FC BÂLE 1893 Faits et chiffres Fondation : 15 novembre 1893 Stade : St. Jakob-Park, 38 512 places Entraîneur : Paulo Sousa Président : Bernhard Heusler Champion de Suisse : 1953, 1967, 1969, 1970, 1972, 1973, 1977, 1980, 2002, 2004, 2005, 2008, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 Vainqueur de la Coupe de Suisse : 1933, 1947, 1963, 1967, 1975, 2002, 2003, 2007, 2008, 2010, 2012 PRÉNOM, NOM : Nacho Torreño II Palmarès international (sélection) : Ligue des Champions : DATE DE NAISSANCE : 21/1/1976 II FONCTION AU FCB : Entraîneur adjoint II DEPUIS : 2014 II 2002 deuxième tour FORMATION : Maîtrise en recherche des sciences sportives II 2008, 2010, 2014 phase de groupes 2011 huitièmes de finale NATIONALITÉ : Espagnole II Europa Ligue : SON PLUS BEAU MOMENT AU FCB : Il reste à venir. II 2013 demi-finale LA STAT : Analyse 25 joueurs professionnels par jour. II T H E F I FA W E E K LY 13
LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE VU DES TRIBUNES Categoría Primera A colombienne Quatre minutes plus tard, le match au un passage sur le côté droit, il s’est présenté sommet de la Categoría Primera A était seul devant le gardien du Nacional, Franco Le rena rd des terminé. L’Atlético Nacional a donc gagné 2:1 Armani, mais son ballon a filé quelques grâce au flair d’Osorio et à l’excellent travail centimètres à côté du poteau gauche. Puis, il su r faces de Zeballos. L’attaquant paraguayen de 28 y a eu cette action rondement menée par ans, parti de Botafogo en décembre pour Copete et Zeballos, quatre minutes avant la p a r a g u aye n rejoindre le club basé à Medellín, a par fin, qui a permis au Nacional de s’installer en ailleurs également ouvert le score pour ses haut du classement. Sven Goldmann est spécialiste nouvelles couleurs. du football au “Tagesspiegel” de Cette spirale positive compensera peut-être Berlin. Après quatre journées, le club le plus titré de les déceptions de ces derniers mois. La série Colombie est déjà à sa place, c’est-à-dire en noire avait déjà commencé en décembre, La chance a fini par sourire. tête du championnat, qui regroupe 20 lorsque le Nacional s’était incliné face au Il faut dire que Juan Carlos formations. On ne peut cependant pas parler champion d’Argentine, River Plate, en finale Osorio a été bien inspiré lorsqu’il a décidé de victoire étincelante. Devant les 8 000 de la Copa Sudamericana. Il avait ensuite subi de faire entrer Jonathan Copete au milieu spectateurs rassemblés au stade Polidepor- deux défaites en une semaine, lors des ren- de la deuxième mi-temps. L’entraîneur de tivo Sur, Envigado, équipe surprise de ce contres décisives de la phase finale du Torneo l’Atlético Nacional a manifestement effectué début de Torneo Apertura, ne s’est pas laissé Clausura, contre l’Atlético Huila et l’Indepen- le bon choix puisque son ailier a fait exacte- faire. Mais le manque de chance lui a valu sa diente Santa Fe (Bogota). La dernière contra- ment ce que l’on attendait de lui : dribbler et première défaite de la saison, après deux riété remonte au mois de janvier. En finale de centrer. Peu avant le coup de sifflet final, il a victoires et un match nul. Tous les espoirs la Superliga colombienne, c’est à nouveau le ainsi adressé un centre millimétré de la étaient pourtant permis puisque Yony rival de Santa Fe qui s’est imposé après deux gauche vers la surface de réparation de González était parvenu à égaliser après le batailles acharnées. Il a fallu attendre février l’Envigado Fútbol Club. Son coéquipier premier but de Zeballos. En deuxième et le début du championnat pour voir la Pablo Zeballos n’a eu qu’à mettre le pied en mi-temps, Cristian Arango s’est même créé situation du Nacional s’améliorer, grâce aux opposition pour dévier le ballon dans le but, une grosse occasion qui aurait pu donner deux premières réalisations de son nouveau alors qu’il était encerclé par trois joueurs. l’avantage à Envigado. Se frayant aisément buteur paraguayen, Pablo Zeballos. Å Leon Monsalve / LatinContent / Getty Images Mission accomplie Pablo Zeballos, la nouvelle recrue de l’Atlético Nacional, a marqué. T H E F I FA W E E K LY 15
Bundesliga autrichienne 2 m atc h e s , 5 pena lties Andreas Jaros est écrivain et vit à Vienne. Le championnat autrichien a enfin repris ses droits après neuf semaines de trêve hivernale. Afin de combler l’attente, le Rapid Vienne a lancé en grande pompe les travaux de son nouvel Allianz-Stadion, dont l’ouver- ture est prévue pour la saison 2016/17. Heinz Fischer, président de la République fédérale d’Autriche et éminent supporter des Verts et Blancs, a honoré le club le plus titré du pays de sa présence et esquissé quelques coups de pelle en guise d’échauffement pour sa sortie au bal prévue le soir même. De son côté, la Bundesliga s’efforce elle aussi de se bâtir un avenir solide. Depuis un salon vitré surplombant la ville de Vienne, Reinhard Herovits, patron de la ligue, a ainsi fait part de ses ambitions : “Une place directe en Ligue des Champions, une moyenne de 10 000 specta- teurs par rencontre et une refonte de notre image afin de tourner le dos à cette réputation de championnat d’opérette et de devenir un exemple pour le sport autrichien.” Et Hans Rinner, président du championnat, d’ajouter : “Les infrastructures sont la clé du succès.” Mais Rome ne s’est pas faite en un jour. Quelques jours à peine après ces annonces, un premier match a ainsi dû être annulé : Grödig, Emploi du temps chargé L’arbitre Dominik Ouschan montre un carton rouge au joueur de Ried, Gernot Trauner. petit club non dénué d’ambitions mais au terrain non chauffé, a retrouvé ce dernier enseveli sous la neige et la glace, sans pouvoir scellant le 36e (!) match sans victoire de Ried L’équipe de Carinthie se retrouve à égalité le déblayer à temps pour accueillir le Sturm contre le Rapid en autant de tentatives. avec Altach, formation basée dans le Vorarl- Graz. Conséquence : Grödig s'est vu retirer berg qui l’a emporté 2:0 face l’Admira, mais son habilitation à organiser des matches de Du côté de Klagenfurt, deux penalties ont affiche toujours huit points de retard sur le première division ! également été sifflés, cette fois-ci en faveur de leader, le Red Bull Salzbourg. Après avoir l’autre grand club de la capitale, l’Austria perdu cet hiver deux de leurs éléments clés Deux des enceintes qui avaient accueilli l’Euro Vienne, mais sans toutefois influencer le score. en la personne de Kevin Kampl (Borussia 2008 ont elles aussi été le théâtre de matches Alexander Grünwald et Raphael Holzhauser, de Dortmund) et d’Alan (Guangzhou riches en rebondissements : sur la pelouse retour après quelques années passées en Evergrande/Chine), les joueurs de la ville de viennoise du Happel-Stadion, le Rapid s’est Allemagne, ont tout deux échoué face à l’im- Mozart se sont imposés 2:0 contre le SC aisément imposé 3:0 face à son adversaire pressionnant gardien de Wolfsberger, Alexan- Magna Wiener Neustadt, signant ainsi leur favori, Ried, à la faveur de trois coups de pied der Kofler. Son coéquipier Michael Berger, dont dixième victoire d’affilée sur ce club. Jona- de réparation sifflés en l’espace de 28 minutes c’était le premier but en 33 matches de Bun- than Soriano a inscrit un doublé pour les et de deux expulsions. Deni Alar (par deux desliga, a permis aux siens de ramener les trois Taureaux. Rien ne semble pouvoir arrêter cet fois) et Robert Beric ont marqué depuis le points après huit matches sans victoire. Pour attaquant espagnol de 29 ans qui une nou- point de penalty, faisant de l’ombre au spray Wolfsberger, il s'agit par ailleurs du troisième velle fois est très bien parti pour remporter temporaire, qui fêtait pourtant sa première succès sans but encaissé face au champion 2013 le titre national ainsi que celui de meilleur imago utilisation en Bundesliga autrichienne, et après les 4:0 et 2:0 des précédentes rencontres. buteur du championnat. Å 16 T H E F I FA W E E K LY
Premier Soccer League sud- africaine faveur d’une impressionnante série de vic- connu des débuts poussifs en Ligue des toires, passant même tout proche d’établir un Champions. En déplacement aux Seychelles Un l e a d e r s u r nouveau record en la matière. pour y affronter l’équipe semi-professionnelle de Saint-Michel United, ils n’ont pu faire ses ga rdes La faillite des Kaizer Chiefs s’était alors expli- mieux qu’un match nul 1:1. Leur forme en quée par la blessure de joueurs clés ainsi que par championnat est cependant tout autre, Mark Gleeson est journaliste le parcours du club en Ligue des Champions, les puisqu’ils restent sur trois victoires consécu- et commentateur de football longs trajets à travers tout le continent ayant tives. Ils disposent en outre d’un effectif et vit au Cap. laissé des traces. Aujourd’hui encore, le trauma- mieux étoffé, ce qui devrait leur permettre tisme n’a pas été totalement évacué, comme le d’aborder les trois premiers tours à élimina- En temps normal, personne prouvent les prestations hésitantes des joueurs tion directe de la Ligue des Champions en n’imagine une équipe disposant au sortir d’une trêve de huit semaines. Ils ont pleine possession de leurs moyens, sans pour d’une avance de 15 points en tête du classement déjà lâché des points et leur avance s’est réduite autant délaisser le quotidien de la Premier finalement échouer à empocher le titre, d’autant à 10 unités, bien qu’ils restent encore invaincus à Soccer League. plus lorsque la mi-saison est déjà dépassée. Le 11 journées de la fin de la saison. matelas est normalement trop confortable pour Derrière cette lutte pour le titre, on re- laisser place aux mauvaises surprises. Les Kaizer Comme l’an passé, les Chiefs sont de plus trouve Bidvest Wits au troisième rang et les Chiefs, leaders du championnat sud-africain, engagés en Ligue des Champions. Samedi Orlando Pirates au quatrième. Ces deux peuvent pourtant témoigner que les retourne- dernier, ils ont souffert pour se défaire des formations peuvent en théorie encore ments de situation sont possibles. La saison Botswanais de Township Rollers à domicile espérer rattraper les Kaizer Chiefs mais dernière, alors qu’ils disposaient d’une avance (2:1) pour le compte du tour préliminaire. De pour cela, il leur faudrait gagner tous leurs similaire, ils se sont finalement écroulés dans la quoi craindre un nouveau scénario catas- matches et compter sur plusieurs faux-pas dernière ligne droite, ce qui a permis aux Mame- trophe ? Rien n’est moins sûr, puisque les du leader. Une gageure, comme le soulignait lodi Sundows d’être sacrés. Mamelodi Sundows dispute désormais lui l’entraîneur des Buccaneers Eric Tinkler la aussi cette compétition continentale, à semaine dernière : “Habituellement, Les Amakhosi comptaient à l’époque 11 points l’inverse du précédent exercice, où il pouvait l’équipe qui remporte le championnat ne de plus que leur rival et avaient bon espoir de se concentrer pleinement sur la conquête d’un perd que quatre ou cinq matches dans la conserver la couronne acquise un an plus tôt. premier titre national depuis sept ans. saison. Les Chiefs sont toujours invaincus Ils ont pourtant été coiffés au poteau par les et si quelqu’un veut avoir une chance de les Mamelodi Sundows, qui se sont adjugé le titre Les Brésiliens, ainsi surnommés en raison de revoir, il va falloir qu’ils se mettent à perdre à une journée du terme du championnat à la la couleur de leur maillot, ont également rapidement.” Å Sydney Mahlangu / BackpagePix Ligue des Champions Bernard Parker, des Kaizer Chiefs, contre Koko Sekhana (Township Rollers, Botswana). T H E F I FA W E E K LY 17
L’ I N T E R V I E W “Le jour viendra où l’Afrique remportera la Coupe du Monde” Pendant la finale de la Coupe d’Afrique, les spectateurs ont assisté à du très grand spectacle de la part du gardien ivoirien. Nous nous sommes entretenus avec Boubacar Barry, qui a arrêté le 21e tir au but de la rencontre contre le Ghana avant d’inscrire le 22e. Boubacar Barry, quel effet cela fait-il d’être un les gens au pays soient heureux. La foule Vous ayez gagné cette Coupe d’Afrique sans héros national ? s’est précipitée dans la rue, sur les places et Didier Drogba. Est-ce un hasard ? Boubacar Barry : “Cela faisait trois ans tout le monde a fait la fête.” “Non ! Drogba est un joueur sensation- que le pays attendait ce titre, depuis sa nel, il a énormément contribué à notre défaite en finale contre la Zambie, et même réussite. Malgré son absence pendant le 23 ans si l’on remonte jusqu’à notre dernier tournoi, l’équipe doit beaucoup à la qualité triomphe dans cette compétition. Nous ressentons évidemment tous un immense “C’est un trop-plein de ses performances par le passé. Dieu a décidé qu’il ne jouerait pas cette fois-ci. bonheur car le groupe et l’équipe ont travaillé dur pour atteindre ce succès d’émotions. Mais les absents ont eux aussi réalisé un important travail en amont et ils ont historique.” Ce qui compte le plus à participé à leur manière à cette victoire. C’est le destin.” Comment décririez-vous l’instant où vous avez marqué le tir au but décisif ? “Dans un moment comme celui-ci, on ne mes yeux, c’est que À qui souhaitez-vous dédier ce titre ? “À tous ceux qui ont cru en nous et en pense pas à ce qui va se passer après. Il faut éviter de trop réfléchir. Quand ton tour les gens au pays premier lieu à ma mère.” Å arrive, tu dois agir, c’est tout. J’ai essayé de le faire au plus vite tout en restant concen- soient heureux.” Boubacar Barry s’est entretenu avec Emanuele Giulianelli tré et d’envoyer le ballon au fond du filet. Je remercie Dieu que tout se soit bien passé.” Une question d’ordre plus général à Cette victoire représente-t-elle une sorte de présent : à votre avis, quand verra-t-on la revanche pour votre défaite lors de la finale de première équipe africaine gagner une l’édition 2012 ? Coupe du Monde ? “Non, je ne dirais pas que c’est une “L’important, c’est de se montrer pa- revanche, c’est davantage la suite logique. tient. Après notre défaite en finale, nous, Dans la vie, quand on veut gagner, il ne faut les joueurs ivoiriens, nous avons dû at- jamais cesser de regarder vers l’avant. C’est tendre trois ans avant de remporter enfin la pour ça que je ne perds jamais espoir et que Coupe d’Afrique. Dans la vie, il ne faut je m’entraîne chaque jour.” jamais cesser d’y croire. Gagner une Coupe du Monde, c’est du sérieux. Je pense que D’où vous vient votre surnom, “Copa” ? Dieu choisira le bon moment. Mais ce jour Nom “C’est le nom de l’équipe dans laquelle viendra, j’en suis sûr. Ce sera Dieu qui Boubacar “Copa” Barry évoluait mon frère, dans les années 80. Je choisira, personne ne peut savoir quand ça Date et lieu de naissance portais toujours le maillot de son club arrivera.” 30 décembre 1979 quand je sortais dans le quartier pour jouer. Abidjan, Côte d’Ivoire Mes amis se sont mis à m’appeler Copa et ce À quel moment avez-vous compris que vous Poste surnom m’est resté jusqu’à aujourd’hui.” pouviez remporter le tournoi ? Gardien “On ne pense pas à ce genre de choses. Parcours de joueur Comment avez-vous fêté la victoire ? Les gens croient en nous, ils nous ont 1999–2001 ASEC Mimosas 2001–2003 Rennes “Nous avons encore du mal à y croire. Je toujours soutenus et à chaque match, nous 2003–2007 Beveren n’ai toujours pas vraiment réalisé ce qui avons gardé à l’esprit que la victoire était Depuis 2007 Lokeren s’est passé. C’est un trop-plein d’émotions. possible. C’est ce qui nous a permis d’at- Équipe de Côte d’Ivoire Ce qui compte le plus à mes yeux, c’est que teindre notre objectif.” 86 sélections, 1 but 18 T H E F I FA W E E K LY
Jonas Hamers / Afp T H E F I FA W E E K LY 19
First Love Lieu : Hérat, Afghanistan Date : 1er janvier 2015 Heure : 16h53 Photog raphe : Aref Karimi 20 T H E F I FA W E E K LY
Afp T H E F I FA W E E K LY 21
THIS IS THE ONE Introducing Official Mascot for the FIFA U-20 World Cup New Zealand 2015 @FIFAcom #Wooliam /fifau20worldcup
LE DÉBAT LE BILLET DU PRÉSIDENT L’opinion des utilisateurs de FIFA.com sur le racisme : Je n’arrive pas à comprendre que le racisme soit toujours présent, et je ne parle pas uniquement du sport. Pourquoi les gens vivent-ils dans le passé ? Le monde est tellement plus beau lorsque nous sommes tous unis. En fin de compte, nous avons besoin les uns des autres pour survivre… dSteppa, Sainte-Lucie Une attitude claire Les campagnes de la FIFA en faveur du fair-play et contre la sur le racisme discrimination ont fait beaucoup de bien à la diversité dans L le football, et même au-delà. Espérons que ça continue comme ça. a lutte contre le racisme ne saurait se payer de demi-mesures ou de paroles 22792RS, Grande-Bretagne creuses. Il faut choisir son camp. On ne peut invoquer un malentendu en guise d’excuse, surtout lorsque l’on tient des propos comme ceux qu’un ancien sélectionneur et entraîneur bien connu a tenus cette semaine. Pendant des années, nous avons été engagés dans une lutte contre Il ne s’agit pas non plus de clouer telle ou telle personne au pilori. Toute- le racisme. Puis, Dani Alves a mangé une banane qu’un spectateur lui fois, un technicien célèbre, qui fait par conséquent figure d’exemple, ne peut avait jetée. C’était la première fois que je voyais une victime de racisme mettre de tels incidents sur le compte d’une mauvaise interprétation quand réagir de la sorte. Plutôt que de laisser libre cours à sa colère, le il affirme qu’il y a “trop de joueurs noirs” dans les équipes de jeunes d’Europe défenseur brésilien a pris la chose de haut, sur le ton de l’humour. occidentale. Surtout s’il croit bon d’ajouter que “la dignité et l’honneur” des Quelle attitude extraordinaire ! Je crois que de telles réactions peuvent clubs s’en trouve affectée. contribuer à éradiquer le racisme. Cette leçon s’adresse à nous tous : il faut toujours rester vigilant. Person- tioborowski, Indonésie nellement, je pense que les mots du malheureux ont dépassé sa pensée. Je ne veux pas lui en tenir rigueur, mais le fait est qu’il a prononcé ces paroles. Ce cas me semble bien différent de celui des supporters de Chelsea qui ont Imaginez un monde où tous les fruits auraient la même forme, poussé un Noir hors d’une rame de métro cette semaine à Paris en affichant le même goût, la même taille, la même couleur. ouvertement leur racisme. Ceci est inconcevable. Ce serait bien ennuyeux. Nous avons plusieurs variétés de fruits Depuis des années, la FIFA lutte contre toutes les formes de discrimina- de toutes les formes, de toutes les tailles, de tous les goûts, tion. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous, mais nous faisons de notre de toutes les couleurs ! C’est passionnant. Il en va de même pour mieux. Respecter l’autre, apprécier la différence et encourager la diversité : l’humanité. Il faut être fou pour haïr une chose qui au contraire devrait voilà le match que nous devons gagner chaque jour. susciter notre intérêt, à savoir les différences entre les êtres humains. Certains scientifiques affirment que le germe du racisme est présent en Djenko Esse, Nigeria chacun de nous. Ils basent leurs affirmations sur des recherches menées sur l’évolution de l’espèce humaine. La peur de l’étranger, la méfiance à l’égard de l’inconnu feraient partie d’une stratégie de survie remontant au temps où Le racisme empêche les gens de se concentrer sur les choses l’on mangeait encore du mammouth au petit-déjeuner. essentielles dans la vie. En d’autres termes, plus vous pensez à Des dizaines de milliers d’années se sont écoulées depuis cette époque, des choses comme le racisme, moins vous avez de temps pour vous mais ces scientifiques affirment que ces éléments sont toujours présents en consacrer à vos activités quotidiennes. Le racisme détourne votre nous. Si c’était vrai, il y aurait de quoi s’inquiéter. Le racisme ferait alors attention, en vous obligeant à vous demander pourquoi votre agresseur partie de notre ADN. Heureusement, ces mêmes savants nous apprennent vous dit de telles choses. Les racistes croient que leurs remarques qu’il existe un antidote à ce poison : l’intelligence. Elle nous distingue de dégradantes sont tolérables, mais ce n’est vrai que si les victimes l’animal en nous permettant de dominer nos instincts. Elle fait de nous des manquent de confiance en elles-mêmes. hommes, avec des principes et des valeurs. tonon10, Sud Soudan Il ne faut pas pour autant en déduire que les personnes plus intelligentes seraient moins exposées au risque ou vice-versa (contrairement à ce que l’incident parisien pourrait laisser penser). Tout ceci prouve simplement qu’il Le racisme est une maladie contagieuse qui atteint les gens et faut toujours adopter une position claire lorsqu’il s’agit de lutter contre toutes se propage comme un feu de forêt. Malheureusement, les formes de discrimination. La première étape consiste à ne pas laisser comme beaucoup de maladies, il ne disparaîtra jamais totalement. planer le moindre doute sur ce que nous disons, sur la manière dont nous le tumo2010, Irlande disons et, bien entendu, sur la manière dont nous agissons. “Le monde est tellement plus beau quand nous sommes unis.” Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY 23
LES LÉGENDES DU FOOTBALL “Bon comme un vieux vin” La rebelle, l’icône, la pionnière : nous nous sommes penchés sur les carrières en équipe nationale de six femmes extraordinaires. Rainer Hennies 24 T H E F I FA W E E K LY
LES LÉGENDES DU FOOTBALL FORMIGA – LA FOURMI Avec la “Seleção”, elle porte habituellement le numéro 8. Mais en décembre dernier, lors d’un tournoi international organisé au Brésil, la milieu de terrain s’est vu attribuer le numéro 20. La fédération avait en effet décidé de rendre hommage à une joueuse d’exception : Miraildes Maciel Mota, mieux connue sous le nom de “Formiga” (la fourmi), qui fêtait pour l’occasion ses 20 ans de carrière en équipe nationale. Le Brésil a remporté la compétition devant les États-Unis, la Chine et l’Argentine. Formiga a elle-même célébré cet anniversaire avec deux buts et un tir sur la barre transversale lors de la victoire 4:0 de son équipe face à “l’Albiceleste”, au stade Mané-Garrincha de Brasilia. Cela lui a valu les acclamations du public et une pluie de louanges de la part de ses coéquipières. “Vingt ans que Formiga est internationale et qu’elle se bonifie, comme les grands vins”, a par exemple déclaré Marta, quintuple Joueuse Mondiale de l’année. Depuis 1995, la joueuse de poche (1,63 m) a disputé cinq Coupes du Monde. Au Canada, cette année, elle ajoutera une sixième participation à son CV, un record pour le football féminin. Rio 2016 pourrait en outre constituer son sixième tournoi olympique et être l’occasion de finir sa carrière en apothéose, à la maison. “Ce serait fantastique de terminer sur un succès”, a ainsi confié Formiga. Jusqu’à présent, les Brésiliennes n’ont jamais été championnes du monde et n’ont jamais remporté l’or olympique. Elles ont décroché l’argent en 2004 à Athènes et en 2008 à Pékin, tandis qu’à la Coupe du Monde 2007, elles ont échoué en finale. C’est toutefois l’édition 1999 de l’épreuve suprême qui reste le meilleur souvenir de Formiga. Au bout d’une rencontre sans aucun but au Rose Bowl de Pasadena, elle avait inscrit le tir au but décisif (5:4) contre la Norvège et offert la troisième place à ses couleurs. Å Buda Mendes / Getty Images, Bob Thomas / Getty Images, Bongarts / Getty Images, imago MORACE – LA PIONNIÈRE C’est à l’âge de 14 ans et 8 mois seulement que Carolina Morace dispute son tout premier match sous les couleurs de l’Italie. Entre 1978 et 1997, elle honore 153 sélections et marque la bagatelle de 105 buts. Elle compte ainsi parmi les dix seules footballeuses totalisant plus de 100 réalisations en équipe nationale. Passée entraîneuse à la fin de sa carrière de joueuse, Morace devient la pre- mière femme à diriger une formation masculine, l’AS Viterbese Calcio en troisième division. Elle rend cependant son tablier après deux matches, la faute à une pression médiatique insoutenable. Elle prend ensuite les rênes de la sélection féminine italienne, avec succès, puisqu’elle la qualifie pour deux phases finales de l’Euro. Elle connaît en revanche plus de difficultés avec le Canada et la Coupe du Monde 2011 tourne même au fiasco : trois défaites en autant de rencontres et la plus mauvaise différence de buts de toutes les équipes engagées. Morace, championne d’Italie à douze reprises et couronnée meilleure buteuse de Serie A onze fois consécutivement, est en outre la pre- mière femme à avoir été admise au Hall of Fame du football italien. Également titulaire d’un diplôme d’avocate, elle dirige aujourd’hui à 51 ans la Juventus Academy située dans le nord de Rome, à deux pas de l’antique Via Salaria. Å T H E F I FA W E E K LY 25
LES LÉGENDES DU FOOTBALL DEVI – LA REBELLE Oinam Bembem Devi, 34 ans, a choisi le moment idéal pour mettre un terme à sa carrière profes- sionnelle. À la fin du mois de novembre 2014, l’Indienne a battu en final le Népal 6:0, s’assurant ainsi son troisième titre de championne d’Asie du Sud en tant que capitaine de la sélection nationale. “Je suis très heureuse de quitter la scène dans un moment pareil”, a déclaré Devi, qui souhaite devenir entraîneuse et prédit un avenir prometteur aux équipes féminines de son pays, compte tenu de l’important réservoir de jeunes talents. “Si nous travaillons dur, je suis convaincue que nous pou- vons nous hisser dans le Top 10 mondial.” Devi a 15 ans lorsqu’elle fait ses premiers pas en sélection. Elle porte ensuite le maillot indien pendant deux décennies. Enfant, elle choisit le football malgré les réticences de ses parents mais au fil du temps, son talent finira par vaincre le scepticisme de son père, qui compte aujourd’hui parmi ses supporters. “Ma passion pour ce sport et ma persévérance ont fini par convaincre, même si mon père m’a toujours répété de ne pas négliger mes études.” Son succès lui donnera raison : avec Manipur, elle remporte le championnat d’Inde à 17 reprises avant de partir jouer aux Maldives, où elle gagne le titre national en 2014. Å HAMM – L’ICÔNE Excellence technique, magicienne du ballon, maîtresse du milieu de terrain ou buteuse en série, aucune de ces expressions ne rend véritablement justice au talent protéiforme de Mia Hamm (42 ans). Son nom est aujourd’hui indissociable de la montée en puissance du football féminin aux États-Unis. Internationale depuis 1987, elle reste Anadolu Agency, AIFF, Will Mcintyre / Getty Images, Bongarts / Getty Images, imago, NC State Media Relations la plus jeune débutante de l’histoire de la sélection américaine. Elle a, par la suite, honoré 274 autres sélections et inscrit 158 buts avec les “Stars and Stripes”. Mia Hamm a tout gagné : l’or olympique, la Coupe du Monde Féminine, le titre de Joueuse américaine de l’année, le titre de Joueuse Mon- diale… Elle est aussi la première femme à avoir intégré la liste FIFA 100. Elle figure dans le Temple de la Renommée du football. Elle compte en outre parmi les dirigeants de l’AS Rome. Aux côtés de son mari, la star du baseball Nomar Garciaparra, et de l’ancien basketteur Earvin Magic Johnson, elle fait désormais partie du groupe d’investisseurs à la tête de la nouvelle équipe de Los Angeles, qui intègrera la MLS en 2017. Å 26 T H E F I FA W E E K LY
Vous pouvez aussi lire