À la FERME la MÉTHANISATION - Guide pratique
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la MÉTHANISATION à la FERME Guide pratique Pour les projets d’une puissance électrique inférieure à 500 kWe Septembre 2011
Le principe biologique de la méthanisation Les 4 étapes de la méthanisation La méthanisation est un processus complexe, qui nécessite une formation et un suivi quotidien. Biomasse (déjections, La méthanisation est un procédé biologique naturel déchets organiques) permettant de valoriser des matières organiques. Pendant 40 à 60 jours, ces matières sont placées à l’intérieur d’une cuve, le Hydrolyse digesteur, qui est chauffée et brassée en l’absence d’oxygène. Elle produit une énergie renouvelable, le biogaz, et un fertilisant, le digestat. Molécules simples > Les bactéries anaérobies, (sucres, acides animés, acides gras) acteurs-clés de la Acidogénèse méthanisation Au cours de la méthanisation, différentes familles de bactéries anaérobies (qui vivent en l’absence d’oxygène) convertissent des chaînes organiques complexes (protéines, polysaccha- rides, lipides) en éléments simples (CH4, CO2, H2, NH3 et Acides gras volatils, alcool, H2S). acétones, H2, CO2… Les quatre étapes de cette dégradation : l’hydrolyse, l’aci- Acétogénèse dogénèse, l’acétogénèse et la méthanogénèse, se déroulent en même temps dans le digesteur (schéma ci-contre). > La nécessité d’un suivi quotidien Acétates, H2, CO2 Les différentes familles de bactéries sont interdépendantes : les Méthanogénèse “rejets” des unes sont les aliments des autres, mais ils peuvent, dans certaines conditions, inhiber la chaîne de dégradation. Le travail de l’exploitant consiste à maintenir l’équilibre au sein de cette chaîne de dégradation en apportant dans le digesteur une alimentation stable et équilibrée, conjuguée à Digestat une surveillance des paramètres du milieu. Biogaz Cette surveillance passe par : (CH4 + C02) (eau, matière n un suivi quotidien des différents paramètres du non dégradable, milieu (pH, température, composition du biogaz…) minéraux dissous) avec des appareils de mesure contrôlés et étalonnés régulièrement, n des analyses régulières des matières entrantes, de la matière en digestion, du digestat pour vérifier le niveau de dégradation ou la présence d’inhibiteurs. Lors du démarrage de l’installation et durant les deux pre- mières années de fonctionnement, il est essentiel de se faire accompagner par le concepteur, pour > EN SAVOIR apprendre à piloter correctement son installation et interpré- Suivi de la composition du biogaz ter les données de suivi. Une à deux années d’expérience • Guide méthodologique sont nécessaires pour être réactif et performant. pour le suivi d’une installation de méthanisation, APESA, ADEME, 2009. • Programme de suivi de 11 unités de méthanisation dont Crédit TRAME 5 agricoles, APESA Crédit TRAME Biomasse Normandie, Suivi des paramètres de fonctionnement ADEME, 2012–2013. de l’installation par ordinateur
Une filière aux premiers stades de son développement Le contexte évolue en faveur du développement de la méthanisation. > La valorisation du biogaz en France en 2011 La valorisation du biogaz - toutes filières confon- buent majoritairement à cette production, devant dues - représente une puissance électrique les stations d’épuration urbaines, les stations installée de 170 MWe. d’épuration industrielles, les unités de traitement Les centres d’enfouissement technique contri- des déchets ménagers et les installations agricoles. > Caractéristiques des installations agricoles en fonctionnement en France en 2011 Évolution de la puissance électrique cumulée Avec plus d’une quarantaine d’unités en service, la méthanisation à la ferme représente une puis- des installations de méthanisation à la ferme en France (source : Solagro) sance électrique installée de 5,2 MWe. 6000 160 Le gisement traité à la ferme est pour l’essentiel Puissance électrique moyenne (kWe) Puissance électrique cumulée (kWe) 5000 140 composé de : Puissance 120 n lisiers et fumiers : 75 % des tonnages 4000 moyenne (kWe) “entrants”, 100 n déchets issus des industries agroalimen- 3000 80 taires : 15 % des tonnages “entrants”, Nombre 60 n cultures intermédiaires ou dédiées : 10 % 2000 d’unités des tonnages “entrants”. 40 1000 20 Le biogaz est généralement valorisé en cogénéra- 0 0 tion. Signe d’une grande diversité de configurations 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 locales, les puissances électriques installées varient de 30 kWe à 600 kWe. > Politique de soutien et objectifs nationaux Toutes applications confondues, la France s’est Pour atteindre ces objectifs, divers dispositifs et fixée pour objectif de multiplier par 4 la puissance mécanismes de soutien incitent au développe- électrique installée et par 6 la production de cha- ment de la méthanisation : leur d’ici à 2020 (Source : Direction Générale de n la revalorisation des tarifs d’achat de l’énergie l’Energie et du Climat, Ministère de l’Écologie et électrique issue du biogaz en 2006 et 2011, du Développement Durable – Avril 2011). n la création d’un cadre spécifique à l’injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel en 2011. Trajectoire 2020 Au niveau agricole, les aides à l’investissement 700 MW - 800 ktep octroyées dans le cadre du plan national de per- formance énergétique des exploitations agricoles 600 MW Objectif de - 700 ktep a permis de soutenir 128 projets sur 2009-2010. 500 MW capacité de - 600 ktep Par ailleurs, l’ADEME, le Ministère de l’Agricul- 400 MW production - 500 ktep ture, les Régions, les Départements et d’autres d’électricité financeurs publics peuvent apporter des aides à (MW) - 400 ktep 300 MW l’investissement sur les projets de méthanisation. Objectif de - 300 ktep 200 MW production de - 200 ktep Enfin, depuis 2010, la loi de modernisation de 100 MW chaleur (ktep) - 100 ktep l’agriculture et de la pêche reconnaît, sous cer- 0 MW - 0 ktep taines conditions, la méthanisation comme une activité agricole ce qui améliore la fiscalité des 2005 2010 2015 2020 projets. Années Objectifs pour la filière méthanisation (déchets, boues urbaines, méthanisation agricole et industrielle) - Direction Générale de l’Energie et du Climat – Avril 2011 Guide pratique 2 / 3
Les intérêts de la méthanisation à la ferme La méthanisation à la ferme : une opportunité à intérêts multiples pour un territoire Une installation biogaz de 170 kWe sur son territoire Matière traitée 6550 t/an dont 28 % de déchets du territoire Electricité renouvelable 1300 MWe/an produite Foyers alimentés en 450 foyers électricité (hors eau chaude et chauffage) Gaz à effet de serre 277 teq CO2/an évités par an > Les intérêts pour les agriculteurs n Création d’activité, revenus complémentaires n Valorisation des équipements de stockage des stables (vente d’électricité). effluents (fosses à lisiers). n Couverture des besoins de chaleur dans un n Diversification des débouchés pour les cultures contexte d’augmentation du coût de l’énergie. dérobées et résidus de cultures qui peuvent être n Amélioration des engrais de ferme (meilleure méthanisés. assimilation par les plantes, réduction des n Renforcement du lien agriculture/territoire suite odeurs, réduction de la dépendance aux engrais à la création de services pour la collectivité. minéraux).
Digesteur béton Installation biogaz, couvert d’un SCEA Le Bois Brillant bardage bois au dans le Maine-et-Loire GAEC Forget dans les Ardennes crédit SCEA Le Bois Brillant crédit Solagro > EN SAVOIR > Les impacts pour le voisinage Calculateur DIGES du n Réduction des odeurs liées au stockage et à n Intégration paysagère maîtrisable : enfouisse- CEMAGREF l’épandage des effluents d’élevage. ment des cuves ou aménagements paysagers n Augmentation du transport routier dans des par exemple. proportions raisonnables : pour une installation n Impact sonore maîtrisé : la cogénératrice est, à la ferme, le trafic augmente d’un camion par selon la réglementation, placée dans un local jour durant les horaires de travail. insonorisé. > Les intérêts pour les acteurs économiques du territoire n Création d’une filière locale de recyclage et de valorisation des déchets organiques des entreprises. n Fourniture d’énergie verte (chaleur, biométhane) pour des entreprises. n Amélioration de l’image des entreprises utilisatrices de ses nou- veaux services (utilisation d’énergie verte, recyclage des déchets). n Création d’activités autour de la construction et l’exploitation de l’installation biogaz. > Les intérêts pour les collectivités locales n Attractivité économique accrue en lien avec l’utilisation de la chaleur. n Gain en autonomie énergétique du territoire. n Maîtrise des coûts de traitement des déchets : réduction des coûts de transport, réduction des coûts liés à la redevance “déchets”. n Potentialités d’activités nouvelles : route touristique ou pédago- gique des énergies renouvelables par exemple. > Les intérêts pour l’environnement Réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce : n au captage des émissions de méthane (CH4) qui se pro- duisent naturellement au cours du stockage des déjections animales, n à la valorisation énergétique du CH4 capté (sous forme d’électricité, de chaleur ou de biométhane) en substitution d’une autre énergie potentiellement productrice de gaz à effet de serre (gaz naturel, fioul…), n à la substitution des engrais minéraux dont la production est très consommatrice en énergie fossile par des engrais renouvelables (retour au sol de la matière organique des biodéchets), n à la réduction du transport de déchets. D’autres effets seraient à vérifier (impact sur l’occupation des sols, stockage de carbone dans le sol par les digestats…). Guide pratique 4 / 5
Quelles matières pour alimenter une installation ? Un approvisionnement stable, équilibré et maîtrisé : l’assurance réussite d’un projet. Le choix des matières organiques est fondamental car il détermine la production de biogaz, le dimension- nement des équipements techniques et la rentabilité du site. Pour l’exemple d’une installation de 170 kWe : une ration équilibrée Matières entrantes Répartition Répartition 6550 t/an à 19 % de MS du tonnage de l’apport en énergie 1800 m3 de lisier de porc 27 % 6% 2900 m3 de lisier bovin 44 % 12 % 600 t d’issues de céréales 9% 40 % 250 t de graisse 4% 29 % 1000 t de déchet de fruit 16 % 13 % > Le potentiel méthanogène C’est le volume maximal de méthane produit par Ces deux critères permettent d’avoir un regard une tonne de matière fraîche. Celui-ci dépend critique sur les matières disponibles mais atten- principalement : tion, les potentiels méthanogènes des n de la teneur en matière organique : plus le taux différents gisements ne s’additionnent de matière organique est élevé, plus le volume pas forcément, il faut au préalable vérifier de biogaz produit sera important, l’équilibre alimentaire du mélange. n de la composition de la matière organique : les graisses sont plus méthanogènes que les pro- téines ou les hydrates de carbone. Potentiel méthanogène 500 m3 CH4/t matières brutes Matières Exemple de potentiel 450 méthanogène de végétales IAA et collectivité différentes matières 400 (Source : Methasim Effluents Soumis à autorisation 2010) 350 d'élevage 300 250 200 150 100 50 bou hage e de m es n lisie bovin fien fumie bovin pes lpes d de vo orcin che de po bett ailles ves ens use et de b terre es d éche sserie rts x n aïs TEP réales bou cuisin d'aba m gra es de e coll ttoir isse graiss P urba e het gra lacto uide s d TEP u ctive es u ine s les ind agée rés ensi marc pâteu TE rbain fum porci i idu us de ges d e rais e sses séru g réal e m ts ve riel era liq e l p es s de ra é é ust s ier r r r ec es d de c d aïs lisie e mm e sé cha e eS s S eS d ro- te i é pel 'org s ag a s l c isse ilag u sd sd p o sd d gra i pul déc drê rés
Chargement Crédit Photolia d’une trémie d’incorporation Crédit ADEME > Ration alimentaire du digesteur : pas d’improvisation ! La palette des matières organiques uti- Par ailleurs, l’alimentation des bactéries doit être lisées et leur proportion constituent la régulière. Tout choc thermique, suralimentation, ration alimentaire du digesteur. Elle modification brutale de la ration perturbe l’activité doit être validée par le concepteur de des bactéries. Ce qui implique une alimenta- l’installation. tion quotidienne et stable du digesteur. Les principaux paramètres qui déterminent l’équi- Les substrats saisonniers (ex : fruits, issues de libre de la ration sont : le taux de graisses, le taux céréales…) qui génèrent de grosses quantités sur de protéines, la concentration en ammonium, le de courtes périodes, seront stockés ou ensilés, de rapport C/N… façon à moduler les apports dans le temps, tout Une ration déséquilibrée peut entraîner une en conservant leur potentiel méthanogène. baisse de production de biogaz voire un arrêt Toute modification de la ration se fait de manière du processus biologique. Dans ce cas extrême, la progressive et sur plusieurs semaines. relance de la digestion exige une vidange du diges- teur et un redémarrage progressif sur 3 à 4 mois, période pendant laquelle la production de biogaz est fortement réduite. > A chaque substrat ses qualités et ses contraintes Les déjections animales ont un poten- L’utilisation des résidus et déchets des tiel méthanogène relativement faible mais elles industries agroalimentaires, des col- apportent des bactéries fraîches et ont lectivités, des restaurants, de cantines un fort pouvoir tampon (stabilise le pH), ce qui dépend de leur localisation, idéalement dans un assure une stabilité du milieu. rayon d’une quarantaine de km. Certains de ces déchets (abattoirs par exemple) sont soumis Les lisiers sont généralement produits toute réglementairement à des prétraitements (ex : l’année, en quantité importante mais ont une hygiénisation). teneur en matière organique faible. Les fumiers, malgré une production saisonnière, ont un taux Exemples de matières entrantes : de haut en de matière organique plus élevé. Autre intérêt : ils bas : fumier de bovin, servent de support aux bactéries. déchets de fruits et légumes, culture intermédiaire, déchets Les matières végétales telles que les rési- de pâtisserie. dus de récolte, les déchets de silos et de céréales, les déchets de fruits et légumes, ont souvent de hauts potentiels méthanogènes et sont facilement assimilables par les bactéries. L’utilisation de cultures intermédiaires ensilées présente l’avantage de ne pas concurrencer les cultures destinées à l’alimentation animale ou humaine. > Les interdits Les ligneux (bois, branchage) : les bactéries ana- érobies ne digèrent pas la lignine (contrairement aux bactéries impliquées dans le compostage). Crédit AILE Les inertes tels que les sables, les matières plas- tiques (non biodégradables) : ils peuvent perturber le fonctionnement du digesteur (sédimentation et/ou blocage des pompes), et viendront polluer les sols lors de l’épandage du digestat. > EN SAVOIR Les métaux lourds et les composés Méthanisation agricole organiques (pesticides, antibiotiques…) : et utilisation de cultures ils perturbent le métabolisme des bactéries et énergétiques en co- peuvent contaminer le digestat et donc les sols. digestion, APESA, ADEME, 2009. Guide pratique 6 / 7
Le process “mésophile en infiniment mélangé” 1 La méthanisation en voie liquide mésophile (38-42°C) est le process le plus couramment 4 utilisé en méthanisation agricole. 2 5 Pour l’exemple d’une installation de 170 kWe : dimensionnement de l’installation 1 Silo de stockage 3 2 Trémie 5 t/jour 3 Préfosse 13 m3/jour 4 Digesteur 1600 m3 5 Fosse de stockage 4000 m3 > Surveiller le taux de matières sèches de la ration La teneur en matière sèche (MS) au sein du diges- en matières liquides ou une recirculation du diges- teur doit rester en dessous de 12 % pour obtenir tat. La teneur maximale en MS de la ration en un mélange pompable et brassable. entrée est de 18 %. Il est possible d’introduire des matières à forte teneur en MS. Elles sont diluées par des apports Type de matière Mode de stockage Mode d’introduction dans l’installation Matière liquide Cuve ou préfosse Pompe Le type de pompe est à définir en fonction de la nature des matières (à galet, à lobe, broyeuse). La préfosse peut servir de stockage pour des matières liquides extérieures à l’exploitation. Dans ce cas, prévoir un stockage tampon d’une dizaine de jours de façon à limiter les à-coups de composition de la ration lors de l’alimentation du digesteur. Matière solide Silo avec Trémie récupération des jus Un chargeur alimente la trémie au moins une fois par jour. L’incorporation dans le digesteur s’effectue au moyen d’un piston ou d’une vis sans fin, elle est programmée (par exemple : 10 min toutes les 4 heures). La trémie peut être dimensionnée pour 2 jours de façon à éviter un chargement le dimanche. Les éléments de stockage en amont du digesteur façon à gérer les à-coups d’approvisionnement et (silo, cuve et préfosse) sont dimensionnés de la variabilité des matières entrantes. > Digestion des matières dans une installation en infiniment mélangé n La fermentation se déroule dans un réservoir n Il peut être enterré ou hors sol. Il est géné- généralement cylindrique appelé digesteur. ralement en béton ou en acier inox mais pas n Le digesteur maintient un milieu favo- exclusivement. rable au développement des bactéries : n Le dimensionnement et les équipements sont absence d’oxygène, température constante, pH conditionnés par la composition de la ration neutre. (nature des substrats entrants, temps de dégra- n Les matières y séjournent le temps nécessaire à dation, risque de sédimentation…). Ils sont leur dégradation (40 à 60 jours). spécifiques de chaque constructeur. n Le digesteur est étanche aux gaz et aux liquides. Il est, chauffé, isolé et son contenu brassé.
Trémie devant un Fosse enterrée et Crédit TRAME Crédit Solagro digesteur béton couverte de la SAS à Ter Biogaz dans Metha Bel Air dans le Centre la Vienne > Flux de matière au sein de l’installation n La matière à traiter est introduite tous les digesteur couvert, isolé et éventuellement jours dans le digesteur. Une quantité équiva- chauffé qui permet de terminer la digestion, et lente est extraite par surverse ou par pompage. de récupérer la fraction de biogaz encore pré- n La matière sortante, le digestat, est évacuée vers sent dans la matière digérée. Cette production une fosse de stockage. complémentaire peut atteindre 20 % de la pro- n Certaines installations sont équipées d’un post- duction totale en biogaz. > Maintenir une température constante dans le digesteur La fermentation anaérobie ne dégage pas de mousse projetée à l’intérieur du digesteur et pro- chaleur contrairement au compostage. Pour un tégée de la masse en fermentation par un enduit. développement maximal, les bactéries doivent vivre entre 38 et 42°C et sans choc thermique. Le chauffage peut être assuré par un réseau de Il est donc nécessaire d’isoler et de chauffer le chaleur (pe ou inox) fixé à l’intérieur du digesteur digesteur. ou coulé dans le béton. Chauffer le sol a peu d’in- L’isolant (sol, mur, plafond) peut être constitué de térêt car le dépôt – inévitable - d’inertes (sable…) plaques posées à l’extérieur du digesteur ou de en fond de cuve limite la diffusion de la chaleur. > Brasser la matière en digestion Le brassage est un élément clé. Il permet : Plus la teneur en matières sèches est élevée plus > EN SAVOIR n d’homogénéiser la masse en fermentation et le brassage doit être puissant. améliore ainsi les contacts matière/bactéries, Les techniques de brassage sont mécaniques (agi- • La méthanisation, René n d’uniformiser la température, tateur) ou hydrauliques (injection de biogaz ou Moletta, ed Lavoisier, n d’éviter la sédimentation de matières en fond recirculation de digestat). Elles sont d’orientations 532 p., 2008. de digesteur ou la remontée en surface des variées (horizontale, verticale ou oblique), fixes ou • La méthanisation, matières flottantes telles que les graisses ou mobiles, de vitesses variées (lente ou rapide). Comment se transforme la paille, La vitesse de brassage est un élément impor- la matière organique n de favoriser le bon dégazage, et éviter ainsi tant, les microbiologistes s’accordent pour dire en énergie, ADEME la formation de croûte en surface et le gon- qu’un brassage trop rapide détruit les agrégats Bourgogne, 2011. flement de la matière. de matières organiques et par là même, nuit à la vie symbiotique des bactéries acétogènes et méthanogènes. Installation Biogaz Plancher Réseau de chaleur Géomembrane Agitateur Soupape de sécurité Hublot de contrôle visuel Sortie du biogaz Entrée des matières solides Poteau central Matériel de construction Entrée des matières liquides Isolant Revètement Guide pratique 8 / 9
Les recommandations et retours d’expériences Les performances énergétiques et économiques d’une unité de méthanisation sont liées à la qualité de sa conception et au savoir-faire de l’exploitant. Les besoins de sécurisation de la production ne sont toutefois pas les mêmes pour une installation de 70 kWe ou de 400 kWe. > Réduire les charges : consommation en énergie électrique, temps de travail, consommation en fioul L’organisation des éléments a une importance de limiter les consommations en fioul. sur le temps de travail et sur les consommations n La circulation des flux par « gravité » en lieu d’énergie. et place de pompes et moteurs, permet de n Par exemple, les silos de stockage des réduire les consommations d’électricité : pré matières en amont de la trémie d’incor- fosse positionnée en surplomb du digesteur, poration doivent être placés de façon à ce le digestat extrait par surverse, la trémie que les manœuvres de chargement soient située sur le digesteur… simples et rapides, ce qui a aussi pour effet > Réaliser des maintenances rapides et en limitant les pertes de production ? La conception doit statuer sur les points suivants : débouchage des canalisations de transport n L’accès aux équipements situés à l’intérieur des matières sera-t-il aisé ?… du digesteur : peut-on y accéder facilement ? n Les modalités de “curage” des sédiments qui Y aura-t-il pertes de production ? Sera-t-il se déposent en fond de digesteur ? nécessaire de vidanger tout ou partie du n La facilité d’interventions sur les différents digesteur ?... équipements ? n La gestion des flux : les pompes sont-elles n La gestion de situation à risque : coupure de protégées contre des “corps” étrangers, le courant… > Prévenir les incidents biologiques n Prévoirdes équipements permettant de suivre n Pour les installations alimentées par des sources le fonctionnement de l’installation : analyse de multiples de matière, il peut être intéressant biogaz (CO2, CH4, O2, H2S, H2), échantillonnage d’investir dans une cuve de dosage qui permet de matières en digestion, suivi de la température de préparer la ration en amont du digesteur et et du pH… En fonction de la taille du site, ces ainsi de mieux contrôler les apports. équipements seront en ligne ou ponctuels. n Interconnecter les canalisations pour faciliter les circulations de flux entre les différents éléments de l’installation pour faire face à un certain nombre de situations : vidange, gestion d’un acci- dent biologique, nécessité de diluer la matière en digestion… > Anticiper n Prévoir d’éventuelles extensions en réservant les surfaces au sol. n Prévoir des évolutions de matières entrantes : l’installation peut-elle facilement intégrer de nouveaux types de matières (ex : graisses) ? Crédit TRAME Partage d’expériences lors des rencontres des Agriculteurs Méthaniseurs de France (http://pardessuslahaie.net/agriculteurs-methaniseurs)
Les alternatives à l’infiniment mélangé Schéma d’un digesteur piston Certaines technologies offrent des procédés alternatifs au process mésophile en infiniment mélangé. Les premiers retours d’expérience de ces nouveaux développements sont très Biogaz attendus. > Le digesteur piston Trou d'homme Ce digesteur accepte une charge en matière sèche plus forte qu’un digesteur classique (jusqu’à une MS de 25-30 %) et requière un chauffage moindre. Sortie X m3/j Le temps de séjour, l’expression du potentiel méthanogène et le niveau d’automatisation sont équivalents. Avancée de la matière Chauffage > La méthanisation discontinue en voie sèche par pression de la matière entrante Agitateur lent pour dégazer la matière et non pour faire avancer Ce mode de digestion est peu développé. Des entreprises se positionnent Chargement / Entrée sur cette technologie mais les retours d’expériences sont encore peu déchargement X m3/j nombreux. Cuve à percolat Plusieurs digesteurs (silo ou caisson), quatre au minimum, sont placés en parallèle. Ils fonctionnent en même temps mais sont chargés en différé Mélange (par exemple 1 tous les 10 jours) de manière à produire un volume de matière fraîche et de digestat globalement constant de biogaz. La bonne gestion du percolât est un des facteurs clés de réussite. Le mélange de matière introduit doit être chargeable au chargeur (>25 % de MS). Schéma d’une installation en voie sèche discontinue Chargement / déchargement Cuve à percolat Matière en cours Biogaz de digestion (40 à 70 jours) Cuve à percolat Mélange de matière fraîche et de digestat > L’amélioration des performances des installations Matière en cours de digestion Biogaz (40 à 70 jours) Les constructeurs/entreprises proposent des dis- il est nécessaire d’analyser le coût à l’investisse- Cuve à percolat positifs pour augmenter le potentiel méthanogène ment et au fonctionnement en comparaison du ou réduire le temps de séjour. Dans tous les cas, gain réel. Dispositif Principe et objectifs Remarques Installation Température de digestion comprise entre 48°C et 60°C pour Risque biologique accru, > EN SAVOIR thermophile réduire le temps de séjour tout en conservant le potentiel augmentation des besoins en méthanogène chaleur du process • Suivi expérimental Lamineur, Rendre accessible une nouvelle fraction de matière Coût au regard de l’augmentation de l’installation de broyeur… fermentescible pour les bactéries. effective du potentiel méthanisation du GAEC et autres Exemple : broyer des pépins de raisin ou des noyaux pour méthanogène du Bois Joly, APESA, prétraitements accéder à l’amande généralement riche en graisse Biomasse Normandie, Hydrolyse Cuve aérobie à pH acide où se déroule uniquement Stockage supplémentaire ADEME 2010. l’hydrolyse. Le but est de mieux maîtriser l’apport en acides A priori pas de perte de potentiel • La méthanisation en voie gras volatils (AGV), et de réduire le temps de séjour dans le méthanogène digesteur sèche,TRAME, ADEME 2009. Enzymes Ajout d’enzymes à la matière fraîche de façon à simplifier le Enzymes utilisées stables et non travail des bactéries dégradées au cours de la digestion Guide pratique 10 / 11
Amender, fertiliser : les propriétés du digestat Le digestat est un amendement et un engrais complet dont la valeur agronomique est supérieure à celles des matières entrantes. Au terme d’un processus de méthanisation mésophile de 40 à 60 jours, les matières organiques résiduelles, les minéraux dissous et l’eau constituent le digestat. Il est stocké dans une fosse, direc- tement reliée au digesteur. Pour l’exemple d’une installation de 170 kWe : valorisation du digestat Sans méthanisation Avec méthanisation Produit à épandre Effluent Digestat 7 à 9 % de MS 9 % de MS 5 kg d’azote/t 5,6 kg d’azote/t Volume à épandre 4700 t/an d’effluent 5800 t/an de digestat La mise en place de l’installation biogaz augmente les volumes à épandre sur les terres agricole de 19 % Charge azotée 21 t d’azote total /an 32 t d’azote total /an La mise en place de l’installation biogaz augmente la quantité d’azote total disponible de 53 % du fait de l’apport en matières extérieures > Les propriétés du digestat Le digestat est désodorisé par rapport aux Le digestat brut a l’aspect d’un lisier mais il est matières entrantes du fait de la destruction dans plus facile à épandre car plus fin, plus homo- le digesteur des matières organiques responsables gène et plus fluide que du lisier non traité. des nuisances olfactives. La valeur fertilisante est améliorée. La méthanisation réduit les germes patho- Les quantités totales en nutriments N, P, K sont gènes (effet température/temps de séjour) et conservées. En revanche, l’azote, initialement affecte le potentiel de germination organique, se retrouve majoritairement sous des graines d’adventices présentes dans forme ammoniacale, forme plus assimilable par les les déjections. cultures et plus facile à doser. Par contre, cet azote ammoniacal est plus volatile, d’où la nécessité : La valeur amendante est conservée. En n de bien dimensionner les fosses de stockage effet, la fraction ligneuse, déterminante pour la selon la réglementation et de les couvrir, fabrication de l’humus des sols n’est pas attaquée. n d’épandre le digestat en fin d’hiver et au début du printemps, avec un pendillard. Évolution de l’azote pendant la méthanisation Méthanisation Séparation de phase Substrat entrant Digestat brut Fraction solide (action similaire N à amendement organique de fond) Fraction NH4 liquide (action similaire à engrais liquide) L’azote organique (protéines) L’ammoniac (soluble) se trouve est transformé en ammoniac principalement dans la fraction liquide (minéralisation) au cours en cas de séparation de phase de la méthanisation
Séparateur Tonne à pendillards de phase permettant de limiter la volatilisation de l’azote ammoniacale au cours de l’épandage Crédit ADEME Crédit TRAME Évolution du phosphore pendant la méthanisation Méthanisation Séparation de phase Substrat entrant Digestat brut P minéral P minéral non mobile Fraction solide et organique P organique non mobile P soluble Ions P mobile Fraction liquide Conservation des quantités totales - Taux de capture du phosphore : Augmentation de la concentration sur la MS 70 % du Ptot se retrouve Minéralisation du Porganique en phase solide et hydrolise des phosphates > EN SAVOIR • Programme de recherche ANR DIVA > Les post-traitements du digestat 2010-2014. • La déshydratation des Quand est-il intéressant de faire une Le digestat brut est un engrais complet qui peut digestats, IFIP, ADEME, séparation de phase ? être utilisé directement. La séparation de phase 2010. Certains agriculteurs font un traitement dit de permet une gestion agronomique plus fine mais • Qualité agronomique et “séparation de phase” qui permet d’isoler : elle a un coût. Les aspects économiques doivent sanitaire des digestats, n une fraction solide concentrée en matière être étudié, notamment : l’investissement ou non Rittmo, l’ADEME, 2011 organique et en éléments phosphatés, utili- dans des équipements d’épandage supplémen- (en cours). sable comme amendement de fond, taire, les économies de transport effectivement • La qualité agronomique n une fraction liquide riche en azote ammo- réalisé dans le cas d’un parcellaire lointain. des digestats, Solagro, niacale, substituable aux engrais minéraux. ADEME, 2004. • Etat de l’art des méthodes (rentables) > Faut-il sécher le digestat ? pour l’élimination, la concentration ou Le séchage s’envisage sur des exploitations où pourvoit aux besoins d’énergie thermique, le la transformation les possibilités d’épandage sont limitées. Il permet séchage reste un investissement lourd, dont la ren- de l’azote pour les d’exporter des engrais organiques renouvelables tabilité doit être analysée de près et qui s’envisage installations de biogaz sous formes solide et liquide. pour des unités supérieures à 250 kWe. agricoles de taille petite/ Il produit, d’une part un digestat déshydraté (70 moyenne, EREP, 2009. à 90 % de MS) moins onéreux à transporter, et D’autres traitements, plus complexes et plus coû- • Guide méthodologique d’autre part, une solution concentrée enrichie teux, comme l’évaporation, le stripping, la filtration pour l’homologation, en ammoniaque (sulfate d’ammonium) issu du membranaire, ne se justifient que pour des instal- ANSES, 2011. traitement de l’air vicié. Même si la cogénération lations de grandes capacités (> 1 MWe). Guide pratique 12 / 13
La valorisation du biogaz et de la chaleur Le biogaz est composé majoritairement de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2). L’énergie provient du méthane. Le biogaz est toxique et corrosif : d’où l’importance de garantir la sécurité des personnes et éviter l’usure prématurée du matériel (principalement du moteur). > Caractéristiques et épuration du biogaz Composition du Teneur Risques La désulfurisation est généralement réalisée par biogaz l’injection d’un petit débit d’air directement dans CH4 50 à 65% Explosif sous le stockage de biogaz ce qui génère une fixation conditions* biologique du soufre sur les parois libres du diges- CO2 35 à 45% teur. L’eau est éliminée par condensation. H2S Traces Corrosif, toxique Eau Saturation Corrosif Eléments traces dont Traces Corrosif *5 à 15 % de méthane dans l’air et H2, Siloxanes… source de chaleur supérieure à 535° C. > Le stockage du biogaz Le biogaz est stocké à pression atmosphérique en tampon utilisé pour les petites maintenances de la général dans une géomembrane fixée au dessus cogénératrice ou les surproductions ponctuelles du digesteur ou du post digesteur. La capacité de de biogaz. stockage est d’environ 5 heures ; c’est un stockage > La sécurité sur le site Le site doit disposer d’un dispositif de destruc- 3 mètres doit être identifiée autour des rétentions tion du biogaz dans le cas où celui-ci ne pourrait de biogaz, de la torchère et des soupapes de sécu- Crédit ADEME être utilisé (ex : torchère). Des soupapes de sécu- rité. Les canalisations de biogaz et les vannes sont rité sont installées au niveau des rétentions de placées à l’extérieur des bâtiments. gaz. Une zone de sécurité (zone ATEX) de 1 à Exemple de panneau de signalisation de la Zone ATEX de 3 mètres sur une installation biogaz > La valorisation du biogaz la plus courante : la cogénération Le module de cogénération est constitué d’un Deux types de moteur peuvent être utilisés : moteur qui entraîne une génératrice de courant n moteur à gaz : ne fonctionne qu’au biogaz ; électrique (alternateur). La chaleur est prélevée sur n moteur dual fioul : une petite quantité de le système de refroidissement du bloc moteur et les fioul (environ 5 % de l’énergie primaire consom- fumées ce qui permet la production d’eau chaude mée) est injectée pour enflammer le mélange air/ à 90°C. Il est envisageable de produire de la vapeur biogaz. Le rendement électrique est meilleur que en récupérant uniquement l’énergie des fumées. pour un moteur gaz, particulièrement pour des petites puissances, mais les coûts de fonctionne- ment, non négligeables, sont plus importants. Rendement d’une cogénératrice Perte biogaz (1 %) 12-20 % Pertes thermiques Thermie 10-15 % Chaleur de process (digesteur + hygiénisation) BIOGAZ 45-50 % 35-40 % Chaleur valorisable Energie valorisée dans le cadre de > EN SAVOIR l’arrêté tarifaire Électricité 30-35 % Électricité vendue (sous conditions) Règles de sécurité 35-38 % des installations de Consommation des 2-5 % auxiliaires du moteur méthanisation agricole, INERIS, 2009.
Cogénératrice Echangeur thermique dans biogaz de un atelier de canards à la 130 kWe à l’EARL SCEA du Bois Brillant dans Guernequay dans le Maine-et-Loire le Morbihan crédit AILE crédit AILE Optimiser la valorisation de la chaleur pour permettre de rentabiliser l’installation La première des utilisations de la chaleur est le chauffage du digesteur (20 à 30 % de la chaleur produite). 80 % de la chaleur produite est donc disponible pour d’autres usages. Chaque projet doit maximiser la valorisation de la chaleur disponible. La difficulté réside dans la recherche de débouchés locaux et le plus continus possibles sur l’année. > La valorisation de chaleur apporte des recettes La chaleur contribue à la rentabilité d’un n Lavente de chaleur (sous forme d’eau projet de méthanisation : chaude à 90°C) peut être un revenu n En cogénération, plus la quantité de chaleur complémentaire. valorisée est importante, plus l’électricité pro- duite bénéficie d’un bonus d’achat avantageux. > La valorisation de chaleur sur l’exploitation Les exploitations agricoles utilisent de la chaleur n leséchage de fourrages, de récoltes, de bois, pour : de plaquette… n les élevages hors sol (porc, volailles…), Ces usages peuvent être couverts, pour tout ou n les productions végétales (serres, champi- partie, par la chaleur produite par une installation gnonnière…), biogaz. Lorsque la chaleur issue du biogaz se subs- n les ateliers de transformation (fromagerie, titue à une autre source d’énergie, cela génère des charcuterie…), économies pour l’exploitation. > La vente de chaleur autour de l’exploitation D’autres utilisations sont possibles, comme la Un critère de décision parmi d’autres consiste à vente de chaleur pour le chauffage de maisons, calculer la densité thermique (énergie transportée de bureaux, d’industries agroalimentaires… Ces par mètre linéaire de réseau). Celle-ci devrait être utilisateurs doivent se trouver à proximité supérieure à 1 MWhth/ml. immédiate de l’unité ou être reliés par Exemple : un cogénérateur de 170 kWe produit un mini-réseau de chaleur. 1 000 MWhth disponible (hors thermie de pro- cess) ; avec une utilisation de 260MWhth pour une Attention, un réseau de chaleur dispersé n’est porcherie et 3 habitations, le réseau ne doit pas pas favorable à la rentabilité du projet du fait excéder 260 mètres. d’investissements élevés au regard des recettes. > La saisonnalité des besoins en chaleur Attention, l’installation biogaz produit une quan- la chaleur, on cherchera des complémentarités, tité de chaleur identique toute l’année alors que par exemple, chauffage d’une serre en hiver et la plupart des besoins en chaleur sont saison- séchage de fourrage au printemps et en été. niers. Lors de la recherche de débouchés pour Exemple de valorisation de la chaleur Fluctuation saisonnière Période de besoins de la demande : forte Puissance en chaleur (rouge), moyenne Consommation thermique (orange), faible (jaune) Types de bâtiments Caractéristiques annuelle minimale (kWth) Printemps ou nulle (blanc). Automne (kWhth) hors chauffage Hiver du digesteur Eté Chauffe-eau 100 vaches 8 800 1 Elevage de veaux 100 veaux 10 800 1 > EN SAVOIR Habitation 120 m² 16 800 4 Porcherie 170 truies naisseur engraisseur 76 840 13 Séchage de fourrages Séchage de fourrages 200 t/an 92 500 47 et de céréales, état des Poulaillers 2 400 m² 240 000 41 lieux et leviers d’action, Serre de tomates 1 ha 3 000 000 513 ADEME, 2011. Guide pratique 14 / 15
Les perspectives pour la valorisation du biogaz Si la cogénération est la voie usuelle de valorisation pour les installations à la ferme, d’autres techniques sont en développement. Elles restent aujourd’hui destinées à des installations dont la puissance électrique équivalente est supérieure à 300 kWe. > Les chaudières Le biogaz peut être intégralement valorisé en chau- dière, pour la production de chaleur – eau chaude ou vapeur - à condition d’avoir à proximité des besoins importants et constants à satisfaire. Il peut également être transporté “brut” dans une canalisation dédiée de quelques centraines de mètres… vers un consommateur “proche” qui le valorisera. > Le biométhane Epurateur membranaire de biogaz L’épuration du biogaz consiste en une série de traitements qui éliminent le CO2, le soufre, les siloxanes, les composés azotés,… contenus dans le biogaz. Au final, on obtient un gaz très concentré, composé Crédit TRAME à plus de 95 % de méthane, appelé biométhane. Il existe différentes méthodes d’épuration : lavage à l’eau, systèmes membranaires, adsorption modu- lée en pression, absorption chimique, cryogénie. Le biométhane peut : n être utilisé en gaz-carburant, n être injecté dans le réseau de gaz natu- Module standard d’injection de rel (canalisation de transport ou de biométhane dans distribution), après une série de traitements le réseau avec complémentaires (odorisation, compres- contrôle de la qualité et du débit sion…). Les conditions d’injection et d’achat du biométhane seront fixées par arrêté prévu pour fin 2011. Aujourd’hui une installation de biométhane est envisageable économiquement au-dessus d’un débit de 100 Nm3 CH4/h (équivalent à une puis- sance électrique de 300 kWe). Crédit TRAME Des tracteurs roulent au biométhane. Cependant à ce jour, l’épuration à la ferme, pour produire le carburant d’un ou deux tracteurs est un investis- sement trop lourd. > EN SAVOIR > La trigénération • Le site du bio-méthane Une cogénération est couplée à une machine plusieurs constructeurs s’intéressent à cette tech- carburant du Club frigorifique à absorption pour produire du froid nologie ce qui devrait élargir la gamme et réduire Biogaz (eau à 4°C). les prix à l’investissement. Jusqu’à présent, des • Transport biogaz par Les rendements ne sont pas encore très per- offres ne sont disponibles qu’à partir de 300 kW canalisation dédiée, formants et les coûts d’investissement et de froid même si des offres dès 15 à 50 kW froid Solagro, 2003. fonctionnement restent élevés. Néanmoins, apparaissent.
Point règlementaire Compte tenu de la complexité des démarches administratives, il est conseillé de se mettre en relation avec les différentes administrations concernées (services vétérinaires, DREAL…) dès l’amont du projet. > Quel régime ICPE ? Autorisation, déclaration ou enregistrement ? Les tonnages et la nature des déchets déterminent le cadre et la procédure règlementaires qui seront appliqués au projet. Tonnage traité Type de matière traité Déclaration Enregistrement Autorisation 2781-1 Matière végétale brute, effluents d’élevage matières stercoraires, Rubrique Supérieur ou égal à 30 t/j effluents bruts agroalimentaires Inférieur à 30 t/j Supérieur ou égal à 50 t/j et inférieur à 50 t/j et déchets végétaux d’industries agroalimentaires 2781-2 Autres déchets non dangereux - - Dans tous les cas Dossier technique Etude de dangers Dossiers à réaliser et à déposer Dossier + Consultation + Etude d’impact en préfecture sommaire des communes + Enquête publique + Information du public La combustion du biogaz est réglementée par la rubrique 2910C, le régime ICPE est basé sur celui de la rubrique 2781. > Quels sous-produits animaux (SPAN) peut-on traiter dans une installation biogaz ? Lors de l’utilisation de SPAN le règlement européen n°1069/2009 s’applique. Il distingue trois catégories de SPAN et définit leurs règles de traitement. Seuls les SPAN de catégories 2 et 3 sont potentiellement méthanisables. Catégorie SPAN Types sous-produits animaux Traitement avant entrée dans le digesteur Refus de dégrillage abattoirs hors Stérilisation : 133° C, 20 min 3 bars, 50 mm ruminant > 6 mm *Le terme “lisier” désigne Catégorie 2 Lisiers*, matières stercoraires, lait et toutes les déjections des Pas de traitement spécifique animaux d’élevage (hors colostrum poisson) et équidés. Parties d’animaux abattus propres à la consommation humaine, plumes, poils Catégorie 3 et le sang d’animaux, anciennes denrées, Pasteurisation : 70° C, 60 min, 12 mm déchets de cuisine et de table, lait, oeuf, ovoproduits, produits dérivés du lait Possibilité de proposer des dispositions particulières Certains mélanges de SPAN C3 et lisier d’hygiénisation qui seront étudiées au cas par cas Attention, les déjections animales sont des SPAN. Ainsi, toute installation traitant des déjections ani- males est soumise au règlement 1069/2009 et doit disposer d’un agrément sanitaire. > EN SAVOIR • Guide des démarches administratives pour la > L’épandage du digestat réalisation d’une unité Considéré comme un déchet, le digestat est sou- NFU 44-051 (amendements organiques) de méthanisation à la mis à plan d’épandage. Son contenu dépend ou NFU 44-095 (amendements organiques ferme, RAEE, 2010. du régime ICPE de l’installation et du type de et composts issus du traitement des eaux). • Le cadre réglementaire matières entrantes. n l’homologation : dans tous les autres cas et juridique des (digestat brut, solide, liquide ou sulfate activités agricoles de Pour sortir de la contrainte du plan d’épandage, il d’ammonium), le passage au statut de “pro- méthanisation et de est possible d’obtenir le statut de “produit”. duit” suppose le dépôt d’un dossier compostage, Guide Seules 2 possibilités existent : d’homologation auprès des services de pratique, Apesa, n le compostage : le digestat entre dans la com- l’ANSES (durée d’instruction : 12-18 mois, Biomasse Normandie, position d’un compost qui doit répondre coût estimatif : 40 000€). Rittmo, ADEME, 2008. aux seuils spécifiés par la norme AFNOR Guide pratique 16 / 17
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