La création d'une instance de Régulation déontologique d'information - Ethic

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La création d'une instance de Régulation déontologique d'information - Ethic
La création d’une instance de
           Régulation déontologique d’information

               Une proposition de Sophie de Menthon
                      Présidente du Mouvement ETHIC :

                                                        Remerciements : Frédéric Jaillant

                                  Février 2019

48 boulevard de la Tour-Maubourg – 75007 PARIS –tel 01 53 85 90 85 – Fax : 01 53 85 90 80
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1-LE CONTEXTE

A- L’actualité
B- Les règles existantes

2-LES SOLUTIONS

A- Une instance de régulation déontologique de l’information
B- Fonctionnement

3- EXEMPLES DE REGLES POUR LES CHAÎNES D’INFORMATION

A- Problématique des images diffusées en boucle
B- Problématique du fond d’écran
C- Problématique des bandeaux en bas d’écran
D- Problématique des tweets des téléspectateurs
E -Problématique de la neutralité de l’information
F- Problématique des fake news

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1- LE CONTEXTE
A- L’actualité

- La défiance des Français n’a jamais été aussi forte vis-à-vis des médias et des
journalistes. (Selon le sondage annuel de Kantar pour La Croix effectué en janvier,
50% seulement des Français pensent que les choses se sont passées comme le
raconte la radio (- 6 points en un an), 44% pensent la même chose du journal (- 8
points), 38% de la télévision (- 10 points).

Défiance très forte par exemple à propos du traitement du mouvement des Gilets
Jaunes (67% des Français reprochent aux médias d’avoir dramatisé les événements
et 52% regrettent qu’ils aient laissé trop de place à des gens qui expriment un point
de vue extrême)

- C’est particulièrement vrai pour les chaînes d’information en continu dont la
couverture de cette actualité des Gilets Jaunes continue à provoquer un nombre
important de réactions indignées, quelles que soient les tendances sociales ou
politiques.
De leur côté, les Gilet Jaunes considèrent que les chaînes d’information en continu
dénaturent leur mouvement en ne montrant que la violence.

Et parmi les autres, ceux qui ne se revendiquent pas Gilets Jaune, beaucoup
regrettent une couverture disproportionnée basée sur des images de violence qui,
selon eux, appellent la violence. Certains propos, comme ceux de l’ancienne ministre
Noëlle Lenoir, ont même laissé penser que les journalistes étaient responsables des
violences qu’ils subissent. Évidemment toute forme de violence à l’égard des
journalistes est injustifiable !

- Le dernier exemple en date qui interpelle à la fois sur la neutralité et la
responsabilité des chaînes d’information remonte au dimanche 27 janvier.
Dans son journal de 15h00, BFM TV a consacré 10 minutes d’antenne en ouverture
sur la blessure de Jérôme Rodrigues, sujet traité avec diffusion d’images Facebook,
de son propre témoignage et avec l’avis de plusieurs experts.
S’en est suivi un duplex en direct de moins de 2 minutes sur la manifestation des
foulards rouges qui était pourtant en train de se dérouler.

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La raison de cette hiérarchie éditoriale est malheureusement évidente : dans un cas
– Jérôme Rodrigues - du sensationnel avec des images de la veille déjà vues mais qui
sont spectaculaires et génèrent de l’émotion.
Dans l’autre cas, une manifestation paisible, sans incident, ce qui était suffisant pour
que BFM TV considère que l’intérêt était moindre.
(Dans le même temps, CNews a ouvert sur la manifestation des foulards rouges. LCI
diffusait les courses en direct depuis Vincennes)

- En diffusant en boucle des images violentes qui dataient, BFM TV a-t-elle
convenablement exercé sa responsabilité vis-à-vis du public compte-tenu de
l’influence de la chaîne, la plus suivie des chaînes d’information en continu ?
A-t-elle proposé aux téléspectateurs un traitement neutre en reléguant la
manifestation des foulards rouges alors qu’elle a ouvert des centaines d’éditions de
ses journaux par les Gilets Jaunes et qu’elle a consacré au mouvement des milliers
d’heures d’antenne ?

B- Les règles existantes

- À ce jour, il existe des règles pour encadrer la pratique des journalistes dans
l’exercice de leur profession, en particulier la Charte d’Éthique professionnelle des
journalistes, adoptée par les principaux syndicats de journalistes.
Il s’agit de la charte de Munich de 1971, actualisée en s’inspirant du code Frappat
édicté par une commission de sages en 2011 sous la présidence de Bruno Frappat,
l’ancien directeur de la rédaction du Monde et directeur de La Croix.

- Ses règles sont pertinentes et pleines de bon sens mais elles restent malgré tout
assez subjectives.
Par exemple : « Un journaliste « digne de ce nom » tient l’esprit critique, la véracité,
l’exactitude,   l’intégrité,   l’équité,   l’impartialité,   pour   les piliers de     l’action
journalistique ; tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des
documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la
manipulation, la censure et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus
graves dérives professionnelles »
Un autre inconvénient de cette Charte d’Éthique professionnelle des journalistes est
qu’elle n’a qu’une valeur incitative, non réellement contraignante, car si elle
s’applique effectivement à l’intérieur des médias, aucun organisme externe ne veille
à la faire vraiment respecter.

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- En effet, il est très difficile pour un média de sanctionner lui-même l’un de ses
propres journalistes ou présentateurs qui aurait par exemple manifestement minoré
le traitement d’un sujet aux dépens d’un autre couvert avec trop de zèle.

- De plus, ce code de déontologie doit être actualisé compte-tenu de l’évolution de
la presse et des technologies.

- Enfin, il doit être adapté en fonction de la typologie des médias et de cette nouvelle
course à l’audience qui en découle.

En particulier, un règlement spécifique doit concerner les chaînes d’information
en raison de leurs particularismes :

- Leur situation concurrentielle du fait de leur nombre (BFM TV, CNews, LCI, France
Info, RT France)

- L’influence exercée par les réseaux sociaux sur ces chaînes (elles n’hésitent plus à
diffuser des tweets de téléspectateurs pour se positionner à la manière d’un réseau
social)

- Leur audience. Ces chaînes d’information restent le média prioritaire vers lequel les
Français se tournent (selon le sondage Kantar de janvier, la télévision reste le premier
moyen de s’informer sur l’actualité pour 46% des Français, devant Internet (29%), la
radio (18%) et le journal imprimé (6%).)

- La force de leurs images. Diffusées en boucle tout au long de la journée, elles
finissent par avoir une portée démesurée par rapport à la réalité des faits. Même
constat pour des phrases inlassablement répétées, oralement par les présentateurs
ou par écrit sur des bandeaux en bas d’écran, qui amplifient les faits.

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2- LES SOLUTIONS
A- Une instance de régulation déontologique de l’information

- Le CSA ne peut jouer un rôle de régulateur éditorial.
Ses membres étant nommés par l’État, il ne saurait être une instance légitime pour
veiller à la neutralité des chaînes.
Puisque les prérogatives du CSA doivent rester limitées à la régulation économique
et technologique avec en particulier l’attribution et la gestion des fréquences, la
création d’une nouvelle structure s’impose.

- Équivalent éditorial du CSA, cette structure indépendante serait une instance de
régulation déontologique de l’information, chargée de faire respecter une éthique
professionnelle.
Son rôle serait d’appeler à la responsabilité des médias face au public, en particulier
des chaînes d’information.

- Ce faisant, elle contribuerait à la qualité de l’information et renforcerait le lien de
confiance entre le public et les journalistes. Elle les protégerait dans un contexte
d’agressivité, voire de violence à leur égard.

-Une structure comparable existe déjà dans plusieurs pays sous différentes formes.

B- Fonctionnement

- Pour fonctionner, cette instance aura besoin d’un texte de référence.
Ce texte pourra s’inspirer de la charte déontologique existante mais devra être
actualisé et décliné spécifiquement pour les chaînes d’information.

- Elle ne peut être composée seulement de représentants des médias, sous peine
d’être soupçonnée de complaisance et de voir sa crédibilité mise en cause, surtout
dans un climat de défiance vis-à-vis des institutions, dont les journalistes sont aussi
victimes.
En revanche, la mise en place de cette instance se fera en partenariat avec les
rédactions qui devront participer à l’élaboration des règles puis les accepter.

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- En plus de représentants des médias, le collège de ce conseil devra donc aussi être
composé de membres de la société civile, connaisseurs des médias mais non
professionnels (un représentant de l’État)

- L’instance pourra s’auto saisir ou agir sur plaintes, si elles sont jugées
recevables. Elle aura un pouvoir disciplinaire et émettra des avis qui seront publiés
sur son site et devront être rendus public sur le média concerné par cet avis.
La publicité ainsi faite à ces avis contribuera à son influence auprès des journalistes,
qui devront anticiper, comme du public, qui aura le sentiment d’être associé.

- Les chaînes auront une possibilité de recours par appel des décisions.

- Par la transparence intégrale de son fonctionnement, avec des séances de travail
filmées et diffusées sur son site, l’instance de régulation déontologique de
l’information assurera une fonction de médiateur entre les journalistes et les
téléspectateurs.

- Au final, cette instance sera tout sauf un tribunal des médias. Au contraire, par la
réflexion permanente qu’elle mènera sur les sujets d’éthique, elle sera garante de la
liberté de la presse et de la liberté d’expression

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3- EXEMPLES DE REGLES POUR LES CHAÎNES D’INFORMATION
A- Problématique des images diffusées en boucle.

La réglementation que l’instance de régulation déontologique de l’information devra
veiller à faire respecter et à limiter la durée de diffusion d’images identiques sur
chaque période d’une heure d’horloge glissante.C’est un principe semblable qui est
en usage pour limiter la durée des écrans publicitaires sur les chaînes publiques et
les chaînes hertziennes privées.
Afin de réduire l’impact de la répétition des mêmes images, impact qui finit par
devenir sans rapport avec la réalité des faits (la limitation à quatre séquences
d’1’30’’ d’images identiques par heure serait un ratio raisonnable).

B- Problématique du fond d’écran

La limitation de la durée de diffusion d’images identiques résoudra de facto le
problème du fond d’écran avec la diffusion ininterrompue de la même séquence
souvent observée pendant une émission de débat, que ce soit sur la totalité de
l’écran ou dans une fenêtre.
Cette pratique s’en trouvera empêchée.
Rien n’interdira d’illustrer les émissions de débat par des images, à condition donc
qu’elles ne soient pas répétitives, c’est-à-dire qu’elles n’obéissent pas seulement à la
logique du plus spectaculaire, comme c’est le cas aujourd’hui trop souvent, mais à
une logique éditoriale.

C- Problématique des bandeaux en bas d’écran

En venant se surajouter à l’image de manière intempestive, ces textes laissent croire
que leur contenu est plus important que le sujet qui est traité à l’antenne.
Ils créent une confusion d’autant plus importante qu’ils ne sont pas commentés au
moment de leur apparition.
Alors que la mise en perspective fait partie des missions premières des journalistes,
celle-ci est alors totalement délaissée.
Il en résulte que ces bandeaux constituent une nuisance pour la qualité de
l’information et troublent le téléspectateur.

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La réglementation appliquée par le conseil devra réduire le nombre de diffusion de
ces bandeaux à l’antenne.
Avec une limitation d’un bandeau par demi-heure, l’information délivrée dans le texte
trouvera le sens qui devrait être le sien, à savoir celui d’une certaine urgence.
L’instance pourrait aussi imposer aux médias de livrer un commentaire éditorial au
sujet de l’information contenue dans ces bandeaux au plus tard dans le quart d’heure
suivant leur diffusion.
Ainsi, le téléspectateur comprendrait que l’irruption de cette information écrite a une
importance véritable et qu’elle lui serait prochainement commentée.

D- Problématique des tweets des téléspectateurs

Interdiction de diffusion à l’antenne des tweets de téléspectateurs sauf dans des
émissions clairement identifiées, notamment par leur générique, comme donnant la
parole                                 aux                                   téléspectateurs.
La télévision n’est pas un réseau social car précisément une mission essentielle des
journalistes est d’établir une hiérarchie dans l’information.
Or les téléspectateurs ne sont pas des journalistes.

E- Problématique de la neutralité de l’information.

Dans le cas où la neutralité d’une chaîne n’aura manifestement pas été respectée,
l’instance pourra prendre une sanction ou rendre un avis public, ce qui aura le mérite
de mettre en lumière certaines pratiques et d’ouvrir un débat.
Il arrive dans les rédactions que certains des principes éthiques, comme le respect de
la vie privée par exemple, soient bien respectés mais qu’un point de vue idéologique
ou une ligne éditoriale soient incompatibles avec le principe de neutralité. A cet
égard,               l’instance               sera                un               garde-fou.
Elle aurait pu être saisie par exemple pour la couverture de la manifestation des
foulards rouges par BFM Tv, sous traitée parce qu’elle s’est déroulée sans incident
et reléguée au profit de la multidiffusion d’images de violence.

F- Problématique des fake news

La responsabilité des journalistes est de livrer à l’antenne des informations exactes,
vérifiées auprès de sources fiables, démasquant ainsi les fake news.

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En particulier, les médias doivent s’abstenir de reprendre sans les contrôler des
informations diffusées sur les réseaux sociaux.
L’instance sera extrêmement vigilante sur ce point, appliquant des sanctions
dissuasives aux contrevenants

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                                                                  par Sophie de Menthon
                                                        Remerciements à Frédéric Jaillant

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